DE FEU ET DE SANG

Chapitre 2 : Une arrivée tumultueuse

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 04:32

 

Point de vue de Bella

 

Je refais mon chignon précipitamment. La nuit dans l'avion et le décalage horaire ont eu raison de ma coiffure. Une douche et des vêtement propres, voilà ce dont j'ai besoin!

Cela a beau faire 6 ans que je suis militaire, je déteste toujours autant passer plus de 24h dans le même treillis!

Au moment où nous descendons les marches de l'avion, je suis surprise par la chaleur étouffante.

J'ai toujours pensé que l'Allemagne était un pays froid et humide, par toute saison. Incontestablement je me trompais. En cette mi juin, l'atmosphère est moite et irrespirable.

 

Mike semble ne pas accuser le coup du décalage horaire lui non plus.

Il faut dire que depuis notre entretien chez le colonel Golff hier soir, tout s'est passé si vite!

Nous avons fait nos sacs en vitesse et avons rejoint le petit aéroport militaire situé à 15 Km de la base. Nous avons prévenu nos familles respectives sur la route.

Une fois de plus, mon père, inquiet, a désapprouvé mon choix de carrière. Pourtant je sais qu'il aime me voir heureuse et épanouie mais à chaque fois que je dois partir sur un théâtre opérationnel, il me targue de reproches.

 

Une fois sur le tarmac, nous nous dirigeons vers le hangar où nous attendent les soldats recrutés dans les autres régiments de transmissions.

Je sais que je serai la seule femme, que ce soit dans l'équipe ou sur la base de Ramstein, et j'avoue que je commence à appréhender la réaction de mes futurs collègues masculins.

Dans mon régiment, tout le monde me connaît et me respecte mais ici, j'ai l'impression de devoir tout reprendre de zéro.

Mike sent mon appréhension et me donne une tape amicale sur l'épaule.

- « t'inquiète Bella, je te protègerai! », me dit-il dans un sourire moqueur.

Ce à quoi je réponds en lui donnant un bon coup de coude dans les côtes.

 

Mes craintes furent avérées.

A peine avions nous franchi la grande porte métallique du hangar que j'eus droit aux sifflements et commentaires plutôt lubriques.

Je récupérai mon paquetage et me dirigeai vers le 4x4 militaire qui nous attendait, essayant de les ignorer.

Nous n'étions pas encore arrivés à la base que les ennuis commençaient...

Cela ne me disait rien de bon quant à mon accueil à Ramstein.

 

La nuit commençait à tomber lorsque je vis les lumières de la base au loin.

Elle paraissait gigantesque.

Quand le 4x4 passa le poste de contrôle du portail d'entrée, j'aperçus un groupe d'hommes en train de rire et de se bousculer. Aucun doute, ils étaient là pour moi. L'accueil ne serait pas des plus chaleureux... ou alors trop, peut-être.

 

Je descendis du véhicule et récupérai mon sac. Je cherchai Mike des yeux, il avait pris le 4x4 suivant mais il ne semblait pas être encore arrivé.

- « Eh, chérie! Tu veux que je te porte ton sac? Faudrait pas qu'tu t'abîmes la manucure!

Je rêvais! Un jeune soldat encore acnéique, à l'allure d'un adolescent, venait de m'apostropher! Le tout sans le moindre égard pour mon grade!

- Pour toi, soldat, ce ne sera pas « chérie » mais « sergent »!!! Et si j'avais les ongles manucurés, je m'en serais déjà servie pour te crever les yeux! Est-ce que je me suis bien fait comprendre?!!!, répondis-je en contenant à peine ma colère.

- Reçu, sergent! Je vous présente mes excuses, sergent!, dit-il penaud

- C'est bon, dégage! ». J'étais hors de moi.

 

Un homme dans la pénombre se mit à applaudir en ricanant.

Je me retournai vivement. Il se mit à la lumière des tentes et je pus enfin le distinguer.

Il était grand, vêtu d'un tee-shirt et d'un pantalon de treillis.

Il avait des yeux dorés et le teint pâle. Ses cheveux courts étaient en bataille.

Son tee-shirt laissait deviner un corps musclé. La vision était loin de me déplaire mais son regard narquois eut raison de ma première impression.

- « Et bien, quelle arrivée sergent Swan! On ne peut pas dire que vous passiez inaperçue!, me lança t'il sans se départir de son sourire.

- Puis-je savoir à qui ai-je l'honneur?, lui répondis-je froidement

- Je suis le lieutenant Cullen. Je suis l'adjoint de votre nouveau chef de section.

- Autrement dit, je serai sous vos ordres mon lieutenant.

- Quelle perspicacité jeune fille! Suivez-moi, je dois vous présenter au reste de la section.

- A vos ordres mon lieutenant »

 

Merde, merde, et merde! Je sens que cette mission va tourner au cauchemar. Je viens de rencontrer mon supérieur direct et le courant n'a pas l'air de vouloir passer... Ca commence mal.

Si je n'étais pas entourée d'hommes, je crois que je me serais mise à pleurer.

Que je ne sois pas la bienvenue c'est une chose mais de là à me détester et à me traiter sans le moindre égard!

Durant le court trajet que nous fîmes à pied pour rejoindre la tente du chef de section, le lieutenant Cullen ne m'adressa pas un mot.

Il marchait à ma droite et, à la lumière de la lune, je me rendis enfin compte qu'il était un vampire. Ceci expliquait peut-être son comportement froid et dédaigneux.

Je croisai deux fois son regard, ce qui me mit dans un état de gêne comme je n'en n'avais jamais connu auparavant. Je me mis à trembler, malgré la chaleur ambiante.

Quand nous arrivâmes à la tente, j'étais presque soulagée de ne plus être seule avec lui.

Nous entrâmes.

 

- « major, je vous présente le sergent Swan. Le reste de l'unité ne devrait pas tarder à suivre, délara le lieutenant Cullen

- merci Edward. Bonsoir sergent Swan et bienvenue chez nous. Je suis le major Black et je suis votre chef de section. J'imagine que vous avez déjà eu le temps de faire connaissance avec mon adjoint, le lieutenant Cullen?, me dit-il

- oui major, merci.

- Très bien sergent Swan. J'ai eu de très bonnes appréciations à votre sujet. Le colonel Golff semble fier de vous compter parmi les membres de son régiment, continua-t'il

Bien que différent du lieutenant Cullen, le major Black était lui aussi plutôt bel homme. Grand, musclé, la peau mate, il semblait du même âge que le lieutenant, la petite trentaine.

- vous me voyez ravie de l'apprendre, major

- je vais être honnête, sergent. Vous ne devez votre présence qu'au Général Cullen qui, comme vous devez le savoir, est le commandant de cette base. Le lieutenant Cullen et moi n'y étions pas du tout favorables.

Le lieutenant Cullen me jeta un regard en coin.

- Je compte donc sur vous pour éviter les ennuis. Mes hommes sont de bons soldats mais manquent de finesse. Il va falloir vous montrer dure à l'épreuve, ils ne vous feront pas de cadeau. Sans compter que vous êtes plutôt jolie et que c'est loin de jouer en votre faveur ici.

- je suis tout à fait consciente que ma présence est une gêne mais je suis venue ici pour travailler. Si le respect de vos hommes se mérite alors je ferai en sorte de le gagner, mais si l'un d'entre eux se montre trop entreprenant ne comptez pas sur moi pour me laisser faire, major!, lui répondis-je brusquement.

Le major et le lieutenant échangèrent un sourire.

- vous avez carte blanche, sergent, me dit le major

Le lieutenant Cullen prit enfin la parole.

- ici, rien n'a été pensé pour les femmes. Vous devrez partager les WC et les douches avec les hommes.

- c'est exact, rajouta le major. Par contre, vous aurez votre propre tente pour dormir, cela va de soi.

Pour plus de sécurité, nous l'avons placée entre la tente du lieutenant Cullen et la mienne. De cette façon, mes gars seront moins à même d'essayer de vous rejoindre!

Tous deux riaient. Je les détestais autant que je détestais ma condition de femme en ce moment.

- bien, j'imagine que vous avez certainement envie de prendre une douche et de commencer à déballer vos sacs. Le lieutenant Cullen va vous conduire à votre tente.

- merci, major. Bonsoir.

- ah! Au fait sergent, en cas d'incident que vous ne pourriez maîtriser... faites-nous en part.

- merci, major, mais je pense que je devrais pouvoir m'en sortir seule », terminai-je sèchement.

 

Le lieutenant Cullen me montra les WC, les douches, le foyer, la cantine et me raccompagna jusque ma tente.

- « voilà, vous y êtes, me dit-il.

- merci mon lieutenant.

- ma tente est à gauche et celle du major est à droite. Ici vous serez tranquille.

- Je n'ai pas besoin qu'on me protège mon lieutenant! Je sais très bien me défendre! Alors, avec tout le respect que je vous dois, je vais vous laisser. »

Il me regarda d'un air surpris.

Je pris mes bagages et m'apprêtait à ouvrir la fermeture éclair de la tente mais le lieutenant fit de même. Nos mains se touchèrent et je fus parcourue d'un frisson.

Je ne sus pas si ce frisson provenait de la froideur vampirique du lieutenant ou de la gêne procurée par cet attouchement aussi soudain qu'inattendu.

Il baissa les yeux et je crus deviner qu'il partageait mon trouble.

Je me détournai et entrai dans ma tente.

Il hésita un instant puis me suivit.

- « petit-déjeuner demain à 6h00 et rassemblement devant la tente du major à 6h45.

- très bien mon lieutenant. Bonsoir.

- bonsoir, sergent ».

Il quitta ma tente sans se retourner.

Je m'effondrai sur le lit de camp et restai à regarder la lumière qui pendait au dessus de moi.

Je devais me reprendre, oublier cet incident ridicule et me reconcentrer. Oublier ce bref contact qui m'avait causé tant d'émoi.

 

Mes pensées furent interrompues par un bruit de glissière. Quelqu'un ouvrait ma tente.

Mon coeur se mit à cogner plus fort que de raison.

- « Waouh, la classe! Une tente pour toi toute seule!

- Mike! T'en as mis du temps!!! ».

Je fus soulagée de voir le visage rieur et réconfortant de Mike, mais pourtant, un étrange sentiment perdurait au fin fond de moi-même. Comme si...

 

Comme si j'étais déçue que ce ne soit que lui...

 

 

Point de vue d'Edward

 

La nuit commençait à tomber et j'attendais l'arrivée de la nouvelle unité de transmissions.

En fait, j'étais impatient de voir à quoi ressemblait cette Isabella Swan et comment les hommes l'accueilleraient. A n'en pas douter, elle risquait de déchanter et je m'en délectais déjà.

Je fus surpris de constater que, sans m'en rendre compte, je m'étais caché derrière le poste de garde.

Comme un prédateur sur le point de fondre sur sa proie.

Je voulais pouvoir l'observer sans qu'elle ne me voie.

 

Le bruit d'un 4x4 s'arrêtant au poste de garde me fit tressaillir.

Les gars formaient déjà un groupe devant le portail, chahutant comme des adolescents.

Le 4x4 se gara et une silhouette gracile sauta de la place du passager avant.

Elle récupéra son paquetage et le mit à son dos avec une facilité déconcertante. Il faisait facilement le double d'elle en poids comme en taille!

Elle se mit à scruter partout autour d'elle. Elle semblait chercher quelqu'un. Peut-être attendait-elle un de ses collègues de régiment.

Je m'approchai à peine. Ma vue de vampire me permettait de la voir parfaitement de cette distance.

 

Elle est belle, 1.65m peut-être, toute menue dans son treillis froissé, un teint de porcelaine et de grands yeux marrons expressifs, ses cheveux bruns en chignon à moitié défait.

Elle est belle et elle a l'air si fragile, si perdue.

Je me mets soudain à espérer que les gars ne l'accueillent pas trop brutalement.

Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi?!!! Je ne vais pas me laisser émouvoir par cette fille!

 

Soudain, le caporal Vaugan s'approcha d'elle.

- « Eh, chérie! Tu veux que je te porte ton sac? Faudrait pas qu'tu t'abîmes la manucure!

Quel culot ce gamin! Oser parler ainsi à quelqu'un de plus gradé que lui! Je ne l'ai jamais apprécié mais là, je me mis à le détester de s'en prendre à elle ainsi.

J'allais intervenir quand, à ma grande surprise, le sergent Swan répliqua:

- Pour toi, soldat, ce ne sera pas « chérie » mais « sergent »!!! Et si j'avais les ongles manucurés, je m'en serais déjà servie pour te crever les yeux! Est-ce que je me suis bien fait comprendre?!!! ».

Je n'en croyais pas mes yeux! Ce petit bout de femme à l'apparence si fragile se tenait à quelques centimètres à peine de Vaugan, le défiant du regard. Ces joues étaient rosies par la colère et je trouvai ça charmant.

Le caporal fut au moins aussi déconcerté que moi et je le vis blêmir.

Il s'excusa piteusement alors que le reste du groupe s'était tu devant la répartie inattendue du sergent Swan.

Celle-ci ne prit même pas la peine de l'écouter. Elle se retourna et lui lança un « c'est bon, dégage! » derrière son épaule.

Cette fille avait du cran, et ce n'était pas pour me déplaire.

 

Je m'approchai enfin de la lumière des tentes en tapant dans mes mains, histoire de lui faire comprendre que j'avais assisté à la scène.

- « Et bien, quelle arrivée sergent Swan! On ne peut pas dire que vous passiez inaperçue!, lui dis-je d'un air moqueur.

- Puis-je savoir à qui ai-je l'honneur?, demanda t'elle, passablement énervée par mes applaudissements.

- Je suis le lieutenant Cullen. Je suis l'adjoint de votre nouveau chef de section.

- Autrement dit, je serai sous vos ordres mon lieutenant.

Cette idée me sembla bien plus agréable que je ne l'aurais cru il y a encore quelques heures.

- Quelle perspicacité jeune fille! Suivez-moi, je dois vous présenter au chef de section.

- A vos ordres mon lieutenant ».

 

Elle prit son sac et nous nous mîmes à marcher en direction de la tente de Jacob.

A cette proximité, je sentis pour la première fois son odeur. Une odeur merveilleuse, entêtante...

Le feu me vint à la gorge.

Je m'écartai. Je devais contenir la soif de sang que son essence naturelle provoquait.

Heureusement que mes années d'abstinence de sang humain m'ont appris à me contrôler!

Je ne desserrai pas les dents pendant tout le chemin.

Le fait est qu'elle non plus, ne m'adressa pas la parole.

 

Je profitai de la lumière de la lune pour l'observer en coin.

Elle me surprit par deux fois. Croiser son regard me troubla profondément.

Je me sentais gêné. Avait-elle deviné que j'étais un vampire? La repoussais-je?

 

Elle eu l'air soulagée lorsque nous arrivâmes à la tente de Jacob, ce qui eut sur moi l'effet d'un coup de poignard dans le coeur.

Je la mettais mal à l'aise.

En même temps, comment une si jolie petite chose pourrait-elle se sentir bien auprès d'un prédateur_aussi repenti soit-il_comme moi?

Je grimaçai et ouvris la tente.

 

De toute la discussion, Jacob ne lâcha pas le sergent Swan du regard.

Je le connaissais assez bien pour comprendre qu'il la trouvait à son goût. Son sens de la répartie ne semblait pas lui déplaire non plus.

Je détestais ce sourire niais qu'il affichait ainsi que ses airs de « grand chef ». Il essayait de l'impressionner et cette idée me rendit jaloux, malgré moi.

Le sergent Swan semblait être agacée qu'on la traite comme une chose fragile et gênante et elle répondit sèchement à toutes les questions de Jacob.

 

Je fus ravi de me retrouver de nouveau seul avec elle. Je lui fis faire un rapide tour de la base et lançait quelques banalités. Elle semblait exténuée par le voyage et le décalage horaire.

Enfin arrivés, j'ouvris la fermeture éclair de sa tente mais elle me devança.

Nos mains se touchèrent et je fus comme parcouru d'un violent courant électrique. Je tremblais.

J'essayai de cacher mon trouble et détournai les yeux de son beau visage.

Je savais qu'elle me regardait. Avait-elle ressenti la même chose?

Je m'apprêtai à fuir puis me ravisai. Ce comportement était indigne d'un militaire et ce petit effleurement ne signifiait absolument rien. Il fallait que je me comporte comme un homme digne de ce nom!

Je la suivis dans sa tente mais me retrouver de nouveau face à elle, en pleine lumière, me fit perdre tous mes moyens.

Je ne pus rien dire d'autre que les consignes pour le lendemain matin.

Je pris aussitôt congé sans même me retourner.

En à peine quelques heures, cette fille m'avait bouleversé.

 

Je n'avais pas la tête à dormir et je me dirigeai vers le foyer. Descendre quelques bières ne pourrait que m'aider à reprendre mes esprits.

 

 

Point de vue de Jacob

 

Je n'ai quasiment pas fermé l'oeil de la nuit.

Son visage apparaissait dès que je fermais les yeux. Pourquoi? Je ne l'avais jamais vue. Une simple photo ne signifiait rien!

Elle me troublait et plusieurs fois dans la journée, je fus tenté d'en parler à Edward puis je me ravisais.

Il était bien la dernière personne à qui j'avais envie de me confier! Et puis je voulais voir sa tête lorsqu'il découvrirait que notre nouvelle venue était belle comme un ange.

Car il est bien là le problème : elle est belle à couper le souffle. Si naturelle, si délicate.

Lorsque la nuit tomba, je m'assurai que toutes les tentes étaient bien montées pour accueillir nos hôtes.

Je ne pus m'empêcher d'entrer dans celle qui serait la tente du sergent Isabella Swan. D'ici quelques heures elle serait là, à l'endroit même où je me trouvais.

Entourée par la tente d'Edward et la mienne, elle serait en sécurité.

Je regardai rapidement autour de moi et allai chercher un petit oreiller gonflable ainsi qu'une couverture dans ma tente. Je les déposai tout aussi furtivement dans celle du sergent Swan.

Je ne voulais pas qu'on me voie. Cette petite attention aurait été amplifiée et mal interprétée.

Et surtout, je ne voulais pas qu'elle le sache, ELLE.

 

Je jetai un regard à ma montre et me dirigeai vers la tente de mon unité.

Je m'installai sur mon siège inconfortable et commençai à éplucher les différents rapports de la journée.

Au bout d'un quart d'heure, Edward entra dans la tente. Il était encore plus pâle qu'à l'accoutumée.

Je sus à la seconde même qu'il venait de rencontrer Isabella... et apparemment, je n'étais pas le seul à qui elle avait fait de l'effet!!!

Elle entra à son tour.

Le chignon défait laissant une mèche rebelle caresser sa nuque délicate, le treillis froissé et bien trop grand pour son corps si frêle, elle m'émut.

Rien n'était à son avantage et pourtant je fus choqué par sa beauté.

Je décidai pourtant de parler sans détour des inconvénients qu'apportait sa présence ici.

Ses mâchoires se serraient presque instinctivement. Malgré tout elle contrecarra toutes mes attaques. Elle avait du caractère et de la répartie. Elle refusait d'être considérée comme la « fauteuse de troubles » de la base.

Elle n'eut pas l'air d'apprécier le fait que nous ayons placé sa tente entre la mienne et celle d'Edward. Elle ne voulait pas être protégée. Elle refusa plutôt sèchement mon invitation à venir me parler en cas de problème.

J'aurais du m'en offusquer, mais j'étais ravi. Cette femme était bien plus courageuse et militaire que la moitié des hommes que j'avais commandés ces 10 dernières années.

 

Lorsqu'elle partit, je fus tenté de me joindre à elle et Edward pour lui faire visiter la base mais cette initiative était contre tous mes principes. J'étais le chef de cette unité et je ne pouvais me laisser aller. Qu'elle me plaise était une chose, mais en aucun cas elle ne devait l'apprendre.

 

J'attendis une demie-heure puis partis faire mon tour quotidien de la base afin de contrôler que tout se passait bien et que mes gars se tenaient correctement.

Il n'était pas rare qu'ils se battent après une soirée bien arrosée au foyer.

Au moment où je passais devant ma tente, j'aperçus Edward quitter précipitamment celle du sergent Swan. Il avait l'air très tendu et se dirigeait vers le foyer. Cela me fit sourire. Ce brave Cullen semblait avoir perdu son flegme légendaire!

Puis un creux se forma dans mon estomac. Se pourrait-il que le si taciturne Edward en pince pour la jolie sergent Swan? Etais-je jaloux?

 

Un groupe arriva. Ils étaient tous chargés de gros sacs. Les nouveaux éléments de mon unité. Je les avais presque oubliés! Ils rejoignaient leurs tentes.

Cependant, un grand blond ne suivit pas le groupe et entra sans prévenir dans la tente du sergent Swan.

C'était Mike Newton, l'homme qui posait avec Isabella et Grier sur la photo que j'avais vue hier soir.

Pour entrer de cette manière, ils devaient être proches. Cette idée ne me plut pas du tout et je décidai de me renseigner sur le type de relation qu'ils entretenaient dès le lendemain matin.

 

Je partis au foyer, la tête pleine de questions.

Je pris une bière et vis Edward qui me faisait signe de le rejoindre.

Je m'installai à sa table.

- « Elle va nous mettre dans la merde, Jacob. Les gars ne parlent que d'elle, me dit-il sans détacher les yeux de sa pinte.

- Je sais. Mais elle a du caractère et elle saura se faire respecter, lui répondis-je

A ces paroles, il sourit.

- oui, c'est vrai qu'elle ne manque de répartie..., s'enquit-il, songeur

- merde, Edward! C'est quoi ce sourire béat? T'es amoureux ou quoi?

- ose me dire qu'elle ne te plaît pas, Jacob! Tu l 'as dévorée des yeux pendant tout l'entretien! Je te connais et je sais que tu es loin d'être aussi indifférent que tu ne veux le montrer.

- ce ne sont pas tes affaires Edward, le repris-je, et je te rappelle que je suis ton chef. Et toi, elle te plaît?

- ce ne sont pas tes affaires non plus, « chef », me répondit-il sarcastique. Et je suis professionnel, rassure-toi. Je ne lui ferai pas de traitement de faveur ».

Sur ces dernières paroles il but le fond de sa bière d'une traite et quitta la table sans même prendre le temps de me saluer.

Ce type là, je ne le comprendrai jamais.

Mais une chose était sure cependant, il était plus que sensible au charme de notre nouvelle venue.

 

Je quittai le foyer et partis en direction de la forêt. Là, à l'abri des curieux, je me transformai en loup et me mis à courir.

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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