Petite Etincelle

Chapitre 17

12296 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/08/2022 13:19

CHAPITRE 17

POV Normal

Un sifflement dans les airs, puis un son.

Plutôt une série de fréquences qui semblaient tout à coup étrangement familiers à Moonlight. Les optiques hermétiquement fermées et le Spark pulsant à tout rompre dans son châssis, la jeune fembot sursauta lorsqu’elle sentit quelque chose gicler sur son visage. Complètement pétrifiée, elle mit quelques astrosecondes avant de finalement rouvrir les optiques pour être accueillie par une scène des plus déroutantes ... Là, à seulement quelques centimètres de ses pedes se trouvait le bras sectionné du Decepticon où de l’energon s’en y échappait par jets aléatoires sur le sol, la substance se mélangeant à la poussière et aux autres résidus du canyon. A ce même bras était raccordé le fameux crochet qui était censé mettre un terme à sa courte existence un instant plus tôt.

Moonlight déglutit de terreur, osant à peine bouger les optiques pour regarder le Decepticon immobile qui la surplombait mais qui ne disait absolument rien malgré la perte de son membre important. D’autant plus terrifiant. Le bot en question lorgnait longuement son bras étendu à ses pedes, cependant aucune grimace n'apparaissait sur son visage neutre, pas même un petit rictus de douleur, rien du tout. Son avant-bras droit mutilé déversait continuellement des rivières d’energon néanmoins cela ne semblait pas l’inquiéter ni même l’affecter alors qu’il redressait lentement la tête vers celui qui venait de le priver de son arme mortelle d’un seul coup de lame. Ses optiques rouges se plissèrent furieusement puis enfin, un hurlement rauque sortit de derrière son masque argenté. Cet effroyable cri combinant la colère à de la douleur sortit enfin la fembot de son état second.

D’un soupir de choc, elle se traîna péniblement dans la poussière pour s’éloigner du Decepticon qui n’avait désormais d’optiques que pour son nouveau rival qu’elle reconnut presqu’instantanément une fois suffisamment éloignée. C’était de ce robot que provenaient ces étranges sons qu’elle avait par ailleurs déjà entendus dans le centre des recherches le cycle dernier. Le mecha argenté aux optiques dépareillées ... Celui qui n’avait pas de passé connu et qui par la suite avait rejoint la cause Autobot après avoir renié sa propre faction, un bot des plus mystérieux qui portait systématiquement un masque sur sa bouche. Sauf ici, curieusement. Son expression du visage était indescriptible mais Moonlight était persuadée d’y voir une profonde rancœur dans ses optiques singulières. Le mecha perché sur un rocher de métal au-dessus d’eux était agenouillé avec un bras replié sur son genou gauche, l’autre tenant une espèce de lame dégoulinante d’energon frais. Assurément l’arme du crime.

«Silver ! Sale traître !» Rugit de toutes ses forces le Decepticon face à elle.

«Comme on se retrouve, Sidelock. Alors, on prend exemple sur Lockdown maintenant ? Dommage que tu n’as pas aussi son sens de l’observation. Ça t’aurais évité …» Silver marqua un temps de pause tandis qu’il jetait un regard indifférent au bras étendu sur le sol. Il haussa les épaules puis poursuivit dans son ton suintant de sarcasme ; «un petit désagrément.»

«Je vais te taillader en pièces et te faire payer cette écœurante traîtrise ! Petit être abject que tu es, tu fais honte à notre patrie !» Fulmina Sidelock tout en pointant son index en direction du mecha, les optiques plissées à ce dernier nonchalant. Il avait complètement oublié la fembot sur le sol à quelques mètres de lui qui regardait l’échange avec angoisse.

«Je ne crois pas que tu sois en position de profaner des menaces.» Gronda soudainement Silver dans sa voix graveleuse, troquant son cynisme avec quelque chose de bien plus sombre et cruel.

Aussitôt dit, le mecha argenté échangea le sabre qui avait servi à trancher le bras du bot avec une lame tronçonneuse aussi mortelle et tranchante qu’une épée à energon qu’il récupéra dans son dos. Ce mouvement déclencha immédiatement le combat qui se déroula juste sous les optiques de Moonlight incapable de s’éloigner tant elle était subjuguée par la férocité de celui-ci. C’était presque hypnotique, leurs déplacements d’une incroyable précision. Silver était agile et rapide dans ses mouvements tandis que le Decepticon Sidelock comptait sur l’efficacité de sa mitraillette pour faire de gros dégâts à son ennemi plus petit de taille. Les nombreuses balles ricochaient sur le décor accompagnées d’un sifflement aigu à chaque fois qu’elles rebondissaient sur le métal. Certaines se logeaient dans les falaises alors que d’autres atteignaient Silver de plein fouet, pourtant cela ne semblait pas le ralentir ni même lui procurer le moindre mal étonnamment.

Car sa rage dépassait largement la douleur physique.

Moonlight laissa sortir un petit cri de peur puis couvrit sa tête avec ses bras lorsque des balles la frôlèrent de peu, s’enfonçant dans le métal autour d’elle pendant que Sidelock continuait de tirer sur Silver désormais perché sur un monticule. Le mecha récemment devenu Autobot abandonna sa lame pour récupérer ses deux canons à plasma avant de se positionner pour absorber un maximum le recul de ses puissantes armes. La fembot au sol poussa un hurlement déchirant au moment où elle sentit des balles traverser son armure pour venir se loger dans son protoforme. Un liquide blanchâtre en sorti des trous béants. Instinctivement, elle positionna sa main sur ses blessures au niveau de son côté droit puis se traîna plus loin afin de se cacher derrière le rocher sur lequel se tenait Silver.

C’était affreusement douloureux ! Comment faisait-il pour ne pas crier de douleur ?! Lui aussi avait pourtant été touché par ces étranges balles suintantes ! Se questionnait Moonlight, se retenant de jurer au dernier moment. Les dentas serrées pour faire taire ses horribles hurlements, la fembot se contenta de gémir tout en s’adossant contre le métal dans son dos, la main posée au-dessus de ces blessures peu communes. Maintenant c’était ses doigts qui brûlaient ! Qu’était-ce donc cette substance blanchâtre ? Jetant un petit coup d’optique à sa main tremblante, elle vit avec horreur que le liquide contenu dans les balles n’était autre que de l’acide car le métal de sa main était méchamment rouillé. A cette terrible observation, Moonlight eut soudainement une vision des plus incompréhensibles.

Acide … Son protoforme rongé par une pluie corrosive … Et cette solitude insoutenable.

«À couvert !» Aboya Silver à Moonlight entre deux tirs à plasma en direction de Sidelock en contre-bas. Le bougre était sacrément rapide quand il s’agissait d’esquive, reconnut le robot argenté non sans une touche d’agacement.

La fembot cachée se couvrait les audios à chaque fois qu’un de ces tirs assourdissant frappait violemment le sol, faisant tout trembler dans un rayon d’un kilomètre. Des débris retombaient en masse autour de la zone de combat qui n’était bientôt plus qu’un énorme cratère. Des morceaux du canyon se décrochaient pour atterrir trente mètres plus bas sous les vibrations répétitives des canons à plasma, manquant de peu d’écraser Sidelock qui arrivait toujours à sortir de la trajectoire des tirs. Remplie d’effroi et souffrant le martyr à cause de ses multiples blessures par balle, Moonlight se demanda vaguement quand tout cela allait se terminer … Et qui en sortira vainqueur de ce monstrueux combat qui semblait durer depuis des groons entiers. Affalée contre le rocher, elle serra les dentas pour s’empêcher de crier tandis que les puissants tirs passaient au-dessus de sa tête pour venir s’écraser sur les falaises escarpées bientôt intégralement détruites.

Toute la poussière engendrée par les nombreux tirs ainsi que l’effondrement des décombres empêchèrent Silver de voir le terrain bombardé, il fût donc contraint d’arrêter ses canons pour écouter et situer le Decepticon parmi ce chaos. Il coupa ses fréquences entraînantes provenant de sa radio pour se concentrer uniquement sur son environnement hostile, son regard avisé sondant la zone dans la plus grande précaution. Il plissa suspicieusement les optiques lorsque des débris s’écroulèrent sur sa droite, ne voyant pas à plus de trois mètres devant lui à cause de cette épaisse poussière stagnante. Petit à petit, les particules opaques se tassèrent sur le sol jusqu’à permettre à l’Autobot aux aguets de voir l’autre bout du canyon, dévoilant ainsi la fuite du Decepticon qui s’y engouffrait.

«Lâche.» Marmonna-t-il d’un petit grognement de dégoût.

Roulant ses épaules pour se détendre, Silver rangea ensuite ses deux canons de retour dans son dos avant de dévaler son rocher miraculeusement laissé intact. Bon, mise à part qu’il était parsemé de petits trous suintant et qu’une profonde fissure l’avait fendue en deux, il avait quand même tenu le coup ! Après avoir perdu l’adrénaline du combat, le mecha constata que les quelques trous dans son armure suintaient de la même substance que les trous dans le rocher et que le métal avait un peu fondu à ces endroits-là. Il grimaça amèrement, toutefois il ne ressentait pas la moindre douleur car son armure avait absorbé la plupart des balles et de ce fait, l’acide contenu dedans. Mais qu’en était-il de la petite fembot ?

Dorénavant inquiet pour l’Autobot en question, Silver redressa la tête pour regarder où cette dernière s’était cachée car en toute honnêteté, il n’avait pas vraiment fait attention pendant la bataille. L’euphorie du moment et la soif de combattre ayant été des plus intenses, il n’avait même plus pensé à regarder sur la fembot bleue alors que les musiques provenant d’un système solaire lointain l’entraînait dans le combat acharné. C’était devenu son petit plaisir lors de ces instants, lui faisant carrément oublier le reste s’il ne restait pas assez concentré sur son objectif principal. Il allait devoir sérieusement remédier à ce problème de concentration ... Penchant la tête sur le côté quand il posa enfin les optiques sur Moonlight, le bot triomphant s’approcha d’elle pour s’apercevoir qu’elle était gravement blessée, son armure comportant des trous similaires aux siens. L’inquiétude remplaça tout de suite son enjouement.

La fembot étendue sur le sol reposait tout son poids contre le rocher dans son dos, ses ailettes tordues dans un angle douloureux à cause de cette position inconfortable. Ses optiques étaient fermées, mais d’après les petits gémissements qui sortaient régulièrement de son vocaliser, elle était toujours consciente. Elle avait drapé un bras autour de ses plaques ventrales et plus particulièrement sur son côté droit qui avait été sévèrement touché par les balles de Sidelock. De ses blessures sortaient le même liquide blanchâtre qui l’avait abimé durant le combat. Cependant, n’ayant pas une armure aussi robuste que la sienne, son protoforme avait été durement atteint par ces dernières corrosives. Ce qui alerta immédiatement Silver qui ne perdit pas un nano-kliks pour s’agenouiller à ses côtés tout en posant une main sur son épaule pour la garder consciente.

Il devait agir vite.

«Je dois reconnaître que tu as du cran ! Mais des soins urgents ne seraient pas négligeables au vu de ton état. Tu viens d’apprendre à tes dépends qu’il ne faut jamais se frotter à un Decepticon sans armes.» Déclara-t-il alors qu’il apportait son index à son audio droit pour entrer en communication avec Iacon, ne lâchant jamais l’épaule de Moonlight dans le processus.

La petite fembot fébrile tourna la tête dans sa direction mais le regard qu’elle lui donna était quelque chose de particulièrement perturbant. Les optiques grésillantes à mi-clos, ses petits soupirs de souffrance, cette soudaine fragilité le frappèrent directement au Spark. Et une fois la communication établie, il ordonna à Ratchet d’ouvrir un pont spatial puis d’envoyer une équipe de secours avant de cacher une partie de son visage avec son masque de bataille, rendant toute interaction désormais impossible. Car de toute manière, la fembot à ses côtés venait de perdre connaissance au moment même où la lumière accueillante du point spatial l’ébloui. Les secours arrivèrent pour une extraction d’urgence sous la surveillance d’un robot aux optiques rouges camouflé parmi les décombres, n’en perdant pas une miette de la scène qui se déroulait à quelques mètres plus loin seulement.

Quatre silhouettes sortirent du pont spatial, dont l’une très imposante.

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POV Moonlight

Un étrange pressentiment flottait en moi que je ne saurais expliquer alors que j’étais perdue dans un monde de souvenirs où des bribes de mon passé ressurgissaient devant mes optiques éteintes. Des souvenirs joyeux, pour la plupart du temps. J’étais plongée dans un épais brouillard de confusion tandis que certaines images de mon passé d’étincelant apparaissaient aléatoirement dans mon CPU, des moments que je souhaitais plus que tout revivre. J’étais inconsciente, je le savais. Néanmoins cela ne m’empêchait pas de revivre ces instants perdus avec encore plus d’engouement que lorsque j’étais consciente, me focalisant uniquement sur les doux souvenirs qui me procuraient ce sentiment d’être aimé.

Je souriais, mais j’ignorais si ce geste se voyait à l’extérieur de mon esprit, si quelqu’un pouvait le voir dans le monde des vivants. J’avais l’impression d’être devenue légère, que mon armure ne représentait plus du tout de poids, de nager dans cette noirceur accueillante qui me berçait de souvenirs nostalgiques. Je ne voulais pas que ça s’arrête. Puis naturellement, les souvenirs moins positifs firent leur apparition dans mon esprit allégé, chassant sans scrupule cette sérénité qui m’avait accueillie. Des images qui me mettaient mal à l’aise commencèrent à flasher dans mon esprit, notamment ces optiques rouges qui me terrorisaient depuis mon plus jeune âge alors que j’ignorais totalement leur origine. C’était un sentiment très étrange … Cette sensation de déjà vu mélangée à de l’ignorance le tout accompagné par un profond malaise. Un paradoxe des plus complexes.

Dans mon monde à part, je poussai un gémissement d’agonie au moment où la douleur de l’acide revint telle une pluie glaciale sur mon protoforme en effervescence. Plutôt une douleur fantôme car je ne ressentais pas réellement de douleur physique, mais plutôt un souvenir de cette épreuve traumatisante qui martyrisait mon corps immobile en permanence. C’était indescriptible, pourtant bien présent. J’avais l’impression d’être dévorée de part et d’autre par ce liquide corrosif, qu’il était en train de réduire mon protoforme à néant pour ne laisser qu’un tas de métal fondant. Cette horrible sensation m’avait envahie lorsque des images floues appartenant sans doute à mon passé inaccessible avaient commencé à me revenir, petit à petit, inlassablement. Je ressentais de la peur, de la tristesse et du désespoir, tout un tas de choses qui me donnaient envie de me recroqueviller sur moi-même … Pour finir par totalement disparaître.

Des émotions dévastatrices qu’un petit étincelant ne devrait pas à avoir à subir. Ces étranges visions incohérentes n’étaient pas là par hasard, j’en étais intimement convaincue depuis ma remise en question récente. Elles avaient commencé à apparaitre quelques temps auparavant alors que je me promenais seule dans une ruelle de Iacon, insouciante et épanouie après avoir passé un peu de temps avec mes amis. Rien de bien méchant, juste l’écho d’une voix féminine qui hurlait de terreur dans mes audios. A ce moment-là, par réflexe, je m’étais retournée sous le choc mais il n’y avait eu personne susceptible d’avoir crié de la sorte et à en croire par les regards intrigués des passants, j’étais la seule à l’avoir entendue. Puis au fil des cycles, d’autres phénomènes étranges et inexplicables se produisirent. Quelques fois de simples sons ou des voix et d’autres des rêves et des cauchemars sans aucun sens à mes optiques. Ce n’était pas une simple coïncidence, ce n’était pas possible et il était grand temps que j’obtienne des réponses à mes questions.

Cette pluie corrosive, ces douleurs fantômes qui me paralysaient pendant une recharge, les optiques rouges, la voix féminine hurlant des mots que je n’arrivais pas à distinguer à cause de leur écho ancien … Et ces drôles d’émotions m’envahissant au hasard qui ne semblaient pas m’appartenir.

Non, ce n’était pas juste une coïncidence.

Je remuai doucement sur ma couchette pendant que je revins peu à peu à moi, complètement perturbée lorsque les étranges images d’une autre époque disparurent sans laisser de trace. J’avais été effrayée au point où mon CPU avait décidé par lui-même de me sortir de mon état de stase. Je redémarrai mes systèmes en attente, déverrouillai ma fonction motrice en arrêt temporaire puis calibrai mes optiques afin de les allumer à nouveau. Je fus bien évidemment accueillie par le plafond gris et blanc de l’infirmerie, sans surprise. Clignant des optiques pour tester ma vision légèrement brouillée, je tournai la tête sur la gauche où j’entendais un fort bip répétitif appartenant à une pompe à energon raccordée à mes câbles principaux d’alimentation situés à l’intérieur de mon châssis. Châssis ouvert remarquai-je par la même occasion.

Essayant de ne pas céder à la panique qui ne cessait de croitre en moi, je cherchai avec mes optiques alertées la présence d’un robot dans la pièce qui pourrait m’expliquer la situation dans laquelle je me trouvais. J’avais peur, affreusement peur même ... Le Spark d’un bot était la chose la plus précieuse et vitale qui soit, alors de l’avoir à l’air libre nous rendait particulièrement vulnérable. De plus qu’il s’agissait de notre âme, notre source de vie, un moyen de s’unir avec quelqu’un d’autre pour l’éternité. En d’autres termes, le Spark n’était pas à montrer à n’importe qui ! J’étais presque au bord de l’hystérie jusqu’à ce que je ne pose enfin mon regard horrifié sur le médecin qui s’occupait de moi à seulement quelques pas de ma couchette. Me tourna nt actuellement le dos, Ratchet rangeait soigneusement ses outils dans ses tiroirs presque sans un bruit, pas le moins du monde perturbé par les bips incessants de la machine à côté de moi.

Honteuse d’avoir eu autant peur, j’étais vraiment tentée de faire semblant de recharger mais connaissant ce bon vieux Ratchet je savais qu’il était déjà au courant que j’avais retrouvé mes esprits. Alors j’attendis patiemment dans le silence tout en écoutant le bruit angoissant de la pompe branchée à mon châssis, les mains croisées sur les plaques de mon ventre tandis que j’observais le plafond blanc avec ennui. C’était curieux, mais maintenant que j’y pensais je ne ressentais plus aucune douleur, absolument rien ! Pas même le moindre inconfort ni gêne. C’était comme si je n’avais jamais été blessée ni même attaquée par ce maudit Decepticon dans le canyon ! Combien de temps avais-je été inconsciente dans l’infirmerie de Ratchet ? Sans doute beaucoup de groons, étant donné que mon protoforme était soigné et que mon armure était presque intégralement réparée.

A cette dernière pensée, une vague de culpabilité me submergea, noyant mon Spark déjà douloureux de remords. Je déglutis difficilement lorsque je repensai aux récents évènements qui m’avaient conduite jusque dans l’infirmerie de ce bon vieux médecin Autobot. J’avais tellement honte de mon comportement … Honte de ce que j’avais fait sous l’emprise de la colère. Quelle image je renvoyai maintenant ? Celle d’une fembot en bas-âge incapable de gérer ses émotions ? Mais j’avais été si furieuse, si fortement déçue que tout ce que je voulais faire était de défier les règles imposées par mon Opiluk qui refusait de m’écouter. En y repensant, c’était complètement idiot et puéril de ma part et certainement qu’il y aura des conséquences pour de tels actes irréfléchis, néanmoins quelque part j’espérais que cela servira d’électrochoc. Et qu’avec un peu de chance, je n’avais pas fait tout ça pour rien.

«Bienvenue parmi nous.» Soupira Ratchet sans même se retourner.

«Je suis ici depuis combien de temps ?» Je posai la question même si elle sonnait complètement ridicule étant donné que j’avais déjà une estimation. Ma voix était un peu rauque par manque d’utilisation, ce qui détourna le médecin de son travail minutieux.

«Trop longtemps, si tu veux mon avis ! Un peu plus et c’était fini ! Terminus !» Ratchet posa ses poings à ses hanches puis me jeta un regard oblique quand il daigna me répondre. J’avais senti un changement notable dans son ton habituellement ennuyé.

«Que veux-tu dire ?» Hésitai-je.

«Je veux dire que tu as eu une chance inouïe que Silver t’ai suivie dans le canyon, petite inconsciente ! Si t’avais été ma fille, je t’aurais sévèrement corrigée pour cette bêtise digne d’un étincelant de trois cycles et en sous-développement !» S’écria-t-il avec colère en jetant ses bras dans ma direction, ne faisant plus aucun effort pour cacher sa profonde déception.

Je fis de mon mieux pour ignorer l’insulte qu’il venait de jeter à mon visage pour plutôt me concentrer sur mes mains jointes posées sur mes cuisses maintenant que j’étais redresser sur la couchette. Mes joues devaient sans doute avoir une teinte bleutée suite à cette exclamation vigoureuse. Je n’avais pas peur de lui, mais Ratchet avait la particularité de nous faire sentir comme des imbéciles finis rien qu’avec sa gestuelle et ses regards de désapprobation que tout le monde ici craignait chez lui, en prime de ses clés. Je n’aimais pas du tout le ton de reproche qu’il avait employé, ni son expression furieuse qui me faisait me sentir encore plus mal qu’avant … Si ce n’était pas la honte qui me persécutait, c’était la culpabilité. Observant mes doigts nerveusement noués, je gardai le menton bien bas tandis que le médecin en ébullition continuait sur sa lancée, ne mâchant pas ses mots.

«Qu’est-ce que tu cherches à prouver ? Ta valeur ? Ton indépendance ? Ton égo surdimensionné comme ce cher Hot Rod aussi intelligent qu’un écrou ? A moins que tu ne voulais nous donner une crise de Spark car si c’est le cas, alors c’est gagné !» Fulmina Ratchet aux évents vrombissants, sa voix s’élevant à une octave de plus qui me fit grimacer. J’avais peur de le regarder toutefois je n’avais pas le choix, il fallait que j’affronte son regard austère et ses réprimandes justifiées. Mais je ne m’attendais aucunement à voir de l’accablement sur son visage, ce qui me fit balbutier.

«N-non pas du tout, rien de tout ça … Je voulais juste … Je … Je suis désolée. Je ne voulais pas vous causer de tort. Ni à toi, ni à personne d’autre. Je n’ai pas réfléchi à ce que je faisais et … Je ne me suis pas rendue compte du danger que cela représentait pour moi et les autres. Je suis désolée Ratchet. J’ai pris conscience de ma bêtise, je ne recommencerais plus.» Admis-je difficilement alors que l’expression du visage du médecin s’assombrissait davantage à mes paroles hésitantes. J’étais déboussolée de le voir aussi émotif tout à coup et je ne pouvais rien ressentir d’autre que cette pesante culpabilité, sachant à quel point je lui avais fait du mal avec mon entêtement.

«Et bien ma fille, tu ne penses pas des masses ! Ce n’est pas en prenant de gros risques que l’on prouve quelque chose à quelqu’un ! As-tu la moindre idée du calvaire que tu nous as fait subir ? Des groons d’angoisse à ne pas savoir si tu t’en sortirais indemne de cette expérience ! Optimus avait confiance en toi, il t’avait pourtant prévenue du danger et tu as décidé de saper son autorité. Ce n’est pas pour rien qu’on dit qu’il ne faut pas sortir des remparts, il y a bien une raison à ça ! Nom de Primus, Moonlight ! Quand vas-tu comprendre que nous faisons tout ça pour votre bien ?! La vie est précieuse ! Il ne faut pas la gâcher avec ce genre de bêtises !» S’exténua-t-il d’une triste secousse de sa tête avec la main posée à son casque pendant qu’il regardait le sol. Il avait l’air éreinté … Son masque de médecin grincheux laissait place à un mecha plus fragile avec des craintes et des incertitudes.

C’était déstabilisant.

«Oui, tu as entièrement raison. J’étais aveuglée par ma colère, j’ai agi sous son impulsion. Je n’ai aucune excuse … Et je n’imagine pas le mal que j’ai causé. Je suis terriblement désolée Ratchet, mais j’étais si désespérée …» M’apitoyai-je d’un petit hoquet à la piqure familière des larmes dans mes optiques. Je me sentais fourvoyée. J’avais l’impression d’être à nouveau un jeune étincelant qui se faisait gronder pour une bêtise, c’était humiliant ... La honte que je ressentais était sans précédent. Mais malgré tout il avait parfaitement raison, je n’avais pas le droit de lui faire subir tout ça.

Du coin de mes optiques devenues floues par l’accumulation d’energon, je pouvais voir Ratchet se détendre doucement à mon ascension émotionnelle incontrôlable. Le médecin soupira de découragement avant de se diriger au coin gauche de ma couchette pour atteindre le monitoring relié à un câble dénudé sortant de ma jambe gauche. Je remarquai à peine maintenant que l’armure à cette jambe manquait puis que mon maigre protoforme était visible sous les câbles noirs et les sous plaques de protection. Elle devait avoir été salement amochée pour carrément retirer mon armure … Je n’osais imaginer le travail astronomique qu’avait dû avoir Ratchet avec moi, de quoi amplifier cette terrible culpabilité qui me rongeait depuis mon éveil.

«Tu voulais avoir de l’attention, je me trompe ?» Résonna la voix de ce dernier concentré sur l’écran de son appareil technologique. Elle avait retrouvé un timbre plus calme, ce qui m’apaisai légèrement.

«Je ne voulais faire de mal à personne.» Je déclarai en réponse, passant mes doigts sous mes optiques pour retirer les traces d’energon. Je ne voulais pas avoir l’air aussi misérable alors que j’étais entièrement responsable de mes actes et que je méritais tous ses sermons, pourtant je l’implorais du regard pour qu’il croit en mes paroles débordantes de sincérité.

Ratchet marqua un temps de pause tandis qu’il me scrutait attentivement du regard d’une expression indéfinissable. Les optiques rétrécies, la bouche en une ligne mince et l’index effleurant à peine l’écran du monitoring, il cherchait à discerner le vrai du faux dans mes mots. C’était douloureux de voir autant de doutes se refléter dans ses optiques, surtout lorsque j’étais la cause de tous ses soucis … Mais c’était encore plus difficile d’encaisser sa déception parce qu’il avait toujours occupé une place importante dans mon Spark, presque aussi importante que celle d’Optimus. Depuis ma tendre enfance, il avait toujours été là pour moi d’une certaine façon. A veiller sur moi et ma santé, prendre soin de mon protoforme abimé ou encore écouter mes craintes au sujet de mes cauchemars répétitifs sans aucun jugement, toujours avec une extrême bienveillance que lui seul possédait.

En d’autres mots, Ratchet était un confident de confiance qui ne m’avait jamais jugée sur quoi que ce soit. Etait-ce son métier où la confidentialité était de mise qui jouait un rôle là-dedans ou tout simplement l’Autobot se cachant derrière ? J’avais ma réponse, je l’avais toujours eu. Ce qui était d’autant plus douloureux lorsque je voyais cette déception qui persistait dans ses optiques bleues à chaque fois qu’il me regardait. L’Autobot blanc et rouge se tourna entièrement vers moi après de longs nano-kliks dans un silence maladroit où je ne savais quoi dire pour rompre ce malaise tangible, à une perte complète de mot. Ce dernier à priori agacé soupira fortement, deux doigts massant ses optiques avec lassitude avant de finalement s’approcher de moi pour me tapoter les mains jointes d’une douceur inattendue. Ce changement de comportement était une véritable bénédiction.

«Ecoute, ce n’est pas comme ça que tu y parviendras. Les apparences peuvent parfois être trompeuses, surtout celles du Prime. Les robots changent au fil du temps, ils se transforment, prennent de l’expérience. Je connais bien Optimus, nous sommes des amis de longues dates et je peux te certifier qu’il pense à toi à chaque instant. Il est vrai que son statut ne lui permet plus de le montrer comme autrefois mais son amour pour toi n’a jamais changé. Tu restes sa fille. Je reconnais que c’est difficile d’accepter cette nouvelle personnalité autoritaire, surtout pour toi, mais il va falloir trouver un autre moyen d’attirer son attention.» Dévoila-t-il d’un début de sourire à peine visible. Néanmoins il était présent et c’était tout ce dont j’avais besoin pour me sentir mieux, nettement moins coupable.

«Mais j’ai déjà tout essayé ! Il ne m’écoute pas ! Il préfère rester cloitré dans son bureau sous les ordres de Sentinel plutôt que d’écouter sa propre fille … Même toi, il ne t’écoute plus. Tout ce qui l’intéresse ce sont ses recherches et l’image qu’il revoit.» M’entêtai-je tout en croisant les bras sur mon châssis ouvert, les crêtes optiques froncées et la bouche pincée. Ce comportement enfantin engendra un autre soupir de Ratchet.

«Il veut avant tout que la ville soit en sécurité. Que ses habitants ne courent plus de risques comme tu l’as fait bêtement parce que tu as décidé de jouer aux héroïnes ! Ce n’est pas comme ça que ça marche. Dois-je te rappeler que les héros meurent la plupart du temps à cause de leurs choix stupides ? Ou qu’ils finissent seuls ?» Le médecin plissa les optiques à moi tout en frappant son pedes au sol d’impatience, les mains de retour à ses hanches pendant qu’il me défiait du regard. Il n’hésitera pas à me faire la morale une seconde fois si par malheur je m’obstinais, de quoi calmer mes ardeurs.

«Non.» Ruminai-je d’une petite secousse de la tête.

«Bon. Tu sais, il suffit parfois de voir les petits détails pour se rendre compte qu’on se trompe sur son jugement.» Indiqua-t-il ensuite tout en levant sa main en direction d’une chaise à ma gauche que je n’avais même pas remarqué depuis ma sortie de stase. Mon exaspération s’effaçant aussitôt de mon visage pour laisser apparaître de la surprise, je levai mes optiques écarquillées à Ratchet afin d’obtenir une explication.

«Optimus a veillé sur toi pendant deux nuits consécutives. Et pas une seule fois il a cherché à remplir ses fonctions de Prime, pas une.» Il haussa les crêtes optiques puis leva son index à la verticale, appuyant ses mots par ce geste. Il poursuivit rapidement ; «Il est resté à ton chevet durant de longs groons, usant du lien qui vous uni étroitement pour communiquer avec toi et partager ses émotions lorsque tu étais inconsciente. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu dans tous ses états, le pauvre Optimus !»

Je n’arrivais tout simplement pas à y croire. C’était pratiquement devenu inconcevable avec les cycles stellaires qui passaient depuis notre sortie de la base souterraine, depuis le nouveau travail de mon Opiluk. J’étais persuadée que Ratchet disait cela dans l’unique but de me rassurer pour que je cesse d’être en colère contre Optimus, car c’était aussi un peu son devoir en quelque sorte d’apaiser les esprits pour éviter de nouvelles bagarres entre les robots, de trouver un terrain d’entente pour tout le monde. Cependant j’étais dévoré d’un doute insatiable qui me poussait à le regarder avec scepticisme, ce qui l’encouragea à me dire la chose suivante d’une touche de malice qu’il tenta de cacher derrière un froncement de crêtes optiques.

«Et je parie que tes cauchemars se faisaient rares, non ? Les petits détails ont leur importance, souviens-toi.» Me dit-il en claquant deux doigts devant lui tout en me jetant un regard espiègle.

«Je suis sûre que ce n’est pas vrai ! C’est impossible. Tu veux juste m’apaiser la conscience comme tu le fais si bien.» Je refusai pertinemment d’y croire malgré les preuves évidentes, haussant les épaules lorsqu’il émit un petit éclat de rire très rare. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en retour.

«C’est étrange, mais j’ai souvenir d’un petit étincelant apeuré qui cherchait à se lier avec un robot. Il aurait pu me choisir moi, le vieux grincheux qui attache plus d’importance à ses outils qu’à ses propres patients. Ou encore Ironhide, la tête brulée à la grosse voix et au tempérament un peu rude. Pourtant, ce même étincelant a choisi de se lier avec notre futur Prime. Curieux ? Je ne pense pas. Ça veut dire qu’ils étaient bien plus compatibles qu’on ne l’imagine et qu’ils étaient déjà connectés d’une certaine façon. Il y a des raisons à tout et le hasard n’existe pas !» Révoqua le médecin en imitant ma posture des bras croisés sur le châssis, son léger sourire ne s’effaçant plus de son visage triomphant.

«Bon d’accord, je te crois ! Tu as gagné.» Capitulai-je, les coins de mes lèvres s’étirant. Je connaissais cette vieille histoire sur le bout des doigts maintenant et pourtant elle me faisait toujours autant rire. C’était notre petit secret à tous les deux.

L’atmosphère s’étant largement améliorée dans l’infirmerie après cette conversation, je restai immobile sur ma couchette tandis que Ratchet réalisait de nombreux tests sur mon protoforme fragilisé par l’acide des balles. J’avais de la chance qu’il avait désactivé mes capteurs sensoriels pour toute la procédure ou j’aurais probablement souffert durant l’opération ... Il pianotait rapidement sur les touches de son ordinateur holographique, ses optiques quittant rarement l’écran bleu lumineux pour regarder le laser qui scannait mon corps de haut en bas. C’était ennuyeux. Je n’avais pas le droit de bouger ni même de remuer pendant l’intégralité de l’examen approfondi. Car Ratchet voulait être certain que rien n’avait échappé à sa vigilance et que je pourrais quitter cet endroit dans les meilleures conditions possibles, sans risquer un accident ou une défaillance système.

Mais au bout d’un moment, mon impatience me fit cruellement défaut. Il fallait s’y attendre aussi étant donné que je ne supportais pas de rester immobile aussi longtemps dans la même position ! Donc quand le médecin me tourna le dos pour regarder le monitoring affichant de drôles de symboles, je me penchai en avant pour déplacer un câble sur la jambe qui me gênait. Je voulais simplement soulager le poids de celui-ci. Je n’eus cependant même pas le temps de l’atteindre qu’une clé frappa sur le métal de ma main, m’obligeant à glapir de surprise et à lever les optiques vers Ratchet qui secouait son outil menaçant de gauche à droite.

«Ep ep ep ! On ne touche pas ! Ne gâche pas mon travail.» Râla-t-il.

Je n’allais sûrement pas le contrarier davantage, je tenais à mes mains ! J’en avais encore besoin. Autant prendre mon mal en patience et attendre sa permission de bouger si je ne voulais pas obtenir de bosses supplémentaires sur ma carrosserie ... D’un soupir ennuyé, je me recouchai en arrière contre la couchette redressée puis observa attentivement chaque faits et gestes du médecin au travail. Il trifouillait dans les câbles à ma jambe, cherchant quelque chose apparemment mais je n’avais pas la moindre idée de quoi il pourrait s’agir. Après tout, je n’avais aucune connaissance en médecine, donc je ne pouvais faire aucune conclusion. Complètement plongée dans mes pensées diverses pour pallier à l’ennui mortel, je faillis ne pas entendre sa prochaine question s’il ne s’était pas libéré le vocaliser juste avant.

«Toujours les mêmes cauchemars ?» Ratchet ne leva pas les optiques de son travail rigoureux, toutefois il était très attentif à ma réponse.

«Je ne sais pas d’où ils viennent. Je n’arrive pas à comprendre leur signification. Mais ces derniers temps ils apparaissent plus fréquemment, à des mauvais moments comme lors de ce face à face avec … Hum, tu sais qui. Ça ne se contrôle pas mais je suis comme pétrifiée à chaque fois qu’ils se produisent.» Indiquai-je nonchalamment, presque avec paresse alors que je croisais ses optiques soucieuses à l’autre bout de la couchette. Mais pour une raison inconnue, son regard semblait fuir le mien.

«Peut-être un traumatisme qui ressurgit ou une mémoire erronée. Je devrais réaliser un examen approfondi de ton CPU pour comprendre d’où provient ce défaut. Je vais te donner un rendez-vous pour le cycle prochain.» Parla-t-il plus à lui-même qu’à moi. A peine cela étant dit, il se retourna pour rejoindre son grand bureau dans l’intention d’écrire ce fameux rendez-vous sur son autre ordinateur. Et encore une fois, il me tourna le dos. Etait-ce volontaire ? Je l’ignorais. Or, j’avais ressenti le changement dans sa voix qui prouvait qu’il avait été plus affecté par ces révélations qu’il ne voulait le montrer.

«Optimus m’a dit que tu étais malade ?» S’exclama-t-il après un moment silencieux à éplucher un datapad récapitulatif sur son bureau.

«Euh … C’est-à-dire que … J’ai peut-être un petit peu abusé sur la haute-qualité.» Bafouillai-je honteusement tout en jouant avec mes doigts, une habitude que j’avais prise lorsque j’étais sujette au stress. Je ne savais même pas que mon Opiluk avait partagé cette information ! Quel embarras …

«Mhm, cela expliquerait la quantité exponentielle d’energon de haute-qualité dans tes circuits. Et moi qui ne comprenais pas pourquoi la pompe s’affolait quand je l’avais connectée à tes câbles ! Un commentaire ?» Ratchet finit par se retourner pour attendre ma réponse, les optiques sévèrement plissées à moi.

«Je ne préfère pas.» Je secouai rapidement la tête dans la négation, n’aimant pas son regard inquisiteur.

«C’est plus sage en effet.» Accorda-t-il.

«Quand pourrai-je sortir ?» Demandai-je ensuite pour rompre le malaise qui flottait entre nous. Non pas que sa compagnie ne me plaisait pas, mais je ressentais le besoin pressant d’étirer mes engrenages et de marcher à nouveau.

«D’ici quelques groons, approximativement. Lorsque je serais certain que tu as retrouvé tous tes esprits pour ne plus recommencer ! Car si par malheur tu venais à le faire, crois-moi que la colère d’Optimus ne sera rien comparée à la mienne. Et personne ne veut tester la patience du médecin major. Personne.» M’avertit-il tout en secouant sa clé dans les airs d’un air menaçant. Son expression était inquiétante, j‘avais vraiment envie de me recroqueviller sur moi-même …

«Ne t’inquiètes pas pour ça, je préfère garder une bonne image de Ratchet. Les rumeurs feraient même peur à Megatron !» Répondis-je à la légère mais je frissonnai en repensant aux nombreux récits palpitants de Sideswipe concernant le médecin aux multiples facettes. Dont l’une extrêmement effrayante.

«Tu ne crois pas si bien dire !» S’exclama vivement Ratchet en connaissance de cause.

Après avoir fini l’examen initial et rebouché tous les trous superficiels causés par l’acide des munitions de Sidelock, Ratchet m’injecta un produit dans les câbles d’alimentation afin que je replonge dans une stase forcée pour qu’il puisse finir son travail sur mon châssis en toute tranquillité. La partie la plus délicate d’après ses propres mots, car il voulait impérativement que je reste immobile au risque de gâcher son travail ou de me blesser si je remuais involontairement. Chose qu’aucun de nous deux voulait. Alors désormais étendue sur la couchette sous le regard bienveillant du médecin prudent, j’attendis à nouveau la noirceur accueillante qui me bercera dans les rêves sans fins jusqu’au prochain éveil.

{==1 Joor plus tard==}

POV Normal

Moonlight était seule allongée sur sa couchette dans l’infirmerie à lire un datapad que lui avait apporté Ratchet pour casser l’ennui. Il s’agissait d’un rapport détaillé sur leur civilisation qui commençait à partir de la grande histoire des Prime originels, jadis racontée par la créatrice de Bumblebee, Sunray. Habituellement, elle n’aimait pas ce genre de récit qu’elle considérait comme redondant à force de les apprendre depuis sa tendre enfance. Cependant un petit sourire triste envahi le visage de la fembot en pleine lecture à la mémoire de la gentille Autobot qu’elle avait côtoyée autrefois, avant sa disparition brutale. Elle aimerait tant pouvoir effacer de sa mémoire les hurlements atroces de Bumblebee lorsqu’il avait appris sa mort et ressentit la brusque coupure du lien créateur …

Quelque chose qu’elle espérait ne jamais connaître.

«Aïe !»

Surprise par le bruit, Moonlight sursauta violemment au cri provenant sur sa droite quelque part derrière la baie coulissante opaque menant à une autre pièce de soins où Ratchet travaillait actuellement sur un bot. Elle avait presque oublié qu’elle n’était pas toute seule dans l’infirmerie. Décroisant les jambes pour les étendre devant elle, la petite fembot bleue ciel dévisagea la porte où elle pouvait voir l’ombre du médecin penché au-dessus d’une table d’opération avec quelqu’un dessus. Qui ? Elle l’ignorait jusqu’au moment où le robot en question se mit à maudire Ratchet pour son manque de délicatesse. Un adjectif qui ne lui correspondait pas, en effet. Elle leva une crête optique intriguée lorsque le patient laissa sortir une petite série de cris ou plutôt une série de plaintes semblables à des pleurnichements, entraînant vite les réprimandes à pleuvoir.

«Arrête de te comporter comme un étincelant et laisse-moi travailler !» S’agaça Ratchet d’un râlement quand le robot s’éloigna de son soudeur.

«Fait gaffe où tu mets ce soudeur.» Menaça tranquillement le patient que Moonlight reconnut instantanément comme étant Stranno.

La fembot dans sa couchette sourit avec humour. Elle connaissait Stranno plutôt bien et savait qu’il était très impulsif de nature, voir même agressif dans certaines circonstances. Néanmoins il restait un mecha loyal qui avait un véritable sens de la justice et en qui Optimus mettait une confiance sans faille. Disons que chaque robot avait ses petits secrets, ses zones d’ombres aussi … Un passé plus ou moins tumultueux. Elle repensa aussitôt à son sauveur dans le canyon, celui qui se prénommait Silver si ses souvenirs étaient bons. Elle n’avait pas encore eu l’occasion de le remercier pour ce geste étant donné qu’elle croupissait dans cette infirmerie depuis des groons entiers sans avoir la moindre petite idée du temps qui passait réellement à l’extérieur. Car pour une raison quelconque, Ratchet ne lui disait rien à propos de cela, à croire qu’il voulait pousser la punition encore plus loin en la gardant enfermée ici loin de tout.

Regardant distraitement le mur, elle fût en revanche tirée de son train de pensée par l’ouverture fracassante des portes de l’infirmerie puis par l’entrée précipitée de quatre robots se bousculant pour passer en premier. L’un semblait trop gros pour rentrer en même temps qu’un autre d’une corpulence plus fine, le coinçant dans le cadre avec ses hanches. Trois mechas et une fembot qu’elle reconnut tout de suite rien que par leurs voix tandis qu’ils se disputaient la première place. Leurs regards étaient effrénés pendant qu’ils épiaient la pièce de fond en comble à la recherche de quelque chose ou plutôt de quelqu’un jusqu’à ce qu’ils ne tombent enfin sur Moonlight assise dans sa couchette, les optiques écarquillées de perplexité.

«Moonlight !» Hurlèrent-ils à l’unisson.

«Salut les gars.» Répondit-elle timidement d’un petit geste de sa main. Moonlight n’avait pas pour habitude de recevoir autant d’attention et encore moins d’être le centre d’intérêt de qui que ce soit. Mais elle était heureuse de revoir des visages familiers.

«Tu ne peux pas savoir comme je suis heureux de te revoir en un seul morceau !» S’écria Bumblebee d’une main sur son châssis, vraisemblablement soulagé.

«Tu nous as fait une de ces peurs ! Je pensais qu’on ne te verrait plus jamais …» Se lamenta Niltrex qui passa à gauche de la couchette pour prendre la main de son amie dans les siennes tremblantes. Il se coucha sur son bras dans un petit câlin alors que la fembot se mit à rire de son contact affectueux, son sourire s’élargissant à la vague de joie qui se déferla dans son Spark.

«On voulait venir te voir plus tôt mais tu sais comment est Ratchet avec les visites … Une vraie plaie !» Chuchota Hot Rod en mettant sa main à côté de sa bouche pour que le médecin en question ne l’entende pas depuis l’autre pièce.

«La prochaine fois, tu sortiras sous ma garde ! Hors de question que tu recommences ce genre de folie.» Réprimanda Bumblebee, une main à sa hanche et le doigt pointé vers Moonlight qui s’enfonçait plus loin dans sa couchette d’embarras.

«En tout cas pas sans nous !» Rétorqua Hot Rod d’un sourire satisfait.

«Quoi ?!» S’égosillèrent Bee et Niltrex, tous deux abasourdis. Leurs visages décomposés étaient très drôles à voir ! Bravo Hot Rod.

«Je plaisante ? On se détend !» L’Autobot orange et jaune leva les mains quand la fembot bleue foncée dépourvue de la parole lui frappa l’épaule d’un regard réprobateur.

Isis se tourna ensuite dans la direction de Moonlight pour retrouver son sourire éclatant au contact visuel avec son amie, ce qui lui réchauffa instantanément le Spark tourmenté depuis deux cycles maintenant avec sa folie des grandeurs qui avait failli se finir en drame. Une horrible pensée. La Seeker se jeta avec Bumblebee et Hot Rod sur la couchette pour encercler Moonlight d’une chaleureuse étreinte pleine de rires mais aussi de plaintes étouffées à cause du poids excessif de la fembot muette qui recouvrait tout le monde de son corps. La plus petite fembot tapota gentiment l’épaule de sa grande amie pour se rendre compte d’un ajout d’accessoire à cet endroit-là. Elle allait lui poser la question plus tard car à cet instant, elle voulait juste profiter de ce moment de tendresse. C’était plaisant, c’était doux, mais surtout incroyablement consolant pour Moonlight qui n’avait vu personne à part Ratchet depuis son malheureux accident.

Pas même son Opiluk.

«Mais regardez un peu qui voilà ! La fille casse-cou du Prime ! Tu as bonne mine, ça fait plaisir à voir que ce bon vieux Ratchet s’occupe correctement de toi !» Chantonna Jazz qui venait d’entrer dans l’infirmerie avec les bras remplis de cubes d’energon. Sa visière étant repliée sur ses optiques, son sourire était si grand qu’il disparaissait presque sous cette dernière. Le mecha blanc et bleu était suivit par Hound rencontrant quelques difficultés à passer la porte.

«La warrior miniature ! Je n’en attendais pas moins d’un petit morceau comme elle au Spark coriace d’un Prime. Tu es bien sa fille ! Tu as plus de courage que tous ces méchas réunis pour tenir tête à un Decepticon, c’est moi qui te le dis.» Reconnut-il d’un rire impressionné, se fiant au rapport que Silver leur avait fait pour fonder l’image qu’il avait désormais de Moonlight. Même si elle était faussée.

A ce même moment, Ratchet sortit en trombe de la pièce d’à côté pour se diriger vers la couchette afin de libérer sa patiente de l’emprise de ses amis. Il poussa d’abord Isis puis Bumblebee et enfin Hot-Rod qui était littéralement étendu sur la pauvre fembot aplatie. Ils allaient avoir de sérieux ennuis si jamais sa couchette était abimée ! Un peu sur les nerfs par tout ce remue-ménage, le médecin grincheux jeta un regard d’avertissement aux trois mechas se tenant maladroitement derrière la couchette qui préféraient regarder leurs pedes plutôt que d’affronter la colère de Ratchet. L’Autobot rouge et blanc croisa les bras sur son imposant châssis avant de prendre la parole d’un ton de réprimande.

«Dois-je vous rappeler que nous sommes dans une infirmerie ici et que mes patients ont besoin de calme et surtout de tranquillité ?» Blâma ce dernier, ayant soudainement une idée sournoise pour embêter les jeunes robots. Adoptant un petit sourire malicieux, il regarda d’abord entre Moonlight puis Hot Rod, ensuite Niltrex et Isis pour finir par s’arrêter sur Bumblebee avant de reprendre sa taquinerie ; «et que vous êtes maintenant tous en âge de vous lier et qu’un accident est vite arrivé. Je ne voudrais pas qu’un contact trop rapproché entre deux Sparks ne commette l’irréparable, ça serait fâcheux. Peut-être devrais-je vous rappeler certaines bases sur l’anatomie …»

Mortifiés par ses paroles pleines de sens, les cinq robots écarquillèrent les optiques tandis que Jazz et Hound se mirent à rire hystériquement. Sacré Ratchet qui avait un véritable don pour casser l’ambiance, c’était irrémédiable ! Cependant très drôle. Même si pour qu’une liaison se fasse réellement et dans les bonnes conditions il fallait deux Sparkmates potentiels, au moins ils réfléchiront à deux fois avant d’enquiquiner leur médecin iconique. Soudainement les rires se turent par l’ouverture de la porte puis à l’apparition du grand chef des Autobots, Optimus Prime dans toute sa splendeur. Sur sa couchette, Moonlight se raidit.

«Autobots.» Salua le Prime d’un bref hochement de tête dans leur direction avant de se tourner vers le médecin un peu en retrait pour engager la conversation. Sa voix sonnait mélancolique, c’était inhabituel.

«Comment se porte-t-elle ?» Lui demanda-t-il sans jamais établir de contact visuel avec sa fille dans la couchette à sa gauche, préférant garder ses optiques bleues fatiguées rivées sur Ratchet qui se contenta d’hausser les épaules.

«Beaucoup mieux, comme tu peux le constater par toi-même. Elle s’est rétablie plus vite que je ne l’imaginais et pourra sortir d’ici la fin de ce cycle. Si elle se tient sage jusque-là.» Récapitula l’Autobot qui s’essaya à l’humour pour détendre l’atmosphère devenue tendue dans son infirmerie. Il faisait de son mieux pour aider le contact entre Optimus et Moonlight mais son leader charismatique semblait s’être obstiné à faire la tête encore un peu.

Et il y avait de quoi.

«Merci mon ami. Je repasserai lorsque tu ne seras plus occupé et après ma mission de reconnaissance dans le canyon.» Répondit Optimus d’un hochement de tête poli, refusant toujours de regarder la petite fembot remplie d’espoir.  

Un espoir de très courte durée car le Prime referma la porte derrière lui sans un mot de plus, laissant un silence des plus maladroits après sa sortie. Le sourire de Moonlight s’effaça peu à peu de son visage alors que la tristesse s’emparait méchamment de son Spark douloureux, la brusquant au point où des larmes remplissaient bientôt ses optiques. Depuis sa première sortie de stase dans l’infirmerie, le lien créateur était rendu au silence quasi complet, ne laissant rien transparaître mise à part de la colère et de la déception. Elle se sentait négligée par son Opiluk, abandonnée à son sort avec aucune possibilité de s’expliquer sur ses actes ni de lui offrir ses excuses. Du moins pas pour l’instant, hypothèse appuyée par Ratchet qui laissa sortir un long soupir d’exaspération.

«Malaise.» La voix de Stranno dans l’autre pièce trancha le silence.

«Bon, et bien je pense qu’il est temps de boire un coup !» Jazz déposa les cubes d’energon sur le chevet mais son envie de trinquer à la santé de Moonlight s’était volatilisée après cette scène déprimante. Personne ne se servit, pas même Hot Rod incapable de dire quelque chose.

«Laisse-lui un peu de temps. C’est une tête dure notre Prime ! Mais ça finira par s’arranger, tu verras.» Rassura gentiment Hound d’un gloussement tout en tapotant l’épaule de la petite fembot dépitée sur sa couchette.

Il avait beaucoup de peine pour elle et trouvait Optimus vraiment cruel sur ce coup alors qu’elle avait quand même failli perdre la vie dans ce canyon. C’était injuste d’après lui. Evidement qu’il souffrait, qu’il n’avait plus confiance en elle et qu’il était déçu, mais il fallait aussi songer à passer à autre chose pour le bien-être de chacun en commençant par renouer le contact avec sa fille. Mais tout le monde ici présent savait à quel point cette tâche sera particulièrement difficile, surtout avec le commandant d’aspect insensible qui était devenu un mur inébranlable. Parfois, le temps réparait les blessures, sauf que dans cette situation il pourrait faire plus de mal que de bien. Et les prochains mots de Moonlight étaient des plus déchirants à entendre, surtout avec cette expression sinistre qui remplaça son visage habituellement jovial, les optiques assombries.

«Non. Il a entièrement raison de me détester.» Hoqueta-t-elle, aux bords des larmes. Toutefois elle se battait intérieurement pour ne pas les laisser tomber.

«Moonlight-» S’avança Bumblebee mais la fembot jeta subitement sa tête dans sa direction, le prenant de court face à ce visage ravagé par les regrets.

«Sortez ! Sortez tous ! S’il vous plaît … J’ai besoin d’être un peu seule.» Supplia cette dernière qui n’arrivait plus à masquer ses émotions. La tête penchée pour cacher au mieux son visage dévasté, de grosses larmes finirent par dévaler ses joues métalliques tandis que ses amis, après plusieurs hésitations, finirent par sortir de l’infirmerie.

Une fois complètement seule, elle libéra toute sa tristesse dans de profonds sanglots.

{==Quelque part dans Iacon==}

POV Normal

La vue était magnifique, incomparable. Perchée sur une ancienne tour écroulée aux abords de la ville, Moonlight observait le paysage nocturne avec une profonde adoration. Il n’y avait rien de plus beau qu’une ville lumière plongée dans l’obscurité de la nuit, rien de plus apaisant aussi pour quelqu’un qui n’aimait pas forcément être entouré de monde au quotidien. A cette hauteur vertigineuse, la fembot avait un incroyable panoramique sur les nombreuses tours pour la plupart récentes, allant du désert à Kaon jusqu’aux ruines de l’ancienne capitale. Ses pedes ballant dans le vide, l’Autobot assise au bord du bâtiment dégradé s’appuyait sur ses mains afin d’avoir une position plus confortable alors qu’elle se réjouissait de la vue époustouflante qui s’offrait à elle.

Au fond de son châssis nouvellement réparé, son Spark se serrait. Elle et Optimus avaient pour habitude de venir ici avant … Avant tout ça. Juste pour contempler la vue ensemble après un cycle de travail acharné pour faire les rénovations de la ville. Comme Ratchet le disait si bien, des petits détails qui avaient toute leur importance. Les crêtes optiques froncées à cette douleur sourde qui résidait dans son Spark, Moonlight arrêta de balancer ses jambes d’avant en arrière tandis que les mauvais souvenirs refaisaient lentement surface dans son esprit, notamment la dispute et la dernière scène dans l’infirmerie. Si seulement elle avait la capacité de revenir en arrière … Elle aurait tout fait en son pouvoir pour changer le cours des évènements pour retrouver ne serais-ce qu’un peu de son Opiluk. Rien qu’une seule fois.

«Je comprends pourquoi tu aimes tellement venir ici.»

«Je ne me lasserai jamais de cette vue.» Sourit Moonlight sans se retourner vers son interlocuteur surprise.

«Tu m’étonnes. C’est vraiment magnifique.» Acquiesça Hot Rod tout en s’approchant du bord de la tour pour rejoindre la petite fembot assise, ses optiques bleues cyan ne quittant jamais sa silhouette svelte.

Moonlight le suivit du regard lorsque le mecha orange et jaune prit calmement place à côté d’elle. Les prochains instants, aucun des deux ne s’exprima, trop occupés à regarder la ville active même durant la nuit. De temps à autre il y avait un bruit de moteur ou un crissement de pneus qui venait perturber cette accalmie temporaire, sans doute de jeunes robots usant de leur mode alternatif pour s’amuser un peu dans les rues. Rien de méchant, tant qu’ils ne se faisaient pas attraper par les forces de l’ordre. Se reposant sur ses coudes pour adopter une position allongée, Moonlight s’autorisa un petit coup d’optique à son voisin sur sa gauche qui semblait plongé dans ses observations, assis au bord du bâtiment le dos légèrement vouté. A quoi pouvait-il bien penser ? S’interrogeait-elle alors qu’elle contemplait le robot étrangement silencieux ce soir-là.

Un petit sourire tendre se dessina sur son visage pendant qu’elle l’examinait plus attentivement, repensant à son amitié forte avec ce dernier qui avait toujours eu la capacité de la faire rire. Peu importe la situation. Mais ce soir était différent des autres soirs car pour la toute première fois depuis leur rencontre, elle ne voyait pas le mecha blagueur et insouciant qu’il avait pour habitude de montrer au grand public mais plutôt un Autobot beaucoup plus calme et sérieux avec qui elle pourrait avoir des confidences sans crainte d’un jugement ou d’une moquerie. Ses ailettes se raidirent subitement dans son dos quand les optiques curieuses d’Hot Rod se posèrent sur elle, prise la main dans le sac durant son analyse.

«Alors ? Contente d’être enfin sortie de ce trou à scraplets avec le vilain méchant pas beau Ratchet ?» Ironisa-t-il d’une voix truquée pour taquiner son amie, lui offrant un sourire penaud lorsque la fembot ricana. Il n’avait pas manqué la légère couleur bleutée sur ses joues.

«Tu exagères ! Tiens maintenant que j’y pense, il m’a dit de te dire que demain tu as un check-up complet à faire. Prépare ton pot d’échappement.» Conseilla vivement Moonlight d’un haussement d’épaules tout en faisant de son mieux pour ne pas glousser au changement brusque d’expression chez le mecha. Passant de décontracté à terrifié en une astroseconde à peine.

«Ah oui ? Tu es sûre ?» Bégaya-t-il nerveusement.

Au lieu de lui répondre, Moonlight leva les optiques au ciel d’amusement d’un petit sourire en coin. Avec lui elle n’était jamais certaine de quand il blaguait ou quand il était vraiment sérieux ! Néanmoins Hot Rod retrouva rapidement son air désinvolte pour se coucher dans la même position que la fembot, sur les coudes avec les pedes flottant dans le grand vide. Il poussa un long soupir de contentement avant de s’intéresser au ciel nocturne où des milliers de petites étoiles scintillaient dans cette immense masse sombre qu’était l’espace. Un peu comme les optiques de Moonlight, maintenant qu’il y pensait ... Son Spark se serra agréablement à cette pensée et tandis qu’il continuait d’observer le ciel sombre, il s’exprima pensivement.

«Ça doit quand même être très particulier d’avoir un créateur comme Optimus Prime … Assez excitant, non ? Etre la création du plus valeureux de tous les Autobots, bravant chaque danger sur sa route avec courage, honneur et dignité.» Hot Rod prit une voix grave pour tenter d’imiter celle du commandant. Mais manifestement, il n’était pas très doué vu la tête que tirait son amie à cette pathétique tentative d’imitation. Toutefois l’amusement quitta rapidement son visage quand elle lui répondit d’un froncement de crêtes optiques.

«Certains disent que c’est un privilège. Que j’ai une chance incroyable d’avoir l’opportunité de vivre aux côtés d’un dirigeant qui suscite autant de respect chez les habitants. Que je devrais prendre exemple sur lui. Tu imagines ? L’ironie du sort. Je ne le vois presque plus et les rares fois où j’arrive à lui parler ça se transforme en dispute ! J’ai de plus en plus de mal à me conformer à cette idée … D’être la fille du Prime. Je suis la honte de cette lignée, je lui fais honte.» Avoua Moonlight, son visage s’assombrissant à ces derniers mots difficiles. A côté d’elle, Hot Rod s’indigna.

«C’est n’importe quoi ! Tu ne devrais pas vivre dans son ombre. Oui il est apprécié de tous, oui il a un poids immense sur les épaules qui l’oblige à rester ferme en toute circonstance, et oui il peut se montrer injuste sur certaines décisions … Mais ça ne doit pas entraver ta propre route. Vos destins sont différents, c’est tout ! Son but n’est pas que tu suives ses traces mais ton chemin à toi avec tes choix et tes convictions. Et les habitants n’ont qu’à aller se faire voir ! Ça ne leur plaît pas ? Tant pis pour eux !» Agacé, le jeune mecha jeta ses bras en l’air puis se recoucha sur le dos sous le regard admiratif de la fembot. Munie d’un sourire songeur, elle s’allongea sur son flanc gauche en posant sa tête dans sa main pour se tenir à côté du robot désormais renfrogné.

«Tu es quelqu’un de bien, Hot Rod.» Lui dit-elle avec sincérité, ses optiques parcourant pensivement son visage tourné vers les étoiles. En réponse, il soupira dans l’excès avant de reprendre avec désinvolture d’un sourire narquois.

«Eh oui, je ne suis pas qu’un incorrigible crétin qui passe son temps à faire des farces. Ça m’arrive aussi de réfléchir et de me soucier des autres, figure-toi.» Dévoila-t-il dans ce ton d’humour qui lui était propre, même si son expression était sérieuse. Il tourna ensuite la tête vers son amie lorsque cette dernière se confessa sur sa plus grande crainte.

«Il y a une chose qui me terrifie plus que tout. J’ai peur de me retrouver à nouveau seule, qu’Optimus ne revienne plus d’une de ses missions périlleuses en dehors des remparts … J’ai vu à quoi ça ressemblait là-bas. Il n’y a rien pour nous de l’autre côté.» Moonlight était attristée et alors qu’elle optait pour la même position que l’autre bot, celui-ci décida de se redresser pour se pencher au-dessus d’elle.

«Ne dis pas de bêtises ! Tu ne seras jamais seule. Tu nous as nous, ne l’oublie pas !» Rappela-t-il d’une petite pichenette sur le casque de la fembot allongée. Ils étaient très proches l’un de l’autre, leurs châssis se touchant presque. Mais en retour, il gagna une plainte puis une frappe sur son épaule qui le repoussa rapidement sur le côté dans sa position initiale.

«L’amitié est précieuse, il faut la préserver …» Moonlight répéta pensivement la phrase que lui avait dite Sunray à l’époque, il y a bien longtemps. Une phrase qui faisait toujours écho dans son âme.

«Précieuse, oui. Cela étant dit, il ne faut pas non plus la confier à n’importe qui !» Ricana Hot Rod à ses côtés qui ne pouvait s’empêcher de la désillusionner.

«Qu’est-ce que tu insinues par-là ?» Intriguée et agacée, la fembot se redressa sur son coude pour épier l’Autobot du regard, une crête optique levée tandis qu’elle attendait une explication.

«Rien du tout ! Je disais juste ça comme ça … Car on ne connait jamais vraiment quelqu’un. On n’est jamais à l’abri d’une surprise. Bonne comme mauvaise. Une amitié peut aussi être dévastatrice.» Expliqua Hot Rod d’un petit haussement d’épaules maladroit après quoi, il perdit tout soupçon de malice sur son visage argenté.

Moonlight referma aussitôt la bouche à cette réponse sèche qui engendra une douleur sourde à son Spark. Elle savait que l’amitié était une question assez sensible chez Hot Rod après que ce dernier avait perdu l’un de ses plus proches amis d’une terrible façon. Elle savait à quel point il avait été impacté par ce drame, à quel point il avait souffert après s’être retrouvé tout seul d’un cycle à l’autre … Il ne s’en était jamais vraiment remis visiblement. Ce genre de douleur guérissait avec le temps ? Elle en doutait. S’en voulant énormément d’avoir fait ressurgir de mauvais souvenirs malgré elle, Moonlight pinça les lèvres alors qu’elle cherchait un moyen de sortir de cette impasse sans faire plus de dégâts psychologiques à Hot Rod devenu bien silencieux tout à coup. Elle se rallongea sur le dos puis croisa les mains sur son ventre pendant que ses optiques scrutaient une étoile particulièrement brillante, ayant soudainement une idée de conversation.

«Tu penses qu’un cycle nous irons visiter une autre planète ?» Demanda-t-elle, voulant connaître son opinion sur la question en parallèle à son envie de changer de sujet. Par chance, cela semblait fonctionner car le mecha à ses côtés se mit à sourire.

«Ah, l’appel de l’aventure ! Je n’attends qu’une occasion pour monter à bord du prochain vaisseau explorateur … Partir à la rencontre d’autres civilisations et apprendre leur culture. Quitter cette planète une bonne fois pour toute, loin de toutes ces guerres et ces abrutis de Decepticons … Tu imagines ? Le rêve absolu !» S’exclama-t-il rêveusement tout en désignant l’intégralité du ciel avec ses mains.

«Qui sait ? Peut-être que nous pourrions faire des rencontres surprenantes …» Avoua la fembot en accord avec ce que disait son ami à priori enchanté par cette idée d’exploration. Peut-être un cycle, ils iront visiter de nouvelles planètes ensemble …

Puis tout à coup et sans aucune raison apparente, Moonlight fondit dans un rire incontrôlable. Elle riait si fort qu’Hot Rod se demandait si quelqu’un n’allait pas venir enquêter sur le bâtiment abandonné pour savoir ce qui se tramait là-haut en pleine nuit. Perplexe par ce changement brutal, le mecha orange et jaune se redressa pour jeter un coup d’optique ahuri en direction de son amie devenue hystérique en une fraction de nano-kliks. Ses circuits avaient disjoncté ou quoi ? Presque aux bords des larmes tellement son rire était puissant, la jeune fembot avait du mal à regarder le robot déconfit sans fondre dans une nouvelle crise de fou rire. Le pauvre ! Il ne comprenait rien du tout et pourtant il était bel et bien la cause de cet état délirant qu’elle n’arrivait tout simplement plus à contrôler.

«Euuuh, j’ai dit quelque chose de drôle ?» Finit-t-il par demander, presque vexé par son attitude.

«Oh, trois fois rien ! Je me suis juste souvenue de quelque chose …» Tenta-t-elle de résumer entre deux fous rires. Cependant au regard interloqué du mecha désormais assis en tailleur, elle ne pouvait se résoudre à faire durer le suspense plus longtemps au risque de le vexer pour de bon. Alors Moonlight se maîtrisa enfin pour pouvoir lui expliquer ; «un certain Autobot orange et jaune qui après avoir bu beaucoup trop de haute qualité s’est mis à danser et chanter comme quoi il voulait changer de couleur de carrosserie !»

«Oh …» C’était tout ce que Hot Rod trouva à dire, trop embarrassé par cette révélation qui pourrait nuire à sa réputation. Et évidemment, il fallait que ses plus proches amis assistent à cette scène ridicule ! Heureusement que son meilleur ami Sideswipe n’était pas avec eux ce cycle-là … Ou il en entendrait parler le restant de sa vie.

Bientôt, Moonlight retrouva suffisamment son calme pour arrêter de rire comme une dégénérée. Soufflant une rapide excuse au robot offensé, elle s’installa à nouveau à ses côtés pour poursuivre ce qu’elle était venue chercher ici initialement. La beauté du paysage et aussi la tranquillité en principe mais là, c’était peine perdue ! Le silence retomba assez vite entre les deux amis perchés sur la tour surplombant la ville de Iacon, tous deux profitant des derniers instants de la nuit avant le lever des deux majestueux soleils à l’horizon. Jusqu’à ce que Hot Rod ne partage son interrogation qui ne cessait de le tourmenter depuis cette dernière révélation perturbante.

«Mais en quelle couleur je voulais changer ?»

«Hum, il me semble avoir entendu rose…»

«AH !»

A suivre …

Les choses se corsent. Petit à petit, l’intrigue principale se dessine sous forme de nuages noirs à l’horizon. Vous savez ce qu’on dit, le calme avant la tempête.

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A bientôt, VP



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