Une courbure de l'espace-temps (saison 3)
Repères chronologiques : cette scène s'insère comme une scène coupée de The Umbrella Academy, saison 3, épisode 6, autour de 24:50 (quand Klaus rend de nouveau visite à Reginald à son bureau, pendant que Diego et Lila passent dans Oblivion).
Soundtrack suggérée : Sia feat. Labyrinth - Oblivion
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05 avril 2019, 12h15
Depuis hier soir, tout n'est que chaos. De façon à peine métaphorique, étant donné que des effondrements ont commencé à survenir ici et là dans The City : comme annoncé par Cinq lorsqu'il l'a évoqué pour la première fois, le Kugelblitz commence à absorber non plus seulement les entités organiques, mais également ce qui est inerte, la Terre elle-même, et au delà.
Tandis que nous marchons en direction de Rainshade Square, Klaus et moi, j'enfonce mes mains dans mes poches, certainement un peu trop silencieusement. Les trottoirs sont jonchés d'objets lâchés par les gens lorsqu'ils ont disparu : des sacs à main qui ont entre temps été pillés, des journaux, des paires de lunettes. Des voitures ont été abandonnées et n'ont pas encore été déplacées par ceux qui restent. Quelques rares passants se hâtent. Et mon coeur en est serré.
Granny a été emportée, hier soir. Chris a quitté le théâtre en hâte pour foncer à Hargreeves Mansion vérifier que les frères et soeurs qui lui restent étaient encore là. Nous n'avons pas eu les moyens de faire de même : nos Hargreeves à nous sont toujours trop dispersés pour pouvoir être aisément localisés. Nous ne pouvons qu'espérer qu'ils vont bien, à l'heure qu'il est.
"C'est une chance que tu ne bosses pas aujourd'hui, finalement", me glisse Klaus en essayant de briser un peu de mon silence, autant que de celui - lourd - de l'avenue qui d'ordinaire, est en effervescence de vie à la fin de la matinée.
"J'aurais dû bosser", je soupire en retour. "Tu sais très bien ce qui s'est passé".
Rodrigo n'a pas eu autant de chance que nous. Ce matin, j'ai trouvé la boutique vide et close, tout comme son petit appart, au dessus. Je me sens accablée et sonnée, mais à la fois, plus déterminée que jamais. Klaus trottine un peu plus vite, pour me rattraper. Même si mes jambes sont bien plus petites que les siennes, j'ai toujours marché plus efficacement que lui : peut-être parce que je le fais en ligne droite. Et à présent, je suis focalisée sur notre destination.
"Oh oui, c'est terrible", dit-il avec un détachement qui n'est que l'expression de sa gueule de bois. "Malgré tout, ça m'évite d'avoir à repasser par les tuyauteries de la Maison, puisque tu es là pour me téléporter".
Point de tenue d'homme-grenouille pour lui, aujourd'hui : c'est dans une veste à franges de cuir bleu-vert qu'il zigzague à côté de moi sur le trottoir désert. Il ne porte pas de chemise en dessous, et je sais pourquoi : il veut voir le gao yord, à son estomac, pour se donner du courage. Tout comme cette marque légère à son sternum : comme un rappel permanent - maintenant - du fait que la mort ne veut pas de lui.
J'ai vu son sourire, hier, tandis qu'il contemplait cette cicatrice dans le miroir, avant de se changer pour partir au théâtre. Une forme de fierté envers ce qu'il était et pouvait faire, ce qui est une chose que je lui ai peu connue.
Il veut trouver des réponses à Hargreeves Mansion, chose pour laquelle je suis maintenant résolue à l'aider. Et moi, j'ai choisi de renouer avec quelque chose que je n'ai pas fait depuis longtemps : profiter de sa diversion pour enquêter à ma façon - invisible et silencieuse - sur ce que Reginald Hargreeves est, et sur son lien avec la remise à zéro de la machinerie de l'univers.
Je n'ai pas pu parler à Diego, au sujet de la nature extraterrestre de son père. Chet a confirmé que Lila et lui étaient encore bien là au matin et n'avaient pas été pulvérisés, mais je ne l'ai trouvé nulle part. Il est peut-être encore avec Lila dans la suite du Bison Blanc. Les déranger est la dernière chose que j'aurais faite.
Peu importe. Je suis sûre que je peux apprendre beaucoup des objets qui se trouvent dans le bureau de Reginald Hargreeves, et ce d'autant que Klaus m'a rapporté un fait intéressant, l'ayant marqué suffisamment pour que sa mémoire imprévisible le retienne : au mur de cette pièce où le vieil homme vit aujourd'hui presque cloîtré par ses enfants, se trouve une peinture... représentant aussi un bison blanc.
"Fait ce que tu as à faire avec lui", lui dis-je tandis que nous ralentissons notre pas à l'angle de Rigel Street, sur laquelle donne le couloir où se trouve le bureau de son père. "Moi, je procèderai à mes petites recherches pendant ce temps".
Et il glousse de jubilation.
"Je n'arrive pas à y croire, Rinny. Tu vas repasser en mode furtif, comme à l'époque badass des barreaux et des gaufres, des crêtes et des clous".
A l'époque des squats, des bennes à ordures et de l'escalier extérieur de sécurité incendie, derrière l'immeuble de Granny. Nous nous abritons un instant contre la devanture restée ouverte de l'épicerie, qui a été abandonnée puis pillée, et je me permets de tempérer sa nostalgie.
"Je ne suis pas fière de faire ça", lui dis-je pour que ça soit bien clair. "Mais je veux avoir plus d'éléments avant de le confronter".
Klaus s'en moque, il couine de nouveau d'excitation, et à la fois, je peux voir qu'il est stressé par ce que nous nous apprêtons à faire, et par ce que nous pourrions découvrir l'un comme l'autre. Je lève les yeux vers les fenêtres du couloir, je le visualise dans ma tête du mieux que je peux, pour bien sécuriser notre saut.
"Ne le laisse pas t'entourlouper avec des sucreries, cette fois", lui dis-je en essayant d'être calme, car il a besoin que je le sois.
"Et ne te perds pas en parlant trop".
"Oui. Oui. Direct et synthétique".
Je soupire, j'hoche la tête. Et alors qu'il me rend un sourire d'anticipation, j'attrape sa manche turquoise à franges et serre son avant-bras.
*Crac !*
Notre arrivée sur le sol du couloir en damier noir et blanc le fait vasciller légèrement, et il bascule contre une applique murale en verre qui se crashe au sol dans un bruit de fracas et de débris.
"Putain, Klaus..."
Pour une arrivée discrète, c'est râté. Je le tire pour l'empêcher de basculer de l'autre côté en réaction, et il finit par se stabiliser plus ou moins. Je ne sais pas s'il s'habituera jamais à ces téléportations. Le silence retombe, et nos yeux se croisent une dernière fois. Je ne veux pas être vue. Alors, en une fraction de seconde de plus, il ne me voit plus et sent juste ma main le lâcher.
Il regarde autour de lui, ne se souvenant plus bien de la porte à laquelle il doit frapper, mais il finit par se décider et fait mouche, car elle s'ouvre sur la moustache interloquée et sur la défensive d'un Reginald Hargreeves muni du tisonnier de cheminée.
"Encore vous !", fait-il en se redressant, comprenant toutefois immédiatement qu'il n'a affaire à aucune menace. Klaus pose ses mains sur son coeur, comme attendri, et Hargreeves siffle :
"Pourquoi une telle intrusion ?"
Il recule, et Klaus entre dans le bureau en feignant la nonchalance. Trop lentement à mon goût, alors je le contourne - invisible - pour me glisser sur la gauche de la pièce remplie d'objets en tous genres, sentant fort le thé Earl Grey et la graisse à lisser la moustache. Je l'entends vaguement lui expliquer que - puisque c'est la fin du monde pour la troisième fois - il compte en profiter pour faire connaissance avec son vieux père, et Hargreeves proteste qu'il ne l'est pas. Mais je me concentre sur ma mission à moi, et je me glisse le long des étagères vitrées où le vieil homme au monocle entrepose tout un tas d'objets.
Il y a là tout un fatras d'artefacts issus de nombreuses cultures, possiblement rapportés d'une série de voyages. Reginald Hargreeves est clairement un collectionneur amateur d’anthropologie, je l'avais déjà compris dans notre version de 2019, dans la galerie où j'avais parlé avec Pogo. Il s'intéresse aux cultures humaines de tous les horizons. Malgré tout le mal qu'il a fait à ses propres enfants, il est paradoxalement passionné par les humains, et certainement depuis très longtemps.
Je relève les yeux. Derrière Klaus qui est en train de lui raconter maladroitement de quelle façon il est mort dans la suite du Bison Blanc, se trouve effectivement une peinture à l'huile représentant cet animal, au repos, au dessus de photos d'Hargreeves dans son avion ou son bateau. Une fourrure claire, singulière, albinos, un animal hors norme, représenté dans l'herbe des grandes plaines. Il est très peu probable que ce soit là une coïncidence, c'est un fait : c'est possiblement un cadeau d'Iggy. Et Klaus continue de parler en faisant des gestes désordonnés.
"Vous avez déjà eu l'impression que vous étiez sensé faire quelque chose d'important, mais que personne ne vous dit ce que c'est... et alors vous êtes effrayé de passer complètement à côté de quelque chose, ou bien de tout foutre en l'air, parce que vous passez votre temps à merder, et que ça vous fatigue à en crever..."
Je lève les yeux au ciel tout en faisant le tour de la pièce. Si Klaus avait souhaité être synthétique et efficace, c'est raté, mais Hargreeves semble lui accorder de l'attention, et j'en profite pour contourner la pièce, et passer dans la salle de bain attenante, dont la porte est ouverte.
Des petits carreaux blancs et verts, un abat-jour jauni par les années, un petit meuble plein de matériel de rasage... Le lavabo est en faïence rétro, la douche est à l'italienne, et... Je m'arrête. Sur le sol, entre un porte-serviettes et un bidet, se trouve un tapis métallique au motif en nid d'abeille, caractéristique, que je reconnais. Le même objet qu'Iggy a utilisé pour prendre un bain de vapeur à l'Hôtel Obsidian, et humidifier sa peau de saurien.
Soudain, le mot "mausolée" parvient à ma conscience, et je relève la tête. Ma poitrine se serre, parce que je sais quels efforts Klaus est obligé de déployer pour être capable de parler de ça à voix haute aujourd'hui, pour obtenir des réponses de celui qui est presque son père.
Longtemps, son cerveau a tout simplement fait l'impasse sur ces faits, comme s'il les refoulait pour ne pas en souffrir. Et pourtant, tout était là, à ressurgir par de l'angoisse, des cauchemars, des réminiscences qui le terrifiaient autant que les fantômes, à la nuit venue. Le Dr Milligan avait conclu à un syndrome de stress post-traumatique devenu chronique, auquel elle imputait largement ses addictions, ne croyant guère à l'existence des fantômes. Mais elle avait raison sur la complexité de ce qui le consumait, qu'il a réussi à surpasser honorablement, au cours des trois dernières années, je le crois.
Il est difficile d'exprimer à quel point je suis fière de lui, de ce qu'il est en train de faire, finalement, même s'il est terriblement maladroit. Klaus, aujourd'hui, est en train de briser un cycle pur et simple de traumatismes et d'abus. De revendiquer son droit à savoir ce qu'il est, et pourquoi il a enduré ce qui lui a été fait. Je reste très préoccupée par l'usage qu'Hargreeves en fera. Mais tandis que je me baisse au dessus de ce que j'ai compris être un artefact à la technologie extraterrestre, je me promets de l'encourager jusqu'au bout, dans cette volonté-là.
Mes doigts effleurent les motifs métalliques en nid d'abeille. Oui. Diego n'a pas été écouté, mais il a raison : Klaus, et tous les Hargreeves - de toutes les académies, de toutes les timelines - ont été adoptés et élevés par un homme qui n'en est pas un. Un alien en provenance d'un monde éteint.
Et tout d'un coup, tout fait sens.
J'avais toujours trouvé qu'Hargreeves avait une approche caricaturale de la psychologie et de l'éducation, tombant dans l'excès et la maltraitance, faute de comprendre la subtilité des émotions et d'anticiper ou même percevoir la souffrance de ses enfants. 'Maladroit' au point d'en devenir malfaisant. Tortionnaire sans réelle intention de nuire, au point de compromettre ses propres plans. Un cocktail déroutant, et pour cause : ce qu'il est n'a pas de sens sur cette Terre.
Hargreeves vient d'inviter Klaus à se coucher sur son divan pour vider tout ce qu'il a à dire sur lui-même. Il va l'écouter, ou en tout cas lui donner le sentiment qu'il le fait. Mais pour moi, il n'y a aucun doute quant au fait qu'il a déjà les réponses à tout.
Il est un être dont le monocle permet sans doute de voir par delà les choses. Un homme d'affaire brillant, doté d'une technologie ayant fait naître des prodiges magnifiques ou terribles. Comme Grace, dont les attentions semi maternelles n'ont jamais réussi à aller jusqu'à l'affection. Comme le cube psykronique qui a permis de sauver Chris, comme Hargreeves l'a sans doute fait de façon biotechnologique pour Luther, et peut-être Pogo. Un anthropologue dont la passion pour l'humanité sur cette terre qui n'est pas la sienne est paradoxalement dévastatrice. Un explorateur dont la vie de voyage est racontée par chaque objet dans ce bureau, possédant un incroyable vaisseau dans le garage duquel Klaus m'a un jour infiltrée : celui allant sous le nom de Minerva.
Oui, tout fait sens. Et je sais qui il est. Comme Iggy, il est un naufragé de Makȟá Zuȟéča, exilé d'une planète déchue par la fuite en avant de son peuple, qu'il poursuit sans doute encore.
Le Grand Explorateur.
Celui qui sait ce qui se trouve au bout du couloir, derrière la porte du pachinko, et qui a promis aux derniers de son peuple la remise à zéro de l'univers, qui leur rendra les terres fertiles qu'ils ont perdues.
Je ressors lentement de la salle de bain, tandis que Klaus - sur le divan - est en train de raconter à Hargreeves comment l'autre version de lui, dans notre timeline d'origine, l'a poussé à conjurer son premier fantôme en plaçant entre ses mains un carton où se trouvaient le corps inerte du petit chat qu'il nourrissait, dans le jardin intérieur d'Hargreeves Mansion. La plupart de ce qu'il raconte à présent, je l'ignorais. Mais douloureusement, j'essaye de me concentrer sur ce pour quoi je suis venue.
Je m'approche du bureau, je contemple les objets qui s'y trouvent posés. Le globe terrestre, les nombreux papiers et dossiers. Là, au dessus, suspendus entre plusieurs cadres de diplômes et de médailles - dont une olympique - se trouvent deux certificats anciens, attestant de la qualité de Reginald Hargreeves en tant que co-fondateur de l'entreprise Omega... et actionnaire majoritaire historique du géant japonais Seiko.
Je savais depuis les années 60 qu'Hargreeves était un précurseur de la conquête spatiale, et qui sait de quelles autres avancées humaines encore. J'ai bien compris, aujourd'hui, qu'il avait largement influencé les avancées technologiques et techniques de ce monde. Mais il y a plus.
Je déglutis avec un peu de peine, même si je n'en suis plus étonnée, maintenant. Mais s'il m'en fallait encore une, la confirmation se trouve dans un autre cadre tout proche. Une coupure de journal, relatant l'inauguration de l'Hôtel Obsidian en 1920, où Reginald Hargreeves figure en bonne place. Comme Iggy, il est vieux. Très vieux. Bien plus que ce que sa peau humaine d'emprunt laisse supposer. Et je me retourne, pour le regarder.
Il n'écoute même pas Klaus, qui déblatère maintenant au sujet de l'au-delà qui ressemble à une pub pour un parfum, couché sur le divan alors qu'il refusait de le faire sur celui du Dr Milligan. Sur la soupe qu'il y a vue, juste avant de 'revenir'.
Ce que je vois surtout, c'est qu'Hargreeves est en train de dessiner négligemment sur un gros carnet de notes, rempli de nombreuses pages. Un motif régulier, géométrique, qui semble l'obséder lui aussi. J'en frissonne. Sous mes yeux invisibles, il est en train de redessiner le Sigil qu'il m'a montré en '63, et que je porte maintenant à mon bras.
"J'ai dit que j'étais revenu", lui dit Klaus face à son absence de réaction. "Est-ce que vous m'écoutez, au moins ?"
Hargreeves ne relève même pas son monocle de son dessin, ne devinant pas non plus que je me trouve à quelques centimètres de lui, près de la chaleur crépitante de sa cheminée.
"Je vous écoute avec la plus grande attention", ment-il, "c'est absolument fascinant".
Il se lève, il abandonne son cahier de notes sur la table pour traverser la pièce, et mon sang ne fait qu'un tour : je saisis ma chance. Je sais que les informations contenues dans les écrits de Reginald Hargreeves sont précieuses : assez pour que la perte de l'un de ses cahiers par Klaus ait d'une certaine façon conduit à 'la première apocalypse de 2019'.
Bien cachée dans mon invisibilité, je m’accroupis près de la table basse, et je consulte les pages précédentes du carnet, dans son dos, mes yeux balayant rapidement les pages de son écriture manuscrite, à la recherche d'informations. Le dessin du Sigil s'y trouve représenté, encore et encore, de façon compulsive. Et d'autres informations sont répétées.
"Tout est devenu fascinant depuis que vous m'avez fait arrêter de prendre ces pilules", ajoute-t-il tandis que mes yeux tombent sur une page où le Sigil est repris, accompagné de mentions caractérisant ses différents éléments.
Je n'ai guère de temps, je le devine tandis qu'Hargreeves est au dessus de son bureau, où il a ouvert une boîte en bois rectangulaire. En hâte, mes yeux èrent sans ordre sur la page et en captent les mots.
'Forces / Gravité / Trajectoires'
'Matière-Energie / Espace-temps / Plans'
'Vies et âmes / Psyché / Perception'
Termes et symboles sont reliés entre eux par des traits, des liens qui s'organisent sur le papier, à la manière des éléments d'un circuit imprimés. Je sais ce que je regarde : il s'agit de la description des composants d'une machine. De la machine-univers, telle que l'avait sans doute comprise la Cosmologiste évoquée par Iggy. Ce qui la fait fonctionner. Les éléments du Sigil ne sont rien d'autre que des slots, à remplir avec ces modules. Mais je sursaute, car Hargreeves se retourne vers Klaus, me faisant me figer dans mon invisibilité.
"Je voudrais vous remercier en vous aidant à comprendre qui vous êtes".
Des composants, oui, entourés d'un cadre tracé à l'encre dorée. Tout d'un coup, ils m'apparaissent clairement comme autant de plug-ins plantés sur une carte mère. La carte mère d'une machine qui porte un nom.
OBLIVION.
L'achèvement, l'oubli final. Permettant le renouveau.
Partout ailleurs, ce nom est simplement désignée par la lettre Ω.
Omega, écrite à l'encore dorée elle aussi, faisant le lien entre les plug-ins écrits en noir.
Et je tremble, tandis qu'Hargreeves s'avance vers Klaus, comme s'il était sur le point de l'enlacer, ce à quoi je sais qu'il ne résistera jamais. Il n'y a rien qu'il souhaite plus que ça. Pour de bon, et il l'accepte, avec un sourire qui fend le coeur.
"Alors venez par là !"
Mais mon esprit s'agite dans tous les sens, car ce n'est pas tout. Des mentions sont écrites en larges lettres rouges, sur le côté du descriptif de la machine Oblivion, comme des points d'attention à ne pas manquer ou oublier. Certains comme des avertissements.
'ATTENTION : système de protection / sécurité'.
'Aucune activation possible sans processeur'.
'Utiliser les modules flexibles universels > si disponibles !'
'DÉFINITION DES PARAMÈTRES DE LA RÉALITÉ'
Cette dernière mention est même soulignée deux fois.
Je suis incapable de penser, maintenant, je reste sidérée, essayant de photographier dans mon cerveau cette page de carnet, à laquelle je n'aurai bientôt plus accès. Mes mains tremblantes dans l'immatérialité dans laquelle je me suis fondue après avoir tourné la page, en plus de mon invisibilité. Et soudain, au travers du flou de mon esprit troublé, j'entends :
"Première phase de votre guérison ? Expérimentation".
*GZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ*
Je sursaute, horrifiée.
En face de moi, Klaus s'écroule au sol.
Le Grand Explorateur. Celui qui est 'bien plus gentil que son père' et qui porte avec lui le secret d'Oblivion... vient purement et simplement de l'électrocuter. Et il conclut tandis que j'apparais devant lui visible, tangible et tremblante :
"C'est fascinant".
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Notes :
C'était un chapitre important, peut-être l'un des plus importants, depuis que j'ai commencé cette histoire. Parce qu'il permet de comprendre un peu mieux la machine Oblivion et son lien avec ses plug-ins, piochés parmi les 43 enfants nés des Marigolds, portant tous des pouvoirs en lien avec la machinerie de l'univers et son fonctionnement.
La série reste très vague sur le fonctionnement d'Oblivion. Il était important pour moi de le développer, ce qui est en réalité l'arc principal de cette histoire et de The Umbrella Academy : le récit de la mise en marche d'une machine, par ses composants qui sont malheureusement humains.
Depuis longtemps, Rin craignait que le terme Omega soit en lien avec la notion de fin. Elle ne pouvait pas savoir que c'était littéralement la symbolisation d'Oblivion. Mais possiblement... vous l'aviez deviné depuis la Saison 1.
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