Dernière Lune
Chapitre 3 : UNE APPARITION DANS LA NUIT
1756 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 09/05/2025 23:59
Je voulais me mettre en action. L’idée d’être inutile n’était plus concevable. A l’époque où j’étais encore humaine, je devais rester en retrait. Me cacher. Laisser les autres se mettre en danger à ma place. Aujourd’hui, je pouvais aider. Je le devais.
Jacob nous annonça qu’il comptait réunir le conseil Quileute. Ils voulaient informer les anciens de la disparition de Rosalie et coordonner des rondes avec la meute de Sam. Peut-être que Billy et les autres avaient des légendes qui pouvaient nous en apprendre plus sur Cassara…
Cassara … si c’était vraiment elle qui était derrière toute cette affaire, nous allions devoir redoubler d’effort. Comment vaincre un ennemi capable de s’infiltrer dans votre esprit si profondément qu’il était capable de changer vos convictions ?
« Bella, tu entends ce que je te raconte ? » dit Jacob, interrompant le cours de mes pensées.
« Oui, Jake. La meute, les légendes, Sam », lui répondis-je, las.
« Je te confie Renesmée, également » dit-il, le sourire aux lèvres
« Bien que nous n’ayons nul besoin de tes instructions, nous prendrons soin de notre fille, le temps que son chien de garde soit de retour », réagit Edward, non sans une bourrade amicale.
« J’aimerais venir avec toi Jacob, s’il te plait », dit Renesmée. « Je n’ai pas envie qu’on se sépare maintenant ».
« Chérie, tes propres parents n’ont pas réussi à nous séparer. Et ils ont essayé », dit Jacob, lançant une œillade à Edward. « Ce n’est pas une vieille sangsue qui y arrivera ».
Il prit Renesmée dans ses bras, déposa un baiser sur son front.
« Ta famille a besoin de toi ici, et moi, je reviens le plus vite possible », promit-il. « Tu sais que je ne peux rester loin de toi ».
« Si tu n’es pas de retour dans une heure, je viens te chercher », lui répondit ma fille, plongeant dans les yeux de son compagnon.
Edward et moi avons profité de ce moment pour nous éloigner, leur offrant un moment d’intimité. La relation entre Jacob et Renesmée était finalement devenue une bénédiction. Renesmée était protégée à vie par la meute, grâce à l’imprégnation, et moi, je savais qu’elle était aimée d’un amour absolu. Je connaissais Jacob depuis toujours et l’avais considéré aussitôt comme un membre de ma famille. Certes, je ne pensais pas qu’il prendrait la place de gendre, mais ma fille n’aurait jamais choisi quelqu’un d’autre. Elle avait quelqu’un qui l’aimait intensément, furieusement. Tout autre amour aurait été obsolète.
Jacob disparut dans la forêt, tremblant de la tête aux pieds, amorçant sa transformation en pleine course. Quelques secondes plus tard, un loup hurla au loin. Ma fille, se retourna vers nous les yeux emplis de larmes. Elle interrogea son père sur son rôle. Elle voulait savoir comment aider.
« Installe-toi dans le bureau de ton grand père et parcours les actualités récentes. Essaye de chercher quelque chose qui parle de disparitions étranges », lui dit-il en la prenant par les épaules.
Je me doutais que les articles sur le sujet seraient très peu nombreux. Je soupçonnais Edward de vouloir la préserver au maximum de la situation actuelle. Lui donner une mission facile soulagerait sa conscience, et l’occuperait assez pour la détourner de notre problème. Il utilisait sur elle la même technique qu’il utilisait sur moi, à l’époque. Le but était que je me sente utile malgré mes faibles moyens.
Je décidais d’aller discuter avec Emmett, pendant que Edward se dirigeait vers son père. Je voulais l’aider à rassembler ses idées. Peut-être avait-il vu quelque chose qui lui avait semblait insignifiant sur le moment, mais qui pouvait nous aider à avancer. Je le trouvais enfin à l’étage, dans leur chambre à Rosalie et lui. Il était assis sur le lit, tournant le dos à la porte. En arrivant, je tapai à la porte par respect, même si l’intimité entre nous était superficielle. Il avait dû m’entendre arriver.
« Entre, Bella », me dit-il.
Je m’approchai de lui doucement, m’assis sur le lit à sa droite. Il tenait entre ses mains un chemisier dorée, que je reconnu au premier coup d’œil. Rosalie le portait le soir où ils rentrèrent d’Europe. Je m’en souvenais car je trouvais que ses cheveux se confondaient avec la couleur du chemisier. Elle ressemblait à une statue grecque. Je lui avais même conseillé de le porter plus souvent, évitant les regards noirs que m’envoyaient Alice de l’autre bout de la pièce. Pour Alice, un vêtement n’avait vocation à n’être porté qu’une fois.
« Aujourd’hui, je comprends ce qu’a dû ressentir Edward. », me dit-il. « Je parle du jour où il t’a cru morte et qu’il est parti supplier les Volturi de le tuer. A l’époque, j’avais trouvé sa réaction plutôt théâtrale ». Il me lança un sourire contrit.
« Et comme lui, je t’empêcherai de faire cette bêtise », répondit-je, me rappelant vaguement du sentiment d’impuissance qui m’avait envahi à l’époque. L’amnésie post-transformation a quelques avantages. L’un d’eux était de m’avoir aidé à oublier un peu cette journée en Italie.
« J’aimerais que tu me parles de votre voyage s’il te plait. Tu n’as rien vu d’inhabituel ? Pas de petit détail qui t’a interpellé ? », lui demandais-je. « Vous n’avez rencontré personne en Europe ? »
« Nous avons passé beaucoup de temps seuls, éloignés de tout le monde. Le but de ce voyage était de nous retrouver. Nous avons commencé par Londres, mais sommes vite parti en France car la chasse en Angleterre est assez maigre », déclara-t-il.
« Et en France, aucune rencontre ? »
« Nous nous sommes un peu baladés dans la forêt d’Orléans. Pour dire vrai, j’en avais assez des cerfs et des chevreuils, je voulais un autre met. Et un soir, nous avons entendu que les sangliers étaient assez nombreux dans le coin, alors nous sommes partis aider les chasseurs », me dit-il.
Il allait reprendre sur sa lancée quand je l’interrompis.
« Qui vous en a parlé ? », demandais-je, comme illuminé par une intuition.
Il réfléchit longuement, tentant de rassembler ses idées. J’avais l’impression d’entendre les rouages dans son cerveau. Il ouvrit la bouche une fois, la referma. Il se leva, fît les cent pas dans la chambre. Et puis, il leva les yeux vers moi, et souffla
« Je ne sais pas. Chaque fois que je pense me rappeler de quelque chose, le souvenir m’échappe ».
« Tout ce dont je me rappelle, c’est que nous étions en train de nous balader le long d’un canal. Il faisait nuit. Nous nous sommes arrêtés près d’un réverbère et Rosalie me proposa de prendre une photo. Elle voulait faire un journal photo pour vous tenir au courant de notre voyage. Après cette pause, tout devient flou dans ma tête », me raconta-il.
« Emmett, tu as toujours cette photo ? », lui demandai-je, pleine d’espoir.
Il sortit son téléphone de sa poche et fit défiler les photos les unes après les autres. Revoir le visage souriant de Rosalie me provoqua un pincement au cœur. Quand il retrouva enfin la photo, il la regarda avec plus d’intensité. Il tentait de rassembler ses souvenirs. Il me tendit le téléphone, et se rassit sur le lit.
J’observais cette photo. Rosalie et Emmett, heureux et amoureux, souriant à l’objectif. Ils étaient si beaux, formaient un si joli couple. Quelque chose attira mon attention néanmoins. En arrière-plan, j’aperçu une silhouette vêtue d’un manteau blanc. La photo avait été prise de nuit, ce qui malheureusement, n’offrait pas une luminosité suffisante. Cela ne permettait pas d’identifier le visage de la personne. Le seul signe distinctif que je pu voir, c’était une chevelure noire de jais très longue encadrant un visage anguleux.
« Emmett, tu te souviens de cette personne sur la photo ? », lui demandais-je
Il observa attentivement la photo, et me fit « non » de la tête. C’est à ce moment-là que l’idée se forma dans mon esprit. Et si la personne présente sur la photo n’était autre que Cassara ? Aurait-elle pu faire oublier leur rencontre à Emmett ? Il fallait que je demande à Carlisle s’il pouvait l’identifier. Après tout, il était le seul à l’avoir rencontré.
« Allons voir Carlisle. Il doit voir cette photo »
« Tu penses que cette personne est responsable Bella ? », m’interrogea-t-il
« Je ne sais pas. Ce n’est peut-être qu’un passant. Mais tu ne trouves pas ça étrange ? Elle semble vous observer de loin, tente presque de s’effacer. »
Il réfléchissait à ce que je venais dire, garda le silence. Il me suivi dans les escaliers. En arrivant dans le salon, j’aperçue Carlisle. Il était en pleine conversation téléphonique avec Zaphira l’Amazonne et visiblement, cet appel s’achevait sur une impasse. Elle n’avait pas entendu parler de Cassara récemment mais promettait de chercher. Edward discutait au loin avec Jasper. Ils tentaient de contacter Peter, mais celui-ci demeurait injoignable. Lorsque Carlisle raccrocha, je lui tendis le téléphone et lui demanda s’il reconnaissait la personne présente sur la photo. Il écarquilla les yeux, et parla à voix basse.
« C’est elle. C’est Cassara. Elle traquait Rosalie. »