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Chapitre 3 : Chapitre Troisième : Discutions

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:42

 

Chapitre Troisième : Discutions

 

 

Debout à la fenêtre, Bella vit une voiture s’arrêter devant la maison et Esmé prendre place côté passager.

Lorsque le véhicule s’éloigna, elle se demanda si elle ne devrait pas faire pareil, franchir le portail et retourner là d’où elle était venue.

Derrière elle, dans le parc, les enfants venaient de s’assoupir. En général, ils faisaient un petit somme d’une heure environ le matin, et une autre l’après-midi.

Se sentant fébrile, Bella gagna l’autre fenêtre, qui donnait sur les prairies, les enclos et les dépendances. Au loin, elle aperçut un petit cottage, une ancienne maison de gardien, sans doute.

La légère couche de neige tombée la veille avait fondu. La journée était belle, froide mais ensoleillée.

Un petit bruit lui parvint et elle se retourna. Debout dans le couloir, Edward lui fit signe d’approcher.

-        Bella, voudrais-tu prendre un café pendant que les enfants se reposent ? J’aimerais faire plus ample connaissance avec toi.

La nervosité de Bella revint au galop. Mais il était tout naturel qu’Edward veuille en savoir plus long à son sujet. Après tout, elle était la mère de ses enfants.

-        Avec plaisir, répondit-elle. J’aimerais moi aussi mieux te connaître.

Elle vérifia que Nessie et Anthony étaient toujours endormis, puis le suivit dans l’escalier. Il la conduisit dans la salle à manger où Lauren, la cuisinière, apporta un plateau sur lequel étaient posés deux tasses de café, du sucre, de la crème et deux tranches de gâteau parfumé à la cannelle.

Edward fit les présentations.

-        Laurennourrit la famille Cullen depuis plus de vingt ans, ajouta-t-il.

-        Et ça été un plaisir, répondit celle-ci, adressant un sourire amical à Bella avant de s’éclipser.

Désireuse de se donner une contenance, Bella prit une des tasses et la tint entre ses mains. Elle sentait qu’Edward l’observait et ne savait par où commencer.

-        C’est gênant, n’est-ce pas ? dit-il enfin.

Elle esquissa un sourire reconnaissant.

-        Terriblement, admit-elle, soulagée qu’il éprouve la même chose. Je sais que tu n’as aucune raison de me croire, mais il est important pour moi que tu saches que je n’ai pas pour habitude de coucher avec le premier venu.

Incapable de soutenir son regard, elle baissa les yeux sur sa tasse.

-        Ce matin-là, l’homme que je fréquentais depuis deux ans et que je pensais épouser m’a appris qu’il avait trouvé une nouvelle amie, beaucoup plus sexy que moi.

Les joues en feu, elle marqua une pause.

-        Quand nous nous sommes rencontrés, je ne sais pas ce qui s’est passé… j’ai perdu la tête.

Il laissa échapper un petit rire grave qui la surprit. Elle se redressa vivement, se demandant s’il se moquait d’elle.

-        On dirait que le destin a joué un rôle dans notre rencontre. Ce soir-là, je rentrais chez moi après avoir rompu avec une femme avec qui je sortais depuis plus d’un an. Peut-être avons-nous tous les deux perdu la tête.

-        Mais cela ne me ressemble pas, insista-t-elle. D’habitude, je suis quelqu’un de raisonnable.

Il but une gorgée de café, la regardant par-dessus le bord de sa tasse.

-        Et pourtant, tu as décidé d’accepter l’invitation d’une femme que tu n’avais jamais vue, et tu es partie à l’aventure avec seulement une adresse en poche.

-        C’était un risque calculé, répondit-elle. Si l’endroit m’avait paru suspect, je ne me serais pas arrêtée.

Elle tira sur une mèche de cheveux, envahie par la frustration.

-        J’admets que ce n’était peut-être pas très intelligent de ma part, murmura-t-elle.

Il était hors de question qu’elle avoue que c’était la solitude qui l’avait poussée à vouloir rencontrer MystérieuseAideMaman. Bien qu’elle adore les jumeaux, le contact avec les adultes lui manquait. La perspective de passer les fêtes seule l’avait déprimée.

Elle tendit la main vers une des assiettes. Quand elle était nerveuse, grignoter l’apaisait. D’ailleurs, il était impossible d’ignorer le délicieux arôme qui émanait du gâteau.

-        Bon, commençons par le début, dit-il. Je m’appelle Edward Anthony Cullen, j’ai trente-cinq ans, je m’occupe du ranch et de notre société pétrolière. J’aime le steak saignant et les promenades à cheval au lever du soleil.

Il marqua une brève pause avant de continuer.

-        On m’a dit que j’étais têtu, et je ne considère pas nécessairement cela comme un défaut. Je ne bois pas à l’excès, mais j’apprécie un whisky ou un cognac le soir. À ton tour, maintenant.

-        Je m’appelle Isabella Marie Swan, mais j’aime mieux qu’on m’appelle Bella. J’ai trente ans. J’aime mon steak bien cuit. Je suis décoratrice d’intérieur et, avant de tomber enceinte, j’essayais de monter ma propre société. Je ne suis jamais montée à cheval et j’aime bien boire un verre de vin de temps à autre. Oh, et on m’a dit que j’étais un peu têtue aussi, conclut-elle avec un sourire.

Il lui retourna son sourire, mais elle ne put s’empêcher de remarquer que son regard restait distant.

-        Tu as de la famille ? demanda-t-il.

Elle secoua la tête, et marqua une pause afin de manger une bouchée de gâteau.

-        Mon père est parti quand j’avais cinq ans. Apparemment, il a dit à ma mère qu’il n’était pas fait pour la vie de famille. Je ne l’ai jamais revu. Ma mère est morte il y a deux ans et depuis je suis seule… avec les enfants, bien sûr.

-        Mais j’imagine que tu as des amis ?

-        Ma meilleure amie. Quant aux autres… pour être honnête, la naissance des jumeaux a sonné le glas de ma vie sociale.

-        Et ta société ?

Un instant, elle songea à mentir, à lui dire que tout marchait à merveille. Mais il était inutile de chercher à le tromper. Edward était un homme intelligent. Un seul coup d’œil à sa voiture et à ses vêtements suffirait à lui confirmer que l’argent manquait.

-        Non-existante, avoua-t-elle enfin. La grossesse a été difficile. Les trois derniers mois, je n’ai pas pu travailler. Depuis, ça ne s’est guère arrangé. M’occuper des enfants a exigé tout mon temps et toute mon énergie.

Elle redressa le menton.

-        Mais je compte essayer de recommencer à travailler après ces vacances.

Elle but un peu de café, s’efforçant de ne pas penser à l’odeur masculine d’Edward, un mélange d’air frais et d’eau de Cologne qui réveillait en elle le souvenir de ses mains habiles, et de ses baisers ardents.

-        De quoi as-tu vécu ces derniers mois ? reprit-il avec sollicitude.

-        J’avais un petit héritage que m’avais laissé ma mère.

Gênée par l’intensité de son regard, elle changea de position et prit une nouvelle bouchée de gâteau.

-        Tu as un petit-ami ? Quelqu’un d’important dans ta vie ?

Elle laissa échapper un gloussement.

-        Sûrement pas. Le seul homme dans ma vie porte une couche.

Cette fois, le sourire d’Edward s’élargit.

-        Oui, mais il est mignon, rétorqua-t-il.

Son sourire s’effaça presque aussitôt.

-        Je suis désolé de ne pas avoir été là pour t’aider durant la grossesse. Je regrette que tu aies dû faire face à cette épreuve toute seule et je te promets de tout faire pour t’épauler à l’avenir.

Sans qu’elle sache pourquoi, ses paroles l’emplirent d’appréhension au lieu de la réconforter. C’était absurde, se raisonna-t-elle. Une fois qu’elle connaîtrait mieux Edward, elle serait sans doute moins inquiète concernant ses intentions.

-        J’ai grandi sans père et je sais combien il est important pour mes enfants que tu sois présent dans leur vie, dit-elle lentement. Je veux que tu saches que je suis prête à t’accorder un droit de visite.

-        Nous aurons le temps d’aborder les détails au cours des deux prochains jours, répondit-il en se calant dans son fauteuil. Tu es originaire de Chicago ?

Elle acquiesça.

-        J’y suis née et c’est là que j’ai été élevée.

C’était le genre de conversation qu’ils auraient eue lors d’un premier rendez-vous. Le genre de conversation qu’ils auraient dû avoir ce soir-là, au lieu de se jeter l’un sur l’autre comme des adolescents en mal de sexe.

-        As-tu quelqu’un dans ta vie ? s’enquit-elle. Une petite amie ? Je ne voudrais pas que ma présence ici te cause des problèmes.

-        Tu n’as pas à t’inquiéter. Il n’y a personne et ça ne risque pas de changer.

Il avait parlé d’un ton résolu, comme si la question était définitivement réglée dans son esprit.

Bella but une gorgée de café sans répondre. Il était si séduisant qu’elle avait peine à croire que les femmes de la région ne cherchent pas à le séduire.

-        Ta mère m’a dit que tu étais un célibataire endurci, lâcha-t-elle au bout d’un moment.

-        C’est vrai. La seule raison qui aurait pu me pousser à me marier aurait été d’avoir un fils à qui transmettre le ranch un jour. Tu as réussi à m’en donner un, plus une fille, sans que j’aie à subir les inconvénients d’un mariage.

Les inconvénients d’un mariage ? C’était curieux qu’ils voient les choses aussi différemment.

Elle avait toujours rêvé de se marier, songea Bella, toujours pensé qu’à l’âge de trente ans elle aurait enfin la famille qu’elle n’avait jamais connue enfant.

Elle continuait à l’espérer. La seule différence entre son rêve et la réalité était que ses enfants auraient non seulement leur vrai père mais peut-être aussi, un jour, un beau-père aimant et affectueux.

Cependant, toute relation avec un homme semblait hors de question pour l’instant. Elle était trop épuisée ne fût-ce que pour y penser. À vrai dire, elle était lasse depuis des mois.

Mais les jumeaux valaient bien tous les efforts du monde.

-        Tu as l’air fatiguée, Bella, dit-il comme s’il avait lu dans ses pensées. J’espère que tu vas te détendre ici et nous permettre de t’aider. Il faut que tu te reposes. Cela ne doit pas être facile de t’occuper de deux enfants toute seule.

-        Je vais bien, affirma-t-elle. C’est plus facile depuis qu’ils font leurs nuits.

-        J’espère quand même que tu vas nous laisser faire une partie du travail pendant les deux prochains jours.

-        Ce n’est pas du travail, protesta-t-elle un peu plus vigoureusement que nécessaire.

Il se pencha en avant et effleura la commissure de ses lèvres.

-        Tu avais un peu de cannelle, murmura-t-il en retirant sa main.

Elle saisit une serviette et s’essuya la bouche, s’efforçant d’ignorer l’émoi que son contact avait provoqué en elle. C’était comme si elle avait reçu une décharge électrique. « Du calme », se dit-elle. C’était un geste sans importance. Comment pouvait-elle le sentir des pieds à la tête ?

Un coup frappé à la porte d’entrée la fit tressaillir. Edward se leva aussitôt.

-        Tu devrais venir avec moi, dit-il. Je crois que c’est pour toi.

-        Pour moi ? Qui pourrait être là pour moi ? demanda-t-elle interloquée, se levant néanmoins pour le suivre.

Il jeta un coup d’œil au-dehors et, cette fois, son sourire la réchauffa.

-        Noël, Bella. Noël vient officiellement d’arriver chez les Cullen.

 

 

Edward ouvrit la porte, livrant passage à quatre employés qui portaient un immense sapin, dont les branches avaient été repliées au moyen de cordes. Emmett et Jacob, qui fermaient la marche, apportaient un énorme pot où l’installer.

-        C’était le plus grand que Tyler avait sur son terrain, expliqua Jacob tandis qu’ils manœuvraient pour faire entrer l’arbre dans le salon.

-        Mettez-le dans le coin, ordonna Edward.

Bella écarquillait les yeux.

-        Je n’ai jamais vu de sapin de Noël aussi beau, avoua-t-elle.

Edward sourit.

-        Je suis content qu’il te plaise. Nous le décorerons ce soir, après dîner.

-        Nous pourrions fabriquer des guirlandes de pop-corn et de baies de canneberge…

Elle s’interrompit et rougit jusqu’aux oreilles, secouant la tête comme si elle était irritée contre elle-même.

-        Pardon, c’était une suggestion idiote. Je suis sûre que vous avez des tas d’ornements coûteux.

Il devina qu’elle était gênée et en fut curieusement touché.

-        Ton idée me paraît excellente, au contraire, affirma-t-il sincèrement. À vrai dire, j’ai toujours préféré les sapins décorés à l’ancienne.

Elle le remercia d’un regard si reconnaissant qu’il en éprouva une nouvelle bouffée de désir. Lorsqu’il avait retiré la miette de cannelle sur ses lèvres un instant auparavant, il avait dû se faire violence pour ne pas l’embrasser.

Il se détourna, regardant sans les voir ses employés qui dressaient le sapin. Il y avait chez Bella quelque chose qui l’émouvait, une vulnérabilité, une tristesse qu’il n’avait pas vue dans les yeux d’une femme depuis très longtemps.

Pourtant, il n’avait pas encore confiance en elle.

La seule femme en qui Edward avait entièrement confiance était sa mère, qui l’aimait sans arrière-pensée. Toutes les petites amies qu’il avait eues avaient fini par se révéler plus intéressées par la fortune des Cullen que par lui-même en tant qu’homme.

Bella était-elle seulement plus rusée qu’elles ? Avait-elle réussi à le piéger comme aucune autre femme n’avait pu le faire ?

Lorsque les hommes eurent installé le sapin et retiré les cordes, Edward s’acquitta des présentations.

-        Voici certains des meilleurs hommes de Springfield, dit-il. Emmett, Jacob, Eric, Jared et Quil. Et celui qui porte le chapeau noir, c’est Sam, mon bras droit.

Il sourit à Bella, qui semblait un peu perdue.

-        Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te faire passer un test de mémoire tout à l’heure.

Elle laissa échapper un rire cristallin qui déclencha une vague de chaleur en lui.

-        Tant mieux, parce que j’ai tout oublié après Emmett, avoua-t-elle avant de s’adresser aux hommes en souriant.Mais je suis contente de faire votre connaissance.

Ces derniers se dirigèrent vers la porte et Edward leur emboîta le pas.

-        Je reviens tout de suite, lança-t-il à Bella.

Dans l’entrée, il fit signe à Sam de rester pendant que les autres retournaient au travail.

-        Vous êtes au courant pour hier soir ? demanda-t-il.

Sam acquiesça.

-        Jasper est venu nous voir. Il voulait nous poser quelques questions.

-        Je veux que vous soyez tous armés en attendant que nous sachions ce qui se passe, ordonna Edward. Et j’aimerais que vous organisiez les équipes de sorte qu’il y ait toujours quelqu’un autour de la maison.

Sam étrécit les yeux.

-        Vous croyez qu’il va y avoir d’autres problèmes ?

Edward poussa un soupir.

-        À vrai dire, je ne sais pas, mais c’est la deuxième fois que je suis pris pour cible et je n’aime pas l’idée qu’on puisse m’attaquer ou attaquer les miens jusque chez moi.

-        Je m’en occupe, affirma Sam. Nous commencerons dès cet après-midi.

-        Merci, Sam.

-        Pas de problème. Il faut qu’on prenne soin du patron, hein ?

Edward le suivit des yeux tandis qu’il rejoignait les autres hommes.

Sam était travailleur, toujours volontaire pour les tâches ingrates. Lorsqu’Edward avait rompu avec Tanya, la demi-sœur de Sam, il avait craint que celui-ci ne se sente obligé de démissionner par loyauté envers elle. À son grand soulagement, Sam avait déclaré que leurs affaires ne le regardaient pas.

Edward avait eu l’impression qu’ils ne s’aimaient guère. Quoi qu’il en soit, il se félicitait que Sam lui soit resté fidèle. Les bons employés étaient rares.

À ce propos, il allait devoir congédier Emmett. Il avait remarqué que l’homme empestait l’alcool dès le matin. Edward l’avait déjà averti par deux fois de ne pas boire avant de travailler.

Il n’y aurait pas de troisième avertissement.

Il referma la porte d’entrée et regagna le salon, mais Bella avait disparu. Sans doute était-elle montée au premier étage afin de jeter un coup d’œil aux jumeaux.

Songeur, il s’approcha de la baie vitrée et contempla les dépendances. La livraison de l’arbre n’était qu’un début : d’autres surprises allaient suivre au cours des deux jours à venir.

La brève conversation qu’il avait eue avec Bella lui appris exactement ce qu’il désirait savoir : elle n’avait pas de famille et sans doute guère d’amis. Cela lui faciliterait la tâche.

Il ne lui restait plus qu’à la persuader que le projet qu’il avait en tête était dans l’intérêt d’eux tous.

Il leva les yeux en l’entendant qui descendait l’escalier. Elle tenait un bébé dans chaque bras. Il se hâta de monter à sa rencontre et prit un des enfants, s’efforçant d’ignorer la chaleur du corps de la jeune femme, son parfum qui l’étourdissait de souvenirs.

Nessie se nicha contre le torse d’Edward, comme si elle sentait qu’elle était dans des bras aimants. Une fois de plus, le cœur d’Edward se mit à battre plus vite, et il se sentit gagné par un étrange émerveillement doublé d’un farouche instinct protecteur.

Edward baissa les yeux et remarqua une petite cicatrice au sourcil droit. Il interrogea Bella sur sa signification.

-        Elle ne voulait pas venir au monde et le médecin a dû avoir recours au forceps, répondit-elle.

Nessie lui sourit et tendit le bras vers son nez. Il esquiva en riant.

De son côté, Anthony battit des pieds et se mit à geindre. Déjà ses joues viraient à l’écarlate.

-        Il a faim et il n’a pas encore appris les bonnes manières, expliqua Bella.

-        Ah, il doit tenir de moi, plaisanta Edward. Allons leur donner à manger.

Ils entrèrent dans la cuisine, une vaste pièce qui était le domaine de Lauren. Edward et Esmé y prenaient rarement leurs repas, mais c’était l’endroit le plus approprié pour nourrir deux petits bébés affamés.

Lauren les accueillit avec un grand sourire. Edward alla chercher les sièges de voiture qui faisaient office de chaises hautes et les plaça sur la table en chêne. Quand les deux garçons furent installés, il regarda Bella préparer deux bols de céréales.

Comme elle s’approchait, il tendit la main pour en prendre un.

-        Méfie-toi, avertit-elle en lui donnant une cuiller. Ils aiment ça, mais ils sont très joueurs.

Donner à manger à Nessie procura un immense plaisir à Edward. La cuisine s’emplit de rires alors que Bella et lui versaient des céréales dans les bouches ouvertes des bébés, qui tour à tour les mangeaient et les recrachaient.

-        Eh bien ! J’ai l’impression qu’on s’amuse ici ! lança Esmé en entrant.

-        Ah ! ça y est, le shopping est terminé ? demanda Edward, essuyant la bouche de Nessie avant de lui rendre un biberon.

-        Frank est en train de tout ranger, répondit Esmé en souriant à Bella. Il y a bien trop longtemps que cette maison n’a pas connu de tels rires. Et le sapin va être superbe.

-        Bella a pensé que ce serait bien de confectionner des guirlandes de pop-corn et de baies de canneberge, annonça Edward.

Esmé applaudit, ravie.

-        Quelle excellente idée ! Ce sera exactement comme autrefois. Je ferai du chocolat chaud et nous mettrons de la musique de Noël.

Bella les regarda tour à tour avec émotion.

-        Vous êtes si gentils tous les deux, murmura-t-elle.

Une fois de plus, Edward décela un voile de vulnérabilité dans ses yeux.

-        Pas du tout, répondit Esmé avec conviction. Vous faites partie de la famille à présent.

Ce n’était pas vrai, songea Edward.

Bella était encore une étrangère. Elle ne ferait jamais vraiment partie de la famille. Certes, elle l’attirait et elle était la mère de ses fils, mais les choses n’iraient jamais plus loin.

Son père l’avait fréquemment mis en garde contre les femmes qui seraient attirées par sa fortune, les femmes telles que Tanya, prêtes à tout pour accéder au mode de vie qu’il pouvait leur offrir. Il considérait sa propre épouse, Esmé, comme l’unique exception à une gent féminine aussi vénale que rusée, qu’il valait mieux éviter hormis pour satisfaire des besoins physiques.

« J’ai eu de la chance, mon garçon, disait son père. J’étais pauvre quand j’ai rencontré ta mère. Je n’ai jamais eu à me demander si elle m’aimait pour mon argent ou pour moi-même. Tu n’auras pas ce luxe. »

Edward était certain que Bella n’avait pas eu l’intention de le séduire le soir de la tempête de neige. Jamais elle n’aurait pu prévoir le blizzard, ni le fait qu’ils se retrouveraient tous les deux au même endroit au même moment.

Ce qu’il ignorait, en revanche, c’était si elle l’avait reconnu et si elle avait pris le risque calculé de tomber enceinte. L’acte de séduction avait été mutuel ce soir-là.

Il fronça les sourcils, songeur, l’observant qui jouait avec les jumeaux.

Si tel était le cas, si elle l’avait reconnu avant de faire l’amour avec lui, pourquoi ne l’avait-elle pas contacté dès qu’elle avait découvert qu’elle était enceinte ? Avait-elle redouté qu’il ne la contraigne à procéder à un avortement ?

Une chose était claire : Edward voulait que ses enfants vivent auprès de lui et il parviendrait à ses fins.

Avec ou sans l’aide de Bella.

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