Une dernière promesse

Chapitre 26 : Chaos

3974 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Snowdin était en proie au chaos. Les habitants de la petite ville remballaient leurs affaires à la hâte et couraient vers Waterfall, emportant avec eux ceux qui ne pouvaient marcher, comme la famille Cailloux. En quelques minutes, les maisons se vidèrent, les commerces tirèrent le rideau et les murmures et rumeurs s'intensifièrent sur ce qui pouvait bien causer un si grand remue-ménage. Undyne était arrivée quelques minutes avant Frisk et était déjà en train de rassembler les sentinelles pour faire le point sur ce qui était en train d'arriver et leur rôle dans le plan. Les chiens, oreilles plaquées sur le crâne, ne faisaient pas les fiers, au moins aussi terrifiés que ceux qu'ils étaient censés protéger.


L'adolescent attendait patiemment devant la maison de Sans et Papyrus. Toriel avait exigé que Sans lui laisse sa veste, au-dessus d'un vieux pull de Papyrus, au-dessus de ses propres habits. Il se sentait un peu à l'étroit, mais sa maman-poule vint l'achever avec une des longues écharpes rouges du plus grand des squelettes qu'elle enroula autour de son cou si fort qu'il crût qu'il allait suffoquer. Elle lui tendit ensuite son sac-à-dos qui, comme il s'y attendait, devait avoir été rempli de briques tellement il était lourd. Sans, derrière elle, se moquait ouvertement et ne faisait aucun effort pour le cacher.


Papyrus rejoignit l'adolescent et ramassa son propre sac. L'heure du départ approchait.


"Pap', attends !"


Undyne arriva en courant, des pièces d'armure entassées en équilibre fragile dans les mains. Elle se planta devant le squelette, lui fit lever les bras et le força à enfiler une cotte de mailles, un casque et des protections pour ses jambes et ses bras. Frisk n'était plus le seul qui ressemblait à du popcorn trop gonflé. Les bras et jambes écartés en étoile, le squelette fit difficilement quelques pas sous le regard de son frère en train de s'étouffer en se roulant à terre, incapable de réprimer le fou rire qui avait pris possession de lui.


La guerrière l'ignora copieusement et força Papyrus à la regarder.


"Ne joue pas les héros, d'accord ? Tu gardes un œil sur le gamin, mais tu restes en bas quoi qu'il arrive.


— Mais je pourrais aider... râla faiblement le squelette.


— Je sais. Mais un garde royal est avant tout là pour rassurer le peuple, Pap'. Tu seras le seul en bas, les gens vont compter sur toi encore plus qu'en temps normal. Soit le meilleur et montre leur qu'il n'y a pas de raison de paniquer. Et je te confie la plus importante des missions : ne laisse pas Alphys se morfondre sur elle-même et aide-la à tenir en attendant que je revienne avec ton frère.


— Compris, Capitaine, dit-il en se mettant au garde-à-vous.


— Bien, file, maintenant. Et toi, dit-elle sombrement à l'attention de Frisk, gare à tes fesses s'il lui arrive quelque chose."


Frisk se mit lui aussi au garde-à-vous en souriant. La capitaine grogna, satisfaite, et retourna auprès de ses hommes. Calmé, Sans se rapprocha d'eux.


"Faites attention à vous, dit-il d'un ton plus sérieux. On ne sait pas encore à quoi est-ce qu'on a affaire. Restez bien en sécurité et ne tentez rien de stupide."


Si Papyrus hocha vigoureusement la tête, Frisk ne répondit rien. Il savait que la dernière phrase s'adressait tout particulièrement à lui. La bonne nouvelle, néanmoins, était qu'il allait pouvoir enfin discuter avec Alphys, seul, et travailler sur la suite de son plan. Toriel vint serrer une dernière fois l'adolescent dans ses bras et ils purent enfin partir avec Grillby, en retard lui aussi. Main dans la main avec Papyrus, Frisk se retourna régulièrement jusqu'à ne plus pouvoir apercevoir Sans et Toriel. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au creux de son estomac, comme un déjà vu sur le point de se reproduire.


*********


Les eaux calmes de Waterfall avaient quelque chose de dérangeant. La région avait également été évacuée et tout était silencieux. Pas une brindille qui bougeait, pas une voix qui perçait dans le lointain. Même les fleurs d'écho n'avaient rien à dire, se contentant de reproduire leur bruit de pas en écho dans l'immense cavité. Le petit groupe avançait à bon pas malgré tout. Papyrus ouvrait la marche dans son armure allégée, suivi de Frisk et Grillby, un peu à la traîne. Dès qu'ils furent hors de vue de Snowdin, Papyrus et Frisk décidèrent d'un commun accord de retirer quelques couches de protection pour ne pas mourir de chaud avant d'entrer dans les Hotlands. Grillby, lui, grommelait, un parapluie au-dessus de la tête. Le climat humide n'était pas exactement adapté à sa condition, étant donné qu'il était constitué uniquement de flammes. A bien y réfléchir, Snowdin aussi était humide, songea Frisk, n'ayant rien de mieux à faire, mais le froid semblait moins le déranger.


Aux abords de la maison d'Undyne, ils croisèrent le vieux Gerson. La tortue, âgée de six cents ans, avait bien du mal à traîner sa lourde valise derrière lui. Tête de mule, il refusa catégoriquement que Papyrus l'aide, tout du moins jusqu'à ce que celui-ci ne décide de lui enlever le bagage de force et s'enfuir avec en courant à grands coups de "Nyeh eh eh !" qui se répercutèrent en écho partout autour d'eux. La vieille tortue poussa un soupir et décida de les accompagner. Avec lui, le voyage passa beaucoup plus vite. Le vieux monsieur racontait des histoires que Frisk n'avait jamais entendu et il était captivé.


"Tu m'rappelles ce gamin, c'était quoi son nom... Ah ! Chara ! Le p'tiot d'Asgore et Tori. Après son arrivée et son adoption, le jeune prince le trimballait partout pour le présenter aux monstres. Sa tête m'disait quelque chose, mais j'n'arrivais pas à savoir quoi, jusqu'à ce que j'me rappelle qu'c'était l'Empereur des Humains qu'avait des yeux rouges comme les siens. "T'es d'la famille royale ?" que j'lui ai d'mandé, mais il m'a simplement regardé de ses grands yeux effrayés avant d's'enfuir en courant. J'crois qu'il pensait pas que j'étais au courant. Me demande bien comment cette vieille peluche d'Asgore n'a rien r'marqué. P'têtre que c'était une simple coïncidence. Mais toi, t'y ressembles beaucoup. Un peu plus grand qu'dans mes souvenirs.


— On me l'a déjà dit, répondit Frisk en souriant. Je ne sais pas pourquoi on se ressemble à ce point. C'est peut-être le hasard.


— T'veux que j'te dise mon p'tiot ? Ici-bas, il n'y a jamais de hasard. Mais il y a des prophéties. Y en a une, elle disait qu'un jour, un ange tomberait du ciel et les Souterrains se videraient dans sa lumière. P'têtre bien que Chara était élu, mais a échoué. P'têtre bien qu't'es son remplacement."


Frisk resta silencieux, le regard absent pendant quelques secondes.


"Et les autres ? Ceux qui sont tombés avant moi ? Ils lui ressemblaient aussi ?


— Oh non. Les pauvres gamins avaient des têtes bien différentes. C'est triste ce qui leur ai arrivé.


— Je n'ai jamais vraiment su ce qui leur est arrivé. Je sais que certains ont combattu Asgore, mais j'ai trouvé des... objets humains un peu partout dans les Souterrains.


— Ah ! Laisse ma vieille cabosse se souvenir. L'premier est tombé alors que la Reine n'avait pas encore fui le palais. Le pauvre gamin s'est blessé mortellement et s'est traîné jusqu'aux portes de Snowdin. Il ne l'a jamais atteinte. On a retrouvé que son corps et son âme. Le deuxième, c'était un brave gamin. Undyne n'avait que sept ans et elle lui a collé aux basques jusqu'à chez moi. J'étais bien embarrassé, qu'est-ce que j'allais bien pouvoir en faire ? Il est resté quelques jours, puis il a finalement décidé d'aller tenter sa chance auprès d'Asgore. Le Roi a fait ce qu'il fallait. La suivante..."


Il poussa un soupir, en proie à un mauvais souvenir.


"La suivante est tombée bien après. C'était une petite danseuse. Ma petite Undyne venait d'entrer dans la garde royale, et elle ne s'y faisait pas respecter, parce que peu de filles avaient de la chance d'y entrer à cette époque. Quand elle a su que la gamine était tombée, elle s'est mise en tête de la ramener à Asgore elle-même. Elle ne voulait pas la tuer, mais la petite était fragile. Lorsqu'elle m'a ramené son corps, elle était en larmes et m'a supplié de la ramener, mais c'était bien trop tard. Elle a perdu son oeil dans la bataille, mais éventuellement, elle est devenue chef de la garde royale en quelques semaines en remerciement de son aide. Il ne faut pas lui en vouloir. Undyne a un bon cœur, elle a dû mal à l'utiliser à la place de ses poings."


Ils passèrent une cascade avec de l'eau jusqu'aux genoux. Grillby tira la grimace lorsque son corps se mit à émettre de la vapeur. Il avança rapidement et retrouva sa flamboyance à la sortie. Frisk aida Gerson à traverser, tout sourire et toujours attentif à son histoire.


"Le gamin suivant, le quatrième, c'était un persévérant. Il tenait à peine debout, se cognait dans les murs. Il avait perdu ses lunettes en tombant et marchait à l'aveugle dans les Souterrains. Celui-là aussi est arrivé jusqu'à Asgore. Je l'ai guidé par téléphone sur une partie du chemin, pauvre chose. Celui d'après était spécial. Il était un peu comme toi. Il a refusé de lever la main sur qui que ce soit, y compris sur Asgore. Il a offert son âme pour nous aider, il ne voulait pas rentrer chez lui. Après sa mort, le roi est resté inconsolable pendant des mois, coupable. Il fallait dire qu'il ne restait que deux âmes et que le poids des morts commençait à lui peser."


Il se tut un instant et lança un regard vers Papyrus.


"Le dernier... Le sixième n'était pas pacifique."


Grillby s'agita à côté d'eux, visiblement mal à l'aise. Le sujet était-il tabou ? Papyrus, qui écoutait depuis le début, semblait lui aussi s'être subitement détourné.


"Qu'est-ce qui est arrivé ?


— Je pense que ce bon vieux Grillby et d'autres s'en souviennent encore. Il est entré dans Snowdin, une arme à la main, et a commencé à tirer sur tout ce qui bougeait. Le seul qui a tenté de s'interposer, c'est ton jeune ami, là-bas, Papyrus. Il était petit, le même âge qu'Undyne quand je l'ai recueillie. Le gamin lui a tiré dessus, plusieurs fois, et il est resté debout, essayant en vain de le raisonner, jusqu'à ce qu'il ne tienne plus sur ses jambes. En le voyant en train de mourir, son frère est sorti de nulle part, deux immenses têtes squelettiques derrière lui et il l'a tué sans sourciller, avec une froideur et une puissance d'attaque qu'aucun des soldats de la Grande Guerre n'a jamais eu. Tout le monde en a eu un frisson. La scène a duré peut-être trois minutes, mais le gamin a emporté quinze vies avec lui. Le docteur Alphys a tenté de les sauver, mais seul Papyrus s'en est tiré, au prix de longs mois de convalescence. Les autres... Eh bien... Personne ne sait ce qui est advenu d'eux. Quoiqu'il en soit, dit-il en s'éclaircissant la gorge, après ça, personne n'est tombé en trente-cinq ans. Et te voilà. Le seul qui a réussi à faire changer Asgore d'avis. Tu dois être spécial."


Le vieil homme lui ébouriffa les cheveux en se mettant sur la pointe des pieds, lui arrachant un demi-sourire. Cette dernière histoire l'avait chamboulé. Sans qui tuait de sang-froid, il l'avait déjà vu, mais en public ? Et Papyrus aux portes de la mort ? Il y avait décidément bien plus à découvrir sur les deux frères qu'il ne le pensait. Il se doutait bien que Sans n'en était pas fier étant donné sa réaction lorsqu'Undyne en avait parlé lors de sa "première" rencontre avec Asgore. Cette curiosité qu'il pensait éteinte et assouvie revenait au galop.


Mais il devrait attendre pour poser ses questions. L'urgence de la situation les poussaient à s'enfoncer toujours plus loin à l'intérieur de la Montagne. Ils passèrent encore quelques ponts avant que l'atmosphère ne commence à se réchauffer, annonçant leur arrivée imminente. L'énorme bloc qu'était le laboratoire d'Alphys ne tarda pas à apparaître. Les monstres faisaient la queue devant l'entrée, le visage fermé et leurs sacs sur le dos. Dès qu'ils arrivèrent, Frisk repéra immédiatement des regards hostiles et méfiant dans sa direction. Même s'il était sous la protection d'Asgore, les récents événements avaient mis un nouveau coup au moral des monstres, et certains n'étaient pas d'humeur à essayer de comprendre. L'adolescent décida de les ignorer pour le moment, caché derrière l'ombre imposante et protectrice de Papyrus.


Le téléphone du squelette émit un petit bip. Papyrus rentra son bras gauche intégralement dans le plastron de son armure pour le récupérer et le coller à son oreille.


"Sans ? Oui, on vient d'arriver ! annonça-t-il triomphalement. L'humain Frisk est complet, bras, jambes et tête incluses. Comment ça "est-ce que j'ai compté si des bras lui avaient poussé en plus" ? Sans, tu sais bien que l'humain Frisk n'a que deux bras, enfin."


Ils discutèrent quelques minutes comme ça et Frisk se détourna rapidement de la conversation pour regarder autour de lui. Quelques monstres arrivaient encore derrière eux, mais la plupart des autres devaient déjà se trouver à l'intérieur. Il pouvait apercevoir Monster Kid, quelques pas devant eux. Les yeux brillants, il admirait l'armure de Papyrus d'un air rêveur. Ses parents discutaient entre eux sans se préoccuper de lui, et ils ne le virent donc pas s'échapper sournoisement pour courir à leur rencontre. Il s'écrasa face la première aux pieds de Frisk, juste au moment où Papyrus raccrochait.


"Yooo ! Ton armure est trop cool, Papyrus ! Moi aussi quand je serai grand j'entrerai dans la garde royale et je taperais des humains ! Enfin... se corrigea-t-il en tournant la tête vers Frisk, ceux qui ne sont pas comme toi. Je m'appelle MK, dit-il en lui tendant sa queue."


Frisk lui serra vigoureusement avec le sourire. Lui aussi avait gardé le même âge qu'avant et l'adolescent rougit franchement. Il tenta de balbutier quelque chose mais son visage vira au cramoisi, ne lui permettant que de sortir des syllabes décousues. Avant le début de toute cette histoire, le petit dinosaure et l'humain étaient proches, et plus. Même s'ils n'avaient pas exactement eu le temps de s'avouer leurs sentiments, ou Frisk de savoir s'ils étaient seulement réciproques, le monde avait pris fin. Monster Kid l'observa, la tête penchée sur le côté, perplexe, puis interrogea Papyrus du regard. Le squelette hésita puis posa la main sur l'épaule du jeune homme d'un air mélodramatique.


"Je sais, humain Frisk. Te trouver en la compagnie d'un si charmant garde royal peut parfois provoquer des bouffées de chaleur. Il faut dire que je suis très séduisant et fort, ce qui est déjà un exploit étant donné que je n'ai pas de muscles, mais ce n'est pas une raison pour faire couler une rivière de tes yeux."


Frisk attrapa la capuche de sa veste, la mit sur sa tête et tira les cordons jusqu'à ce que son visage ne soit plus visible. Un cri étouffé s'en échappa. Par chance, il fut sauvé par l'avancée de la file. Les parents de MK hurlèrent son nom et le dinosaure dut retourner auprès d'eux pour rentrer dans le laboratoire. Frisk attendit qu'il soit hors de vue pour se remettre de ses émotions. Il n'était pas encore habitué aux crises de ses hormones. Et il avait désespérément besoin d'une robe aussi. Vivement qu'ils atteignent la Surface pour qu'il se jette sur le premier commerce ouvert.


"Encore une victoire pour le grand Papyrus, se vanta le squelette. Humain Frisk, il va falloir faire quelque chose pour parler à MK. Je ne peux pas toujours être là pour faire diversion. Lorsque tout sera fini, je vais t'apprendre à flirter. J'ai un manuel pour ça."


Il ne savait pas ce qui était le pire : que Papyrus se soit mis en scène pour réellement l'aider ou le fait qu'il lui propose avec un grand sérieux des cours de drague. Il avait envie de s'enterrer dans un des coins à sieste de Sans et d'y rester pour le reste de sa vie.


La file avança un peu et reporta l'attention sur la situation. Ils étaient presque à l'entrée et ils pouvaient apercevoir Alphys près de l'ascenseur. Elle faisait rentrer les gens par paquets de cinq ou six, leur donnait des instructions et des papiers avant que les portes ne se referment. Lorsqu'elle aperçut Papyrus, son visage afficha un grand soulagement. Papyrus et Frisk rompirent le rang pour la rejoindre et aller l'aider. A trois, tout fut beaucoup plus facile. Papyrus s'assurait qu'il n'y ait pas de bousculade, Alphys donnait les conseils et leur attribuait un quartier du bunker, et Frisk tendait les documents qui résumaient l'organisation en bas, les heures de repas et de douche, ainsi que les différentes activités proposées pour ne pas céder à la panique. En trente minutes, tous les monstres étaient à l'intérieur et il ne restât plus qu'eux. Après avoir eu la confirmation d'Undyne que Snowdin et Waterfall étaient déserts, ils purent embarqués à leur tour dans l'ascenseur.


"Merci en-encore pour votre aide, leur dit la scientifique. C'est beaucoup à-à gérer et je ne sais pas si je-je suis vraiment à la hauteur.


— Moi, je trouve que tu t'en es très bien sortie, sourit Frisk, enthousiaste.


— M-Merci, Frisk. Je vous ai ins-installé dans le quartier général avec m-moi, pour avoir un œil sur les-les caméras et m'aider avec les problèmes qui-qui vont se poser en bas.


— On descend dans le laboratoire ? demanda Frisk en se rendant compte que la descente prenait plus de temps que dans ses souvenirs.


— Non, plus bas, dans le niveau inférieur. C'est là où-où les habitants de Hotlands habitaient avant le-le Core, mais la-la température n'était pas assez ch-chaude pour les monstres qui y v-vivaient."


Il s'agissait donc d'une toute nouvelle zone. Frisk sentit l'excitation le gagner. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait rien vu de nouveau dans les Souterrains ! Les portes s'ouvrirent sur un brouhaha incompréhensible. Des monstres se promenaient dans une gigantesque caverne dans un calme surprenant étant donné la situation. Le camp était divisé en plusieurs zones, désignées par d'énormes panneaux accrochés au plafond. Frisk repéra les dortoirs au loin, séparés les uns des autres par des cloisons, les douches et toilettes juste derrière. Il y avait les cuisines, où Grillby et Muffet, venue en renfort, s'activaient déjà, une salle de réunion et un espace de repose avec une bibliothèque, un grand écran de cinéma et les jeux vidéo les plus vieux que Frisk n'avait jamais vu. Chacun savait quoi faire et personne ne fit attention à eux. Alphys les guida vers une porte dérobée contre un des murs et les fit rentrer dans un grand appartement.


Tout, des murs au plafond, était truffé de technologie. Sur les grands écrans, divers graphiques monitoraient les Souterrains. Sur un espace surélevé, les caméras diffusaient divers endroits au-dessus d'eux, de l'entrée des Ruines au palais d'Asgore. Alphys avait déjà pris ses marques. L'une des chambres était tapissée de posters de Mew Mew Kissy Cutie. Frisk et Papyrus avaient également chacun une chambre, ainsi que Mettaton, absent pour le moment. L'adolescent déposa son sac à terre et commença à déballer ses affaires pour les ranger dans l'armoire. Sa mère avait dévalisé la maison de Sans et Papyrus. Il y trouva de vieilles chemises à la taille de Sans qu'il ne devait jamais avoir mises puisque les étiquettes étaient encore dessus, ainsi que des shorts trop grands pour lui. Dans le fond du sac, il trouva quelques livres et comics, ainsi qu'un grand album "La folle aventure de Fluffy Bunny", sur lequel un post-it était accroché.


"A lire à Papyrus avant de dormir. Ne l'oublie pas si tu veux dormir au moins une heure cette nuit. - Sans."


Frisk rit doucement et posa le livre sur sa table de chevet. Le fond du sac était tapissé de bonbons et de gâteaux soigneusement emballés dans de petits sachets... mais réduits en miettes à cause du poids qui avait pesé sur eux. Seul un morceau de tarte caramel-cannelle avait survécu, même s'il ne se souvenait pas avoir vu sa mère en cuisiner de tout le court temps où elle était restée chez les frères squelettes.


La chambre était bien équipée. Il y avait une télé et un vieil ordinateur, une armoire, un lit bien douillet, une console de jeu vidéo et des animes dans les tiroirs de la table de chevet. Il se sentirait presque en vacances si la menace de la situation ne lui pesait pas autant sur le moral. Il poussa un soupir et décida de sortir de la pièce pour aller voir ce que Papyrus faisait. Le squelette, dans la chambre d'à côté, déballait une à une sa collection de figurines et ses livres de puzzles. Frisk fronça les sourcils en s'apercevant que la table sur laquelle il les installait était exactement la même que celle de sa maison. Comment était-ce possible ? Il ne fut pas au bout de ses peines quand il sortit de son sac son bureau et son ordinateur. Choqué, l'adolescent se frotta les yeux pour s'assurer qu'il avait bien vu.


"C'est une boîte inter dimensionnelle, expliqua Alphys derrière lui, le faisant sursauter. On peut y mettre n'importe quoi."


Elle continua tranquillement son chemin, un jus de framboise dans la main. L'adolescent laissa son ami tranquille pour aller explorer un peu son nouveau lieu de vie et se rapprocher des caméras. Il chercha les rares formes encore vivantes du regard. Toriel discutait avec Undyne devant chez Grillby, une table avec des plans devant eux. Elles étaient sans doute en train d'organiser leur tactique défensive. Les sentinelles canines les encadraient à bonne distance. Dans les Hotlands, Metatton se maquillait devant un pauvre Burgerpants excédé. Comme il s'en doutait, Sans se trouvait déjà au palais d'Asgore. Contrairement à l'ambiance de Snowdin tendue, le stress n'était ici pas à l'ordre du jour. Asgore arrosait ses fleurs comme si de rien était et Sans dormait dans le trône royal, un filet de bave au coin des lèvres, confortablement installé. Il repéra Flowey, caché dans un coin, assoupi lui aussi. Frisk en aurait presque souri s'il ne savait pas qu'il économisait ses forces au cas où il devait se battre. Pour l'instant, les hommes n'avaient pas encore passé la porte des Ruines.


Il poussa un soupir. Il ne pourrait jamais rester là sans rien faire si les choses se déroulaient mal. Il pria de toute son âme que tous réussissent à vaincre les humains avant que quelque chose d'horrible ne se passe. Il ne pouvait pas perdre tout le monde encore une fois.

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