Une dernière promesse

Chapitre 30 : Confidences

4396 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 2 mois

Frisk ne dormit pas beaucoup cette nuit-là. Asriel s'éveilla plusieurs fois pour aller boire, puis aller aux toilettes. Toriel entrouvrit également plusieurs fois la porte, comme pour s'assurer que le retour de son fils n'était pas un rêve. Vers trois heures du matin, Papyrus s'invita à son tour dans la pièce. Frisk fit semblant de dormir, mais il ne savait toujours pas ce que voulait le squelette. Il était resté assis dans un coin à les regarder dormir, les yeux grands ouverts, et il était resté là jusqu'à ce que l'adolescent, mal à l'aise, se décide à se lever, l'entraînant à sa suite.


Dans la pièce principale, tout était calme. Undyne était installée devant les caméras, le visage fermé. Dans le canapé, Sans et Alphys dormaient profondément, recouverts chacun d'une couverture dans un coin opposé du fauteuil. Asgore et Toriel s'affairaient autour de la table du petit-déjeuner. Quelques sourires timides furent échangés, mais la tension entre ces deux-là était encore bien palpable. Toriel lâcha un instant ce qu'elle faisait pour aller embrasser Frisk sur la joue.


« Tu as l'air d'aller un peu mieux qu'hier, dit-elle avec le sourire. Comment va ta jambe ?


— Mieux. Ça fait toujours mal quand je marche, mais je peux reposer le pied à terre.


— Tant mieux, encore un sort de soin et je suis sûre que ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Installe-toi à table, je t'apporte de quoi manger. »


Frisk s'exécuta et Papyrus s'installa à côté de lui. Il jouait avec ses mains, nerveux, et l'enfant finit par lui adresser un regard interrogatif.


« Je suis désolé pour hier, Humain Frisk... Ce n'était pas... Comme moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris de partir comme ça.


— Ce n'est pas grave, on est tous un peu sur les nerfs. C'est normal de vouloir être un peu seul de temps à autre. Tu as pu parler à Sans ?


— Oh ! Oui. Il m'a dit que tu voulais me demander quelque chose ? »


Bien sûr que Sans le laisserait se débrouiller avec ça, songea-t-il. Etant donné son état de fatigue, la conversation avec son frère avait dû durer plus longtemps que prévu. Frisk soupira. Il lança un regard vers Undyne, mais la guerrière était toujours plongée dans sa contemplation. Les hommes progressaient vers Hotlands. Ils avaient presque atteint le laboratoire d'Alphys.


« Oui, répondit Frisk. Avec Asriel, on compte aller parler aux humains. Mais on ne peut pas emmener Asgore ou Undyne avec nous, parce qu'ils... Enfin, les humains pourraient s'emballer parce qu'ils n'ont pas forcément l'air très gentils au premier abord. C'est pourquoi je me suis dit que peut-être que tu accepterais de venir avec nous ? On a besoin de quelqu'un pour nous défendre si les choses tournent mal, et je sais que tu es très doué pour faire changer d'avis les gens. Je sais que c'est une grosse responsabilité, et que ça pourrait très mal tourner, mais je ne vois pas de meilleur candidat pour cette mission. Après tout... Tout le monde peut changer s'il essaie, non ?


— Bien sûr, et j'en suis persuadé, mais... Enfin, ils ont tiré à vue sur la Garde Royale. Qu'est-ce qui les empêcheraient d'en faire de même avec nous ? Et si ça se passe mal ? Je peux me battre, mais face à une armée...


— Asgore a dit qu'il cacherait la Garde Royale pas très loin, mais pour ça, on doit convaincre Undyne. »


Le squelette tira une grimace.


« Tu sais qu'elle ne me laissera jamais y aller tout seul, pas vrai ? chuchota le squelette pour ne pas attirer l'attention de la capitaine.


— Je sais, c'est pourquoi je pense qu'on pourrait l'amadouer avec une séance cuisine. Tu sais, comme quand tu m'as poussé à devenir amie avec elle ? Je crois que ça pourrait fonctionner. On la laisse s'échauffer et on glisse la mission comme si de rien était à la fin !


— Cuisiner ici ? Ce n'est pas un peu... Risqué ?


— Maman ne la laissera pas brûler la cuisine. Normalement. Et puis... Je n'ai pas encore vu tes compétences en cuisine en action, roucoula l'enfant. »


Papyrus gonfla le torse en même temps que son égo. Asriel entra à ce moment-là, encore fatigué. Il lança un regard à Papyrus.


« Qu'est-ce qu'il a ?


— On lance la mission, lâcha victorieusement Frisk.


— Maintenant ? Mais on va faire qu... »


Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Papyrus attrapa les deux enfants sous les bras et courut vers Undyne. La femme-poisson leva un sourcil circonspect dans leur direction, suspicieuse.


« Undyne, nous sommes mercredi, dit Papyrus.


— Et ?


— C'est l'heure de notre leçon de cuisine. Et on a même deux invités aujourd'hui.


— Pap', on n'a pas le temps de...


— ALAS ! cria-t-il dramatiquement en se retournant. Undyne refuse le défi. C'est parce qu'elle a peur que je fasse un plat tellement meilleur que le sien qu'il va la faire passer pour un clown.


— Oh vraiment ? grogna la guerrière. »


Elle se leva et agrippa l'écharpe de Papyrus.


« Non seulement je vais faire des spaghettis, mais ils seront tellement excellents qu'ils vont te faire pousser des cheveux !


— Undyne, les squelettes n'ont pas de cheveux.


— Dégagez de là, bande de punks ! ALPHYS ! SANS ! DEBOUT ! Si Papyrus a de l'aide des morveux, je veux des assistants aussi ! »


Elle attrapa la scientifique qui se réveilla en hurlant de peur et la balança sur son épaule, puis attrapa Sans... qui ne se réveilla pas et continua de ronfler comme si de rien était. Attablés, Toriel et Asgore levèrent un sourcil en les voyant débouler devant l'établi de cuisine.


Papyrus ouvrit les placards et jeta à Frisk les tomates et les pâtes. Undyne déposa ses coéquipiers et en fit de même en aboyant des ordres. Alphys, complètement perdue et paniquée, remplit le paquet de spaghettis d'eau. Sans... Sans tenait miraculeusement debout mais dormait toujours. Undyne donna une pichenette derrière son crâne. Il bascula en avant et écrasa les tomates avec son crâne. Papyrus ne se laissa pas démonter. Pendant que Frisk remplissait la casserole d'eau, il confia à Asriel les tomates. Asriel le regarda sans rien faire alors il en explosa une d'un coup de poing pour lui montrer l'exemple, aspergeant le prince de jus rouge du plus joli effet sur sa fourrure blanche. Frisk posa la casserole sur la gazinière, Papyrus effectua un tour complet sur lui-même avant de jeter les pâtes, le sachet et la boîte à l'intérieur. Il tendit ensuite un os à Frisk et à deux, ils tapèrent sur les pâtes jusqu'à ce qu'elles rentrent dans la casserole.


Undyne arriva en courant et rentra dans Papyrus, l'éjectant de sa place comme une quille au bowling. Tout en hurlant, elle jeta les pâtes, puis attrapa Sans et le secoua comme un poirier pour retirer les morceaux de tomates écrasés sur son visage. Le squelette ouvrit grand les yeux, mais n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit : la guerrière le balança dans le canapé une fois qu'elle eut terminé de l'utiliser. Dans un rire machiavélique, elle se jeta sur les boutons qui géraient le gaz, au même moment que Papyrus, qui n'avait pas dit son dernier mot.


Deux flammes gigantesques embrasèrent les casseroles. Undyne hurla. Papyrus hurla. Frisk recula de quelques pas en entraînant Asriel derrière lui en comprenant que la situation dérapait complètement. Il y eut un moment de silence, le temps que l'eau boue, puis les cris reprirent de plus belle alors que les deux équipes repartaient chacun avec une casserole brûlante au-dessus de la tête. Papyrus retourna la casserole au-dessus de l'assiette, puis explosa des tomates dedans avec l'aide de Frisk. Asriel se contenta d'asperger de parmesan, mais comme il n'en mettait pas assez, Papyrus arracha le couvercle et versa tout le fromage sur son plat. Undyne fit la même chose de son côté, mais toute seule. Sans était toujours dans le canapé en train de se demander ce qui se passait, et Alphys avait déserté, effrayée, pour aller se cacher derrière le frigo. Les deux concurrents coururent déposer leur assiette devant le roi et la reine, à bout de souffle.


S'il fallait juger honnêtement, les assiettes ne ressemblaient à rien. Un coussin péteur avait glissé de la main de Sans et se trouvait désormais sous les spaghettis d'Undyne. Quant à Papyrus, des bouts de carton et de plastique dépassaient par endroit des pâtes. Au moins, la cuisine n'avait pas brûlé, c'était déjà ça. Les vêtements des compétiteurs étaient tâchés de rouge, avec une mention spéciale pour le pauvre Asriel dont la fourrure aurait du mal à s'en remettre.


Sous le choc, Asgore et Toriel ne trouvèrent rien à répondre. La reine se reprit la première et ses sourcils se froncèrent.


« Mes pauvres enfants, vous avez définitivement besoin de quelqu'un pour vous apprendre à cuisiner.


— Vous n'avez même pas goûté ! râla Undyne.


— Eh, lâcha Frisk innocemment. Si tu viens avec nous pour nous protéger au cas où notre rencontre avec Asriel, Papyrus et les humains tournent mal, je te promets que Maman va t'apprendre à cuisiner.


— Vraiment ? dit-elle avec un grand sourire. Oh ce serait... Attends, quoi ?! C'est hors de question que vous alliez tout seul voir les humains ! Asgore ! C'est quoi ce plan foireux ?


— Bien essayé, humain Frisk, remarqua Papyrus. »


Undyne redevint sérieuse en une fraction de seconde et braqua son regard vers l'enfant et le squelette. Papyrus passa derrière Frisk pour se cacher légèrement, ce qui bien sûr n'était pas très efficace étant donné sa taille. L'adolescent soupira et décida de jouer franc jeu.


« On veut essayer, pour éviter que ça ne se termine en bain de sang, expliqua Frisk. Si les humains réussissent à sortir et vont dire à tout le monde que vous vivez ici et que vous avez tué quelques-uns d'entre eux, ils vont revenir plus nombreux avec certainement plus d'armes et ça va tourner en guerre civile. On doit pouvoir les résonner ! Asriel a déjà côtoyé des humains, et peut-être qu'en me voyant à ses côtés ils vont se calmer un peu ? Et puis, Papyrus sera là si les choses tournent mal, il est capable de les tenir à l'écart quelques minutes le temps que tu arrives avec la garde royale si ça devient vraiment ingérable. Je ne sais pas si ça va réussir, mais on ne le saura jamais si on n'essaie pas.


— Ils ont tiré à vue sur les sentinelles, ils ne leur ont pas laissé une chance pour se défendre, répliqua Undyne, la mâchoire contractée. Ils ne veulent pas parler, ils veulent tuer. Tu crois que je vais juste envoyer Papyrus se sacrifier comme ça ? Il n'est pas prêt pour se battre sur le terrain, avoua-t-elle d'une voix certes dure, mais franche.


— Alors apprends-lui ! C'est ton rôle en tant que chef de la garde royale, et il est prêt ! Il n'attend que ça que tu lui accordes enfin une vraie attention ! Tu as bien vu comment il s'est battu hier !


— Ce n'est pas ça ! se mit-elle à crier elle-aussi. Papyrus est trop gentil pour faire le choix volontaire de prendre la vie d'un humain !


— Papyrus est capable de parler pour lui-même, la coupa Frisk. »


Tous les regards se tournèrent vers le squelette. Frisk tourna la tête vers Asgore et Toriel. Le roi et la reine suivaient l'échange avec attention. Il jura avoir vu Asgore sourire légèrement. Était-il sur la bonne piste ? Papyrus s'éclaircit la gorge.


« L'Humain Frisk a raison. Je peux le défendre tout seul, même si un coup de main ne serait pas de refus. C'est à prendre ou à laisser, dit-il fermement. Je vais y aller quoi qu'il arrive, avec ou sans ton aide Undyne. À choisir, j'aimerais pouvoir compter sur toi si les choses se passent mal.


— Pap', tu réalises que c'est pour de vrai ? Qu'ils sont armés ? Qu'une seule balle perdue et c'est fini pour toi ? Tu n'as pas de niveau de violence, tu n'as pas la formation des gardes royaux pour réagir si la situation dérape !


— Il les a, intervint Sans depuis le canapé. Il bosse sur ce projet depuis qu'il a huit ans. Il n'a peut-être pas les tocs de l'armée, mais je peux t'assurer qu'il peut se défendre comme un grand s'il en a envie. Il n'y a pas grand monde qui arrive à me battre en combat. S'il a réussi à me mettre à terre, il peut mettre tout le monde à terre. Fais-lui confiance.


— C'est ça ton excuse ? Sans, tu as un seul point de vie.


— Non, je confirme, il sait très bien se battre, surenchérit Frisk. Si Papyrus a réussi à battre Sans, il peut battre n'importe qui.


— Mais qu'est-ce que vous racontez ? »


Frisk prit une inspiration. Autant prendre le taureau par les cornes, ou le poisson par les nageoires, en l'occurrence. Il tourna la tête vers Papyrus, qui lut dans ses yeux ce qu'il allait faire. Asriel posa une main sur son bras.


« Frisk, ne fais pas ça. Ce n'est pas Papyrus ou Toriel que tu as devant toi là.


— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Undyne en plissant les yeux. Il y a un truc que vous ne me dites pas ?


— Oui, répondit Frisk honnêtement.


— Frisk, arrête, supplia Asriel.


— Asriel, il est temps qu'on assume ce que l'on a fait pour de vrai. Publiquement. Si on sort d'ici, je ne veux plus avoir à me cacher encore une fois en attendant que quelque chose me force à recommencer. Et puis, elle a le droit de savoir. Comme les autres.


— Mais c'est toi qui as dit qu'il ne fallait pas lui dire ! Et regarde à ta droite, il y a Asgore.


— Justement. »


Frisk attrapa une chaise et s'installa. Undyne l'imita de l'autre côté de la table. Sans hésita, mais en captant le regard de Frisk, il poussa un soupir et se téléporta sur celle à côté de lui. Papyrus comprit que quelque chose de plus grave se passait. Frisk attendit qu'il s'assoie à côté d'Undyne avec Asriel et Alphys, qui avait finalement décidé de sortir de sa cachette, pour commencer. Toriel l'encouragea d'un regard bienveillant.


« Ce n'est pas la première fois que je viens ici, avoua l'enfant. Je connais chaque endroit des Souterrains parce que je les ai visités des dizaines de fois. J'ai un pouvoir qui s'appelle la détermination. Elle me permet, si je suis tué, de revenir en arrière. Si je suis parvenu à battre Asgore la première fois, c'est uniquement grâce à ça, sinon j'aurais terminé avec les autres dans un bocal. Après plusieurs essais, j'ai réussi à le battre, mais Flowey... Asriel, l'a tué et a ensuite détruit le monde. J'ai sauvé tout le monde à la fin, mais je n'ai pas pu le sauver lui. Alors j'ai réfléchi, et je me suis dit : « Et si je revenais au début ? ». Alors j'ai essayé, et essayé, encore et encore, sans succès et sans me soucier des conséquences. Après des dizaines de fois, j'ai commencé à m'ennuyer. »


Il poussa un soupir et ferma les poings, honteux. Il sentit la main de Sans se poser sur sa cuisse pour l'encourager à continuer.


« Un jour, j'ai voulu voir ce qui se passerait si je tuais quelqu'un. Alors... Après le combat contre Papyrus, j'ai... J'ai frappé pendant qu'il m'épargnait. Mais je me suis senti coupable, et j'ai tout recommencer. Avant de réessayer. Une fois, deux fois, trois fois. Et c'est là qu'elle est apparue pour la première fois, Chara. Elle a essayé de me prévenir que je prenais un chemin dangereux et que si je m'y aventurais trop, j'allais le regretter. Je ne l'ai pas écouté. J'étais trop curieux. Alors un jour, j'ai décidé de voir ce qui se passerait si je tuais tout le monde. »


Il releva un regard timide vers l'assemblée. Asgore assimilait les informations, le visage neutre. Celui d'Undyne se crispait progressivement, tout comme celui d'Alphys.


« J'ai tué Maman. J'ai tué Papyrus. Et ensuite, quand je suis arrivé devant Undyne, je me suis pris la raclée de ma vie. Vraiment. J'ai presque failli abandonner d'ailleurs, sauf que bientôt, j'ai réalisé que je ne le pouvais plus. Avant que je reset, Chara m'a enfermée dans mon propre corps. Elle a tué Undyne, puis Mettaton, et puis, enfin, on est arrivés devant Sans. Et ça ne s'est pas très bien passé. Sans s'est battu comme dernier rempart en comprenant que Chara allait effacer le monde et qu'il n'y aurait plus aucune chance que tout redevienne comme avant. Mais Chara ne réussissait pas à l'attaquer. Alors elle s'est acharnée, des dizaines, des centaines de fois. Je lui hurlais d'arrêter, mais elle ne m'écoutait pas. Elle voulait tuer Sans. Pendant qu'elle ne regardait pas, trop occupée à se battre, je me suis libéré. J'ai laissé Sans me tuer une dernière fois et j'ai tout recommencé, cette fois-ci pour de bon. Mais... Si la plupart d'entre vous ne se souviennent plus de ce qui s'est passé, ou alors des sensations de déjà-vu, comme Papyrus, Sans lui se souvient de tout. Et c'est pour ça que... Enfin que je lui ai fait une promesse de ne plus jamais recommencer. »


Asgore fronça les sourcils, puis tourna la tête vers l'enfant.


« Pourquoi sommes-nous là alors ?


— Dans la dernière ligne temporelle, tout se passait très bien. On a vécu cinq ans, construit une ville pour les monstres et même fait accepter à la moitié des humains qu'on avait le droit d'être là ! Mais, les choses ont dérapé il y a deux ans. Pendant un discours où j'étais ambassadeur, un homme et monté sur scène et m'a poignardé. Si Sans n'avait pas été là... Je... Je ne préfère plus y penser. Après ça, il y a commencé à avoir des mouvements anti-monstres, mais ça n'était jamais allé au-delà des manifestations. Après cinq ans, pendant les vacances, Sans m'a avoué être malade, et peu de temps après.... Il est mort. On était tous fatigués lorsque l'on nous a demandé dans la ville des humains pour faire un discours pour les cinq ans de la libération des monstres. Mais c'était un piège. À l'hôtel, quelqu'un a tiré sur Papyrus et moi pendant qu'on était dans la chambre. Après ça, Maman s'est énervée, et le Président a utilisé ses mots contre elle en disant qu'elle était devenue agressive. Papyrus et moi, on a réussi à s'échapper, et Undyne était là aussi. Mais quand elle a vu les gardes sortir Alphys et la frapper au visage, elle s'est jetée sur eux et ils l'ont exécutée. Ils ont utilisé ces images contre nous, et on a été recherchés. On a réussi à regagner Ebott City, mais c'était trop tard, les humains avaient bombardé la ville et il n'en restait plus rien. Avec les derniers monstres, on s'est retranché dans la montagne. Papyrus est parti les ralentir, et c'est quand j'ai compris que lui non plus n'avait pas survécu que... Que j'ai décidé de tout recommencer. Mais tout ne s'est pas exactement passé comme prévu, puisque je suis encore là, et c'est de ma faute, j'ai passé trop de temps chez Sans et Papyrus, mais... Je ne le regrette pas, parce que ça m'a permis de réaliser certaines choses sur moi-même. Et c'est pour ça que j'ai décidé de ne plus me cacher et d'assumer mes erreurs.


— Je comprends, dit Asgore. Je serai bien mal place pour juger ce que tu as fait, pour être honnête. Tout le monde fait des erreurs un jour ou l'autre qui peuvent mener à de grosses catastrophes. Je ne suis pas le genre de personne qui vit dans le passé. Ce qui est fait est fait, l'essentiel est que tu aies pris conscience du mal que tu as fait, et que tu aies tenté de réparer tes erreurs. »


Undyne ne répondit pas. Son regard allait d'Asgore à Papyrus avec nervosité. Frisk savait que ce n'était pas ce à quoi elle pensait. Elle finit d'ailleurs par prendre la parole à son tour.


« Je peux comprendre d'agir par peur, ou même en face de moi. Je ne suis pas la personne la plus gentille et compatissante, je le reconnais... Mais Papyrus ? Pourquoi tu as commencé par lui ?


— Parce que... Parce qu'il n'a jamais voulu me tuer, et que je trouvais ça plus facile, avoua honteusement Frisk. Mais je n'ai jamais réfléchi aux conséquences de ce que je faisais à cette époque, en tout cas, avant que Sans me rappelle gentiment à mes obligations. Je... Je sais que tu es en colère Undyne, c'est pour ça qu'Asriel ne voulait pas que je t'en parle. Tu en as le droit. Je peux l'accepter. J'ai accepté celle de Sans pendant très longtemps, mais je pense que, à la fin, j'ai quand même réussi à lui prouver qu'il pouvait me faire confiance et... J'espère que ce sera la même chose pour toi. Je sais que je n'ai pas été un très bon humain, ni un bon ambassadeur, mais maintenant, je veux faire les choses bien et essayer de libérer tout le monde et d'éviter que ce qu'il s'est passé la fois passée se reproduise. Et pour ça... J'ai... J'ai fait un pacte avec Sans.


— Un pacte ? demanda Papyrus.


— Oui. Je ne reviens plus en arrière, jamais, mais en échange, on va tenter de le sauver, parce qu'il est toujours malade. Mais... Pour ça, il faut que je lui donne un bout de mon âme, et inversement, ce qui pourrait nous tuer tous les deux. Ou pire. Mais c'est sa seule chance, et si je dois le payer de ma vie, je l'accepterai. Après tout ce que j'ai fait, c'est la moindre des choses. Mais... On verra ça plus tard. Là tout de suite, ce qui est important, c'est d'arrêter les humains dehors. L'homme qui dirige le groupe d'humains, c'est le futur président d'Ebott City. C'est lui qui a piégé Maman et détruit la capitale des Monstres. Je... Je pense qu'on peut le raisonner, après tout, on l'a déjà fait, mais il faut le faire vite. Il est dangereux, et s'il pense qu'on représente un danger, il n'hésitera pas à tous nous tuer. C'est pour ça qu'avec Asriel et Papyrus, on va aller leur parler. Asriel a déjà eu affaire aux hommes avant, et moi je suis humain. Papyrus nous défendra si les choses tournent mal, ce qui pourrait permettre à la Garde Royale d'intervenir en dernier recours. Mais pour ça, j'ai besoin de la Garde Royale, Undyne. Si c'est toi qui y vas, ou le Roi, ils vont tirer à vue parce que... Sans vouloir être offensant, vous êtes plus impressionnants que les autres. Papyrus a une bonne tête, et Asriel et moi sommes encore techniquement des enfants. Les soldats sont plus récalcitrants en général à tirer sur ce qui est petit. Mettons ça de notre côté pour tenter de s'en sortir. Et si ça ne fonctionne pas... Eh bien... Au moins, on aura sept âmes pour sortir d'ici, mais il faudra faire en sorte que les humains ne l'apprennent jamais, ou ils risqueraient de...


— De se battre de nouveau, soupira Asgore. Je vois. Je pense que ce plan mérite d'être tenté, ne serait-ce que pour leur prouver qu'il y a une façon de le faire pacifiquement. Undyne ?


— Ça ne me plaît pas, mais je suis d'accord pour essayer. Mes gars sont affaiblis par la dernière attaque, ils ne sont plus nombreux.


— Je serai là en renfort, dit Toriel.


— Et moi aussi, répondit Sans. Je sais que... Je ne suis pas très réputé pour mes capacités au combat, mais si ceux-là ont déjà un niveau de violence élevé, peut-être que ma magie sera utile. Dans le cas contraire, j'agiterais juste des pompons pour soutenir mon frangin, ça fonctionne aussi.


— Mais j'ai des conditions, les interrompit Undyne. C'est hors de question que j'envoie Pap' là-bas sans un minimum de protection et d'entraînement. Je veux une journée en tête à tête avec lui demain pour travailler, sans personne pour nous déranger.


— J-Je peux ra-ralentir les Humains, intervint Alphys. Ils arrivent b-bientôt dans les H-Hotlands et il y a d-des barrières magiques que je peux activer. Ils s-seront coincés entre devant le laboratoire et S-Snowdin, puisqu'ils ne p-peuvent pas retourner dans les Ruines à-à cause de la porte magique.


— Très bonne idée, docteur Alphys, répondit Asgore. Fais ça dès que possible. Accordé également pour Undyne. Alphys, n'aurais-tu pas des projectiles défensifs à donner aux enfants ? Ou quelque chose qui leur permettrait de se défendre si les choses se passent mal ?


— Je dois a-avoir ça. »


Asgore se leva, les mains sur la table.


« Bien, il semble que nous avons un plan. Pendant que Alphys travaille et que Undyne entraîne Papyrus, Toriel va rassembler la garde royale. Je vais également faire une annonce pour calmer les esprits et expliquer ce qui va se passer. Sans, puis-je compter sur toi pour t'occuper des enfants pour l'instant ?


— Pas de problème. Je vais les aider à préparer ce qu'ils vont dire aux humains.


— Très bien. Accordons-nous donc cet après-midi pour nous reposer à peu et réfléchir. Demain, nous nous mettons au travail. »


Frisk hocha la tête et prit la main d'Asriel, peu rassuré, mais prêt à aider. Ils allaient bientôt sortir d'ici. Il le sentait.


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