Petite Etincelle
CHAPITRE 12
«Je l'ai regardée, et c'est à ce moment-là que j'ai compris que malgré toutes nos différences, nous ne faisions qu'un.»
POV Moonlight
Mes optiques s’ouvrirent brusquement. Il faisait sombre, très sombre dans la pièce. C’était à peine si je pouvais distinguer les contours du mobilier qui la décorait. Où étais-je ? Qui était là ? J’étais persuadée d’avoir entendu une voix, là, quelque part dans les ténèbres oppressantes. La faible lueur de mes optiques perçait suffisamment l’obscurité pour que je puisse voir ma main posée sur la vitre du pare-brise de mon créateur rechargeant paisiblement sous moi. Cette constatation me rassura immédiatement. Je n’étais pas seule, Opi était là avec moi, comme il me l’avait promis ! Cette constatation apaisa instantanément la terreur qui s’était propagée dans mes circuits alors que je rechargeais profondément, bercée par de doux rêves. Des rêves qui, comme toujours, se transformèrent en cauchemars…
Hantée par l’angoisse qu’une paire d’optiques rouges surgisse de la noirceur à tout moment, je poussais un petit gémissement de terreur, inaudible à l’audio-récepteur de mon Opiluk. Je ne voulais surtout pas le réveiller, car je sentais dans le lien qu’il était épuisé par les derniers cycles et qu’il avait grandement besoin d’un repos prolongé. Mais j’avais si peur… Peur de voir mon cauchemar devenir réalité et d’être emportée par le méchant robot qui m’avait fait du mal. Je me sentais vulnérable malgré la présence rassurante de mon Opiluk. Je me recroquevillais un peu plus, espérant devenir invisible aux optiques de mes ennemis imaginaires. La noirceur m’inquiétait, j’avais la sensation d’être observée en permanence. M’accrochant désespérément à la barre de son pare-brise, je repliais un peu plus mes petites jambes contre mon châssis, frissonnant au froid mordant qui régnait dans la pièce.
Même la chaleur naturelle du Spark d’Opi ne suffisait plus à me réchauffer de l’intérieur. Je n’osais même plus fermer mes optiques car si je le faisais, je savais que mon vilain cauchemar allait bondir pour m’attraper et peut-être même me dévorer !
J’attendis donc dans cette position sans bouger pendant plusieurs longs breems, à l’écoute des plus subtils bruits étranges de la pièce. Mais mis à part le bourdonnement réconfortant du Spark d’Opi, il n’y avait rien d’inquiétant, alors je finis par doucement me détendre contre son châssis qui me paraissait immense sous cet angle. Non. Qu’importe l’angle, il était toujours gigantesque à mes optiques ! C’était incroyable de voir à quel point je semblais minuscule par rapport à ce robot, un peu comme avec mon ancien créateur finalement. Lui aussi avait cette taille impressionnante et un Spark qui me prodiguait un fort sentiment de protection. Poussant un soupir d’ennui, je reposai à nouveau ma tête au-dessus des câblages épais tandis que mes petites optiques se posèrent sur ma main posée à côté de ma tête. Cela faisait un moment que j’étais sortie de ma recharge et maintenant, j’étais lassée d’attendre sans rien faire ni voir de plus que le reflet de mes propres optiques dans la vitre.
Puis, quelque chose se fraya un chemin dans mon petit Spark. De la tristesse... Une intense et pesante tristesse qui me donnait les larmes aux optiques. Mon ancien Opi me manquait, tout comme ma Dani aussi… Tous les deux me manquaient terriblement. Leurs voix, leurs sourires, et leur présence ensemble dans une même pièce, m’apportant leur amour combiné dans un seul et unique lien qui nous unissait tous les trois… Formaient un sacré vide dans mon étincelle de vie. J’avais soudainement très mal à l’intérieur de mon châssis quand je me souvenais de Dani et de la dernière fois que je l’avais vue avant l’apparition du méchant robot effrayant. Quand reviendra-t-elle ? Ne voulait-elle plus de moi ? Et Opi ? Où étaient-ils allés ? Leur absence commençait à durer trop longtemps ! En plus, toutes mes tentatives de prises de contact avaient lamentablement échoué, comme si le lien était fermé ou obstrué par quelque chose. Je ne comprenais juste pas ce qui m’arrivait.
Était-ce de ma faute ?
Une petite larme d’energon coula de mon optique droite jusqu’entre les plaques ci-dessous, suivie d’un gémissement malheureux que je ne pouvais plus contenir. La douleur était sourde, constante. Je voulais qu’elle s’en aille ! Qu’elle disparaisse avec mon terrible cauchemar qui ne voulait jamais me laisser tranquille... Parfois, il arrivait même que le vilain robot de mon rêve finisse par m’attraper, me capturant dans un étau de griffes acérées qui serraient si fort ma tête que je sentais le métal céder sous la pression. Cette horrible sensation paraissait toujours si réelle… Si douloureusement réelle. J’avais l’impression de revivre un souvenir, mais lequel ? Tout s’effaçait depuis que le robot rouge et blanc m’avait manipulée dans les bras de mon nouvel Opi, ce cycle-là dans la drôle de pièce toute blanche remplie d’objets tous plus étranges et effrayants. Mes souvenirs semblaient s’altérer au fil du temps, mais je me raccrochai désespérément aux visages de mes deux créateurs me souriant avec amour. Je ne voulais pas qu’ils disparaissent à leur tour ! Je ne voulais vraiment pas, promis…
Pourtant, ils commençaient eux aussi à devenir de plus en plus flous dans ma tête et je ne pouvais rien faire contre ce phénomène inexplicable. Je ne savais bientôt plus distinguer la frontière entre rêve et réalité, tout semblait se mélanger dans un brouillard oppressant à l’intérieur de ma tête. J’oubliais tellement de choses liées à mon ancienne vie, alors que je ne voulais pas les oublier ! Je faisais de mon mieux pour m’y raccrocher, surtout à ceux qui m’apportaient le plus de bonheur. J’étais très fâchée contre ce robot qui avait touché à ma mémoire, même si c’était dans le but de me réparer, d’après ce qu’il m’avait expliqué. Mais me réparer de quoi ? Pourquoi m’enlever de la mémoire ? Je ne comprenais pas. Frustrée par tant de questions, je laissai sortir un autre soupir, cette fois-ci pour exprimer mon mécontentement. Ce qui interpela Opi car l’instant d’après, la lumière relaxante du lustre se manifesta, puis une main me recouvrit de la tête aux pedes.
«Laisse-moi t'aider. Tu n’as pas à les affronter seule.» La voix barytonne vibra dans tout le châssis sous moi.
Sanglotante, je levai timidement mes optiques vers lui pour voir que son expression était concernée, les crêtes optiques légèrement froncées pendant qu’il m’étudiait. J’étais figée sous son regard soucieux cependant épuisé, me faisant me sentir encore plus mal de l’avoir dérangé pendant sa précieuse recharge… Et peut-être qu’il ne voudra même plus de moi après ça. En proie à mes pensées douloureuses, je me recroquevillai sous sa main tandis que mon visage se chiffonnait alors que de nouvelles larmes apparurent dans mes optiques malheureuses. Je ne voulais pas à nouveau me retrouver seule… Abandonnée à mon triste sort, sans aucun lien avec personne. À mon geste, ses crêtes optiques se creusèrent davantage, mais finalement son expression s’adoucit pendant qu’il me caressait la tête avec son pouce. Tous ses gestes étaient toujours tellement délicats ! Il ne voulait pas me faire de mal. Dans le lien s’écoulait tout un tas d’émotions, pour la plupart incompréhensibles, mais je n’y trouvais ni de la colère, ni du dégoût. En revanche, je reconnus la peine et l’affection. Surprise par ces émotions inattendues, je relevai la tête dans sa direction pour voir que son visage était triste.
«Tu n’as pas à affronter tes peurs toute seule. Même les plus forts d’entre nous ont parfois besoin de quelqu’un pour les guider, surtout dans les moments de doute. Et moi je serai là, quoi qu’il arrive.» Me dit-il, le bleu de ses optiques m’éclairant avec une douceur incomparable.
Ses mots n’avaient pas encore beaucoup de sens à mes audios, mais j’étais convaincue que plus tard, je comprendrais ce qu’Opi avait voulu dire par-là. J’attrapai les doigts de sa grande main lorsqu’il se redressa soudainement en position assise sur sa couchette pour laisser pendre ses pedes vers le sol. Le haut de sa tête touchait presque le lustre flottant au-dessus de nous, la jolie lumière bleuâtre se reflétant sur sa peinture rouge et bleue. Avec une très grande délicatesse, il me redressa contre son châssis avant de me glisser au creux de son bras, puis de lever sa main droite. Je gazouillai, confuse, ne comprenant pas son geste jusqu’à ce qu’il actionne le tuyau d’alimentation magique raccordé à son poignet pour le présenter à mon visage d’un sourire encourageant. Et ce simple geste était amplement suffisant pour me rendre heureuse ! Sans même lui laisser le temps de cligner des optiques, j’agrippai son poignet pour prendre le câble dans ma bouche et laisser le délicieux liquide s’écouler dans mon réservoir, prenant conscience à quel point j’avais faim. Opi était décidément le meilleur !
Il savait exactement quand me nourrir, quand me bercer, quand me faire faire une recharge, m’apaiser dans le lien, me donner un câlin… Engloutissant le précieux liquide en de grandes gorgées effrénées tout en le fixant du regard, je faillis m’étouffer quand une partie de celui-ci s’égara dans mes évents, à la grande détresse d’Opi qui me redressa rapidement.
«Ne bois pas aussi vite ! Tu vas finir par t’étouffer puis tout régurgiter.» M’avertit-il, alarmé, l’index levé à mon expression d’innocence.
Me recroquevillant sous son regard étroit, j’attendis sagement qu’il me tende de nouveau son poignet pour recommencer à boire, cette fois-ci avec beaucoup moins d’enthousiasme. Je ne voulais surtout pas le décevoir, ni lui faire une autre frayeur. Je décidai de prendre mon temps en veillant à ne pas boire trop d’un coup, afin de ne pas contrarier Opi qui surveillait avec attention la vitesse à laquelle j’assimilais l’energon allégé. Je me souvenais les fois où j’avais fait peur à mes créateurs avec ma surprenante rapidité. Je voyais le visage de mon créateur se détendre tandis que je me nourrissais du précieux liquide qui remplissait bientôt entièrement mon réservoir, au point où un petit symbole de trop-plein apparut dans ma vision périphérique. Opi semblait aussi le savoir d’une certaine manière, car seulement un klik plus tard, il rangea le câble à l’intérieur de son bras avant de gentiment me tapoter le haut de la tête. Il me félicitait pour mon obéissance ou pour mon appétit, je n’étais pas certaine de la signification de ce geste.
Mais grâce à lui, toutes mes peurs nocturnes avaient complètement disparu.
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POV Normal
Optimus avait été déstabilisé par le son que Moonlight avait produit au beau milieu de la nuit. D’abord, il avait dû réfléchir à ce que cela pouvait être, avant de se souvenir de l’étincelant qui rechargeait au-dessus de son châssis. C’était un son à peine perceptible, mais grâce au silence absolu de ses quartiers, il l’avait parfaitement distingué. Restant immobile sur sa couchette et gardant les optiques fermées, il écouta plus attentivement les bruits que produisait le petit étincelant niché au centre de ses plaques de torse. Là où elle ne risquait pas de glisser. Cela ressemblait plutôt à des lamentations… À l’écoute de ce son déchirant, son Spark se serra douloureusement. Puis des questions commencèrent à se former dans son CPU, suivies tout naturellement d’une remise en cause car il pensait qu’elle était malheureuse parce qu’il faisait un bien piètre créateur. Cependant, les émotions qui découlaient du lien ne correspondaient pas à son imagination, mais plutôt à de mauvais souvenirs qu’elle revivait.
Un étincelant aussi petit ne devrait jamais avoir à passer par toutes ces épreuves... C’était injuste, et tellement violent pour un âge si jeune où ils étaient encore baignés d’innocence. Lors du premier check-up chez Ratchet, quand il l’avait ramenée la première fois dans la base, il pensait que son ami avait réalisé une remise à zéro des souvenirs pour justement éviter ce genre de complications susceptibles d’entraîner un traumatisme important à long terme. Mais apparemment, son médecin n’avait pas eu la force de supprimer tous ses souvenirs, et il pouvait comprendre ce choix. Cela pouvait sembler cruel comme méthode, bien que nécessaire pour qu’elle puisse s’épanouir dans sa nouvelle vie. Il s’agissait de trouver l’équilibre parfait entre protéger son esprit fragile et préserver ce qui faisait d’elle ce qu’elle était vraiment. Néanmoins, il n’y avait pas de sons plus déchirants que les pleurs d’un petit étincelant apeuré et souffrant… Et Optimus n’y était aucunement insensible.
Cette scène engendra encore plus de culpabilité.
Ne supportant plus d’être à l’écoute de tels bruits, Optimus s’empressa de recouvrir Moonlight de sa main puis d’éclairer un peu la pièce afin qu’elle comprenne qu’elle n’était pas seule et que personne ne voulait lui faire de mal. De toute façon il ne laisserait plus personne lui en faire, il s’en était fait la promesse depuis leur liaison de Spark ce cycle-là, dans les ruines. Et si cela incluait recharger avec la lumière des cristaux allumée, alors il le ferait sans hésitation. Il lui envoya tout l’amour possible à travers leur lien pour que ses larmes de douleur sèchent sur ses joues et qu’un sourire réapparaisse enfin sur son petit visage adorable. Il lui donna le câble pour la nourrir après avoir ressenti sa faim dans le lien, s’assurant qu’elle ne s’étouffe pas pendant son alimentation. Elle avait un appétit vorace ! Constamment soucieux de son bien-être et de ses besoins, le Prime prit une décision pendant qu’il regardait sa fille calmement ingurgiter l’energon allégé qu’il avait lui-même transformé.
Il positionna son index à son audio droit pour ouvrir la communication privée.
.:Jazz, j’aimerais que tu trouves Sunray et que tu me l'amènes dans le bureau des communications. Je dois lui parler, c’est important:.
La réponse ne se fit pas attendre.
.:Monsieur ! Oui, tout de suite, Monsieur !:.
Convaincu d’avoir pris la meilleure décision pour l’épanouissement de Moonlight, Optimus rangea son étincelant dans la cale avant de se lever pour prendre le chemin de son bureau. Il espérait sincèrement que sa requête serait acceptée par la fembot, car il avait vraiment besoin d’elle, aujourd’hui plus que jamais. Moonlight était en détresse psychologique et il ne supporterait plus une nuit de plus dans ces conditions à entendre cette solitude déchirante. S’il y avait bien un bot dans cette base qui pouvait lui venir en aide, c’était cette Autobot en particulier. Se redressant de toute sa hauteur, le Prime s’enfonça dans le long couloir gris qui le séparait du reste du monde, un petit tiraillement au Spark.
{==Bureau des communications==}
POV Normal
Environ un groon plus tard, trois petits coups timides se firent entendre contre la porte métallique, face à la longue table qui occupait le centre de la pièce. Optimus leva les optiques de son rapport quotidien puis invita brièvement celui qui venait de frapper à entrer dans son bureau où de grandes armoires débordaient d’archives en tout genre. Un espace consacré à répertorier tout son travail. Il y eut un petit temps d’attente avant que la porte ne s’ouvre enfin et que la silhouette reconnaissable de Sunray apparaisse à l’embrasure. La fembot, plutôt grande, avait les mains croisées devant elle ainsi que ses optiques rivées au sol, immobile, alors qu’elle attendait patiemment l’autorisation du commandant pour avancer dans la pièce plongée dans le silence. Assis à son bureau, le Prime décala soigneusement le datapad qu’il étudiait sur le côté en joignant ses mains sur la table pour se consacrer entièrement à la fembot qu’il avait fait demander.
«Merci d’avoir accepté. Je vous en prie, prenez place.» Invita-t-il cordialement d’un geste de la main droite au siège vide devant lui.
Au lieu de répondre, Sunray se contenta de hocher nerveusement la tête avant de s’avancer jusqu’au siège indiqué par son supérieur hiérarchique. Elle nourrissait certaines inquiétudes quant à la raison de sa convocation... L’Autobot Jazz, qui était venu à sa rencontre, ne lui avait rien dit sur la nature de cette requête, ni pourquoi le Prime voulait s’entretenir en privé avec elle à l’aube de ce nouveau cycle. C’était si soudain et surtout imprévisible ! Elle ne s’était pas préparée psychologiquement à cet entretien. Pendant tout le trajet des quartiers nord jusqu’au bureau des communications, elle ne cessait de se remettre en question et d’imaginer les pires scénarios possibles après ce qui s’était produit dans les quartiers privés du chef des Autobots. Pour elle, cela ne pouvait signifier que des sanctions pour cette infraction. Ce qui, en toute honnêteté, n’était pas illégitime étant donné que cette faute était grave aux optiques de la loi et qu’elle n’avait absolument aucune excuse. Si ce n’était sa volonté de venir en aide à un jeune étincelant.
Mal à l’aise dans son siège, Sunray déglutit tandis que le Prime, devant elle, se racla le vocaliser pour débuter la conversation.
«Je voulais vous parler à propos de-»
Mais sa phrase fut brusquement interrompue par l’entrée fracassante de l’Autobot Hound, suivi de près par Springer puis enfin par Air Raid. Les trois robots discutaient vivement entre eux et ne semblaient même pas s’être rendu compte qu’Optimus était actuellement en entretien avec quelqu’un. Ils débattaient au sujet d’une nouvelle stratégie pour piéger des troupes Decepticons rodant aux abords de Iacon, mais aussi de la réplique prochaine pour venger les attaques de Trypican. Cependant, la conversation animée vira tout à coup à des haussements de ton lorsque les arguments se mirent à pleuvoir pour défendre les différents points de vue de chacun. Ils n’étaient, a priori, pas tous d’accord sur la manière d’aborder le problème, deux d’entre eux estimant que la violence était la seule issue. Après quelques échanges échauffés, la conversation tourna autour des plaisanteries pour détendre les esprits, la plupart venant de Hound évidemment.
«Ça va, détends un peu tes boulons. Les Decepticons ne vont pas attendre que ce brave Air Raid décide d’un plan de bataille de dernière minute pour attaquer ! L’effet de surprise que tu comptes leur faire ne les fera pas se lubrifier dessus. Mais toi, j’ai un sérieux doute !» Charia ce dernier.
«Moi ?!» S’interloqua Air Raid, les optiques grandes ouvertes et un doigt pointé sur son châssis.
«Non, le Prime !» Se moqua allègrement Hound tout en posant ses mains à ses hanches. Qu’il était bête, celui-là ! Pensa-t-il avec ironie.
Springer gloussa à cette remarque instinctive, mais referma aussitôt la bouche quand il croisa le regard du leader des Autobots installé à la table derrière eux, qui les toisait sévèrement. Un regard qui le fit déchanter sur-le-champ. Visiblement, il n’avait pas trouvé la blague de Hound très drôle… Et pour ne rien arranger, il n’était pas seul. Comme si cette situation n’était pas déjà assez embarrassante, il fallait qu’ils soient en présence d’une fembot ! Une jolie fembot, qui plus est. Son envie de rire s’évaporant en une fraction d’astroseconde, il donna plusieurs coups de coude insistants dans le côté gauche du robot verdâtre robuste qui enchaînait les bêtises pour rabaisser son ami Air Raid, au tempérament facilement inflammable. Malheureusement, les deux Autobots étaient bien trop occupés à se quereller pour comprendre l’ampleur de la situation, alors Springer s’éclaircit la voix dans son poing pour qu’ils se taisent enfin. Le simple geste suffit à rétablir le sérieux.
«Ahem. Bonjour patron. Vous étiez là depuis le début ?» Plaisanta l’Autobot vert et jaune avec un sourire idiot tout en se balançant d’avant en arrière, soulagé que l’attention du Prime soit focalisée sur Hound plutôt que sur lui.
«Par la foudre de Vector ! Euh, pardon Optimus. Nous ignorions que tu étais là. Si cette tête dure d’Air Raid n’avait pas insisté pour une réunion d’urgence aussi…» Grogna sèchement Hound qui croisa les bras sur son châssis kaki avant de plisser les optiques en direction de l’Aerialbot mort de honte. Toutefois, son visage s’illumina lorsqu’une réplique saugrenue lui traversa l’esprit, mais Air Raid s’empressa de parler avant même qu’il ne puisse l’exprimer.
«Mille excuses ! Nous allons passer dans la pièce d’à côté pour ne pas déranger davantage que nous ne l’avons déjà fait !» L’Autobot blanc et rouge plissa sévèrement les optiques vers Hound alors qu’il se dirigeait vers la porte sur la gauche, menant à la salle de réunion numéro quatre. À l’approche de la table, il hocha poliment la tête à la fembot, les joues légèrement bleutées ; «Madame.»
«Une charmante fembot !» Complimenta Springer qui suivait l’Aerialbot de près, levant son pouce en direction d’Optimus toujours silencieux depuis leur intrusion. Mais son regard en disait long sur ce qu’il pensait de leur attitude désinvolte.
«Et toi, tu es trop laid pour même espérer avoir une chance ! Vaut mieux que tu laisses tomber…» Ridiculisa Hound d’emblée. Cela provoqua une réaction immédiate de Springer qui lui donna une tape sur l’épaule, mais aussi d’Air Raid qui leur lança un regard glacial face à leur comportement déplacé en présence du Prime et de la fembot. Le mecha kaki soupira, laissant paresseusement retomber ses bras le long de son châssis.
«Franchement Air Raid, tu devrais aller voir Ratchet pour un check-up. T’es devenu beaucoup trop sérieux avec le temps ! Ça me décourage, non, ça me désole ! Laisser retomber la pression ne te ferait pas de mal, tu sais. Ton petit CPU n’est pas fait pour encaisser autant d’informations d’un coup, tu risques la surchauffe si ça continue.» Taquina le robot insolent d’un sourire espiègle.
«Avance, gros lourdaud !» Springer poussa Hound qui traînait sur son chemin.
«Fais attention ! Ta bouche sera bientôt plus grande que ton pot d’échappement !» Rétorqua son ami poids lourd d’un rire épais tandis que l’Autobot dans son dos lui donna une pichenette dans le casque.
«Arrête de rire, ou tu vas finir par avaler ton cigare. Ça serait dommage de perdre un aussi bon élément que toi. Quoique…» Springer fit mine de réfléchir avant de finalement hausser les épaules avec un sourire moqueur, fier d’avoir fait monter la colère de Hound.
«Hey ! Je suis plus important que tu ne le crois ! Je fais des études de médecine.» Se justifia l’Autobot d’une main sur son châssis bombé de fierté, le menton haut. En entrant enfin dans la salle de réunion ouverte par Air Raid, il enchaîna ; «un cycle, peut-être que ça sera moi qui te sauverai d’un destin fatidique. Baignant dans ta propre mare d’energon, à deux doigts de trépasser, ce bon vieux Hound viendra à ta rescousse.»
«Je t’entendrai venir à des kilomètres à la ronde...» Springer leva les optiques avec lassitude pendant qu’il prenait place à un siège aussi loin que possible de l’Autobot fatiguant. Sa voix s’éteignit quand la porte se referma enfin, laissant Optimus et Sunray seuls.
«Je m’excuse pour la conduite inappropriée de mes Autobots.» S’exprima le Prime une fois le silence revenu dans la salle. Il décroisa ses mains de sous son menton pour les poser à plat sur la surface lisse de la table.
«Ce n’est rien. Ils ont l’air gentils.» Se contenta de dire Sunray d’un sourire désinvolte, les optiques absorbées par la grande baie vitrée à sa gauche qui dévoilait les trois Autobots à table dans le bureau voisin. Ils semblaient avoir un échange houleux, d’après leur gestuelle…
«Où en étais-je ? Ah, oui. Je disais donc que je voulais vous parler de Moonlight.» Reprit Optimus après cet échange un peu maladroit. Cette annonce capta immédiatement l’attention de Sunray, dont le visage exprima non pas le doute, mais l’incrédulité. Recevant un regard ambigu de la fembot, il continua ses explications ; «vous avez de l’expérience avec les étincelants, et ma fille a besoin d’interactions sociales avec d’autres robots pour son bon développement. Plus particulièrement avec des robots de son âge.»
«Vous souhaitez que je vous amène mon fils ?» Demanda-t-elle, les crêtes optiques légèrement relevées trahissant son hésitation à la proposition du Prime.
«Je souhaiterais que Moonlight passe un peu de temps avec votre étincelant, en effet. Vous en prendriez soin lorsque je devrais partir en mission avec mes Autobots ou assurer mes fonctions en tant que Prime. Je ne veux pas la laisser seule plusieurs groons sans surveillance, comme la dernière fois. Et vous êtes la seule fembot que je connaisse ici à avoir un étincelant, et donc, par déduction, la seule en qui je peux avoir confiance. D’autant plus que Moonlight semble vous apprécier.» Optimus hocha la tête puis se laissa retomber contre le dossier de sa chaise, observant la réaction songeuse de la fembot face à lui.
«C’est une lourde responsabilité, vous savez. Mais… Un peu de compagnie pour mon fils lui ferait le plus grand bien. Il est si seul depuis que nous avons été confinés dans cette base souterraine. L’enjeu est important, je le conçois, mais je garde espoir que nous pourrons bientôt sortir d’ici et retourner à nos vies d’avant. En attendant, j’accepte votre requête. À une seule condition !» Répondit Sunray tout en levant son index entre elle et le commandant attentif.
«Allez-y.» Encouragea-t-il, les bras croisés sur son châssis.
«Que vous ne me sautiez plus à la gorge.» Sunray esquissa ce fameux sourire qui pourrait faire fondre n’importe quel Spark.
«Vous avez ma parole.» Plus amusé qu’embarrassé par ce rappel, Optimus lui rendit son sourire.
Toutefois, il retrouva rapidement son air sérieux lorsqu’un léger grincement métallique émanant de l’intérieur de son châssis résonna soudainement dans la pièce. Les deux Autobots clignèrent des optiques, intrigués, avant que le Prime n’ouvre la chambre à étincelant pour prendre dans ses mains la petite Moonlight. Celle-ci gazouillait avec curiosité mêlée d’incompréhension. Elle découvrait son tout nouvel environnement, penchant la tête d’un côté puis de l’autre en observant attentivement les lieux inédits. Une vaste salle au plafond élevé, une longue table métallique ornée de datapads et de cristaux lumineux, ainsi qu’une immense vitre derrière laquelle des Autobots conversaient. Quand ses petits yeux ronds emplis d’émerveillement se posèrent sur la fembot souriante assise face à elle, elle s’écria de joie et tendit aussitôt les bras vers elle.
«Il semble qu’elle voulait vous voir.» Le Prime souligna l’évidence, surpris par l’attitude de sa fille.
«Nous sommes devenues amies, elle et moi.» Sunray tendit à son tour les bras vers le petit étincelant impatiente de la revoir et remercia Optimus lorsqu’il la lui confia.
Dès que le jeune robot fut dans ses bras, la fembot jaune et noire l’installa à la verticale, dans le creux de son coude. Elle savait que cette position était rassurante pour les petits étincelants. Posant son autre main dans le dos de Moonlight, elle lui murmura des mots en ancien Cybertronien à l’audio tandis que le leader des Autobots observait la scène avec étonnement. Il remarqua combien son étincelant se sentait à l’aise auprès de Sunray, et comment ses paroles douces l’apaisaient, sa surexcitation s’effaçant peu à peu pour laisser place à un calme serein. Sunray semblait exercer un grand pouvoir sur les étincelants. Prenant mentalement note du comportement de la fembot envers sa fille, Optimus fut frappé par la joie qui émanait de leur lien. Parler à son étincelant avait un effet profondément bénéfique sur son humeur, une leçon précieuse à retenir pour les futures terreurs nocturnes de Moonlight. Encore faudrait-il qu’il trouve les mots justes pour la réconforter…
Comme si elle lisait dans son esprit à ce moment-là, Sunray leva les optiques dans sa direction.
«Nos étincelants ont besoin de contacts, pas seulement physiques. Ils aiment qu’on leur parle quand ils ont peur ou qu’ils se sentent mal. Notre voix est ce qu’il y a de plus rassurant pour eux face au stress. Imaginez un monde où tout ce qui vous entoure est immensément plus grand et potentiellement dangereux, où vous ne portez aucune armure pour vous protéger. Chaque cycle, ils découvrent de nouvelles choses, et nous sommes là pour les accompagner, pour compenser ce manque de protection pendant leur évolution. Se mettre à la place d’un étincelant est la clé pour vraiment les comprendre.» Elle tapota doucement le dos du protoforme silencieux et immobile contre elle.
«Vous avez beaucoup d’expérience avec les jeunes étincelants.» Constata pensivement Optimus.
«Je travaillais dans la maternusine de Trypican à l’époque. J’ai eu la chance d’être mutée ici avant… Eh bien, vous savez.» Sunray hésita, comme si prononcer ces mots ravivait un cauchemar trop lourd à porter. Elle déglutit puis baissa le regard vers la petite dans ses bras, les optiques embuées de larmes et la voix tremblante ; «mon étincelant n’a même pas un cycle stellaire. Il a vécu les bombardements. Je ne sais pas ce que j’aurais donné pour lui épargner tout ça… Toutes ces horreurs qui le hanteront pour le reste de sa vie. Parfois, je me demande même si je n’aurais jamais dû le concevoir.»
«Ne dites pas ça. Vous l’aimez plus que votre propre vie. Nous nous battons sans relâche pour que cette nouvelle génération hérite d’un avenir meilleur, et nous continuerons à nous battre, ensemble. Tout n’est pas perdu.» Optimus tenta de rassurer Sunray, incapable de rester indifférent face à la douleur ancrée si profondément dans son Spark. Il était clair qu’elle regrettait ses mots, mais dans ce combat, le désespoir rongeait tout le monde… Surtout les victimes de ce conflit.
«Quel héritage avons-nous à leur offrir ? Nous n’avons presque plus rien… Le Allspark faiblit, et avec lui, l’avenir de notre nouvelle génération s’assombrit.» Sunray murmura ces mots avec amertume, ses larmes roulant doucement sur ses joues argentées. Moonlight leva alors la tête vers elle, attrapa délicatement une de ses larmes avec sa petite main et l’observa attentivement, faisant naître un léger sourire sur le visage attristé de Sunray.
«Tout n’est pas perdu.» Répéta Optimus avec conviction.
Avec un léger sourire aux lèvres, la fembot secoua doucement la tête face à cette dévotion inébranlable propre au commandant des Autobots. Une telle ténacité, rare et précieuse, galvanisait ceux qui l’entouraient. Un courage tenace brillait dans son regard, défiant les ombres du désespoir. Heureusement que les Autobots avaient un chef aussi exemplaire et altruiste qu’Optimus Prime, sinon leur race aurait disparu depuis bien longtemps sous le règne des Decepticons. Il fallait au moins lui reconnaître cela… Malgré tout, il gardait toujours son humilité, quelle que soit la situation. Elle essuya ses larmes du bout des doigts avant de poser délicatement le petit étincelant curieux sur ses genoux. Le mecha rouge et bleu reprit alors la parole, changeant de sujet, ne voulant plus la voir sombrer dans cette détresse émotionnelle. Sunray lui en fut profondément reconnaissante, car elle ne supportait plus cette douleur qui la rongeait lentement, ni la honte immense d’avoir partagé ses sentiments avec un parfait inconnu.
«Il y a encore un point que j’aimerais clarifier avec vous. Comment vous êtes-vous retrouvée dans mes quartiers ? Que s’est-il exactement passé, ce cycle-là ?» Questionna le leader analytique en ramenant ses mains croisées sous son menton pendant qu’il l’étudiait attentivement, cette question le taraudant depuis leur altercation.
La fembot lui raconta tout en détail.
FLASHBACK
Sunray avait faim, très faim même. Le symbole du réservoir vide clignotait dans sa vision depuis presque un groon, et elle n’avait même pas encore alimenté son étincelant, qui devait probablement avoir faim lui aussi. Tellement absorbée par son travail d’archiviste aux côtés du scientifique Perceptor et du géologue Beachcomber, qu’elle ne s’était pas rendu compte du temps qui passait. Tous trois travaillaient sur un recensement des robots encore actifs connus depuis la chute de l’ancienne capitale.
Se dirigeant d’un pas pressé vers la salle de réapprovisionnement située aux étages supérieurs, la fembot s’arrêta brusquement, croyant avoir entendu un son. Plutôt des pleurs, à peine audibles résonnaient quelque part au fin fond des couloirs. Était-ce la faim qui lui jouait des tours ? Elle en doutait fortement. Étonnée d’entendre ce genre de bruit dans un couloir désert, Sunray longea les murs, collant son audio au métal pour capter la moindre vibration. Les pleurs devenaient de plus en plus forts et rapprochés à mesure qu’elle avançait. Le bruit de ses pas résonnait en écho avec ces sanglots qui ressemblaient étrangement à ceux d’un étincelant en détresse… Ou peut-être était-ce simplement son instinct créateur qui la poussait à cette conclusion hâtive. Néanmoins, elle pouvait certifier que ce n’était pas son imagination. Ce qu’elle entendait étaient bel et bien des pleurs, qui se faisaient plus intenses alors qu’elle montait d’un étage, dans une zone qu’elle connaissait peu. Soudain, elle sursauta lorsqu’un énorme raffut retentit, suivi de bruits de pas précipités qui s’éloignaient en sens inverse.
À la prochaine intersection, Sunray se retrouva face à une grande porte entrouverte d’où s’échappaient les gémissements déchirants. Son instinct de créateur ne s’était pas trompé, un étincelant se trouvait bien à l’intérieur. Surprise d’apprendre qu’un autre étincelant vivait ici, elle hésita un instant, jetant un coup d’optique à gauche puis à droite, cherchant quelqu’un aux alentours susceptibles d’être son créateur. Il ne devait pas être bien loin ! Qui laisserait un étincelant en bas âge tout seul ? Tiraillée entre la tentation de commettre une infraction et l’idée de repartir comme si de rien n’était, Sunray tapota nerveusement son pede contre le sol. Elle ignorait à quels quartiers elle avait affaire, ni à qui ils pouvaient appartenir. Et si cette partie de la base était réservée aux hauts placés ? Que risquait-elle si on la surprenait en train de s’immiscer dans la vie privée ? Mais la sécurité d’un étincelant primait largement sur la peur d’une sanction.
Déterminée, la fembot jaune et noir poussa la porte qui résistait, son mécanisme automatique d’ouverture étant hors service. Peut-être que quelqu’un l’avait forcée depuis l’extérieur… Celui qui avait pris la fuite à son arrivée ? Alarmée par cette situation inhabituelle, elle se faufila par l’espace laissé par la porte pour entrer dans la pièce plongée dans la pénombre. La faible lueur de ses optiques éclairait à peine ses mains qui tâtonnaient le vide. Rapidement, elle trouva le petit protoforme, assis par terre devant la porte qui s’était lubrifié de terreur.
«Tout va bien mon petit. Je suis là.» Rassura instinctivement Sunray qui s’accroupit pour le prendre dans ses bras.
Au contact de ses mains, l’étincelant se recroquevilla sur lui-même. Il laissa ensuite échapper un cri strident, une note si aiguë qu’elle fit grincer les dentas de Sunray. La fameuse fréquence réservée aux créateurs en cas d’urgence… Mais ce cri s’éteignit en un instant lorsqu’il perçut des paroles consolantes dans un langage familier. Ses créateurs avaient certainement l’habitude d’utiliser l’ancien Cybertronien pour apaiser leur progéniture, en déduisit la fembot tout en récupérant le maigre protoforme contre elle. Il était devenu silencieux, mais il était évident qu’il ne lui faisait pas encore confiance, son cadre tremblant contre son châssis. Alors Sunray eut une idée pour le moins originale. Elle ouvrit son propre châssis en deux pour libérer son étincelant de la chambre à côté de son Spark lumineux, prenant soin de ne pas effrayer le second. Le jeune robot jaune et noir pépia d’incrédulité en atterrissant dans les bras de sa créatrice, juste à côté d’un autre étincelant plus frêle que lui.
Il patientait sagement dans la cale en attendant son futur repas quand il entendit les appels de détresse de son jeune semblable. Il communiqua avec sa créatrice qui lui demanda de rassurer l’autre étincelant inconsolable, ce qu’il s’empressa de faire. L’effet fut instantané. Les optiques du petit robot argenté s’élargirent tandis qu’il communiquait en privé avec son jeune fils, ou du moins essayait, car sa confusion se lisait clairement sur ses traits. Son étincelant lui confirma ses soupçons. Le plus jeune ne savait pas encore comment communiquer avec le monde extérieur et n’avait pas appris à développer son lien avec son créateur, jusque-là inconnu de Sunray. Il était trop petit pour déterminer à qui il appartenait, son cadre ne s’était pas encore assez développé pour fournir des indices sur l’identité de ses créateurs. Et aucune référence de couleur, mise à part l’argenté et ses optiques d’un joli bleu vibrant.
"Ne t’inquiète pas, je vais trouver ton créateur.» Sunray tapota le dos de l’étincelant humide de larmes puis lui sourit tendrement.
Elle posa son fils au sol pour se diriger vers la petite couchette dans le coin droit de la pièce, située près d’une couchette plus grande. Sans doute celle du créateur de l’étincelant. Le bot devait être immense… À en juger par la taille de la zone de recharge. Berçant toujours le minuscule protoforme dans ses bras pour apaiser ses larmes, l’autre petit robot se leva sur ses pedes pour se diriger vers sa créatrice, mais un énorme vacarme provenant de la porte le fit sursauter de peur. À la place, il se réfugia près du bureau sous les ordres de sa Daniluk en état d’alerte.
Puis un grand robot, très en colère, entra après avoir soufflé la porte hors de ses gonds.
FIN FLASHBACK
Sunray termina son récit au moment où Optimus Prime entrait en scène. Elle omit les autres détails qui avaient suivi l’explosion de la porte, estimant qu’il n’était pas nécessaire de les répéter puisqu’il en avait été témoin et même acteur. Un semblant de regret traversa les optiques du mecha en pleine réflexion, mais il ne s’attarda pas sur ce sujet alors qu’il assimilait toutes ces nouvelles informations qui seraient précieuses pour la suite de l’enquête. Lui aussi s’interrogeait sur cette porte forcée, d’après les explications détaillées de la fembot, sans connaître l’identité de celui ou celle qui avait commis cette infraction. Quelles étaient ses réelles intentions ? Qui pourrait en vouloir à sa fille, Moonlight ? Ou bien l’intrus cherchait-il à mettre la main sur des informations classées top secrètes ? Optimus gardait certains dossiers importants sous clé dans ses quartiers sécurisés, par précaution. Il allait devoir mener sa propre enquête en parallèle de ses responsabilités de commandant s’il voulait découvrir la vérité sur cette étrange histoire.
«Je vais tout mettre en œuvre pour assurer la protection de ma fille. Si jamais vous vous souvenez d’un autre détail, n’importe quoi concernant cette affaire, contactez-moi immédiatement. Je compte bien mettre la main sur le fautif. En attendant, je vous remercie pour votre coopération, Sunray.» Optimus acquiesça d’un demi-sourire à la fois ferme et sympathique, geste amical rapidement rendu par la fembot.
Un sourire séduisant, nota Sunray pour elle-même.
Cependant, la conversation fut une nouvelle fois interrompue par l’intervention d’un bot qui frappa à la porte située sur la droite d’Optimus. Le commandant tourna la tête dans sa direction lorsque celle-ci s’ouvrit et que Silverbolt, chef des Aerialbots, passa le haut de son corps pour regarder à l’intérieur du bureau. Derrière lui dans la salle de réunion se trouvaient Hound, Springer, Air Raid mais aussi Slingshot, Fireflight, Skids, Jazz et Tailgate. D’autres s’étaient ajoutés dans la pièce en passant par l’autre bureau pour ne pas déranger leur chef, mais leurs mines abattues ne présageaient rien de bon. De quoi grandement inquiéter Optimus. Tous siégeaient à la grande table et semblaient sur le point d’improviser une réunion, leurs visages tracassés dirigés vers la baie vitrée les séparant du bureau du grand leader rouge et bleu.
«Navré de vous interrompre, mais nous avons besoin de vous, Prime. C’est urgent.» Déclara l’imposant robot doté d’ailes et portant des coloris tels que le doré, le blanc et aussi le rouge. Blindé de toutes parts, il peinait à passer la porte faisant office de jonction entre les deux salles.
«Nous allons devoir écourter cette discussion. Puis-je vous demander de veiller sur mon étincelant durant mon absence ? Je viendrai la récupérer aussitôt cette réunion clôturée.» Optimus se leva au moment où Silverbolt refermait la porte derrière lui.
«Bien sûr.» Accepta Sunray sans hésitation, collant l’étincelant contre elle d’une main à l’arrière de sa tête. Offrant un regard inquiet au chef des Autobots, qui avait perdu toute sensibilité pour reprendre son rôle de Prime, elle le regarda disparaître sans un dernier mot derrière la porte. Dans ses bras, la petite Moonlight gesticulait d’inconfort, recevant sans doute les émotions négatives de son créateur par le lien.
«Shhhh, ça va aller. Ne t’inquiète pas, il va bientôt revenir te chercher. Je vais bien m’occuper de toi, promis.» Murmura la fembot en balançant son corps d’avant en arrière, ses optiques anxieuses posées sur la grande baie vitrée et aux robots désormais en pleine discussion.
Leurs expressions étaient inquiétantes.
À suivre…