et pourtant...

Je suis désolé Olli. Je suis tellement désolé.

Tu es quelqu'un de bien, tu es quelqu'un de génial.

La personne la plus incroyable que je connaisse !

 

Si je suis responsable de l'état dans lequel tu es...

Je me sens tellement mal pour ce que j'ai dit. C'était tellement stupide ! Et faux, Olli, tu dois me croire, rien de ce que j'ai dit n'était vrai. Je m'en suis pris à toi parce-que je

Mais peu importe. Je voulais juste te présenter mes excuses. Du plus profond de mon cœur, je suis désolé.

 

Je ne serais pas là quand tu te réveilleras.

J'aurais aimé, j'aurais vraiment voulu être là pour toi, comme tu l'as été pour moi... Mais c'est au-dessus de mes forces. Je risquerais de faire ou dire des bêtises encore, et d'aggraver les choses.

J'ai besoin de prendre du recul sur tout ce qui se passe en moi en ce moment.

 

Je voulais juste que tu saches à quel point tu comptes pour moi, à quel point je t'estime et

 

Pardonnes-moi Olli.

 

 

                                                                                     *

 

Olli lisait la lettre pour la troisiéme fois.

Etait-ce vrai ou était-ce la culpabilité  qui parlait ?

 

«  Tu es la personne la plus incroyable que je connaisse » « à quel point tu comptes pour moi »

Ces mots résonnaient doucement à ses oreilles. Ce n'était pas, ce n'était surement pas la façon dont il aimerait les comprendre. Mais malgré tout, c'était si bon, si doux à entendre.

Olli soupira. Il avait eu tellement peur que Christian pense vraiment...

Mais cela n'était pas la cause de son état d'ébriété. Enfin, ça n'avait pas arrangé les choses, c'est sûr. Et peut-être n'aurait-il pas abusé autant. Mais il avait envie de sortir et de s'oublier avant sa rencontre avec Christian. Quand il avait appris qu'il était intéressé ? amoureux ?

Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé ? Qu'est-ce qui pouvait être si perturbant dans cette personne ou cette relation ?

Peut-être, comme lui, une personne qu'il ne pouvait pas avoir, qui ne s'intéresserait jamais à lui. Il était bien placé pour savoir à quel point cela faisait mal. Mais quelle fille ne s'interesserait pas à Christian !?

 

Olli se secoua. Il devait lui parler. Lui dire que ce n'était pas de sa faute... pas comme il l'entendait en tout cas. Lui dire qu'il lui pardonnait, bien sûr qu'il lui pardonnait.

 

 

                                                                         *

 

Il arriva au No Limits et scruta les têtes à la recherche de Christian. Mais il n'était pas là non plus...

Il appercut Gregor.

- Olli ! Pas trop mal à la tête ? Le sourire sarcastique et les paroles de Gregor le rassurérent. Il avait vu Christian.

- Et au dos, et partout, répondit-il en forçant un sourire. Je ne conseille à personne de dormir dehors contre une porte ! Tu sais où est Christian ? Je voulais le remercier...

 

Gregor s'agita légérement derriére le bar.

- Désolé, mais il est parti dans sa retraite... On ne le verra pas avant quelques jours je pense.

- Il est parti...

 

Olli digérait l'info. Mais il fallait qu'il le voie, qu'il lui parle, qu'il lui dise que ce n'était pas sa faute...

- Tu sais où c'est ? Il faut absolument que je lui parle !

Gregor soupira. Il ne comprenait rien à ce qui se passait entre les deux, ni même s'il y avait un lien, mais il était pressé que les choses reprennent leur cours normal...

- Non Olli, ce n'est pas le moment. Si Christian part avec son sac à dos, c'est qu'il a besoin de calme et de tranquilité, et surtout d'être seul. Tu pourras lui parler quand il reviendra et tu seras surement mieux entendu d'ailleurs.

 

- Ok. On dirait que je n'ai pas le choix de toute façon. Il m'a dit dans sa lettre qu'il voulait prendre du recul, mais je n'avais pas compris que ça voulait dire partir...

- Il t'a écrit une lettre !? demanda Gregor, surpris.

Olli releva la tête.

- Je suppose qu'il voulait s'excuser, avant de s'en aller...

- Je peux la voir ?

 

«  tu es la personne la plus incroyable que je connaisse » «  à quel point tu comptes pour moi »

Non, Olli n'avait pas envie que quelqu'un d'autre lise ces mots. Ils n'étaient que pour lui.

 

- C'est assez personnel. Je préfére...

- Ok, pas de problème ! dit Gregor en levant la main. Je ne voulais pas être indiscret, c'est juste que mon petit frére écrit rarement... Enfin il aurait quand même pû attendre de s'excuser de vives voix avant de partir.

- Oui... j'aurais bien aimé lui parler aussi. Le remercier et lui dire qu'il n'était pour rien pour... mon comportement d'hier soir...

 

Gregor opina de la tête.

- Oui, il semblait penser que c'était à cause de ce qu'il avait dit. Soit que cela t'ait profondément touché, soit que cela ait ouvert des vieux dossiers.

 

Olli le regarda, une lueur interrogative dans le regard.

- Hier soir, Christian n'était pas sûr d'avoir tout compris ; mais tu lui aurais dit que tu avais choisi de vivre de maniére légére et insouciante, parce-que tu … fuyais quelque chose... ??

- Légére et futile.

- Pardon ?

- Légére et futile. Ce sont les mots de Christian.

- Il ne le pensait pas tu sais. Il avait vraiment honte de lui quand il m'en a parlé ce matin, et il m'a assuré qu'il ne le pensait pas.

- Il me l'a écrit aussi, mais je n'étais pas sûr... Je ne comprends pas pourquoi il a dit ça... Quel était l'intêret...

Gregor regarda son verre. Quelque chose lui disait qu'Olli n'avait pas besoin de savoir que Christian avait cherché à lui faire mal. D'autant plus qu'il ne savait pas pour quelle raison...

 

- Oublis ça. Christian lui-même ne doit pas savoir. Il était à côté de ses chaussettes, tu as bien vu. Il était fatigué, nerveux... il aura prit le premier prétexte pour se défouler sur la premiére personne venue... et c'est tombé sur toi, c'est tout.

- Peut-être... de toute façon je n'ai pas le choix que d'attendre son retour pour comprendre...

 

Gregor opina doucement. Christian lui devrait des explications à lui aussi. Il n'avait pas insisté quand il l'avait vu descendre avec son sac à dos. Il avait compris d'emblé. Il savait que les questions seraient pour plus tard. Même s'il allait être embété avec le bar, le bien-être de son frére avait la priorité. Gregor comptait laisser à Christian le temps dont il avait besoin pour se remettre du plomb dans la tête. Mais dés qu'il rentrerait, ils allaient avoir une petite discussion tous les deux, de Mann à Mann...

 

- Et toi, comment ça va ? demanda-t-il à Olli. Celui-çi sourit. La tentative de Gregor pour changer de sujet était loin d 'être discréte...

- A part le mal de tête et les courbatures, ça va. Mon corps n'avait plus l'habitude d'être rudoyé comme ça, il me le fait payer.

- Je suppose que toi non plus, tu ne veux pas parler des raisons de... tout ça.

Gregor posait la question pour la forme. Il avait lui aussi noté la subtilité avec laquelle Olli avait changé de sujet quand il avait évoqué ses « secrets ».

Olli regarda ses pieds. Parce-que je suis amoureux, fou amoureux de ton frére... ah oui, au fait je suis gay... Et que non seulement je sais que ce ne sera jamais réciproque, en plus je ne supporte pas de le voir aussi mal, et quand en plus tu m'as dit qu'il était amoureux, j'ai juste cru que l'on m'arrachait le cœur, qu'on le piétinait, et qu'on ne remettait qu'une bouillie sans couleur à la place...

 

Olli releva la tête.

- Non, effectivement je n'ai pas envie d'en parler... Mais juste, sache que ce n'était... ce n'est rien de dramatique. Je me suis laissé emporter par la mélancolie du moment. Ca n'arrivera plus.

Gregor le regarda, dubitatif. Olli sourit.

- Promis ! Je sortirais encore danser mais resterais éloigné de la vodka. Tu peux venir avec moi si tu veux jouer les grands fréres de remplacement !

- Ca ne serait pas de refus, mais je vais devoir travailler double pour remplacer Christian... Et comme tu vois, il est 16h, j'ai commencé à 8h et je suis encore là !

 

Olli passa derriére le comptoir, enleva sa veste et la roula en boule dans un coin du bar.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Gregor, surpris par la vivacité de l'action.

- Eh ben je t'aide ! Je ne travaille ni aujourd'hui ni demain, tu n'as qu'à me donner le planning de Christian.

 

Gregor fixait Olli avec stupeur.

- Mais, ce sont tes deux jours de congés... Il faut bien que tu te repose aussi.

- J'ai dormi jusqu'à 14h, je suis reposé. Et surtout j'ai besoin d'action. Vas te reposer et reviens pour la fermeture, je ne saurais pas la faire seul.

Gregor voulu protester, mais Olli avait déjà dénoué son tablier et l'avait mis autour de ses reins.

-Ok, merci Olli. Je te revaudrais ça... Il était déjà parti lorsqu'il se retourna. Je comprends mieux l'engouement que Christian à pour toi, ajouta-t-il.

 

Olli rougit jusqu'à la racine de ses cheveux et remercia le ciel que Gregor se soit déjà tourné et ne puisse pas le voir.

 

Il prit son portable et commença à taper.

 

Merci pour ce matin. Ce n'était pas de ta faute. Prends soin de toi.

 

Il rangeait le portable dans sa poche quand il se ravisa.

 

Tu comptes aussi énormément pour moi.