Petite Etincelle

Chapitre 20

7505 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a presque 3 ans

Nouveau chapitre, nouveau suspense.

CHAPITRE 20

«Nous n’avons pas retrouvé la trace des Seekers. Et les drones de surveillance de ce secteur ont été détruits. Mais nous avons l’intime conviction qu’il s’agissait de Starscream, Skywarp et Thundercracker.»

«L’explosion a tout soufflé dans un rayon d’un kilomètre. Le rempart ouest a sévèrement été endommagé. Heureusement, il n’y a pas eu de blessé.»

«Si, il y en a eu. Que donnent les recherches ? Avez-vous trouvé quelque chose ?»

«Slingshot et Fireflight sont revenus bredouilles, ils n’ont retrouvé aucune trace de la petite... Ratchet, soyons honnêtes. L’explosion a fait d’énormes dégâts dans le secteur neuf, je ne pense pas qu’elle-»

«Il faut continuer de chercher. Je refuse qu’on en reste à des suppositions. Si nous la perdons, nous perdrons aussi le Prime. Je ne crois pas que cette issue soit envisageable, surtout maintenant, avec ce qui nous attend. Sa présence et son soutien seront cruciaux. Les troupes ont besoin de lui. Cette attaque n’a rien d’un hasard. Les Decepticons avaient un objectif précis en frappant cet endroit à ce moment-là. Nous savons tous que cette guerre est loin d’être terminée, et qu’il ne s’agissait que d’une question de temps avant qu’ils ne frappent à nouveau, plus nombreux, plus forts.»

«Je ne veux pas sauter aux conclusions hâtives mais, tu penses que tout ça a été orchestré ?»

«J’en suis même certain. C’était dans leur plan. Maintenant reste à savoir ce qu’ils manigancent… Et où elle se trouve.»

«J’espère que tu as raison et qu’elle est encore en vie, quelque part. Sinon je crains que notre faction soit en péril sans un chef stable pour nous montrer la voie.»

«Nous n’allons pas tarder à le savoir, regardez ! Il sort de stase !»

Le grand Optimus Prime ouvrit difficilement les optiques.

Après un long moment maintenu en stase, le monde autour de lui était complètement flou jusqu’à ce que sa vision devienne enfin plus claire, lui permettant de se familiariser avec les alentours. Il n’avait entendu que des bribes de conversation, reconnaissant le médecin, Inferno et Air Raid en premier lieu. Il devint rapidement confus, ses crêtes optiques se fronçant d’incrédulité alors qu’il découvrait l’environnement stérile de l’infirmerie. Il n’était pas dans son bureau, ni dans ses quartiers dans la tour des Cieux, mais que faisait-il dans l’infirmerie de son vieil ami Ratchet ? Pourquoi était-il sur l’une de ses couchettes ? Avait-il eu un accident ? Son froncement de crêtes optiques s’accentua lorsqu’il posa son regard interrogatif sur le médecin, debout près de ses jambes, les mains nerveusement nouées devant lui. Ses optiques anxieuses étaient plongées dans les siennes désemparées. Cette expression tourmentée ne lui plaisait pas, car elle revenait surtout dans les moments dramatiques.

«Optimus ? Tout vas bien ?» Demanda Inferno à sa gauche, adossé contre le mur.

«Il n’a pas bonne mine…» Souligna Red Alert d’une grimace à la mine épuisée de son commandant complètement perdu. Il était vraiment mal en point… Comme s’il avait attrapé la peste Cybertronique ou qu’une partie de son énergie vitale avait subitement été drainée de son cadre.

Le Prime étendu sur la couchette ouvrit la bouche pour répondre au sauveteur rouge, blanc et bleu mais tout à coup, les souvenirs des derniers instants avant sa stase forcée lui revinrent tel un violent coup qu’on lui aurait porté dans le réservoir. Les morceaux de sa mémoire se rassemblèrent dans son CPU brumeux, formèrent des images puis enfin, des émotions. Ses optiques fatiguées s’écarquillèrent d’horreur tandis que les pulsations de son Spark augmentaient drastiquement, au point où les lignes du monitoring commencèrent à s’affoler sur l’écran à sa droite. La réaction de Ratchet fut instantanée car l’instant d’après, il se précipita vers son ordinateur pour envoyer des ondes électromagnétiques dans le but d’apaiser le Spark de l’Autobot affolé avant que ses systèmes ne fassent une surchauffe trop importante. Il ne voulait surtout pas risquer une nouvelle stase d’urgence après la nuit agitée qu’il venait de vivre… Et encore moins risquer des séquelles graves et permanentes.

«Où est-elle ? Où est Moonlight ? Où est ma fille !» Hurla Optimus en se redressant sur sa couchette pour attraper le bras du médecin qui refusait de le regarder dans les optiques. Sa panique ne fit que croître au fil des nano-kliks, son manque d’informations ne faisant qu’aggraver ses craintes. Ratchet posa sa main sur l’épaule du Prime, puis le repoussa doucement pour qu’il se recouche contre le dossier de la couchette désormais redressée, cependant ses propres doutes trahissaient son tempérament sévère.

«Ne t’agite pas comme ça. Tu n’as pas encore tout à fait récupéré de la nuit dernière. Je dois d’abord réaliser quelques scans avant de-» Mais l’Autobot rouge et blanc n’eut pas la possibilité de finir.

«Que s’est-il passé ? Pourquoi suis-je ici, Ratchet ? Quelle est la situation ? Je veux les faits.» Ordonna fermement Optimus en levant la main pour faire taire son ami. Toutefois, avant que le médecin ne commence ses explications, Air Raid le devança rapidement. L’Aerialbot posté près de la porte de sortie depuis l’éveil du leader n’allait pas passer par quatre chemins, estimant que son supérieur méritait de connaître la vérité.

«Nous avons été attaqués. Votre fille est portée disparue depuis la fin du cycle dernier. Nous ignorons où elle se trouve au groon actuel. Les recherches sont toujours en cours, et nous mettons tout en œuvre pour la retrouver. À ce stade, nous manquons d’informations concernant les motivations des Decepticons, mais nous soupçonnons qu’ils prévoyaient cette attaque depuis un bon moment déjà. Je suis vraiment navré, Optimus…» Déclara sincèrement Air Raid d’un regard d’excuse à son franc parlé, vraiment impacté par la souffrance du chef des Autobots qui se lisait sur son visage. Ce n’était pas tous les cycles que l’on pouvait voir cette douleur dans les optiques du grand et digne Optimus Prime…

C’était presque choquant.

«Comment ai-je atterri ici ?» Interrogea ensuite le mecha rouge et bleu d’une voix mesurée, choisissant ses mots avec précaution par peur de laisser transparaître sa soudaine fébrilité. Une tâche particulièrement compliquée à réaliser dans cette situation où tout lui échappait... Il déporta ses optiques sur Inferno lorsque l’Autobot en question s’avança vers sa couchette pour lui répondre.

«On vous a retrouvé inconscient dans votre bureau. C’est Chromia qui est venue nous prévenir après avoir entendu un hurlement. On ne savait pas quand vous sortiriez de votre stase. Nous avons tous eu très peur pour vous…» Avoua-t-il, non sans embarras. Il s’arrêta de parler au moment où le plus grand bot grimaça amèrement, comme si ses paroles le brûlaient. Ratchet le poussa doucement pour atteindre le bras étendu du commandant consterné, puis le serra dans ses mains afin qu’il le regarde droit dans les optiques, voulant capter toute son attention pour ses prochaines paroles d’une haute importance.

«Optimus, ressens-tu quelque chose d’anormal ? Une douleur particulière dans le châssis ou un signe qui sortirait de l’ordinaire ? Peux-tu encore ressentir le lien créateur ?» Lui demanda-t-il avec empressement, soucieux de connaître la réponse tant redoutée. Un silence tangible s’installa dans l’infirmerie après toutes ces questions alors que chaque paire d’optiques se posa sur le chef des Autobots allongé, attendant attentivement sa réponse porteuse d’une lourde interrogation.

Optimus cligna des optiques, hébété. La première chose qu’il avait ressentie en sortant de sa stase fut une légère traction, minime, dans son Spark. Plus une série d’interférences qu’un véritable lien avec qui que ce soit. C’était tout. Rien de plus. Aucun sentiment, aucune communication ne traversait ce lien qu’il était censé partager avec sa fille. Pas même une petite émotion, seulement le silence angoissant d’un contact à sens unique. Il se redressa rapidement sur sa couchette, l’inquiétude marquant ses traits habituellement fermes. Posant l’autre main au-dessus des vitres de son châssis, juste au-dessus de son Spark, il tenta vainement d’établir un contact avec Moonlight. Sans relâche, il recommença, encore et encore durant de longs kliks, aussi fort qu’il le pouvait… Cherchant le moindre signe de vie de la fembot. Mais malgré ses nombreuses tentatives, aucune réponse ne vint.

Il ne resta que ce silence complet.

«J-je ne ressens rien…» Chuchota Optimus, stupéfait, comprenant enfin le regard inquiet de son médecin et la raison de toutes ses questions. Pourtant, il refusait d’y croire un seul instant. Il n’avait ressenti aucune déchirure ! Absolument rien qui puisse confirmer que le lien avait été détruit après cette attaque… Optimus était donc persuadé que sa fille était toujours en vie, quelque part dans la ville de Kaon, sous le joug des Decepticons et qu’elle était en danger. D’un élan de détermination nouvellement retrouvé, le leader se releva pour poser ses pedes sur le sol avec la ferme intention de partir à sa recherche accompagné de volontaires.

«Il faut absolument que nous poursuivions les recherches en étendant notre périmètre ! Déployez les Aerialbots, utilisez les drones de surveillance, regroupez nos meilleurs éclaireurs sur le terrain ! Je veux un rapport détaillé de la situation pour pouvoir partir en mission de sauvetage le plus rapidement possible avec mon équipe…» Assigna-t-il. Cependant il éprouvait des difficultés à se lever, ses membres refusant de coopérer tant il se sentait épuisé après ce traumatisme. C’était extrêmement frustrant pour quelqu’un comme lui qui n’avait pas l’habitude d’être faible. Le poids du commandement lui imposait de rester fort, même si intérieurement, chaque mouvement lui coûtait bien plus qu’il ne l’imaginait.

«Optimus, ce n’est pas raisonnable ! Tu n’es pas au meilleur de ta forme !» Gronda Ratchet qui repoussa rapidement l’Autobot intrépide de retour sur la couchette d’un doigt agité devant ses optiques ternies par le mal qui le rongeait. Il faisait de son mieux pour dissimuler sa déception et sa douleur, mais il était toujours plus difficile de rester stoïque dans ce genre de circonstances désastreuses. Pour lui, rester allonger sur une couchette rimait avec laisser sa fille entre les mains de l’ennemi ! Il ne pouvait se permettre de prendre du repos.

«Prime, écoutez votre médecin. Vous êtes désorienté. Ne foncez pas tête baissée, ça n’amènera rien de bon pour personne. Vous ne pourriez même pas vous défendre si les Decepticons nous attaquaient ! Vous avez besoin de repos après ce que vous avez vécu. Et si vraiment votre fille est toujours en vie, alors nous déploierons tout ce qu’il faut pour la retrouver et la ramener saine et sauve. Vous avez ma parole d’Aerialbot.» Assura Air Raid d’un hochement de tête ferme, ayant compris les intentions de son leader entêté.

«Il s’agit de ma fille ! Je refuse de l’abandonner aux mains de nos ennemis !» S’emporta Optimus, fou de rage devant le calme apparent de ses Autobots. Comment pouvaient-ils rester aussi sereins ? Elle courait un grand danger ! Tendu à l’extrême, il décala ses optiques blanches de fureur sur l’Autobot rouge responsable de la sécurité lorsque ce dernier prit la parole à son tour dans une autre tentative de le raisonner.

«Vous avez subi un traumatisme. C’est normal de vous emporter, nous comprenons parfaitement votre réaction. C’est légitime. Mais tant que ce lien ne se réactive pas, nous n’aurons aucune certitude que ce sauvetage en vaut vraiment la peine… Il est impératif de concevoir une approche réfléchie, à moteur froid. Pouvons-nous vraiment risquer la vie de nos camarades par simple intuition ? Optimus, cela mérite réflexion.» Conjura Red Alert d’un soupir d’accablement, également touché par le dévouement de son chef prêt à tout pour retrouver sa création perdue. C’était honorable comme motivation. Mais après tout, quel créateur ne se battrait pas corps et âme dans une situation comme celle-ci… Jusqu’à en perdre la raison.

Quelque chose que tout le monde ici craignait plus que tout à présent.

«Elle est toujours en vie. Je le ressens au plus profond de moi. Elle est là, quelque part.» Optimus tapota plusieurs fois son châssis juste au-dessus de son étincelle de vie, comme pour se rassurer lui-même. Ce geste instinctif lui apporta non seulement un peu de stabilité émotionnelle, mais aussi un regain de confiance en ses convictions.

«Optimus…» Commença Ratchet, pourtant il était tout simplement dans l’incapacité de finir sa phrase qu’il laissa en suspens. Il se sentait complètement impuissant, dérouté et abattu tout comme son commandant faisant face à la triste réalité que peut-être il avait perdu une partie de lui dans ce tragique accident. Que pouvait-il bien dire ? Que pouvait-il bien faire ? Il se sentait si incroyablement inutile pour une fois… Dévasté par la disparition de la petite Moonlight avec qui, au fil des vorns, il avait développé un lien affectif rare.

«Optimus …» Reprit-il après quelques nano-kliks à réfléchir sur sa prochaine approche, mais il referma aussitôt la bouche lorsque le Prime fut pris de violentes convulsions.

«ARGH !» S’étrangla le mecha qui perdait absolument tout contrôle de ses membres, son corps frappant bruyamment la couchette quand il retomba dessus de tout son poids.

«Qu’est-ce qui se passe ! Qu’est-ce qu’il lui arrive ?!» S’écria Inferno d’incrédulité, les optiques écarquillées tandis que des cris déchirants résonnaient dans l’infirmerie. La scène était terrifiante. S’éloignant vite de la couchette, son Spark se serrait de terreur dans son châssis alors que le visage de son supérieur était crispé par la douleur. C’était si soudain !

«Je l’ignore !» Balbutia le médecin tout aussi abasourdi par ce changement d’attitude inexplicable. Il sortit rapidement de son état second pour se précipiter à son ordinateur et vérifier les pulsions électromagnétiques du Spark d’Optimus. Les lignes s’affolaient à son écran holographique.

«Ratchet ! Déconnecte ses capteurs sensoriels ! Il souffre !» Hurla Air Raid après avoir attrapé le bras gauche du Prime secoué par des mouvements incontrôlables, ses convulsions violentes faisant trembler la couchette sous lui. Ses cris déchirants saturaient leurs systèmes audios, brouillant les communications et emplissant la pièce d’une onde sonore dévastatrice. Red Alert passa immédiatement de l’autre côté pour immobiliser son bras droit.

«Ils sont déjà déconnectés… Cette douleur n’est pas la sienne !» Informa l’Autobot rouge et blanc en état de choc devant son ordinateur, à la fois soulagé et à la fois terrifié par cette révélation.

 Si elle ne venait pas de lui, alors cela ne pouvait signifier qu’une seule chose…

«Ça ressemble à une électrocution !» S’exclama fortement Red Alert pour se faire entendre par-dessus les hurlements d’Optimus qu’il retenait fermement afin de limiter ses mouvements durant cet épisode terrifiant. Il leva ses optiques paniquées vers Air Raid, qui partageait visiblement la même conclusion.

Durant ce calvaire, le Prime réussît à serrer les dentas, fermant la bouche pour étouffer ses hurlements de douleur pendant que son Spark était frappé par des décharges électriques irrégulières. Elles étaient rapides et incessantes. La souffrance était à la fois intense et épuisante… Un supplice qu’il n’avait jamais connu auparavant. La tête rejetée en arrière contre la couchette, il plissa les optiques aussi fort qu’il put, attendant désespérément que cette torture cesse enfin de ravager son Spark. Et plus encore, le lien créateur désormais parfaitement sensible. Il le savait ! Il le savait au plus profond de son être qu’elle était toujours en vie. Paradoxalement, cette certitude était une épée à double tranchant. Quel cauchemar lui infligeaient-ils ? Que lui faisaient-ils subir comme atrocités pour ressentir une telle détresse, si puissante qu’elle traversait les distances et lui déchirait le Spark ? Un gémissement faible et brisé s’échappa de lui. Non pas pour lui-même, mais pour sa fille qui subissait cette épreuve terrible.

«Tiens bon, Prime ! Ratchet, fais quelque chose !» Ordonna Air Raid complètement dépassé par les événements.

Cependant, le médecin n’eut rien besoin de faire de plus car l’instant d’après, Optimus cessa de convulser pour s’affaisser complètement sur la couchette, inconscient. Sans doute que ses systèmes avaient subi une surchauffe trop importante, et que son processeur avait décidé de le plonger en stase d’urgence pour éviter des dommages irréversibles, estima Ratchet après une rapide analyse des données. Au moins maintenant, il ne souffrait plus le martyr… Les quatre Autobots, figés par l’épouvante, se regardèrent à tour de rôle, chacun espérant que l’un d’eux aurait une réponse à ce qui venait tout juste de se produire sous leurs optiques. Red Alert et Air Raid relâchèrent enfin le Prime dorénavant parfaitement immobile, puis se tournèrent vers le médecin resté figé devant son ordinateur. Les optiques écarquillées toujours braquées sur Optimus. Après un instant de réflexion silencieuse, Ratchet hocha lentement la tête.

«Les Decepticons ont un plan. Messieurs, nous venons d’en avoir un avant-goût.» Dévoila-t-il sombrement.

«Tu penses qu’ils utilisent la fembot pour atteindre le Prime ? Pourquoi ne ressentait-il pas le lien alors ?» Sceptique, Inferno secoua la tête dans un geste de déni tout en croisant les bras sur son châssis rouge flambant neuf. Il haussa une crête optique à Air Raid lorsqu’il prit la parole à son tour, l’expression songeuse.

«Parce qu’ils utilisent un brouilleur. Ils cherchent à nous déstabiliser en nous privant de notre Prime et de sa santé mentale. Ils savent de quoi il est capable, et ils veulent qu’il fonce tête baissée dans leur satané piège. Ils se jouent de nous depuis le début.» Regretta amèrement ce dernier qui imita la posture de son coéquipier sauveteur, le tout accompagné d’une grimace de dégoût.

«Pourquoi ne pas simplement mettre son lien en sourdine ?» Red Alert leva les optiques vers Ratchet après cette question qui méritait débat.

«C’est impossible. Un lien créateur comme Sparkmate fonctionne dans les deux sens. Si l’un l’ouvre, l’autre le ressent forcément. Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’entrainer Optimus à tolérer cette douleur dans les prochains cycles à venir. Afin qu’il puisse coordonner les missions de sauvetages. C’est fondamental, le temps presse.» Dévoila le médecin d’un ton désormais placide, passant une main sur son casque dans un soupir dépité.

«Ratchet, as-tu perdu l’esprit ?! Il n’est pas en état de coordonner quoi que ce soit ! Le mettre sur le terrain représenterait un trop grand risque pour nous tous. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre Prime aux portes d’une nouvelle guerre ! Je propose que nous cherchions un moyen de couper son lien jusqu’à ce qu’il soit à nouveau capable de commander en bonne et due forme.» Proposa ensuite Air Raid clairement méfiant face au plan du mecha rouge et blanc.

«Tu n’es pas sérieux, j’espère ? Tu suggères qu’il fasse une croix sur sa propre fille ?!» S’alarma Inferno, les optiques larges devant les propos de l’Aerialbot peut-être un peu trop radical.

«Je réfléchis à la meilleure solution pour le bien commun ! Il faut envisager toutes les éventualités. Même les pires.» Air Raid secoua tristement la tête, le regard honteusement baissé vers le sol. À l’évidence, cette proposition ne lui plaisait guère mais il fallait malgré tout la soumettre, au cas où la situation dégénérerait. Si ce n’était pas lui, quelqu’un d’autre s’en chargerait.

«C’est toi qui as complètement perdu l’esprit ! Il ne s’en remettra jamais d’un traumatisme pareil, tu le sais aussi bien que moi. Et on ne peut pas abandonner l’un des nôtres, alors ce n’est même pas envisageable !» Rétorqua abruptement son interlocuteur outré par une telle proposition. Il fusilla Air Raid du regard alors que celui-ci s’apprêtait à répondre, mais Ratchet prit la parole avant qu’une nouvelle altercation entre les deux Autobots en désaccord ne débute dans son infirmerie.

«C’est techniquement impossible de réduire mécaniquement la puissance d’un lien, ou même de le couper définitivement. Seul le concerné peut l’atténuer, voire le réduire au silence s’il le désire. Nous ne pouvons donc rien faire, mise à part l’aider à traverser cette épreuve particulièrement pénible à gérer. Notre Prime va endurer un véritable supplice dans les prochains cycles. Il a besoin que nous gardions la tête froide, il compte sur notre rigueur. Et je rejoins l’avis d’Inferno, c’est impensable de faire subir une chose pareille à Optimus.» Considéra le médecin d’abord d’un point de vue scientifique, avant de partager sa propre opinion sur le sujet. Primus tout-puissant, il s’agissait de leur chef mais aussi de leur ami ! Et Moonlight ne méritait pas qu’on l’abandonne à son triste sort.

Il s’y opposerait fermement de toute façon.

«J’ai toujours dit que c’était une mauvaise idée. Un Prime ne devrait jamais être lié à personne. Pour le bien de tous.» Répondit calmement Air Raid après un moment de silence dans l’infirmerie, les optiques pensivement rivés sur le Prime immobile sur la couchette.

Les trois autres Autobots présents dans la pièce n’argumentèrent pas, même si leurs avis sur la question étaient partagés. Qui pouvait dire ce qui était bien ou mal pour un Prime ? Personne n’avait jamais endossé ce rôle si compliqué, avec d’énormes responsabilités à la clé. Alors personne ne pouvait en juger, en conclut Ratchet après un long soupir d’agacement. Ce que venait de dire Air Raid n’était pas juste, car malgré son lien créateur, Optimus avait toujours été à la hauteur de leurs attentes. En toutes circonstances, sans jamais faillir à son devoir une seule fois. Il avait toujours assuré son rôle avec sérieux et dévotion, parallèlement à son rôle de créateur de substitution pour Moonlight depuis sa découverte dix-neuf vorns auparavant au fond de ce trou. Malgré tout ce qu’il portait sur ses épaules, il ne laissait jamais transparaître la moindre faiblesse, préférant toujours veiller sur eux plutôt que sur lui-même. Il était un exemple d’altruisme pour chacun d’entre eux.

«Je vais m’entretenir avec Slingshot pour un déploiement aérien sur la zone ouest afin de couvrir le terrain et éventuellement trouver des indices concernant la disparition de la petite. Je pense que nous devrions en parler à Sentinel pour voir s’il peut prendre les recherches en main pendant qu’Optimus récupère, loin de toute cette agitation. C’est mieux pour lui.» Offrit soudainement Air Raid, mettant ainsi fin au débat. Le médecin acquiesça.

«C’est une bonne initiative. Sentinel est le seul capable de nous guider pour l’instant. Reste à savoir s’il est déjà rentré de mission… Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre. Chaque kliks est précieux et déterminera le sort de notre commandant.» Soupira Ratchet pour la troisième fois consécutive, épuisé après toute cette nuit de travail acharné pour garder Optimus stable. Il n’avait plus la force de réfléchir ni de négocier quoi que ce soit avec qui que ce soit.

«Je m’en charge.» Affirma Inferno qui s’empressa de sortir de l’infirmerie pour retrouver Sentinel. Il tenait absolument à intégrer l’équipe de recherches, se sentant profondément concerné par le sort de son chef et de sa fille disparue.

«Quant à moi, je vais rassembler des Autobots pour sécuriser la ville en attendant les prochaines instructions. Essaie de te reposer un peu. Nous avons besoin de notre médecin, aujourd’hui plus que jamais.» Red Alert s’adressa à Ratchet déjà accaparé par son ordinateur. Avant de sortir derrière Inferno, il tapota l’épaule du médecin marmonnant des mots incompréhensibles pour lui apporter un peu de soutien dans cette mauvaise passe, sachant à quel point il était affecté par ce drame.

«Courage.» Lui chuchota-t-il avant de disparaître derrière la porte.

Ratchet attendit que l’infirmerie soit totalement vide, que le silence retombe comme un couvercle de plomb, pour laisser enfin sa façade se fissurer. D’un geste brusque, il frappa le clavier de son ordinateur puis s’affaissa avec les mains plaquées contre son visage. C’était trop. Bien trop. La douleur l’envahissait de toutes parts, sourde et implacable. Il ne savait plus où concentrer ses pensées, ni quoi prioriser… La disparition brutale de Moonlight, l’état critique d’Optimus, les disputes stériles, les décisions à prendre… Il était submergé. Perdu. Étouffé par un chaos émotionnel qu’il n’avait plus ressenti depuis des vorns. Mais il ne pleurerait pas. Il ne s’effondrerait pas. Parce qu’on comptait sur lui, sur son professionnalisme, sa force et sa résilience. Il s’interdisait de faiblir, même quand tout vacillait autour de lui. Pas pour lui, mais pour eux. Pour Optimus, brisé et silencieux sur sa couchette. Pour Moonlight, disparue quelque part dans l’immensité de Cybertron. Pour tous les autres, qui se tournaient vers lui comme vers un pilier.

Non il ne céderait pas, il ne laisserait pas les Decepticons l’anéantir ni l’atteindre d’aucune façon. C’était mal le connaître ! Lui, le médecin grincheux des Autobots, il lutterait jusqu’au dernier cycle, jusqu’à ce que ses circuits flanchent et que ses batteries le lâchent s’il le fallait ! En tout cas, il refusait de croire qu’ils ne la retrouveraient pas à temps. Il était catégorique : Moonlight allait être sauvé et ramené à la maison. Tant qu’il resterait une chance, aussi infime soit-elle, il la défendrait avec toute l’énergie qu’il lui restait.

«Nous allons la retrouver, Optimus. Tu as ma parole de médecin et ami.» Murmura Ratchet à côté de la couchette du mecha silencieux tout en serrant son avant-bras pour qu’il ressente sa présence bienveillante. Même plongé dans l’inconscience, sa souffrance transparaissait.

Optimus avait toujours tenu ses promesses, alors maintenant, c’était à son tour de tenir les siennes.

{==Base secrète des Decepticons==}

Moonlight fixait la porte de sa cellule aménagée sans jamais sourciller. Les ailettes collées contre le mur dans son dos, elle serrait ses genoux contre son châssis, totalement immobile sur sa toute petite couchette. Le silence bourdonnait dans ses audios. Cette pièce allait devenir son refuge, le seul endroit qu’elle pouvait considérer comme sécurisé… Un endroit où elle pouvait être seule avec ses pensées, loin de la violence. Voilà des groons entiers qu’elle n’avait reçus aucune ration en energon, et l’indicateur à gauche de sa vision commençait à s’impatienter au fil des pourcentages qui baissaient. Toutefois, elle ne s’en inquiétait pas. Elle ne s’en inquiétait plus, à vrai dire. C’était la dernière de ses préoccupations, actuellement. Son corps tout entier continuait de lui faire atrocement mal suite aux nombreux électrochocs qu’elle avait subis à cause de ce maudit collier qui lui pesait autour du cou… Au point de lui ôter toute envie de remuer.

Encore tremblotante de sa récente torture, la fembot s’accrochait au lien créateur comme à une bouée de sauvetage, bien qu’il persiste à demeurer silencieux depuis son arrivée dans ce lieu maudit. Elle aurait tant voulu entendre sa voix… Entendre qu’il allait tout arranger, que ce cauchemar finirait bientôt, qu’elle serait en sécurité… À la maison. Fermant un instant les optiques, elle se concentra sur son Spark et ses pulsations lentes et régulières, quoique lancinantes. Elle était seule, Isolée et plus effrayée qu’elle ne voulait le reconnaître. Sous le poids d’une solitude qui lui broyait les circuits, Moonlight ne pouvait s’empêcher d’envisager des scénarios pour expliquer ce silence insoutenable. Elle n’osait imaginer l’inquiétude que devait ressentir son Opiluk… Là, à l’intérieur de la ville de Iacon aux côtés de ses valeureux Autobots. Ou peut-être était-il une fois encore horriblement déçu par son comportement ? Ou peut-être… Peut-être qu’il voyait en cette prise d’otage une excellente occasion de la punir.

Cette idée la transperça comme une lame. Et pourtant, une part d’elle-même refusait de la rejeter.

Ne pense pas comme ça ! Moonlight frémit à cette pensée avant de se réprimander intérieurement, un rictus de dégoût crispant son visage. Comment pouvait-elle concevoir quelque chose d’aussi abominable… Jamais son Opi ne penserait ainsi ! Mais elle ne le faisait pas exprès. Son esprit, ravagé par l’inquiétude forgait ce genre de pensées pour tenter de pallier l’ennui. Elle était si épuisée et terrifiée que son CPU lui jouait de mauvais tours, allant jusqu’à lui provoquer des hallucinations visuelles et auditives. Et ce silence ! Il était assourdissant, à sa manière cruelle. Elle se posait une multitude de questions sur ce lien qui refusait d’émettre ou de recevoir quoi que ce soit, de quoi nourrir son imagination débordante pendant ces longs groons passés à se morfondre dans le coin de sa cellule. Son Opiluk lui manquait affreusement. Ses amis aussi. Ratchet, Hound, Jazz… Tout le monde.

Étaient-ils aussi inquiets qu’elle ne l’était ? Une douleur aiguë s’empara aussitôt de son Spark tandis que des larmes se formaient au coin de ses optiques vitreuses d’épuisement. Forcément, elle se demandait aussi si elle allait les revoir un cycle… Ce qu’elle commençait sérieusement à douter, compte tenu du traitement qu’elle recevait ici chez ses ravisseurs. Resserrant machinalement ses bras autour de ses jambes pour un semblant de réconfort, Moonlight se demanda quelles étaient les véritables intentions des Decepticons à son égard. Megatron n’avait pas été très clair à ce sujet, à part qu’il voulait nuire à Optimus d’une manière ou d’une autre, peu importaient les méthodes tant qu’il atteignait son but. Mais alors, pourquoi ne pas l’éliminer tout simplement ? Auraient-ils peur qu’Optimus meure de chagrin si jamais elle mourrait ?

Moonlight fronça les crêtes optiques. À quoi bon de toute façon... Elle n’obtiendrait sans doute jamais les réponses tant qu’elle resterait enfermée dans cette pièce exiguë, à peine éclairée par une lumière murale. En tout cas une chose était sûre, ils faisaient en sorte qu’elle ne succombe pas à ses blessures. Ils voulaient la garder en vie, au détriment de sa santé psychologique et physique. La fembot se raidit sur sa couchette puis leva les optiques vers le plafond lorsqu’elle crut entendre des hurlements étouffés provenant de l’étage au-dessus de sa tête. Elle n’eut cependant pas le temps de se concentrer sur ces bruits, car la porte de sa cellule se déverrouilla subitement dans un grincement, laissant entrer une silhouette svelte accompagnée de deux autres, plus petites, qu’elle reconnut instantanément. Les deux mechas de la dernière fois… La voix lasse du Decepticon argenté lui envoya une série de frissons le long de son protoforme meurtri. C’était systématique dès qu’elle posait les optiques sur ce Seeker en particulier.

«Emmenez-la à Shockwave pour une mise à niveau avant l’examen de compétences.» Déclara Starscream d’un ton ostentatoire, une main posée sur la hanche, l’autre désignant vaguement la fembot recroquevillée sur sa couchette. Établissant un contact visuel avec celle-ci, il lui lança un regard oblique puis s’exclama avec dégoût ; «Oh, et dites-lui de la nettoyer un peu. Je ne veux pas qu’elle souille cet endroit !»

«Oui, Maître.» Acquiescèrent les deux Véhicons qui s’empressèrent d’exécuter les ordres.

«Et plus vite que ça ! J’ai autre chose à faire que de surveiller ces robots pathétiques !» S’impatienta le Seeker en enfonçant son talon dans le sol, les mains en poings à ses côtés pour exprimer son mécontentement.

«Oui, Maître.» Répétèrent instinctivement les Véhicons.

«Non ! Lâchez-moi !» Hurla Moonlight en se débattant sous la poigne des Véhicons clones au moment où ils l’attrapèrent sans ménagement. Peut-être était-elle faible, mais elle ne se laisserait certainement pas faire !

«Bla bla bla… Toujours les mêmes rengaines de ces minables d’Autobots ! Crie autant que tu voudras, personne ne t’entendra ni ne viendras à ton secours. Tu es coincée ici. Et puis d’ailleurs, qui se soucie réellement d’une petite fembot chétive qui n’est même pas capable de se battre ? Tu n’es rien de plus qu’un misérable scraplet, un obstacle insignifiant que je peux écraser sans effort.» Starscream inspecta ses griffes d’un sourire malicieux.

«Je sais me battre !» Répliqua furieusement Moonlight sans hésiter une astroseconde, immobilisée par les deux Véhicons qui la tenaient par les bras.

«Ah oui ? Eh bien, nous verrons cela...» Le sourire sinistre de Starscream s’étira encore davantage tandis qu’il saisissait le visage de la fembot entre ses griffes, la forçant à croiser son regard moqueur.

La colère de Moonlight s’amplifiait de plus en plus au fond d’elle pendant qu’elle fixait courageusement les optiques rouges de son tortionnaire, les évents vrombissants. Ce Decepticon, elle le haïssait plus que Megatron lui-même pour une raison qui lui échappait encore. Peut-être était-ce son air sournois, son arrogance innée, ou bien quelque chose de plus profondément ancré… La sensation de déjà-vu la frappa de plein fouet lorsqu’il passa le bout de son pouce griffu juste sous son optique gauche, exerçant une pression au niveau de l’anneau. Ce mouvement provoqua une accélération anormale des pulsations de son Spark, son vocaliser se serrant à cette sensation qui s’intensifiait jusque dans ses câbles. Tout son protoforme réagissait négativement au Seeker, des vagues de picotements parcourant son cadre en état d’alerte. Moonlight ne comprenait pas d’où venait cette étrange impression, ni pourquoi elle ne se manifestait qu’avec ce bot précisément… Qui était-il ? Le Seeker arrêta sa pression juste avant de lui casser l’optique, un rire acariâtre s’échappant de ses lèvres, ravi de l’effet qu’il lui faisait.

«Tu te soumettras. Comme tous les autres avant toi.» Dit-il à voix basse avant de se redresser puis de s’éloigner de la porte pour permettre aux deux Véhicons de l’emmener dans le couloir, jetant un regard dédaigneux à la fembot traînée de force.

Le malaise refusait de quitter ses systèmes alors qu’elle luttait tant bien que mal pour ne pas céder à la panique. Sa colère s’était rapidement estompée après avoir ressenti cet étrange sentiment déstabilisant en présence du Seeker, comme hypnotisée par son regard perçant. Par Primus, quel lien pouvait-il bien avoir avec elle ? Il y en avait forcément un pour provoquer un tel effet néfaste... Tremblante de peur, la petite fembot suppliait les deux Véhicons de la libérer, mais ils l’ignoraient alors qu’ils s’enfonçaient dans ce couloir menant au laboratoire du scientifique uni optique aux étages inférieurs. Qui savait ce qui l’attendait cette fois... Elle pressentait que rien de bon ne l’attendait. Les jambes traînant bruyamment sur le sol métallique, elle laissait tout son poids peser sur ses bras maintenus par les Véhicons insensibles à ses sanglots de terreur. C’est alors qu’une idée sombre traversa son esprit.

Elle voulait mourir.

Le bout de ses pedes laissaient des rayures dans son sillage, son menton tombait contre son châssis, ses audios captant des hurlements résonnant quelque part au fond du couloir gigantesque. Sa vision se brouillait à cause de la surtension contenue dans ses câbles, due à cette peur indomptable, le poids de son collier lui rappelant douloureusement ce qu’elle était : une prisonnière. Sur le point même de se lubrifier dessus, elle entendit à peine l’ouverture du sas de décontamination, puis la voix antipathique du scientifique trapu qui ordonnait aux Véhicons de la placer sur la table centrale. Une longue table éclairée par un spot ovale avec autour tous un tas d’instruments tous plus effrayants les uns que les autres. Tout au long de la procédure, Moonlight se laissa complètement faire, n’essayant même plus de résister lorsque ses poignets et ses chevilles furent enchaînés à cette couchette mouvante. Son CPU était passé en mode automatique pour éviter une mise hors tension d’urgence.

«N-non ! Laissez-moi partir ! J-je ne veux pas !» Finit-elle par balbutier quand elle revint enfin à elle. Elle se débattit vigoureusement contre ses liens mais il était trop tard, car le cliquetis des fermoirs avait déjà retenti.

«Vous pouvez nous laisser seuls. Je vais m’occuper d’elle et faire en sorte qu’elle soit prête.» Shockwave émergea de derrière un amas de câbles suspendus, sa silhouette anguleuse se découpant dans la lumière blafarde. Il s’approcha d’une table d’opération située à droite de la couchette, où tout était déjà soigneusement disposé. Ses instruments… De torture. Avec un calme méthodique, il effleura chacun d’eux du bout des doigts, comme s’il savourait chaque nano-klik de l’attente qu’il imposait.

«Je vous interdis de me toucher ! Vous m’entendez ?! Espèce de monstre ! Vous n’avez pas le droit de faire ça !» Grogna férocement Moonlight tout en se débattant contre ses chaînes, le Spark pulsant à tout rompre derrière les plaques de son armure bleue. Ce suspense était insoutenable.

«Tant de méchancetés ne devrait jamais sortir de cette petite bouche.» Réprimanda calmement le mecha violet après s’être retourné avec une scie rotative intégrée dans son bras gauche, et un chalumeau dans la main droite. Il appuya du pede sur une pédale qui enclencha un mécanisme pour que la couchette se redresse à environ quarante-cinq degré, l’inclinaison parfaite pour le scientifique perfectionniste.

«Qu’est-ce que vous allez me faire ?» Murmura la fembot, horrifiée, les optiques grandes ouvertes.

«Te rendre utile à notre cause.» Se contenta de dire Shockwave, uniformément.

Le Decepticon approcha lentement la scie du bras droit de Moonlight, puis entama la découpe méthodique de l’armure afin d’accéder au fragile protoforme dissimulé en dessous. Ce genre d’intervention, aussi délicate qu’invasive, se faisait normalement avec le patient placé en stase. Mais ici, aucune précaution n’était prise. Il voulait observer chaque réaction, chaque tressaillement de sa patiente, ou plutôt victime. Il n’avait donc pas pris la peine de déconnecter ses capteurs sensoriels pour une expérience plus immersive. Lorsque la lame atteignit les câbles au niveau de l’articulation du coude, la fembot se tendit brutalement, secouée par une violente décharge de douleur avant de laisser échapper un hurlement strident qui résonna dans tout le laboratoire. Une si douce mélodie aux audios du scientifique impitoyable… Sauf qu’elle se débattait beaucoup trop pour pouvoir travailler correctement, de quoi frustrer le cyclope d’ordinaire calme et méthodique.

«Tu es douillette.» Constata froidement ce dernier en retirant sa scie des câbles sectionnés pour récupérer des pinces afin d’éviter la propagation de l’energon sur la table d’opération.

La douleur était si lancinante que Moonlight voyait double. Ses audios sifflaient atrocement, l’empêchant presque de distinguer les paroles du scientifique. La tête rejetée en arrière contre la table, elle leva ses optiques mi-closes vers les nombreuses cages suspendues au-dessus d’elle, éblouie par la vive lumière du laboratoire. Dans certaines d’entre elles se trouvaient des créatures mécaniques méconnaissables… De véritables abominations conçues par Shockwave. Mais toutes partageaient une même chose : la peur dans leurs optiques. Ses audios grésillaient continuellement tandis que des messages d’erreurs envahissaient sa vision périphérique, encore une fois. Déjà à bout d’energon, son réservoir indiquait qu’il ne restait plus que quatre pourcents. Un signal d’alarme pour sa survie. Malgré cela, le scientifique à côté d’elle ne semblait pas s’en soucier. Il poursuivait son travail sur son bras entaillé comme si de rien n’était, ses gestes brusques et rapides envoyant de petites décharges douloureuses dans son protoforme.

Vacillante au bord de l’inconscience, une larme silencieuse roula sur la joue de Moonlight incapable de cacher son désespoir. Elle n’était plus qu’une de ces maudites expériences, un simple numéro inscrit sur son casque. Un numéro de série dans un ordinateur, à la merci de ce fou. Ici, la miséricorde n’existait pas. Ni la pitié visiblement. Tous ces regrets qui l’assaillaient… Cette soudaine envie de se laisser mourir… Tout ce qu’elle donnerait pour être ailleurs que dans cet endroit lugubre, avec pour seule compagnie sa peur d’endurer d’autres sévices. Elle se sentait si désolée pour son Opiluk, qui allait à nouveau souffrir à cause de sa bêtise. Elle ne savait rien faire d’autre que provoquer la douleur à ceux qu’elle aimait. Sa faute. Il méritait qu’elle lui dise pardon pour toute cette peine causée, de s’excuser d’être un fardeau. Oui, il méritait tant de choses, après tout ce qu’il avait fait pour elle… Mais certainement pas ça.

Les gémissements des créatures enfermées dans les cages attirèrent l’attention de Moonlight. Lentement, elle tourna la tête vers la cellule à sa gauche, où un robot défiguré s’accrochait aux barreaux rouillés. Tout le bas de son corps lui manquait. Son unique optique jaune valide la fixait, et Moonlight y discerna une forme de compassion, un fragile réconfort au milieu de cette épreuve. Elle lui offrit un petit sourire fébrile, avant de refermer rapidement ses optiques lorsque la douleur insupportable se propagea à nouveau dans son protoforme mutilé. Face à ce supplice sans nom, elle laissa échapper des cris qui résonnèrent dans les couloirs déserts.

Puis son monde sombra dans les ténèbres.

À suivre…

VP

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