Dernière Lune

Chapitre 11 : LE JARDIN FUNÈBRE

1667 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 10 jours

Bella ... 


La voiture s’arrêta et j’ouvris la portière. Je humais les alentours à la recherche de l’odeur de Rosalie. Me parvenait uniquement une odeur de poussière et des pins environnants. Une large forêt s’étendait de parte et d’autre du grand édifice qui se nichait au centre de la scène. Le bâtiment était massif, délabré. Des pans entiers de murs étaient tombés au fil du temps, certains ne tenaient plus que par des lambeaux d’acier. Les fenêtres étaient brisées à l’étage. L’énorme portail en fer rouillé était fracassé, barrant la route. Plus je fixai le paysage, plus un sentiment d’urgence m’envahissait. Je ressentais un sentiment d’oppression, comme si les découvertes que nous allions faire aller changer à jamais le cours de nos vies.

Nous avancions à pas feutrés. Je n’entendais rien, mais je savais que nous étions attendus, et probablement déjà observés. C’était certain à présent, nous étions au bon endroit. Edward me tenait la main, Jacob et Seth dans notre dos. Nous nous dirigions vers le côté Est du bâtiment pour tenter de trouver une ouverture.

« Nous devons muter Bella, je ne suis pas à l’aise » chuchota Jacob

« Faites. Et séparons-nous en deux équipes », conseilla mon mari. « Tentez de ne pas trop vous éloigner, pour que je puisse garder un contact mental avec vous ».

L’air vibra et quelques secondes après, deux loups géants nous faisaient face. Je m’émerveillai à chaque fois de leurs tailles impressionnantes. Avec le temps, Seth était devenu un homme et un loup presque aussi impressionnant que mon meilleur ami. Le seul détail qui les différenciait était la couleur de leur pelage et cet étrange sourire lupin que semblait arborer Seth continuellement.

« Continuez vers l’est, nous partons à l’ouest. Tentez de vous faire discrets », dis-je en regardant les loups.

Nous repartîmes dans l’autre sens, abandonnant derrière nous Jacob et Seth. Nous trottinions calmement, tentant de trouver une brèche. Il me semblait que nous arrivions à une impasse. De ce côté-ci, il n’y avait qu’un mur en pierre, et aucune fenêtre pour s’introduire dans le bâtiment. Nous aurions pu sans mal escalader et rentrer par le toit, mais cette tâche aurait été plus compliqué pour les loups. Néanmoins, quelque chose attira mon attention. Au pied de ce mur, se trouvait un petit champ calciné. Je n’arrivais pas à identifier la fleur qui avait pris feu ici. L’odeur ne me rappelait rien que je connaissais. Me tournant sans bruit vers Edward, je l’interrogeai du regard. Avec sa main, désigna mon front. Je compris immédiatement ce qu’il voulait me dire. Il ne pouvait parler si près du bâtiment, de peur que nous ne soyons repérés mais savait que désormais, je pouvais communiquer mentalement avec lui. Je n’avais plus besoin d’effort pour mettre mon bouclier sur silence. C’était devenu un atout considérable quand je voulais communiquer discrètement avec lui. Tout comme je pouvais étendre mon bouclier à volonté, sans aucune limite de distance. J’étais en capacité de protéger Seth et Jacob, ou qu’ils soient, juste en pensant à eux. Plus je connaissais la personne, et plus j’étais en mesure de me connecter à son esprit.

« Tu connais cette plante ? », demandai-je mentalement à mon mari.

Il acquiesça du menton.

« C’est grave ? » interrogeai-je une nouvelle fois.

De nouveau, il acquiesça et je fus submergée par la peur. Il fallait s’éloigner au plus vite de cette impasse. Je voulais retrouver nos amis et avoir une vraie conversation. Je voulais savoir à quoi m’attendre. Nous nous enfonçâmes plus profondément dans la forêt, espérant être à l’abri des oreilles.

« Je pense que nous devrions attendre les autres », me dit Edward. « Nous avons besoin de tout le monde »

« Je ne sais pas si nous avons le temps d’attendre Edward », lui répondis-je. Intérieurement, j’étais d’accord avec lui, mais il fallait agir, il fallait libérer Rosalie. « Et puis, nous ne sommes pas seuls, Jacob et Seth sont là »

« Oui, et bien, c’est le vrai souci de toute cette opération mon amour. La plante que tu as vu près du bâtiment, c’est de l’Aconit », me dit-il sur un ton grave.

« Pourquoi Cassara est-elle en possession de tue-loup ? », demandai-je dans un souffle. Souvent, les vampires ignoraient jusqu’à l’existence des loups. Ici, Cassara était si bien renseignée sur eux qu’elle s’était procurée de l’Aconit. Elle était décidément bien plus effrayante que ce que je ne pensais.

Soudain, un hurlement déchirant nous parvint, à quelques kilomètres de là. Je reconnaissais sans mal le cri du cœur de Seth, et m’élançai directement dans sa direction.

« Ils vont bien », me dit Edward, pour me rassurer. Je restais sur mes gardes, mais j’avais au moins la conviction qu’ils seraient en vie tous les deux.

En arrivant sur place, je vis Seth toujours en loup, le museau à terre, observant Jacob muté en homme à genou devant un trou creusé dans le sol. Je m’approchai de lui, tentant de comprendre ce qui avait provoqué ce hurlement déchirant, et je vis la scène qui s’offrait à mes yeux.

Ce trou était en réalité une tombe à ciel ouvert. Je pouvais distinguer plusieurs corps calcinés que j’associais à des vampires. Il y en avait cinq. Trois hommes et deux femmes, à première vue. L’un des corps était en pièces détachés. Et au milieu de ces corps brûlés, je distinguai deux autres hommes. La peau brune, les cheveux noirs. Ils avaient été forts dans leur vie, je voyais les muscles saillants de leurs bras. Quelque chose dans leur visage me toucha profondément. J’avais l’impression de les connaitre tous les deux, ou plutôt l’impression qu’ils me faisaient penser à quelqu’un. Je voulais aider Jacob à se relever, et je tournai le regard vers lui. Tout à coup, je compris. Ces deux hommes me rappelaient mon meilleur ami. Même teint halé, même chevelure soyeuse, coupée courte. Même musculature.

« Des loups », soufflai-je.

« Je ne les connais pas », me dit Jacob. « Sûrement d’une autre meute. Des Tikanas peut-être, ou des Makas »

« Cassara torture des vampires, et des loups également. On a trouvé de l’Aconit calciné près de l’hôpital », informa Edward.

Seth gémit, et releva légèrement la tête pour plonger son regard dans celui d’Edward.

« Non Seth, je ne sais pas où elle peut se procurer cette plante. Je ne savais même pas qu’on pouvait en faire pousser avec ce climat-ci », lui dit Edward.

« C’est l’odeur qui nous a attiré », me dit Jacob, le regard toujours dirigé par la tombe. « On a trouvé plusieurs endroits dans la forêt où la terre semblait avoir été retournée récemment, mais on ne voulait pas perdre de temps à creuser, alors on s’est dirigé vers l’endroit où l’odeur était la plus forte ».

D’autres tombes devaient donc être éparpillées un peu partout sur le terrain. Cassara n’en était pas à son coup d’essai. Ce monstre devait mener ses expériences dans le coin depuis un long moment. Combien de vampires avait-elle exécutés ? Combien de loups avait-elle torturés ?

Jacob détourna son regard de la scène tragique. Il souffla longuement, comme pour reprendre ses esprits. Au moment où ses yeux se posèrent sur moi, je vis une rage allumer ses iris.

« Je vais lui faire la peau, à ce Dr Frankenstein », dit-il.

« Fais la queue Jake, on est nombreux à vouloir croquer un morceau », répondis-je pour alléger un peu la tension palpable autour de nous.

Seth se rapprocha de Jacob pour lui donner un coup de museau dans l’épaule. Il s’ébroua et planta ses griffes dans le sol face à Edward.

« Tu as raison Seth, si elle n’a pas eu le temps d’effacer complètement ses traces cette fois, c’est qu’elle sait que nous sommes là ».

« Alors aucune raison d’être discret. On passe par la grande porte », dit Jacob.

« Pas le temps d’attendre les autres », dis-je, pleine de détermination. « Edward, envois un SMS à Carlisle. Tu expliques brièvement, et tu dis qu’on entre »

« Je suis d’accord. Nous n’avons plus de raison de faire durer le suspense », dit Edward en sortant son téléphone portable de sa poche. Il tapa rapidement un message destiné à sa famille et le remis aussitôt en place.

Jacob muta et se planta sur ma droite. Edward pris ma main gauche et Seth se positionna près de lui. Nous étions prêts. Nous ne savions pas ce qui nous attendait, mais il était temps d’agir. Pour me rassurer, je testai rapidement mon bouclier, tentant de l’étendre à mes coéquipiers. C’était maigre comme arme, mais j’espérai que cela nous protègerait du don étrange de Cassara. Nous avancions dans le silence jusqu’à arriver devant le portail. Des odeurs de sang et de fleurs nous chatouillaient le nez. Je pris une grande inspiration et fracassa la porte d’entrée d’un grand coup de pied sonore.


NOTE DE L'AUTRICE : 



Bella reprend la main dans ce nouveau chapitre. Elle retrouve sa place de narratrice principale dans l'espoir de d'aider Rosalie et de nous raconter la suite de l'histoire. 

Merci aux nouveaux lecteurs. Merci pour vos téléchargements de plus en plus nombreux. J'ai hâte de vous retrouver pour la suite (et bientôt fin) de Dernière Lune ...


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