L'Innommable

Chapitre 3 : Le seuil de la porte

4160 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/11/2024 00:00


Disclaimer : Twillight ne m'appartient pas, je ne fais que triturer les personnages (principalement Jasper par ici), pas de bêta.

Avant-propos: Injures racistes mentionnées et découlant du contexte historique. Certains ont peut-être aperçu une version beaucoup plus longue de cet OS apparaître très brièvement hier, c'est "normal", les sections manquantes viendront compléter ce texte en tant qu'"OS à la suite" dans les jours qui viennent ;)


Cet OS, qui n'en est pas vraiment un, participe en seconde chance au jeu d'écriture : Mots-Clés « Frontière et Regrets » du forum fanfictions.fr (juillet/août 2024). Cette participation au défi est conçue comme une sorte de triptyque (les OS 4 et 5 en sont la suite directe et exploitent la même thématique) .


Les trois textes peuvent être lus comme des OS (ou comme 3 chapitres d'une mini fic) indépendants mais, pour information, au début je voulais tout publier d'un bloc; sauf qu'avec l'ajout des notes de fin, c'était vraiment un énorme morceau et j'avais peur que ce soit trop dense et illisible, du coup, j'ai fractionné. Je rajouterai les trois textes à la section "défis no limits" une fois le cinquième OS ajouté.


Bonne lecture :)


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14 mars 1861, White Oak, Texas


« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. »*

Arthur Rimbaud – Roman


Jasper traversa le couloir avec l’entrain d’un condamné à mort. La nuit était tombée depuis quelques heures sur White Oak, la maison était presque silencieuse, plongée dans la pénombre, une unique bougie – bien entamée – posée sur la table du séjour diffusant une lueur blafarde dans un angle de la pièce où son père le guettait. Sentinelle réprobatrice et avinée. Jasper avait rassemblé les quelques affaires qu’il comptait emporter en milieu d’après-midi : une poignée de vêtements, un recueil de poème, et un vieux fusil de chasse que lui avait offert son grand-oncle quelques mois avant son décès. Il était prêt à partir depuis longtemps. Pourtant, il avait passé la fin de journée allongé sur son lit, presque immobile, les yeux fixés sur le plafond et les pensées à la dérive. Pas qu’il hésitait sur son engagement. Il n’avait jamais été aussi sûr de quoi que ce soit.


Il s’y voyait déjà : le sabre à la main, l’étendard claquant au vent, au galop d’un cheval fougueux. Dans son jeune esprit, la guerre avait des allures de chevauchée héroïque : qu’importaient les dangers et qu’importait la mort même, quand on combattait pour la défense de sa patrie ? Il brûlait d’impatience de rejoindre les rangs des engagés, exalté à l’idée de combattre pour une cause plus grande que lui. Empressé de quitter l’ambiance morose de son foyer pour aller récolter gloire et honneur sur le champ de bataille.


Les dernières semaines lui avaient semblé interminables. Il avait suivi fébrilement tous les entrefilets parus dans les journaux locaux à propos des discussions au congrès entre décembre et fin janvier. À l’époque, il n’arrivait pas à déterminer si les gazettes faisaient ou non du sensationnalisme en évoquant avec emphase une guerre imminente. Depuis le 1ᵉʳ février, la situation s’était emballée… et clarifiée. Les journaux n’en avaient pas « trop fait » : Houston avait été désavoué et le Texas était entré en Sécession** ; la guerre était sur le point d’éclater et le recrutement de soldats pour la Confédération battait son plein.


Il fallait que l’armée s’organise de manière que les troupes soient prêtes à entrer en action dès que ce serait nécessaire. Les unités de cavalerie en particulier étaient clairsemées ; les hommes ayant l’habitude de monter à cheval commençaient à manquer dans certaines grandes villes comme Houston et Austin – qui bénéficiaient d’un réseau ferroviaire étoffé – et les recruteurs écumaient les ranchs et fermes alentours à la recherche de garçons en âge de combattre et sachant monter. Jasper avait été approché par les chargés de conscription, à peine une semaine après l’entrée officielle du Texas en Sécession. Son père les avait accueillis fraîchement, leur précisant de manière lapidaire « que son fils n’était pas majeur » et que lui-même était « en trop mauvaise forme physique pour s’engager » ; il s’était abstenu de faire toute remarque délétère sur ce qu’il pensait de la situation politique… ce pour quoi Jasper ne pouvait qu’être reconnaissant.


Jasper n’avait pas raté l’air navré des officiers, ni la remarque en vertu de laquelle il faisait bien plus vieux que son âge. Quelques heures après le départ des hommes, l’idée avait fait son chemin et s’était confortablement installée dans son esprit. Sa résolution s’était gravée dans la roche : il avait attendu le jour de ses dix-sept ans, comme une frontière symbolique à franchir pour mettre fin à son enfance et prendre le large. Et les armes.

Son père, même au travers des brumes des liquides ambrées qu’il avalait à l’excès pour engourdir la douleur liée au décès de sa fille***, avait presque semblé flairer sa décision : voilà quatre jours qu’il surveillait chacun de ses faits et gestes avec une bonne dose de suspicion, essayant de l’entraîner chaque soir – encore et encore – dans les discussions oiseuses dont il avait le secret sur la « faute morale » de l’Idéal de la Confédération. Les discussions étaient tout ce qu’il y a de stérile et se finissaient rapidement quand Jasper baissait pavillon ou que Rudyard – à bout de patience – traitait, de manière plus ou moins détournée, son fils d’imbécile.


Ils étaient à couteaux tirés depuis des mois déjà, les disputes récentes ne faisaient que confirmer à Jasper que le fossé entre eux était trop profond pour être comblé. Le conflit larvé mijotait depuis longtemps et en était arrivé à son point d’ébullition après la mort de sa sœur. Il n’y avait plus personne pour qui se retenir d’exprimer leurs différends à haute voix. À chaque éclat, il sentait sa rancœur et son incompréhension vis-à-vis de la position paternelle enfler. Son père ne semblait pas nourrir beaucoup plus de tendres sentiments à son égard. Il paraissait sur le sentier de la guerre ; les prises de position de Jasper l’insupportant de plus en plus. Jasper avait maille à gérer le mépris d’un homme qu’il respectait encore, mais dont il trouvait les partis pris politiques aberrants. Il était grand temps que Jasper parte avant que l’un ou l’autre ne dise réellement quelque chose qu’il regretterait.


Une part de lui avait espéré ne pas avoir à jouer cette désagréable scène d’adieu. Une part de lui aurait aimé pouvoir partir dans la confidentialité, comme un voleur à la nuit tombée. L’autre part, celle la plus enfantine, avait la gorge nouée à l’idée de ne pas obtenir – à défaut d’une bénédiction qu’il n’aurait vraisemblablement pas – un « au revoir » de Rudyard Whitlock. Il laissa tomber son paquetage de fortune sur le sol, posant soigneusement le fusil contre le mur et attendit patiemment que son père prenne parole. Le silence s’étira inconfortablement dans l’air ambiant, durant de longues minutes – le silence s’étendit tellement que Jasper pensa finalement qu’aucune parole ne serait prononcée. Ne sachant pas quoi dire lui-même, il renonça et se pencha, prêt à ramasser ses affaires. Il suspendit son geste dans les airs et son estomac sombra un peu à l’entente de la voix rocailleuse au ton tranchant.


– Tu pars.


Dans le silence pesant, il semblait à Jasper qu’il y avait un jugement acerbe dans la sentence. Il déglutit et releva la tête vers son père. Il fut cueilli par un regard perçant, mais voilé d’amertume et embrumé par l’alcool : sous la rudesse, il y avait de la tristesse qui bouillonnait. Jasper ne savait pas comment affronter l’homme, il se redressa et se tint droit, soutenant le regard. Le désaveu qu’il y trouva, le mis immédiatement sur la défensive. Il tenta de plaider sa cause une dernière fois. D’au moins essayer de faire entendre raison à l'homme buté, avant de partir pour la guerre.


– Oui, je pars. C’est décidé. L’armée a besoin d’hommes, et je compte bien faire ma part.


Rudyard eut un ricanement sec. Il se redressa lentement, ses mains tremblantes se posant sur les accoudoirs du fauteuil et se crispant autour. Comme si le geste pouvait lui donner de la force pour cette ultime joute.


– Faire ta part… Ne me raconte pas de sornettes, mon garçon. Tu te jettes dans cette guerre sans avoir une fichue idée de ce à quoi tu t’engages ! Tu vas tuer et mourir pour des fadaises !


Ce n’était rien de plus que les arguments que son père lui lançait depuis des jours. Jasper défiait des yeux l’homme qui lui avait appris à lire, à chasser et à monter à cheval. Un homme qu’il avait admiré plus que tout lorsqu’il était encore haut comme trois pommes. Il ne savait pas comment leur relation avait pu se distendre à ce point, mais, tandis qu’ils se jaugeaient du regard, il lui semblait qu’ils appartenaient à des mondes différents. Des étrangers. Jasper s’efforça de lui répondre calmement, même s’il sentait ses poings se serrer et son pouls commencer à accélérer un peu, sous le coup de la colère.


– Désolé de te décevoir, mais je sais parfaitement pourquoi je m’engage. Ce n’est pas parce que je suis en désaccord avec toi, que je suis idiot. Tu crois que Lincoln et le congrès en ont quoi que ce soit à faire du sort des nègres ? Le but, c'est de ruiner le Sud ! De nous asservir pour mieux nous étouffer avec leur foutu fédéralisme. Tu t’es battu pour le Texas : tu devrais comprendre mieux que personne la nécessité de prendre les armes pour défendre la liberté de son État !


Ce n’était pas la première fois qu’ils avaient cette dispute, mais ce soir, quelque chose pesait plus lourd. Peut-être était-ce l’idée que cette confrontation serait leur dernière. Chaque phrase échappée de leurs bouches semblait dresser un mur un peu plus haut entre eux. Jasper sentit son cœur s’emballer dans sa poitrine, mais il s’efforça de ne rien laisser paraître. Le léger tremblement de ses main, il le dissimula en les mettant derrière son dos et en les nouant entre elles. Il ne pouvait s’empêcher de haïr l’image que son père projetait sur lui. Un enfant stupide qui ne comprenait pas la cause pour laquelle il voulait s’engager. Il ne savait comment briser cette perception injuste. Il parlait d’un ton qu’il voulait assuré, mais la colère visible dans les yeux de Rudyard alimentait sa frustration et son impression que toute la conversation était vouée à l’échec : peu importe ce qu’il dirait, il ne parviendrait pas à se faire comprendre. C’était comme essayer de porter un peu d’eau pour relancer un moulin depuis longtemps abandonné.


Un silence lourd suivi son éclat, puis Rudyard se leva brusquement, sa silhouette, autrefois imposante, tremblant d’indignation. Il vacilla légèrement sous l’effet de l’alcool, mais pointa un doigt accusateur vers Jasper qui se retenait à grand-peine de se montrer dédaigneux face à l’actuelle déchéance de l’homme. La montée en flèche de sa consommation de spiritueux depuis le décès de sa fille, trois mois auparavant, ne rendait pas aisé d’avoir une conversation sensée avec son père. Jasper devait se rappeler qu’il était toujours en deuil, pour ne pas se hasarder à être trop critique envers lui et à le mépriser.


– La liberté d’un État ! Et la liberté des hommes, ça ne t’intéresse pas, hein ? Ce que je comprends, c’est que tu as avalé toute la propagande qu’on nous sert dans les journaux, depuis des mois. Tu te laisses emporter par la rhétorique creuse de politiciens véreux qui envoient des jeunes se faire massacrer pendant qu’eux resteront bien au chaud ! Je me moque bien de savoir ce que recherche le congrès ou de la sincérité de Lincoln. Je me soucie de la vie des « nègres », comme tu dis : tu t’en soucierais aussi, si je t’avais mieux élevé !


La voix de Rudyard, habituellement tempérée, vibrait désormais d’une réprobation et d’un venin qu’il ne tentait pas de dissimuler. Même diminué, l’homme avait de l’éloquence à revendre et un regard vif. Il poursuivit, implacable.


– Je me suis battu pour l’Indépendance du Texas, pour que le monde change. Toi tu veux te battre pour qu’il reste identique. Pour préserver l’ordre établi. Pour que des nantis puissent continuer à prospérer, et que les esclaves continuent à mourir dans les champs de coton ! C’est ça ? Tu parles d’un Idéal ! Tu ne te battras pas pour toi, ni pour nous. Et certainement pas pour la justice !****


Quelque chose trembla presque en Jasper face à cet argumentaire passionné, mais il tint bon, la tête haute. Son père était un idéaliste, un rêveur, il était incapable d’analyser clairement les données du problème. Si c’était la dernière fois qu’il devait avoir cette conversation absurde, cette fois, il allait la mener à son terme et l’emporter : il prit sa voix la plus froide et se permit même d’afficher sa condescendance. Un sourire moqueur agitant ses lèvres, même si le cœur n’y était pas. Il savait qu’il ne convaincrait pas son père, mais il n’allait pas se laisser traiter comme un gamin stupide, une fois de plus, sans avoir pu livrer le fond de sa pensée.


– Ce n’est pas une histoire d’ordre établi, je veux me battre pour ma patrie. Que crois-tu ? Que je vais rester ici à regarder le Sud s’effondrer sans rien faire ? Tu peux désapprouver autant que tu veux l’esclavage, mais tu ne peux pas être borné au point de ne pas en reconnaître les bienfaits ! Si l’esclavage doit être aboli, ça doit être le choix des États : ça doit se faire au cas par cas, si on ne veut pas ruiner toute notre économie ! L’urgence, c'est de se battre pour protéger l’avenir du Sud, pas de soutenir un idéalisme fumeux. Tu es incapable d’avoir un point de vue rationnel sur la question : tu te laisses emporter par tes émotions. Le monde doit être simple quand on se complaît dans un rêve éveillé…


Les poings de Rudyard se contractèrent, sa voix grave ayant toujours des accents furieux. Les mots étaient aiguisés comme des couteaux, tandis qu’il le toisait sévèrement.


– C’est toi qui ne comprends pas ce dont il s’agit. Tu parles d’émotion et de rationalité, mais c’est exactement ce dont il est question, Jasper. On ne parle pas simplement de variables d’ajustement ou d’argent : c’est de vies humaines et de dignité dont il est question. Tout ça, c’est bien plus important que la fierté d’un État, que la défense de maudites plantations ou que le maintien d’une économie. Tu veux que je te dise… Si l’économie du Sud ne repose que sur l’esclavage, alors elle mérite de brûler ! Une économie bâtie sur le dos de pauvres diables enchaînés n’a aucune valeur et ne mérite pas qu’on se batte pour elle. Partir se faire tuer pour maintenir un système qui avilit des hommes n’a rien d’honorable ! Je te connais : si tu survis à cette guerre, et j’espère que tu le feras, il y a un moment où tu réaliseras que ce que tu as fait n’avait rien d'héroïque ou de juste. À ce moment-là, tu pourras à peine vivre avec toi-même, mais il sera trop tard pour les regrets !


Un frisson de colère traversa Jasper, et il baissa les yeux un instant, plein de morgue, inspirant pour ne pas éclater, avant de ramasser son paquetage d’un geste brusque. Il était plus que prêt à mettre fin à une discussion stérile qui ne changerait rien à ce qu’ils pensaient l’un et l’autre. Son père et lui n’avaient, de toutes manières, visiblement plus rien à se dire.


– Que voudrais-tu que je fasse, père ? Que je reste dans cette maison à regarder les murs pourrir pendant que tu noies tes regrets dans ton whisky ? Accroche-toi à ta misère et complais-toi dedans, si ça te fait plaisir. Moi, je vais faire ce qui doit être fait ! Je ne vais pas attendre l’autorisation d’un homme qui ne croit plus en rien, à part à du vent, pour aller défendre ma patrie !


Son père demeura silencieux, le fixant longuement, comme s’il espérait encore trouver un écho du garçon qu’il avait élevé dans le jeune homme emporté et méprisant qui lui faisait face. Ils étaient en terrain miné et la frontière entre eux était comme une tranchée abrupte creusée dans un sol calcaire. Les épaules de Rudyard s’affaissèrent légèrement, en signe de défaite, alors qu’il secouait la tête. La déception amère et la pointe de mépris dans ses yeux, infligeant une douleur plus cuisante en Jasper que n’importe quelle récrimination ou éclat rageur.


– Vas-y, si c’est ce que tu veux, Jasper. Tu peux t’en aller, je ne te retiendrai pas ! Mais ne prétends pas que tu pars pour défendre ta patrie, pour la gloire ou pour l’honneur du Sud.


Il marqua une pause, sa voix s’adoucissant et se brisant un peu, laissant filtrer une émotion indescriptible.


– Tu pars pour fuir cette maison, et pour ne pas avoir à te souvenir d’elle.


Rudyard Whitlock saisit brusquement la blague à tabac posée sur la table en face de lui et la jeta dans sa direction. Elle atterrit à quelques pas de l’endroit où se tenait son fils, tombant sur le sol dans un bruit mou. Jasper serra les dents et baissa la tête, furieux et blessé que son père évoque la mort de sa sœur dans ces circonstances. Les mots lui brûlaient les lèvres – il ne savait pas lesquels – mais il ne les prononça pas. Il avait eu un "au revoir" – un adieu même – mais il n'arrivait pas à s’en satisfaire, ni à trouver la force de lui rendre la pareille.


Jasper déglutit, espérant qu’aucune émotion ne transparaisse sur son visage. Il hocha machinalement la tête, se pencha pour ramasser la curieuse offrande. Il eut une drôle de sensation de vertige en se redressant, comme une vague de nausée – à moins que ce ne soit des regrets – qui essayait de s'installer. Il l'ignora et récupéra silencieusement le fusil posé contre le mur, crispant ses doigts autour de l’arme. Il ne risqua pas un regard en direction de son père, avant de lui tourner le dos. Il avait la sensation que les yeux de l’homme continuaient à le transpercer tandis qu’il franchissait le couloir menant au vestibule, s’éloignant, sans un regard en arrière. Son cœur tambourinait furieusement dans sa poitrine, le son se répercutant sinistrement dans ses tympans, il avait l’impression folle que les battements de celui-ci produisaient plus de bruit que ses pas sur le plancher.


Il n’hésita qu’une fraction de secondes avant de passer le seuil de la porte. Sans se retourner, sans même prendre la peine de la refermer derrière lui, il s’enfonça dans la nuit.



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Notes : *Pour les trois OS qui suivent on sera sur des citations de Rimbaud en ouverture. Il y a quelque chose dans la figure du poète maudit, brillant, mélancolique, ambitieux en quête d'une vie aventureuse et héroïque malgré une vision cynique de la guerre; mort très jeune après des engagements douteux (enrôlement dans l'armée coloniale, soutien plus ou moins clair à l'esclavage, marchant d'armes) qui me parle assez par rapport à la vision que j'ai du personnage de Jasper en tant qu'humain. Ici la mention du "on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" sert essentiellement à rappeler l'âge du personnage, ce qui, sans les justifier, peut expliquer certains de ses choix. J'ai essayé de le faire paraître nettement plus jeune et naïf que dans "Si c'était un homme" : déjà, il peut y avoir un écart considérable entre ce que l'on est à dix-sept et dix-huit ans et, à ce moment de l’histoire, Jasper n’a pas encore subi l’impact direct et prolongé de la guerre, ni été nommé Major et placé dans des situations exigeant qu'il prenne des décisions compliquées pour des hommes plus âgés.


** Pour reprendre les éléments/dates clefs liés l'entrée de l'état du Texas dans la guerre de Sécession : en décembre 1860, les comtés texans se réunissent en un congrès extraordinaire pour débattre de la sécession. Malgré l’opposition farouche du gouverneur Sam Houston, la convention adopte une « Ordonnance de sécession » par 166 voix contre 8, le 1er février 1861. Celle-ci est ensuite ratifiée par référendum populaire le 23 février 1861 : à cette occasion, la déclaration des causes motivant la séparation du Texas de l’Union fédérale affirmait sans ambiguïté en préambule, son soutien indéfectible à l’esclavage. Le document présentait cette pratique comme un ordre naturel découlant de la supposée supériorité de la Race Blanche sur celle des Noirs. L'État du Texas rejoint les États confédérés d’Amérique le 2 mars de la même année, après avoir destitué Sam Houston, qui refusait toujours de prêter serment à la Confédération, les premiers combats entre unionistes et confédérés commencèrent à la mi-avril.


*** La mort de la sœur de Jasper quelques mois avant le début de la guerre de Sécession est un élément non canonique que j'évoque dans "En attendant la pluie".


****Je ne l'ai peut-être pas assez clairement évoqué dans mon OS précédent y faisant référence, mais le fait de faire dans cette préquelle, du père de Jasper un idéaliste humaniste et un fervent abolitionniste est un choix très délibéré. Quand j'ai commencé à écrire en "En attendant la pluie" et que je me suis plus particulièrement intéressée au passé de confédéré de Jasper, je me suis de suite dit que ce serait trop "facile" et pas assez intéressant à analyser d'un point de vue moral, de faire qu'il vienne d'un environnement purement pro-confédéré/esclavagiste. Là, ses errements moraux, peuvent avoir été attisés par un tas d'autres choses (voisinage, ambiance historique, ambition et égocentrisme, adhésion à la propagande, etc...), mais je voulais tout de même explorer la portée de ses décisions personnelles dans sa situation. Le but est de montrer que, même avec des influences non forcément néfastes, un personnage à priori plus intelligent que la moyenne (ce n'est pas moi qui le dit, c'est Meyer qui insiste sur son intelligence en tant qu'humain, dans le canon :p) peut néanmoins faire tout un tas de choix douteux, alors qu'il avait "le terreau" pour en faire d'autres.


Ps : à très bientôt pour la suite et, pour ceux qui lisent la fic-mère, une mise à jour d'"En attendant la pluie", vient incessamment sous peu ^^"

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