Une courbure de l'espace-temps (saison 3)
Repères chronologiques : cette scène s'insère comme une scène coupée de The Umbrella Academy, saison 3, épisode 8, autour de 23:30 (un peu avant le début du mariage de Luther et Sloane prévu à 18h).
Soundtrack suggérée : David Bowie - Wild Eyed Boy from Freecloud.
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07 avril 2019, 17h24
"Bon sang, j'aurais voulu une chemise à jabot".
Au milieu de la chambre jaune moutarde que nous squattons à présent, Klaus adresse un regard de lamentation à son reflet, dans le miroir où il peut aussi m'entrevoir : assise en tailleur sur un gros pouf noir et poilu.
J'ai toujours été fascinée par la façon dont il se préparait, avant un événement qu'il jugeait important, ou qui le tenait à coeur, y compris un concert. Moi, je n'en ai jamais rien eu à carrer. Un coup de laque sur ma crête, à mon époque punk, au maximum un pull moins troué, ou un t-shirt dans lequel je me sentais moins mal. Mais passer une heure devant un miroir à arranger mes bouclettes, épiler tous mes poils un à un et lisser le velours vert de ma veste de costume, ça, ça ne m'est jamais arrivé, alors un sourire me vient.
"C'est un mariage, Klaus, pas un couronnement".
"Justement. Un mariage où mon FRÈRE m'a demandé d'OFFICIER pour l'unir à ce petit hoverboard romantique - comment elle s'appelle, déjà - Simone ?"
"Sloane".
Il croise ses mains sur son coeur :
"A quelques ajustements apocalyptiques près, ce discours est prêt depuis que j'ai six ans. Je suis tellement flatté qu'ils me fassent confiance".
Et ce n'est même pas par manque de choix, parce que la fin du monde est sur nous, et qu'il reste littéralement une poignée d'humains en vie, ainsi qu'un robot et un homme-lézard venu d'ailleurs. Non. Mon avis est que - même sans Kugelblitz - Luther aurait quand même souhaité que Klaus assure ce rôle. Un changement de paradigme énorme, à l'échelle des Hargreeves, justifiant presque un Kugelblitz en soi.
"Mille paillettes, ce que je suis excitéééé".
Je confirme : l'énergie l'exprime par tous les pores de sa peau bien scrubbée. J'ignore ce que les prochaines heures vont nous apporter, j'essaye de ne pas trop cogiter. Mais Klaus m'a demandée une chose, une seule : être à ce mariage avec eux tous, avec lui. Et j'ai accepté, juste parce que ça lui met des étoiles dans les yeux.
"Ça va être fabuleux, Rinny. Le dress-code est 'Chic mais original', ambiance robes de soirées à boas et vestons noirs créatifs".
"Tu m'excuseras, mais je vais m'en tenir à 'noir'".
Je vais déjà faire un effort, et ne pas mettre un t-shirt de métal. Mais Klaus soulève déjà deux petits flacons aux lignes Art-déco.
"Peut importe que tu viennes en pyjama, l'essentiel, c'est que tu sois là. Mais parlons sérieusement, maintenant: pour ce qui est de l'eau de Cologne : Lavande ou Magnolia ? J'ai laissé Ylang-Ylang à Papa, je pense que c'est une fragrance qui peut contribuer à lui donner une image plus glamour et avenante".
"Attends, ton père est invité ?"
Nous nous regardons, parce que nous savons tous les deux que c'est extrêmement délicat.
"Pas exactement, non. Disons que j'ai réussi à le convaincre de se glisser parmi nous sur la pointe de ses Crockett & Jones, au moment du dîner".
Je fronce les sourcils.
"Tu joues à un jeu dangereux, Klaus, en essayant de fédérer tout le monde autour de lui. Il va encore essayer de nous exploiter pour ses propres intérêts".
Avec un petit sifflement évasif, il repousse cette idée, et je ne m'attendais pas à ce qu'il en soit réellement autrement, car depuis qu'il est rentré du 'bus-ball' et du cimetière, il est réellement convaincu qu'Hargreeves a fait un acte de bonté envers lui.
"Rin. Rin. Rin. Quels intérêts ? On est au bord de la grande fosse sceptique du néant, et la chasse d'eau est en train d'être tirée. Il est temps de faire la paix".
Après tout ce qu'il lui a fait. Je le sais, que Klaus n'est pas rancunier. Qu'il est même capable de chercher encore et encore la caresse de la main qui l'a frappé. Et ce n'est même pas une métaphore.
"Cinq l'a dit, on doit profiter des instants qui nous restent. Et quoi de mieux qu'un mariage digne des Hamptons, pour ça ? Il est hors de question que Papa reste à regarder son Bison Blanc dans les yeux toute la soirée. Même s'il ne se parfume pas, il viendra et je te promets qu'il dira des gentillesses. Fais-moi confiance. Je l'ai entraîné."
Je pourrais m'inquiéter grandement, si je n'étais pas accaparée par un fait qui fait battre le sang à mes tempes. Hargreeves va aller au mariage de Luther et Sloane. Il ne sera pas à la suite du Bison Blanc ce soir. Il va sortir de sa tanière, et du pachinko qu'il garde jalousement.
J'ai eu un doute, à son bureau, l'autre jour, quant au fait que son monocle lui permette de percevoir ma présence malgré mon invisibilité. Mais en le faisant venir au mariage... Klaus vient de régler ce problème-là pour moi, de me donner une occasion en or de m'éclipser... me laissant ainsi le champ libre pour aller explorer les commandes de la grande machinerie de l'Univers.
Ma gorge se serre un peu. Klaus ignore encore tout d'Oblivion. Il ne sait pas non plus, pour les gardiens sous les lames desquels Hargreeves est prêt à nous envoyer pour permettre son reset idéal. Il m'a ri au nez, quand je lui ai dit que son père était un alien : sa façon à lui de gérer l'angoisse de la fin des temps, c'est le déni et l'insouciance finale, et son cerveau tourne déjà comme une roue à hamster, tandis qu'il opte définitivement pour le flacon de Cologne au Magnolia.
"Je voulais une fontaine à champagne, mais je ne sais pas si on aura assez de bouteilles. Peut-être que ce sera du prosecco. En tout cas, le buffet sera magnifique : on a le droit de vider les chambres froides. Chet sera à la musique : Luther lui a fourni la playlist lui-même. Il prendra des clichés vintages, et on aura un photo-booth. Luther a trouvé des machines à fumée, Diego va gonfler des ballons, tous ceux qui le voudront pourront faire un discours embarrassant. On finira en regardant les étoiles, après un lâcher de colombes".
"Klaus, on ne voit plus les étoiles, et il ne reste même pas un pigeon en vie".
Je vois que ce point se heurte à tous ses talents d'organisateur événementiel, mais il finit par en convenir.
"Tu as raison. Je vais voir si on peut avoir des bulles de savon. Ça doit être grandiose : ils vont vivre heureux ever-after, c'est-à-dire vingt-quatre magnifiques heures".
"Je ne cesserai jamais de m'émerveiller de ta fascination pour les mariages kitsch et les promesses éternelles..."
"Je sais, je sais..."
Klaus sait bien quelle aversion j'ai pour l'idée même d'engagement. Par la force des choses - parce qu'il a pendant longtemps été trop défoncé pour même savoir avec combien de personnes il couchait, séquentiellement ou à la fois - la question ne se posait pas pour lui non plus. Mais en même temps, je l'ai toujours senti chez lui, cet attrait pour une forme de stabilité un peu fleur bleue. La fugace incursion de Dave dans sa vie en a aussi été le reflet. Il y a ce que Klaus raconte, ce qu'il fait, et ce qu'il garde au fond de lui. Mais à son air, je devine déjà qu'il va dire une connerie.
"... mais c'est trop tard pour toi, Rin, même si je suis objectivement le seul point fixe de ta vie."
Nous avons souvent plaisanté, lui et moi, sur le fait de finalement finir dans le même squat, si jamais rien ne changeait pour nous à l'aube de nos vieux jours. Le fait est que nous n'aurons possiblement pas de vieux jours, et que nos vies sentimentales et sexuelles - considérées ensemble ou séparément - n'ont jamais été rien d'autre que le chaos. Comme tout le reste. Mais je souris.
"Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire".
"Non, non, n'insiste pas. Tu as raté la chance de ta vie, c'est comme ça, fais-toi une raison. Tu n'auras jamais ma kombucha qui fermente dans la cuisine, les coussins poilus sur le canapé, le border-collie, la boule à facettes comme luminaire des wc. Ni mes flacons de sels de bain classés par couleurs de l'arc-en-ciel sur le bord d'une baignoire lila... ou mon dressing walk-in de trois mètres de long, avec juste un tiroir pour tes trois t-shirts noirs, quand ma collection de strings à elle seule en occupe trois".
"Collection que tu aurais achetée avec mon argent".
Nous gloussons doucement, avant qu'un silence ne passe. Comme toujours, il en plaisante, mais au fond, je sais qu'il y a une vérité douloureuse, liée au fait que je ne lui dis que rarement à quel point il compte. Comme je le disais à Lila plus tôt, lui est de ces gens qui expriment volontiers aux autres qu'ils les aiment, en étant rarement écouté. Moi, au contraire, je suis de ceux qui le taisent, ce qui lui pèse bien souvent. Je regarde par la fenêtre, la bribe de ciel apocalyptique que j'entrevois. En toute conscience que ce moment est peut-être ma dernière occasion d'être sincère avec lui avant la fin des temps.
"Klaus, tu sais..."
Mes yeux retombent à la surface du tapis à franges, tandis qu'il vérifie si sa veste met suffisamment en valeur sa chute de reins.
"Je ne sais pas si je veux d'une boule à facettes dans les wc. Mais tu as raison, quand tu dis que tu as toujours été le seul point fixe dans ma vie".
Ce n'est pas difficile à admettre, tant c'est une évidence. Au travers de toutes les timelines, très souvent pour le meilleur, en dépit de l'omniprésence du pire, il a toujours été une partie de moi. Sa mine plaisantine a disparu, pour une forme de sérieux touché.
"Un point fixe, ou un boulet, uh ? Parce que j'ai bien conscience que - pendant longtemps - sans toi et Ben, j'aurais passé plus de temps mort que vivant".
Je secoue la tête.
"Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais tu m'as sauvée autant de fois que l'inverse".
De façon assez littérale, puisqu'il m'a permise de revenir à la vie deux fois, mais surtout de façon plus subtile, à chaque période difficile ou douloureuse de ma vie. Quand ma mère est morte. Quand j'ai dû trouver du boulot. Quand j'ai eu peur de causer la première apocalypse à la place de Viktor. Quand je me suis retrouvée perdue dans la xénophobie du Texas de 1961. Quand j'ai cru retrouver Granny, et que celle qui ne l'était pas a été emportée. A chaque fois que j'ai eu le sentiment que mon existence s'effaçait. Au travers des fins du monde et des renouveaux. Et au-delà de ça, tous les jours depuis nos dix-neuf ans.
Il a changé ma perception de ce que signifie être là pour quelqu'un. Il a complètement brouillé les lignes entre ce que signifie être un ami, un amant ou un parasite agaçant et insistant. Ce que cela signifie d'être un homme, une femme ou quoi que ce soit entre les deux, aussi. Il m'a rendue plus zen sur tout, y compris sur mon pouvoir. Il a fait de moi la personne différente de ce que Chris est devenu dans son contexte à lui. Tout ce que je suis aujourd'hui, en réalité, alors je lui souris.
"Tu vois, il y a des gens qui se promettent la Lune, parfois en s'étant rencontrés cinq jours avant. Et puis il y a ceux qui n'ont pas besoin de se promettre quoi que ce soit, parce que ça existe malgré eux".
Il se tourne, planté sur le tapis, dans son infâme costume de velours vert, qui est à son sens ce qu'il possède plus 'beau' actuellement.
"Tu sais, Rinny, je pense que si je n'avais pas ta minuscule personne grognon et insolente, je n'aurais même pas le goût de revenir encore de l'au-delà. Oui. Je pense que je resterais là bas. Il y a deux endroits où j'appartiens vraiment : le Vide, et avec toi sur un vieux canapé".
Je cligne des yeux, intégrant ce qu'il me dit, ressentant puissamment que nous n'avons pas eu vraiment de temps pour nous poser, depuis ce jour de l'autre 2019 où j'ai reçu un télégramme m'annonçant que son père était mort.
"Viens-là, Shirley Temple".
Il sait pourquoi je l'appelle comme ça. Parce que c'est le premier nom que j'ai historiquement entendu pour lui, prononcé de la voix dénigrante d'un officier de police, dans le couloir de la garde à vue du commissariat d'Argyle Central. Il s'approche, il me donne un coup de hanche pour que je lui fasse la place de s'asseoir.
"Si on se sort de tout ça, je te le promet. On se trouvera un nouveau canapé à squatter. Et on écoutera Wild Eyed Boy from Freecloud, comme la première fois".
Nous nous taisons, je peux sentir son énergie pulser tranquillement, à côté de la mienne, comme tant de fois auparavant. Très vivante, cette fois. Il prend une inspiration profonde.
"Tu es d'accord pour le border-collie ?"
Je fais mine de le pousser pour le faire tomber du pouf.
"Je me demande lequel de vous deux épuiserait l'autre en premier".
Il rit doucement, puis - comme moi - il regarde un instant le ciel pourpre où défilent des débris de matière emportée. Une seconde passe encore, une autre, et enfin il murmure :
"Est-ce que tu as des regrets ?"
Je cligne des yeux.
"Comment ça ?"
"Si nos vies se terminent vraiment dans les heures à venir, tu en as, des regrets, sur tout ce que tu as vécu ? Parce que moi, plus ça va, et plus je me dis que malgré tout, je n'y changerais rien".
Un instant, ses doigts se portent à ses dog-tags, sur le velours vert. Quoi qu'il arrive, même si l'univers repartait à zéro, rien n'effacerait en réalité tout ce que nous avons vécu. Nos parcours nous appartiennent, et c'est avec ces histoires de vie que nous partirons, ou continuerons. J'ai compris ça de Chris, et je l'en remercie. Au loin, les longues chaînes de matière semblent un instant convulser : à présent, les impulsions du Kugelblitz ne sont même plus perceptibles, car il est partout.
"En ce qui te concerne, non, je ne regrette rien. Même vis-à-vis de toute cette folie apocalyptique, depuis qu'elle a commencé. Par contre..."
Il le sait déjà en réalité. Il n'a pas posé sa question au hasard.
"Il me pèse... de ne pas savoir exprimer aux gens que je les aime. Toi. Et ma mère. Tous les jours, je regrette de ne pas le lui avoir dit, et de l'avoir remerciée pour tout ce qu'elle avait fait".
Klaus sourit, presque sans respirer. Et finalement, il chuchote :
"Alors dis-le lui maintenant".
Je me redresse d'un coup sur le pouf pour le regarder avec une forme d'urgence.
"Quoi ? Klaus, tu ne vas pas..."
Mais il n'écoute pas, il est trop concentré sur le peu qu'il maîtrise de ses propres aptitudes, surtout après le whisky qu'il a bu un peu plus tôt, à l'enterrement de vie de garçon. Sur le velours de son genou, sa main est retournée. 'Hello'. Et je la sens déjà dans mon dos, cette énergie spectrale qui m'est familière sans l'être.
Il me prend de court, au point que je me mette à trembler, et que je peine à me retourner, en direction du canapé où je sais qu'elle est assise. Je fixe Klaus, sans oser tourner la tête, comme figée. Et pourtant, lentement, je finis par poser mes pieds au sol, et pivoter.
"Je ne tiendrai pas très longtemps, saisis ta chance, Rinny", me dit-il, et je ris dans une forme de sanglot, tout en me levant. Mes jambes flageolent. Mais je m'approche, tandis qu'elle me regarde déjà dans les yeux.
Elle n'a plus cet air distant qu'elle avait sur sa fin, ni les regrets que - elle aussi - partageait en réalité avec moi. Ses cheveux sont aussi denses et noirs que les miens, et je réalise que je n'avais pas non plus compris, à l'époque, que l'expression de nos yeux était aussi semblable. Dans une tenue simple et digne, Hoàng Kim Liên me contemple, comme pour la première fois. Et de fait, je devine qu'elle n'est pas exactement celle que moi j'ai connue.
"Vous êtes la maman de Chris", lui dis-je en m’asseyant à l'autre bout de l'assise du canapé, n'osant pas m'imposer. Et elle secoue la tête lentement.
"Je te ressens en moi exactement de la même façon que je le ressentais lui".
J'ignore vraiment tout des rouages de l'espace-temps, et de la position de l'au-delà par rapport aux timelines. Mais du point de vue de l'univers, malgré les divergences que nous avons provoquées, je comprends que nous restons malgré tout de mêmes énergies. Elle a l'air tranquille, apaisée, et c'est clairement ce qui me frappe, même au-delà du simple fait de l'avoir sous les yeux.
"Je t'ai observée, tous les jours, de ta petite quincaillerie aux berges du Gange. Et ce que tu as toujours regretté de ne pas m'avoir dit, en vérité, je le sais".
Je sens que Klaus lutte pour la maintenir, et elle n'a pas beaucoup de mots disponibles devant elle, pour me dire tout ça, tout comme moi.
"Je... je me suis comportée de façon odieuse. Ce n'est pas seulement de dire 'je t'aime', le problème. J'ai été une ado infernale, et je-"
"Ça n'a pas d'importance. Regarde l'adulte que tu es devenue".
Elle sourit, tranquillement, mais mon coeur est serré, tandis que son image se fait plus transparente, laissant entrevoir les coussins du canapé.
"Chris... Chris n'est pas dans l'au-delà, n'est-ce pas".
Elle secoue la tête tristement. Je regarde Klaus, dont les sourcils sont à présent serrés. Qu'il soit en train d'invoquer ma mère alors que presque tout a disparu autour de nous a des implications, que j'ai comprises, et lui aussi : les espaces des âmes - par delà la mort - n'ont pas été pris par le Kugelblitz. Pas encore, en tout cas. Peut-être que l'au-delà sera ce qui sera emporté en dernier ? En revanche... les êtres absorbés par ce monstre dévoreur d'espace-temps sont bel et bien perdus. En quelque sorte, ils n'ont pas eu 'la chance' de mourir avant d'être emportés.
Chris... a tout tenté, jusqu'au bout, pour nous préserver de ça.
"C'était une bonne personne", lui dis-je. "Il n'aurait pas dû être ce connard qu'Hargreeves en a fait. Il aurait voulu vous connaître, il-"
Il n'y a plus de temps pour parler, Klaus n'est pas encore assez entraîné pour faire ça.
"Ne t'inquiète pas. Tout ça, je le sais aussi. Chris et toi... étiez bien plus semblables que ce qu'il n'y paraît".
Oui. Je l'ai aussi compris. Nos seules différences, nous les devons à un seul homme, pour ce qu'il a modelé de nous. Kim s'efface, son énergie se fait aussi fine qu'un mince papier de soie, c'est la seule comparaison que j'ai. Et sur mes joues, des larmes coulent, comme j'en ai très rarement versé ces dernières années, malgré tout ce que nous avons enduré.
"Je t'aime pour de bon", lui dis-je tandis qu'elle s’éteint. "Et grâce à Klaus, des regrets, je n'en ai plus".
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Notes :
C'est un chapitre doux-amer, l'occasion de se poser - enfin - après tant de péripéties, et avant de très grands changements.
Dans la série, le fil logique qui pousse Klaus à se tuer sur la corne du Bison Blanc avant d'être emporté par le Kugelblitz n'est pas clair, mais il implique qu'il ait compris que l'au-delà continuait d'exister, pour un moment encore en tout cas. Avec ce chapitre, je souhaitais combler ce manque : à présent, il a conscience de ça, et pourra franchir ce pas.
Après trois saison, Rin est enfin en paix vis-à-vis de sa mère, grâce à lui. Je ne leur souhaite qu'une chose : pouvoir se retrouver vraiment - à la fin - sur le même canapé.
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