Malédiction.

Chapitre 13 : Des serpents et des Loups, partie 2.

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:13

 

Ce fut un Dev totalement surexcité que je retrouvai devant la porte du premier cours de l'après midi.

« El !! Tout va bien ? »

Je le dévisageais, surprise. J'avais pourtant bien fait attention à afficher un visage calme et serein...

« Euh...

  • J'ai appris pour... Enfin, pour la femme que vous avez trouver dans la forêt, Alex et toi.

  • Ah ! »

Je me mis à paniquer. Comment aurais je du réagir, déjà ? Mais Dev me sauva la mise sans même s'en rendre compte.

« Tu dois encore être sous le choc. Bon sang ! C'est horrible ce qu'il lui est arrivé... (Il me prit les épaules entre ses grandes mains.) Et Alex ? Il a dit quelque chose ?

  • Euh...

  • Que c'était un animal, je suppose ? Gronda t il, tout à coup menaçant.

  • Un truc du genre, ouais... bafouillai je, ne comprenant pas son comportement.

  • Ses yeux ? Comment étaient ses yeux ?

  • Normaux, je crois...

  • Tu crois... Vu la chose, tu n'as pas du faire attention... As tu vu la fille ?

  • Non... Non. Je l'ai juste entendu hurler, mentis je.

  • Putain... (Voyant mon expression perdu, il se reprit.) Heureusement. Tu n'as pas à voir ce genre de truc... (Il me lâcha. Je me rendis compte qu'il m'avait meurtris les bras.) Bordel, quelle merde. »

Je n'osais pas lui dire à quel point il avait raison. Néanmoins, je ne comprenais pas ses questions vis à vis d'Alexander. Il s'ébroua légèrement.

Plissant des yeux, je remarquais que sa manière de se reprendre ressemblait beaucoup à celle d'un chien... Supposant que je devenais paranoïaque, je laissais tomber. Il m'offrit un petit sourire en réponse à mon soupir.

« Mais ne t'en fais pas, El, tout va être réglé d'ici peu.

  • J'aimerais que tu ais raison, marmonnais je. Mais, s'il te plait, ne fais rien d'irréfléchi. Ne joue pas au petit détective. »

Il haussa un sourcil innocent.

« Moi ? Elspeth...

  • Je commence à suffisamment te connaître, Dev. Je vois que tu meurs d'envie d'aider les flics. Ou de découvrir par toi même le fin mot de cette histoire. Ça craint et c'est dangereux.

  • Et toi ?

  • Tu me connais, Dev. Je me fous de ce qu'il se passe autour de moi. Je veux juste que mes amis soient en sécurité. C'est tout. »

Il haussa les épaules.

Devdan ne mentait jamais. Quand il évitait de répondre, cela signifiait qu'il ne pouvait pas me promettre ce que je lui demandai. Avec rage, je le bousculai pour rentrer dans la classe. Il me suivit sans un mot.

Cherchant la meilleure manière d'éviter que mon ami ne se fasse pas tuer, je ne me rendis pas compte qu'Alex était assis à sa place. Ce fut lorsque j'entendis le grondement dans la gorge de Dev juste à côté de moi que mes yeux trouvèrent mon pâle ami. Étonnée, je restais figée. Il n'avait pas pu se libérer aussi vite de la police... Non ?

Il m'adressa un sourire glacial et haussa un sourcil.

Je cherchais, à son odeur, pourquoi son corps était si figé et si tendu.

Mais je ne sentis rien de plus que son agréable odeur de miel et de lavande, pas la moindre trace de la colère qui rugissait dans ses yeux mordorés. Puis il dévisagea Dev, et sa colère fut presque palpable depuis l'autre bout de la classe.

J'inspirais profondément.

Non. Les seule trace de peur venaient des autres élèves. Surprise, je remarquais que l'odeur musqué de Dev s'était accentué.

Tour à tour, je regardais mes deux amis s'affronter du regard, et à mesure que le temps passait, je vis l'envie d'en venir aux mains dans leurs expressions.

Prudemment, je touchais le bras de Dev, dont le visage se détendit imperceptiblement. Il se tourna vers moi, ses yeux chocolats tourbillonnant sous les différents sentiments qui l'habitait.

« Que s'est il passé ? »

Il ouvrit la bouche pour me répondre, mais aucun son ne sortit. Je serrais plus fort sa chair, enfonçant mes ongles dans sa peau. Muet, il ne broncha pas.

En soupirant, je le tirais vers moi.

« Tu vas me dire ce qu'il vous ait arrivé, IMMEDIATEMENT ! »

L'incompréhension me rendait furieuse. Et être furieuse était un sentiment si nouveau que je hurlais. Tout le monde me dévisagea, surpris.

Ignorant mes autres camarades, je fis signe à Alex de se lever et de me suivre, tout en tirant Dev hors de la classe. En croisant le professeur à la porte, je lui adressais un regard blasé.

« Ces deux là se disputent, je pense qu'il vaudrait mieux qu'ils prennent l'air. Cela ne vous dérange pas ? »

Devant mon ton à peine poli, le professeur palit. Il était beaucoup plus petit que moi, et ses lunettes tombait légèrement sur son nez. Pourtant, il resta face à moi, courageusement.

Je fis alors une chose que je n'aurais jamais penser faire : je me comportais comme Zac. Comme le Dae que j'étais, créature supérieure, méprisant l'être humain. Je plongeai mes yeux dans les siens.

« Sauf si vous voulez que nous réglions cette affaire ici. Je ne pense pas que les autres classes apprécieront les hurlement, et que nos chers camarades aient envie de ranger la classe si cette histoire dégénère. Personnellement, je m'en moque. Mais peut être que le directeur serait d'avis que les histoires extra scolaire devraient être réglé en dehors du lycée. Ne pensez vous pas ? »

Tout en parlant, je m'étais approché de lui, lâchant Dev pour mettre mes mains dans mes poches.

Dressée de toute ma taille, je regardais le pauvre homme d'au dessus, droite et menaçante.

La rage qui m'habitait depuis que j'avais vu le serpent était retourné à la surface, et je ne la contrôlait plus. Il n'avait pas dit un mot et je m'en prenais à lui.

Me reprenant brusquement, je soupirais.

« Pardonnez moi. Je suis sur les nerfs, je n'avais pas à vous parler sur ce ton, c'est très impoli. C'est vraiment pour ne pas déranger le cours. Nous rattraperons, promis. »

Ne parvenant toujours pas à parler après la peur que je lui ai inspiré, il hocha le menton vivement. Je lui offris le sourire le plus rassurant que j'avais en réserve, et filai dans le couloir.

Je n'eus même pas besoin de vérifié si Dev et Alex me suivait : je sentais la rage chez l'un, et entendais les pas coléreux chez l'autre. Sans un mot, je les guidais jusqu'au parking, à deux cent mètres du lycée, le plus loin possible de l'entrée et des voitures.

Puis je me tournais vers eux et croisai les bras.

« Maintenant que ce soit bien clair : j'ai réglé une partie des problèmes chez moi. Je vais m'occuper de votre cas. Que s'est il passé ?! »

Ils me regardaient, leurs visages figés bloqués sur la colère et l'entêtement. Dommage pour eux, je commençais à savoir mis prendre avec les têtes de mules.

« Je n'ai pas la patience de vous cuisiner aujourd'hui. Alors soit vous parlez, soit vous ne m'adressez plus la parole jusqu'à ce que je sache la raison de cette haine si soudainement revenu.

  • On s'est toujours hait, El, ce n'est pas nouveau, ricana Alex.

  • Jamais aussi ouvertement. J'aimerais comprendre pourquoi les deux seules personnes capable de me faire oublier la merde dans laquelle je suis font un brusque retour en arrière. »

Aussitôt que j'eus prononcé ces mots, je les vis porter le poids de la culpabilité.

« Je sais que vous êtes comme vous êtes. Mais jusqu'à présent je ne vous avais jamais vu aussi furieux l'un contre l'autre, enchainais je. Et ça m'énerve. Je croyais que nous étions amis. Que tout ce qui pouvait être dit devait être dit.

  • Tu nous caches autant de choses que nous te cachons, rétorqua Dev, virulent.

  • Oui, mais je vous ai toujours expliqué pourquoi je m'en prenais à vous.

  • Nous ne nous en prenons pas à toi, soupira Alex. Je pense que tu n'as pas à être au courant de nos problèmes à Dev et moi même. Et il est inutile de discuter, fit il sèchement à peine j'entrouvris les lèvres. »

Je me renfrognai, blessée. Mes deux mondes s'écroulaient en l'espace de 24 heures.

« Et merde... marmonnais je entre mes dents. Et merde, merde, MERDE ! Allez vous faire foutre, arrachez vous les tripes autant que vous le voudrez, je ne veux plus rien à voir affaire avec deux cons dans votre genre !! »

Furieusement, je retournais au lycée, les bousculant au passage.

Mais une fois arrivée à la première voiture, je me rappelai la raison qui m'avait fait venir au lycée.

Je me tournais vers eux, qui s'était juste camper face à moi, à quelques mètres.

« Je ne vous demande qu'une seule chose : n'allaient sous aucun prétexte dans la forêt. Jurez le ! »

Muets, les deux humains les plus chers à mon coeur ne me montraient aucun signe d'acquiescement. C'était plutôt le contraire, même.

Avec un soupir, je laissais tomber.

Néanmoins, en me tournant pour partir définitivement, je m'écriai.

« J'en mourrais s'il vous arrivait malheur. »

Et je les plantai là.

 

 

 

 

Le soir arriva bien trop lentement à mon goût.

Sans les incessante disputes de Dev et Alex, l'après midi fut trop silencieuse.

J'en profitais pour réfléchir un peu. Je savais qu'ils ne m'écouteraient pas, mais je savais aussi qu'ils ne le feraient pas ce soir. Vu leur différents et leurs caractères, ils allaient régler leur compte. Satisfaite malgré moi que leur animosité l'un envers l'autre ne les mettent pas en danger, je me mis à faire un plan détaillé de ma soirée.

Tout d'abord, se transformer sans stress. Je doutais y parvenir facilement, même si j'avais témoigné une grande maitrise lors de la matinée.

À comprendre ce qu'avait dit Sophie, se transformer rapidement et le plus souvent possible requiert de l'entrainement et de la discipline. Je ne possédai ni l'un ni l'autre.

Plus je tournai autour de la question, plus je me faisais l'effet d'un enfant de primaire devant un problème mathématiques de terminale : je savais qu'un jour je pourrais parvenir à le résoudre, mais ce jour me paraissait lointain. Hors pour réussir à sortir de la classe, je devais à tout prix y arriver.

Rageuse, je jetai mon crayon sur la table.

Le bruit fit retourner Alex qui me dévisagea froidement.

Je restais hypnotisée un instant par ses yeux mordorés, puis je sentis une larme couler sur ma joue.

Je regrettais tellement m'être disputer avec eux. La chaleur de Dev passant son bras autour de mes épaules à l'interclasse me manquait. Les petites remarques ironiques d'Alex, son sourire en coin et la sagesse de son regard aussi.

Je baissais le menton, essuyant ma larme.

Je détestais avoir perdu le contrôle de mes émotions. Et de ma maitrise de moi. Je voulais retrouver le calme olympien qu'était le mien avant de devenir un monstre.

Une boulette de papier cognant mon crâne me sortit de ma torpeur.

« Je suis désolé. »

Je me tournais vers Devdan qui s'était plongé, mine de rien, dans la contemplation d'une fissure sur le mur.

Je souris imperceptiblement et écrivit.

« C'est moi. Je ne suis qu'une égoïste. »

Il attrapa le mot au vol.

Je me remis correctement et apperçu un mot sur ma feuille.

« Veux tu vraiment que nous n'ayons plus rien à faire ensemble ? »

Alex attendait ma réponse, la chaise a demi tourné vers moi.

J'articulai un « Non » et lui répondit sur ma feuille.

« Je vous apprécie tellement que j'ai envie qu'il y ait une bonne entente entre nous trois. Je pensais qu'un équilibre avait été établi. M'être trompée m'a rendu folle.

« Nous avons discuté, Dev et moi. Le malentendu est passé. »

Avec un soupir de soulagement, je gribouillais un « Ok » et lui souris.

Pour la première fois, le sourire qu'il me rendit monta jusqu'à ses yeux.

Je jetai un coup d'oeil à Dev, qui me fit un clin d'oeil.

En un instant la migraine – qui serait désormais ma compagne pour le restant de ma vie – disparut.

Je tendis mes jambes devant moi en reculant ma chaise, plaçant la tresse que j'avais fait ce midi sur la table de Dev qui la prit entre ses doigts.

Timidement, je touchais les pieds d'Alex.

Ce dernier répondit à la pression en les entourant autour de ses chevilles.

Étant ainsi en contact avec mes deux amis, toutes mes questions trouvèrent une seule et même réponse : j'allais y arriver. Pour eux, pour notre trio, pour leur sécurité et pour l'amour que je leur portais.

 

 

 

 

Quand je montais dans la voiture avec Zac, j'avais la ferme intention de faire de mon mieux.

Il me lança un coup d'oeil et s'esclaffa.

« On dirait que tu t'apprêtes à sauver le monde !

  • Sauver mon monde est déjà assez, je trouve.

  • Ton monde est le mien, El. (Il démarra.) Alors ?

  • Alors quoi ? Ils ne veulent rien entendre. Donc on rentre au plus vite et on traque. On fout la frousse à ces putains de monstres, et on les pourchasse jusqu'aux derniers. »

    Il acquiesça et on se tut en méditant sur ma phrase...

    Arrivés à la maison, on resta un moment dans la voiture.

    « Tu es sure de toi, El ? Sûre que tu as envie de nous mener ?

  • Je ne suis sure de rien pour le moment, Zac. Mais je sais que je dois le faire.

  • Je peux encore dire à Sophie qu'on doit quitter la ville et...

  • Abandonner mes amis, fuir encore et toujours, alors que j'ai fait toute une histoire ? Non. On ne peut pas reculer.

  • On peut, et tu le sais. Ce ne serait pas la première fois.

  • Je n'ai jamais abandonné. Et ce n'est pas maintenant que ça va commencer. »

    On se dévisagea. Un sourire tendre fleurit sur ses lèvres. Je rougis et ouvris la porte violemment. Harry se tenait droit devant le porche, me fixant avec fièvre. Je soupirais et lui tapota l'épaule en passant près de lui.

    Quand j'ouvris, ce fut toute la famille que je retrouvais dans le salon.

« Vous m'attendiez ? Marmonnais je, surprise, en lançant mon sac au sol près de la porte.

  • Nous n'avions que ça à faire, grogna Harry dans mon dos.

  • Vous auriez pu commencer, vous savez...

  • Tu es la plus jeune et la plus inexpérimentée, rétorqua Sophie. Tu es celle qui a le plus de travail à...

  • Oui mais plus vous vous entrainez, mieux c'est ! Initiative, bon sang, grand mère ! Soupirais je. On dirait que vous n'avez rien compris. Je me fous de ma propre gueule. Vous n'êtes pas obligé de m'attendre parce que j'ai dit : à mon retour. Zac, tu as bien préparé Bree et Claire ?

  • Oui.

  • C'est déjà ça, grognais je. Et les autres, pour la transformation rapide ?

  • Nous ne pouvons pas nous transformer à l'infini, El, fit sèchement Sophie.

  • Désolée de te dire ça, mais il serait peut être temps de s'y exercer, répliquais je tout aussi sèchement en l'affrontant du regard. Plus vous maitriserez, mieux ce sera.

  • Tu parles mais tu ne t'es transformée que deux fois, El, renifla Katy avec hauteur. »

Je la dévisageai, sentant l'animal en moi rouler sous ma peau. Je souris et sortit dans la cours de derrière.

« Tu veux que je me transforme ? Bien, ma tante. Je vais m'exercer moi aussi, c'était prévue. (J'enlevais mes chaussures.) Même pas deux jours que je suis transformée, qu'est ce que je risque après tout ? De me perdre ? Je paris cent dollars que j'arrive a reprendre forme humain sans problème. »

Déjà, des frissons parcouraient ma peau. J'utilisais la colère comme énergie, le défi comme guide.

Une fois nue, je me transformais.

La douleur dans mon crâne fut fulgurante, et la seule partie de mon anatomie que je sentis se transformer fut mon coccyx qui devint une longue queue de chat. Dès que mes yeux purent voir, je me redressais.

Affrontant ma tante du regard, je la mis au défi de faire de même.

Elle retira ses vêtements à la hâte, les yeux écarquillés.

Pour la première fois, je vis le regard d'un Dae. Plus lumineux, le tour de l'iris quelques tons au dessus de sa teinte habituelle, avec un cercle argent faisant ressortir la pupille légèrement ovale.

Puis, sous mes yeux, je vis les ondulations sur la peau de Katy. J'avais l'impression qu'elle était liquide, malléable...

Et j'entendis le craquement de ses os. Craquement que je n'entendais pas lors de ma transformation, tant ma tête était douloureuse. Ses doigts s'allongèrent pour former des pattes pourvues de griffes monstrueuses, sa mâchoire se reforma, préparant la place pour ses crocs, et son corps, tombant à terre, se modifia incroyablement vite. Quand la fourrure apparut enfin, ma tante, qui ne me quittait pas des yeux, disparut totalement, laissant place au fauve le plus mortellement constitué que je n'ai jamais vu.

Haut comme un homme, puissant comme un loup, souple comme un chat...

Je penchais la gueule, remarquant que nous ressemblions à rien d'existant, sauf, peut être, à un hybride ours-tigre. Nous avions les oreilles en pointe, les yeux obliques, comme un chat, une longue queue typique des fêlins, mais notre musculature pouvait sans doute nous permettre de nous tenir sur deux pattes. Pattes pourvut de griffes si longue qu'elles ressemblaient à des dagues, tout comme nos canines supérieures. Le museaux légèrement allongé renforçait cette impression, de même que le pelage aubrun tacheté d'or renforçait l'image d'un gros, très gros chat-tigre-lion. Perdu dans la contemplation de ce monstre que je voyais pour la première fois dans la réalité, je ne réagis pas lorsque ma tante me sauta dessus. Je ne vis que cette merveilleuse créature se propulser sur ses pattes arrière et tendre ses griffes sur ma gueule.

Mon instinct me mit en mouvement avant même qu'elle ne m'effleure. Avec un feulement, je fis un bond sur le côté, l'esquivant de peu.

Elle atterrit avec une grâce que sa masse musculaire n'aurait normalement pas permis, et se tourna vers moi, le bassin relevé, tapis comme un félin à la chasse.

Je grondais un avertissement et me redressai de toute ma hauteur.

Mon Dae savait que j'étais plus dominante que ma tante, plus grande, mais aussi plus forte. Mais l'humaine que j'étais, savait aussi qu'elle était beaucoup plus expérimentée que moi. Mais essayez de contrôler un animal qui vous est inconnu.

Un infime mouvement m'avertit que ma tante allait attaquer. Immédiatement, je me me redressais sur mes pattes arrières, vérifiant ma théorie, la laissant me percuter. Au lieu de me renverser en arrière, elle ne parvint qu'à me faire mal aux côtes, cherchant de ses crocs ma gorge.

Avec un feulement de rage, je plantais mes griffes dans ses épaules.

Glapissant comme un loup, elle tenta de se dégager. Mais je choppais une partie de son cou, et d'un geste sec, l'entraina au sol, en dessous de moi.

Sur le ventre, impuissante, ma tante se tortillait vainement. Je resserrais la mâchoire, l'avertissant. Mes crocs aiguisés transpercèrent sa peau solide comme du cuir, et le goût du sang empli ma bouche. Un instant, je crus que j'allais la tuer, le prédateur en moi devenant fou. Mais je me repris vivement et gronda une dernière fois avant de la lâcher.

Elle resta au sol, me regardant avec soumission. Je claquais des mâchoires, et levai la gueule vers le reste de ma famille.

Tous avaient des yeux de Dae, près à se transformer. Seuls mes grands parent étaient maîtres d'eux même.

Sophie regarda Katy, puis moi.

« C'était idiot, Katy, de vouloir imposer ta dominance sur Elspeth. Tu aurais du deviner qu'elle t'était largement supérieure, même sans expérience. (Elle soupira en secouant le menton.) Mais la voir se transformer t'as permis d'être plus rapide pour le changement. Et plus agressive, aussi. »

Zac éclata de rire.

Appuyé contre l'encadrement de la baie vitrée, il me fixait avec ses yeux de félins, d'un vert si lumineux, que le cercle presque noir les entourant semblait les agrandir. Il me sourit, les dents déjà allongées et tranchantes.

« Je pense que même toi, Sophie, tu n'aurais pas résisté à savoir si tu étais plus dominante qu'elle. Regarde la... »

Son regard parcourut le monstre que j'étais avec émerveillement. Je remuais la queue, énervée.

« Blanche comme la neige, avec une tache argent sur le front. Une seule tache. Et les pointes des oreilles noires. Unique... Même sa constitution diffèrent légèrement de nous. Plus fine, plus grande...

  • Elle te ressemble un peu, acquiesça mon père.

  • Je ne sais pas, ricana Zac. »

Je m'approchais de lui, doucement, lui montrant que je ne lui voulais pas de mal.

Sa paume toucha mon front, là où était ma tache apparemment. Un ronronnement monta dans ma gorge et je le suppliais du regard. Il sourit.

« Ne t'inquiètes pas, je te rejoins... »

Je reculai, lui laissant suffisamment de place pour se transformer. À chaque fois qu'un de ses vêtements tombait au sol, je le détaillais avidement. Je voulais voir quelle était sa forme Dae, mon animal hurlant de tout son être que cet homme était mien.

Quand sa peau ondula, je laissais échapper un soupir de soulagement.

Il fit encore plus vite que Katy, et je ne pus même pas voir tous les changements de son corps.

À la fin de sa transformation, il se redressa. Il était légèrement plus grand que moi, et sans aucun doute plus puissant. Mais il était magnifique, sa fourrure d'un noir bleuté couvrant ses muscles d'acier. Il était d'un noir si parfait, que la tache en forme de croix sur son poitrail tranchait malgré sa couleur grise foncée. Zac, mon Zac, s'avança vers moi, ses yeux verts me sondant l'âme, et nos museaux se frôlèrent.

C'était le geste le plus tendre, le plus intime que je n'eusse jamais connu.

J'enfouissais mon museau dans la fourrure de son cou, inspirant son odeur encore plus merveilleuse que sous nos formes humaines, le laissant me mordiller le bout de l'oreille. Avec un ronronnement, je reculai.

Mon Dae savait qu'il était le compagnon de ma vie, celui que j'aimerais même après sa mort. Moi, je le devinais à peine.

Dans ma bulle, je ne vis pas les autres se transformer. Je les entendis, mais ne pouvait me détourner de la merveille qu'était mon Zac.

Et j'avais osé traité les Dae de monstres ? Nous n'en étions pas. Les monstres ne peuvent être aussi fabuleux, aussi beau.

Quand, finalement, je parvins à détacher mon regard de lui, je regardais les autres.

Ce que je vis m'emplis le coeur d'amour.

La fourrure grise tacheté de noir de mon grand père, aussi grand qu'Harry avec ses taches grise clair sur du gris foncé, la petite Claire, beige et marron confondu en bande tigré, Bree et sa magnifique couleur rousse presque rouge et son ventre d'un blanc imaculé, mon père, crème et or sur les extrémité et le long de la dorsale, et Sophie, dont la fourrure ressemblait à s'y m'éprendre à celle d'un tigre argenté, tous étaient magnifique.

Je remarquais que, si les mâles étaient grand et puissant, les femelles étaient largement plus petite et plus fines, plus agiles.

Je comprenais pourquoi Zac me trouvait plus grande : j'étais pratiquement de la même taille que lui, et dépassait légèrement mon père qui était plus trapu. Rien de comparable à Claire, qui me semblait presque frêle, à côté d'Harry qui pouvait poser sa gueule sur le dessus de son crâne sans même le lever.

Je fixai Sophie, sentant enfin sa force et son âge. De nous deux, je ne savais qui était la dominante. Si l'on se battait, qu'adviendrait il ?

Dans ses yeux, je n'y lisais que la fierté envers sa meute.

Car comment pouvions nous qualifier notre groupe sinon de meute ?

Je me dirigeais vers elle lorsqu'une odeur me parvint.

Je relevais la gueule, surprise.

Croyant sans doute que j'avais sentis une proie, Sophie claqua des machoires pour me détourner de cette mystérieuse odeur.

Quand, brusquement, je compris.

C'était l'odeur du serpent.

Je pouvais le sentir d'ici.

Je grondai, me tournai vers sa provenance.

Les dents découvertes, la haine, suintant de tous mes ports, je feulais enfin.

Comprenant enfin de quoi il retournait, Sophie se mit en mouvement, me poussant à la traque...

 

 

 

 

 

Courir dans les bois, entourée de huit fauves silencieux était une expérience unique. Même sans préparation, nous ne formions qu'un tout. Une seule et même créature traquant son ennemie mortel, agissant avec synchronisation et rapidité. Je menais, de front avec Sophie, notre famille en chasse.

Je sentais Zac à quelques mètres de moi, presque à la même hauteur, j'entendais le souffle de chacun d'entre eux, mais aussi leurs soifs de sang et de vengeance. Néanmoins, je craignais qu'ils soient encore trop humains pour se laisser submergé par leur instinct. Surtout Bree et Claire, qui se plaçait en fin de la course.

Enfin, l'odeur me signala que nous étions proche. Et qu'ils étaient deux.

Je feulais, annonçant le début de l'attaque.

Emergeant de la forêt dans une clairière, je les vis enfin. Les Serpents.

Ils relevèrent leur gueule reptilienne et leurs yeux noirs exprimèrent deux expressions : la surprise et la peur.

Ils étaient penchés sur un corps. Humain.

J'accélérai, furieuse.

Je les atteignis la première, engageant le combat sans plus de forme, jetant l'un des deux Serpents à quelques mètres. Le deuxième réagit en essayant de me mordre, mais je me redressais sur mes pattes arrières, lui envoyant mes griffes dans la mâchoire.

Je me mis au dessus de l'humain, qui respirait encore, gémissant de douleur, en fixant mes yeux dans ceux du Daesnake.

Ce dernier ne remarqua pas Zac qui lui bondit dessus en lui choppant la gorge entre ses crocs.

Le Serpent poussa un sifflement-hurlement de douleur avant que mon Zac ne lui brise la nuque.

Je me tournais vers le second que Sophie, Katy et Harry harcelaient avec brio. Claire, Bree et mon père étaient posté autour de nous, fixant la forêt attentivement, si jamais d'autres arrivaient.

Le combat cessa brusquement, et le silence se fit dans la clairière.

Seul les battement affolés du coeur de la victime se faisant entendre. Je baissais les yeux vers elle.

C'était une jeune femme, que j'avais déjà croisé à mon lycée.

Rapidement, je vérifiais qu'elle n'avait pas été mordu. Non, ils avaient utilisé leurs griffes. Certes, elle perdait du sang, ses yeux me fixaient avec terreur, mais elle allait survivre.

Je léchais sa plaie pour la nettoyer et gronda en direction de mon père.

Ce dernier se détourna de la forêt et vint à ma rencontre.

Du museau je lui indiquai la fille.

À deux, nous la perchèrent sur son dos.

Elle comprit ce que nous comptions faire et nous aida comme elle put, tellement en état de choc qu'elle ne se rebella pas de se voir aider par des monstres tel que nous.

Quand elle put bien accrochée, mon père, s'élança dans la forêt, Zac et Bree sur ses talons.

Sophie me passa devant, et d'un regard, je lui signifiai que je restais en arrière si jamais d'autres arrivaient.

Un à un, les membres de ma famille partirent, aussi rapidement que nous étions venu, n'ayant plus rien à faire ici.

Quand je fus seule, je regardais autour de moi. Les daesnake avaient reprit forme humaine. J'allais les sentir, voir ce qui les différenciaient de nous, quand je sentis des présences autour de moi.

Je me redressais et fixai la lisière.

Quand je vis cinq paires de yeux lupins, je me détendis.

Mais lorsqu'ils émergèrent, je retins un hoquet de surprise.

Ce n'était pas des loups.

Enfin, pas seulement.

Un loup ne m'arriverait pas au museau. Un loup ne serait pas aussi puissant.

Je grondais, m'apprêtant à partir, consciente d'être en danger.

Mais ils se contentaient de me fixer avec méfiance.

Je reculai prudemment, les dents découvertes.

Puis, vivement, je bondis et détallai aussi vite que je le pouvais.

Ce fut quand je fus sure qu'ils ne me suivaient pas, qu'un détail me frappa.

Parmi ces cinq Loups, j'avais reconnu un regard.

Et un parfum.

Un parfum que j'affectionnais, un regard que j'aimais rieur...

Parmi ces cinq loups, je jugerais que l'un d'eux était Dev.

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