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Chapitre 5 : Chapitre Cinquième : Rencontres

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:05

 

Chapitre Cinquième : Rencontres

 

 

-        Es-tu prête à partir ? demanda Edward à Bella le lendemain matin.

Elle était ravissante dans son pull bleu marin et son jean moulant, mais il se demandait si quelque chose n’allait pas. Elle avait à peine parlé durant le petit déjeuner et semblait distante, voire préoccupée.

Elle jeta un coup d’œil vers les enfants encore assis dans leurs chaises hautes.

-        Allez-y, Bella. Je m’occupe de tout, assura Esmé. Cela vous distraira. D’ailleurs, vous devriez profiter de cette belle journée.

-        Entendu. Il faut juste que j’aille chercher mon manteau, murmura-t-elle.

Elle grimpa les marches en courant pendant qu’Edward gagnait l’entrée. Il mit son holster et sortit son revolver du tiroir, puis se hâta d’enfiler un pardessus.

Il ne voulait pas effrayer Bella en lui montrant qu’il était armé, mais il ne voulait pas davantage sortir sans son revolver. Bien qu’il ne s’attende pas à une attaque, il tenait à être prêt le cas échéant.

Comme elle descendait les marches, il ne put s’empêcher d’éprouver un frisson d’excitation. Il se réjouissait à la perspective de passer quelques heures avec elle, sans les garçons et sans sa mère.

Bella l’intriguait.

Il ne savait que penser d’elle. Était-elle réellement la femme qu’elle semblait être, une femme adorable qui avait cédé à un accès de passion le soir où ils s’étaient rencontrés, une mère aimante venue rendre visite à une amie, ou une manipulatrice sans scrupule, comme tant d’autres femmes qui avaient traversé sa vie ?

-        Prête, annonça-t-elle en atteignant le palier.

Il avait déjà demandé à Sam d’amener la voiture devant la maison. Il sortit, balayant les environs du regard. Pendant que Sam descendait du véhicule, Edward ouvrit la portière passager à Bella, puis rejoignit son employé.

-        Merci, Sam.

-        De rien. Ouvrez l’œil en ville.

Edward acquiesça.

-        Je suis sûr que tout ira bien. Surveillez la maison en mon absence, voulez-vous ? Et dites à Emmett que je lui donne un mois de salaire, mais qu’il est renvoyé. Je l’avais averti concernant son penchant pour l’alcool. Il est évident qu’il ne m’a pas écouté.

Sam demeura impassible.

-        Entendu, patron.

Quelques instants plus tard, ils roulaient sur la route principale.

Edward jeta un coup d’œil à Bella.

-        Tu n’es guère bavarde ce matin, observa-t-il.

Elle se détourna, faisant mine d’observer le paysage.

-        J’ai été debout une bonne partie de la nuit. Les enfants ont mal dormi.

Elle marqua une pause, puis reprit :

-        Tu sais, élever des enfants n’est pas toujours une partie de plaisir. Ils peuvent être difficiles. Parfois, ils pleurent sans qu’on comprenne pourquoi.

Il fronça les sourcils, se demandant où elle voulait en venir.

-        Je sais qu’il n’est pas toujours facile d’être parent, répondit-il.

-        Comment le saurais-tu ? rétorqua-t-elle en se tournant vers lui. Tu ne les connais que depuis un jour et demi !

Elle était pâle, et sa lèvre inférieure tremblait légèrement.

-        Il faudrait être imbécile pour s’imaginer le contraire, dit-il calmement.

Une fois de plus, elle reporta son attention sur la vitre.

Une étrange tension semblait émaner d’elle. Quelque chose l’avait troublée et il n’arrivait pas à comprendre quoi. Était-elle tout simplement une de ces femmes lunatiques, prêtes à s’en prendre au monde entier sans raison ? Peut-être était-ce là une facette négative de son caractère dont il aurait été conscient s’ils étaient sortis ensemble ?

-        Tu as assez chaud ? demanda-t-il, désireux de changer de sujet.

-        Oui, merci.

Elle se tourna de nouveau, et il sentit son regard sur lui. Au bout de quelques minutes de silence, elle poussa un long soupir.

-        Il est évident que tu es habitué à obtenir ce que tu veux dans la vie.

-        Je n’ai pas à me plaindre, répondit-il prudemment.

Ils étaient arrivés en ville. Il se gara non loin du centre, détacha sa ceinture et pivota pour lui faire face.

-        Bella, je sais que quelque chose te tracasse. Si tu me disais de quoi il s’agit ?

Elle le dévisagea sans répondre, les yeux pleins d’anxiété. D’une main tremblante, elle repoussa une mèche brune derrière son oreille.

-        Tu me fais peur, Edward. Ton pouvoir et ton argent m’effraient.

Il ne put dissimuler sa surprise.

-        D’habitude, les femmes trouvent le pouvoir et l’argent excitants, voire enivrants, commenta-t-il.

-        Pas moi, rétorqua-t-elle. Peut-être les femmes dont tu parles n’ont-elles rien à perdre. Moi, si.

Sa voix s’altéra.

-        Il faut que je sache si tu veux me prendre les enfants.

-        Qu’est-ce qui te fait penser que je ferais une chose pareille ?

-        Tu en as le pouvoir, répondit-elle, une lueur de colère dans les yeux. Tu leur as acheté des chaises hautes, des berceaux et je ne sais quoi encore ! Et n’essaie pas de me dire que tu l’as fait seulement pour que ma visite soit plus agréable !

-        Je n’ai aucune intention de te les enlever.

Un instant, leurs regards s’affrontèrent. Il vit la bataille qui se livrait en elle, devina qu’elle essayait de juger si oui ou non elle pouvait avoir confiance en lui.

-        Bella, je ne vais pas te mentir. Je voudrais que ces enfants vivent au ranch. Qu’ils y grandissent. Je n’ai aucune envie d’être un père à mi-temps. Je veux leur apprendre à aimer la terre et à faire partie de Cullen & Cie, qui leur appartiendra un jour.

Elle étrécit les yeux et se raidit, comme prête à passer à l’offensive.

-        J’ai une proposition à te faire, se hâta-t-il d’ajouter. Elle te permettrait de garder les enfants et m’offrirait aussi ce que je veux.

-        De quoi s’agit-il ? demanda-t-elle, méfiante.

-        Il y a une maison de gardien non loin du bâtiment principal. Elle contient deux chambres et il y a tout le confort. J’aimerais que tu envisages de t’y installer avec les enfants.

-        C’est impossible, dit-elle aussitôt. Ma vie est à Chicago.

Il arqua un sourcil.

-        D’après ce que tu m’as dit, elle semble plutôt solitaire.

-        Peut-être, rétorqua-t-elle fermement, mais c’est la mienne, pas la tienne.

Edward réprima un soupir de frustration. Elle avait admis qu’elle était têtue et, à cet instant, son obstination était visible dans la manière dont elle redressait le menton, dans ses yeux étincelants.

-        Écoute, j’aimerais simplement que tu considères mon offre. Ce serait fantastique pour les enfants d’avoir leur père et leur mère dans leur vie. Réfléchis, c’est tout ce que je te demande.

Une fois de plus, ses magnifiques yeux chocolat le dévisagèrent.

-        Et tu me promets que tu n’essaieras pas de me prendre les enfants ? Tu ne te serviras pas de ta fortune pour tenter d’obtenir leur garde ?

-        Je te le promets.

-        Comment puis-je être sûre que tu dis la vérité ?

Il ouvrit la portière.

-        J’imagine que tu vas devoir me faire confiance, tout comme je te fais confiance concernant cette femme mystérieuse qui t’a amenée chez moi. Maintenant, allons faire quelques courses. Laisse-moi te montrer les charmes de Springfield.

À vrai dire, il n’avait pas même envisagé de chercher à obtenir la garde des jumeaux par des moyens légaux. C’étaient des êtres vivants, pas une société qu’il pouvait vendre ou acheter.

D’ailleurs, il savait combien il était important pour les enfants d’avoir une mère. Il avait une relation extraordinaire avec la sienne et n’aurait jamais voulu priver ses propres enfants d’un bonheur similaire.

Il plongea son regard dans le sien, espérant qu’elle pourrait mettre ses craintes de côté, au moins durant leur sortie.

À son grand soulagement, un sourire hésitant se dessina sur ses lèvres.

-        J’aimerais choisir un cadeau pour ta mère ce matin, dit-elle en descendant du véhicule.

-        Ce n’est pas nécessaire, protesta-t-il, sachant qu’elle avait des moyens limités.

-        J’y tiens, répondit-elle en redressant le menton. J’ai remarqué qu’elle aime le parfum à la rose, et j’avais pensé à lui offrir du savon ou une lotion.

Edward ne put s’empêcher d’être surpris et touché par son attention.

-        Eh bien, je suis sûr que nous allons trouver. J’ai moi-même quelques achats à faire.

Il s’effaça pour la laisser entrer dans un magasin.

-        Oh, s’écria Bella d’un air émerveillé. J’ai l’impression qu’on peut trouver tout ce qu’on veut ici !

Le magasin était une véritable caverne d’Ali Baba. Les rayonnages allaient du sol au plafond, pleins d’objets hétéroclites disposés au petit bonheur la chance. Les bougies côtoyaient les couches jetables, et les pots de beurre de cacahuète étaient rangés à côté des céréales.

-        Encore faut-il bien chercher, répondit Edward avec humour. Eleazar a un système de rangement bien à lui.

-        C’est ce que je vois, mais les courses n’en sont que plus intéressantes !

Il la suivit du regard tandis qu’elle s’approchait d’une étagère, se demandant ce qui l’attirait tant chez elle.

Certes, elle était jolie, mais sa beauté n’était pas à couper le souffle. Pourtant, il se souvenait intimement des courbes de son corps. Elle possédait aussi une sorte d’aura, un mélange de force et de fragilité.

Bien sûr, il fallait qu’elle soit forte pour élever les enfants toute seule.

Pourtant, par moments, il apercevait dans ses yeux une tristesse, un désir diffus qui, il le sentait, n’avait rien à voir avec l’argent ou le mode de vie qu’il pouvait lui offrir.

Un chandail brun chocolat, songea-t-il soudain. Voilà ce qu’il lui fallait. Un pull de la même couleur que ses yeux. À vrai dire, il était tenté de lui faire plusieurs cadeaux, mais il ne savait pas si elle en serait contente ou fâchée.

Il mourrait d’envie de lui offrir un peignoir pour remplacer celui qu’il avait vu la veille. Une voiture neuve à la place de l’épave qu’elle avait conduite jusque chez lui.

Mais il devinait chez elle une fierté farouche, qui s’accommoderait mal de tels présents.

Par certains côtés, il ne l’en admirait que davantage, même si ce trait de caractère risquait fort de lui mettre des bâtons dans les roues.

Certes, il n’aurait pas eu d’objection à partager une autre nuit de plaisir avec elle, mais il savait qu’il ne voulait pas l’épouser, ni même avoir une liaison durable avec elle.

Il lui fallait seulement la convaincre qu’il était dans l’intérêt de tous qu’elle s’installe dans le cottage. C’était son vœu le plus cher.

Il ne reculerait devant rien pour le voir se réaliser.

 

 

Malgré l’anxiété qu’elle ressentait depuis le moment où elle avait ouvert les yeux ce matin-là, Bella appréciait cette sortie avec Edward. La conversation qu’ils avaient eue dans le pick-up avait apaisé certaines de ses craintes. Il avait promis de ne pas essayer d’obtenir la garde des jumeaux. Elle ne pouvait qu’espérer qu’il tienne parole.

Pour l’instant, elle se refusait à penser sérieusement à la proposition qu’il lui avait faite de s’installer dans sa propriété. Elle y réfléchirait peut-être plus tard, mais elle ne voulait pas gâcher le moment présent.

Ils flânèrent dans plusieurs magasins, et Bella ne tarda pas à trouver exactement ce qu’elle cherchait : de la lotion et des savonnettes parfumées à la rose pour Esmé.

Springfield était une ville qui, d’après Edward, attirait une foule de touristes chaque été.

-        Tu vois ce bâtiment là-bas ? demanda-t-il en désignant un édifice en brique. C’est l’hôtel Cullen. Je l’ai acheté il y a six mois et il est actuellement en train d’être restauré de fond en comble. Quand le gros œuvre sera terminé, j’aurais besoin d’un décorateur d’intérieur. Si tu vivais ici, je t’engagerais.

-        Hmm. Curieusement, cette offre ne me paraît pas tout à fait désintéressée, répondit-elle d’un ton léger.

Il sourit.

-        Peut-être. Mais il faudra bien que j’emploie quelqu’un. Autant que ce soit toi.

-        Tu ne sais même pas si je fais bien mon travail !

-        J’ai le sentiment que tu fais très bien tout ce que tu entreprends, répondit-il.

Ils continuèrent à se promener, Edward lui signalant les attractions ici et là. Finalement, il suggéra qu’ils prennent un café avant de rentrer au ranch et Bella accepta. Bien qu’impatiente de retrouver ses enfants, elle n’avait pas envie que cette escapade prenne fin.

Edward avait été charmant, révélant un sens de l’humour qu’elle n’avait pas vu jusque-là. Et il l’avait traitée comme si elle était la personne la plus importante sur Terre.

Il l’avait aussi présentée aux gens qui les avaient salués. Il était évident que ses amis et voisins avaient du respect et de l’admiration pour lui.

On les conduisit à une petite table au fond de la salle et la serveuse vint prendre leur commande.

-        Je croyais que tu avais des courses à faire, fit-elle observer lorsqu’ils furent servis.

-        Je les ai faites.

-        Tu n’as pas de paquets ! s’étonna-t-elle en tendant la main vers le sucre.

-        Je fais toujours livrer mes achats.

-        J’imagine que c’est un des avantages quand on est fortuné, commenta-t-elle.

Il sourit, et le cœur de Bella manqua un battement.

-        Je ne vais pas mentir, répondit-il. Naturellement, l’argent offre certains avantages. Par exemple, je n’ai pas à m’inquiéter de savoir comment je vais régler mon loyer. Tu aurais le même luxe si tu t’installais dans la petite maison.

-        C’est faux. Je ne m’attendrais pas à vivre là gratuitement. Je ne veux avoir de dettes envers personne, Edward.

Elle entoura la tasse de ses mains, songeuse. C’était une chose d’être indépendante, mais c’en était une tout autre de faire souffrir ses enfants en s’obstinant à l’être.

-        Il y a deux choses que je voudrais te demander, murmura-t-elle après un instant d’hésitation.

-        Lesquelles ?

De près, elle voyait que ses yeux étaient vert émeraude, presque hypnotisant. Une femme pouvait se perdre dans ce regard. S’y noyer.

-        Je n’ai pas eu les moyens de souscrire une assurance santé, avoua-t-elle. Si tu pouvais les faire ajouter à ta police, ce serait gentil.

-        Pas de problème, répondit-il aussitôt.

-        La deuxième chose, c’est que tu pourrais peut-être m’aider à financer leurs études. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’université, mais j’aimerais qu’ils aient cette opportunité.

-        Bien sûr. Ne t’inquiète pas pour ça. Je veux qu’ils fassent des études. Qu’est-ce qui t’a empêchée d’en faire ?

-        Il y avait plusieurs raisons. Financièrement, c’était impossible, mais même si j’avais eu une bourse, je n’aurais pas pu partir.

Elle marqua une pause et but une gorgée de café avant de poursuivre.

-        Quand j’étais au collège, le diabète de ma mère s’est beaucoup aggravé. Elle a perdu presque entièrement la vue et on a dû l’amputer d’une jambe. Il était hors de question que je m’en aille. Elle n’avait personne pour s’occuper d’elle.

-        Tu t’es sacrifiée pour elle, fit-il observer.

Bella sourit.

-        Je n’ai jamais vu les choses sous cet angle. Pour moi, c’était un privilège que de prendre soin de celle qui avait toujours pris soin de moi.

Il la dévisagea, une lueur d’admiration dans les yeux.

-        Sais-tu pourquoi j’ai rompu avec la femme que je fréquentais il y a un an ? Elle voulait placer ma mère dans une maison de retraite.

Bella parut atterrée.

-        Quelle idée ! Ta mère n’a rien à faire dans un endroit pareil.

-        C’est exactement ce que je pense. Inutile de te dire que ma mère n’a pas été peinée quand j’ai rompu avec Tanya. Quand as-tu commencé à t’intéresser à la décoration d’intérieur ?

Bella lui raconta qu’elle avait trouvé un emploi dans un magasin de meubles et qu’elle s’était rapidement passionnée pour l’aménagement des pièces et du décor.

Tout en parlant, elle ne put s’empêcher de penser aux baisers d’Edward, à la délicieuse sensation de bien-être qu’elle avait éprouvée entre ses bras.

-        Nous devrions peut-être rentrer, dit-elle enfin, cherchant à refouler ses souvenirs. Nous sommes partis depuis plus de deux heures et je ne voudrais pas abuser de la gentillesse de ta mère.

-        D’accord, dit-il. Mais tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. Elle ne verrait aucun inconvénient à ce que nous soyons absents toute la journée. Elle adore les jumeaux.

Bella sourit.

-        Je ne peux pas te dire combien c’est merveilleux de savoir que les enfants ont un père tel que toi et une grand-mère comme Esmé. Je suis parfaitement consciente du fait qu’Anthony le sauveur aurait très bien pu ne pas s’intéresser du tout à eux.

Il parut contrit.

-        Je veux que tu saches que c’était la première et l’unique fois où j’ai menti sur mon nom, dit-il en faisant signe à la serveuse d’apporter l’addition. À vrai dire, je crois que, ce soir-là, je voulais être Anthony un homme comme un autre plutôt qu’Edward Cullen.

Midi approchait et le café s’était rempli. Comme ils se dirigeaient vers la porte, Bella remarqua que plusieurs clients les regardaient avec curiosité.

Ils étaient sur le point de sortir quand une jolie blonde élancée s’engouffra à l’intérieur.

-        Edward ! s’écria-t-elle d’un ton ravi.

Puis elle vit Bella et son sourire s’effaça.

-        Tanya, je te présente Bella Swan, une amie de Chicago. Bella, voici Tanya Denali.

-        Enchantée, fit Tanya à Bella avant de reporter son attention sur Edward. J’allais faire un saut chez toi ce soir. J’ai confectionné ce nougat que tu aimes tant et j’allais te l’apporter.

-        Merci, mais ce n’est pas la peine, protesta Edward poliment.

-        Oh, mais j’en ai envie. Seras-tu chez toi ?

-        Nous serons à la maison, mais c’est la veille de Noël. Un autre jour, peut-être.

Une moue irritée se dessina sur les lèvres écarlates de Tanya.

-        En ce cas, je donnerai le nougat à Sam pour qu’il te l’apporte demain, répondit-elle. Je l’ai fait exprès pour toi, Edward.

Il lui sourit.

-        C’est très gentil de ta part. À présent, nous ferions mieux de partir. Nous bloquons l’entrée.

-        Ravie d’avoir fait votre connaissance, Tanya, dit Bella.

Celle-ci hocha la tête et lui rendit son sourire, mais son regard était dépourvu de chaleur. Elle se dirigea vers une table où l’attendait une autre femme tandis que Bella et Edward sortaient dans l’air froid de ce matin d’hiver.

-        Tanya connaît Sam ? s’enquit Bella.

-        Ils sont demi-frère et demi-sœur, expliqua Edward.

Elle leva les yeux vers lui.

-        Ç’a dû être un peu délicat quand tu as rompu avec elle, non ?

-        À vrai dire, pas du tout. Sam ne semble guère se soucier de sa belle-sœur. J’ai l’impression qu’ils ne sont pas très proches.

Ils n’avaient fait que quelques pas sur le trottoir quand ils se trouvèrent nez à nez avec un homme bien bâti. Bella vit Edward se raidir.

-        Démétri, dit-il d’un ton bref.

-        Edward. Il paraît qu’il y a eu de l’action chez toi l’autre soir.

-        Et tu ne saurais rien de plus, par hasard ? rétorqua Edward.

Son regard était glacial, dur comme de l’acier.

-        Je sais seulement ce que j’ai entendu dire ici et là. J’ai l’impression que certains ne sont pas très contents que tu aies décidé de te présenter.

-        Surtout ceux qui ont quelque chose à perdre, riposta Edward. Tu n’en ferais pas partie, Démétri ?

-        Tirer sur les gens n’est pas mon genre. Si je m’en prends à toi, je ne le ferai pas par-derrière.

Sur quoi Démétri adressa un bref salut à Bella puis les contourna et poursuivit son chemin.

-        Qui était-ce ? demanda-t-elle alors qu’ils regagnaient leur véhicule.

-        Démétri Volturi, l’administrateur de la ville, quelqu’un qui ne veut certainement pas me voir devenir maire.

Edward ouvrit la portière de Bella. Elle monta et le suivit du regard pendant qu’il faisait le tour du pick-up. Il était visiblement irrité. Un muscle tressautait à sa mâchoire et ses épaules étaient plus tendues que d’habitude.

-        Tu n’apprécies pas Démétri Volturi ? demanda-t-elle quand il s’installa au volant.

-        Je pense que c’est un escroc qui se fait passer pour un citoyen respectable, répondit Edward en démarrant. Si je deviens maire, je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour qu’il soit démis de ses fonctions.

-        Tu crois que c’est lui qui est responsable des attaques perpétrées contre toi ?

Edward fit marche arrière avant de répondre. Une fois sur la route qui menait au ranch, il parut se détendre un peu.

-        Oui, Démétri Volturi figure sur ma liste de suspects. Je crois qu’il a accepté des pots-de-vin de divers entrepreneurs qui ont travaillé pour la municipalité. Il sait que, si je suis élu, ses jours sont comptés.

-        Tu as parlé de tes soupçons au shérif ?

Il hocha la tête, ses cheveux cuivrés reflétant le soleil qui filtrait à travers les vitres.

-        Jasper est au courant. Malheureusement, Démétri n’est pas le seul à être corrompu. C’est pourquoi je suis décidé à nettoyer cette ville.

-        Que disent les gens ?

-        Je pense qu’ils me soutiennent, mais personne n’a eu le courage de le dire tout haut. J’espère qu’ils se feront entendre en votant pour moi.

Bella éprouva un élan d’admiration pour lui. Il la faisait penser à un de ces héros qui se lançait dans la reconquête d’une ville aux mains des hors-la-loi.

-        Elle est très belle, murmura-t-elle, changeant de sujet.

Edward ne feignit pas de ne pas comprendre.

-        Elle est assez jolie, répondit-il.

« Plus qu’assez », songea Bella.

Tanya Denali était grande, mince et superbe, dotée de longs cheveux blonds et de beaux yeux bleus qui sont aussi beaux que l’océan. Avec son long manteau et ses jolies bottines à la mode, elle ressemblait à un mannequin.

-        Que fait-elle dans la vie ?

-        Elle est esthéticienne. Sam et elle ont connu une enfance plutôt difficile. En gros, elle cherche un homme qui va lui permettre de vivre dans le luxe.

-        Elle est amoureuse de toi, tu sais.

-        Pas de moi, rétorqua-t-il avec un petit rire. De mon argent.

-        Tu étais amoureux d’elle ? demanda Bella, surprise de se rendre compte que sa réponse comptait pour elle.

Beaucoup plus qu’elle ne l’aurait dû.

-        Non, mais dans un moment de faiblesse, j’ai envisagé de l’épouser.

-        Tu te marierais avec quelqu’un sans l’aimer ? s’écria-t-elle, stupéfaite.

-        Pour moi, c’était une sorte de contrat, expliqua-t-il tranquillement. Tanya aurait fait une bonne hôtesse pour les dîners d’affaires et les soirées. En échange, elle aurait eu le mode de vie qu’elle désire tant.

-        Et tu ferais ça ? Tu te marierais pour un… arrangement plutôt que par amour ?

-        En ce qui me concerne, l’amour n’est pas si important que ça.

Il l’enveloppa d’un regard amusé.

-        Je suppose que tu es une romantique invétérée ?

-        Absolument ! rétorqua-t-elle. Je ne me marierai que par amour. Je veux épouser quelqu’un qui m’aime à la folie, désespérément, et que j’aime de la même manière. Je veux quelqu’un avec qui rire, avec qui vieillir. Je ne me contenterai pas d’un pis-aller.

Comme pour ponctuer sa phrase, un bruit sec se fit entendre. Le pick-up vira brutalement vers la droite tandis qu’Edward proférait un juron.

Bella vit un fossé profond surgir devant eux. Redoutant l’impact, elle ferma les yeux et hurla alors que le véhicule s’envolait.

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