Trop besoin de lui

Chapitre 12 : Réconfort paternel

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 01:01

12. Réconfort paternel

 

J’avais passé la fin d’après midi et le début de soirée prostrée près du téléphone, et j’étais bien contente que Charlie ne fut pas rentré assez tôt pour me voir dans cet état d’anxiété.

 

Je regarde toujours la télé quand je finis par entendre sa voiture se garer devant la maison. Je fais un effort pour me remuer un peu, et me précipite dans la cuisine pour préparer quelque chose à manger. Il est maintenant 20h, Charlie doit avoir faim et s’attend sûrement à ce que le repas soit près, comme à son habitude. Désolée mais pas ce soir mon cher !

Il vient d’entrer dans la maison, se débarrasse de son bardât et me salut de loin. Je lui réponds alors que  j’ouvre le frigo ; il reste un boite de haricots verts entamée l’avant-veille, et il y a du poisson au congélateur. Cela sera très bien. Je prépare le tout rapidement, avec l’aide précieuse du four à micro-ondes tandis que Charlie me rejoins dans la cuisine.

-« Comment c’est passée ta journée ? » me dit-il avec entrain.

 Mon moral retombe aussitôt dans mes chaussettes. Je lui tourne le dos, occupée par la préparation du repas, et lui réponds doucement, sans pouvoir mentir :

-« Pas terrible. »

Je l’entends tirer une chaise et s’asseoir. Il doit réfléchir un petit instant puis m’interroge :

-« Des problèmes en cours ? Avec tes amis ? »

Je mords ma lèvre quand la tristesse reprend soudain ces droits dans mon cœur. Toujours de dos, je tente d’inventer une excuse, en vain : je n’en ai pas la force cette fois.

-« C’est Jacob. » Je regrette aussitôt d’avoir lâcher l’information, car Charlie me questionne de plus belle :

-« Qu’est-ce qui se passe avec Jacob, vous vous êtes chamaillés ? »

Chamaillés oui, c’est ça ! Il nous prend pour des gosses ma parole ! Je secoue la tête, agacée par son vocabulaire vieillot, ou sa naïveté improbable, au choix.

-« Nous nous sommes disputés Papa. » J’appuie sur le mot, comme pour lui stipuler que nous avons des rapports d’adultes et non plus d’enfants se chicanant pour un jouet au jardin public.

Profitant du silence qu’il lui faut pour méditer sur sa maladresse et réfléchir aux paroles réconfortantes qu’il pourrait m’apporter, je continue :

-« Nous nous sommes disputés hier, et j’ai appris tout à l’heure qu’il avait quitté la réserve ce matin, sans prévenir personne. Il est parti, et je ne sais même pas où il est et s’il va revenir. »

Je lui ai tout dis avec une facilité inattendue et un air détaché. Dire la vérité à Charlie m’a soulagée. Cette fois-ci en tout cas.

Il me regarde perplexe, surpris par ce que je viens de lui apprendre et sans doute également désarçonné par mon penchant inopiné à la confession. Puis se reprend, au vu de mes yeux de nouveau humides.

-« Bella, ma chérie, ne t’inquiète pas, il va forcément revenir. Je ne connais pas le propos de votre querelle, mais il ne peut pas s’enfuir comme ça sans se retourner. Sa vie est à la réserve, avec son père. D’ailleurs pourquoi Billy ne m’a pas appelé pour me prévenir de sa disparition ? » Il pose la question pour lui-même, mais je lui réponds aussitôt :

-« Il règle ça entre eux à la réserve visiblement. » Et soucieuse que le  secret Quileute en reste un, j’ajoute :

« Il doivent se douter eux aussi que la fuite de Jake ne durera pas. Que ce n’est pas la peine de s’alarmer ».

Je suis pourtant moi-même ravagée par le doute et l’inquiétude.

La sonnerie du téléphone interrompt brusquement notre échange, nous faisant sursauter l’un comme l’autre.

Je fonce sur l’appareil, non sans me cogner le coude à l’encadrement de la porte.

-« Bella, c’est Paul. Je te rappel comme promis. » Je lui coupe presque la parole, impatiente d’entendre autre chose que des civilités :

-« Alors ? Quelles sont les nouvelles ? » Je n’ai même pas le temps d’imaginé son retour à la réserve  dans un élan d’optimisme, que Paul me dit avec une voix qui me semble compatissante :

-« Sam et Embry ont trouvé Jake au nord du lac Quinault. Et ils sont rentrés. Seuls. » J’hoquète sous cette annonce. Mais essaie de rester lucide autant que possible :

-« Ont-ils pu lui dire ce que je t’ai révélé tout à l’heure à la réserve ? »

Désolé Bella, je n’ai pas pu leur dire avant qu’ils ne rentrent. Jacob ne sait rien de ce que tu ressens. »

Je refoule un sanglot, mais ce sont mes jambes qui me font subitement faux bond.

En une seconde Charlie est là pour me soutenir, et baissant les armes, je fonds on larmes dans ses bras. Il me sert contre lui, tentant de contenir mes spasmes.

Un souvenir me revient entre deux pleurs : la dernière fois que Charlie m’a prise dans ses bras de la sorte, c’était à cause d’un gros chagrin dû à une chute de vélo quand je n’étais encore qu’une toute petite fille.

La chaleur de mon père me berce, je me laisse aller, réconfortée par son étreinte et son silence empathique. Je renifle contre son torse, trempant sa chemise de coton lourd à carreaux.

-« C’est de ma faute ! Il est parti à cause de moi… »

 Chuuuut ma belle, ça va aller. Tout se passera bien. »

Nous restons un moment à même le parquet, en silence, le dos appuyé contre le canapé, les bras de mon père enserrant mes épaules tremblantes.

« Si nous allions manger un peu, ça ne sert à rien de se laisser mourir de faim. » finit-il par me dire à voix basse.

La sonnerie du four avait en effet retentit depuis quelques minutes.

Il m’aide à me relever et m’entraine dans la cuisine. J’essuie mes joues mouillées et le suis sans redire. Je me rends maintenant compte que mon ventre gargouille.

Charlie prends le relais pour préparer les assiettes qu’il dresse rapidement. Moi je gis sur une chaise les yeux dans le vague. Il s’installe ensuite en face de moi à table, et nous mangeons sans un mot.

Je surprends parfois son regard doux et protecteur et je lui réponds par un demi-sourire, tentant de le rassurer un peu sur mon état.

*

Je monte ensuite à l’étage après l’avoir embrassé rapidement sur la joue et me glisse presque aussitôt sous une douche brûlante, essayant de faire fondre la culpabilité qui me colle à la peau et l’anxiété qui suinte par mes pores. L’eau dégouline le long de mes mèches brunes  et de mon corps, et la mousse aux arômes de caramel agit petit à petit sur mes nerfs. Je respire profondément la vapeur chaude et parfumée et l’espace d’un instant, j’oublie tout.

 

Je m’installe plus tard en pyjama, les cheveux enroulés dans une serviette éponge, devant mon vieil ordinateur. Je consulte ma messagerie et découvre quelques mails de ma mère. Comme à son habitude, Renée m’inonde de questions et son ton se fait de plus en plus hystérique au vu de l’absence de réponse de ma part.

Je me force à lui écrire un petit message pour la tranquilliser. Par chance, il est bien plus facile de mentir par écrit.

 

Maman,

Une fois de plus tu t’inquiètes pour rien, tout va bien à Forks.

Tu sais bien que je ne prends pas toujours le temps de consulter mes messages ici.

Entre les cours, mes amis, et l’entretien général de la maison, il ne me reste pas trop de temps pour l’Internet.

Mais je pense fort à toi.

J’espère que tout se passe bien à JacksonVille et que Phil se plaît dans l’équipe.

Je vous embrasse tous les 2, à bientôt.

Bella.

 

Une fois le mail envoyé, je reste un instant devant l’écran, pensive.

Je repense aux paroles de Paul: Jacob serait aux environs du lac Quinault. Je ne sais même pas où ça se situe. Je lance immédiatement une recherche.

La carte s’affiche et je constate que le lac se situe au Sud-Est de Forks, entre deux chaînes de montagnes. Je détecte Finley Peak, où Jake avait été repéré plus tôt, au nord du lac. Il aurait donc décidé de resté dans ce coin.

Je contemple le lieu sous tous les angles, version plan, relief, satellite. C’est un endroit assez vert, les montagnes étant recouvertes de forêt, parfait pour dissimuler un loup.

Je soupire, zoom, dé-zoom. Et une idée me frappe : je pourrais y aller et essayer de le retrouver !

Je suis bien consciente que ce sera ardu pour une humaine de repérer un loup embusqué, mais c’est là qu’une conversation avec Emily me revient en mémoire. Selon elle, les deux imprégnés sont tellement unis qu’une sorte d’intuition se développe inconsciemment, les liant mentalement. Pourquoi n’y ais-je pensé plus tôt ?! Après tout, l’imprégnation va peut être s’avérer utile au-delà de mes espérances.

Je jette de nouveau un coup d’œil à la carte sur l’écran. Ma décision est prise. Je dois partir le retrouver moi-même, je lui dois bien ça. Et quand il me verra, il comprendra de lui-même l’envergure de mon amour.

Ravie de mon ingéniosité, je souris en me levant, et réfléchi promptement. Charlie doit avoir des cartes papier dans ses affaires, j’attendrais qu’il soit couché pour redescendre et trouver ça sans bruit.

Je tire ma valise de sous mon lit et en sors mon petit sac de voyage en toile violette que je pose sur mon lit, grand ouvert. J’y jette un pull, des sous-vêtements, des chaussettes chaudes, un tee-shirt à manche longues, un jean et mon coupe-vent. Avoir quelques vêtements secs de rechange peut être utile vu le climat de la région et ma maladresse innée.

J’y ajoute mon nécessaire de toilette, mais laisse ma brosse à dents pour le moment pour ne pas que Charlie remarque son absence avant de se coucher.

Je prépare également ma tenue pour le lendemain.

Une heure plus tard, je suis dans mon lit, ma brosse à dent rangée avec le reste, et une carte de la région ainsi que le petit pécule amassé ces derniers mois fourrés dans mon petit sac à dos. Je sombre rapidement dans un sommeil lourd, contre toute attente, et passe une nuit sans rêves.

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