Le phénix des planches (Deuxième partie, Premier Jet)
— Ma belle ? Tu viens ?
— Hum…tu es où ?
— Dans le salon.
Elle me rejoint en fauteuil en ce samedi matin après n’avoir pas manger grand-chose et découvre, surprise ce que je lui ai préparer sur la table basse. Cela fait une semaine que j’ai quitté définitivement l’école et je trouve ce changement bénéfique.
Je passe désormais mon temps à forger des souvenirs avec ma copine et également, réfléchir à une manière de l’aider à s’occuper un peu plus d’elle-même notamment avec son traitement.
— C’est quoi ?
— On va écrire un planning.
— Pour faire quoi ?
— T’aider à devenir plus autonome.
— Mais…je vais oublier des choses ! Je…je n’arrive toujours pas, après tant de mois à…
— Je connais tes difficultés et tu vas voir, on va trouver des astuces et des solutions. Et rappelles-toi, je suis là ainsi que tes proches. Tu veux t’asseoir sur les coussins ?
— Pourquoi pas.
Une fois assis, pendant que dessine le semainier, elle regarde les étiquettes faites maisons qui sont des modèles revisités de ceux utiliser pour les enfants.
— Bien, en avant toute chose, sache qu’on est fière de tout tes progrès.
— Lesquelles ?
— Tu arrives à t’habiller, te doucher seule par exemple. Tu arrives aussi, tiens, essaye de trouver là où tu as progressé ! C’est un bon exercice pour te mieux te connaître.
— Bé…je…je n’ai pas de repère ! Comment j’étais avant ? Vous me l’avez dit mais je me s’en souviens plus….
— Très active, pleine d’énergie, parfois intrépide et prise de risque avec cependant, un cœur sur la main.
— Elle avait du talent et moi, je n’ai rien !
— Elle était toi, tu es toujours toi au fond.
— Son corps à moitié, l’autre est l’autre et moi, je suis, là sans être là. Je veux l’imiter, tu sais, je réécoute en boucle ses paroles si belles, c’est moi sans l’être. Mais, je ne pense pas y arriver.
— Tu veux dire, écrire ou chanter ? Ou les deux ?
— Hum…
— Tu sais ce qui se passe au bar ?
— Oui, je commence à comprendre et ?
— J’ai coupé le contrat avec le producteur de UPA Dance car je voulais principalement être avec toi…
— Pas obliger…
— Si, parce que je t’aime et je veux passer toutes tes dernières années avec toi.
— ….
— Le bar, permet de faire connaître des artistes. Je reste le directeur et nos amis s’occupent selon un planning que gère Silvia, Ingrid et Lola.
— Et les autres ? Je te comprends, tu me perds là….
— Oui, désolé, je m’en rends compte. Les autres ? Tu sais, c’est une entreprise, chacun son rôle. Moi, je ne suis plus sur place ou très rarement, en tout cas depuis une semaine. Je m’occupe des papiers principalement. Tout ça pour dire, avec moi, je peux te remettre sur scène.
— Chanter ?
— Oui. Je peux t’aider aussi avec tes amis, ton ancien groupe, à te remettre en selle. Tu en penses quoi ?
— ….
— Tu veux toujours briller ?
— Je les connais ?
— Qui ça ?
— Les gens sur les chaises…
— Le public ?
— Oui…
— Si tu veux être rassurer, on peut qu’inviter les mêmes personnes qu’à ton anniversaire.
— Je ne sais pas qui je veux être, ni quoi faire alors que je marche comme ma vielle grand-mère alors qu’elle est déjà morte. Et ma mémoire parfois d’un poisson rouge !
— Tu sais quoi ?
— Non…
— On va revenir à ma première question.
— Laquelle ?
— Ce que tu as déjà accomplis depuis ton réveil.
— Faut demander à l’ortho, enfin la dame de mots et trucs.
— L’orthophoniste. C’est vrai que depuis deux semaines, tu n’y vas plus. Comme tu as du mal à répondre, je vais le faire pour toi.
— Je me rappelle que j’arrive à bien lire mais les espaces et logiques me foutent le vertige…Trop dur pour moi !
— Oui, ta compréhension des maths est complexe et on va y remédier.
— Pourquoi ?
— Pour t’aider pendant des courses par exemple.
— Hum…
— Sinon, rassure-toi, les quelques tests qu’elle t’a montrés, crois-moi, j’ai eu du mal à les réaliser aussi.
— Hum…
— Pour tes progrès, on ne va pas faire la liste, tu commences à fatiguer et je préférais te donner quelques exploits.
— J’ai mal dormi…
— Tu te reposeras après le repas.
— Je n’ai pas faim…
— Je sais.
— On va se concentrer sur le planning. Tu joues depuis tout à l’heure avec des cartes, à ton avis, elles vont servir à quoi ?
— Il y a des dessins. Lui, pour le manger, l’autre on dirait, la lune mais je ne vois pas.
— Chaque jour, tu vas coller ses étiquettes pour savoir ce qui tu restes à faire.
— ...Coller comment ?
— On ira placer le planning sur l’un des murs du salon, si tu veux. Je mettrais du scratch au dos de chaque étiquette. Pour le moment, on va faire un exemple. Tu vois, j’ai noté les heures.
— Hum…
— On est quel jour ?
— Samedi ?
— Et on est le matin ou le soir ?
— Le matin, mais j’ai du mal à lire l’heure encore.
— Alors, regarde ma montre, elle n’affiche pas d’aiguille. Tu arrives à déchiffrer ?
— Il y a un neuf, un et cinq.
— On va reprendre des cours à l’orthophoniste.
— Qu’avec toi !
— Bon, avec plaisir. Il est donc neuf heure, quinze. Tu vas poser ce que tu as déjà fait avant cette heure-là.
— Hum…
— Ça sonne, je te laisse réfléchir.
— C’est qui ?
— Sans doute, le livreur pour mon bureau. Je dois le changer depuis.
Un baiser sur sa tempe et je me lève pour ouvrir avec surprise à sa sœur. Je l’invite à rentrer.
— Quelle surprise ! Que fais tu ici ?
— Je m’ennuie en peu et je me suis dis, et si j’allais voir ma sœur ?
— Avec plaisir.
— Je te dérange pas ? Je voie qu’elle est occupé.
— Non, du tout. Je tente de mettre en place un planning. Tu veux boire un café ?
— Pourquoi pas.
— Je vais t’en chercher un.
Une fois servi, Adela assise sur le canapé, nous regarde en silence.
— Bien, tu as déjà placer des étapes ?
— Ce que j’ai envie de faire…
— C’est bien. Très bien. Mais je t’ai dis de mettre ce que tu as déjà fait depuis ton réveil ce matin.
— Ça sert à quoi ça ?
— Tu n’as pas mis l’étiquette des médicaments.
— Eu, Roberto ?
— Oui ?
— Pourquoi il n’y a qu’une ?
— J’ai pas eu le temps de faire des doublons.
— Tu vas en faire pour toutes les tâches ?
— Je pense, comme ça, au début de la journée suivante elle déplace d’en bas, l’étiquette.
— C’est une bonne initiative.
— Merci. Bon, Marta, tu sais où placer l’étiquette ?
— Avant le repas ?
— Lequel ?
— Ce matin. Je vais faire pipi.
Une fois posé, je l’aide à se lever. Puis Adela attend son départ pour me demander :
— Comment c’est passé la semaine ?
— Calme tu sais. Après, je trouve que sa motivation pour ses projets régresse.
— Oui, Ingrid m’en a parlé, elle n’a plus l’envie de continuer à apprendre à se servir d’un ordinateur.
— Oui. La peinture, elle s’y est mise, mardi pendant trente minutes puis plus rien. Je n’arrive plus non plus à la faire parler de ce qu’elle pense.
— Ça se voit. Pourtant, je repère une micro-volonté d’aller de l’avant. Au fait, ça ne te dérange pas, que lundi, elle passe la journée avec ma mère ?
— Non, du tout. Si elle a besoin de la voir c’est normal. J’en profiterais pour passer à l’école, parler du projet de rachat d’un hangar pour le spectacle. Tu veux manger ici ?
— Pourquoi pas oui. On peut même faire participer Marta à la préparation. J’ai une idée de recette.
— C’est quoi ?
— Une paella.
— Tu as de la chance, j’ai ce qu’il faut. On va lui en parler.
Une fois de retour, Marta choisir de placer le planning près de l’entrée. Puis, elle accepte de nous aider un peu. Adela tente de la faire parler en vain.
Le reste de journée est calme avec un jeu de société et Adela repart en fin d’après-midi. Le dimanche, je sors marcher avec ma copine puis on se baigne.