Petite Etincelle

Chapitre 19

6304 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/08/2022 13:21

CHAPITRE 19

Redémarrage système en cours …

Energon à 36%

Erreur, mémoire erronée

Circuit B-5 endommagé

Circuit A-36-1 endommagé

Composant F-647-X Manquant

Stabilisation …

Erreur, fichiers corrompus

Stabilisation …

Erreur …

Erreur …

Erreur …

Toutes ces erreurs qui revenaient sans cesse, encore et encore, comme une boucle infinie. C’était curieux mais j’avais l’impression de toutes les connaître. Qu’elles finissaient toujours par revenir comme un rappel de mon échec face à cette fatalité que je manquais cruellement d’expériences, et de chance aussi avouons-le. Juste au mauvais endroit au mauvais moment … Je commençais vraiment à croire qu’il n’y avait pas de hasard mais uniquement les fils du destin nous raccordant à un but précis censé se déclencher à un moment précis de notre existence. Une mission que nous sommes destinés à accomplir dans notre vie, à finir avant notre retour dans le Allspark, là où tout avait commencé pour chacun d’entre nous. Peu importe son origine, peu importe son objectif, nous n’y échapperons jamais car nous sommes reliés à ce dénouement. Dramatique pour certains, victorieux pour d’autres.

C’était inéluctable.

Je voulais chasser ces erreurs qui s’accumulaient dans mon CPU, cependant elles étaient si nombreuses que je n’arrivais même pas à rallumer mes optiques éteintes depuis un long moment. Combien de temps ? Je ne saurais le dire … Je venais à peine de sortir de ma stase d’urgence que je sentais déjà que quelque chose clochait avec moi. Non pas à cause des erreurs à répétitions, mais plutôt comme une intuition, un sixième sens en quelque sorte. Certaines parties de mon protoforme me procuraient de la douleur notamment mon côté gauche où manquait désormais une pièce comme me le rappelait sans arrêt l’erreur concernée. Importante ou non, pour le moment je l’ignorais en revanche je n’allais pas tarder à le découvrir car mes optiques venaient de s’allumer pour enfin dévoiler le monde autour de moi.

A priori j’étais allongée sur le dos, face à un plafond inconnu. Cette position gênait mes ailettes mais par peur que l’on remarque mon éveil, je décidai de rester parfaitement immobile sur la surface plate qui semblait être une couchette au coin d’une pièce relativement sombre et dénuée de chaleur. Je tendis l’audio pour tenter de percevoir le moindre son me permettant de définir si j’étais seule ou non dans ce lieu étrange. Or, il n’y avait rien d’autre que le bruit que produisaient mes évents ou celui de mon Spark pulsant la chamade cachée derrière les plaques de mon châssis heureusement fermé. Je me sentis instantanément soulagée à ce constat. Celui ou celle qui m’avait amenée dans cet endroit n’avait pas cherché à atteindre mon Spark, c’était déjà un point positif qui me permit de me détendre et de regarder autour de moi.

J’étais donc dans une pièce assez petite avec une unique porte au milieu du mur à ma droite. La seule sortie disponible apparemment. Un petit bureau séjournait contre le mur me faisant face et faisant face à la couchette sur laquelle j’étais allongée avec une chaise devant ce dernier complètement vide. De ce que je pouvais voir de la pièce plongée dans la pénombre, il n’y avait aucun autre meuble présent ni fenêtre me permettant de comprendre où je me situais exactement sur Cybertron. Au-dessus de ma tête se trouvait également une grille d’aération beaucoup trop haute pour que je puisse l’atteindre, même si je me levai sur la couchette. Etait-ce une espèce de cellule ? Une salle d’isolement ? Où par Primus tout puissant me trouvais-je ?!

Grinçant des dentas lorsque je posai doucement mes pedes sur le sol, je me redressai sur la couchette pour regarder mes mains tremblantes, concentrant mes optiques déréglées sur mes doigts argentés. Je rencontrai pas mal de difficultés à adapter ma vision à l’obscurité de la pièce, voyant carrément double par moment. La lumière bleue rassurante de mes optiques me permettait cependant de dessiner les contours des reliefs autour de moi et ceux de la porte me faisant dorénavant face maintenant que j’étais assise au bord de la couchette. Quelque chose me disait que ce qu’il y avait derrière celle-ci ne me plairait pas du tout ... Toujours autant déboussolée par mon état suspect, je pris la décision de me lever pour atteindre cette porte qui j’espérai sera déverrouillée. Je ressentais le besoin irrémédiable de sortir, de comprendre où j’étais.

Mais mon manque d’équilibre après si longtemps maintenue en stase d’urgence me fit basculer sur le sol juste après mon premier pas hésitant. Je m’étalai de tout mon long d’un petit glapissement de souffrance lorsqu’une vague de douleur traversa l’intégralité de mon protoforme abîmé au contact du métal solide. Ce fût à cet instant précis que les souvenirs du dernier cycle avant ma mise en veille forcée me revinrent telle une douche froide. Les émotions, les sentiments, ma réconciliation avec mon Opiluk, l’entrainement avec mon meilleur ami, la course avec Niltrex … Et puis bien-sûr, l’explosion. Après cela, je ne me souvenais que d’une voix grave et de cette intense douleur qui traversait mon corps comme des centaines de petites décharges électriques.

J’étais complètement perdue, pétrifiée devant ces souvenirs semblables à un cauchemar éveillé. Cette explosion aurait dû me tuer ! Je ne devrais pas être ici … C’était impossible à moins que tout ceci n’était qu’une mise en scène pour faire croire à ma mort ? Mais dans quel but ? De plus que n’avais presque aucune égratignure visible ! Quelqu’un m’avait forcément réparée ... J’avais toutes sortes de questions qui tournaient dans mon esprit embrouillé mais pratiquement aucune ne trouvaient de réponses, à mon plus grand désarroi. La seule chose vérifiable et rationnelle qui me restait était mon lien avec mon Opiluk. Pourtant, après plusieurs stimulations désespérées et de multiples tentatives de prises de contact, je ne reçus aucune réponse de l’autre côté, rien que le silence. Ce silence infernal intensifiait la terreur qui me consumait de plus en plus à l’idée d’avoir été faite prisonnière par les Decepticons, la seule possibilité que j’envisageai.

«Bon Moon, ne cède pas à la panique. Ne fais pas de suppositions tant que tu n’as pas de preuves …» Je m’encourageai dans une vaine tentative de me calmer alors que je m’asseyais sur le sol pour tenter de discerner tous les éléments de cette pièce exiguë qui pourraient être de potentiels indices.

Toutefois il n’y avait absolument rien qui me permettrais de savoir dans quelle faction je me trouvais actuellement, néanmoins il restait une possibilité de le découvrir. Rien qu’une seule. Cette porte se trouvant juste à quelques pas de moi. Si elle était ouverte, alors je me trouvais chez moi en sécurité à l’intérieur de la ville de Iacon dans une pièce isolée, par contre si cette dernière était fermée … Cette terrifiante éventualité envoya des frissons dans mon protoforme douloureux. Je n’osais même pas y penser … J’avais trop peur de découvrir pourquoi ils me gardaient ici contre mon gré et surtout pour quelle obscure motivation.

«Il n’y a qu’une seule façon de le savoir.» J’étais déterminée à mettre les choses au clair.

Sur le point de me relever pour atteindre cette fichue porte afin de connaître la vérité, je sentis tout à coup quelque chose qui me gênait au niveau de mon cou. C’était lourd, encombrant. Dubitative, je touchai du bout des doigts l’objet métallique entourant mon cou d’une assez grande largeur mais d’une fine épaisseur. Au premier contact, ma perplexité s’approfondit car j’étais incapable de définir de quoi il s’agissait jusqu’à ce que j’atteigne le fermoir cadenassé à l’arrière de cette chose. Mes optiques s’élargirent aussitôt d’horreur, mon Spark fit une violente embardée tandis que ma bouche s’ouvrit dans l’effroi. Un-un collier ? Pourquoi je portais un collier ?! Que faisait-il là ?! Et qui me l’avait mis pendant que j’étais inconsciente ?

«Qu’est-ce que ?!» M’écriai-je d’incrédulité alors que j’enroulais mes doigts tremblants autour du collier en métal pour essayer de le retirer.

Sans succès.

J’étais terrifiée … Je m’étais réveillée seule dans un endroit inconnu avec peu de souvenirs de la veille et un affreux collier métallique autour du cou impossible à retirer malgré mes nombreux efforts. Je n’y comprenais vraiment plus rien. En plus cette chose me serrait atrocement, j’étais persuadée que ce collier comprimait les câbles à mon cou ce qui expliquerait mes graves problèmes de vision et peut-être aussi ces problèmes liés à mon CPU. La panique me gagnant de plus en plus au fil de mes découvertes, je creusai mes doigts sous le collier pour tirer dessus de toutes mes forces, allant jusqu’à faire craquer les engrenages à mes pouces tellement j’étais désespérée de l’enlever. Qui pouvait bien me faire subir ça … Qu’avais-je fait pour mériter un pareil traitement ?

«C’est pas vrai, c’est un cauchemar !» Sanglotai-je avant de replier mes genoux contre mon châssis, abandonnant mon combat avec cet objet inquiétant car de toute manière il était fixé.

J’étais comme paralysée par la peur de l’inconnu, incapable de faire un raisonnement rationnel ni même de retrouver un semblant de maîtrise. La seule chose qui me restait était cette maudite porte … L’angoisse bientôt remplacée par une vive colère, je me jetai rapidement sur la porte pour déverrouiller le panneau digital mais ce dernier me refusa délibérément l’accès au verrou d’un bip sonore suivit d’un avertissement. Scrap ! Désemparée mais entraînée par la panique, je tapotai des touches au hasard avant de poinçonner mes poings contre le métal faisant obstacle à ma liberté. J’hurlai, encore et encore jusqu’à en perdre la voix dans l’espoir que quelqu’un qui passait par-là entendrais mes cris. Mes mains frappaient violemment le métal pendant de longs breems mais personne ne vint jamais m’ouvrir. Puis au bout d’un moment, complètement exténuée, je me laissai glisser le long du mur jusqu’à atterrir sur le sol, laissant tout mon poids reposer contre celui-ci.

Je n’avais rien demandé à personne … J’étais sur le point de commencer une toute nouvelle vie avec mon Opiluk et mes amis, tout semblait si idyllique et parfait. Mais j’aurais dû m’en douter car le bonheur ne dure jamais vraiment et la dure réalité finit toujours pas nous rattraper pour nous rappeler que tout n’était qu’éphémère. Le sort s’acharnait. Puis je repensai à mon ami, Niltrex. Comment allait-il ? Avait-il survécu au drame ? C’était terriblement injuste … Je voulais prendre contact avec Opi afin de le rassurer que j’étais en vie, mais le lien répondait difficilement à mes sollicitations, comme si un brouilleur était dans les parages pour justement empêcher les communications externes. Je voulais juste entendre sa voix réconfortante … Sentir son amour pour moi dans le lien. J’étais si seule, perdue et inquiète avec aucune idée de ce qui m’attendais de l’autre côté de ces quatre murs m’emprisonnant dans cette prison miniature.

Ne pas sombrer dans la panique … Ne pas sombrer dans la panique … Ne pas …

Me répétai-je sans relâche avant de péniblement lever mes optiques embrumées de larmes vers la porte face à moi lorsque cette dernière se déverrouilla après un bon groon à me morfondre contre le mur. Deux figures étrangères pénétrèrent dans la pièce. Elles n’avaient pas d’optiques mais juste une visière rouge et un masque blanc, de ce que je pouvais voir avec mes problèmes de vue. Elles étaient fines et assez grandes comparées à ma taille avec des doigts griffus accrochés à leurs grandes mains. Des roues se dessinaient sur leurs épaules ainsi que sur leurs jambes alors qu’elles se dirigeaient vers moi pour me prendre par les aisselles pour me redresser sur mes pedes malgré mon manque de coopération. Je n’avais aucune envie d’obéir à des étrangers ! Pas tant que je ne comprenais pas la situation dans laquelle je me trouvais.

«Qui êtes-vous ?» Croassai-je tandis que je plissais mes optiques à la première figure sur ma gauche, ma voix me faisant défaut.

«Nous n’avons pas reçu l’autorisation de communiquer avec vous.» Répondit platement le mecha violet qui m’emmena de force vers la sortie rapidement suivit par le second semblable à lui.

«Où vous m’emmenez ?!» Je leur sommai même si je savais qu’ils ne me répondront pas. Je creusai mes talons dans le sol pour les empêcher de me prendre avec eux mais même avec la plus grande volonté, j’étais incapable de rivaliser avec leur force.

Ma vision étant partiellement floue, je me concentrai pour voir à quoi ressemblait le couloir lumineux dans lequel nous nous enfoncions tous les trois. Au cas où plus tard je réussissais à m’échapper … Il me fallait des repères. Ne savait-on jamais. Toutefois ce long couloir ressemblait au prochain puis à celui qui suivit juste après lorsque nous tournions à une intersection, l’impression de tourner en rond dans ce labyrinthe de couloirs. Les deux mechas demeurant silencieux qui me tenaient fermement par les bras marchaient hâtivement avant d’emprunter un large escalier menant certainement au sous-sol de cet endroit incroyablement grand. Je n’en avais pas vraiment la notion à cause de mon problème de stabilité générale.

Ensuite, nous arrivions devant deux portes doubles automatiques puis entrions dans un sas de décontamination où de la vapeur nous enveloppa entièrement de la tête aux pedes. Mon anxiété ne cessait de se développer alors que ces deux robots faisant vœux de silence me conduisaient dans un autre lieu beaucoup plus spacieux cependant très sombre et humide. Il y avait tout un tas de bruits étranges autour de moi, ainsi que des gémissements provenant des cages suspendues tout comme des cellules présentes dans cette nouvelle pièce. Je n’arrivai toujours pas à distinguer correctement les éléments autour de moi mais je pouvais néanmoins dire que je me trouvai désormais dans un atelier ou alors dans le pire des cas, un laboratoire. Je priai de toutes mes forces pour que ce ne soit pas cette dernière supposition …

«Maître, nous l’avons récupérée comme vous nous l’aviez demandé. Mais je crois qu’elle rencontre quelques petits soucis avec l’expérimentation numéro 417. Elle est très confuse.» Indiqua le mecha à ma droite à quelqu’un que je ne voyais pas encore.

«Voyons-voir ça de plus près.» Gronda une voix rauque provenant de derrière de gros câbles noirs suspendus au plafond.

Je plissai les optiques pour tenter de mieux voir l’imposante silhouette me tournant actuellement le dos, cependant mon energon se glaça dans mes câbles lorsque l’inconnu se retourna et que je réussis à discerner une unique optique luisante parmi la pénombre. Rouge incandescente. Tétanisée par la peur, je faillis m’écrouler sur mes genoux si les deux bots qui me tenaient fermement ne m’avaient pas rattrapée avant que je ne m’écroule sur le sol humide. Je sentis que mon CPU voulait me mettre en stase pour éviter tout effet indésirable sur le système à cause de mes émotions fortes, mais je luttai de toutes mes forces pour rester consciente. Il était hors de question que je leur laisse une nouvelle opportunité d’avoir librement accès à mon protoforme et encore moins à mon Spark.

Ma détresse se lisait dans mes optiques alors que le robot violet impressionnant m’attrapait le visage entre ses griffes acérées pour me regarder avec cette horrible optique qui me dévorait de l’intérieur. Immobile mais tremblante, je baissai automatiquement mon regard sur la vitre noire de son châssis blindé pendant qu’il m’auscultait longuement le visage avant de descendre au collier autour de mon cou. La pression en moi dédoubla à ce silence malfaisant. Il atteignit ensuite le fermoir à l’arrière pour le régler, ce qui eut pour effet de décomprimer mes câbles que je suspectais d’être à l’origine de mes problèmes. Immédiatement, la plupart des messages d’erreurs dans le coin droit de ma vision s’enlevèrent et ma vue retrouva sa pleine puissance, me permettant ainsi de reconnaître les détails de mon environnement.

Honnêtement, je crois que j’aurais préféré ne pas avoir retrouvé la vue ... J’étais bel et bien dans un laboratoire où des dizaines d’expériences croupissaient dans leurs cages respectives, mon réservoir se tordant à toutes ces atrocités difformes. La plupart des cellules étaient dans l’obscurité totale, mais je pouvais quand même discerner leurs optiques qui avaient différentes couleurs et différentes intensités. A cause de la douleur ou de la folie, il y avait certainement plusieurs raisons à ce phénomène étrange. Des ustensiles étaient éparpillés un peu partout dans le laboratoire désordonné mais plus particulièrement sur une large table à côté d’une couchette mobile où d’immenses câbles pendaient mollement au-dessus de cette dernière vide pourtant couverte de traces d’energon ou encore de griffures.

Que réalisent-ils comme expériences répugnantes ici … Je me le demandais, mais j’avais bien trop peur de connaître la réponse.

J’avais l’impression de vivre l’un de mes pires cauchemars mais en beaucoup plus réaliste. Sauf qu’il s’agissait de la réalité cette fois-ci. Mon vocaliser se serrant à l’angoisse dans mon Spark, je craignais de rencontrer l’optique rouge du robot me surplombant de sa hauteur effrayante, mais hélas la curiosité avait eu raison de moi. Alors après plusieurs hésitations, je redressai ma tête en direction du scientifique qui me fixait intensément, de quoi engendrer une violente envie de régurgiter le peu d’energon que j’avais dans mon réservoir. J’étais épouvantée … Par chance, je réussis à contenir cette denrée rare dans ma gorge au lieu de la projeter sur la vitre sombre face à mon visage. Les symboles violets lumineux sur les différentes parties de son corps se reflétaient sur ma carrosserie, rivalisant avec mes propres lignes lumineuses bleues.

«Ses optiques étaient juste dilatées. La procédure s’est parfaitement déroulée. Les calculs sont bons. Il n’y a aucune autre complication.» Affirma le Decepticon d’un petit hochement de tête satisfait aux deux robots filiformes qui me détenaient dans leurs griffes pour m’empêcher de fuir. Le scientifique dont j’ignorais le nom reprit aussitôt la parole.

«Vous pouvez dès à présent l’emmener pour la présenter à notre Seigneur. Elle est prête. Je viendrais ensuite pour une démonstration.» Expliqua-t-il avec monotonie tout en se retournant pour s’occuper de ses outils qu’il étalait sur sa table d’opération.

«Oui, Maître.» S’exprimèrent les deux mechas violets à l’unisson avant de me tirer vers la sortie.

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«Mon Seigneur, nous n’avons pas retrouvé la trace de l’autre Autobot. Nous pensons qu’il a péri lors de l’attaque. Alors êtes-vous sûr que c’est une bonne idée ? Loin de moi l’idée de vous importuner ! Mais nous ignorons si Sidelock disait la vérité concernant cette fembot …»

Moonlight se rapprochait de plus en plus de la grande porte ornée de symboles Cybertroniens. Elle entendait une voix étouffée provenant de l’intérieur de la pièce qu’elle s’apprêtait à pénétrer sous la garde rapprochée des deux Véhicons qui refusaient de la laisser s’éloigner de plus de deux pas. Et par crainte qu’elle ne tente quelque chose d’irréfléchi, ils lui avaient enfilé une paire de menottes afin que ses poignets restent fermement liés, tel un prisonnier allant au cachot. Une précaution vraiment pas nécessaire car elle n’aurait jamais pu aller bien loin avec tous ces Decepticons patrouillant dans les environs et son manque de familiarité avec les lieux. Elle ne savait même pas où elle se trouvait sur Cybertron …

«Avance.» Ordonna le Véhicon à sa droite une fois la porte ouverte. Il poussa la petite fembot à l’intérieur mais il n’avait pas prévu qu’elle trébuche sur ses pedes pour se retrouver sur le sol d’un cri de surprise.

«Un peu de douceur ! Ce n’est pas tous les cycles qu’on rencontre la petite protégée du Prime. La fille d’Optimus …» Dicta une voix profonde et menaçante d’une touche de sarcasme.

A genoux sur le sol, Moonlight peina à se redresser avec ses mains menottées. Alors avec l’aide des deux Véhicons maladroits, elle réussit à revenir à ses pedes pour regarder son interlocuteur se tenant fièrement debout à côté d’un immense trône de fer. Un grand mecha argenté nuancé de violet qui portait un énorme canon accroché à son bras droit. Une armure pointue, des doigts griffus, des dentas saillantes … Il n’y avait aucun doute possible sur sa tristement célèbre identité. Même les plus jeunes des Autobots sauraient reconnaître le plus grand tyran de tous les temps sans le rencontrer en personne tant les histoires racontées sur ce persécuteur étaient précises, détaillées et malheureusement nombreuses. La fembot impressionnée par ce face à face effrayant avec le chef des Decepticons faillit à nouveau trébucher, les optiques écarquillées et dans l’incapacité de formuler une phrase complète sauf …

«Megatron …» Qu’elle chuchota dans l’effroi, complètement intimidée.

«C’est Seigneur Megatron, petite sotte !» Aboya rudement un autre mecha beaucoup plus svelte à côté de Megatron, les ailes raides dans son dos et ses optiques rouges la fusillant pour son impolitesse.

Moonlight, hébétée par ce retour flamboyant, cligna rapidement des optiques à la sensation de déjà vu qu’elle venait de ressentir. Cette voix … Elle avait l’impression de la connaître, de l’avoir déjà entendue quelque part … Le Seeker nerveux lui paraissait étrangement familier tout à coup. Son regard rempli de haine lui glaçait l’energon pendant qu’il réalisait les cent pas à côté du trône de Megatron, les mains griffues croisées dans le dos et les talons de ses pedes claquant contre le sol métallique dans un rythme effréné. Cependant elle était dans l’incapacité de mettre un nom sur ce visage car elle n’arrivait tout simplement pas à se souvenir où elle l’avait déjà vu ou entendu auparavant. Pourtant, ce mecha réveillait en elle un profond sentiment de malaise qu’elle ne saurait décrire avec des mots, mais qui l’accablait.

«Du calme Starscream, elle apprendra les bonnes manières au cours de son apprentissage. Maintenant sortez ! J’aimerais m’entretenir seul avec notre invitée.» Résonna la voix grave de Megatron tandis qu’il faisait signe vers la porte pour congédier son second et ses Véhicons.

Starscream … Maintenant elle avait un nom sur ce visage particulièrement intriguant.

Une fois la porte refermée derrière les protestations plus ou moins discrètes du Seeker, le leader des Decepticons se mit à arpenter la pièce de gauche à droite sous le regard inquiet de Moonlight agenouillée devant les marches menant au trône. Elle voulait tenter de fuir, mais cette idée ne lui semblait pas raisonnable du tout. Où irait-elle de toute manière ? Cet endroit était truffé de Decepticons hargneux et Megatron ne lui laisserait certainement pas la possibilité de fuir de plus qu’il était trois fois plus grand qu’elle, il l’attraperait avant même qu’elle n’atteigne la porte dans son dos. Par conséquent, ce n’était pas la bonne solution pour le moment. Assise sur ses jambes devant l’escalier, la fembot joua avec ses menottes avant de jeter un coup d’optique craintif au mecha argenté au-dessus d’elle qui venait de s’arrêter pour la regarder.

Elle n’aimait pas du tout son regard. Il était dépourvu de chaleur, d’empathie.

«Ainsi, je te rencontre enfin après tous ces vorns tenue dans le secret. Un secret qu’Optimus n’aurait pas pu garder plus longtemps avec une création aussi curieuse et imprudente que toi. Pauvre de lui … Mais j’avais si hâte que nous nous rencontrions. C’est un honneur pour toi de te tenir devant le véritable Prime.» Débuta ce dernier tout en étudiant attentivement l’Autobot silencieuse. Toutefois au manque de réponse de Moonlight, Megatron se mit à ricaner puis il se rapprocha d’elle pour constater qu’elle se recroquevillait légèrement sous sa présence envahissante.

«Tu as toutes les raisons de me craindre, petite. Je suis le plus grand Seigneur de guerre que Cybertron ait jamais connu !» Révéla-t-il tout en levant glorieusement ses bras d’un sourire redoutable.

Mais le pire restait ses dentas …

«Où sommes-nous ? Que voulez-vous de moi ?» Moonlight se libéra le vocaliser quand elle sentit que sa voix refusait de lui obéir. Elle était si effrayée, intimidée … Se tenir menottée devant le tyrannique Megatron était une chose inimaginable.

«Nous sommes dans la magnifique ville de Kaon, quartier général des Decepticons. Et je veux qu’Optimus perde son titre, qu’il me rende ce qu’il m’a volé il y a bien des vorns en arrière. Ma gloire ! Je veux qu’il perde tout, comme j’ai tout perdu à cause d’un seul et unique choix. A commencer par sa très chère fille …» Dévoila sombrement le robot menaçant alors qu’il s’accroupissait devant Moonlight pour lui prendre le visage entre ses griffes. Il passa son pouce sur sa joue puis reprit calmement, toujours avec cet air sinistre qui ne quittait jamais son expression ; «Je vais faire de toi un vrai Decepticon. Fort et impitoyable. L’heure de la vengeance a enfin sonné.»

«J-je refuse !» Balbutia la fembot en se retirant rapidement de la poigne de Megatron. Un élan de courage qui pourrait lui coûter très cher mais pour l’instant elle mettait sa peur des représailles de côté pour se battre.

«Bornée … Comme son excuse pathétique de créateur. Ne joue pas aux héroïnes, le choix ne t’appartient plus désormais. Tu vas devoir apprendre à obéir et devenir plus docile si tu ne veux pas connaître les punitions pour ce genre d’attitude ingrate.» Megatron tapota le collier au cou de Moonlight pour lui rappeler qu’il était toujours là et qu’il avait bel et bien une utilité. Son sourire s’élargit au regard horrifié de la petite fembot qui venait de comprendre la fonction de cet objet. Il reprit dans ce même ton insipide.

«Quand il saura que je détiens sa précieuse création, il me cèdera le Allspark et la ville de Iacon sans aucune opposition. Et aucun de ses dépravés d’Autobots ne le suivra dans cette décision insensée pour sauver sa fille. La valeur de l’Allspark vaut-elle celle d’un seul petit Autobot ? Bien-sûr que non. Il sera détrôné de son titre de Prime puis banni dans les terres reculées.» Annonça le chef des Decepticons tout en caressant pensivement la joue de Moonlight, ses optiques rouges se perdant dans le vide au scénario parfait qui fleurissait dans son esprit.

«Optimus n’acceptera jamais ce marché ! C’est absurde !» S’écria la fembot, choquée par ce plan machiavélique qui ne tenait pas la route.

«Tu ne connais pas assez bien le Prime. Il fera tout en son pouvoir pour te récupérer en un seul morceau. Et s’il refuse … J’essayerais une méthode bien plus radicale.» Menaça tranquillement le mecha robuste en creusant son doigt pointu sous la gorge de la fembot frêle puis en plongeant son regard ténébreux dans le sien terrifié. Il leva les crêtes optiques lorsque cette dernière secoua rudement la tête de gauche à droite, refusant d’admettre qu’il avait raison.

«C’est monstrueux … Vous ne pouvez pas faire ça ! Non, je refuse. Je ne vous laisserais pas m’utiliser pour nuire à ma faction !» Moonlight, dans un pur geste désespéré, bondit à ses pedes avant de foncer vers la porte tout en entamant sa transformation pour aller plus vite. Peut-être qu’avec son mode alternatif, elle arriverait à s’échapper et à sortir d’ici !

Seulement …

«Quoi ?!» Se scandalisa-t-elle quand elle ne réussit pas à se transformer. Elle réessaya plusieurs fois mais c’était sans succès, ses pièces de métal refusaient catégoriquement de se déplacer pour prendre la forme d’un véhicule terrestre. Derrière elle, Megatron se mit à rire.

«Vous Autobots, vous êtes pitoyables et tellement naïfs. Inutile d’essayer de fuir, il n’y a aucune échappatoire. Shockwave a fait en sorte que tu ne puisses plus te transformer comme bon te semble en t’enlevant ton précieux T-Cog. Et tout ça sans même que tu ne t’en rendes compte. Formidable, n’est-ce pas ? Un scientifique brillant et ingénieux. Grâce à lui et à ses expériences, nous irons très loin !» Glorifia le Decepticon qui n’avait même pas prit la peine de courir après Moonlight tout en levant les bras à ses côtés d’un sourire victorieux.

«Qu’avez-vous … Qu’avez-vous fait ?» Questionna-t-elle dans un murmure épouvanté, les optiques écarquillées sous le choc. Elle avait perdu une partie d’elle-même … Il lui avait retiré une pièce importante alors qu’elle était plongée en stase d’urgence. C’était abominable, inimaginable.

Et maintenant, elle se demandait ce que ce scientifique fou avait fait d’autre avec elle.

«Pense plutôt à ce que nous allons accomplir ensemble. Le rêve de toute une vie. Voir s’effondrer tout un empire construit sur des croyances grotesques ou honneur rime avec hypocrisie. Et toi, tu es la clé de tout ça, de cette réussite.» Megatron descendit lentement les marches, l’index pointé en direction de la fembot bleu ciel horrifiée à mi-chemin vers la sortie.

«Je préfèrerais mourir plutôt que d’accomplir quelque chose avec vous !» Hurla Moonlight de rage avant de ressentir une terrible douleur traverser tout son protoforme.

Elle s’effondra aussitôt sur le sol d’un bruit sourd tandis que son corps était pris de violentes convulsions. Elle n’arrivait même plus à crier tant la douleur était intense, foudroyante ... Ses optiques devinrent rapidement blanches à cette souffrance épouvantable pendant que son corps se contractait et se rétractait au fil des secousses, son Spark pulsant frénétiquement dans son châssis comprimé par la douleur. De plusieurs gémissements étouffés, elle s’abandonna sur le sol une fois que l’électricité arrêta de passer dans son protoforme et ses câbles pour reprendre ses esprits. Le casque posé contre le sol, son CPU indiquait de nouvelles alertes car son Spark avait été sévèrement touché par l’électrocution. Ses optiques grésillèrent quelques nano-kliks avant de retrouver leur netteté pour voir qu’une paire de pedes violet se trouvait devant son visage figé dans la douleur.

«Je peux réaliser ton vœu, si tu le souhaites.» S’exprima la voix lassée appartenant au scientifique uni optique.

«Pourquoi …» Suffoqua Moonlight allongée sur le sol, ses optiques plissées rencontrant le regard impassible du mecha violet tenant quelque chose de cylindrique dans sa main droite.

«Apprend à obéir et tu ne souffriras plus. En principe.» Shockwave enjamba la fembot en piteux état pour rejoindre son supérieur hiérarchique spectateur de cette magnifique démonstration de pouvoir.

«Incroyable. J’apprécie déjà cette nouvelle technologie ! Nous pourrions l’utiliser sur les prisonniers têtus qui refusent de coopérer. Ce merveilleux gadget changerait définitivement la donne.» S’enchanta Megatron qui accepta de prendre la manette permettant de contrôler le collier électrique lorsque le scientifique le lui offrit. Il n’y avait qu’un seul bouton de commande à actionner pour envoyer une puissante décharge.

«Cette technique est déjà en pratique sur les sujets numéro trente-huit et quatre-vingt-douze. Malheureusement, l’un d’eux n’a pas survécu aux décharges. Je dois encore régler son intensité. En revanche l’autre se montre plutôt résistant, mais il ne tardera pas à craquer sous la torture répétée.» Résuma brièvement Shockwave.

«Fais en sorte qu’il parle ! Mais ne le laisse pas mourir. Car nous avons maintenant la possibilité d’anéantir Optimus Prime.» Megatron sourit vilement à la petite fembot qui se redressait difficilement sur le sol en bas des escaliers, tremblante encore de son électrocution.

«Avec ceci, son apprentissage peut enfin commencer.» Confirma le chercheur violet en positionnant le pouce de Megatron sur le bouton rouge lumineux. Il reprit sans tarder ; «vous commandez, elle obéit.»

«J’aimerais le même pour cet incapable de Starscream !» Rêvassa le leader des Decepticons, complètement séduit par ce nouvel accessoire qui promettait de grands résultats. Et évidemment, il ne pouvait s’en empêcher d’imaginer son incapable de second l’implorant à genoux pour qu’il cesse cette torture.

C’était jouissif comme image.

«Ça ne sert à rien … Jamais je ne deviendrais une Decepticon. Je suis une Autobot, j’ai été élevée par Optimus Prime, mon créateur en qui je voue une confiance infaillible. Rien ni personne, pas même vos tortures, me l’enlèveront. Je suis fière d’être ce que je suis … Et je ne les trahirais jamais.» Gémit Moonlight d’une profonde grimace à la douleur continuelle dans son protoforme qui ne semblait plus vouloir disparaître. C’était éprouvant comme sensation et terriblement destructeur aussi … Elle savait qu’elle en ferait les frais, qu’elle n’y échappera pas tant qu’elle sera retenue prisonnière ici.

«Vous commandez, elle obéit.» Répéta calmement Shockwave après avoir lâché le détonateur dans la main de Megatron.

«Jamais …» Insista la fembot agenouillée d’une secousse de sa tête, le menton tombant contre son châssis et les optiques fermées en attendant la nouvelle décharge punitive. Elle commença à compter dans le silence tout en se balançant d’avant en arrière dans le désespoir, cherchant toujours à établir un contact avec son Opiluk. Cependant sans résultats, le destin s’acharnait sur elle c’était une évidence.

Megatron regarda fixement Moonlight avec une expression songeuse, perdu dans les méandres de son esprit perverti. Le pouce sur le bouton rouge lumineux, il considéra un instant sa prisonnière qui ne cessait de répéter la même chose en boucle d’un sanglot misérable. Mais il n’avait aucune pitié pour ces Autobots, pas même un soupçon. Il allait obtenir l’objet de ses sombres désirs sans demander l’avis de personne en commençant par cette fembot extrêmement importante pour que son plan fonctionne à merveille. Oh oui, Optimus allait amèrement regretter d’être devenu le Prime. Il s’en était fait le serment depuis ce cycle à Trypican où cet imbécile de Sentinel avait choisi son rival apathique plutôt que lui, l’expert en tactiques de guerre. Grossière erreur car à présent, ils allaient en payer le prix fort de cette trahison. Mais avant cela, il allait devoir détruire ce que le leader des Autobots avait façonné durant de longs vorns pour mieux l’atteindre.

Megatron actionna le bouton d’une lueur de satisfaction dans ses optiques.

Jamais …

A suivre …

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