Dernière Lune
Chapitre 12 : DERRIÈRE LE MENSONGE
1815 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a environ 1 mois
Nous entrions dans le bâtiment, tous sur nos gardes. Nous savions maintenant que nous étions attendus. Il fallait être prêt à toute éventualité. Le lieu évoquait davantage un hôtel abandonné qu’un hôpital. Tout était plongé dans une obscurité totale. Un long comptoir s’étendait face à nous, surplombait par deux escaliers symétriques menant à l’étage. Des morceaux de miroir brisés jonchaient le sol, une table cassée ainsi que des chaises complétaient le lieu. Un sofa couleur crème était retourné dans le coin, bloquant deux portes battantes qui menait, je le pensais, vers le sous-sol. Nous explorions rapidement l’accueil, cherchant un indice. En humant l’air, je compris que rien ne servait de monter à l’étage, l’odeur de sang qui me parvenait venait de sous mes pieds.
« Rosalie n’est pas loin », souffla Edward. « Je parvins à entendre ses pensées, mais c’est chaotique », ajouta-t-il.
« C’est à dire ? », demandai-je
« Elle semble changer d’avis constamment, comme pour brouiller les pistes », me dit-il.
Prenant à droite du comptoir, je décalais le long sofa bousillé pour libérer l’accès aux portes menant vers le sous-sol. Un escalier en inox semblait s’enfoncer profondément dans le sol. Une arrivée discrète était désormais totalement impossible. Nous débouchâmes sur un long couloir sans fenêtre, éclairé par une lumière artificielle. Edward menait en tête, je le suivais et Jacob et Seth fermaient la marche. Ils avaient du mal à se déplacer dans ce couloir étroit à cause de leurs tailles imposantes. L’air vibra et sans que je n’aie à me retourner, je compris que derrière moi, Jacob était redevenu homme. Il enfila rapidement son short et continua à nous suivre silencieusement. Des deux, il était le plus grand, et il pouvait muter le plus rapidement, si cela était nécessaire. Nous suivions l’odeur de Rosalie pour nous repérer, et nous débouchâmes sur un autre couloir sur notre droite, plus large. Des portes blindées menant à des chambres se trouvaient à notre droite, et nous pouvions entendre des souffles ou quelques mots prononcés à voix basse. Des personnes étaient encore vivantes ici. Rosalie n’était pas la seule prisonnière des lieux. L’envie d’ouvrir les portes les unes après les autres m’effleura l’esprit. Mais je n’en fis rien. Je n’étais pas en capacité de savoir si ces personnes pourraient nous être utile ou nous ralentir. Le mieux était de n’exposer personne pour l’instant, nous aurions le temps de revenir libérer tout le monde quand nous aurions réglé la situation.
Toujours guidé par l’odeur de Rosalie, nous débouchâmes dans une large pièce aseptisée. Cela ressemblait à une salle d’opération vide. Les murs blancs étaient éclairés par des néons au plafond, donnant une ambiance vraiment lugubre à la pièce. Quelques tables en inox étaient disposées çà et là, ainsi qu’un lit médicalisé posé contre le mur. Et au centre de la pièce, Rosalie. Somptueuse et froide. Elle portait les mêmes vêtements que le soir de sa disparition. Elle semblait également épuisée, le visage fermé. Un sentiment d’apaisement m’envahit immédiatement. Elle était en vie. Je voulu me jeter dans ses bras, la serrer fort, lui dire à quel point j’étais soulagée de la retrouver saine et sauve. La main d’Edward me reteint et je ne compris pas immédiatement pourquoi.
« Partez », dit-elle sur un ton glacial. « Repartez d’où vous venez et ne revenez jamais ici »
« Rosalie, nous sommes venus pour toi », dis-je dans un souffle. J’étais sidérée par tant de froideur venant de ma belle-sœur.
« Je lis ses pensées Bella. Elle veut vraiment que nous partions », me chuchota Edward.
Jacob trembla près de moi. Je sentais la fureur qui se dégageait de son corps tout entier. Seth hurla doucement, comme une supplication.
« Nous, on vient pour te sortir de là, Blondie, et toi, tu nous renvois ? », dit Jacob
« Partez ! », hurla ma belle-sœur. « Je ne vous ai jamais demandé de venir me sauver ».
Et c’est à ce moment-là que je compris qu’elle mentait. Rosalie voulait sûrement que nous nous en allions, mais pour nous protéger. Voilà comment elle arrivait à mentir à Edward. Mais elle nous avait envoyé un message, via la vision d’Alice. Elle nous attendait. Elle savait également que nous ne la laisserions jamais ici derrière nous. C’était sûrement un moyen de nous faire passer un nouveau message, malgré des pensées altérées par Cassara. Elle voulait nous faire comprendre que nous étions tous en danger ici, que nous devions partir rapidement. Discrètement, j’étendis mon bouclier à Rosalie, et Edward resserra ma main plus fort. Maintenant que les pensées de Rosalie était plus claire, il comprit. Rosalie se détendit de manière imperceptible, et elle planta son regard froid dans le mien. Je cru y lire du soulagement, un remerciement silencieux.
« Vous devez partir. Je suis ici de mon plein gré, et je veux rester. Je n’ai besoin d’aucun de vous, et surtout pas de loups garous immatures », mentis-t-elle
Tout devenait de plus en plus clair à présent. Même Jacob cessa de trembler, comme s’il comprenait le double langage de Rosalie. Elle tentait simplement de nous mettre en garde sur le danger imminent.
« J’ai bien failli te croire », dit un vampire à la chevelure noire, que je n’avais pas remarqué jusqu’ici.
Elle s’avança du fond de la pièce, et se planta à quelques centimètres de Rosalie, lui faisant face. Du revers de la main, elle gifla Rosalie qui décolla de quelques centimètres avant d’atterrir avec grand bruit sur une table en inox. Celle-ci se remit rapidement debout, et couru vers nous, agrandissant notre groupe. Elle se positionna juste derrière, soudain soulagée. Elle n’avait plus à jouer un rôle. Ces deux jours avaient dû être une éternité pour elle. Je fixai Cassara Viel qui arborait un sourire chaleureux. Ce qui me frappa immédiatement, ce fut ses iris. D’un orange étrange, ils dénotaient avec la beauté angélique de son visage. Elle paraissait calme, presque chaleureuse. Elle semblait intriguée par notre groupe, comme une scientifique qui observe des souris d’expérimentations.
« Je suis très déçue Rosalie. Je pensais que nous avions tissés un lien toutes les deux », dit-elle calmement.
« Cassara, je ne m’associerai jamais à quelqu’un d’aussi cruelle que vous. Ce que vous faites à la mode, c’est un crime contre l’humanité », répondit ma belle-sœur.
« Toujours aussi drôle », ajouta Cassara, froidement. « Je pense que tu as très envie de t’arracher les yeux, pour qu’ils n’aient plus à subir mes fautes de goûts », dit-elle, sur un ton glacial.
Le ton qu’elle employa avait quelque chose de mystique, presque incantatoire. Cassara semblait sure que Rosalie allait sur le champ se mutiler devant nous tous.
Ma belle-sœur se détendit près de moi. Je ne compris pas tout de suite ce qu’il se passa, mais Rosalie me caressa l’épaule. Cassara observa la scène et une inquiétude passa comme une ombre sur son visage. Ses yeux allaient de Rosalie à moi. Elle ressemblait à un scientifique sur le point de découvrir un remède miracle.
« Cassara, je vous présente mon bouclier de belle-sœur, Bella », dit joyeusement Rosalie. « Votre don est désormais inutile ».
C’était donc ça. Cassara avait vraiment suggéré à Rosalie de s’arracher les yeux. Je réalisai tout juste à quel point Cassara était dangereuse mais que mon don ne m’avait pas trahi, cette fois encore. Il était assez efficace pour protéger une nouvelle fois ma famille.
« Tu viens à l’instant de signer l’arrêt de mort de ta belle-sœur », dit Cassara.
« Touchez-là, et je peux vous assurer que ce jour sera votre dernier sur Terre », réagit immédiatement Edward, se positionnant légèrement devant moi.
« Calme-toi donc, l’amoureux. Je n’ai pas dit que j’allais l’exécuter sur le champ », dit-elle dans un rire.
Nous étions tous dans l’attente de la suite, sur nos gardes. Il fallait trouver une issue rapidement, s’enfuir, rebrousser chemin. Mais nous prenions le risque de laisser Cassara en vie, et donc de la voir débarquer de nouveau dans nos vies. Nous pouvions aussi engager le combat sur le champ. Nous étions en surnombre, nous aurions l’avantage. Mais nous ne savions pas combien de personnes étaient à sa botte, et ce qui nous attendait hors de cette pièce.
« Je vois les rouages de ton cerveau fonctionner, jeune vampire », dit-elle en s’adressant à moi. « Que faire ? Attaquer ? S’enfuir ? »
J’avais l’impression qu’elle était dans mon cerveau. C’était impossible, évidemment, mais elle du voir le doute dans mes yeux. Cette situation l’amusait énormément visiblement.
« Saches que vous êtes cernés. S’enfuir est impossible. Vous m’avez un peu prise au dépourvue, je l’avoue. Je ne vous attendais pas si tôt. J’ai même eu du mal à effacer toutes mes preuves, n’est-ce pas, les loups ? », dit-elle en s’adressant à Jacob et à Seth, un petit sourire aux lèvres.
« Je vous ai entendu hurler, à la découverte de la tombe. Vous avez aimé la mise en scène ? Les loups sont toujours au-dessus, dans chacune des tombes, d’ailleurs. Et il y en a beaucoup d’autres », ajouta-t-elle, dans un rire.
Au moment où Jacob s’élança vers elle, Cassara sorti de sa poche une poudre violette qu’elle lui souffla au visage. Il s’arrêta aussitôt dans sa course, comme étranglé. Il toussa en portant ses mains à sa gorge, tentant de retrouver son souffle. Je me préparai à bondir. Si Jacob était en danger immédiat, je pouvais saisir l’opportunité pour arracher la gorge de Cassara. Il s’évanoui au moment où cette même poudre à l’odeur âpre s’abattit sur nous tous. Nous perdions tous connaissance sous le rire de Cassara.