Vampire thing's.

Les choses changent. C’est souvent ce que les gens disent quand ils ne veulent pas admettre que tout leur échappe. Pourquoi ne pas tout simplement avouer qu’on ne peut pas toujours tout contrôler et arrêter de se mentir à soi-même ? Certainement parce que c’est douloureux à dire. Les choses changent.

 

Stefan leva les yeux de son journal et le referma doucement. Il le reposa sur son lit en soupirant. Sa chambre lui semblait incroyablement sombre et vide, il ne la reconnaissait plus. Pourtant il n’était pas partit si longtemps, mais ça lui semblait une éternité bien qu’il ait l’habitude des longs siècles ennuyants. Stefan jeta un coup d’œil à son téléphone. Aucun message à son grand désespoir.

 

- Toujours rien ? demanda Stefan en voyant son frère devant la porte de sa chambre.

- Non, soupira-t-il, on devrait aller voir par nous-mêmes.

- Bonnie ne voudra pas.

- Ca  ne devrait pas prendre autant de temps. Sois elles nous cachent quelque chose, sois…

- J’ai compris, coupa Stefan sur un ton lasse.

 

Damon invita Stefan à le suivre, ce qu’il fit.

Stefan regardait son frère toquer à la porte de la maison de Bonnie. Elle entrouvrit la porte et passa sa tête entre l’entrebâillement. Elle leva les yeux au ciel en voyant les Salvatore.

 

- Je vous ai dis que je vous appellerai quand…

- C’est qui ? demanda la voix de Caroline au loin.

- Personne. Vous devriez partir, on se verra à la cérémonie.

- Vous allez la faire sans Elena ? s’offusqua Stefan.

 

Bonnie se retourna et disparût. La porte s’ouvrit en grand et Stefan découvrit Elena debout devant lui. Elle avait de grands cernes, les cheveux attachés et portait un vieux jogging avec un t-shirt trop grand pour elle. Son regard était fatigué et on pouvait y lire une colère que Stefan avait rarement vu dans ses yeux. Mais il ne put s’empêcher de sourire en constatant qu’elle était finalement vivante.

 

- Salut, dit-il, comment tu vas ?

- Oh je rayonne, répondit-elle avec un sourire forcé, j’adore le fait d’être un vampire. Heureusement que personne ne m’a forcé… oh, attends ! Si, j’y ai été.

 

Damon se caressa nerveusement la nuque sans rien dire. Stefan remarqua la bague que portait Elena pour se protéger du jour. Elle était discrète, fine. Un petit lapis-lazuli trônait sur l’anneau en argent.

 

- Excusez-moi, mais je dois me préparer, dit-elle froidement en claquant la porte.

 

Stefan resta bouche-bée devant la haine d’Elena. Elle n’avait jamais autant ressemblé à Katherine. Damon s’éloignait déjà vers sa voiture.

 

- Et bien… commenta Damon.

- J’étais comme ça aussi les premiers jours.

- Le premier siècle tu veux dire, rectifia-t-il.

 

Stefan s’assit sur le siège passager et ignora les sarcasmes de son frère pendant tout le trajet.

 

Elena regardait la voiture de Damon s’éloigner par la fenêtre. Elle était épuisée, n’arrivait même plus à penser, tout ce qui lui importait c’était de boire du sang, à son plus grand dégoût.

Elle sursauta quand Bonnie mit la main sur son épaule.

 

- Tu es sûre de vouloir y aller ? demanda-t-elle timidement.

- Je l’ai vu mourir Bonnie, c’est…c’était mon meilleur ami. Je lui dois au moins ça.

 

Bonnie se retira et Elena monta dans la chambre de son amie. Chacun de ses mouvements était infernal tant la fatigue prenait le dessus. Elle enfila une robe noire très simple qui lui arrivait en dessous des genoux.  Elle prit la peine de se maquiller pour cacher son manque de sommeil et ajouta du fard à paupière gris pour assombrir son regard. Caroline vint la rejoindre un peu plus tard.

 

- Tu es sublime, affirma-t-elle.

- On dit ça le jour d’un bal de promo, pas d’une cérémonie funèbre.

- Attends, je vais t’aider.

 

Elle s’approcha d’Elena et la coiffa d’une queue de cheval aussi simple que sa tenue.

 

- Ca fait à peine trois jours que je suis un vampire et je meurs déjà d’envie d’éteindre mes sentiments, dit Elena.

- Il n’est pas mort pour tu fasses ça.

- Ah oui ? Pourquoi alors ? répondit-elle sèchement.

- Pour que tu te battes contre Klaus, pour qu’il quitte cette ville et qu’il laisse tout le monde tranquille.

- Alors il est mort pour rien, répliqua Elena sèchement.

 

Elle quitta la pièce, bu un verre de sang avant d’enfiler ses chaussures et une veste puis attendit que ses deux amies soient prêtes pour se rendre au cimetière.

L’endroit était calme, le soleil s’était déjà couché et la tombe de Matt était ensevelie sous les fleurs. L’enterrement avait eu lieu la veille, mais Caroline avait exigé de faire une cérémonie privée. Tyler, Bonnie, Caroline, Stefan, Damon, Jeremy, Alaric, tous étaient là, silencieux. Caroline s’avança au centre du cercle.

 

- Matt aurait sans doute mérité une meilleure cérémonie de notre part, commença-t-elle. Je…

 

Elle se stoppa en voyant Elena s’avancer vers elle. Elle prit la parole à sa place en voyant que Caroline retenait ses larmes.

 

- Matt était la seule personne normale à Mystic Falls qui pouvait vivre sa vie sans se demander tous les matins s’il se recoucherait dans son lit le soir, s’il n’allait pas perdre un de ses amis la journée… Il était normal, et c’est devenu tellement rare ici. Malgré ça, c’est lui qui a payé pour tous les autres, pour moi. Je m’en veux vraiment aujourd’hui, et ça ne me quittera jamais. Parce que même si je suis en vie, c’est au prix de mon meilleur ami. Je ne peux pas imaginer que quand je vais retourner au lycée, je vais voir un mémorial à son effigie, qu’il y aura un nouveau quater-back dans l’équipe, que  son casier sera vide. Il est partit.

 

La pluie commença à tomber sur Mystic Falls, mélangeant les larmes à l’eau. Alaric se plaça aux côtés d’Elena et la prit dans ses bras. Elle le serra contre elle de toute ses forces, c’était la seule personne contre qui elle ne ressentait pas de haine.  Ensuite, ils s’avancèrent tous à tour de rôle vers la tombe de Matt en y déposant des fleurs. Ils restèrent longuement debout sous l’averse sans rien dire, le regard vide.

Un orage commençant à se montrer, Alaric raccompagna Jeremy chez lui. Bonnie repartit avec Caroline en laissant Elena à contrecœur.

Elena s’installa dans une sorte de sanctuaire. Elle était trempée, son maquillage coulait sur son visage et ses cheveux retombaient lourdement dans son dos. Stefan s’assit à côté d’elle et lui tendit une bouteille de bourbon.

 

- Je l’ai piquée à Damon, avoua-t-il.

 

Elena prit la bouteille et but trois gorgées. L’alcool étanchait quelque peu sa soiffe de sang et la calmait. Elle posa sa tête sur l’épaule de Stefan.

 

- Je voulais pas être un vampire, dit-elle.

- Et on ne voulait pas te perdre.

- C’est ce que tu as dis à Damon quand tu l’as transformé ?

 

Stefan sembla en colère un moment puis reprit son calme.

 

- Dis-moi comment on fait taire ses sentiments, supplia Elena.

- Je t’interdis de faire ça, grinça-t-il.

- J’ai embrassé Damon. Et j’ai des sentiments pour lui. Pour toi aussi.

 

Il continua de boire dans la bouteille. Il ne semblait par surpris, peut-être savait-il déjà tout ?

 

- Ferme les yeux, dit-il tendrement.

 

Elena s’exécuta. Elle sentit Stefan la redresser pour qu’elle se tienne droite. Il prit sa main et lui chuchota à l’oreille.

 

- Tu sens ? demanda-t-il.

- Quoi ?

- Ton cœur, il bat. Si tu laisses tomber tes émotions, à quoi bon le laisser battre ?

- Alors tue-moi.

- Je t’aime, souffla Stefan.

 

Un frisson parcouru tout le corps d’Elena. Elle serra la main de Stefan et sourit enfin depuis son réveil en tant que vampire. Elle ouvrit les yeux et embrassa Stefan. A cet instant, tout s’envola, toute sa peine se dissipa, sa colère s’évanouit pour laisser place au soulagement. Elle se sentait plus légère, comme si rien n’avait changé.

 

- Ca va mieux ? demanda Stefan.

- Comment tu…

- J’ai pris toutes les émotions dont tu ne voulais plus.

- Tu les as prises ?

- Oui, comme une éponge.

- Mais c’est toi qui va les ressentir alors ? s’inquiéta Elena.

- Je peux survivre à ça, dit-il avec un grand sourire.

 

Il reposa ses lèvres sur celles d’Elena. Enfin elle le retrouvait. Voyant qu’Elena commençait à piquer du nez, Stefan la prit dans ses bras et la raccompagna chez elle. Elle s’endormit dans ses bras et se réveilla une fois sur le perron. Stefan la posa doucement à terre et caressa sa joue.

 

- Bonne nuit, dit-il.

 

Elena hocha la tête puis passa la porte  et se laissa glisser contre le mur. Elle ferma les yeux un instant puis un bruit sourd vint perturber le silence qui régnait dans la maison. Elena ouvrit les yeux et vit sa mère ramasser une casserole qu’elle avait fait tomber.

 

- Oh je ne voulais pas te faire peur, s’excusa-t-elle.

 

Elena se leva et se dirigea vers sa mère. Elle portait une longue robe noire et un gilet en tissu ainsi qu’une gourmette incrustée de cristaux bleus.

 

- Cette cérémonie était vraiment triste, dit-elle, je n’aurais jamais imaginé que ça puisse arriver à Matt… il était si gentil.

- Tu étais là ? s’interloqua Elena.

- Oh peu importe. Tu vas bien ?

 

Elle continuait à préparer à manger bien qu’il soit presque une heure du matin. Elena lui tendit le sucre et s’assit sur un tabouret face à sa mère.

 

- Pourquoi tu m’as fait boire le sang ? demanda Elena.

- Tu voulais que je t’aide, c’est ce que j’ai fais…

- Tu n’aurais jamais fais ça auparavant, l’interrompit-elle.

 

Elle sembla déboussolée pendant un moment, ses gestes devinrent maladroits et hésitants.

 

- Tu n’es pas un fantôme, continua Elena, puisque je peux te toucher, alors qu’est-ce que tu es ?

- Je l’ai fais pour t’aider.

- Elena ? demanda une voix fatiguée derrière elle.

 

Elena se tourna brusquement. Alaric descendait les escaliers et se dirigeait vers elle. La porte-fenêtre s’était ouverte en grand et sa mère avait disparue.

 

- Tu parlais à quelqu’un ?-

- Oui… à Stefan, mentit-elle. Va te recoucher, je vais monter dans une minute.

 

Il remonta les marches jusqu’à la chambre de Jenna. Elena lui emboîta le pas et rejoignit sa chambre. Damon l’attendait sur son lit, elle sursauta par l’effet de surprise puis souffla.

 

- Jamais je ne pourrais être au calme, dit-elle.

- Je dois te dire quelque chose.

- Ca ne pourrait pas attendre demain ?

- Le jour où tu t’es réveillée, je suis parti avec Alaric à la recherche de Klaus. Bonnie m’a expliqué quelque chose.

 

Elena s’installa sur le matelas et écouta attentivement Damon. Il lui raconta ce que Bonnie pensait avoir fait. Elena n’en revenait pas, pourquoi tout le monde lui cachait des choses si importantes ?

 

- Et quand on a enfin trouvé Klaus à la Nouvelle-Orléans, il était avec ta mère. Elle était réelle. Mais pas comme tu le penses.

- C'est-à-dire ?

- Est-ce qu’elle porte un bijou qu’elle n’avait pas avant ?

- Une gourmette, je crois, répondit-elle déconcertée.

- Elle est très rapide, pas vrai ?

- Oui c’est le cas de le dire, elle disparaît en un clin d’œil.

- Et elle peut faire des trucs à distance.

- Comme la première fois où elle est apparue…

- C’est un vampire. Doublée d’une sorcière.

- Je ne suis pas sûre de comprendre, dit Elena prise de vertiges.

- Ce n’est pas ta mère, coupa Damon, mais quelqu’un qui a cherché à nuire à Klaus en te transformant en vampire.

 

Elena ressentit toutes ces mauvaises émotions ressurgir. Elle n’avait donc pas revu sa mère, tout ça n’était pas réelle comme elle le prétendait. Une larme coula le long de sa joue, elle l’essuya aussitôt et reprit ses esprits. Elle plongea dans le regard bleu de Damon.

 

- Alors…  qui est-ce ?

- Quelqu’un de très puissant dont il va falloir se méfier.