Trop besoin de lui

Chapitre 3 : Perceptions différentes

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:51


Nous passons le seuil de la porte, soulagés d’être enfin à l’abri, je remarque Embry et Sam à l’embrasure de la porte de la cuisine qui nous dévisagent, je détourne les yeux aussitôt, gênée, et vois Billy, devant la télé. Il se retourne sur notre entrée, et me lance :

-« Ah Bella tu es là ! Charlie a appeler, il se fait un sang d’encre, je lui ai dis qu’avec Jacob tu ne risquais pas grand chose, mais... mais vous êtes trempés jusqu’aux os ! Jacob trouve lui quelque chose pour se changer, tu ne voudrais pas me faire mentir à Charlie ? Ensuite Bella tu appelleras  ton père pour le rassurer. Il est préférable que tu reste à la réserve le temps que cette fichue averse cesse ! » Nous acquiesçons sans répliquer, laissant Billy à son match.  En passant près de la cuisine, Sam arrête Jacob :

-« Je peux te parler deux minutes ? » Je le regarde, interrogative, Jake me dit calmement:

-« Monte dans ma chambre, je te rejoins de suite.» Je sonde son regard, hésitante. Il se tourne vers la cuisine et y pénètre, tandis que Sam ferme la marche non sans un dernier regard pour moi, qui se veut froid, ce qui m’étonne un peu venant de lui. Qu’est-ce qui se passe ? Sans comprendre ce qui se trame, je m’exécute et monte les marches jusqu’à la chambre de Jacob.

J’entre dans cette pièce qui m’est si familière et pourtant... je la perçois différemment à présent : l’odeur incommodante typique d’une chambre de garçon s’est muée en une effluve sylvestre : ça sent la terre et l’herbe, le bois, mélangée à une odeur animale qui n’est pas désagréable.

La pluie frappe le carreau de la pièce sombre, j’allume la lampe de chevet, et un halo doux se répand dans la chambre. Je m’approche du lit pour m’y assoir, mais je suis trempée : mauvaise idée. Je reste donc debout, penaude.

Un t-shirt noir gît sur le couvre-lit. Je ne peux réprimer l’envie de m’en saisir, et après un petit regard par dessus mon épaule, j’hume le coton souple, les yeux clos. Son odeur est enivrante. 

J’entends des pas dans l’escalier, je jette en toute hâte le t-shirt sur le lit et me retourne vers la porte, l’air de rien. Quelle sotte ! J’en ris intérieurement. 

Jacob entre, vient directement vers moi d’un pas décidé, me saisit par les bras, restés le long de mon corps et me colle à lui, écrasant sa bouche suave sur la mienne en un baiser indécent, puis l’interrompt aussitôt pour me dire :

-« je te veux Bella, à moi, ici et maintenant. » J’en reste bouche bé, les yeux écarquillés.

« Allo la terre? » Jacob est toujours dans l’embrasure de la porte, et semble attendre une réponse. Je sens mes joues rougir  mais me reprends et balbutie :

-« hum, quoi ? Tu... Tu disais ? » Il m’examine un instant, discerne peut être mon trouble, mais ne donne pas suite, se contentant de répéter :

si tu veux Bella, ma sœur a laissé des vêtements.» Il continue :

 « C’est sans doute mieux qu’un de mes t-shirt. »

Je l’aurai bien contredit, pour avoir le plaisir de me pelotonner dans son odeur.

« Viens j’vais te montrer » Nous entrons dans la chambre de sa grande sœur qui ne vit plus avec lui et Billy depuis quelques années, il ouvre l’armoire, me laissant le choix de prendre ce qui me plairait parmi les vêtements qu’elle avait laissé.

-« Tu es sûr qu’elle ne m’en voudras pas ? » Il me regarde en souriant

-« Mais non Bella ! Bon je vais me changer aussi. » Il dépose une serviette de bain sur le lit, et un baiser sur mon front avant de sortir en fermant la porte derrière lui.

Je me déshabille rapidement, malgré mon jean trempé qui me colle à la peau. Je prends le seul jean  laissé dans l’armoire, et un t-shirt à manches longues vert foncé plutôt joli. La taille n’est pas trop différente de la mienne heureusement. Je me sèche  les cheveux en les frictionnant avec la serviette, et je sors ensuite pour la ramener dans  la salle de bain et m’arranger un peu devant un miroir.

Je pose la main sur la poignée... Nom de... !

Jake est là, en caleçon, en face de l’embrasure de la porte. J’ai un petit mouvement de recul sur le coup de la surprise. Il est retourné, il pose une serviette sur le bord de la baignoire. La vue de son corps à moitié nu m’intimide, je sens mes joues rosir, mais je reste là, à le détailler, je suis ses gestes sans un bruit, tel une espionne, appréciant ce spectacle improvisé. Ses larges épaules, tous les muscles de son dos si bien dessinés, ses petites fesses rondes moulées dans son boxer blanc, sa peau métissée et se beaux cheveux épais ; forcée de constater que mon meilleur ami est attirant, très attirant. Il enfile un jean lui aussi, se penche en avant...hou... Bon je ferai mieux de regagner sa chambre, il aura bientôt fini.

Je m’assois sur son lit reluquant son t-shirt  jeté tout à l’heure, puis la fenêtre. La pluie tombe toujours aussi fort, et j’entends le tonnerre gronder au loin. Jake pousse la porte et entre en me souriant :

-« T’as déjà fini ? »

J’ai envie de lui sauter dessus. Merde faut vraiment que je me reprenne, qu’est-ce qui m’arrive?

Oui, qu’est-ce que tu crois? » Dis-je en le toisant, fière d’avoir aussi bien dissimulé ma gêne.

Une effusion de rires remonte du rez-de-chaussée, me rappelant l’attitude étrange de Sam tout à l’heure à notre arrivée.

« Jacob, qu’est ce qui s’est passé tout à l’heure avec Sam et Embry ? Il y a un problème ?»

-« Rien de grave Bella » dit-il tout de suite pour me rassurer.

« C’est juste que... Embry nous a vus tout à l’heure dans la voiture,  et il a voulu en plaisanter avec Sam. Seulement quand on est entrés, Sam a ressenti la différence. Tu sais, entre nous. Et... ben ça le gêne un peu que je me sois imprégné de toi. »

Je reste interloqué sous cet aveu. Je me sens rejetée, moi qui l’aime bien, comme tous les autres de la meute, lui ne peut pas me sentir ? Et au point d’en parlé à Jake alors même qu’il sait qu’on est déjà  imprégné l’un de l’autre ? Je suis hors de moi :

-« Il ne m’aime pas ? Quoi, il pense que je ne suis pas assez bien pour toi ? Moi qui l’apprécie, j’arrive pas à y croire, mais quel hypocrite ! »

Jacob me coupe en prenant mes bras que j’agite en parlant, et me tire contre lui tout en me disant :

Ce n’est pas ça, arrête! » Il sourit, et jubile de voir que je me mets dans tous mes états pensant qu’on dénigre notre relation. J’écoute ses explications, dubitative.

« C’est à cause, tu sais, de ton histoire avec… le vampire. » Il prononce ce mot avec retenue et son regard s’assombrit.

« Ce sont nos ennemis ancestraux, tu le sais, et tu es tellement lié à lui et sa famille... » Il détourne ses yeux de moi et je peux voir qu’il sert les poings.

« Il pense à la sécurité de la meute avant tout. Et à mon bien être aussi, sans doute.»

 Je baisse les yeux ne sachant quoi répondre. Il a involontairement ravivé le souvenir d’Edward, ses yeux mordorés, ses cheveux bronze ; et Alice, ma chère Alice, Esmée si douce et... Je me mords la lèvre.

Non, je ne dois plus flancher. Maudit Edward. Il m’a lâchement quittée et son seul souvenir suffit  à me hanter et torturer mon pauvre Jacob. Qu’Edward aille au diable, après tout il l’a bien cherché. Il n’a pas voulu de moi, pour mon bien soit disant, eh bien je n’serai plus qu’à Jacob qui lui me veut et me mérite. Lui est là pour moi, à chaque instant. Et il le sera d’autant plus maintenant avec l’imprégnation. Je dois être là pour lui aussi, et ne pas le laisser douter une seconde de plus.

-« Jacob, la famille Cullen est sortie de ma vie, c’est bien terminé tout ça, ils sont loin et ne reviendrons sans doute jamais. Tu peux rassurer Sam sur ce point. Et te rassurer par la même occasion. Je suis très attachée à toi Jake. Et ça ne date pas seulement d’aujourd’hui. Tu as toujours été là pour moi, et je m’en veux de ne pas t’avoir montré ma reconnaissance plus tôt. Mais tu as su être patient, et tu sais quoi ? J’ai enfin ouvert les yeux, pas trop tôt hein? »

Je me sens obligée d’ironiser pour dédramatiser la conversation, et retrouver mon Jake tout sourire. Mais il ne réagit pas. J’attrape ses poings fermés dans mes paumes et viens caler ma tête sous son menton, le nez contre son torse délicieusement chaud, respirant le doux parfum de sa peau. Il se décrispe, ouvre ses mains pour entrelacer ses doigts aux miens, se recule un peu de moi et embrasse doucement mon front puis me regarde de ses grands yeux plein de tendresse. Si seulement il pouvait discerner ma sincérité aux travers de mes pupilles.

Au rez-de-chaussée, Billy nous interpelle :

-« Jacob, Bella ? Vous voulez manger un morceau ? Je pensais sortir une pizza du congélateur, ça vous tente ?

- Oui Billy c’est très bien ! » je réponds précipitamment pour nous deux puis regarde Jake, pour être sûre de ne pas avoir fait de gaffe :

« Enfin si ça te convient aussi bien sûr!? » Il me sourit et dépose un baiser chaste sur mes lèvres comme réponse et m’entraîne dans le couloir.

 

 

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