Le phénix des planches (Deuxième partie, Premier Jet)
— Il est dix-heures, tu veux voir un autre magasin ?
— Maman ?
— Oui ?
— Ça fait longtemps qu’on est en ville ?
— Une heure, tu veux rentrer ? Je te sens fatiguée.
— Non, je veux rester mais manger mais avant m’assoir.
— Plutôt l’inverse non ? Aller t’asseoir et je t’achète quelque chose ?
— Là ! Je veux choisir !
Ma fille s’avance vite devant une sandwicherie et me montre ce qu’elle veut comme une enfant. J’ai toujours eu des difficultés à la cerner, même avant son coma. Son père, lui, arrive à s’adapter, étant de nature assez calme, enfin hormis en période de chasse.
Je suis aussi un peu du même tempérament, cependant, j’avais plus l’habitude d’être plus active quand ma fille l’était. C’est surtout qu’elle était moins agitée avec son père qu’avec moi.
On en a eu récemment des débats avec mon mari et une psychologue spécialiser en traumatisme crânien, sur la façon d’agir en différentes situations. Si son père, préconise comme la thérapeute, de s’aligner sur les humeurs de Marta, moi, j’ai tendance encore, à vouloir trop la stimuler.
D’après la spécialiste, je serais un peu dans le dénis. Et c’est vrai. Je me refuse en vérité plusieurs choses.
La voir si malade, la voir régresser et malheureuse puis pour finir, la savoir condamné à mourir jeune.
Même si le cardiologue nous a annoncer que, du fait de son nouveau mode de vie plus doux, elle aura peut-être une chance de vivre encore dix ou vingt ans, soit l’un des records connu jusqu’à maintenant.
— Tu prends un cookie ?
— Oui.
— Ok
— Je veux payer !
— Je suis heureuse de te voir pleine de bonnes volontés !
— Bonjour Mesdames, qu’est-ce que je vous sers ?
— Un cookie
— Chocolat noir ou chocolat au lait ? continue la dame
— Noir
— D’accord et vous Madame ?
— Eu, je n’ai pas encore choisi mais aller, je me laisse tenter pour un beignet au nutella avec une petite bouteille d’eau, tu veux boire quelque chose ma puce ?
— Du coca
— C’est noté, ça vous fera sept euro.
Je sors le porte-monnaie et ma fille prend un billet de dix. La dame lui tend les pièces mais je les récupère à sa place ainsi que le reste. Elle s’en ai déjà en aller se poser en face, je pose les boissons entre nous. On mange en silence jusqu’à que je me décide à la féliciter pour le paiement.
— Tu en as eu conscience que tu as donné un billet de dix euro ? C’était un bon calcul, de plus je n’avais pas assez de pièces. En passant, je trouve que c’était cher même si c’est bon.
— Non maman…
— C’est bien ce que je me disais. Tu le trouves bon ton cookie ?
— Hum…maman ?
— Oui ?
Elle s’hydrate un peu tout en me regardant et j’en profite pour lui remettre sa mèche derrière l’oreille.
— Faut que tu ailles chez le coiffeur, non ?
— Peut-être et j’en aurais besoin alors pour mon élection.
Elle boit encore un peu avant de finir son gâteau. Je la fixe surprise et je l’interroge :
— Ton élection ?
— Je ne sais pas…Je veux être connu autrement que les mots.
— Tu ne veux donc plus chanter ?
— Si mais faire du théâtre, cinéma, télévision, danse et politique.
— Je suis contente de te voir si ambitieuse mais souviens toi, il te faut que te concentrer sur un projet à la fois. Tu fatigues vite, il faut te ménager.
— Maman ?
— Hum ?
— Je n’en veux plus du livre
— Je sais.
— Je sais aussi que beaucoup de personnes handicapés réalisent de grand exploits ! Et le dessin ne donne rien, le chat est mort mais renaît donc j’étais danseuse surtout chanteuse, Roberto va acheter un hangar pour des trucs et je serais là première à ramener des chaises pleines.
— Je comprends ton envie. Si besoin, on peut faire revenir ton groupe ?
— Je ne sais pas…mais j’ai réfléchi à mon projet.
— Raconte-moi. Et souviens toi qu’on sera tous là pour t’aider à réussir.
— Roberto, le ne sais pas mais j’ai réfléchi mais je veux être connu pour notre succès.
— Votre succès ? Tu veux participer à sa création d’une salle de spectacle ?
— Pourquoi il passe d’un groupe d’une musique à un bar et ça ? J’ai toujours du mal à comprendre…
— Il ne t’a pas expliqué ?
— Je ne sais plus si je lui ai demandé…
— Malgré un début fulgurant avec UPA Dance, pendant ton coma, il a eu tellement peur de te perdre. Il a choisi en commun accord avec Tania et César, de ne plus se produire. Et…
— Il ne fait plus de musique ?
— Le groupe continue de vendre des disques mais il n’y a plus de concerts.
— Et j’ai vu dans le bar.
— Roberto a acheté en effet, en premier lieu, ce bar pour en faire un mixte entre une salle de concert et donc un bar, tout en indépendance. Mais, toujours dans l’idée d’être avec toi, il a passé le pouvoir disons aux autres.
— Il me l’a dit hier je crois….
— Donc, son projet d’achat d’un hangar c’est effectivement, créer sa salle de spectacle.
— J’ai envie de l’aider à mon échelle.
— Tu vas proposer quoi ?
— Je ne sais pas mais de la vidéo.
— Tu veux tourner des films ?
— Sur internet, on peut tout faire !
— Pourquoi pas, c’est vrai qu’internet se développe pas mal même si je ne suis pas très connaisseuse.
— J’ai vu des gens partager des choses sur internet, sur de sorte de blogs.
— Et tu veux partager quoi à part des films ?
— Du spectacle ? Du chant ? Je veux revenir à l’école !
— Tu as des souvenirs ?
— Non mais à force de voir Marta, elle et je suis elle, je me dis, je veux vivre sa vie. Tu sais, je veux utiliser le bon de cadeau car j’ai écrit des chansons quand je ne dors pas.
— Tes amis seraient ravis ! Et ça parle de quoi ?
— Je ne sais plus, je sais que j’écris mais j’ai du mal à me relire.
— Tu écris sur papier et pas sur ordinateur ?
— Ça dépend.
— Je comprends un peu où tu veux en venir. Faut maintenant en discuter avec Roberto pour mettre tout ça en œuvre. Il sera heureux de te voir impliquer dans une entreprise à deux.
— Il l’a acheté ?
— Non, il cherche encore.
— Je veux alors acheter ! J’ai des sous non ?
— Tu as un compte rassure-toi et les ventes des DVD de ton groupe, on aidé à le remplir.
— Je suis connu ?! Personne ne me reconnaît dans la rue ! C’est à cause de ma cicatrice ?
— Comme vous avez réaliser que deux concerts uniquement à l’école, vous êtes moins populaire que UPA Dance même si c’est grâce à eux, enfin, leurs contacts, que ça a pu et ça marche encore un peu.
— Hum…j’ai combien sur mon compte ?
— Je ne sais plus, faudrait que je regarde mais tu sais, acheter un hangar coûte très cher. Après, à deux, ça peut le faire. Bien, je vois que tu as finis de manger, qu’est-ce que tu veux faire ?
— Rentrer, j’ai mal dormi.
— C’est vrai qu’en ce moment, tu as du mal à être reposé. Tu penses savoir pourquoi ?
— Ça n’a pas d’importance si ?
— Au contraire, peut être que ton traitement commence à ne plus faire vraiment effet. Je vais prendre rendez-vous avec le médecin.
— Pas la peine…je vais bien.
— Je m’inquiète ma puce. Allez, on va rentrer.
Je remets encore sa mèche puis un baiser sur la joue avant de revenir à la maison. Le midi, Roberto passe la chercher pour lui montrer le hangar qu’il a fini par trouver.