DE FEU ET DE SANG

Point de vue de Bella

 

18h00. La journée a été épuisante. Installer un réseau informatique sous 32°C, câbler en plein soleil, c'est vraiment éreintant! Je comprends mieux pourquoi je suis la seule femme dans ce bataillon.

Les autres femmes préfèrent de loin travailler dans les secrétariats ou autres bureaux administratifs.

Moi je suis une technicienne. J'aime le terrain et j'avoue que je me sens mieux parmi les hommes. Les rapports sont plus simples et plus francs.

 

Pourtant mes débuts ont été difficiles. Apparemment, mes collègues me trouvent plutôt jolie et j'ai eu beaucoup de mal à imposer une certaine crédibilité, leur montrer mon professionnalisme derrière les traits fins de mon visage, la féminité de mon corps.

Je me suis battue pour être leur égale. En sport, en combat, dans ma spécialité informatique, mais au bout d'un an, je suis devenue l'une des leurs. Les regards remplis de désir sont devenus des poignées de mains pleines de camaraderie. J'avais gagné leur respect.

 

Merde! Je suis en retard.

J'avais rendez-vous à 18h avec Mike à la cantine de la base, histoire de boire une bière et de se détendre.

Mike. Je le connais depuis mon adolescence. Nous étions au même lycée à Forks.

Je crois qu'au début, il avait un petit béguin pour moi mais je n'ai jamais vu en lui qu'un ami et il a eu l'air de s'être résigné à cette idée. Nous sommes devenus les meilleurs amis du monde. Toujours inséparables. Nous avons été à la même Université, avons eu notre diplôme ensemble.

Lorsque les Volturis ont déclaré la guerre, nous avons décidé d'intégrer l'Armée des Alliés.

Par amour de notre pays, par idéologie aussi.

Après un an d'école militaire dans la même promotion, nous avons été promus sergents tous les deux. Mike avait fini 1er et moi 2è. Nous avons donc pu choisir notre futur lieu d'affectation (privilège des 10 premiers de chaque promotion).

Et nous avons tout naturellement choisi le 521è régiment des transmissions à Seattle, le meilleur régiment de télécommunications.

 

Je saute de ma jeep et me précipite vers la cantine.

Il y a un monde fou et je mets un peu de temps avant de distinguer la main de Mike qui me fait signe de venir à sa table.

J'arrive essoufflée et m'assois auprès de Mike. La table est pleine et nous sommes tous serrés les uns contre les autres. Il y a Tyler, Alex... Tous semblent animés d'une énergie folle. Les conversations vont bon train.

- « dis-moi, Mike, qu'est-ce qu'ils ont tous ce soir, encore une histoire de bagarre? (malgré notre cohabitation, il n'est pas rare qu'un humain se batte contre un vampire ou un loup-garou. Histoire de mecs, quoi!)

- quoi, tu n'es pas au courant? Me répond t'il d'un air étonné

- je te rappelle que j'ai passé ma journée à câbler au fin fond de la base!, lui dis-je passablement irritée

- un ordre de mission va tomber. Les Volturis se rapprocheraient de la frontière russe et on a besoin d'informaticiens sur la base-arrière de Ramsteim, afin d'assurer la communication entre le quartier général et les troupes!, dit-il complètement excité

- Waouh! Je ne pensais pas que les Volturis oseraient s'approcher à ce point là..., répondis-je perplexe.

- Seuls cinq d'entre nous partiront, continua-t'il. Les autres seront recrutés dans d'autres régiments de transmissions. Il faut absolument que je sois sur cette liste!!!

- mais enfin, Mike, c'est un théâtre opérationnel comme un autre!, pourquoi tiens-tu tellement à y aller?, dis-je, perplexe

- Bella, atterris!!!! C'est le 610è régiment de combat qui est à Ramstein! Une vraie légende! Avec un peu de chance je pourrai même serrer la main du Général Carlisle Cullen!!!

- mouais..., maugréai-je. Je ne suis pas sûre d'être complètement convaincue. »

 

Tout à coup, le haut-parleur se mit à grésiller et une voix forte et grave résonna :  « Les soldats dont les noms vont suivre sont priés de se rendre immédiatement au bureau du Colonel Golff, merci. Adjudant Sneth [...], Sergent Newton, Sergent Swan [...] ».

 

Le silence règne dans la cantine. Nous avons été désignés pour partir et les autres soldats nous scrutent avec envie.

Tout à coup Mike me tape dans le dos et me pousse hors de ma chaise. « allez Bella, réveil! On part à l'aventure!!! »

Je le regarde et réalise alors la chance que j'ai d'avoir été sélectionnée, de pouvoir partir sur cette mission où tant rêveraient d'aller à ma place. Et puis surtout, je pars avec Mike. Je ne serai donc pas tout à fait en terrain inconnu.

Je poussai Mike à mon tour et me mis à courir en lui criant « le premier arrivé!!!! ».

 

 

Point de vue d'Edward

 

Je hais ces Volturis...

Depuis trop longtemps déjà ils mettent à mal notre cohabitation avec les humains.

Ce sont des vampires, comme nous, mais pourtant ils continuent à se nourrir de sang humain, malgré le traité de 2010 nous l'interdisant.

Les loups-garou se sont intégrés plus facilement que nous. Ils ont l'air plus « humain » que nous et rien ne peut les faire basculer vers la folie meurtrière comme nous à la vue du sang.

Nous avons beau réfréner nos bas instincts, vivre en communauté avec eux, les humains continuent à nous craindre.

Alors rajoutez les Volturis là-dessus et vous comprendrez pourquoi nous restons malgré tout des « solitaires intégrés ».

Je sais qu'il en existe quelques uns mais jusqu'à présent je n'ai jamais connu de couple vampire-humain, alors que les couples loup-garou – humain sont entrés dans les moeurs.

Malgré tout je n'ai pas à ma plaindre. Mon père, Carlisle Cullen est le Général commandant l'Armée des Alliés. Le premier vampire à avoir un poste d'un tel niveau.

Il faut dire que mon père est un homme bon et plein de sagesse. Il a fait partie des membres signataires du traité de 2010 pour la cohabitation de toutes les espèces. Il est aimé et respecté de tous.

J'avoue qu'au régiment, je profite de son aura. Les humains et les loups-garou me montrent un certain respect et de la sympathie, malgré mon côté solitaire et taciturne.

Tous sauf le major Jacob Black, mon supérieur.

Malgré notre respect mutuel, le courant n'est jamais réellement passé entre nous.

Disons qu'il est aussi lumineux que je suis sombre.

Je suis son adjoint et nous faisons du bon travail ensemble mais ça ne va pas plus loin.

Notre rivalité va même jusqu'aux conquêtes féminines. Certes, ces femmes ne comptent pas pour nous, mais c'est à celui qui piquera en premier la conquête de l'autre.

Celles-ci sont partagées entre le contact chaleureux, le côté avenant et séducteur de Jacob et mon aspect mystérieux, lointain, intouchable.

Ma famille me dit souvent que je devrais faire comme Jacob pour espérer avoir une conquête qui reste plus qu'une nuit mais je ne crois pas être fait pour la vie de couple.

Bien sûr, j'envie un peu mes parents Esmée et Carlisle ou mes frères et soeurs d'adoption Emmett, Jasper, Alice et Rosalie. Ils vivent tous un amour fusionnel. Mais je ne me sens pas prêt.

Esmée pense que c'est parce que je n'ai pas trouvée LA femme mais je reste sceptique...

 

Je finis de lire le rapport quotidien envoyé par nos troupes situées en Pologne.

Les nouvelles ne sont pas bonnes. Les Volturis auraient été aperçus non loin de la frontière russe...

Le problème est que nous manquons de réactivité ici. Nous recevons les rapports avec 2 jours de retard, le temps du transport.

C'est pour cette raison que Jacob a suggéré à mon père de créer un réseau informatique entre nos troupes et nous. Avec une liaison directe et instantanée, nous saurions minute après minute, ce qu'il se passe du côté des lignes ennemies.

Aux dernières nouvelles, un bataillon constitué des meilleurs techniciens en informatique de tous les régiments de transmissions serait sur le point de nous rejoindre.

Mon père, Jacob et moi avons eu la lourde tâche de choisir les soldats qui constitueraient le bataillon de transmission.

Le tri a été rapide. Les meilleurs éléments font quasiment tous partie du 521è régiment des transmissions. Malgré tout, mon père a tenu a choisir aussi des soldats venant d'autres régiments.

 

Un point cependant, a créé notre désaccord.

Parmi les meilleurs techniciens se trouve... une technicienne!

Jacob et moi étions d'accord pour une fois : hors de question qu'une femme intègre notre base!!! Elle serait la seule et cela serait source de problème, aussi douée soit-elle!

- « Jacob, Edward, j'ai fait partie des gens qui se sont battus pour que nos races soient acceptées au sein de la communauté humaine alors comment pourrais-je être contre le fait qu'une femme intègre cette équipe???!!!!, s'exclama t'il

- Mais mon Général, sauf votre respect, elle serait l'unique femme de cette base! Elle risque de semer le trouble parmi nos hommes!, contrecarra Jacob

- papa, tu n'y penses pas!, ce serait un échec et nous serions obligés de la renvoyer dans les jours qui suivent, le suppliais-je

- Comment des créatures qui ont du cacher leur vraie nature pendant si longtemps peuvent-elles être aussi réfractaires à l'arrivée d'une femme sur cette base?!, s'énerva t'il

Je me suis renseigné sur le Sergent Swan figurez-vous!! Elle est leur meilleur élément! Elle est aussi la seule femme à travailler sur le terrain à Seattle et il n'y a jamais eu le moindre incident à déplorer!

Alors il n'y a pas à discuter. Il n'y a pas de « papa » non plus! Le colonel Golff qui est un ami de longue date me l'a grandement recommandée et je lui fais entièrement confiance. Ma décision est prise et je ne reviendrai pas dessus! Ce sera à nous tous, messieurs, de faire en sorte qu'elle n'aie pas d'ennuis!

Est-ce que je me suis bien fait comprendre, messieurs?

- Oui mon Général », répondîmes-nous en coeur.

 

Au souvenir de cette réunion, un sourire me vint aux lèvres.

Quand la fille verra qu'elle doit partager les douches et les WC avec nous et après une soirée au foyer (lieu où les militaires se rejoignent pour boire et se détendre) à se faire toucher les fesses, elle aura vite fait de prendre le premier avion pour repartir!

Cette idée me mit du baume au coeur et je quittai ma tente afin de rejoindre mes gars et boire un verre avec eux au foyer.

 

Quand j'entrai dans l'immense tente qui servait de foyer, les conversations tournaient toutes autour du même sujet : le sergent Isabella Swan.

 

 

Point de vue de Jacob

 

- « A bientôt Jacob, me dit-elle d'une voix doucereuse qui m'exaspéra

- oui c'est ça, à bientôt Jane... euh...Jan.., hésitai-je

- Jena! », me corrigea t'elle plus durement qu'elle ne l'aurait voulu.

Je quittai le petit cabriolet jaune rapidement pour éluder la question du « qui rappelle qui en premier ».

Les filles, toutes les mêmes... Vous passez la nuit avec elle, les prévenez que ça ne sert à rien d'espérer plus, elles sont d'accord mais dès le lendemain, elle vous demande votre numéro de téléphone!

Je souris en pensant qu'elle se consolerait peut-être bientôt dans les bras du ténébreux Edward Cullen.

 

J'entrai dans la grande tente qui nous servait de foyer.

Le brouhaha était incessant et le même nom revenait sans cesse : le sergent Isabella Swan.

Elle n'était pas encore arrivée qu 'elle me contrariait déjà. Les hommes étaient plus dissipés qu'à l'habitude depuis qu'ils avaient appris la nouvelle.

Ce matin, pendant notre séance quotidienne de sport, j'avais eu beaucoup de mal à les canaliser.

Même les 200 pompes en plein soleil n'avaient pas eu raison de leurs babillages.

Cette maudite fille allait être affectée dans mon bataillon. Elle voulait se mesurer aux hommes? Elle n'allait pas être déçue! Je lui réservais déjà un accueil musclé.

Sur ce coup-là, je pouvais aussi compter sur Edward pour agir de même avec elle.

J'avoue que j'espérais secrètement qu'elle soit laide et bête, cela nous faciliterait quand même grandement la tâche quant à son intégration!

Le problème est que j'ai consulté son dossier et que la demoiselle a des notes et des appréciations remarquables en sport et en combat. Elle ne pouvait donc pas être grosse, ni même potelée...

Je n'avais plus qu'à espérer qu'elle aie le nez tordu et la bouche de travers.

Mais pourquoi ne mettaient-ils pas les photos d'identité dans ces fichus livrets?!!!

J'étais curieux de savoir à quoi elle ressemblait.

 

Je m'approchai du bar et commandai une bière.

Je m'assis seul. J'avais besoin de réfléchir.

L'idée d'avoir des femmes dans l'armée ne me plaisait guère, mais le fait d'en avoir une ici m'était tout bonnement insupportable!

 

Il faut dire que les femmes ne sont jamais restées plus d'une nuit dans ma vie.

Je ne suis pas contre une relation sérieuse, non, mais jusqu'à présent, je me suis toujours demandé comment rester avec une fille sans se lasser.

Moi, il me faudrait une femme que j'admire, qui occupe mes pensées jour et nuit, qui me hante. Et franchement, je ne vois pas comment une femme pourrait avoir ce pouvoir sur moi!

Sam, mon meilleur ami, me taquine en me disant qu'en fait je suis un grand romantique qui s'ignore.

 

Tout à coup, une conversation attire mon attention.

A la table à côté est assis un groupe de sous-officiers. Parmi eux, un jeune sergent fait passer une photo à ses collègues qui la regardent avec avidité.

- « Waou! Elle est canon!!!

- attends, passe-moi la photo, je n'ai pas vu!

- Eh! pensez aux copains et faites passer les mecs! »

 

Je m'approche de la table. Les sous-officiers me saluent.

- « excusez-moi les gars, je peux savoir ce qui provoque tant d'euphorie?, leur dis-je

- major, vous devriez voir ça! Grier a une photo du sergent Swan! Joli petit lot, vous devriez jeter un coup d'oeil!

Je prends la photo des mains du sergent Grier et mon souffle se coupe.

Sur la photo, 2 hommes et une femme se tiennent les bras sur les épaules les uns des autres.

Ils sont en tenue de sport, le corps ruisselant de sueur et le sourire aux lèvres.

- Isabella était dans la même promotion que moi à l'école militaire, Major. Là nous venions de gagner un challenge sportif. Elle est arrivée première et moi troisième. Le second c'est le sergent Mike Newton, un bon copain. On est resté en contact après l'école. », commenta Grier.

 

J'entendais ce que me disait Grier mais comme s'il était loin.

J'étais aimanté à la photo. Entre Grier et le jeune homme blond aux yeux bleus se tenait une femme, brune, les cheveux longs noués en natte, le regard chocolat, un teint de poupée, le sourire ancré sur de jolies lèvres roses, son short laissant apparaître de longues jambes.

Elle est belle.

 

Je rends la photo à Grier et me remets à ma table. Je bois une gorgée de bière presque automatiquement.

Les choses se compliquent. Les hommes vont être déchaînés. Il va falloir la surveiller de près.

J'ai l'impression que tu ne vas pas nous rendre les choses faciles, pensais-je.

 

Je levai la tête et aperçu au loin Edward Cullen qui entrait dans le foyer.

Je souris intérieurement. Si tu savais à quel point notre nouvelle venue risque de poser problème, tu ne sourirais pas autant mon cher Cullen!, me dis-je.

 

Je quittai ma table. Il fallait que je me couche tôt. Le bataillon de transmission arriverait demain dans la soirée et il fallait qu'on monte des tentes supplémentaires dès demain matin.

« A nous deux, Sergent Swan! »