Trop besoin de lui
Bonjour à tous!
Voilà un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira!
Merci à Namande et aux dernières lectrices qui ont laissé un commentaire de façon anonyme. C'est ce qui m'incite à poster plus souvent donc n'hésitez pas à commenter!!! Bonne lecture
13. Périple clandestin
Je me réveille avec les premières lueurs de l’aube, avant même que mon réveil ne sonne, et j’entends l’eau couler dans la salle de bains. Charlie doit être en train de se doucher. Je réfléchis un instant et décide de rester dans mon lit jusqu’à son départ.
Je procède mentalement à un récapitulatif des affaires à emmener, de la route à suivre, et j’essaie de prévoir comment mon périple va se dérouler.
Je devrais être au lac Quinault dans la matinée, je m’arrêterai dans un magasin et j’achèterai une carte topographique du lac pour randonneurs ainsi qu’un sandwich pour ne pas être prise au dépourvu par la faim en pleine forêt. Je me mettrai ensuite directement en route, suivant la carte et mon instinct, qui me mèneraient je l’espère à Jacob avant la nuit.
Si tel n’étais pas le cas, il faudrait que j’avise. Camper seule dans les bois ne semble pas être une bonne idée maintenant que je sais que certaines créatures telles que les vampires et les loups existent. Sans parler des prédateurs humains dont on entend de plus en plus parler aux infos.
Il faudra que je repère les hôtels du coin, il y en a certainement autour du lac ou dans la ville la plus proche, et que je fixe une heure limite à laquelle rebrousser chemin pour m’y rendre afin de ne pas être surprise par la tombée de la nuit.
Tout en pensant, j’ai suivi de l’oreille Charlie dans la maison.
La porte d’entrée claque enfin, mais je ne bouge que quelques minutes plus tard quand j’entends sa voiture s’éloigner dans l’allée. Je bondis sur mes pieds, manquant de trébucher dans ma couette, file à la salle de bain où je me débarbouille et reviens m’habiller dans ma chambre.
J’enfile rapidement mon jean, un tricot de corps, mon sweat-shirt bleu foncé et mes chaussures de marche, presque neuves, puis j’attache négligemment mes cheveux en une queue de cheval.
Je ressors de la chambre et jette un œil dans celle de mon père.
Les rideaux sont tirés, laissant entrer le soleil, le lit est fait, et une pile de vêtements propres attend sur le bureau d’être rangée.
En la voyant j’ai un déclic : Jacob sera nu quand il se changera de nouveau en humain, il faut que je lui amène quelque chose à se mettre sur le dos! J’attrape à la volée un jean, une ceinture au cas où, un tee-shirt et une des chemises canadienne de mon père, que je fourre avec mes propres vêtements dans mon sac. Je descends ensuite les escaliers avec mes affaires, mon sac de voyage à la main et mon petit sac à dos sur l’épaule. Je récupère une pomme et un mini sachet de chips que je mets aussitôt dans mon sac à dos avec la carte et mon argent, et je me sers un grand verre de jus d’orange. Je regarde autour de moi en le buvant, pour m’assurer que je n’oublie rien, puis je saisis un bout de papier et un stylo où je griffonne en toute hâte :
Papa,
Je suis partie à la recherche de Jacob, moi seule peux le convaincre de revenir.
Je te promets d’être prudente, je t’appelle dès que possible ou si j’ai un problème.
Ne t’inquiète pas.
Bella.
Cette dernière requête me semble bien difficile à accomplir de sa part, et je suis soulagée de savoir qu’il ne trouvera mon billet qu’à la fin de son service, dans l’après midi ou ce soir, laissant mon champ d’action libre pour au moins une bonne partie de la journée. Je laisse le mot sur la table de la cuisine et sors de la maison.
L’air est plutôt doux ce matin et il ne pleut pas, un coup de chance.
J’entre dans ma camionnette et jette mes deux sacs côté passager.
Une fois installée et clés sur le contact, je prends le temps de sortir la carte, visualise une nouvelle fois la route à suivre, puis la repli à demi et la laisse sur le siège.
Je regarde par curiosité dans ma boîte à gants et je découvre avec un sourire une couverture de survie neuve en papier doré (pliée de sorte qu’elle prenne un minimum de place), une boite d’allumette, une petite pelote de ficelle et un canif. Sacré Charlie ! On ne sait jamais des fois que, livrée à moi même, je me révèle l’âme d’une MacGyver !
Je démarre, souriant encore de la prévenance de mon père, et contrôle la jauge de mon réservoir d’essence. Pratiquement plein, c’est parfait ! Je file ensuite sans perdre une minute de plus.
Je traverse la ville, regardant de tous les côtés pour m’assurer que je ne croise pas la voiture de patrouille, et j’arrive sur la South Forks Avenue. Je ralentis un peu en passant devant les bâtiments du lycée, sur une rue parallèle à gauche ; quelques voitures commencent à se garer sur le parking en retrait. Puis je reprends ma route et rejoins bientôt la quatre-voies.
Je la suis depuis un petit bout de temps quand mon portable sonne, me faisant sursauter.
Oh non, pourvu que ce ne soit pas Charlie qui, ayant oublié quelque chose, soit retourné à la maison et ait trouvé ma note... un rapide coup d’œil au cadran lumineux m’informe sur l’appelant : c’est Angela. Ouf !
Me rappelant ma mésaventure de la veille au matin, quand j’avais voulu me servir de mon portable en conduisant, je décide de me ranger sur le côté le temps de l’appel.
Et ça tombe bien : la US101 borde maintenant l’océan, l’endroit est parfait pour un bref arrêt. L’interruption de la forêt sur quelques centaines de mètres laisse apparaître la grève.
La mer est d’un bleu cobalt intense et les petits nuages qui voilent parfois le soleil ne gâchent en rien la beauté du paysage.
Je réponds sur la dernière sonnerie tout en sortant de la voiture.
-« Salut Bella, c’est Angela ! »
-« Oui, salut Angela ! »
-« Enfaite, je voulais juste m’assurer que tout va bien, comme je ne t’ai pas vu au lycée... »
-« ça va, merci. Je... je suis partie à la recherche de Jacob... »
-« Ah ?! Mais comment ça ? »
-« Pour résumer, il a quitté la réserve sans explications, et n’a pas voulu revenir avec ses amis hier. Je ne peux pas laisser les choses aller de la sorte. J’ai trop besoin de lui. Tout ça arrive par ma faute, je vais donc tenter de le retrouver moi-même. J’ai bon espoir. »
-« Tu penses vraiment que tu vas le retrouver ? Je suppose que tu sais au moins où il se trouve et ... Zut, Bella le prof arrive, je dois raccrocher. Bon courage, sois prudente et surtout ne prends aucun risque inutile. J’espère te voir bientôt au lycée. »
-« Il n’y aura pas de problème Angie, mais merci. Ne dis rien sur mon absence aux autres ni aux profs tu veux bien ? »
-« Bien sur ma belle ! Bisous. » La gentillesse et la bienveillance de mon amie me font chaud au cœur.
Je contemple encore un instant la mer et la plage attenante.
C’est Ruby Beach, avec ses monticules rocheux au milieu de la baie et les bois flottés rejetés par dizaines sur le sable.
Ce tableau me fait penser à la plage de la Push et aux longues ballades que j’y ai partagées avec Jacob. La mélancolie me monte au bord des yeux. Mais je ne dois pas me laisser avoir par mes sentiments, ce n’est pas le moment de me mettre à pleurer. Je tourne le dos à ce paysage sublime mais dangereux pour mon cœur, et retourne d’un pas déterminé à la camionnette.
Je continue mon chemin en direction du Sud, longeant toujours la côte, parfois en bord de plage, parfois au milieu des grands sapins côtiers, je dépasse Kalaloch après un peu plus de trois quarts d’heure. Puis la route enjambe le fleuve Queets et je passe aux abords de la toute petite ville.
En jetant un œil à la carte je vois que la US101 s’enfonce de nouveau dans les terres, vers l’Est ; et les montagnes que j’aperçois au loin m’indiquent que je serais bientôt au lac Quinault.
Une demi-heure plus tard j’arrive effectivement à Amanda Park, minuscule bourgade qui borde le lac et son fleuve au Sud.
Je me gare à la station essence sur le bord de la route principale, et entre dans la boutique.
Le côté droit du magasin, plus spacieux qu’il m’avait semblé de l’extérieur, regroupe des articles de chasse -des tenues de camouflage, des jumelles perfectionnées, des appeaux ; et de pêche -de grandes cannes, une quantité impressionnante de mouches colorées exposées dans une vitrine, et même un frigo vitré contenant des boîtes d’appâts.
La partie centrale est elle dédiée à l’alimentaire, j’y fais un petit tour et trouve des clubs-sandwich. J’en prends deux ainsi qu’une bouteille d’eau minérale et me dirige vers la caisse, à gauche de l’entrée. Là, des présentoirs pivotant offrent des cartes du comté, du lac et du Parc National Olympic. Après un moment de réflexion j’en prends une du lacet de ses alentours, ça devrait suffire, et dépose le tout sur le comptoir. Derrière celui-ci, une femme aux traits fatigués mais doux encadrés de longues mèches blanches me salue et m’encaisse.
J’en profite pour lui demander quels sont les hôtels du coin, prétextant l’envie de faire une halte dans mon voyage vers Tacoma pour entreprendre le tour du lac dans l’après-midi.
Aimable, elle m’indique les quatre hôtels qui bordent le lac sur la carte.
Je me décide évidemment pour celui qui est le plus au nord, sur la rive Sud néanmoins.
Je retourne ensuite jusqu’à ma voiture et regarde l’heure au cadran du tableau de bord : il est tout juste 10h.
Regardant alentour, je peux voir la berge du fleuve qui découle du lac à quelques mètres, j’abandonne ma voiture quelques instants et marche jusque là bas en croquant dans ma pomme, afin de me dégourdir un peu les jambes.
L’endroit est pratiquement désert, et de là je peux contempler en toute tranquillité la grande étendue du lac, en amont, où se reflètent les montagnes.
De la neige s’attarde sur les plus hauts pics rocailleux au loin, mais la forêt recouvre la plupart des flancs de son manteau vert printanier. Le soleil brille au dessus, réchauffant la vallée.
Ma Braeburn terminée, je repars vers ma voiture, je vais aller réserver une chambre, y déposer mes affaires et partir à la recherche de Jacob de là bas.
Dix minutes plus tard, me voici devant le ‘Rain Forest Resort Village’, charmant petit complexe hôtelier composé aux dires du panneau d’accueil d’appartements de vacances, de chalets, d’un terrain de camping et plus simplement de chambres d’hôtel, ce qui me conviendra parfaitement.
A la réception, on ne se formalise pas de mon âge et l’on me propose tout de suite une chambre avec vue sur le lac, la plupart étant libres puisque la saison estivale n’a pas encore débuté ce qui me permet également de m’en tirer pour pas trop cher.
La chambre est plutôt désuète, les murs plaqués de grands panneaux de bois et le couvre-lit fleuri lui donnent un air rustique. Heureusement, les grandes baies vitrées donnant sur le petit balcon offrent une vue imprenable et magnifique sur le lac.
Je les ouvre, m’accroche à la rambarde et hume de grandes lampées d’air pur. Je me sens libre et indépendante ici, seule dans un hôtel à une centaine de kilomètres de chez moi.
C’est une sensation incroyablement agréable.
Je contemple les arbres géants composant la forêt pluviale et mes pensées vont droit à Jacob, qui doit se terrer au plus profond de ses frondaisons luxuriantes.
Seule sa présence manque pour compléter mon bien-être.
Je dois me mettre en route, ne pas perdre de temps.
J’étudie quelques minutes la carte neuve dépliée sur le grand lit pour avoir une meilleure approche du lieu et repérer les chemins de randonnée. Je pense à l’imprégnation et j’essaie alors d’ouvrir le plus possible ma conscience pour laisser émaner mes intuitions, puis je choisis dans quelle direction je vais partir.
Je prépare ensuite mon petit sac à dos en grignotant des chips, j’y mets mes sandwichs, la bouteille d’eau, et mon coupe vent roulé en boule.
En sortant, je rejoins ma voiture et complète mes affaires avec le petit « kit du débrouillard » rangé là par mon père, autant avoir tout ça avec moi au cas où, et remarque qu’il comprend également une boussole.
Les courses d’orientation organisées par l’école dans l’Echo Canyon Park de Phoenix m’auront au moins servi –outres les égratignures multiples et l’entorse du poignet, à savoir me servir d’une boussole.
Je démarre, ayant décidé de m’avancer un peu en voiture sur la South Shore Rd en direction des montagnes.
Je me gare cinq minutes plus tard sur une aire de stationnement qui me semble pas mal comme point de départ au vu des sentiers qui en partent, s’enfonçant dans les fougères ; je verrouille la camionnette et commence ma propre randonnée, ma chasse au trésor, dont le seul et unique mais non moins formidable gain sera l’Amour.