Petite Etincelle

Chapitre 16

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Dernière mise à jour il y a presque 3 ans

CHAPITRE 16

POV Normal

Moonlight sortit de sa recharge agitée particulièrement groggy. Les optiques encore fermées, elle poussa un gémissement plaintif puis positionna son bras droit sur son visage pour se couvrir de la luminosité envahissante de la pièce. Son réservoir se révoltait plutôt violemment en ce début de cycle, et ce ne fut qu’après mûre réflexion qu’elle se souvint des causes de son état catatonique. La boulette… Les nombreux cubes d’energon de haute qualité engloutis en une fois lors de la fête d’hier soir ne passaient pas, a priori. Affaiblie la fembot, complètement immobile sur sa couchette, compta les nano-kliks qui défilaient dans son CPU avant de prendre la décision délicate de se lever pour commencer un nouveau cycle.

Une jambe après l’autre, elle déposa ses pedes au sol en grimaçant péniblement lorsque son réservoir se souleva en signe de désaccord à son mouvement, pourtant lent et maîtrisé. Il fallait procéder par étapes, doucement. Mais par Primus, elle avait l’impression que ses circuits allaient imploser d’un moment à l’autre ! Elle commençait sérieusement à regretter d’avoir fêté avec autant d’enthousiasme le retour de Bumblebee… L’ivresse matinale n’était absolument pas la sensation qu’elle affectionnait particulièrement, mais son meilleur ami méritait sa participation, et cela valait bien ce rare état d’ébriété. Pour son examen et pour son retour en santé. La fembot malade fit un petit rictus aux nombreux messages d’erreur s’affichant dans le coin droit de sa vision, la plupart venant de son réservoir rebelle. Un symbole de vidange venait tout juste d’apparaître pour lui signaler qu’elle n’allait pas tarder à devoir se vider de tout cet energon accumulé d’un coup. Car effectivement, elle en avait vraiment abusé !

Recadrant son gyroscope interne, qui ne cessait d’en faire des siennes en même temps que son processeur embrouillé, Moonlight décida de rester un petit moment assise sur sa couchette pour éviter un accident embarrassant. Les épaules avachies, ses optiques fatiguées fixaient le sol qui semblait onduler. Elle avait l’impression que toute la pièce bougeait de gauche à droite… Que la porte face à elle se déplaçait sur le mur, de quoi accentuer cette gêne au niveau du réservoir. Était-elle sur un vaisseau en mouvement ? Un peu plus, et sa confusion passagère lui aurait presque fait croire que oui. Posant la tête en arrière contre le mur, elle referma lentement les optiques pour se concentrer sur le calibrage de ses audios, tout en écoutant attentivement le bourdonnement que produisait son Spark à l’abri dans son châssis. Retrouvant peu à peu ses repères dans l’espace-temps.

Puis, les souvenirs du cycle dernier revinrent tout naturellement.

FLASHBACK

«Encore un, allez !»

Hot Rod encourageait Moonlight à engloutir son quatrième cube d’energon de haute qualité sous les regards ébahis de ses amis assis à table avec eux. Ils avaient déjà bien entamé la soirée. Ils l’acclamaient pour la motiver à réussir le défi lancé par le mecha orange et jaune toujours avide de challenges. Sans hésitation, la fembot ciel attrapa son cube puis le porta aussitôt à sa bouche pour l’avaler d’une seule traite, son visage se contractant à la brûlure familière dans sa gorge et son conduit. C’était sous l’effet du public qu’elle affichait une expression sereine, car si elle avait été toute seule, elle aurait déjà tout recraché en courant dans tous les sens ! Mais sa fierté avait eu raison d’elle et puis, elle voulait que Bumblebee et les autres passent du bon temps dans ce bar de Iacon, en plein centre-ville.

Un lieu réputé pour sa bonne fréquentation.

«Elle ne le finira pas ! Regarde son visage !» Plaisanta Niltrex en montrant Moonlight du doigt, son sourire malicieux trahissant le fait qu’il connaissait bien ses limites face à l’energon de haute qualité.

Alors, quelle fut sa surprise lorsque cette dernière fracassa le cube vide sur la table dans un geste triomphant, accompagné d’un sourire plus que satisfait, brandissant l’autre poing pour célébrer son exploit. Elle venait de clouer le bec à trois mechas. Le robot à l’armure noire de la bande, assis sur la banquette face à Moonlight, écarquilla les optiques de surprise avant de se renfrogner. Il croisa les bras sur son châssis, désormais mécontent. Son diagnostic n’avait pas été bon et à cause de cette erreur, il venait de perdre son pari avec Bumblebee… Il lui devait une nouvelle peinture maintenant ! Le scout jaune et noir se mit à rire à gorge déployée sur sa chaise tandis qu’il regardait Niltrex grommeler entre ses dentas, ses optiques narquoises rivées sur lui, ravi d’avoir gagné sa nouvelle peinture aussi aisément contre la tête pensante du groupe. Ne jamais juger trop vite la petite fembot qui pouvait se montrer très étonnante !

«Tu disais ?» Gloussa Hot Rod, haussant les crêtes optiques en direction du bot affalé sur la banquette.

«Ne vends pas le boulon avant de l’avoir forgé !» Se réjouit Moonlight qui croisa les bras à son tour, son large sourire éméché ne quittant plus son visage. Elle sentait néanmoins sa tête tourner à cause de toute cette surcharge dans ses systèmes, mais elle fit mine de rien pour ne pas s’attirer de remarques désobligeantes.

Sa fierté avant tout.

«Un autre ? Je meurs de soif ! Et vous ne me laissez pas tomber, compris ?» S’enchanta Bumblebee après s’être tourné vers le barman afin de recevoir une nouvelle tournée. Cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était plus autant amusé ! Hot Rod se pencha vers la deuxième fembot du groupe en hoquetant légèrement.

«Tu devrais vraiment essayer, Isis, c’est drôle ! Après, tu as l’impression de planer dans les nuages, de pouvoir voler comme les Seekers ou encore d’atteindre le sommet de la tour des Cieux en un clignement d’optique…» Rêvassa ce dernier avachi contre la banquette d’une main tendue devant lui pendant qu’il imaginait la scène agréable.

Il s’agissait d’une bonne amie de Moonlight, Isis. Une charmante fembot bleue, plus foncée que sa camarade à deux roues, avec des parties de son armure peintes en noir et argenté. Étant un avion de chasse, elle était par conséquent plus grande que les autres, avec de longues ailes dans son dos, des antennes noires, une visière rétractable ainsi qu’un petit réacteur lumineux bleu néon au centre de son châssis. Elle était dépourvue de la parole, ayant perdu son vocaliser dans un tragique accident alors qu’elle était encore un petit étincelant. L’émetteur de fréquences se situant dans le vocaliser, il lui était donc impossible de communiquer en privé avec les robots de son entourage. Ce qui rendait les échanges assez compliqués.

«C’est marrant ce que tu dis car Isis est justement capable de faire ça… Et sans une goutte de haute qualité, qui plus est.» Niltrex leva les optiques au plafond d’un sourire cynique. Manifestement, Hot Rod commençait à ressentir les effets de la haute qualité.

Au son de son nom, la timidité excessive d’Isis l’emporta, alors elle se contenta de regarder la table en secouant rapidement la tête pour refuser le cube tendu par Hot Rod. Elle ne voulait pas goûter l’energon de haute qualité pour la simple et bonne raison qu’elle craignait les répercussions sur ses systèmes, en plus des répercussions infligées à sa gorge abîmée lorsqu’elle buvait. Il ne fallait pas tenter Unicron. Elle redressa les optiques vers Moonlight quand son amie lui toucha le bras pour la rassurer, lui rendant son sourire bienveillant pour lui faire comprendre qu’elle allait bien. Heureusement, Hot Rod n’insista pas et après avoir avalé son huitième cube d’affilée, il se leva sans un mot puis partit en direction du bar. Les quatre bots restants à table s’échangèrent des regards perplexes mais décidèrent cependant de ne pas commenter. Peut-être avait-il besoin de se vidanger ?

«Je crois que c’était le cube de trop pour moi…» Avoua Moonlight qui posa son poing contre sa bouche lorsqu’elle eut le hoquet. Quatre cubes en une seule fois, un record pour elle ! Allait-elle le regretter ?

Certainement.

«C’est déjà pas mal. En espérant qu’Optimus ne le découvre pas ! Qui sait comment sera sa réaction s’il venait à apprendre que sa fille adorée se réfugie dans la haute qualité… En tout cas, je ne voudrais surtout pas être à ta place dans cette alternative.» Face à elle, Niltrex grimaça lorsqu’il eut un violent frisson à cause de son imagination débordante.

«Merci beaucoup Niltrex, c’est un plaisir de boire avec toi ! Vraiment !» Railla Moonlight d’un soupir démoralisé. Toutefois, une crainte se forma dans son Spark à l’idée de décevoir son Opiluk, alors par précaution elle referma au minimum le lien créateur pour ne pas éveiller les soupçons.

«Les gars, pas de panique ! C’est Optimus Prime, il était comme nous avant de devenir notre chef donc je suis sûr qu’il comprendra. S’amuser n’a jamais été un crime après tout !» Affirma Bumblebee qui leva son cube à leur santé avant de l’avaler d’un seul coup.

«Ouais enfin, Optimus a deux époques différentes, ne l’oublie pas.» Rappela aussitôt Niltrex.

«Un point pour toi.» Bumblebee tendit son cube vide dans sa direction pour soutenir ses propos, au plus grand dam de Moonlight qui cacha son visage entre ses mains pour gémir.

Isis l’épaula gentiment en connaissance de cause. Elle savait que la fierté de son Opiluk était quelque chose de très important pour elle, et que l’idée de le rendre malheureux ou déçu la terrifiait au point où elle s’abstenait carrément de faire certaines choses. Notamment des courses clandestines dans les rues de Iacon, un jeu qui n’était pas bien vu par le Prime car il y avait des pistes conçues rien que pour cette activité sportive. Tout ce qui transgressait les règles était proscrit de manière générale. Pourtant, il n’y avait pas plus excitant que les trucs interdits ! Ou encore des explorations en dehors des remparts, choses qu’elle refusait de faire la plupart du temps. Tapotant ses épaules affaissées, Isis jeta un regard de désapprobation en direction de Niltrex et de Bumblebee qui débâtaient encore sur la réaction du Prime, entrecoupés de plusieurs rires abrutis. Elle avait envie de les frapper tellement ils étaient ridicules !

«Hum… Moon, ça va ?» Interrogea soudainement Bee lorsque la petite fembot en question se leva puis qu’elle tituba sur ses pedes, vacillant dangereusement d’un côté à l’autre. Les regards se posèrent tous sur elle.

L’instant d’après, Moonlight trébucha contre sa chaise pour s’écraser à plat ventre sur le sol dans un bruit sourd de métal et de gémissements étouffés. Aouch. Face contre terre, les autres robots présents dans le bar éclatèrent de rire tandis que Niltrex, qui avait choisi d’être raisonnable sur l’energon de haute qualité, se leva pour aider son amie dans cette situation cocasse. La seconde fembot se positionna de l’autre côté du corps immobile de Moonlight et lui secoua les épaules, rendant la scène encore plus comique qu’elle ne l’était déjà. Or, Niltrex lui, n’avait pas envie de rire de sa chute disgracieuse contrairement aux autres hilares. Même si sa posture en étoile éveillait en lui beaucoup d’amusement. La bouche serrée pour s’empêcher de ricaner, car il avait des principes, il redressa la fembot dans une position assise mais ses optiques étaient fermées.

«Est-ce qu’elle va bien ?! Oh non, je crois que ses systèmes se sont arrêtés ! Il faut faire quelque chose, vite !» Paniqua Bumblebee en bondissant de sa chaise quand il vit la bouche de Moonlight grande ouverte et sa tête pendante mollement en arrière. Désormais sérieux, il avait subitement perdu l’envie de rire, puisque la santé de son amie comptait beaucoup plus à ses optiques que toute cette situation hilarante.

«Mais non voyons, calme-toi ! Elle s’est juste assoupie dans la recharge.» Pour prouver qu’il avait raison, Niltrex attrapa Moonlight sous les bras pour la positionner contre lui avant d’utiliser sa main libre pour lui gifler le visage, les optiques d’Isis à ses côtés s’écarquillant à ce geste inattendu.

«Nié ?! Quoi ? Oui, oui je suis là. Qu’est-ce qui se passe ? On continue de boire ?» Sursauta la fembot bleue ciel tout en clignant rapidement des optiques, encore désorientée. Affalée contre Niltrex, elle regarda alternativement ce dernier, Bumblebee, Isis, puis les autres bots avec une expression confuse.

«Ah non, c’est le moment d’arrêter, je crois ! C’est fini pour ce soir. Il est temps de rentrer maintenant et de faire une bonne nuit de recharge avant que tu ne décides de la faire ici au sol.» Décida le mecha noir en usant de toutes ses forces pour se redresser avec Moonlight appuyée contre son flanc.

«Ouais, tu as raison, c’est sûrement le plus raisonnable à ce stade.» Affirma Bumblebee d’une grimace alors que la tête de la petite fembot se penchait dangereusement vers l’avant, manquant de peu de heurter la table avec son casque. Une opinion qu’Isis confirma par plusieurs hochements de tête inquiets. Les mains tendues vers la deux-roues, juste au cas où elle trébucherait, le scout accompagna Niltrex et Moonlight vers la sortie. Jusqu’à ce que la voix en colère du barman ne se fasse entendre.

«Hey ! Vous n’oubliez pas quelque chose ?!» S’échauffa-t-il, son pouce pointé derrière lui en direction d’Hot Rod qui se trémoussait sur l’une de ses tables.

Si l’état de Moonlight n’était pas aussi préoccupant, Bumblebee aurait à nouveau éclaté d’un rire hystérique en immortalisant ce moment mémorable !

«Hot Rod, arrête de danser ou tu vas faire fuir les clients !» Humilia l’Autobot jaune et noir en portant ses mains autour de la bouche pour que sa voix parvienne au robot qui gesticulait avec véhémence. Ou plutôt qui essayait de danser, avec cette quantité d’energon dans ses câbles… Il avait de la chance que le ridicule ne tue pas !

Après cette scène, les optiques et le processeur de Moonlight devinrent complètement flous, altérant ses souvenirs du reste du cycle.

FIN FLASHBACK

C’était la toute dernière chose dont elle se souvint ce soir-là, avant son coma éthylique : Hot Rod qui se tortillait bizarrement sur une table, sous les regards horrifiés des deux clients assis à cette dernière. Les pauvres… Quelle vision d’horreur. Un sourire amusé envahit peu à peu son visage qui paraissait étrangement terne, comparé au gris habituel. Moonlight retenta alors l’expérience de se lever pour rejoindre la pièce de vidange située à environ neuf mètres de sa chambre, beaucoup trop de mètres dans cet état, selon elle… Mais retrouvant sa détermination après avoir senti la pression grandissante dans son réservoir, elle finit par atteindre la pièce sans aucun incident sur la route. Une victoire ! À la sortie de sa vidange expresse, elle reçut une communication privée d’Optimus qui lui demandait de le rejoindre à son bureau dans les plus brefs délais.

Son anxiété monta d’un cran, mais il fallait qu’ils discutent.

{==Bureau d'Optimus Prime, Iacon==}

Son appréhension grandissait à chacun de ses pas pendant qu’elle approchait du bureau de son Opiluk. La distance se réduisait drastiquement. Au bout d’un long couloir baigné de lumière, la porte immense se dressait devant elle, tel un rappel cruel de ce qui l’attendait derrière. Moonlight s’arrêta juste devant cette large porte en la scrutant nerveusement avec ses optiques, cherchant le courage qui s’était volatilisé dès l’instant où elle avait franchi l’entrée de ce maudit centre. Pourquoi était-elle aussi anxieuse ? Ce n’était pourtant que son Opiluk ! Depuis quand redoutait-elle autant un face-à-face avec lui ? Peut-être parce qu’elle n’était pas en état, résonna sa propre voix dans son esprit. Elle grogna à ce souvenir. Oui, elle avait la réponse à cette question, et c’était bien cela qui alimentait encore plus son inquiétude concernant leur future conversation.

«Entrez.» Se manifesta la voix d’Optimus derrière l’épais métal.

Moonlight se raidit aussitôt, abasourdie. Comment avait-il fait pour savoir qu’elle était juste derrière la porte ? Avait-il un sixième sens, ou quelque chose comme ça ? Puis elle comprit rapidement qu’au cours de son hésitation, ses émotions s’étaient abondamment transmises par leur lien, et que son créateur en avait donc déduit sa présence à proximité de son bureau. Elle n’avait pas été assez attentive, zut ! Et maintenant, impossible de faire machine arrière… Elle allait devoir affronter la dure réalité, tout en encaissant de sévères réprimandes pour son imprudence du cycle passé. Redressant son châssis et ses épaules d’un souffle tremblant de ses évents, Moonlight adopta une expression combative avant de déverrouiller la porte pour accéder à la pièce cachée derrière.

Elle le vit presque immédiatement, l’imposant mecha rouge et bleu assis derrière son grand bureau qui faisait fièrement face à l’entrée. Impossible de le manquer… Il dégageait une telle prestance, une aura si puissante qu’il attirait inévitablement tous les regards. De nombreux datapads jonchaient la table ovale au centre de la salle relativement vide, la plupart soigneusement empilés à gauche du Prime, assis bien droit sur son large siège. Derrière lui, une grande baie vitrée offrait une vue exclusive sur le désert de Cybertron, à l’ouest de Iacon, tandis que les autres bureaux du centre donnaient tous sur la ville. Des bureaux occupés qui se trouvait sur le côté gauche, derrière une vitre séparatrice. Ce désert titanesque de métal et de poussière n’avait pas toujours été ainsi. À l’époque de l’âge d’or, la cité de Iacon s’étendait bien plus loin, couvrant une superficie dépassant largement la taille de Kaon et de l’ancienne capitale Trypican réunies.

«Assieds-toi, je te prie.» Demanda calmement Optimus, désignant du geste le seul siège libre avec sa main droite. Il gardait ses optiques rivées sur le datapad qu’il examinait jusqu’à ce qu’il entende le grincement familier de la chaise. Alors il leva les yeux vers sa fille, silencieuse depuis son entrée. À son apparence maladive, il plissa les optiques d’inquiétude, attendant qu’elle dise quelque chose pour comprendre la cause de cet état patraque. Mais face à son silence obstiné, le Prime laissa transparaître ses pensées et sa préoccupation.

«Tu n’as pas l’air en forme, tu devrais aller consulter Ratchet sans attendre. Les maladies ne sont pas à prendre à la légère sur Cybertron. Je peux t’obtenir un rendez-vous immédiatement si tu le souhaites…» Commença Optimus, jusqu’à ce que Moonlight secoue la tête pour l’empêcher de finir.

«Je vais bien, ne t’inquiètes pas pour moi. Je manque juste de repos.» Coupa-t-elle brusquement d‘un déglutissement tout en forçant un sourire sur son visage manquant de brillance. Elle voulait changer de conversation avant qu’il n’apprenne par mégarde ce qu’elle avait fait hier soir ! Ce serait dramatique. Par chance, son Opiluk n’insista pas, cependant il continuait de la regarder fixement d’un air soucieux, cherchant à déceler le vrai du faux.

Car même si elle souriait, le lien parlait à sa place.

«Je ne suis pas en colère contre toi. Je voulais juste avoir une petite discussion à propos de certaines choses…» Il laissa sa phrase en suspens pendant qu’il évaluait Moonlight et ses nombreuses expressions faciales, une légère pointe de tristesse au Spark lorsqu’elle gardait la tête baissée. Il se racla doucement le vocaliser ; «Ce que vous avez fait le cycle dernier était dangereux et irréfléchi. Imagine un peu s’il vous était arrivé quelque chose de grave, nous n’aurions rien pu faire. Personne ne savait où vous étiez. Par conséquent, je ne veux plus que cette situation se reproduise, jamais. Est-ce bien clair ?»

«Oui, j’ai compris.» Moonlight se décala mal à l’aise dans son siège à la voix autoritaire de son Opiluk. Cependant, elle ne le regardait toujours pas dans les optiques, ce qui semblait l’agacer de plus en plus.

«Dois-je te rappeler certaines notions pour qu’enfin l’information rentre dans ton petit CPU ? Les Decepticons n’auront aucune pitié à votre égard si jamais ils vous attrapaient. De jeunes Autobots en plein apprentissage, destinés à devenir des guerriers robustes en quête de reconnaissance et d’identité, ils ne manqueraient jamais une occasion pareille pour causer des dégâts considérables ! Vous êtes des proies faciles et influençables, sans la moindre idée de ce qui vous attend ! Ton comportement est intolérable, alors regarde-moi quand je te parle !» Somma Optimus en frappant son poing sur la table, renversant la pile de datapads dans le processus. L’ignorance était quelque chose qu’il ne supportait pas, et il ne l’avait pas élevée ainsi.

«Nous ne faisions rien de mal, je t’assure ! Je suis désolée pour notre imprudence et oui, nous ne savons pas ce qui nous attend dehors. Mais comment veux-tu qu’on apprenne si on reste constamment enfermés ici ?» Se révolta Moonlight après avoir enfin levé ses optiques pour croiser le regard contrarié d’Optimus, le Spark pulsant la chamade dans son châssis bleu.

«Ne me parle pas sur ce ton ! Et il existe des camps d’entraînement pour ça, justement. Des lieux pour vous apprendre comment vous battre et comment éviter la mort !» Répliqua sans attendre le Prime d’un timbre de voix impitoyable. En revanche, il ne s’attendait pas à la réponse foudroyante de sa fille qui se leva d’un bond de sa chaise.

«Mais tu refuses que j’entre dans l’un d’eux ! Tu trouves toujours une excuse pour que j’abandonne cette idée de m’entraîner comme un vrai guerrier Autobot. Je n’ai même pas le droit à une arme ! Tu ne voulais pas que je suive Bumblebee alors qu’il aurait pu m’aider à traverser ces épreuves ! Comment suis-je censée apprendre tout ça si tu ne me donnes même pas la chance d’essayer ? De prouver ma valeur ? Qu’ont-ils de plus que moi ? Tu penses que je suis trop faible, c’est ça ?» Se déchaîna-t-elle, à bout, son visage s’assombrissant alors que les larmes d’injustice remplissaient ses optiques. Ses émotions étaient trop fortes à gérer, elle n’arrivait plus à les contrôler comme elle le voulait pour éviter de montrer cet aspect de sa personnalité à son créateur. Pourtant, elle craquait déjà…

Oui, elle était si faible.

Optimus cligna rapidement des optiques face à cet éclat de voix impressionnant, à cette colère qu’il ne soupçonnait pas. Perplexe, il perdit un instant ses mots devant l’apparence misérable de sa fille debout face à lui. Il n’aurait jamais imaginé entendre une telle colère de sa part, et il fut profondément troublé en percevant soudain dans leur lien ce mélange d’émotions contradictoires. Il avait toujours pensé qu’elle était encore tributaire de sa protection, mais ce cri révélait combien elle cherchait à s’en affranchir. Elle ne lui avait jamais manqué de respect, pas une seule fois. À cet instant, il se souvint du regard de déception que Moonlight lui avait lancé lorsqu’avec ses amis, elle était venue lui annoncer les manigances des Decepticons, et à quel point il s’était senti coupable. Elle lui en voulait pour quelque chose, mais quoi exactement ? Confus, le Prime opta pour une approche moins brutale. Il se rassit lentement sur sa chaise, croisa les mains devant lui sur la table et attendrit son regard pour calmer Moonlight. Immédiatement, la peur et la colère s’atténuèrent dans leur lien.

«Bientôt, tu auras toutes les capacités pour devenir l’Autobot que tu souhaites. Mais pour l’instant, tu es encore trop jeune… Je te l’ai déjà expliqué maintes fois, Moonlight. Il te manque la confiance et la détermination nécessaires pour intégrer l’un de ces camps spécialisés. La prudence est et restera toujours de rigueur tant que cette guerre n’aura pas trouvé d’issue.» Expliqua Optimus dont le tempérament s’était adouci en voyant les larmes monter dans les optiques de sa fille. C’était particulièrement douloureux de la voir ainsi, toutefois son visage resta de marbre.

«Mais la prudence n’a jamais été une solution durable ! Cette guerre ne connaîtra jamais de fin… Pas en continuant à rester dans cette position, pendant que nos ennemis gagnent en force dehors !» Moonlight secoua la tête, submergée par le désespoir avant de se rasseoir à sa place. Dépitée. Ce même désespoir la submergea totalement lorsque Optimus déclara la chose suivante avec lassitude.

«Tant que je porterai le titre de Prime, nous continuerons à choisir la voie de la prudence, même si cela signifie demeurer retranchés dans notre cité jusqu’à ce que cette guerre trouve un terme. Ce n’est pas de la faiblesse… C’est la seule façon d’assurer la survie de notre peuple. Un cycle, tu comprendras.» Le Prime se massa les optiques du bout des doigts, retrouvant son ton inflexible habituel.

«Je comprends beaucoup plus que tu ne l’imagines. Mais tu refuses de faire face à la réalité que j’ai grandie, et que je ne suis plus le petit étincelant d’autrefois. Tu t’obstines à croire que je suis naïve… Alors que c’est toi qui l’es.» Rétorqua froidement la fembot bleue enfoncée dans son siège avec les bras croisés sur son châssis, le regard perdu quelque part sur la table. Ses dentas étaient serrées de colère tandis que son Spark pulsait d’une tristesse sans précédent.

Optimus fut véritablement blessé par ces mots, mais il maintenait cette expression intransigeante pour ne pas se laisser démasquer. Il ne savait pas exactement ce qu’il ressentait face à ces propos difficiles à entendre et à admettre… Peut-être de la déception, de la colère, ou encore une profonde tristesse d’apprendre qu’il renvoyait une telle image à sa fille, qui souffrait d’un mal-être profond. Cela devenait une évidence à ses optiques. Pourtant, il ne pouvait nier cette honte profonde. Honte d’avoir laissé s’éteindre cette part de lui qui autrefois savait aimer sans retenue. Il n’osait pas l’avouer, mais il avait peur de la perdre si jamais elle rejoignait l’un de ces fameux camps, qu’elle finisse par partir et ne revienne jamais à la maison… Morte, de la main d’un Decepticon, dans le pire des scénarios. Cette simple idée le remplissait d’effroi. Mais comment lui dire ? Comment lui faire comprendre toutes ses craintes qui le rongeaient à petit feu, cycle après cycle ? Optimus n’en savait rien. Il ne le savait plus depuis longtemps.

Il leva les optiques quand Moonlight reprit d’une voix frêle.

«Je t’ai attendu. Tous les soirs. Jusqu’à tomber d’épuisement. J’espérais que tu reviennes à la maison, qu’on se retrouve comme on le faisait dans le temps. Avant tout ça...» Regretta amèrement Moonlight, un rictus au coin des lèvres.

Gardant ses optiques sur elle, Optimus se sentit complètement impuissant face à ce visage marqué par la douleur. Une souffrance si profonde, enracinée depuis longtemps. Les larmes qu’elle tentait en vain de retenir coulaient désormais librement sur ses joues argentées avant de disparaître sous son menton pour finir leur course sur les plaques bleues qui composaient son châssis. Cette pointe d’accusation dans sa voix frappait directement son Spark, malmené par les émotions fortes de sa fille en émoi. Et les siennes aussi, la culpabilité le frappant comme dix tonnes de métal. C’était donc de là que venait la source de tous ses tracas… Cette soudaine animosité envers lui, ainsi que les nombreux refus de communication. Comment avait-il pu être aussi aveugle pendant tout ce temps ? Son absence était la cause de sa souffrance et il n’avait absolument aucune excuse, si ce n’est que son travail lui prenait tout.

Comme si elle lisait dans son esprit à ce moment-là, Moonlight confirma ses soupçons de la plus douloureuse des manières. Ses optiques embrumées de larmes, elle se pencha pour attraper l’une de ses mains dans la sienne, ouvrant doucement la bouche pour dire quelque chose qu’elle semblait garder au fond d’elle depuis un moment. Elle hésita, son regard s’égarant un instant sur les datapads éparpillés sur le sol avant de revenir au sien, entraînant son Spark à pulser beaucoup plus vite que la normale. Il voulait tant enrouler sa main autour de la sienne, mais il en était incapable, comme une force invisible qui le retenait de faire quoi que ce soit de physique. Les nombreux cycles stellaires à s’être endurci en était la cause principale.

«Te renfermer dans ton rôle de Prime ne la ramènera pas, ni aucun de nos amis tombés au combat. Tu ne peux pas empêcher les événements de se produire. Personne ne le peut, pas même toi… Les bots comptent sur la sagesse de leur Prime, mais tu n’es pas juste une machine faite pour accomplir une tâche. Tu es aussi un Autobot comme nous, avec des besoins et des rêves. J’aimerais tellement pouvoir revenir en arrière, à cette complicité qu’on avait tous les deux, lorsqu’on passait encore du temps ensemble. Tu te souviens ? Une époque où ton travail n’était pas ta seule source d’inspiration ni ta seule préoccupation. S’il te plaît, Opi… Souviens-toi.» Sanglota Moonlight en resserrant ses doigts autour de la main du mecha silencieux, sa voix se perdant à mi-chemin de son discours. Elle était si désespérée de retrouver le créateur qu’elle avait connu, ou du moins un semblant de celui-ci, qu’elle était prête à faire n’importe quoi.

Car elle l’aimait plus que tout au monde.

«Ne me parle pas d’elle.» Se braqua soudainement Optimus en retirant sa main de l’emprise de Moonlight.

Elle avait hélas fait référence à une fembot qu’ils avaient connue autrefois, avant qu’une bombe larguée par les Decepticons ne l’emporte tragiquement : la créatrice de Bumblebee, Sunray. Un point très sensible à ne jamais aborder. Optimus répétait sans cesse qu’elle était morte par sa faute… Sa faute ! Alors qu’ils étaient partis en reconnaissance autour de la ville avec un groupe de guerriers volontaires, les Decepticons leur avaient tendu une embuscade et il avait été le seul survivant… Jamais il ne se le pardonnera, pas même sous les implorations de sa fille. Rien que sa mention avait brisé quelque chose en lui qu’il était incapable de contrôler, à son plus grand désarroi mais aussi à celui de Moonlight. Il retrouva instantanément son air inébranlable, puis se leva de son siège avant de désigner la porte de la main droite, refermant au minimum le lien pour ne pas affecter sa fille de son état.

C’en était de trop, il avait besoin d’être un peu seul.

«Retourne à nos quartiers et je ne veux plus jamais entendre parler de ces camps d’entraînement ! C’est un ordre.» Exigea-t-il sèchement, se renfermant dans son rôle de leader pour ne montrer ni sa peur ni sa faiblesse. Il voulait la protection de sa fille, être certain qu’elle ne courait pas le moindre risque en dépit de sa volonté. Pour autant, il avait le sentiment d’être complètement injuste malgré ses positions.

Mais Moonlight resta figée dans son siège, la bouche entrouverte de surprise, incapable d’accepter cette réponse. Elle était pour ainsi dire choquée. Elle savait à quel point évoquer Sunray était délicat, mais jamais elle n’aurait imaginé une réaction d’une telle violence. Surtout après s’être livrée à lui sur son mal-être, sur son besoin désespéré de renouer le contact. Il s’en moquait. Ravalant ses larmes pour préserver un semblant de dignité, la petite fembot se leva sans un mot pour se diriger vers la sortie, se concentrant sur chacun de ses pas pour ne pas vaciller. Son corps tout entier tremblait de fureur et d’abattement, car pendant un bref instant, elle avait cru que ses mots atteindraient le commandant des Autobots. Mais c’était le vide, encore et toujours. Elle parlait à un mur dépourvu de toute émotion. Juste avant de franchir le seuil, la fembot moralement brisée se retourna une dernière fois vers son Opiluk rigide.

«Nous faisons tous des erreurs, l’important c’est d’apprendre à vivre avec.» Dévoila-t-elle à voix basse avant de quitter les lieux sous les ordres du Prime.

À la disparition de Moonlight derrière la porte, Optimus cacha aussitôt son visage entre ses mains, dévasté par son incompétence.

{==Rue de Iacon==}

Moonlight marchait d’un pas précipité dans la rue sans vraiment savoir où elle allait. La tristesse s’était muée en une colère sourde et brûlante, presque dangereuse tant elle menaçait de lui faire perdre tout contrôle. Elle n’en revenait pas. Comment avait-elle pu être assez stupide pour croire ne serait-ce qu’un instant qu’il allait vraiment l’écouter cette fois ?! En fin de compte, Optimus avait raison sur un point, elle était beaucoup trop naïve… Cette prétendue conversation, censée ouvrir une brèche entre eux, n’avait fait que creuser un fossé plus grand encore. Un fiasco. Exactement comme elle l’avait d’abord redouté, avant de se forcer à espérer, à croire que rien ne pourrait être pire que ce mur de silence entre eux. Quelle illusion. Maintenant elle doutait sérieusement que leur relation, déjà bancale, puisse un cycle s’améliorer après ce qui venait de se produire dans ce fichu bureau d’ermite. Peut-être qu’il n’y avait jamais rien eu à sauver, finalement.

Les nerfs à fleur de métal, la fembot échauffée grogna d’exaspération tout en serrant les poings à ses côtés. Si fort qu’elle sentit presque ses jointures craquer sous la pression. Elle en avait plus qu’assez de s’évertuer à faire tous les efforts et de ne jamais constater le moindre changement ! Plus qu’assez d’être soucieuse de son bien-être, alors qu’il s’en fichait totalement du sien ! Elle faisait de son mieux pour être irréprochable et voilà ce que ça donnait… Résolue à tenir tête à son créateur devenu insensible la fembot, en pleine réflexion, entra brusquement en collision avec quelque chose de dur. Ou plutôt quelqu’un, d’après le bruit étouffé qui suivit cet impact frontal. Dorénavant assise sur le sol d’une main contre sa tête là où il y avait eu le contact avec l’inconnu, Moonlight plissa les optiques avant de lever sa tête vers le mecha.

«Aouch ! Oh, hum, pardon excusez-» Toutefois elle ne put terminer ses excuses.

«Vous ne pouvez pas faire un peu attention ?! Regardez où vous allez !» Rouspéta violemment le robot tout en gesticulant énergiquement. Elle distingua vaguement une insulte s'échapper de sa bouche, mais fit mine de ne pas l’entendre.

«Je suis désolée… J-je ne vous avais pas vu…» Balbutia Moonlight, désarçonnée face à l’attitude agressive du robot orange qui la surplombait.

Ne voulant pas envenimer davantage cette situation embarrassante, elle attendit que le bot s’éloigne avant de laisser échapper un profond soupir, tentant de calmer ses systèmes en surchauffe après cet accrochage tendu. Un incident qui aurait clairement pu dégénérer avec un bot aussi irritable, maintenant qu’elle y repensait… La courtoisie se faisait décidément de plus en plus rare à Iacon, c’était un fait. Encore troublée par ce comportement odieux, Moonlight entreprit de se relever mais un détail dans sa vision périphérique attira son attention et la stoppa net dans son mouvement. Son protoforme refusait de répondre, tandis que ses optiques s’ancrèrent sur une silhouette à quelques mètres dans la rue voisine. Une décharge électrique subite traversa son Spark, à l’instar d’un système central soumis à une surcharge soudaine. Elle resta immobile, comme paralysée.

Dans cette rue, des optiques rouges.

Les mêmes que lors du dernier cycle ? Elle ne pouvait l’affirmer, absorbée qu’elle était par ces optiques intrigantes. Elle avait cependant l’impression que le bot tapi dans l’ombre de la ruelle cherchait quelque chose en elle… Qu’il était là dans un but précis. Moonlight oscillait entre la peur suscitée par cette présence et la curiosité quant à la nature de ses intentions. Encore étalée sur le sol au beau milieu de la rue peu fréquentée à ce groon du cycle, la fembot stupéfaite continuait d’épier intensément ces optiques incandescentes, alors qu’une étrange sensation de déjà-vu stagnait dans son Spark. C’était à la fois ensorcelant et inquiétant… Puis elle retrouva enfin sa capacité motrice lorsque les optiques mystérieuses disparurent dans la ruelle menant aux remparts nord, comme si une emprise invisible venait de la libérer de ses liens.

Moonlight devait en avoir le Spark net. Poussée par son instinct et une impulsivité passagère, la jeune fembot se hissa sur ses pedes pour courir après l’étrange ombre qui s’enfonçait toujours plus loin dans la ruelle. Elle ne voulait surtout pas le perdre de vue, donc elle accéléra sa course jusqu’à entrevoir un éclat de noir et de blanc à la lumière des soleils filtrant entre les tours. Elle bouscula deux bots sur son passage, mais elle n’avait pas le temps de s’excuser auprès d’eux, sous peine de perdre l’inconnu qui éveillait tant d’intérêt en elle. Finalement, ils arrivèrent aux portes des remparts ouvertes donnant sur une petite partie du désert de Cybertron ainsi que sur le tristement réputé canyon des Mille Voix. Ses pedes crissèrent sur le sol pour ralentir sa course au moment où elle atteignit les portes, de petites étincelles jaillissant du contact de ses talons sur le métal.

Le mystérieux mecha blanc et noir avait totalement disparu de sa vue. Il s’était littéralement volatilisé dans le décor stérile. Retenant un juron contre sa propre lenteur, Moonlight balaya nerveusement du regard les tours de Iacon jusqu’au canyon qui se dressait à quelques kilomètres devant elle. Le robot ne pouvait qu’être allé là-bas, dans la précipitation… Il n’y avait pas d’autre option. C’était un lieu rarement visité en raison de sa dangerosité. Mais que penserait son Opiluk s’il apprenait qu’elle était partie seule, loin de la ville, à la recherche d’un potentiel ennemi malgré ses mises en garde ? Elle se posa la question machinalement, avant de la chasser aussitôt de son esprit. À quoi bon s’en soucier ? Il s’en fichait, de toute façon. Elle allait lui prouver qu’il avait tort de la croire faible en revenant saine et sauve, sans jamais se faire repérer.

Telle était devenue sa devise depuis qu’elle aspirait à devenir espionne Autobot. Un secret ? Certainement ! Personne mis à part Bumblebee n’était au courant de son rêve de carrière. Elle tenait cette vocation de l’Autobot Jazz, qu’elle admirait profondément comme un exemple à suivre. Elle voulait en parler à son créateur, mais comme il était toujours absorbé par d’autres affaires, elle n’en avait pas vraiment eu l’occasion. De plus, sa dernière grosse déception survenue il y a à peine quelques breems, n’aidait en rien cette situation déjà compliquée où la communication entre eux devenait de plus en plus difficile. Voire impossible, comme l’avait prouvé Optimus et sa condescendance. Moonlight ne savait pas si c’était seulement pour défier son Opiluk qu’elle voulait faire cette folie de repousser les limites, mais elle voulait obtenir des réponses, avec ou sans l’aide de qui que ce soit.

Alors elle se redressa, chassant toutes ses incertitudes pour franchir courageusement les portes nord de la capitale sans aucune hésitation. Peu importaient les conséquences, désormais elle prenait ses propres décisions, faute d’obtenir le consentement de son Opiluk si terriblement injuste avec elle. Elle voulait lui montrer de quoi elle était capable ! Qu’elle ne renonçait pas aussi facilement et qu’elle méritait sa place de guerrière dans l’équipe Prime. Animée par une détermination salvatrice, Moonlight s’élança vers le canyon redouté pour ses nombreux dangers, bien décidée à demander des comptes à celui qui la suivait dans l’ombre.

Mais aveuglée par son audace, elle ne se doutait pas qu’elle s’avançait droit dans un piège.

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POV Moonlight

Le grand canyon des Mille Voix qui m’entourait était particulièrement impressionnant, voire même effrayant avec ces ombres qui dansaient sur le sol. Pourtant, il ne ressemblait pas tout à fait à mes souvenirs. Tout semblait plus… Calme. Si étrangement calme. L’endroit était immense et désert, balayé par un vent constant qui frappait les parois escarpées, façonnées comme des bêtes ailées. On l’appelait le canyon des Mille Voix parce qu’à chaque bourrasque, on aurait dit entendre mille voix s’élever en même temps, un peu comme des hurlements. C’était ce que Jazz m’avait raconté lorsqu’il m’avait emmenée là pour une exploration historique, à une époque où je n’étais qu’un jeune robot à peine plus grand que sa jambe. Je me rappelais aussi du sermon qu’il avait reçu quand Optimus avait appris ce qu’il avait fait durant ce cycle solaire, la seule fois où il avait eu le droit de me garder.

La seule et unique fois, après ça !

Je souris légèrement à ce souvenir pas comme les autres. Pauvre Jazz… J’avais ressenti beaucoup de compassion pour lui à ce moment-là même si, avec du recul, c’était une initiative plutôt inconsciente de m’emmener ici. Un jeune robot, dans un endroit aussi dangereux ? Je comprenais un peu mieux maintenant la terreur que mon Opiluk avait dû ressentir… Une vague de nostalgie envahit tout à coup mon Spark, accompagnée du désir soudain de le voir explorer à mes côtés, avec moi. Chose qui, hélas, n’arriverait plus jamais, c’était certain. Chassant rapidement cette pensée morose de mon esprit, je m’enfonçai plus profondément dans le canyon à la recherche d’un signe de vie de l’énergumène noir et blanc. Cela faisait déjà un bon groon que j’avais l’impression de tourner en rond entre ces falaises écorchées par les pluies acides et les intempéries. Je ne voulais pas l’admettre à haute voix, mais j’en avais aussi besoin pour réfléchir et faire le vide dans ma tête.

Absorbée par mes pensées, l’energon se contracta dans mes câbles au craquement qui retentit brusquement quelque part dans le canyon devenu encore plus oppressant. Cela ressemblait au bruit d’un morceau de métal dévalant la hauteur vertigineuse des parois, finissant par rebondir plusieurs mètres plus loin derrière moi. Un lourd silence s’installa alors, au point que même le vent semblait s’être tu, comme si tout était prémédité pour me faire une bonne frayeur. À cet instant, un doute m’envahit. J’étais presque certaine que quelqu’un m’avait suivie jusqu’ici, rien que pour me jouer une vilaine farce. Le nom d’Hot Rod me vint naturellement à l’esprit, bien que ce bot soit incapable de rester discret plus d’un breem ! Or, cela faisait bientôt un groon et demi que j’arpentais ces lieux seule…

Il y eut un autre craquement, puis un autre, et ainsi de suite... Une fois le hasard, mais certainement pas trois fois de suite, c’était impossible ! Il y avait définitivement quelque chose ou quelqu’un qui me suivait, le doute n’était plus permis à ce stade-là. J’abandonnai l’idée qu’il s’agissait de Niltrex, d’Hot Rod ou encore de Sideswipe pour envisager plutôt que quelqu’un d’autre m’observait depuis les hauteurs, cherchant à me faire comprendre que je n’étais pas seule dans ce trou au milieu de nulle part. Je commençai sérieusement à regretter ma décision de partir seule, maintenant que ma colère s’était dissipée. Était-ce le mystérieux mecha que je cherchais ? Une supposition rapidement écartée par l’apparition d’une silhouette méconnaissable, voilée par la poussière soulevée lors de son atterrissage brutal sur le métal, son poids conséquent faisant vibrer le sol tout entier. À ce moment-là, je sus que j’avais commis une terrible erreur.

Le robot imposant aux splendides teintes vert néon et noir s’avança lentement vers moi tout en retirant sa visière de son visage pour dévoiler une paire d’optiques rouges. Mon energon se glaça dans mes câbles à cette vision. Mon vocaliser se serra, mes pedes refusèrent de bouger, sous le choc. Je n’avais jamais vu ce bot. Un Decepticon, armé jusqu’aux dentas, m’avait suivie depuis le début de mon exploration et c’était lui l’auteur de tous ces bruits suspects. L’immense mecha me fixait de son regard féroce tandis qu’il continuait de s’approcher sans se précipiter, comme s’il savait déjà que j’étais une proie facile incapable de riposter. Maintenant que j’y pensais, c’était exactement ce que j’étais… Je n’avais aucune arme intégrée à mon armure, rien pour me défendre contre cet ennemi ! Je pourrais toujours essayer de fuir en utilisant la vitesse de mon mode alternatif à deux roues, mais j’étais horrifiée.

Trop horrifiée pour faire quoi que ce soit de lucide.

Ces optiques rouges éveillaient en moi quelque chose de profondément enfoui, semblable à un vieux souvenir effacé par le temps. J’étais littéralement pétrifiée par cette sensation familière qui me replongeait dans mes jeunes époques, alors que je n’étais encore qu’un tout petit étincelant, terrifié par ces optiques coupables de nombreux cauchemars. Je voulais courir pour m’enfuir de ce nouveau cauchemar éveillé, mais à la place je trébuchai sur mes pedes pour me retrouver au sol dans un bruit sourd suivi d’un soupir causé par ma chute brutale. J’étais totalement déboussolée, mes audios n’arrêtaient pas de siffler. À chacun de ses pas lourds vers moi, ma mémoire me jouait des tours, cherchant inlassablement à mettre un souvenir perdu à la lumière. Je gémis à nouveau puis plissai les optiques de douleur lorsque des images floues passèrent devant ma vision trouble.

Des optiques… Rouges. Un cri. De la douleur, de la douleur partout ! Ma tête me faisait atrocement mal ! Quelqu’un me serrait trop fort, je sentais le métal craquer sous la pression. Plus de douleur, plus de peur… Puis, plus rien.

«Viens ici, petite Autobot.» Chantonna le mecha qui me ramena à la réalité.

Mes optiques s’écarquillèrent à l’intensité de cette voix rauque alors que mon Spark s’emballa, affolé. Je poussai un hurlement de terreur puis me mis à reculer en me traînant dans la poussière, désespérément, pour tenter d’échapper au mercenaire face à moi. Ce revirement de situation était tellement inattendu… Mon vocaliser fonctionnait à nouveau mais aucun mot n’en sortait, seulement des cris déchirants, poussés par la panique. Mon Spark était en détresse, torturé par l’effroi. Des images fulgurantes, floues et incompréhensibles assaillaient mon esprit sans répit. C’était réel, beaucoup trop réel ! Mais d’où venaient-elles ?! Je ne les comprenais pas ! Elles me faisaient atrocement souffrir, me clouant au sol dans l’incapacité de m’enfuir. Même en mode alternatif. J’étais vraiment stupide… J’aurais dû l’écouter. Et maintenant, il était peut-être déjà trop tard. Car face à lui, même le courage semblait avoir déserté mon Spark.

Oh Opi… Si tu savais comme je suis désolée. Tu avais raisonJe me blâmai avec amertume, le Spark chargé de regrets. J’avais été stupide et inconsciente, sourde à ses avertissements. Et maintenant, j’allais en payer le prix pour n’avoir suivi que ma propre impulsion.

«Inutile de courir. Tu es à moi ! Tu ne m’échapperas pas.» Grogna le Decepticon, sa voix grave résonnant comme un glas. Il leva son crochet au-dessus de moi, bloquant la lumière des soleils avec son bras.

J’avais l’impression de sombrer dans un abîme sans fin, de perdre tous mes repères… Tétanisée par la peur et incapable de bouger, je sentais la mort approcher, inévitable et froide. Acceptant ce sort faute d’alternative, je fermai lentement mes optiques… Et inondai le lien d’un dernier élan d’amour mêlé à une profonde culpabilité. Après tout ce qui s’était passé entre nous, il méritait mieux. Et une fois de plus, j’allais cruellement le décevoir à cause de mes erreurs. Mourir sur une dispute… C’était ça qui me désolait le plus. Figée sur place, je me préparai à recevoir le coup fatal. Celui qui transpercerait mon châssis, qui mettrait un terme à ma courte existence, qui m’emmènerait jusqu’à Primus. C’était ce que ressentaient les braves, n’est-ce pas ? Les héros, face à leur dernier combat ? Mais alors… Pourquoi mon Spark hurlait-il à l’intérieur ? Pourquoi cette terreur brûlante me lacérait-elle les câbles ? Parce que je ne voulais pas mourir.

Pas comme ça. Pas maintenant.

«Pitié …» Murmurai-je dans un dernier brin d’espoir de lui inspirer de la compassion, m’accrochant désespérément au lien créateur tout en détournant mon visage du Decepticon menaçant.

Je sentis une intense détresse de l’autre côté. Éclatante et inespérée.

«Il te voulais vivante, mais je n’ai aucune pitié pour les Autobots. Dommage pour toi.» Ces paroles saturées de haine scellèrent l’issue de cette confrontation.

.:Moonlight !:. Opi… Ta voix.

Un sifflement fendit le silence, suivi d’un son.

À suivre…

L’OC Isis appartient à AnnabelleCoteZircon de Wattpad.

L’autre OC… Reste pour l’instant un mystère. À moins que vous ne vous rappeliez certains détails de l’histoire ;)

À bientôt ! 


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