Petite Etincelle
CHAPITRE 19
Redémarrage système en cours…
Energon à 36%
Erreur, mémoire erronée
Circuit B-5 endommagé
Circuit A-36-1 endommagé
Composant F-647-X Manquant
Stabilisation…
Erreur, fichiers corrompus
Stabilisation…
Erreur…
Erreur…
Erreur…
Toutes ces erreurs revenaient sans cesse, encore et encore, comme piégées dans une boucle infinie. C’était curieux… Mais j’avais l’étrange impression de les connaître toutes. Elles finissaient toujours par réapparaître, tel un rappel cruel de mon échec face à cette fatalité car je manquais cruellement d’expérience. Et de chance aussi, avouons-le. Juste au mauvais endroit, au mauvais moment… Diraient certains. Je commençais vraiment à croire qu’il n’existait pas de hasard, seulement les fils du destin, invisibles, qui nous relient à un but précis, censé se déclencher à un moment donné de notre existence. Une mission que nous étions destinés à accomplir, avant notre retour dans le Allspark, là où tout avait commencé pour chacun d’entre nous. Peu importe l’origine, peu importe l’objectif, nul n’y échappe. Ce dénouement nous attend tous. Dramatique pour certains, victorieux pour d’autres.
C’était inéluctable.
Je voulais chasser ces erreurs qui s’accumulaient dans mon CPU déjà surchargé d’informations, cependant elles étaient si nombreuses que je n’arrivais même pas à rallumer mes optiques éteintes depuis un long moment. Combien de temps ? Je ne saurais le dire… Le temps n’était plus une mesure dans cette confusion généralisée. Je venais à peine de sortir de ma stase d’urgence que je sentais déjà que quelque chose clochait avec moi… Non pas à cause des erreurs à répétition, mais plutôt comme une intuition, un sixième sens qui s’était éveillé en quelque sorte. Certaines parties de mon protoforme me procuraient de la douleur et de l’inconfort, notamment mon côté gauche où manquait désormais une pièce comme me le rappelait sans arrêt l’erreur concernée. Importante ou non, pour le moment je l’ignorais, en revanche je n’allais pas tarder à le découvrir car mes optiques venaient de s’allumer pour enfin dévoiler le monde autour de moi.
La première chose que je remarquai fut que j’étais allongée sur le dos, face à un plafond inconnu.
De la rouille serpentait entre les plaques de métal d’un gris fade. Cette position gênait mes ailettes, douloureusement écrasées, mais par peur que l’on remarque mon éveil je décidai de rester parfaitement immobile sur la surface plate qui semblait être une couchette, dans un coin d’une pièce relativement sombre et dénuée de chaleur. Déjà là, je ne me sentais pas à l’aise. Je tendis l’audio pour tenter de percevoir le moindre son me permettant de définir si j’étais seule ou non dans ce lieu étrange. Or, il n’y avait rien d’autre que le bruit que produisaient mes évents obstrués par de la poussière ou celui de mon Spark pulsant la chamade cachée derrière les plaques de mon châssis heureusement fermé. Je me sentis instantanément soulagée à ce constat. Celui ou celle qui m’avait amenée dans cet endroit n’avait pas cherché à atteindre mon Spark, c’était déjà un point positif qui me permit de me détendre et de regarder autour de moi pour me familiariser avec mon environnement.
J’étais dans une pièce assez petite avec une porte au milieu du mur à ma droite, apparemment la seule sortie disponible. Un petit bureau se tenait contre le mur en face de moi, juste en face de la couchette sur laquelle j’étais allongée, avec une chaise placée devant sans personne qui l’occupait. Il n’y avait pas un seul datapad, remarquai-je très vite. Une autre information qui me frappa fut la température de la salle : glacée. Si froide que je sentais mes câbles se contracter dans mon protoforme endommagé. De ce que je pouvais voir de la pièce plongée dans la pénombre, aucun autre meuble ni fenêtre ne permettait de comprendre où je me trouvais exactement sur Cybertron. Une grille d’aération se trouvait juste au-dessus de moi, bien trop haute pour que je puisse l’atteindre même si je me levais sur la couchette. Était-ce une espèce de cellule ? Une salle d’isolement ? Absolument rien dans cet endroit ne m’était familier… Par Primus tout-puissant, où me trouvais-je ?!
Grinçant des dentas à l’angoisse qui montait, je posai doucement mes pedes sur le sol puis me redressai sur la couchette pour regarder mes mains tremblantes, en concentrant mes optiques déréglées sur mes doigts argentés. Je rencontrais pas mal de difficultés à adapter ma vision à l’obscurité de la pièce, voyant carrément double par moments. Ma tête… J’avais l’impression qu’elle était sur le point d’exploser ! En posant une main à l’arrière de mon casque, je senti une bosse, probablement responsable de ma vision perturbée. La lumière bleue rassurante de mes optiques me permettait cependant de dessiner les contours des reliefs autour de moi, et ceux de la porte me faisant désormais face, maintenant que j’étais assise au bord de la couchette. Crasseuse au passage. Quelque chose me disait que ce qu’il y avait derrière ne me plairait pas du tout... Toujours autant déboussolée par mon état suspect, je pris la décision de me lever pour atteindre cette porte qui, je l’espérais, serait déverrouillée. Je ressentais un besoin irrémédiable de sortir, de comprendre où j’étais.
Mais mon manque d’équilibre après si longtemps maintenue en stase d’urgence me fit basculer sur le sol juste après mon premier pas hésitant. Je m’étalai de tout mon long, laissant échapper un petit glapissement de souffrance lorsqu’une vague de douleur traversa l’intégralité de mon protoforme abîmée au contact du métal solide. Ce fut à cet instant précis que les souvenirs du dernier cycle avant ma mise en veille forcée me revinrent telles une douche froide. Les émotions, les sentiments, ma réconciliation avec mon Opiluk, l’entraînement avec mon meilleur ami, la course avec Niltrex… Tout un flot de souvenirs qui se bousculaient dans mon esprit confus. Et puis bien sûr, l’explosion. Après cela, je ne me souvenais plus que d’une voix grave et de cette intense douleur qui traversait mon corps comme des centaines de petites décharges électriques.
J’étais complètement perdue, pétrifiée devant ces souvenirs semblables à un cauchemar éveillé.
Mon energon se figea dans mes câbles tandis que mes optiques s’agrandirent sous le choc. Cette explosion, elle aurait dû me tuer sur le coup ! Je ne devrais pas être là… C’était impossible ! À moins que tout ceci ne soit qu’une mise en scène pour faire croire à ma mort ? Mais dans quel but ? De plus, je n’avais presque aucune égratignure visible sur ma carrosserie, alors quelqu’un m’avait forcément réparée... J’avais toutes sortes de questions qui tournaient dans mon esprit embrouillé, mais pratiquement aucune n’y trouvait de réponse, à mon plus grand désarroi. La seule chose vérifiable et rationnelle qui me restait dans cette situation était mon lien avec mon Opiluk. Miraculeusement intact. Pourtant, après plusieurs stimulations désespérées et de multiples tentatives de prises de contact, je ne reçus aucune réponse de l’autre côté. Rien que le silence entrecoupé de grésillements. Ce silence infernal intensifiait la terreur qui me consumait de plus en plus à l’idée d’avoir été faite prisonnière par les Decepticons, la seule possibilité que j’envisageais désormais.
«Bon, Moon, ne cède pas à la panique. Ne tire pas de conclusions sans preuves…» Je m’encourageai dans une vaine tentative de rester calme alors que je m’asseyais sur le sol pour tenter de discerner tous les éléments de cette pièce exiguë qui pouvaient être de potentiels indices.
Toutefois, il n’y avait absolument rien qui me permettait de savoir à quelle faction j’appartenais à ce moment-là. Pas une seule indication, mis à part la froideur de cette pièce et ce silence angoissant. Néanmoins, une seule possibilité subsistait pour le découvrir : la porte, située à seulement quelques pas de moi. Si elle était ouverte, cela signifiait que j’étais en sécurité chez moi, dans une pièce isolée de la ville de Iacon. En revanche, si elle était fermée… Cette terrifiante éventualité fit frissonner mon protoforme douloureux. Je n’osais même pas y penser. J’avais trop peur de découvrir pourquoi on me retenait ici contre mon gré, et surtout pour quelle obscure motivation.
«Il n’y a qu’une seule façon de le savoir.» Déterminée à mettre les choses au clair, je me préparai à me relever pour atteindre cette fichue porte afin de découvrir la vérité.
Mais soudain, je pris conscience d’un poids lourd autour de mon cou. Ce fardeau se révélait oppressant, presque étouffant. Dubitative, je passai doucement mes doigts sur la surface lisse, cherchant à comprendre la fonction de cet étrange objet. Très vite, je sus que ce n’était pas qu’un simple ornement, mais une véritable entrave. Large en hauteur mais fine d’épaisseur, cette pièce métallique m’avait complètement échappé à ma sortie de stase tant j’étais déroutée. Ma perplexité grandit au contact du fermoir cadenassé à l’arrière. Mes optiques s’agrandirent d’horreur, mon Spark fit une violente embardée et ma bouche s’ouvrit d’effroi. Un collier ?! Pourquoi par Primus avais-je un collier ? Que faisait-il là ? Qui me l’avait imposé durant mon inconscience ? La pensée qu’on m’ait piégée ainsi, alors que j’étais la plus vulnérable, fit bouillonner ma colère autant que mon désespoir. Impossible de rester passive, je devais comprendre qui était responsable de cette captivité et surtout, comment m’en libérer.
«Qu’est-ce que… ?!» M’écriai-je d’incrédulité alors que j’enroulais mes doigts tremblants autour du collier en métal, cherchant désespérément à le retirer.
Sans succès.
J’étais terrifiée… Je m’étais réveillée seule, dans un lieu inconnu, avec peu de souvenirs de la veille et ce fichu collier métallique autour du cou impossible à retirer malgré mes nombreux efforts. Tout cela n’avait aucun sens. Pire encore, cette chose me serrait si atrocement qu’elle était à l’origine de certains messages d’erreurs. J’étais convaincue qu’elle comprimait les câbles à mon cou, ce qui expliquait sûrement les dysfonctionnements de mon processeur. La panique grandissait en moi à mesure que je faisais ces constats. Chaque astroseconde passée avec ce collier me semblait être une éternité, une torture silencieuse qui m’épuisait à petit feu. Je détestais ce sentiment d’impuissance autant que je détestais cet endroit hostile. Acculée, je glissai mes doigts sous le collier et tirai encore une fois de toutes mes forces, jusqu’à entendre les engrenages craquer sous la pression de mes pouces. Même si je n’avais aucune chance de l’ouvrir, je ne pouvais me résoudre à abandonner mes essais. Qui pouvait bien me faire subir ça ? Qu’avais-je fait pour mériter un tel traitement ?
«C’est pas vrai, c’est un cauchemar !» Sanglotai-je avant de replier mes genoux contre mon châssis, renonçant finalement à mon combat contre cet objet inquiétant car de toute façon, il était solidement fixé.
J’étais comme paralysée par la peur de l’inconnu, incapable de raisonner clairement ni même de retrouver un semblant de maîtrise sur mes émotions. La seule chose qui me restait, c’était cette maudite porte… L’angoisse céda bientôt la place à une colère brûlante. Poussée par un élan de rage, je me jetai sur le panneau digital en tentant frénétiquement de le déverrouiller. Mais l’interface me refusa l’accès, émettant un bip strident suivi d’un avertissement lumineux. Scrap ! Désemparée et submergée par la panique, je pianotai des touches au hasard, sans aucune logique avant de frapper le métal de mes poings encore et encore. Je hurlai jusqu’à m’en déchirer le vocaliser, espérant que quelqu’un m’entende enfin. Mes mains martelaient la surface froide, inlassablement, pendant de longs breems… Mais personne ne vint jamais. Personne n’ouvrit la porte. Personne ne répondit. Finalement brisée et vidée, je me laissai glisser le long du mur pour retomber lourdement sur le sol. Les épaules affaissées, le Spark oppressé, le silence retomba aussi glaçant que cette captivité.
Je n’avais rien demandé à personne… J’étais sur le point de commencer une toute nouvelle vie avec mon Opiluk et mes amis, tout semblait si idyllique, presque parfait.
Mais j’aurais dû me douter que ce bonheur n’était qu’un mirage. Il ne dure jamais vraiment… La réalité finit toujours par nous rattraper aussi impitoyable soit-elle, pour nous rappeler à quel point tout cela n’était qu’éphémère. Le sort s’acharnait. Mon esprit dériva alors vers Niltrex. Comment allait-il ? Avait-il survécu au drame ? L’angoisse me tordit les circuits. Toute cette situation était d’une injustice accablante… J’essayai d’établir un lien avec Opi, désespérée d’entendre sa voix afin de le rassurer sur le fait que j’étais en vie. Mais chaque tentative était laborieuse, inefficace. Le signal me parvenait trouble, comme brouillé, parasité par un système conçu pour couper toute communication externe. Je voulais juste percevoir son amour à travers notre lien… Ressentir cette chaleur familière, cet ancrage. Mais rien ne venait. J’étais si seule, perdue et inquiète avec aucune idée de ce qui m’attendait de l’autre côté de ces quatre murs m’emprisonnant dans cette prison miniature.
Ne pas sombrer dans la panique… Ne pas sombrer dans la panique… Ne pas…
Me répétais-je sans relâche, avant de lever péniblement mes optiques embrumées de larmes vers la porte face à moi lorsque cette dernière se déverrouilla après un bon groon à me morfondre contre le mur. Deux figures étrangères pénétrèrent dans la pièce. Elles n’avaient pas d’optiques mais juste une visière rouge et un masque blanc, de ce que je pouvais voir à travers ma vision brouillée. Elles étaient fines et assez grandes comparées à ma taille, avec des doigts griffus accrochés à leurs grandes mains. Des roues se dessinaient sur leurs épaules ainsi que sur leurs jambes alors qu’elles se dirigeaient vers moi pour me prendre par les aisselles et me redresser sur mes pedes malgré mon manque de coopération. Je n’avais aucune envie d’obéir à des étrangers ! Pas tant que je ne comprenais pas la situation dans laquelle je me trouvais.
«Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous me voulez ?» Croassai-je tandis que je plissais mes optiques vers la première figure sur ma gauche, ma voix me faisant cruellement défaut.
«Nous n’avons pas reçu l’autorisation de communiquer avec vous.» Répondit platement le mecha violet qui m’emmena de force vers la sortie rapidement suivie par le second semblable en tout point.
«Où vous m’emmenez ?!» Les sommai-je, même si je savais qu’ils ne me répondraient pas. Je creusai mes talons dans le sol pour les empêcher de me prendre avec eux, mais même avec la plus grande volonté, j’étais incapable de rivaliser avec leur force combinée.
Ma vision étant partiellement floue, je me concentrai pour voir à quoi ressemblait le couloir lumineux dans lequel nous nous enfoncions tous les trois. Au cas où plus tard, je réussirais à m’échapper… Il me fallait des repères. On ne savait jamais. Toutefois, ce long couloir ressemblait à tous les suivants lorsque nous franchissions une intersection, donnant l’impression de tourner en rond dans un labyrinthe sans fin. Je me demandais s’ils ne faisaient pas exprès pour me rendre encore plus confuse. Les deux mechas silencieux qui me tenaient fermement par les bras marchaient hâtivement avant d’emprunter un large escalier menant certainement au sous-sol de cet endroit incroyablement grand. Je n’en avais pas vraiment la notion à cause de la stabilité générale défaillante de mes systèmes. Ensuite, nous arrivâmes devant deux portes doubles automatiques, puis entrâmes dans un sas de décontamination où de la vapeur nous enveloppa entièrement de la tête aux pedes.
Mon anxiété ne cessait de se développer alors que ces deux robots, ayant fait le vœu de silence, me conduisaient dans un autre lieu beaucoup plus spacieux, cependant très sombre et humide. Il y avait tout un tas de bruits étranges autour de moi, ainsi que des gémissements provenant des cages suspendues, tout comme des cellules présentes dans cette nouvelle pièce. Je n’arrivais toujours pas à distinguer correctement les éléments autour de moi, mais je pouvais tout de même dire que je me trouvais désormais dans un atelier. Ou alors, dans le pire des cas, un laboratoire. Je priais de toutes mes forces pour que ce ne soit pas cette dernière supposition…
«Maître, nous l’avons récupérée comme vous nous l’aviez ordonné. Mais je crois qu’elle rencontre quelques petits soucis avec l’expérimentation numéro quatre-cent-dix-sept. Elle est très confuse.» Indiqua le mecha à ma droite à quelqu’un que je ne voyais pas encore.
«Voyons voir ça de plus près.» Gronda une voix rauque provenant de derrière d’épais câbles noirs suspendus au plafond.
Entre les deux mechas identiques, je plissai les optiques pour tenter de mieux voir l’imposante silhouette me tournant actuellement le dos. Mon energon se glaça dans mes câbles lorsque l’inconnu se retourna et que je réussis à discerner une unique optique luisante parmi la pénombre. D’un rouge incandescent, m’envoyant des vagues de terreur dans l’ensemble de mon cadre. Tétanisée par la peur, je faillis m’écrouler sur mes genoux mais les deux bots qui me tenaient fermement me rattrapèrent avant que je ne touche le sol humide. Je sentis que mon processeur voulait me mettre en stase pour éviter tout effet indésirable sur le système à cause de mes émotions fortes, mais je luttai de toutes mes forces pour rester consciente. Il était hors de question que je leur laisse une nouvelle opportunité d’avoir librement accès à mon protoforme et encore moins à mon Spark.
Le Decepticon inconnu s’approcha calmement de nous. Ma détresse se lisait dans mes optiques alors que le robot violet impressionnant m’attrapa le visage entre ses griffes acérées pour me regarder avec cette horrible optique qui me dévorait de l’intérieur. Immobile mais tremblante, je baissai automatiquement mon regard sur la vitre noire de son châssis blindé pendant qu’il m’auscultait longuement le visage avant de descendre jusqu’au collier autour de mon cou. La pression en moi redoubla face à ce silence malfaisant. Il atteignit ensuite le fermoir à l’arrière pour le régler, ce qui eut pour effet de décomprimer mes câbles que je suspectais d’être à l’origine de mes problèmes. Immédiatement, la plupart des messages d’erreurs dans le coin droit de ma vision disparurent et ma vue retrouva sa pleine puissance, me permettant ainsi de reconnaître les détails de mon environnement. Mais honnêtement, je crois que j’aurais préféré ne pas retrouver la vue...
J’étais bel et bien dans un laboratoire où des dizaines d’expériences croupissaient dans leurs cages respectives, mon réservoir se tordant face à toutes ces atrocités difformes. La plupart des cellules étaient dans l’obscurité la plus totale, mais je pouvais quand même discerner leurs optiques aux couleurs et intensités variées, parfois chargées d’une lumière tendancieuse… Comme si la douleur ou la folie orientait leur éclat. Des ustensiles étaient éparpillés un peu partout dans le laboratoire désordonné. Mais plus particulièrement sur une large table, à côté d’une couchette mobile vide pourtant couverte de traces d’energon et de griffures, au-dessus de laquelle pendaient mollement d’énormes câbles. Des écrans fissurés projetaient par intermittence des données cryptiques, tandis que des tubes à essai aux liquides luminescents dégorgeaient lentement leur contenu dans des bacs usés. Partout, des instruments chirurgicalement précis semblaient prêts à opérer, témoignant d’un savoir-faire froid et méthodique dénué de toute compassion.
Quelles expériences répugnantes réalisent-ils ici…Je me le demandais, mais j’avais bien trop peur d’en connaître la réponse.
J’avais l’impression de vivre l’un de mes pires cauchemars mais en beaucoup plus réaliste. Sauf que cette fois-ci, c’était bel et bien la réalité. Je n’étais pas en train de recharger dans ma couchette dans la sécurité de mes quartiers, au sommet de la grande tour de Iacon. Mon vocaliser se serrait sous l’angoisse qui frappait sans relâche mon Spark. Je redoutais de croiser l’optique rouge du robot qui me dominait de toute sa hauteur effrayante, mais hélas, la curiosité eut raison de moi. Après plusieurs hésitations, je redressai la tête vers le visage inexpressif du scientifique qui me fixait intensément, ce qui engendrait une violente envie de régurgiter le peu d’energon qu’il me restait. J’étais épouvantée… Son regard fixe me mettait très mal à l’aise. Par chance, je parvins à contenir cette denrée rare dans ma gorge au lieu de la projeter contre la vitre sombre face à moi. Les symboles violets lumineux qui ornaient différentes parties de son corps se reflétaient sur ma carrosserie, rivalisant avec mes propres lignes lumineuses bleues.
«Ses optiques étaient juste dilatées. La procédure s’est parfaitement déroulée. Les calculs sont bons. Il n’y a aucune autre complication.» Affirma le Decepticon d’un petit hochement de tête satisfait aux deux robots filiformes qui me détenaient dans leurs griffes pour m’empêcher de fuir. Le scientifique dont j’ignorais le nom reprit aussitôt la parole.
«Vous pouvez dès à présent l’emmener pour la présenter à notre Seigneur. Elle est prête. Je viendrai ensuite pour une démonstration.» Expliqua-t-il avec monotonie tout en se retournant pour s’occuper de ses outils qu’il étala sur sa table d’opération.
«Oui, Maître.» S’exprimèrent les deux mechas violets à l’unisson avant de me tirer vers la sortie.
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POV Normal
«Mon Seigneur, nous n’avons pas retrouvé la trace de l’autre Autobot. Nous pensons qu’il a péri lors de l’attaque. Alors, êtes-vous sûr que c’est une bonne idée ? Loin de moi l’idée de vous importuner ! Mais nous ignorons si Sidelock disait la vérité concernant cette fembot…»
Moonlight se rapprochait de plus en plus de la grande porte ornée de symboles Cybertroniens. Elle percevait une voix étouffée provenant de l’intérieur de la pièce qu’elle s’apprêtait à pénétrer, escortée de près par les deux Véhicons qui refusaient de la laisser s’éloigner de plus de deux pas. Par crainte qu’elle ne tente quelque chose d’irréfléchi, ils lui avaient passé une paire de menottes, maintenant ses poignets solidement liés. Tel un prisonnier mené au cachot. Ou dans ce cas-là, amenée au casse-pipe. Une précaution bien superflue, puisque jamais elle n’aurait pu s’éloigner bien loin avec tous ces Decepticons patrouillant dans les environs et son manque totale de familiarité avec les lieux. Elle ignorait même où elle se trouvait sur Cybertron…
«Avance.» Ordonna le Véhicon à sa droite une fois la porte ouverte. Il poussa la petite fembot à l’intérieur mais il n’avait pas prévu qu’elle trébuche sur ses pedes pour se retrouver sur le sol d’un cri de surprise.
«Un peu de douceur ! Ce n’est pas tous les cycles qu’on rencontre la petite protégée du Prime. La fille d’Optimus…» Dicta une voix profonde et menaçante d’une touche de sarcasme.
Désormais à genoux sur le sol, un rictus traversa le visage de Moonlight alors qu’elle peinait à se redresser, ses mains menottées entravant ses mouvements. Avec l’aide maladroite des deux Véhicons, elle parvint finalement à se remettre sur ses pedes et à fixer son interlocuteur qui se tenait fièrement debout à côté d’un immense trône de fer. C’était un grand mecha à l’armure argentée nuancée de pièces violettes, portant un énorme canon accroché à son bras droit. Sa carrosserie était pointue, ses doigts griffus, ses dentas saillantes… Il n’y avait aucun doute possible sur son identité tristement célèbre. Même les plus jeunes Autobots sauraient reconnaître le plus grand tyran de tous les temps sans l’avoir jamais rencontré, tant les histoires à son sujet étaient nombreuses, précises et effrayantes. La fembot, impressionnée par ce face-à-face terrifiant avec le chef des Decepticons, faillit à nouveau trébucher. Les optiques écarquillées, incapable de formuler une phrase complète sauf…
«Megatron…» Qu’elle chuchota dans l’effroi, complètement intimidée.
«C’est Seigneur Megatron, petite sotte !» Aboya rudement un autre mecha beaucoup plus svelte posté aux côtés de Megatron. Ses ailes rigides se dressaient dans son dos, et ses optiques rouges la fusillaient du regard pour son impolitesse.
Moonlight, décontenancée par ce retour flamboyant, cligna rapidement des optiques face à la sensation de déjà-vu qui venait de traverser tout son cadre. Son Spark avait anormalement réagi à cette voix… Elle avait l’impression de la connaître, de l’avoir déjà entendue quelque part… Mais d’où venait cette étrange sensation de familiarité ? Elle se sentait perdue devant ce Seeker au regard assassin mêlé à de la malice. Pourquoi ses circuits paraissaient-ils en surchauffe ? De petits picotements remontèrent le long de son dos, entre ses ailettes, jusqu’à sa nuque. Son regard, empli de haine, lui glaçait l’energon tandis qu’il faisait les cents pas à côté du trône de Megatron, les mains griffues croisées dans le dos et les talons de ses pedes claquant contre le sol métallique dans un rythme effréné. Cependant, elle ne parvenait pas à mettre de nom sur ce visage. Elle n’arrivait tout simplement pas à se souvenir où elle l’avait déjà vu ou entendu auparavant. Pourtant, ce mecha réveillait en elle un profond sentiment de malaise, impossible à décrire avec des mots, mais terriblement accablant.
«Du calme, Starscream. Elle apprendra les bonnes manières au cours de son apprentissage. Maintenant sortez ! J’aimerais m’entretenir seul avec notre invitée.» Résonna la voix grave de Megatron alors qu’il faisait un geste vers la sortie pour congédier son second ainsi que ses Véhicons.
Starscream… Maintenant elle avait un nom à mettre sur ce visage aussi intriguant que dérangeant.
Une fois les portes refermées derrière les protestations plus ou moins discrètes du Seeker, le leader des Decepticons se mit à arpenter la pièce de gauche à droite, sous le regard inquiet de Moonlight agenouillée devant les marches menant au trône. Elle aurait voulu fuir, mais cette idée lui sembla aussitôt déraisonnable. Où pourrait-elle aller, de toute manière ? Cet endroit était truffé de Decepticons hostiles, et Megatron ne lui laisserait certainement pas la moindre chance de s’échapper. Il était trois fois plus grand qu’elle. il l’attraperait avant même qu’elle n’atteigne les portes massives derrière elle. Ce n’était donc clairement pas la bonne solution… Pas pour l’instant. Assise sur ses jambes repliées au bas de l’escalier, la fembot joua nerveusement avec ses menottes avant de lancer un coup d’optique craintif vers le mecha argenté qui venait de s’immobiliser pour la fixer.
Elle n’aimait pas du tout ce regard. Il était vide de chaleur. Vide d’empathie.
«Ainsi, je te rencontre enfin après tous ces vorns tenue dans le secret. Un secret qu’Optimus n’aurait pas pu garder plus longtemps avec une création aussi curieuse et imprudente que toi. Pauvre de lui… Mais j’avais si hâte que nous nous rencontrions. C’est un honneur pour toi de te tenir devant le véritable Prime.» Débuta ce dernier tout en étudiant attentivement l’Autobot silencieuse. Toutefois, au manque de réponse de Moonlight, Megatron se mit à ricaner puis il se rapprocha d’elle pour constater qu’elle se recroquevillait légèrement sous sa présence envahissante. Il s’esclaffa.
«Tu as toutes les raisons de me craindre, petite ! Je suis le plus grand Seigneur de guerre que Cybertron ait jamais connu !» Révéla-t-il, levant glorieusement ses bras d’un sourire redoutable.
Mais le pire restait ses dentas…
«Où sommes-nous ? Que voulez-vous de moi ?» Moonlight parvint enfin à libérer son vocaliser, même si sa voix tremblante trahissait la terreur qui nouait ses circuits. Elle était si terrifiée, si écrasée par la présence de Megatron que chaque syllabe semblait peser des tonnes. Se tenir menottée devant le plus tyrannique des Decepticons… C’était une chose qu’elle n’aurait jamais osé imaginer, même dans ses pires cauchemars.
«Nous sommes dans la magnifique ville de Kaon, quartier général des Decepticons. Et je veux qu’Optimus renonce à son titre, qu’il me rende ce qu’il m’a volé il y a bien des vorns, il y a si longtemps de cela. Ma gloire ! Je veux qu’il soit dépouillé de tout ce qu’il possède, comme j’ai tout perdu à cause d’un seul et unique choix. Un choix perfide… Alors que je devais m’élever parmi les plus grands de ce monde ! Je veux qu’Optimus soit brisé, et je le briserai en commençant par sa très chère fille…Haut du formulaireBas du formulaire» Annonça sombrement le robot menaçant en s’accroupissant devant Moonlight pour lui prendre le visage entre ses griffes. Il passa lentement son pouce sur sa joue puis reprit calmement, toujours avec cet air sinistre qui ne quittait jamais son expression ; «Je vais faire de toi une vraie Decepticon. Forte et impitoyable. Le groon de la vengeance a enfin sonné.»
«J-je refuse !» Balbutia la fembot en se retirant rapidement de la poigne de Megatron. Un élan de courage qui pourrait lui coûter très cher mais pour l’instant, elle mettait sa peur des représailles de côté pour se battre.
«Bornée… Comme son excuse pathétique de créateur. Ne joue pas aux héroïnes, le choix ne t’appartient plus désormais. Tu vas devoir apprendre à obéir et à devenir plus docile si tu ne veux pas goûter aux punitions réservées aux attitudes ingrates.» Megatron tapota le collier au cou de Moonlight pour lui rappeler qu’il était toujours là et qu’il avait bien une utilité. Son sourire prédateur s’élargit au regard horrifié de la petite fembot qui venait de comprendre la fonction de cet objet. Il reprit sur ce même ton impitoyable.
«Quand il apprendra que je détiens sa précieuse création, il me cèdera le Allspark et la ville de Iacon sans aucune opposition. Et aucun de ses dépravés d’Autobots ne le suivra dans cette décision insensée visant à sauver sa fille. La valeur de l’Allspark vaut-elle celle d’un seul petit Autobot ? Bien sûr que non. Il sera détrôné de son titre de Prime, puis banni dans les terres reculées.» Gronda le chef des Decepticons tout en caressant pensivement la joue de Moonlight, ses optiques rouges se perdant dans le vide au scénario parfait qui fleurissait dans son esprit.
«Optimus n’acceptera jamais ce marché ! C’est absurde ! Jamais il ne pourrait sacrifier le Allspark !» S’écria la fembot, choquée par ce plan machiavélique qui ne tenait pas la route.
«Tu ne connais pas assez bien le Prime. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour te récupérer en un seul morceau. Et s’il refuse… Dans ce cas, j’essaierai une méthode bien plus radicale.» Megatron laissa planer sa menace en creusant son doigt pointu sous la gorge de la fembot frêle, plongeant son regard ténébreux dans le sien tétanisé. Il leva les crêtes optiques lorsque cette dernière secoua rudement la tête de gauche à droite, refusant d’admettre qu’il avait raison.
«C’est monstrueux… Vous ne pouvez pas faire ça ! Non, je refuse. Je ne vous laisserai pas m’utiliser pour nuire à ma faction !» Moonlight, dans un geste pur de désespoir, bondit sur ses pedes avant de foncer vers la porte en entamant sa transformation pour aller plus vite. Peut-être qu’avec son mode alternatif, elle réussirait à s’échapper et à sortir d’ici !
Seulement…
«Quoi ?!» Se scandalisa-t-elle quand elle ne réussit pas à se transformer. Elle réessaya plusieurs fois mais c’était sans succès, ses pièces de métal refusaient catégoriquement de se déplacer pour prendre la forme d’un véhicule terrestre. Derrière elle, Megatron se mit à rire.
«Vous, Autobots, vous êtes pitoyables et tellement naïfs. Inutile d’essayer de fuir, il n’y a aucune échappatoire. Shockwave a veillé à ce que tu ne puisses plus te transformer à ta guise, en t’enlevant ton précieux T-Cog. Et tout ça, sans que tu ne t’en rendes compte. Admirable, n’est-ce pas ? Un scientifique brillant et ingénieux. Grâce à lui et à ses expériences, nous irons très loin !» Glorifia le Decepticon qui n’avait même pas pris la peine de courir après Moonlight, levant les bras à ses côtés d’un sourire victorieux.
«Qu’avez-vous… Qu’avez-vous fait ?» Questionna-t-elle dans un murmure épouvanté, les optiques écarquillées sous le choc. Elle avait perdu une part d’elle-même… Il lui avait retiré une pièce essentielle alors qu’elle était plongée en stase d’urgence. C’était abominable, inimaginable.
Et maintenant, elle se demandait quelles autres expériences ce scientifique fou avait pu faire sur elle.
«Pense plutôt à ce que nous allons accomplir ensemble. Le rêve d’une vie entière ! Voir s’effondrer un empire bâti sur des croyances grotesques où l’honneur rime avec hypocrisie. Et toi…» Il pointa lentement l’index vers la fembot bleu ciel figée à mi-chemin de la sortie, les optiques écarquillées d’horreur. Il poursuivit dans ce même ton muni d’un sourire carnassier.
«Ma chère, tu en seras le catalyseur. Tu es la clé de tout ça, de cette réussite.» Il descendit les marches une à une avec une lenteur calculée, presque cérémoniale. Chaque pas résonnait comme un glas dans le silence oppressant du lieu, jusqu’à faire vibrer le châssis de Moonlight. Son Spark pulsait à un rythme chaotique, écrasé par l’intensité de la présence de ce monstre. Elle comprit enfin ce qu’il comptait faire. S’il devait ériger son empire sur un champ de ruines, alors il le ferait… Ce qui la motiva à se battre.
«Je préfèrerais mourir plutôt que d’accomplir quoi que ce soit avec vous !» Se révolta-t-elle avec rage, avant qu’une terrible douleur ne traverse tout son protoforme.
C’était si soudain et brutal qu’elle s’effondra aussitôt sur le sol d’un bruit sourd, son cadre pris de violentes convulsions. Elle n’arrivait même plus à crier tant la douleur était intense, inattendue et surtout foudroyante… Ses optiques devinrent rapidement blanches sous cette souffrance épouvantable, tandis que son corps se contractait et se rétractait au fil des secousses, son Spark pulsant frénétiquement dans son châssis comprimé par la douleur. Après plusieurs gémissements étouffés, elle s’abandonna sur le sol une fois que l’électricité cessa de traverser son protoforme et ses câbles, reprenant peu à peu ses esprits. Le casque posé contre le sol froid, son CPU affichait de nouvelles alertes, indiquant que son Spark avait été sévèrement affecté par l’électrocution. Son cadre continuait de trembler spontanément, secoué par les séquelles de la décharge électrique. Ses optiques grésillèrent quelques nano-kliks avant de retrouver leur netteté, lui permettant de voir qu’une paire de pedes violets se trouvait devant son visage figé dans la douleur.
«Je peux réaliser ton vœu, si tu le souhaites.» S’exprima la voix lasse appartenant au scientifique uni optique.
«Pourquoi…» S’étrangla Moonlight allongée sur le sol, ses optiques plissées rencontrant le regard impassible du mecha violet tenant quelque chose de cylindrique dans sa main droite.
«Apprend à obéir et tu ne souffriras plus. En principe.» Shockwave enjamba la fembot en piteux état pour rejoindre son supérieur hiérarchique spectateur de cette magnifique démonstration de pouvoir.
«Intéressant... Une arme parfaite pour briser la volonté des récalcitrants. Cette invention simplifiera grandement la soumission des faibles. J’aime déjà cette technologie !» Megatron saisit la manette que lui tendait le scientifique, un simple bouton capable de délivrer une décharge puissante. Simple, efficace… Et terriblement redoutable.
«Cette méthode est en cours d’application sur les sujets trente-huit et quatre-vingt-douze. Le sujet quatre-vingt-douze n’a pas survécu à l’intensité des décharges, ce qui indique que des ajustements sont nécessaires. Le sujet trente-huit présente une résistance notable, mais les données suggèrent qu’il cédera sous l’effet cumulatif des impulsions électriques.» Résuma brièvement Shockwave.
«Fais en sorte qu’il parle ! Mais ne le laisse surtout pas mourir. Nous avons enfin entre les mains le moyen d’anéantir Optimus Prime.» Megatron sourit avec cruauté à la petite fembot qui se redressait difficilement sur le sol en bas des escaliers, tremblante encore de son électrocution.
«Avec ceci, son apprentissage peut enfin commencer.» Confirma le scientifique violet en positionnant le pouce de Megatron sur le bouton rouge lumineux. Il reprit sans tarder ; «Vous commandez, elle obéit.»
«J’aimerais le même autour du cou de cet incapable de Starscream !» Rêvassa le leader des Decepticons déjà conquis par ce nouvel instrument de contrôle. Il s’imaginait sans peine son second pitoyable, suppliant à genoux pour que cesse cette torture…
C’était jouissif comme image.
«Ça ne sert à rien… Jamais je ne deviendrai une Decepticon. Je suis une Autobot, j’ai été élevée par Optimus Prime, mon créateur en qui j’ai une confiance infaillible. Rien ni personne, pas même vos tortures, ne pourra jamais me l’ôter. Je suis fière d’être ce que je suis… Et jamais je ne les trahirai.» Gémit Moonlight crispée par la douleur incessante qui déchirait son protoforme, une souffrance aussi épuisante que destructrice. Elle savait qu’elle en paierait le prix, qu’elle ne pourrait y échapper tant qu’elle resterait prisonnière ici. Mais malgré les secousses, malgré la peur et la brûlure de l’électrocution qui hantait encore ses circuits… Elle refusait de leur donner satisfaction.
«Vous commandez, elle obéit.» Répéta calmement Shockwave après avoir lâché la télécommande du collier dans la main de Megatron.
«Jamais…» Insista la fembot agenouillée d’une secousse de sa tête. Son menton retomba contre son châssis tandis que ses optiques se fermèrent, résignée à recevoir une nouvelle décharge punitive. Dans un silence funèbre, elle se mit à compter mentalement, se balançant doucement d’avant en arrière dans le désespoir. Elle tentait toujours d’établir un contact avec son Opiluk. Mais rien ne venait… Elle était seule.
Megatron fixa Moonlight avec une expression songeuse, perdu dans les méandres corrompus de son esprit. Le pouce suspendu au-dessus du bouton rouge lumineux, il observa un instant sa prisonnière accablée qui répétait inlassablement les mêmes mots dans un sanglot misérable. Mais il ne ressentait aucune pitié pour les Autobots. Il les haïssait tous, sans exception. Du plus imposant guerrier au plus insignifiant minicon. Il allait obtenir ce qu’il désirait, ce que son sombre esprit convoitait depuis si longtemps. Et tout commençait avec cette fembot. Cette clé essentielle au succès de son plan. Oh, oui… Optimus Prime allait amèrement regretter d’avoir été choisi comme porteur de la Matrice. Megatron s’en était fait le serment depuis ce cycle maudit à Trypican, lorsque ce traître de Sentinel avait préféré son rival apathique plutôt que lui, le stratège accompli, le véritable conquérant. Quelle erreur monumentale. Mais le groon de la revanche approchait. Avant de frapper le Prime, il devait d’abord anéantir ce qu’il avait construit, briser ce qu’il chérissait. Réduire à néant l’œuvre de longs vorns d’espoir, d’éducation et de loyauté.
Et rien ne serait plus cruel… Ni plus efficace.
Megatron actionna le bouton d’une lueur de satisfaction dans ses optiques.
Jamais…
À suivre…
À la prochaine ! VP