Malédiction.

Chapitre 8 : Premières Découvertes et Petites Cachoteries.

Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/07/2009 23:29

Le lendemain, je fus heureuse de constater que la bonne humeur de Zac ne l'avait pas déserté. Le voyage dans sa voiture fut léger, malgré l'angoisse qui le tenaillait. Depuis que je lui avais avoué ma peur, cette dernière s'était envolée. Comme si le simple fait de le dire m'avait permis de l'affronter.

Son regard se voila cependant lorsque nous arrivâmes devant le lycée. Je me penchais automatiquement pour l'embrasser sur la joue. Nos regards se croisèrent, me faisant hésiter. Mais les vieilles habitudes reprirent le dessus et je lui frôlai vivement la joue de mes lèvres, ne prêtant pas attention à son mouvement pour me retenir et m'embrasser d'une toute autre manière. Le soir précédent, j'avais pris soin d'enfiler un pantalon avec mon tee shirt, de sorte à ne plus être troublée, et malgré ma résolution à ne pas me mettre dans des situations intenables, je m'étais éveillée dans ses bras, blotti contre son torse rassurant.

Aussitôt ma porte refermée, je cherchais Dev du regard. Celui ci ne tarda pas à me trouver et nous allâmes rejoindre Alex devant notre salle de classe. Sur le chemin, je vis mon ami regarder Zac par dessus son épaule.

« On dirait que tu gères, commenta t il, un brin moqueur.

  • Ouais. Il évite de me mettre en colère du mieux qu'il peut...

  • Ce n'est pas ce qu'il s'évertuait à faire il y a seulement trois jours ! Ricana Dev, alors que nous arrivions devant Alex. »

Ce dernier haussa un sourcil.

« Qu'y a t il ? Demanda t il en nous dévisageant.

« Boarf, rien... Disons que El a eu un weekend chargé... marmonna Devdan en haussant les épaules.

  • El ? Soupira Alex en me regardant droit dans les yeux. »

Je tentais de résister à la force de son regard mais rien n'y fit, je finis par céder. En rentrant dans la salle, pour me donner contenance, je commençai mon récit.

« J'ai eu une violente dispute avec toute ma famille, vendredi soir. Au sujet des secrets de famille et tout ça... Puis aussi de mes propos lors de mon engueulade avec Zac. J'suis donc aller dormir chez Dev.

  • Quelle nuit ! Soupira Dev avec un sourire provocateur.

  • Ah ? Remarqua Alex sur un ton glacial.

  • Il ne sait rien passé, grondais je en fusillant Dev du regard. Juste un baiser.

  • Juste un baiser ? Reprit mon pâle ami, incrédule.

  • Oui, juste. Puis j'ai passé le samedi avec lui. Ensuite, la nuit de samedi à dimanche, j'ai fait un horrible cauchemar. Et je suis rentrée pour vérifier que rien de grave n'était arrivé à mon oncle.

  • En plein milieu de la nuit ? Souffla t il, abasourdi.

  • Je lui ai bien dit que c'était ridicule mais elle a rien voulu entendre, soupira Dev.

  • Effectivement, Zac n'avait rien, continuai je en m'installant à mon bureau. Mais, au fur et à mesure, y'a eu quelques révélations. (Je mêlai mes doigts, mal à l'aise avec ce demi mensonge. Je n'avais rien trouvé de mieux que ce « fur et à mesure » pour expliquer comment ces révélations avaient eu lieu...) D'une part, Sophie m'a avoué que Zac avait été adopté. »

Je jetai un coup d'oeil à Alex. Ce dernier fronça les sourcils.

« C'était ça, le secret qu'ils devaient à tout prix gardé ? Remarqua t il. Ce n'est pas un peu léger ? »

Je me mordis la lèvre. Ciel, je n'avais pas l'habitude de mentir aussi franchement !

« Ouais. Et, quand on a été que tout les deux, il a ajouté qu'il ne me voyait ni comme une nièce, ni comme une sœur, mais comme une femme. Que depuis que j'étais devenue physiquement adulte, il ne voulait plus seulement me protéger mais... enfin...

  • Il est assez culotté, je dois dire... grogna Alexander en s'enfonçant dans sa chaise. Il a pensé à ce que tu ressentirais, toi, à l'annonce de son adoption ?

  • Oui. Il le respecte dans la limite de ses capacités...

  • Qui n'ont pas l'air bien étendu, pouffa Dev. Dès le lendemain, hop ! Des avances !

  • Il n'a tout de même rien tenté d'outrancier ? S'exclama Alex, faisant dévier le regard des autres élèves sur notre trio.

  • J'ai tout fait pour que rien n'arrive. Mais ça me trouble...

  • Normal, me diras tu, compatit il de mauvaise grâce. Ton oncle est fort bel homme, et d'après ce que tu nous a raconté de ton lien avec lui, tu ne savais pas trop où situer votre relation. Mais... Ton père et ta grand mère, quand pensent ils ?

  • Ils étaient au courant de l'affection qu'il avait pour moi. Qu'il a, me repris je en fronçant les sourcils. Connaissant Sophie, elle approuve. Et mon père... Je ne sais pas. Il est plus « normal » que les autres sur ce point là. Mais il connait Zac, et il dit souvent que c'est un « bon gars », qu'il mérite la « meilleure des filles » et, comme le disent Harry, Zac et mes tantes, pour mon père, je suis dans le top trois des meilleures...

  • Et il n'y a que toi qui trouve cela immoral, dans cette famille ? Ronchonna t il en se redressant. Ils seraient donc prêt à te persuader que c'est mieux pour toi de te marier avec un type dont tu étais persuadé qu'il était ton oncle durant toute ces années ? Ils ne s'imaginent même pas que tu puisses trouver le bonheur en dehors de votre petit cercle fermé ? »

Je fermai les yeux devant sa remarque perspicace. Effectivement, qui mieux qu'un Dae pourrait rendre heureux un Dae ? Le fiasco de la relation entre mon père et ma mère était la preuve que les humains ne comprenaient pas vraiment notre nature. Au yeux de ma famille, du moins. Aux miens...

« Je pense que tu as raison, Alex, répondis je rouvrant les yeux. Ils ne peuvent pas imaginer que je puisse être heureuse avec quelqu'un qui n'est pas de leur milieu.

  • C'est …

  • Malsain, termina Dev.

  • C'est plus qu'ils craignent que je ne m'embarque dans une histoire où ils n'auraient aucun contrôle, rectifiai je avec une grimace. Ça a toujours était ainsi.

  • Tu ne comptes tout de même pas les laisser diriger ta vie jusqu'à la fin ? S'étonna Alex. »

Je baissai la tête. Si seulement, ils savaient tout...

« Je compte vivre comme je l'entends dans la limite de mes capacités. Que je les comprenne est une chose, que je l'approuve en est une autre. »

Alex hocha le menton, satisfait de ma réponse. Je sortis mes cours tout en repensant à la perspicacité de mon fascinant camarade. Effectivement, c'était un secret pas bien lourd, pour tant de mystère. Il semblait comprendre mieux que quiconque la situation dans laquelle je me trouvais, et il en était autant révolté que moi. Tandis que Dev semblait l'accepter comme si c'était logique. Après tout, pour lui, j'étais belle. Je relevai les yeux vers Alex. Et pour lui aussi, j'étais belle ? Je repensais à la jeune femme que j'avais rencontré le jour de mon arrivée, Tess. Elle était fascinante, magnifique. Alex devait être habitué aux filles juste belle.

Un détail, néanmoins, ressurgit dans ma mémoire.

Les caractéristiques des Dae. L'attirance.

Je n'avais jamais observé ma famille dans un milieu normal, avec des gens normaux. Je pensais à chaque membre, cherchant ce que mon cerveau n'avait pas observé assez attentivement.

Puis, comprenant que, puisque nous avions le même sang, je ne pouvais voir cette « attirance » je me mis à la place de Claire. Le regard qu'elle posait Harry était un regard amoureux, certes, mais maintenant que j'y repensai, il y avait plus. Lorsque Zac souriait, lorsque mon père riait, elle ne pouvait s'empêcher de les regarder, clignant des yeux comme si la salle était trop éclairé. Je rougis en pensant que, lorsque moi je regardais Zac, je sentais aussi cette attirance. Ce devait être à cause de cette caractéristique que j'étais autant troublée en sa présence. Trouble que j'avais jusque là mis en second plan en croyant qu'il était mon oncle.

Alex croisa mes yeux juste au moment où mes joues rosissaient. Il haussa un sourcil en cherchant à pénétrer mon regard comme s'il cherchait à découvrir la raison de ma gêne soudaine.

Depuis le premier jours, j'avais été toujours éblouit par sa beauté. Elle m'attirait, me faisait perdre la tête.

Je pris une grande inspiration.

Et hoqueta.

Que...?

« El, ça va ? S'inquiéta mon voisin de devant. »

Je ne l'entendais pas, concentré sur ce qu'il venait de se produire. Ma vision se brouilla, les sons ne parvenait plus jusqu'à mon cerveau.

J'étais seulement préoccupé par mon odorat.

J'inspirais une nouvelle fois.

Un odeur de miel et de lavande me chatouilla les narines.

Encore une fois.

La peau d'Alex. C'était son odeur.

Encore une fois.

Il avait passé son weekend sous le soleil, je le savais à son odeur.

Vivement, je me tournais vers Dev et inspirait profondément à nouveau.

Il avait une odeur animale, sauvage. Lui aussi, sentait le soleil. Et le shampoing à la menthe. Il croisa mes yeux écarquillés par la surprise.

Brusquement, toutes les odeurs de la pièce me parvinrent, me faisant suffoquer.

L'odeur du gel douche à la rose de la fille à l'autre bout de la salle à celle de l'assouplissant qu'utilisait la mère de ce garçon, là bas, près de la fenêtre.

Mais aussi celle du sandwich jambon beurre emmental dans le sac du professeur qui venait de rentrer, mélangé à celle du café qu'il venait juste de boire.

Et, plus étonnant encore, l'odeur particulière de chacun dans cette salle.

Ce pot pourris de senteurs me monta aussitôt à la tête, et j'en eus le vertige.

La voix de Dev me sortit de mon état.

« El... El ? El !! »

Je me tournais vers lui.

Son regard inquiet s'accordait à son odeur qui s'était légèrement modifié lorsque cette émotion l'avait pris.

« Tu vas bien ? »

J'hochais la tête, lentement, pour éviter de trop remuer l'air autour de moi. La main d'Alex se posa sur mon bras.

« Tu es sure ? Tu es très pâle, tout à coup...

  • Rien... J'ai rien, ne vous en faites pas... »

Je fermais les yeux et me remit correctement à ma place. Ma transformation avait commencé. La peur qui m'avait quitté revint. Encore plus forte, plus paralysante. Mes mains se serrèrent compulsivement, ma gorge se fit sèche. J'inspirais profondément. Toutes les odeurs de cette pièce... Je les sentais toutes. Et je parvenais à les dissocier, à les reconnaître, à savoir d'où elles provenaient. J'aurais pu reconnaître, rien qu'à l'odeur, chaque personne de cette pièce.

Celle de mes deux amis étaient plus singulière. Je rouvris les yeux. Mon vertige avait disparut. Je commençais à m'habituer.

Respire, El.

Ne lutte pas.

« Mademoiselle Danvers ? Fit la voix de mon professeur. »

Je levai immédiatement les yeux vers ce vieil homme au crâne dégarni. Il fronça ses sourcils broussailleux en me dévisageant.

« Vous vous sentez mal ?

  • Non, monsieur, répondis je aussitôt.

  • Ah... Bien. »

Et il reprit son cours.

Tiens, le cours avait débuté ?

Je sortis un stylo et, faisant fis des regards de mes deux amis, me mis au travail...

 

 

 

L'heure du déjeuner sonna. Durant toute la matinée, j'étais restée muette, me concentrant essentiellement sur mon odorat, de sorte à ne plus ressentir de vertige. Je sentais l'inquiétude de Dev, mais rien de la part d'Alex. Comme si son odeur s'en tenait au miel, à la lavande et au soleil, en plus d'une fragrance que je ne parvenais à nommer. Pourtant, je ressentais son humeur.

Brusquement, mon cerveau ne se concentra plus que sur une seule odeur. Je tournais mes yeux vers sa provenance.

Il s'agissait de celle de la viande.

Mon ventre voulait cette viande, mes dents voulait la croquer. Mon cerveau embrumé me dictait d'en prendre.

« Pas de viande... »

La voix fantôme de Sophie me fit sursauter. La transformation pouvait être précoce si... Je fronçais les sourcils. Et pourquoi devrais je fuir ce que je suis ?

Je demandai un steak saignant à la cuisinière, presque avec fureur.

Saignant ? Je l'aimais presque en semelle, avant. Le regard de Dev se posa sur ma nuque, tandis que j'hésitais au milieu de la cantine, fixant mon plateau, la viande que j'avais pris.

Dev me bouscula doucement. Je secouais la tête et allai m'asseoir à notre table.

Le début du repas se fit dans le silence. J'hésitai à croquer dans ma pizza, mon regard plus attiré par les morceau de jambon de celle ci que par la quantité astronomique de fromage fondu qui, avant, était ce que je préférais.

« Tu n'as pas faim ? Me demanda Alex, qui, comme à son habitude, ne touchait pratiquement pas à son plateau. »

Je secouai le menton et mordit dans la part que je tenais entre mes doigts.

Dès que le morceau entra en contact avec ma langue et mon palais, je fermais les yeux pour cacher ma surprise.

J'aurais pourtant du m'y attendre. L'odorat faisait de pair avec le goût. Je mâchai précautionneusement m'attardant sur chacune des saveurs.

Je finis la pizza rapidement, m'adaptant encore plus rapidement à cette nouveauté qu'à la précédente. Puis, presque avec impatience, je coupai un morceau du steak. Quel goût avait il, maintenant que mes sens s'était développés ?

Ce fut encore plus fascinant que pour la pizza. Je soupirais comme si c'était la première fois que je mangeai un steak. Pauvre humain qui ratait tant de délice ! Même si je me doutais que la nourriture du self n'était pas de la grande cuisine, c'était mon premier repas en tant que Dae, et il était tout bonnement exceptionnel. Je savourais chaque bouchée que je prenais, même celles que je piquais dans le gratin de pomme de terre. Je pouvais presque savoir ce que la vache avait mangé peu avant d'être amené à l'abattoir, les éléments qui constituaient la terre dans laquelle la pomme de terre avait poussé.

Je savais que mes deux amis me dévisageaient, et se demandaient même si je n'avais pas un problème, mais d'ordre psychologique, cette fois.

Je me secouai mentalement.

« Je crois que j'avais faim, en fait... souris je pâlement, me détachant de ma fascination pour mes nouveaux sens.

  • Je vois ça... ricana Dev, soudainement soulagé. Tu n'as jamais mangé avec autant d'apétit !

  • Ah ? Parce que tu m'observes quand je mange ? Répliquais je avant de prendre une nouvelle bouchée qui faillit me faire replongé dans mon émerveillement.

  • Je t'observe chaque minutes, minauda t il faussement, en battant des cils. »

Je grognais en faisant une grimace de découragement. Il ria doucement. Je me tournais vers Alex.

« Alors, ton weekend était bien ?

  • Le soleil était le bienvenue.

  • C'est dommage que tu ais cette habitude familiale... soupirais je. On s'est bien amusé.

  • Il a du aussi s'amuser à sa façon, grommela Dev. »

Aussitôt, je sentis l'agressivité sortir de chacun de ses pores. Jamais encore je n'avais remarqué qu'il détestait autant Alexander. Ce dernier répondit d'un regard froid.

« J'aurais sans doute préféré ne pas être parti, articula t il. Rien que pour éviter que tu ne profites de la faiblesse de El...

  • Sa faiblesse ! S'exclama Dev. El était consentante, je te signale !

  • Elle aurait refusé si elle n'avait pas été bouleversé par sa dispute avec sa famille, répliqua Alex, en me dévisageant.

  • Il te semble anormal qu'elle puisse être attirée par moi ?

  • Il me semble anormal que tu attires qui que ce soit...

  • Et c'est le monstre cadavérique qui parle !! »

Je toussotais de gêne. Ils se turent et me regardèrent. Alex était impassible et Dev... furieux. En inspirant, je sentis qu'en plus de sa colère, il semblait gêné. Par quoi ?

« Les gars... (Je levai ma fourchette.) Ne faites pas comme si j'étais invisible. Et puis, c'est ridicule ! Ce n'est qu'un baiser !

  • Ton premier, commenta Alex avec une grimace.

  • Et alors ?

  • Alors ? Tu l'as donné à Dev !

  • Tu aurais préféré que je t'embrasse toi ? Répliquais je en le fusillant du regard.

  • Ne parles pas de ça, marmonna Devdan. Je vais faire des cauchemars...

  • J'aurais préféré que tu n'embrasses qu'une personne que tu aimes vraiment... répondit Alex.

  • Mais j'aime vraiment Dev ! Comme un ami, certes, mais je l'aime beaucoup !

  • Et alors ? Tu embrasserais tout tes amis, toi ? »

Je demeurais figé sur ma chaise. Brusquement, je me levai en prenant mon plateau avec moi.

J'étais en colère.

Je ne savais même pas pourquoi. Mais la réaction d'Alex était si démesurée !

Ils me rattrapèrent dehors.

« Où vas tu ? Me demanda Dev. »

Je l'ignorais et continua à marcher. Alex me retint par le coude, me faisant brutalement pivoter vers lui.

La fine pluie qui tombait ce jour là accentuait son odeur envoûtante. Je grinçais des dents pour ignorer ce détail.

« Je vais là où vous ne serez pas.

  • Et pourquoi ?

  • J'en ai marre de vos disputes ! Celle là est encore plus illogique que les autres ! M'écriai je avec fureur. Tant que je n'étais pas le sujet, ça passait, mais là !!

  • Tu es mon amie, il est normal que je me sentes obligé de te dire ce que je penses !

  • Tu ne dis pas simplement les choses, tu les rejettes d'un bloc ! Oui, j'ai embrassé Dev ! Oui, j'ai adoré ça ! Mais nous en avons tout deux conclu que ça faisait bizarre ! Et, si ça se trouve, plus jamais nous ne recommencerons !

  • Ah bon ? Demanda Devdan qui s'était mis à l'écart.

  • Toi, n'en rajoute pas ! Fis je en me tournant vers lui. Tu le provoques toujours, cherche continuellement la bagarre ! Merde, je ne suis pas un jouet ! »

Alex me lâcha. Je haletais de colère. Puis je gémis en me prenant la tête entre les mains.

« Désolée... murmurais je. Je... »

Je leur tournais le dos pour allez m'asseoir sur un banc trempé. Ils me suivirent en silence. Dire qu'il y a un mois, j'étais toujours calme et blasée... Là, je devenais hystérique pour une simple dispute entre mes deux amis, et ce, en ayant l'habitude de leur différent ! Je levai les yeux vers Alex.

« Désolée. Je suis un peu sur les nerfs. J'ai... Je ne voulais pas vous hurler dessus.

  • Ce n'est rien... marmonna Dev. On a jamais pensé que notre... animosité vis à vis de l'autre pouvait te taper sur le système.

  • Et ton imbécillité, tu ne penses pas qu'elle l'énerve aussi ? »

Je vis Dev se crisper mais il se contint après un regard vers moi. Je pris la main d'Alex entre les miennes, l'obligeant à me regarder.

« S'il te plait... Juste pour quelques temps, évite. Tu es bien plus capable que Dev de te contenir. J'en ai besoin. Je ne veux plus me disputer avec vous. Pas en ce moment... »

Il s'accroupit devant moi, serra mes doigts contre sa paume. Je devais être tellement pitoyable qu'il acquiesça sèchement.

Dev s'assit à mon côté et m'entoura les épaules de son bras.

Du coin de l'oeil, je vis Alex se raidir. Mais j'avais besoin de la chaleur de mon ami et m'y blottit confortablement. On resta là, sans bouger, une bonne dizaine de minutes. Puis je toussotai avec gêne et me dégagea. Et de l'étreinte de Dev, et ma main de celle d'Alex. Ce dernier poussa un soupir. Je me relevais, tremblante. Je n'aimais vraiment pas ces exces de colère. Apparemment, ils feraient partie de moi jusqu'à la fin de ma vie. Et merde.

Je regardais mes deux amis, mettant tout l'amour que je ressentais pour eux dans ce regard. Je voulais qu'ils sachent qu'ils comptaient pour moi.

« On devrait aller en cours, grommela Alex, en détournant les yeux, mal à l'aise.

  • Ouais, t'as raison, renchérit, pour la seconde fois de la journée, Devdan.

  • Encore désolée, les gars...

  • Ce n'est rien, me coupa mon pâle et magnifique ami. On devrait te ménager un peu, de temps en temps. On avait pas penser que ça t'énerverais. Tu es toujours si zen qu'on en oublie, avec toi, que nos disputes sont ridicules. Pas sans fondement, mais profondément ridicule. On devrait plus profiter de toi au lieu de nous disputer.

  • Alex à raison, approuva Dev. Ce genre de dispute, on peut les garder pour quand tu n'es pas là. Ne pas te mêler à nos anciennes querelle. Tu n'y es pour rien, et c'est toi qui en pâti le plus.

  • Et qui sait combien tu n'as pas besoin de ça en ce moment. »

Je leur souris, reconnaissante.

On se dirigea lentement vers notre salle de cours. Je n'avais pas remarquée qu'on était resté aussi longtemps sur le banc. Mes deux amis ne disaient plus rien, se contentant de me regarder comme si j'allais de nouveau pleurer.

Mais je me sentais mieux. Beaucoup mieux.

Oui, ils valaient la peine que je gagne contre le monstre que j'allais devenir. Que je lutte contre la mort, même si c'était vain.

Ils valaient tout ça, et même plus, si j'écoutais ce que me disait mon coeur.

 

 

 

En partant du lycée, ce soir là, je ne savais pas si parler de mon odorat et de mon goût développés était une bonne idée. Zac m'avait prévenue durant l'interclasse d'avant la dernière heure de cours qu'il ne pouvait venir me chercher.

J'en avais eu pour une demi heure de marche.

Mais je sentais déjà mes muscles s'améliorer, devenir plus endurant et plus fort.

Cela, au moins, se faisait progressivement, et j'en étais moins déstabilisée.

J'avais mis mon Ipod à fond, avec une musique rock un peu vieillotte. Nous n'avions pas encore eu notre ligne internet, et je me languissais de télécharger les dernières musiques (Je sais, le téléchargement tue l'artiste. Mais il faut avouer que le prix du CD est vraiment trop élevé. Sans parler que sur les téléchargement légaux, on a pas forcément tout ce que l'on veut...)

Heureusement pour moi, il ne plut pas le temps de ma marche. Ça aurait vraiment était con de se faire engueuler pas Sophie et pour mon retard et pour les traces de pas détrempés sur ses précieux tapis.

M'enfin, cette marche forcée me permit de conclure que je pouvais omettre de parler de ces petits changement.

Je me doutais que Zac me questionnerait sur ma journée pour savoir si j'avais eu des problèmes par rapport à ma nouvelle condition. Un mensonge de plus ou de moins n'allait pas aggraver ma situation. Surtout qu'ils ne pouvaient rien y faire.

J'arrivais devant la porte avec cette conviction : les inquiéter plus qui ne l'était déjà ne m'aiderait pas.

J'entrais sans un bruit, pour ne gêner personne.

Mes pas me menèrent dans le bureau de mon grand père. Il lisait un livre dans son fauteuil.

Je savais qu'il m'avait entendu arriver, tout comme j'avais entendu sa respiration de l'autre bout du couloir.

Attendez.

Entendu sa respiration ? De l'autre bout du couloir ?

Je me figeai.

Me calmer. Il fallait que je me calme. Sinon, il le sentirait.

Je pris une grande inspiration. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être aussi rapide !!

Je tournais les talons et courut vers ma chambre, me rendant compte que ma vitesse avait déjà considérablement augmenté.

Personne ne devait le remarquer. Aucun d'eux. Et pour cela, il fallait que je les évites, sinon, ils sentiraient ma panique.

Ces découvertes étaient trop flippantes, et je n'ai jamais été doué pour les petites cachoteries...

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