DE FEU ET DE SANG

Chapitre 10 : Il y a 30 ans... (1ère partie)

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 21:35

2028. Petit mas servant d'auberge, dans l'arrière-pays niçois.

 

'Je... je ne sais pas, Bella. J'ai si peur pour toi. Je crois qu'ils se doutent de quelque chose'.

'Comment le pourraient-ils? Ils ne soupçonnent même pas mon existence!'.

'Ils sont bien plus intuitifs et puissants que tu ne l'imagines...'

'Mais ils doivent respecter le traité de cohabitation des espèces! Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre notre amour au grand jour?. Nous nous installerions loin d'eux...'

'Bella, nous en avons déjà parlé mille fois. S'ils apprennent ton existence, ils n'hésiteront pas un seul instant à t'exécuter. Ils se fichent du traité! Ils en ont déjà violé toutes les règles!'.

 

La jeune femme lâcha violemment la main de son compagnon.

Ils cachaient leur amour depuis tant d'années! Combien de temps encore devraient-ils se donner des rendez-vous secrets? Et combien de temps encore devrait-elle faire semblant d'être une simple humaine?

Mais elle était la dernière... Elle se devait de rester en vie.

 

L'homme aux longs cheveux noirs la prit dans ses bras, embrassant son front avec ton son amour.

Il avait l'air si malheureux, si torturé.

 

'Bella... Je sais que rien de tout cela n'est simple pour toi. Ce n'est pas la vie que je rêvais de t'offrir'.

'Je suis bien tant que je suis près de toi'.

'Mais je te fais courir un grand danger et je ne supporterais pas qu'il puisse t'arriver quoique ce soit. Avec toi, je redeviens l'humain que j'étais. Je t'aime Bella. Bientôt, nous pourrons vivre ensemble, tous les jours et aux yeux de tous'.

'Et comment comptes-tu t'y prendre?'

'Je ne sais pas encore... mais je trouverai une solution. Je te le promets'.

Elle leva ses grands yeux marrons vers lui. Elle lui sourit.

'Et tu crois que le solution sera trouvée avant... disons... l'année qui vient?'

Il la regarda, intrigué.

'Parce que tu as 7 mois tout au plus pour nous trouver un lieu sûr... pour tous les trois'.

 

Elle prit la main de l'homme et le posa sur son ventre.

Les larmes lui montèrent aux yeux. Il la prit dans ses bras et la souleva.

'Tu attends... un bébé! Notre bébé!...'

'Oui, tu vas être papa', lui répondit-elle, non sans émotion.

 

***

 

 

Depuis des années déjà ils préparaient leur vengeance : former secrètement une armée afin de renverser le nouvel ordre établi.

Toute créature sympathisante de leur cause était recrutée.

La plupart des hybrides avaient trouvé une aide « providentielle » pour s'échapper des asiles où ils étaient confinés et avaient ainsi rejoint les rangs de cette armée secrète.

Les plus durs à convaincre restaient les humains. Pourtant, ils étaient essentiels à la création de leur armée : 1.ils étaient de loin la race la plus répandue sur terre – 2.ils faisaient d'excellents espions, personne ne se méfiait d'un simple humain – 3.ils faisaient un excellent repas lorsqu'ils ne servaient plus à rien. Boire du sang humain les avait toujours rendus plus forts.

Les Maîtres organisaient donc des campagnes de recrutement à travers le monde entier.

 

***

 

2024. Paris

 

C'est à cette occasion qu'il avait croisé la route de Bella.

Elle venait de sortir précipitamment de la voiture en claquant violemment la portière.

Elle s'était disputée avec son compagnon et désirait rentrer à pied.

Il faisait nuit et froid. Novembre, à Paris.

Ce n'était pas très prudent de marcher seule dans ces quartiers réputés chauds, mais elle semblait s'en ficher, concentrée sur sa colère.

 

Lui avait passé la journée à chercher d'éventuelles recrues. Ca n'avait pas été très fructueux et il errait depuis le début de la soirée, la soif de sang lui brûlant la gorge.

Il la suivit.

Son odeur était étrange, plus forte que celle d'un humain. C'était envoûtant et irrésistible.

Sa soif était aiguisée par cet entêtant parfum et il prit des ruelles annexes afin de la devancer sans qu'elle s'en aperçoive.

Lorsqu'elle tourna vers la ruelle sombre, elle s'arrêta net. Il était là,lui barrant le chemin.

Ils restèrent à se scruter une demie-seconde.

Comme il en avait l'habitude avec ses proies, il lui envoya une gifle afin de l'assommer à moitié.

Sauf que cela n'eut pas l'effet escompté.

Au lieu de voler contre le mur, elle mit sa main sur sa joue rougie et lui mit un coup de genou dans le bas ventre.

Il se plia en deux sous la douleur. Cela faisait des centaines d'années qu'il n'avait plus ressenti cette impression : avoir physiquement mal.

Il se jeta alors sur elle, et de tout son poids, la fit tomber au sol.

Elle se débattait mais bizarrement, ne criait pas.

Il colla alors sa bouche contre sa nuque mais ses dents ne sortirent pas. Il lui était impossible de la mordre!

Il se releva d'un coup.

'Mais... mais... qu'êtes-vous?', bégaya t'il.

Elle ne prit pas le temps de lui répondre. Elle s'enfuit.

 

 

***

 

Il passa les nuits suivantes à flairer son odeur si délicate à travers la ville.

Il fallait qu'il la retrouve.

Son parfum, ses yeux, tout en elle l'obsédait.

Au bout de 5 jours, il la vit. Elle travaillait comme serveuse dans un bar branché, du côté de Pigalle.

A plusieurs reprises il la suivit de loin alors qu'elle rentrait chez elle, toujours à pied, comme si l'incident de la semaine précédente ne l'avait pas affectée.

Un soir, sur le chemin du retour, il se rendit compte qu'il n'était pas le seul à la suivre.

Le gars dont elle avait précipitamment quitté la voiture était sur ses talons. Il la plaqua contre le mur en lui criant dessus. La fille se débattait et le vampire intervint. Il prît l'homme par surprise et le mordit, le vidant entièrement de son sang.

La fille assista à la scène sans ciller. Sans même un cri.

Il jeta l'homme à ses pieds et la fixa.

Elle lui sourit d'un air moqueur.

'Vous essayez de me tuer et quelques nuits plus tard, vous jouez les sauveurs... Étrange comportement pour un suceur de sang'.

'Vous êtes...'

'Une nihili.'

'Ils ont tous été exterminés... C'est impossible!'

'Alors essayez de me mordre', dit-elle en s'approchant de lui, mettant sa nuque en évidence.

'Je... ne ... peux pas'.

'Ne vous en faîtes pas, il y a d'autres moyens de me tuer. Je ne suis qu'une humaine améliorée après tout! Couteau, arme à feu, noyade...'

'Qu'est-ce qui vous fait penser que je vais vous tuer?'

'Je suis un danger pour votre race. Et je suis la dernière de ma lignée, l'unique survivante du massacre orchestré par vos soins'.

'Je ne vous tuerai pas...'

'Si vous me dénoncez, on le fera à votre place'.

'Je ne vous dénoncerai pas'.

'Et j'imagine que je dois vous faire confiance! Trêve de plaisanterie. J'ai eu une journée harassante alors si vous ne me tuez pas maintenant je vais rentrer me coucher'.

Elle s'apprêtait à partir mais il la rattrapa.

'Une nuit'.

'Quoi?, lui répondit-elle surprise.

'Une nuit avec vous et je vous laisse tranquille. Vous ne me reverrez plus.'

Elle le scruta, interloquée puis se reprit.

'J'habite à deux rues d'ici'.

 

 

 

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