Le phénix des planches (Deuxième partie, Premier Jet)
— Roberto ? m’appelle Silvia
— Hum ?
— Je crois que la reine de la soirée est arrivée !
Je me relève de sous le bar avec quelques verres pour assister effectivement à la venue de Marta. Elle reste de marbre en découvrant les lieux et son père ferme le rideau qui sépare les deux salles pour plus d’intimité. Adela dépose ses cadeaux sur la table et moi, je pose les verres sur le bar pour l’accueillir. Mais je remarque quelque chose :
— Votre femme n’est pas là ?
— Elle arrive, elle passe un appel.
— Bien, on va l’attendre alors pour commencer. Vous voulez boire quoi ?
— Une bonne bière ne se refuse pas surtout pour les vingt-deux ans de ma fille !
Il embrasse sur la joue, me fait un clin d’œil puis rejoins les autres. Marta me regarde enfin et s’accroche à mon col pour me chuchoter :
— On est où ?
— Dans un lieu très spéciale.
— Je reconnais un bar mais …Tu l’as loué ?
— Acheter ma belle. On va t’expliquer le projet qui concerne de près ou de loin, l’ensemble des invités ici.
Elle se décolle pour s’avancer et essayer de lire la banderole. La musique est douce et la décoration pas trop criante. Une fois sa lecture fait de l’environnement, elle se tourne vers moi presque en panique :
— C’est…mon anniversaire !?
— Oui, il y a écrit « Joyeux anniversaire Marta ». Tu veux que ce soit qui d’autre ?
— Eva ! Et mon cœur ! Eux aussi, on le droit !
Tous échangent un étrange regard et c’est sa mère revenu de l’appel qui lui répond.
— C’est normal. C’est vrai qu’en tout cas, Eva et toi, vous êtes nées le même jour.
— Je ne savais pas.
— Rassure-toi Roberto, je m’en rappel tout juste.
— Et son cœur ? je lui chuchote tandis que Marta va s’assoir
— Ça n’a aucun rapport mais l’important c’est de lui faire plaisir. Si elle y tient, tant mieux.
Elle s’en va se placer après un sourire à ses côtés, Adela de l’autre et son père derrière sa femme. Marta continue d’observer la table pour se décider à picorer un bonbon. Carmen me fait signe de démarrer la fête comme je suis censé en être l’organisateur.
Adela se décale pour que je m’assois à côté de sa sœur et après qu’elle est terminée de manger, je l’interroge :
— Comme c’est ton anniversaire…
— Notre…
— Oui, vôtre, tu veux ouvrir les cadeaux ? Ou le faire après avoir soufflé les bougies ?
— Avant…
— Très bien, je te laisse commencer à prendre celui que tu as envie. On te dira de qui sait, d’accord ?
— Et le bar ?
— Tu veux savoir le projet ?
— Je n’ai pas perdu la tête ! Mais seulement ma virginité à cause de lui !
Un malaise s’installe et on comprend tous ce qu’elle veut dire par là. Ce n’est sans doute pas le moment de jeter de l’huile sur le feux…Pourtant, elle continue à se découvrir tout en ouvrant le premier paquet comme si de rien n’était. J’hésite à l’arrêter mais Adela m’en empêche.
— Je m’en souviens maintenant comme un rocher dans de l’eau de roche. Il m’a eu en premier puis elle puis c’est barré. J’ai son doigt dans une boite sceller mais je ne sais plus où. Un…c’est…un foulard ?
On décide de faire semblant de n’avoir rien entendu et c’est Silvia qui lui répond :
— C’est de notre part avec Paula, Lola et Ingrid. J’espère que tu aimes le bleu ?
Marta la cherche puis joue avec le vêtement avant d’acquiescer.
— Je pourrais l’étrangler mais il n’en vaut pas la peine…La chute est un échec, se relever est une réussite. J’ai soif …
— Tu veux boire quoi ma puce ?
— Du coca maman.
— Tu veux te servir ?
— Je peux ouvrir l’autre paquet ?
— Bien sûr. Je te sers alors.
Une fois servi, elle a juste terminé de découvrir le cadeau.
— Bon pour une séance d’enregistrement pour notre chanteuse préférer des Passagers. Ils me disent quelque chose, eux…
— Ce sont tes amis, vous avez créé ce groupe et réussit deux beaux concerts à l’école précise son père.
Elle le regarde en silence et en pleine réflexion puis tourne la feuille dans tous les sens avant de demander :
— Ils sont où ? Je veux bien être Marta, ses chansons et sa prestance sur scène, j’en suis jalouse…
— Ils ont déjà réservé leurs places pour un humoriste lui répond sa mère. Et tu es toujours Marta.
— Hum…
— On continue ?
— Oui maman…
Elle ouvre ensuite une deuxième enveloppe où se trouve deux places pour le ballet « Les lacs du Cygne » avec sa sœur. Le suivant est de la part de ses parents et c’est un kit de peinture. Puis César et Tania offre une séance de massage et de bien être en général à utiliser quand elle veut. Carmen a fait fort avec une copie d’une plaque de remerciement pour avoir produit les magnifiques concerts à l’école, signer par tout les professeurs mais aussi son diplôme.
— Je ne peux plus danser…je fais avec mais il ne va pas me servir !
— Il n’y a pas que la danse dans la vie. Tu as été l’une de mes meilleurs élèves et tu as appris pleins de compétences rassure la directrice
— J’ai tout oublié …
— Je peux le comprendre alors dans ce cas, considère mes cadeaux comme un moyen de te féliciter.
— Merci…
— Bien, il manque plus que moi !
— Roberto, il n’y a plus rien …
— Le meilleur c’est notre projet. Alors écoute bien après tu peux poser toutes les questions si besoin.
Elle s’hydrate et picore comme les autres pendant mes explications. Puis elle me fixe sans un mot tout en croquant un bonbon.
— C’est beau tout ça mais je ne veux pas qu’écrire ce qu’il se passe…
— Toujours ton projet de roman ?
— Une histoire d’un cœur qui n’a plus d’âme, celle d’une âme déchiqueter par un train et celle d’un esprit malmené par la vie. Eva était moi autant que moi, elle. Je désirais danser, elle désirait chanter. Son corps, son sang se retrouve dans le creux de mes pupilles.
— Tu as tout vu ? est surprise sa mère
— Oui…je m’en rappellerais à jamais. La pluie, la foudre, le silence et la rage. C’est terminé mais je veux écrire pour ne pas oublier !
— Pas de problème, on t’aidera s’il le faut.
— Je veux remonter sur scène ! Faire du théâtre ! Briller devant les étoiles ! Je veux être connu et reconnu avant que je finisse en poussière !
— J’en suis heureuse de te voir si motiver à aller de l’avant ! est fière sa sœur
— On souffle les bougies ? demande sa mère
— Oui…
Une fois souffler tant bien que mal, on continue la fête puis sa mère lui donne son traitement pendant que les autres préparent les mini-jeux et les expliquent notamment à Paula, son père, Carmen et Adela. Moi, je range un peu, un œil sur ma copine.
— Je vais bien…non merci…
— Marta, c’est important, c’est dix-neuf heure et tu le sais maintenant, l’heure c’est l’heure.
— Mon cœur s’est réparé. Tout va bien, d’ailleurs je dirais au docteur, d’arrêter tout ça !
— Ma puce, ton cœur n’est plus le tiens depuis la greffe. Tu te souviens pourquoi ?
— Il était malade ?
— Oui et quand on greffe un autre cœur par exemple, ton corps sans médicaments, le considère comme un étranger.
— Je l’ai adopté…
— Oui, c’est super mais alors considèrent que tes médicaments vont t’aider encore plus. Comme des compagnons qui te soutiennent. Tu comprends ?
— Oui…
— Alors, tiens. Puis on va jouer ?
— Hum…
Sa motivation retrouvé, elle nous surprend par son envie de s’amuser et même se remettre à danser.
Puis, elle désire se reposer dans ma chambre. Je la surprends avec l’achat de notre villa avec une piscine couverte dans un quartier résidentiel pas loin de la ville.
J’ai désiré la praticité, le calme mais avec une touche de luxe.
Ses parents qui avec les miens, m’ont aidé à emménager, la dépose avec sa valise. Le lendemain, ils reviendront avec toute ses affaires y compris celle qu’on avait gardé de sa chambre à l’école.
Cependant, les premières nuits, l’angoissent encore surtout quand je dois jouer avec mon nouveau planning. En effet, le bar ouvre le jeudi suivant et on remplit déjà en un mois, pas mal de soirée à thèmes différents.
Mes cours prennent encore le dessus et on arrive à se voir à l’école. Ingrid lui apprend à se resservir d’un ordinateur et Adela, par son envie, à danser. Quand on va au bar, elle s’isole dans un coin pour essayer de peindre.
Elle refuse de revenir chez ses parents et veut tenter d’être seule chez nous. On a tous peur qu’elle n’y arrive pas car jusqu’à maintenant, on l’a assisté.
Carmen, à la fin du mois, m’autorise à quitter l’école au vu de mes succès et mes amis, prennent le relais pour gérer le bar.
Mon nouveau rôle consiste maintenant, à apprendre à ma copine, à être plus indépendante, plus sûr d’elle tout en étant près d’elle. Un vrai challenge….