Une courbure de l'espace-temps (saison 3)
Repères chronologiques : cette scène s'insère comme une scène coupée de The Umbrella Academy, saison 3, épisode 4, autour de 16:50 (peu après le moment où Diego confie à Klaus la responsabilité de surveiller Stan et sa 'punition' de nettoyage).
Soundtrack suggérée : Asaf Avidan / The Mojos - Reckoning Song ; Carbon based lifeforms - Supersede. TW : après-coup du 'combat' entre les Sparrows et Harlan, référence à des usages de drogues et d'alcool.
---
4 avril 2019, 15:35
Mais que vient-il donc de m'arriver ? Je suis un peu sonnée, tandis que je passe finalement les portes rotatives de l'Hôtel Obsidian. Non, ce n'est pas pour une nouvelle impulsion de Kugelblitz. Non. C'est pour cette visite inattendue de Christopher, et peut-être la perspective de l'emmener ce soir voir Granny, presque comme un acte de défi envers Hargreeves et envers la fin du monde.
Malgré cet état second, la formidable odeur de brûlé qui règne dans le lobby me saisit, tandis que j'avance près de la console en forme de fer à cheval du standard téléphonique. Mes yeux font immédiatement le focus, comme si je revenais à moi, et cette contemplation m'en dit un peu plus long sur 'l'altercation' que Chris a évoquée.
Sur le côté du couloir central menant aux ascenseurs et au grand escalier, une banderole du tournoi de Mahjong hébergé ce matin au rez-de chaussée a clairement été victime d'un incendie. Ses cendres sont partout, et la moquette est tâchée par endroits de fluides que je ne préfère pas essayer d'identifier. Mollement, le vieux groom en jaune est en train de la shampooiner. Et au sol du bar qui avait été réaménagé pour le tournoi, d'innombrables pièces de Mahjong sont dispersées. Le couple de film noir a déjà réinvesti les lieux, et tous deux se font servir un énième cocktail, comme s'ils n'étaient même pas perturbés de leur environnement. Dans l’escalier, les 'Furry ladies' comme je les nomme, sont en train de monter en câlinant leurs chats blancs.
Énumérer ce qui cloche avec cet hôtel me semble vain, et presque angoissant, alors je fais le vide. Je n'arrive pas à croire que Viktor ait pu commettre un acte violent. J'ai vu ce qu'il était capable de faire aux employés du FBI de Dallas, mais il n'est pas du tout dans le même état aujourd'hui. Non, vraiment, quelque chose cloche, que Chris était trop dévasté pour me montrer. Je me sens quelque peu dépassée. Pourtant - soudain, dans le coin de mon oeil - quelque chose attire mon attention.
Une chemise couleur moutarde à motifs de feuillages, un pantalon vert de gris. Trottinant derrière le fils de Diego qui pousse un petit chariot, Klaus est en train de passer dans l'ascenseur.
*Crac !*
En un battement de paupières, je suis dans l'ascenseur avec eux, faisant sursauter le jeune Stan, qui pousse un petit cri d'une voix en train de muer. Incroyable. Diego a réussi à se dégotter un fils, sans avoir eu à supporter la période des couches, des nuits merdiques et des rhumes à répétition. Quand je pense que moi, j'en ai profité au travers du plafond, quand la voisine du dessous a eu son troisième lardon.
"Oh putain", dit Stan en se tenant la poitrine contre la paroi de l'ascenseur, comme si son jeune coeur avait été susceptible de lâcher.
"Faut prévenir quand tu fais ça, Nightcrawler, t'as failli me faire canner".
J'hausse un sourcil. J'ai assez souffert de ce genre de comparaisons aux X-men au collège, merci : je n'ai pas besoin qu'il me replonge dans ce sentiment de railleries. Je ne renchérirai pas, il est vain de se battre avec un pré-ado, et je demande plutôt :
"Vous vous êtes fait embaucher par Chet ? Le personnel de chambre est en grève ?"
Klaus soupire de façon théâtrale. Lui, n'a pas bougé à mon apparition. Il y est habitué depuis tellement d'années, et de toute façon, il est en train de remplir un petit flacon avec de l'alcool ménager, que je lui retire gentiment des mains pour le reposer.
"Non, c'est du babysitting avec travaux d'intérêts généraux... Diego m'a obligé à surveiller ce fauteur de trouble en herbe : jouer les fées du logis est sa punition pour avoir cramé un drapeau. Quand je pense à tout ce qu'on a fait - nous - dans le domaine des incendies".
Stan ronchonne tandis que l'ascenseur se ferme et se met en branle :
"C'est injuste. C'est lui qui a préparé ces cocktails mazeltov, et il me reproche de les avoir utilisés".
"C'est Molotov, Stanley. Ce terme a d'ailleurs une histoire rocambolesque à base de 'paniers repas' soviétiques et de sarcasme inflammable Finlandais. Tu chercheras".
Ignorant sa démonstration de pédagogie, je cligne des yeux, tentant de recoller les morceaux.
"Klaus... qu'est-ce qui s'est passé exactement, avec les Sparrows..."
A la façon dont il secoue sa masse de boucles, je devine qu'il ne connaît pas les détails, mais il a l'air horrifié.
"Je suis arrivé après la surprise-party, mais...
Il soupire et compte sur les doigts de sa main 'Goodbye'.
"Il y a deux Sparrows dans l'au-delà, un qui s'est apparemment fait kugel-atomiser, une autre qui est inconsolable... et tout le reste a pris la poudre d'escampette, y compris la version de toi qui se branche en USB".
"C'est Viktor ?"
Klaus s'appuie contre le mur de l'ascenseur qui monte lentement, son air réellement las et fatigué, mais il comprend malheureusement pourquoi cette hypothèse me vient en premier.
"Moi aussi j'ai eu peur de ça, mais : non. Non, c'est un vieux qui a fait ça. Le vieux qui était un môme, avant".
"Quoi ?"
Cette phrase pourrait sembler relever du simple non-sens alcoolisé, mais je connais Klaus. Il y a toujours du vrai dans son bullshit, il faut simplement chercher quoi. Stan n'écoute pas vraiment et se met à farfouiller dans les différents produits et ustensiles de ménage du chariot, et Klaus oscille légèrement de droite à gauche avec un petit mouvement de la main.
"Mais oui, tu sais, ce petit texan qui portait des bermudas et des jolies chemises bien repassées par maman pour mieux pulvériser des meules de foin, parce que Viktor l'avait énergétiquement contaminé..."
J'ouvre des yeux ronds.
"Harlan ?"
Il pointe les index de ses deux mains vers moi.
"Oui, c'est ça, Marlon".
*Ding !*
Je reste sidérée tandis que l'ascenseur s'ouvre sur le premier étage. Est-ce que finalement, Viktor n'a jamais réussi à libérer complètement le pauvre Harlan des Marigolds qui lui avaient été transférés ? Est-ce qu'il s'en est servi pour nous retrouver ? Effectivement, aujourd'hui, il serait déjà âgé. Je commence à être terrifiée de la tournure chaotique et létale que prennent les événements.
"C'est terrible", dis-je tandis que Stan pousse le chariot dans le couloir, les sentiments de Chris me revenant.
"C'était abominable. Pire que les soldes de Costco sur le rayon boucherie".
Je secoue la tête en fermant les yeux.
"Ok, ne me donne pas de détails, s'il te plaît..."
Stan, lui, ne me semble pas traumatisé par ce qu'il a probablement vu. Je me demande de quoi a été faite la vie de ce môme, avant d'arriver jusqu'ici. Mes doutes sont sérieux quant au fait qu'il soit vraiment le fils de Lila. Elle-même me semble encore bien trop juvénile dans ses actes pour avoir plausiblement eu tout ce vécu. Mais au fond, c'est son histoire et celle de Diego : ceci ne me regarde pas.
Je laisse le gamin s'éloigner, et je rattrape Klaus par le bras. Il me semble abattu, de la façon agitée et alcoolisée qui est la sienne quand il a du mal à se gérer. La dernière fois que je l'ai vu comme ça, c'était après que Dave lui ai flanqué un pain. Alors, je lui demande ce qui aurait probablement dû être ma première question.
"Comment ça s'est passé avec ton père ?"
De loin, il fait signe à Stan de regarder dans la liste quelles sont les chambres à nettoyer, et penche la tête, au dessus de moi.
"Il n'est pour rien dans la mort de nos mères. C'est devenu un représentant du troisième âge qui me fait penser à ta grand-mère en peignoir devant sa télé. Dans une version moins divinement cinglante que Granny, et plus shootée aux opiacés."
Je relève un peu les yeux. Je sais de quoi il parle, parce que Chris me l'a aussi confié. Les Sparrows droguent Reginald Hargreeves, pour l'empêcher de leur nuire, et pour pouvoir eux-mêmes le contrôler.
"Droguer Papa", soupire-t-il. "C'est à la fois inadmissible et brillant. Je me demande comment nous on y a pas pensé".
Malheureusement, la réponse est claire pour lui comme pour moi : ils étaient tous bien trop sous influence et maltraités pour ça. Stan fouille le gros trousseau de clés afin d'y trouver celle de la chambre 103, en vain. Et Klaus hausse les épaules.
"Cette fois, j'en ai la confirmation, Rin : il est très différent de l'ancien lui. Il m'a un peu fait l'effet d'un de ces pigeons déplumés d'Argyle Park, à qui il manque des doigts. J'ai eu pitié, je lui ai montré un vieux truc de rehab pour coincer les gélules et ensuite aller les cracher. Je crois qu'il m'adore, maintenant".
"Klaus, est-ce que tu es sûr que le sevrer d'un coup est une bonne idée ?"
Sur le plan éthique et humain, je le comprends : même les plus odieux connards ne devraient pas être sédatés par leurs enfants. Mais je sais que ce n'est malheureusement pas la raison pour laquelle Klaus a fait ça.
"Il a été super reconnaissant. J'ai eu droit à de la crème glacée : c'est une telle promotion, par rapport aux biscuits. Et à chaque fois qu'il me fait un compliment, ça me fait ronronner".
C'est ce que je craignais. Si Klaus avait un moment focalisé sa soif de connexion et d'affection sur l'illusion qu'il avait de retrouver sa mère, il la déplace à présent entièrement sur cette version plus indolente de son père. Il s'accrochera au moindre signe d'intérêt, de valorisation, il s'engouffrera dans le moindre espoir qui lui sera donné. Et il me fend le coeur qu'il cherche à compenser cette relation du passé, étant donné tout ce que son père lui a historiquement fait. Mes épaules tombent mollement, d'impuissance.
"Fait attention à toi, Klaus. Vraiment".
Il soupire, car nous savons tous les deux qu'il est nul à ça.
"Ne t'en fais pas pour moi, Rinny. J'ai survécu à pire qu'une version de Papa qui nous expose à du lactose - moi et mon intolérance - et nous transforme en contribution majeure à l'effet de serre".
Je renfonce mes mains dans mes poches. Klaus ne se rend pas compte du fait que - derrière cette apparente innocuité de la situation - le risque qu'il soit en train de se faire manipuler en bonne et due forme par Reginald est énorme. Je n'adhère pas du tout au narratif du paisible grand-père, et pour une bonne raison : Reginald Hargreeves vient de soudoyer la personne qu'il identifiait comme la plus expérimentée dans le domaine du sevrage toxicologique, pour pouvoir opérer le sien.
Et je trouve ça ordurier.
A cause de lui, Klaus a grandi terrifié par les fantômes auxquels il l'exposait en nombre dans les cimetières - encore et encore - sans jamais lui donner les clés pour maîtriser son pouvoir. C'est aussi à cause de lui qu'il a éprouvé un tel soulagement, en se cassant la mâchoire à douze ans, lorsqu'il a découvert que les antidouleurs supprimaient les visions et les voix. C'est à cause de lui encore qu'il a glissé vers des substances de plus en plus fortes juste sous son monocle, avec l'argent de ses précieux artéfacts chipés et mis en gage. Sans jamais n'avoir rien fait, en dehors de le foutre dehors et de lui couper les fonds, à la dissolution de l'Académie, le poussant a financer sa dope de façon plus triste encore.
Hargreeves n'a jamais géré ce qu'il a engendré, et Klaus n'a jamais essayé de rester clean au delà des portes de la rehab, où il se débrouillait souvent pour tout de même s’assommer ou s’enivrer. Les seules fois où il s'est réellement sevré, il l'a fait brutalement, d'une manière dangereuse qui aurait possiblement pu le tuer. Par amour et désespoir, notamment. Et maintenant, son père profite de ce passé pour s'extraire au contrôle chimique de son second lot d'enfants ?
Alors - non - je n'aime pas la façon dont Hargreeves s'est rapproché de lui de façon pertinente et opportune, en l'appâtant avec des miettes de valorisation et d'attention.
"C'est un immense manipulateur", lui dis-je seulement. "Pour toi, ça n'est que de la glace et des pets, mais - lui - voit peut-être trois coups en avant".
Stan trouve enfin la bonne clé, avec un petit cri victorieux, et Klaus me laisse sur place pour le rejoindre en faisant des gestes en l'air avec ses mains. Je déteste quand il ignore ce que je lui dis, mais je sais que j'entre trop fortement en conflit avec ses désirs et espoirs à ce moment. Et comme d'habitude, il élude par l'humour et l'absurde.
"Et peut-être que c'est vraiment un vieux en peignoir, socialement inadapté, maltraité par ses enfants, affectivement et sexuellement frustré, ne disposant même que d'une seule chaîne de télé. Rin-rin, franchement. Si manipuler quelqu’un avec de la glace fonctionnait, je me méfierais plus de Ben&Jerry que de lui".
Je passe ma main sur mon front. Parfois, Klaus demeure comme une porte sans clé : j'arrive au bout de ce que je peux faire sans le violenter, alors je lui confie :
"Moi, je veux juste que tu ne finisses pas en miette".
Je vois bien que, de ce point de vue, c'est en partie trop tard, car il reprend la petite flasque improvisée, remplie d'alcool ménager, et il ajoute :
"T'en fais pas. Je suis le Michael Scofield de l'évasion émotionnelle".
Je sais que c'est faux, même s'il se débrouille toujours pour être publiquement 'dysfonctionnellement-fonctionnel', d'une façon que tout le monde pense être son état de base. Mais il ne m'écoutera pas plus, et entre dans la chambre que Stan vient d'ouvrir. Minuscule, pourvue d'un seul lit encadré de tapisserie bleu-canard, elle est occupée depuis hier - comme certaines autres - par les participants du tournoi de Mahjong.
Cet événement était très étrange, soit dit en passant. Parce qu'il est intervenu juste après que j'ai exprimé à Klaus mon étonnement qu'aucune des chambres de l'hôtel ne soit occupée... et aussi parce que le tournoi était intitulé 'Mahjong Monday'... alors que nous sommes jeudi. Comme si l'hôtel lui-même avait maladroitement réagi à mes doutes, ne faisant au contraire que renforcer mes suspicions. Ces pauvres joueurs de Mahjong en ont fait les frais : tous semblent avoir décampé après l'altercation avec les Sparrows, ne laissant que des chambres abandonnées. Je regarde autour de moi, aux quelques affaires qui se trouvent là, et je pousse un long soupir.
"J'abandonne. Je vais aller... tenter de me trouver une nouvelle chambre".
Klaus se retourne instablement.
"Oh c'est vrai. Tu ne supportes plus la taxidermie".
Je cligne des yeux. La vérité est que je ne suis pas retournée dans la suite du Bison Blanc, depuis que j'ai réalisé que ce motif en ornait le pachinko. Je ne pourrais plus y dormir, et mon dos souffre encore de m'être écrasée sur le bar cette nuit, au côté de Lila. Je préfère partir en quête d'une autre chambre, même moins luxueuse, où j'aurais une chance de me sentir bien, jusqu'à la fin du monde, en tout cas. J'aurais bien aimé la payer de ma poche, mais le fait est que c'était mon tatouage ou ça. Je pose une main sur le montant de la porte, et je regarde Stan, plus intéressé par le contenu du sac à main oublié là que par la désinfection des surfaces.
"Bon courage pour les travaux d’intérêt généraux".
Klaus me lance un petit 'Goodbye' de la main gauche, tout en se laissant tomber éhontément sur le lit qui n'est pas le sien.
"C'est le pré-ado qui bosse, moi je supervise. Et je trouverai bien un ou deux trucs astucieux à lui apprendre... puisque je suis son nouveau tonton".
---
15h55
Errer seule dans l'hôtel me fait presque du bien. Dans le silence. Une nouvelle impulsion de Kugelblitz est passée, résonnant au plus profond de mes os, et j'ai juste attendu, comme on s’agripperait à une digue pour laisser passer la houle. La conversation avec Klaus m'a remplie d'impuissance, et je me sens ballotée dans un formidable Hargreevisme, comme ceux qui précèdent toujours la fin des temps. Un peu abattue, je ressors en passant à travers la porte d'une chambre trop grande à la décoration oppressante. Vraiment, j'ai hâte de trouver un nouvel endroit où pioncer.
Loin - très loin - de tout Hargreeves, Harlan ou Bison Blanc.
J'erre encore un peu à cet étage, donc je n'aime résolument ni l'agencement des piaules, ni la tapisserie. Je devine que ce n'est pas Iggy qui les a décorées, même si son goût n'est pas non plus le mien. Je visite une autre chambre, pratiquement sans fenêtre. Une autre, trop bruyante, car proche du local gérant l'aération, je crois.
Alors je reprends l'ascenseur, et machinalement, j'appuie sur le bouton du haut. Celui du dernier étage : tout en haut, juste sous la terrasse du toit où Klaus est venu picoler nombre de fois dans les soirées débridées du passé. Un étage où il y a peu de chambres et quelques salons privés, d'après la plaque informative accrochée au mur du lobby. Un étage où je n'avais - a priori - pas de raison de monter.
*Ding !*
Ce n'est pas sur un couloir que s'ouvre l'ascenseur, mais sur un simple pallier dont l'odeur âpre, indescriptible, me frappe immédiatement. La moquette est la même que celle du rez-de-chaussée, avec ses larges étoiles stylisées s'harmonisant avec les tapisseries en teintes de brun et de doré. Les quelques lampes qui éclairent l'endroit sont de simples sphères de lumière bleutée, faites en verre mat et agencées par ensembles de trois.
Je regarde à ma droite, à ma gauche. Il n'y a qu'une porte : en face de moi. Je m'approche. Elle ne s'ouvre pas avec une clé, mais avec un petit boitier que je devine être une sorte de reconnaissance biométrique, sur le côté.
"Putain", je murmure en me demandant où je viens de mettre les pieds.
Cette technologie n'a rien à voir, rien du tout, avec le reste de l'édifice, plutôt rétro voire carrément vintage. Et je regarde de nouveau autour de moi, mes doigts se serrant sur la hanse de mon petit sac, qui pend au bout de mon bras.
Il n'y a rien de spécial, dans l'énergie de l'endroit. Rien à voir avec l'impression étrange que j'avais dans la suite du Bison Blanc. Pas de vibration, pas de convections énergétiques troublantes, cherchant à me tenir éveillée. Mais il me vient un sentiment étrange, pourtant : celui que derrière cette porte, se trouve l'un des secrets que l'Hôtel Obsidian garde le mieux.
*Ding !*
Derrière moi, le second ascenseur arrive et je sursaute, me rendant immédiatement invisible et intangible : non pas par réflexe, mais par nécessité. Quelqu'un arrive. Je me range contre le mur à ma droite, plus furtive que quiconque ne saurait l'être, et j'écarquille les yeux.
Ignorant tout de ma présence, son pas lent et nonchalant, sa longue plume ondulant derrière lui à son chapeau noir... Iggy sort de l'ascenseur et traverse le palier.
Si j'avais été tangible, sans doute aurais-je émis un hoquet de surprise, en le voyant se pencher vers le boitier, puis se redresser tandis que la porte se débloque. Elle s'ouvre, dans un regain de l'odeur âpre, et il retire son couvre-chef.
Il avance dans le couloir mal éclairé qui s'ouvre au delà, il cale son chapeau sous son bras.
Il porte sa main libre à l'arrière de sa tête.
Et d'une façon que je n'aurais jamais - jamais pu anticiper - avant que la porte ne se referme... je le vois entrouvrir l'arrière de son cuir chevelu... pour commencer à retirer sa peau.
---
Notes :
En tout cas, vous l'aurez compris : nous sommes au seuil de quelques révélations au sujet des 'résidents' de l'Hôtel Obsidian... mais vous avez sans doute déjà deviné ce qu'ils sont.
Il n'est pas facile pour Rin de voir Klaus se laisser manipuler par Hargreeves, parce qu'il est désespérément à la recherche d'une forme de relation, et de validation par lui. Parfois, elle atteint les limites de ce qu'elle peut faire pour lui.
Aviez-vous remarqué l'erreur de jour, au sujet du "Mahjong Monday" tel que nommé sur les drapeaux du lobby ? Nous savons avec exactitude que le retour des Umbrellas en 2019 se fait le 2 avril : un mardi. Et par définition... le surlendemain est un jeudi. J'ai exploité cette erreur de script ici.
Tout commentaire fera ma journée ! ♡