DE FEU ET DE SANG

Chapitre 3 : Un lendemain qui chante

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:44

Point de vue de Bella

 

La nuit fut longue et agitée. Même la visite de Mike n'avait pas réussi à me détendre totalement.

Le petit oreiller gonflable et la couverture supplémentaire avaient fait leur office. Suite à ces dernières 24 heures, j'avais la nuque comme mâchée et si la soirée avait été d'une chaleur étouffante, la nuit était beaucoup plus fraîche.

D'ailleurs, j'avais trouvé cette attention plutôt sympa bien qu'inhabituelle de la part d'un régiment de combat. J'imagine que c'était leur façon de nous souhaiter la bienvenue.

 

Je me levai aux aurores. Il était 5h du matin. Je pensais qu'il était mieux pour moi de me doucher avant que les hommes du bataillon ne soient levés. Plus sécurisant, disons. Et puis je n'avais pas l'intention de m'attirer des ennuis.

Je me dirigeai donc vers les douches, enfin... ce qui faisait office de douches!

Il ne s'agissait en fait que d'un grand container préfabriqué et compartimenté en 10 petites douches.

L'intimité était préservée, c'était déjà ça...

En face des douches, le long du mur, se suivaient 15 lavabos.

Seul artifice? Chaque lavabo était agrémenté d'un miroir et d'une plaque en verre pour y déposer temporairement brosses à dent, rasoirs ou peignes.

Je me plaçai devant un lavabo. J'avais mauvaise mine... Je me brossai les dents énergiquement puis déposer mes serviettes et treillis sur le dessus de la porte de la douche située la plus au fond.

L'eau était glacée et me fit l'effet d'un électrochoc. Elle mit bien 4 minutes avant de commencer à tiédir.

Je commençai à me savonner lorsque je crus percevoir un claquement de porte.

Incontestablement, je n'étais pas la seule à être matinale.

Puis ma porte de douche se mit à tressauter. Quelqu'un essayait de l'ouvrir.

N'avait-il pas vu mes vêtements qui pendaient au dessus de la porte? N'avait-il pas compris qu'elle était occupée?

Si, bien sûr que si... Il insistait. Il forçait sur la poignée.

 

Je priais pour que le petit verrou en plastique ne cède pas, ce qui ne devrait pas tarder à arriver si ce type continuait à secouer autant cette porte. Je voulus crier, appeler à l'aide mais je savais que cela n'aurait servi à rien. Nous étions trop éloignés du campement où se trouvaient nos tentes personnelles.

Je décidai d'affronter ce type mais au moment où j'allais saisir ma serviette et mes vêtements, l'intrus les tira de l'autre côté de la porte et partit avec en courant.

Quelle sotte!!!! Pourquoi n'avais-je pas pensé à les récupérer avant???!!!!! Et qu'est-ce que j'allais faire maintenant?

Je me recroquevillai dans un coin de la douche et me mis à pleurer. Cette mission virait au cauchemar.

 

Je ne sais pas combien de temps je restai dans cette douche mais j'avais apparemment vidé le ballon d'eau chaude et j'étais transie de froid sous le jet glacé. Comme tétanisée par le désarroi, je restai prostrée. Je finis par sombrer dans le noir.

 

Je ne sais combien de temps après, j'entendis qu'on s 'agitait au loin.

Des voix...

Des coups dans la porte...

Oh non... ça recommence...

Je sens qu'on me soulève, j'ai moins froid.

J'entends la voix affolée de Mike. Je veux lui répondre et le rassurer mais je n'en ai plus la force.

Puis plus rien. Je sombre à nouveau...

 

 

Point de vue de Mike

 

La nuit avait été courte mais bonne. Il faut dire que j'étais vraiment crevé. Après avoir rendu visite à Bella, j'avais rejoint ma tente et mes deux nouveaux collègues. Ceux-ci cherchaient désespérément à savoir si je sortais avec elle.

Depuis que nous nous connaissons, Bella et moi avons toujours fait en sorte de nous voir ne serait-ce que quelques minutes avant de nous coucher. C'est une tradition à laquelle nous n'avons jamais failli.

Nous nous sommes toujours soutenus. Quand j'ai perdu mon père, Bella est restée près de moi. Lorsqu'elle a planté la voiture de son père dans un arbre, j'ai dit que c'était moi qui conduisais. Lorsqu'une fille me plaisait, Bella se renseignait pour moi et m'arrangeait le coup. Moi, je la consolais de ses chagrins d'amour et cassait la gueule des coupables dès qu 'elle avait le dos tourné.

Nous sommes tous deux enfants uniques et nous sommes devenus comme frère et soeur.

Enfin plutôt, JE suis devenu comme son frère!

Je l'ai toujours trouvée jolie, et elle n'a fait qu'embellir au fil des années. Avec son sacré tempérament, j'ai aussi compté les amoureux éconduits!

Lorsque ses parents ont divorcé, elle n'a même pas versé une larme. En fait, je ne crois pas avoir vu une seule fois Bella pleurer. Bien sûr elle n'est pas inhumaine. Je l'ai souvent vue les yeux rougis et gonflés. Mais je crois que Bella fait partie de ces gens qui n'aiment pas se montrer en position de faiblesse.

J'aime Bella. Mais je ne sais pas de quel amour il s'agit. Amour véritable? Amour fraternel? Amitié?

De toute façon cela fait longtemps que je ne me pose plus la question. Bella c'est Bella. Elle gardera éternellement pour moi un statut à part.

 

Je me levai au son de l'alarme du téléphone de Nick, un de mes deux copains de « chambrée ».

5h30.

Je m'emparai de ma serviette, d'un treillis propre et partis en direction des douches avec mes deux compères. Nous ne venions pas du même régiment mais le courant passait bien entre nous. Les soirées promettaient d'être joyeuses!

 

Quand nous entrâmes dans le container, un attroupement de gars était agglutiné à côté de la porte de la douche du fond.

J'eus un mauvais pressentiment.

-  «  Eh, Newton! C'est pas ta copine sous la douche?, me dit un des types.

- de toute façon il n'y a qu'une fille pour vider le ballon d'eau chaude, ajouta un autre

- en plus elle monopolise une douche et on est nombreux à attendre! Eh, minette! Quand tu veux tu te dépêches! T'es pas toute seule!, reprit le premier en tambourinant sur la porte

- Oué, madame ne daigne même pas nous répondre!!!!, renchérit un autre.

Quelque chose n'allait pas. Je ne savais pas si c'était Bella de l'autre côté mais même si c'était elle, elle n'était pas du genre à rester trois plombes sous la douche.

- Nick, va me chercher le Lieutenant Cullen ou le Major Black! », ordonnai-je à mon collègue.

Si c'était Bella, je ne pouvais prendre le risque d'ouvrir la porte devant tous ces mecs. Elle pouvait être nue et je n'avais pas assez d'autorité pour les faire dégager.

J'étais fou d'inquiétude. Je sentais que c'était Bella, qu 'elle avait besoin de moi mais je ne pouvais rien pour elle.

Je tapais contre la porte en l'appelant mais sans obtenir la moindre réponse.

 

Moins de 5 minutes plus tard, le Lieutenant Cullen et le Major Black arrivèrent en courant.

- « Qu'est-ce que c'est que ce bordel, Newton?, me demanda le major

- quelqu'un est dans cette douche depuis pas mal de temps et ne répond pas. Je crois que c'est Bella... euh... je veux dire le sergent Swan, Major, lui répondis-je

Au nom de Bella, le major et le lieutenant se regardèrent d'un air entendu. Tous deux avaient blêmi.

Le lieutenant Cullen scruta la porte.

- Jacob, le verrou tient à peine et il y a des traces de coup sur la porte. Quelqu'un a essayé de la défoncer, dit-il d'un air grave

- lorsque j'ai fait mon tour de garde hier soir, cette porte était tout à fait normale, dit le major Black. Tout le monde dégage! Maintenant! Edward, reste avec moi.

J'essayai de protester mais le lieutenant Cullen me poussa vers la sortie.

- reste derrière la porte, Newton. Je t'appelle si on a besoin de toi. T'inquiète pas, on va gérer l'affaire

Pour la première fois depuis que je le connaissais, le lieutenant Cullen avait presque l'air humain.

 

- Edward! Ramène-toi! C'est Swan! Elle est inanimée!!!, cria soudain le major Black

Le lieutenant se précipita dans le container à une vitesse surhumaine.

Je crevais d'inquiétude. C'était Bella. Inanimée.

Malgré l'ordre du lieutenant, j'entrai à mon tour dans le container.

 

Ce que je vis me tétanisa. Le major Black, trempé, tenait Bella dans ses bras.

Elle était nue, extrêmement blanche, les lèvres bleues.

Le lieutenant lui frottait vigoureusement les joues et le dos, essayant de la réchauffer.

Le major Black mit sa veste de treillis sur elle et le lieutenant en fit autant.

- Newton, va me chercher une couverture tout de suite!, m'ordonna le major.

- est-ce qu'elle est...?, lui demandais-je paniqué

- elle est juste évanouie, Newton, ça va aller. Maintenant allez nous chercher une couverture!, me répondit le lieutenant.

Je courus jusque la tente de Bella où je récupérai deux couvertures.

Je revins aussi rapidement que je le pus.

Les lèvres de Bella étaient un peu moins bleues mais elle était toujours inconsciente.

- on l'emmène dans ma tente, dit le major. Edward, Newton, vous resterez auprès d'elle le temps que j'aille prévenir le Général Cullen. S'il y a le moindre souci, venez tout de suite me prévenir ».

 

Le major et le lieutenant enroulèrent Bella avec beaucoup de délicatesse et en prenant soin de ne pas toucher ses attributs féminins.

Le major la porta alors dans ses bras avec une telle aisance qu'on aurait cru qu'il tenait une feuille de papier de ses deux mains.

Nous sortîmes du container et le lieutenant se mit devant le major de façon à empêcher quiconque de voir Bella. Je fis de même.

Arrivés dans la tente du major, le lieutenant retapa rapidement le lit et on y déposa Bella.

Nous nous postâmes chacun d'un côté du lit de camp alors que le major quittait la tente afin d'avertir le Général Cullen.

 

 

Point de vue de ......

 

C'était jouissif.

Elle m'avait bien facilité le travail. Partir se doucher sans escorte, quelle idée!

Soit elle était inconsciente, soit elle était extrêmement sûre d'elle.

Depuis hier soir j'attendais l'occasion de lui tendre un piège mais elle n'avait jamais été seule.

D'ailleurs, au moment où Cullen avait quitté sa tente, j'avais bien l'attention de lui rendre une petite visite à notre nouvelle mascotte mais l'autre abruti de blondinet s'était pointé et j'avais failli me faire coincer.

Regarde-les comme ils sont pitoyables nos guerriers! Black ou Cullen, ils sont déjà à faire les beaux devant elle. Comme des chiens!

 

Elle n'en menait pas large ce matin.

Ceci dit je n'aurais jamais pensé que ce putain de verrou serait si solide...

Je n'ai même pas eu la joie de l'entendre crier. Elle n'a pas pipé un mot! Une vraie gonzesse, quoi!

 

Et puis les grands chefs qui viennent la sauver... Là c'est le bouquet!

Ils sont si pathétiques.

 

Enfin, mission réussie. Elle a du avoir les chocottes de sa vie la mascotte! Au moins on sera tranquille pendant plusieurs jours.

 

La prochaine fois, elle aura peut-être moins de chance.

 

 

 

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