Trop besoin de lui
Il a déjà mis le contact, et nous roulons à présent en direction de la réserve.
-« On fonce chez moi, parce qu’avec cette pluie diluvienne ça serait imprudent de faire la route jusque chez toi. » J’acquiesce en lui souriant. Il est si prévenant, j’apprécie vraiment.
Je détourne les yeux, et regarde les arbres défiler par la fenêtre martelée par l’averse.
Je me sens tellement épanouie, mais en même temps chamboulée par ces sentiments nouveaux que j’éprouve pour Jacob. Je ressentais déjà beaucoup d’amour pour mon ami, mon meilleur ami, celui qui m’avait permis de remonter la pente de nombreuses fois, même lorsque certaines blessures m’avaient anéantie ; mais à présent… Jacob anime en moi des émotions beaucoup plus fortes, et aussi intenses qu’elles soient à ce moment, je sais que je n’en perçois pourtant qu’une ébauche. Bientôt je lui serai plus que dépendante, je le sais car Emily m’a décrit son imprégnation avec Sam lors d’une de nos conversations.
Je suis brusquement prise de panique en m’apercevant que c’est aussi fort voire plus que ce qui m’unissait à Edward - qui m’unie à Edward, je me corrige immédiatement, mais les mots sonnent faux. Et cette constatation me fait mal. Est-il possible que mes sentiments pour Edward soient balayés par l’imprégnation ? Je me sens dépassée, inquiète, je ne suis pas prête à tourner la page sur mon si cher vampire. J’ai besoin de réponses.
-« Jacob je… » je ne sais pas vraiment quoi lui dire en faite, et je me rends compte que je dois réfléchir à mes mots car je ne souhaite en aucun cas le blesser. Il me regarde interrogateur.
-« Bella ?
- Je me demandais… alors c’est ça ? C’est bien ce que j’crois hein ? » Je mordille ma lèvre inférieur, en le toisant du regard. Lui scrute la route au-delà du déluge qui s’abat sur le pare-brise. Il me répond sans détourner le regard, au moins il ne risque pas de voir l’anxiété qui doit se lire sur mon visage.
-« je pense Bella. Oui je le crois vraiment. Tu sais je t’aimais déjà, mais là, cette sensation, je ne la connaissais pas, je n’l’avais jamais ressenti. Et puis tu l’as ressenti aussi… N’est-ce pas ? » Il me lance un regard rapide, et je pose aussitôt ma main sur sa cuisse en un geste rassurant. Sa voix a le don d’apaiser mes craintes, effaçant aussitôt le souvenir de l’autre homme dans ma tête à cet instant,et l’entendre avouer son amour me procure maintenant une certaine fierté, et j’éprouve le besoin de le réconforter comme lui sais le faire pour moi. Il continu :
-« C’est réciproque, j’en déduis donc que… Voilà Bella.» Il semble un peu gêné, cherche ses mots : « Mais écoute, si … enfin, ne te sens obligée de rien, tu sais c’n’est pas une fatalité… »
Je le regarde interloquée, et rétorque en ricanant, le sourcil levé :
-« pas une fatalité hein ? Dis pas n’importe quoi Jake, je sais très bien c’qu’il en est ! Les légendes racontées par ton père aux feux de camp, et tous les imprégnés qui t’entourent, et Emily et Sam… Elle m’en a parlé tu sais. »
Il ne répond rien, fixe toujours la route des yeux. Nous arrivons bientôt à la réserve. Je me rends compte à son silence que ma réplique ne lui a pas apporté la réponse qu’il souhaite. Je le regrette, je ne veux pas le faire souffrir, mais ces sentiments nouveaux, je ne sais comment les lui exprimer, d’autant qu’Edward est… je ne sais plus. Mes certitudes volent en éclats quand je repense aux sensations qui m’ont transporté à la Push tout à l’heure.
Nous parcourons les derniers mètres en silence, je suis perdue dans mes pensées essayant tant bien que mal d’y mettre un peu d’ordre, Jacob quand à lui c’est réfugié dans un mutisme, ne lâchant plus des yeux le sentier caillouteux menant aux habitations des indiens.
Il se gare finalement devant le garage de la baraque rouge, soupire en coupant le contact. Il saisit la poignée de la porte, mais je ne peux me résoudre à le laisser sortir comme ça, il a mal, je le sais, et ça me blesse. Je pose vite ma main sur son avant-bras, avant qu’il n’ouvre la portière de l’autre main. Il ne se retourne pas vers moi, mais regarde par-dessus le volant.
-« Ecoute moi Jake, j’ai senti ce que tu éprouvais tout à l’heure, tu n’as pas ressenti toi ce qui se passait en moi? Je… j’ai ressenti sensiblement la même chose, bon sang ! » Il tourne enfin les yeux vers moi, peut-être surpris par mon ton agacé.
« Je… Jacob j’ai… » Les mots me manquent. On est là, retournés face à face, la pluie martèle la carrosserie, il me regarde dans les yeux. Il est si beau. Je me lance, de toute façon, c’est ce que je pense alors…
« Jacob Black, tu es très beau » je fais abstraction de toute pudeur en lui disant ça, et caresse tendrement sa joue du dos de la main. Son regard est plein d’amour. Je me sens forte et femme quand il me regarde de la sorte. Nous nous rapprochons lentement l’un de l’autre, les yeux dans les yeux. Nous sommes si proches maintenant que je sens son haleine brulante sur ma bouche, il humecte sa lèvre inférieur et frôle doucement la mienne en une sorte d’effleurement incroyablement sensuel, j’halète, surprise par le désir qui monte en moi. Il me titille sans vraiment m’embrasser, c’est de la torture! J’attrape son visage entre mes deux paumes, bien décidée à lui arracher ce baiser qu’il tarde à m’accorder, quand quelqu’un frappe au carreau de ma porte, dans mon dos. Je sursaute et lâche un cri en me retournant. Jacob éclate de rire encore une fois. C’est Embry qui file et entre chez Jacob pour s’abriter de la pluie en nous lançant un dernier regard malicieux avant de s’engouffrer derrière la porte.
-« Tu es à croquer quand t’as la trouille ! » se moque Jake en ouvrant sa portière. Je lui lance rapidement avant de sortir de la voiture :
- « tu n’perds rien pour attendre toi ! » On se précipite à l’unisson vers l’entrée, le bras de mon Quileute levé au dessus de ma tête pour m’abriter avec son coupe-vent.
Une petite review si ça vous a plu?! ça fait tellement plaisir de savoir qui suit la fic et ce qui plait! merci d'avance :))