Une courbure de l'espace-temps (saison 3)

Chapitre 4 : Le Cinq de Schrödinger

3499 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/09/2024 09:27

Repères chronologiques : cette scène s'insère comme une scène coupée de The Umbrella Academy, saison 3, épisode 1, autour de 40:07 (juste avant que Cinq ne rejoigne Klaus, Luther et Diego au bar après sa douche, pour le dîner).


Soundtrack suggérée : Iggy Pop - The passenger


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2 avril 2019, 19h17


Était-il courant, dans les années dix et vingt, de concevoir un hôtel dont les chambres ne sont pas équipées de salles de bain, ni même de sanitaires ? Qu'il soit prévu de sortir dans le couloir pour aller se soulager en pleine nuit, et de faire ses ablutions dans une sorte de salle commune portant le nom acidulé de 'Spa Oasis'... n'étant rien d'autre que des baignoires, douches et lavabos individuels faisant le tour d'une pièce carrée, fermées par des rideaux ou des portes de bois à la manière de box sans grande intimité ? Avec même plusieurs baignoires ouvertes - au centre - pour les plus audacieux.


J'ai refusé de dormir avec les Hargreeves, je n'ai qu'une maigre envie de me laver avec eux, malgré tout le détachement que j'ai pu acquérir vis à vis de la pudeur, au cours de mes années passées avec les 'Enfants'. Mais je ne vais pas faire la fine bouche, cette fois. Mon dernier bain remonte - voyons - je ne sais même pas. Ah si : au 21 novembre 1963 : à la veille de l'assassinat de JFK, et anecdotiquement de l'une de mes morts à moi.


Je n'en ai pas reparlé à Klaus frontalement. J'ignore s'il se rappelle ou non de m'avoir croisée dans ce que je suppose être l'au-delà : là où cette gamine irritante circulait au milieu des lotus, pour moi. Il me semble planer complètement à ce sujet, ou repousser sans cesse l'éventualité d'y réfléchir. Pour lui, il s'agit d'expériences de mort imminente. Mais pour avoir été un fantôme, je me réserve le droit d'exprimer mes doutes quant à ce qui lui arrive vraiment, à chaque fois.


Quoi qu'il en soit, je me sens très sale, après tout ça, peut-être aussi parce que je suis revenue à une énergie non-spectrale, bien vivante et tangible au milieu d'une grange texane à moitié dévastée. Je n'ai jamais tellement aimé les bains, à la différence de Klaus qui s'y sent en sécurité. Pourtant, cette fois, je suis vraiment heureuse de pouvoir me ramollir dans l'eau de mon box du Spa.


Inlassablement, mon doigt trace le même motif dans la mousse légère du bain-douche à la bergamote. Les mêmes lignes, les mêmes carrés concentriques. La même figure, celle de Reginald Hargreeves, dans son carnet. Bon sang, si seulement je pouvais arrêter d'y penser. Mais mon inconscient reste irrépressiblement attiré par ce motif depuis le dîner léger, comme si j'y étais liée.


Cette obsession est encore plus forte, depuis que je suis arrivée à l'hôtel. Elle occupe même par moment toutes mes capacités cognitives. La dessiner me soulage, un peu. Mais en réalité, je crois que c'est de la voir, dont j'ai besoin, car - dès que je la trace et qu'elle se trouve sous mes yeux - je me sens mieux.


Dans la cabine de douche la plus proche, j'entends un vieux chauve se laver. L'une de ces figures d'habitués hantant l'hôtel, que j'avais déjà remarqué dans le même couloir.


Je laisse la mousse s'étioler petit à petit en même temps que mon entêtant diagramme, et je coule sous l'eau claire pour rincer mes cheveux. Et puis j'inspire un grand coup et j'ouvre la bonde. Je m'enroule dans deux serviettes pour le corps et la tête, et je sors en passant les chaussons mis à disposition sur les rayonnages installés sous les lampes à incandescence.


Et je sursaute presque, tandis que je rouvre le rideau.


"Hey, Cinq".


Derrière moi, l'eau de la baignoire se vide peu à peu dans un bruit de vortex, et il hausse un sourcil tout en s'approchant en peignoir du lavabo qu'il a choisi pour compléter sa séance de sauna par un gommage de peau.


"Wow", je laisse échapper dans ma surprise, et il se tourne, son tube de scrubs en main, donc le flacon porte le logo de l'hôtel.

"Quoi ?"

"Rien, rien. C'est la première fois que je te vois prendre du temps pour toi".

Il laisse filer un rire un brin sarcastique.

"Sans doute parce que ça fait vingt jours que je cours dans tous les sens pour sauver vos culs. Mais si tu veux tout savoir et si tu l'as oublié : la puberté provoque un excès de sébum, et une déferlante inexorable d'acné, même quand c'est pour la seconde fois".


Je ne ris pas. Je lui adresse un peu de compassion, et il se penche au dessus du lavabo en s'examinant dans le miroir.


"Klaus m'a dit que tu avais choisi d'être un passager clandestin. J'espère que tu as trouvé un point de chute à ton goût. Je ferais bien comme toi, mais je préfère garder un oeil sur mon imprévisible portée".


Je m'appuie légèrement sur l'une des baignoires en carrelage vert et rose usé, au centre de la pièce. Si mon conseiller officiel en squat divulgue ma présence à tout va, où va la confidentialité ? Mais je ris doucement.


"Si on aime les carpettes en fourrure, les références amérindiennes et les trophées de chasse, mélangés aux flamants roses et palmiers... alors on est sûrement prêt à y mettre le prix".

"Les trophées de chasse..."

Il prend un air consterné, et j’acquiesce de façon toute aussi navrée.

"Il y a une grosse tête de bison albinos, au dessus de la cheminée. Un animal sûrement autrefois magnifique, devenu une décoration hideuse et triste".

Un brin hypnotique toutefois : pour une raison que j'ignore, j'ai du mal à m'empêcher de le regarder.

"J'imagine que c'est toujours une meilleure compagnie que celle de Klaus qui pisse dans la gouttière".


Cinq ouvre son tube de crème et commence à l'étaler sur son visage, vision à laquelle je ne crois pas être capable de m'habituer. Puis il me demande, en me sidérant une seconde fois pour le fait de s'intéresser à ma situation, alors qu'il est d'ordinaire très focalisé sur lui-même et ses petites affaires d'espace-temps :


"Tu projettes à nouveau de fuir cette famille de dingues pour t'abimer dans le boulot ?"


Je me redresse, et j'attrape une brosse à cheveux avant de finalement détacher la serviette enroulée sur ma tête. Quelque part, Cinq commence à bien me connaître.


"Oui. A la boutique où je bossais avant notre 'interlude' des sixties, j'y suis passée en fin d'après midi".


Je ne saurais même pas décrire à quel point il m'a fait du bien de sortir de l'autre côté d'Argyle Park et de constater que la quincaillerie était encore nichée au pied de cet immeuble en briques rouges typique de The City. Avec ses piles de cartons à déballer, et ses posters de nomenclature des vis et boulons. Et avec Rodrigo.


"Mon ancien patron est toujours là... et il galère toujours autant pour trouver du personnel, alors..."

Je souris, comme si j'avais décroché un contrat à un million, alors que c'est loin d'être le cas.

"... j'ai un jour d'essai après demain".


Cinq me regarde dans le miroir, ses petits yeux bleus se détachant au milieu de toute la crème qu'il vient d'étaler en couche épaisse. Et plutôt que de me féliciter, il me dit :


"Et bien pour une fois, tu es mon parfait antagoniste. Figure-toi que je suis très content... de t'annoncer que je suis retraité, dorénavant".


Il frotte à nouveau son visage, avec un petit sourire en coin qui lui est rare. Vraiment, je le sens soulagé, ce qui fait naître en moi une lueur d'espoir.


"Alors finalement, les paramètres de cette réalité te semblent acceptables ?"

Il insiste un moment sur son menton, puis me regarde de nouveau par le biais du miroir.

"On dirait bien".


Je suis une éponge empathique à émotions, et je trouve qu'il va bien depuis que nous sommes arrivés. Klaus aussi. Je ne peux pas en dire autant d'Allison, et d'ailleurs, je ne sais pas où elle est passée. Sans doute a-t-elle filé visiter sa fille, ce que je peux comprendre étant donné qu'elle a abandonné tout ce qu'elle avait construit avec Ray, dans le seul but de la retrouver. Et je passe la brosse dans mes cheveux tandis qu'il énumère :


"Pas d'Apocalypse, des événements historiques cohérents avec ceux de notre ligne temporelle... Pas de manifestation évidente d'agents de la Commission - ce qui abonde dans le même sens... J'ai bien envie de déclarer que nous sommes au plus confortable que nous puissions trouver - chose à quoi il va falloir se résigner - mais j'ai quand même une question".

"Quelle question ?"

Il se retourne, son tube en main.

"Est-ce que ton patron t'a reconnue ?"


La brosse s'arrête dans mes cheveux, puis je reprends mon geste, plus lentement. Peut-être que c'est une bonne chose que je puisse lui parler de ceci, car les Sparrows ne sont effectivement pas la seule 'anomalie' dont j'ai été témoin depuis notre arrivée.


"Non. Et figure-toi que ma grand-mère n'habite plus dans l'appart que nous louions depuis vingt-cinq ans".


Il fronce légèrement les sourcils, mais redevient serein rapidement.


"Ce n'est que très logique", dit-il, "et sans doute pour le mieux. Si Papa ne nous a pas rassemblés ici, alors nous sommes encore éparpillés de par le monde, possiblement en train de vivre nos meilleures vies".

J'ouvre des yeux écarquillés.

"Tu veux dire qu'il y a d'autres versions de nous, quelque part ?"

"C'est la mécanique élémentaire des bifurcations de l'espace-temps, Rin. En impactant le passé, nous avons provoqué l'émergence d'une timeline alternative, qui a suivi son cours à partir des nouveaux paramètres de réalité. Je t'ai déjà dit tout ça".

"J'ai besoin d'un peu de temps pour intégrer".

Il soupire face à mon inculture, et j'ajoute :

"C'est juste très bizarre de s'imaginer avoir un double quelque part. Je me demande ce que l'on ressent".


Clairement, mes questions naïves l'exaspèrent, mais il semble être dans un bon jour et prompt à la pédagogie, alors il me dit d'un ton un peu détaché :


"Tout dépend. Si c'est une version de toi à un autre moment de la même timeline, l'univers fera tout pour éradiquer l'un d'entre vous. Les flatulences et les démangeaisons ne sont que le sommet de l'iceberg d'une réaction en cascade de folie meurtrière, vouant l'un à trucider l'autre".

"Comme c'est convivial".

"C'est un phénomène de régulation comme un autre".


J'aime le pragmatisme de Cinq, mais sa façon de considérer qu'une vie peut-être sacrifiée pour une autre ou plusieurs autres me dépasse, parfois.


"Par contre, s'il s'agit d'une version de toi étant ton parallèle dans une autre timeline, comme ici... alors ce n'est plus exactement toi, mais ce que tu aurais pu devenir à un certain point. Tu pourrais t'en tenir à un léger inconfort intestinal... tout comme avoir envie de le décapiter. Dans le doute, j'éviterais. Pourquoi tu me demandes ça ?"


Il se retourne, se penche pour se voir de plus près, et se perce un minuscule bouton.


"Pour rien. Pour rien du tout. Est-ce que - toi - tu comptes faire des recherches sur ce que ton alter-ego est devenu ?"


Je termine de démêler mes cheveux et je repose la brosse. En ce qui me concerne, j'ai surtout envie de savoir ce qu'il est advenu de Granny. Cet appartement dénué du son de ses dramas me hante. Je ressens un besoin viscéral de savoir où elle est. Mais Cinq réagit d'une façon que j'aurais clairement pu anticiper.


"Certainement pas ! Primo ? Je sais que les conséquences peuvent être néfastes. Secundo... je ne peux vraiment pas me saquer, en général. Et tertio... ce gars peut-être n'importe où dans le monde. Là où Papa est allé me chercher... ou dans n'importe quelle ville universitaire où j'aurais pu choisir d'aller passer un PhD".


Je ris sous cape, même si je réalise avec un peu de tristesse que Cinq n'a aucune idée de l'endroit où il est né.


"Comment peux-tu être si sûr que tu aurais passé un PhD ? Tu aurais pu être très différent, élevé par d'autres gens".

Il peste légèrement, comme si j'étais une trouble-fête.

"Je n'irai pas chercher, alors c'est ça qui est beau. Toutes les possibilités coexistent : je suis le Cinq de Schrödinger".


Puis il relève une mine rafraichie, au teint maintenant impeccable, surtout pour un homme de pratiquement soixante ans. Et en frictionnant ses joues avec de l'after-shave au cédrat, il me dit avant de déclarer sa toilette close :


"En plus, je te l'ai dit : je suis dorénavant retraité. Alors, si tu le veux bien, maintenant, je vais aller m'octroyer un dîner".


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20h45


Autour de moi, l'atmosphère est celle du début de soirée, sur la mezzanine du lobby de l'Hôtel Obsidian. Le tailleur, le coiffeur, la blanchisserie, le fumoir : tous ont fermé, même si demeurent les autres figures qui semblent constamment hanter les lieux. Au fond d'un fauteuil Chesterfield, celui que je nomme 'Hemingway' est en train de bourrer le tabac de sa pipe. Dans l'escalier, 'Iggy' converse avec le couple de films noirs, toujours un cocktail à la main. Luther et Diego ont entamé une partie de billard. Et Klaus - en bas au bar - a sans doute commandé un second Balvenie.


Je ne sais pas comment je me sens, au sujet du fait qu'il ait recommencé à picoler. Déjà à Dallas avant que nous partions. Bien sûr, ce n'est pas dans les proportions que je lui ai connues, et c'est sans l'association à toutes les autres substances qu'il consommait autrefois. Globalement, j'ai l'impression qu'il va bien, ici. Il me semble avoir envie de s'alcooliser légèrement dans le but de se sentir encore mieux, ce qui est différent sur le fond, mais une pente glissante sur la forme, surtout pour quelqu'un qui revient de son passé d'addiction.


Allison lui a fait des remarques paternalistes, plus tôt, quand il a investi le bar du salon d'Hargreeves Mansion, avant l'apparition des Sparrows. Je prends plutôt le parti de le laisser naviguer son bateau, et de ne lui proposer un coup de main que si la situation que lorsqu'il perd vraiment pied. Un jour, Klaus devra bien trouver sa propre balance. Et moi je crois qu'il en est déjà capable, même s'il a encore besoin de comprendre qui il est. Il n'a pas besoin d'être amarré : il a juste besoin d'avoir un port où revenir.


Le fracas des boules de billard et les protestations de Diego me tirent de mes pensées, et je plie pour la ranger dans ma poche la page d'annuaire que je viens de craquer. Je n'ai mis qu'une cinquantaine de secondes à retrouver Granny, le croirez-vous ?


Je sais que Cinq serait très mécontent de ce que je suis en train de faire, et certainement étonné que j'ai pu finalement retrouver ma grand-mère aussi aisément qu'un bureau de poste : tout simplement, en ouvrant le bottin. J'ai une adresse, qui n'est même pas très loin, un numéro de téléphone. Même si ce n'est pas un nom rare dans la diaspora du Vietnam, dans notre timeline d'origine, il n'y avait qu'une seule Hoàng Thị Liên dans l'entièreté de The City.


Je tremble un peu, à l'idée de la contacter, et pas seulement parce que je crains que son mauvais caractère soit resté inchangé. Également, en vérité, parce que je pourrais potentiellement remonter jusqu'à mon alter-ego. Mes recherches ne m'ont toutefois livré aucune trace ici ni de ma mère, ni de moi, et mes questions sont nombreuses. La première est d'ailleurs de taille : si Reginald Hargreeves n'a pas adopté l'Umbrella Academy, s'il n'y a pas non plus de trace de moi à The City... alors pourquoi Granny se trouve-t-elle malgré tout non pas en France où elle a passé le début de sa vie... mais bel et bien ici ?


Je brûle de le savoir.

Au fond de moi, je sais déjà que je vais la contacter.


Peut-être par voie de conséquence, ma curiosité est à présent en roue libre, comme si j'avais ouvert une boite de Pandore très difficile à refermer. Assise sur la banquette de la modeste bibliothèque de la mezzanine, je serre à présent sur mes genoux un volume de l'Encyclopédie d'Histoire américaine.


Vraiment, Cinq protesterait, mais je constate que je ne suis pas la seule à n'avoir pas su résister : dans les chapitres relatifs à l'année 1963, au sein des pages traitant des 'Six assassins de Kennedy' et les proches qu'ils ont 'dupés', le bas de la page relatant les 'exactions' d'Allison Hargreeves-Chestnut a été replié pour la marquer.


Je peux comprendre qu'Allison ait voulu savoir. Qu'elle ait eu besoin de lire de ses yeux que Ray est mort en 2010, à l'âge de 82 ans. Tout comme j'ai eu besoin de découvrir que Lloyd a finalement soulevé des soupçons à mon sujet, même si je n'ai jamais été associée aux 'assassins' de façon avérée. Ce bel enfoiré est mort en 2013, après avoir légué une antenne de sa société d’électronique panaméricaine à chacun de ses cinq enfants. Vraiment, je n'étais pas la personne qu'il lui fallait, et je n'ai pas le moindre regret.


C'est toutefois sur les paragraphes dédiés à Klaus que je m'attarde, souriant presque de la façon dont sont mentionnés son 'culte à vocation sexuelle' et ses 'détournements fiscaux. Moins, toutefois, face à la mention d'un abus d'influence sur personnes âgées', car Kitty elle-même n'aurait pas souhaité lire ça. L'histoire retient bien ce qu'elle veut, et ce livre prouve que nous n'avons en tout cas pas été effacés du passé.


Mais ce n'est pas ce qui me fait m'arrêter.


Là, de façon très succincte, il est aussi mentionné que Brian H. Katz a accusé Klaus d'avoir tenté d'enrôler dans son culte le mineur David J. Katz. Retraité depuis 1996 de l'US Marine Corps Reserve Center de Cleveland. Je cligne des yeux trois fois. Je relis. Encore et encore.


1996... C'était il y a treize ans. De l'eau a pu couler sous les ponts, et depuis l'édition de ce bouquin. Peut-être même est-il déjà décédé, car il aurait aujourd'hui soixante-treize ans. David. Dave. Lui aussi, m'apparait un instant comme le chat de Schrödinger auquel Cinq s'est amusé à se comparer : possiblement encore vivant ou non dans cette réalité.


Une chose est toutefois certaine : il ne s'est jamais engagé dans les rangs des Sky Soldiers de l'Air Force, mais bien dans les Marines. Il a écouté Klaus. Il m'a écouté, moi. Et il a survécu au delà de 1968, quelle qu'ait été son implication dans la guerre du Vietnam. Mon sursaut d'émotion fait crépiter les jolies lampes art-déco, au point qu'Hemingway relève les yeux de son journal. Pour un peu, je pourrais en passer en hyperventilation. Je referme l'encyclopédie que je repose sur l'étagère.


Je ferme les yeux, je me calme. Et tandis que je file vers l'escalier qui descend dans le lobby, je réponds à Diego qui me demande si tout va bien, car j'ai l'air bien pressé :


"Aucun problème. Juste un coup de fil à passer".


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Notes :


Pour l'instant, Cinq semble encore convaincu que ce point de chute dans l'espace-temps est clément. À sa façon, Rin essaye aussi de connaître les paramètres de cette nouvelle réalité dans laquelle ils viennent d'arriver. Le début de cette saison concerne les connexions et les attaches. C'est naturellement que Rin va aussi s'y plonger.


La question du devenir de Dave n'est jamais adressée au cours de la Saison 3, et il relevait pourtant pour moi de l'évidence que la question se pose. Pourquoi Klaus ne l'a-t-il pas lui-même adressée ? Le prochain chapitre nous permettra d'entrevoir ceci.


Souhaitons une bonne et éphémère retraite à Cinq.

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