Petite Etincelle
CHAPITRE 11
POV Normal
Quelque part de l'autre côté de Cybertron, dans la partie privée de lumière, les Decepticons pullulaient. En raison des attaques répétées sur la capitale de Trypican sous les ordres du Seigneur Megatron, le chef ordonna à ses guerriers de se replier vers le côté sombre de la planète, en attendant la réplique de leurs ennemis. La ville de Kaon. Une ville laissée dans l’oubli... Le royaume des Decepticons où aucun Autobot, pas même Optimus Prime, n’osait s’y aventurer.
Siégeant sur un trône de métal bien plus grand que lui, Megatron attendait patiemment. Il attendait de pouvoir enfin asseoir sa suprématie. Ses optiques rouges brillaient faiblement dans la pénombre de la pièce glaciale où personne n’osait se rendre sans autorisation. À quelques exceptions près, les Decepticons avaient trop peur de leur Seigneur pour tenter de pénétrer dans ce lieu sacré qu’était la salle du trône. Un lieu privilégié, où seuls certains d’entre eux avaient libre accès, notamment ses lieutenants. Une poignée de fidèles serviteurs en qui Megatron plaçait son entière confiance. Le robot argenté posa son menton dans sa main, le coude reposant sur l’accoudoir de son trône massif tandis qu’il réfléchissait à toutes les éventualités après cette attaque de la métropole, véritable succès pour la cause Decepticon. La réplique était imminente, Megatron en était persuadé, car son ennemi juré ne laisserait jamais une offensive pareille sans suite. Il connaissait son ancien frère d’armes, Optimus Prime, et il savait qu’il ne laisserait pas la situation s’envenimer davantage. Pas après leur coup magistral.
De longs vorns passés à ses côtés, à boire ses paroles sur l’honneur et le courage… Sans jamais avoir pris de décisions drastiques pour sauver Cybertron et leur espèce tout entière, qui dépérissait au fil des cycles. Avancées technologiques stagnantes, manque de carburant et de lumière, robots faibles et parasites… Faire des sacrifices n’avait jamais été son point fort. Le petit favori de leur mentor n’était en fin de compte pas si fûté que ça.
D’un petit rire dégoulinant de sadisme, Megatron cachait son visage dans sa main griffue, se remémorant un souvenir qui scellait à jamais leur destin d’éternels rivaux.
Sentinel s’était lourdement trompé en désignant Optimus comme nouveau chef des Autobots ce cycle-là, devant le peuple de Trypican. Il n’était qu’un lâche incapable de protéger les siens... Et lui ? Lui avait l’étoffe d’un véritable chef ! Il aurait rendu leur race plus forte en commençant par éliminer les plus faibles, afin de permettre aux plus méritants de s’élever au rang de guerriers et de protecteurs. Il aurait créé une immense armée de bots indestructibles sous l’insigne des Decepticons, puis neutralisé les autres villes de la carte pour ne faire qu’un seul et unique empire : Kaon. Et lui, il aurait trôné à la tête de ce nouveau monde façonné à son image. Ceux qui se rebelleraient ou qui s’opposeraient à cette prise de pouvoir seraient jetés dans les arènes pour des combats à mort pour distraire ce nouveau peuple, ou alors utilisés comme travailleurs forcés pour construire des édifices modernes, loin de cette architecture archaïque qui peuplait Cybertron...
Perdu dans ses idéologies néfastes, Megatron faillit ne pas entendre l’alarme qui se déclencha soudainement.
ALERTE : DEFAILLANCE SECTEUR 7
Le Decepticon aux teintes argent et violet grogna d’agacement. C’était déjà la deuxième défaillance en à peine deux deca cycles... Que se passait-il donc dans les bas-fonds du secteur sept ? La dernière fois, c’était à cause d’un Autobot pris en otage qui avait réussi à ouvrir une brèche pour s’enfuir, mais grâce à la réactivité de ses soldats, plus particulièrement Tarn, le détenu avait pu être neutralisé d’un coup de blaster entre les deux optiques. Un spectacle des plus satisfaisants, d’après certains bruits de couloir. Cependant ce n’était pas une si grosse perte, car cet Autobot avait déjà tout dévoilé sur l’emplacement de la base secrète de l’ancienne capitale, alias Trypican. Maintenant, il n’en restait plus rien, rien que des amas de métal croulant sous le poids de la défaite... Délicieuse victoire. De plus en plus irrité par l’alarme incessante, Megatron leva les optiques vers la porte lorsque celle-ci s’ouvrit avec vacarme et qu’une silhouette svelte s’y présenta.
Son agacement se décupla.
«Seigneur Megatron, nous avons un problème dans le secteur sept !» S’écria aussitôt son bras droit, Starscream, la voix tremblante et montante dans des tonalités aiguës au fur et à mesure qu’il s’approchait.
«J’entends ! Pauvre idiot !» Megatron attrapa violemment l’aile droite du Decepticon Seeker, qui glapit de surprise. Ses optiques incandescentes se rétrécirent en fusillant du regard le visage pointu, déformé par la peur. Ses doigts griffus s’enfoncèrent dans le métal, avant qu’il ne repousse Starscream au bas des trois marches menant à son trône.
«Que se passe-t-il Starscream ?! Parle !» Aboya rudement le monarque déchu tout en dévisageant le bot agenouillé devant lui, les mains jointes.
«Ce sont les fembots Autobots, mon Seigneur ! Elles ne gardent pas les étincelants et finissent par périr... Cela a engendré une explosion dans le secteur sept. Shockwave a la situation sous contrôle, mais nous perdons nos précieux cobayes.» Balbutia le Decepticon d’une expression abattue, ses ailes tombantes dans son dos sous le regard noir de son souverain intimidant. À cette nouvelle déplaisante, Megatron grinça des dentas, furieux.
Tant qu’ils n’avaient pas la main sur le Allspark, ils ne pouvaient se permettre de gaspiller des fembots... Elles étaient les plus aptes à concevoir des étincelants, mais aussi les plus faciles à attraper et à influencer. Chercher des cobayes mechas pour la tâche prendrait beaucoup trop de temps et d’énergie. Du gaspillage de ressources… Pour des résultats bien moins prometteurs, la conception étant plus délicate avec eux. Par conséquent, ils n’avaient bientôt plus d’autre choix que de se servir des fembots de leur propre faction une fois qu’il n’y aurait plus d’Autobots pour les expériences génétiques. Déchaîné, Megatron frappa brutalement son poing dans le mur le plus proche pour y laisser une fissure, rugissant de colère au point d’en faire fuir plus d’un. Ce n’était qu’un léger contretemps qui serait réparé dans les plus brefs délais, il faisait confiance à Shockwave pour s’en assurer. Le succès de son plus grand projet en dépendait. Laissant une marque griffue sur le mur pour exprimer sa colère indomptable, il se retourna vers Starscream, qui se recroquevillait sous son regard foudroyant.
«Amène-moi à Shockwave !» Lui ordonna-t-il.
«Oui, Seigneur Megatron.» Acquiesça Starscream à la hâte qui leva les optiques au plafond une fois dos à Megatron, pendant qu’il le conduisait dans les couloirs.
{==Quartiers privés d'Optimus==}
POV Moonlight
Je sortis de ma stase en sursaut suite au mouvement un peu brusque de mon créateur.
J'ouvrai mes optiques fatiguées avec difficulté, puis focalisai mon attention sur le visage du robot qui me portait contre lui, gazouillant de confusion. Pourquoi s’était-il soudainement arrêté de marcher ? J’étais tellement bien contre lui… Opi me regarda à son tour avant que son châssis n’émette un léger grondement qui ressemblait plutôt à un rire discret. Il prononça une série de mots à voix basse qui ressemblaient à quelque chose comme «nous y sommes sweetspark», mais je n’en étais pas si sûre, car j’étais bien trop épuisée pour traiter l’information. Je rêvai de recharger dans ma petite couchette, sous le lustre de cristaux bleus qui apaisaient toutes mes craintes et me protégeaient de la noirceur enveloppante de la pièce. Je ne savais pas ce que ces cristaux signifiaient, mais ils me plaisaient beaucoup, ils étaient si jolis ! Reprenant une bonne prise sur le pare-brise devant moi pour pouvoir me tourner, j’observai le couloir qui menait à une porte flambant neuve. La dernière avait été explosée par Opi le cycle précédent.
Mon créateur nous y conduisit puis ouvrit la porte d’un simple contact de sa main sur un panneau numérique à l’entrée, ce qui actionna le mécanisme de déverrouillage avec un sifflement habituel. J’étais très impressionnée par cette simple manœuvre alors que nous entrions dans la pièce qui m’était désormais très familière. Mes petites optiques balayaient la salle avec un grand intérêt jusqu’au moment où mon regard se posa sur une minuscule couchette dans le coin droit de cette dernière, surplombée de ce lustre de cristaux que j’aimais tant. Normalement, je devais me sentir heureuse de la voir, mais je fus soudainement submergée par une terreur incontrôlable qui m’arracha un cri étranglé de mon vocaliser, surprenant mon Opiluk. À présent terrifiée, je tentai de grimper sur Opi, déboussolé par ma soudaine panique et qui tentait de me reprendre dans ses bras avant qu’un accident arrive.
«Moonlight ! Qu’est-ce qu’il y a ? Doucement, calme-toi, calme-toi...» Répéta tendrement le robot rouge et bleu d’une voix réconfortante alors que l’une de ses mains se positionnait dans mon dos pour m’immobiliser.
Forcément, j’étais dans l’incapacité de lui exprimer ma peur verbalement. Le seul moyen que j’avais trouvé pour communiquer avec lui avait été de lever mes optiques remplies de larmes vers les siennes soucieuses, puis de pousser un petit gémissement en réponse. Une chance pour moi qu’il semblait comprendre, car son regard se déporta automatiquement sur la couchette à côté de la sienne. Ses crêtes optiques se froncèrent, ses doigts massant pensivement l’arrière de ma nuque et entre mes petites ailettes pour calmer ma détresse. La vision de ma couchette m’avait rappelé de mauvais souvenirs de ce qui s’était produit quelques groons plus tôt. Cette vive colère qui avait noyé le lien quand Opi m’avait aperçu dans les bras de la gentille fembot... Elle me hantait toujours. Je l’avais ressentie au plus profond de moi-même, cette furie qui m’avait également rappelée celle qu’avait ressentie mon ancienne créatrice quand mon autre Opi nous avait laissé toutes seules. Cela avait été la toute dernière fois que je l’avais vue.
Je n’aimais pas cette émotion.
«Je n’étais pas en colère contre toi. J’avais eu peur pour toi. Je... Je ne sais pas comment gérer ces émotions. Pardonne-moi. Tu veux bien m’accorder une chance d’apprendre à les maîtriser ?» Me demanda Opi qui avait une voix toute triste, le regard fuyant un instant avant de revenir vers moi. Je pouvais lire, dans son regard, qu’il s’en voulait énormément pour ce qui s’était passé l’autre fois. Et à quel point il était désolé.
Je penchai doucement la tête sur le côté à la culpabilité contenue dans ses paroles, mes quelques larmes ayant séché sur mes joues en métal. Il m’avait fait très peur, oui, mais je l’aimais toujours ! Peut-être ne s’en rendait-il pas juste compte ? Peut-être que je n’étais pas assez démonstrative ? En tout cas, je n’aimais pas le voir comme ça, aussi triste... Je savais qu’il faisait de son mieux. Tapotant ma petite main sur son pare-brise, je lui souriais avec gentillesse pour lui remonter le moral, ce qui sembla plutôt bien fonctionner car l’instant d’après, son froncement de crêtes optiques se volatilisa. Pendant les prochains kliks, Opi regarda entre moi puis la couchette, et vice versa. À quoi pensait-il ? J’étais inquiète. Je n’avais pas vraiment envie de retrouver ma couchette, j’en avais encore bien trop peur... Mais pas seulement à cause des événements récents. Chaque fois que je plongeai dans la recharge, je faisais le même cauchemar. En boucle.
Des ténèbres, puis des optiques rouges bondissantes de l’obscurité de la pièce. Il arrivait aussi de temps à autre que ce cauchemar était accompagné d’un cri féminin, une voix qui devenait de plus en plus brumeuse dans ma tête.
Après quelques hésitations de plus et une attente insoutenable, Opi me resserra finalement contre lui dans une chaleureuse accolade avant de se diriger vers sa propre couchette. Il avait compris que ce soir, ce n’était même pas la peine d’essayer. C’était la première fois que j’allais recharger avec mon nouvel Opiluk ! Mon ancien Opi avait toujours refusé de me prendre avec lui, parce qu’il voulait que j’apprenne à recharger seule comme une grande pour m’habituer à ma couchette. Mais Dani, elle, le faisait toujours quand nous nous retrouvions juste toutes les deux, lorsqu’Opi s’en allait plusieurs cycles solaires d’affilés dans un endroit que je ne connaissais pas. Surexcitée, je sautillai dans les bras de mon créateur pendant qu’il s’asseyait sur le bord de la large couchette, lui volant un petit rire à ce soudain changement de comportement. Il avait l’air heureux et soulagé tout à coup, sa culpabilité ayant disparu pour permettre à ce son agréable de sortir de lui.
Le grand robot atteignit avec sa main libre une tablette sur le meuble à côté de lui pour baisser la luminosité des cristaux de la pièce afin de ne pas être dérangé par leur éclat bleu durant la recharge. Très impatiente, j’attendis qu’il s’allonge sur le dos pour m’installer juste au-dessus de son étincelle de vie qui pulsait à un rythme régulier. Elle était si chaude, si chaleureuse et généreuse... Cet Opi était vraiment très attentionné avec moi. Je l’adorais. Mais je désirais de tout mon Spark qu’il m’aime encore plus. Je positionnai ma tête entre les deux vitres puis roucoulai tout en me mettant en boule au creux de son châssis, les optiques fermées et un large sourire sur mon visage radieux. Le Spark sous moi vibrait tandis que l’amour et l’affection s’écoulaient dans notre lien, m’enveloppant petit à petit de sa douce étreinte jusqu’à ce que la lumière tamisée des cristaux s’évapore.
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POV Normal
Optimus caressait doucement le dos de son étincelant jusqu’à ce qu’il sombre dans une recharge bien méritée, loin de la peur. Avait-il réellement le droit de dire le sien ? Il était perdu.
Dorénavant préoccupé, il riva ses optiques bleues au plafond de ses quartiers, des questions pleines le processeur. Son protoforme criait pour une recharge, mais il en était tout simplement incapable pour l’instant, ses nombreux soucis l’empêchant de se détendre. Il n’avait aucune idée à qui appartenait cet étincelant... Et si les créateurs originaux étaient encore en vie, quelque part ? À la recherche de leur précieuse création ? Que diraient-ils s’ils apprenaient que leur étincelant avait été adopté par un Prime ? Hypothèse impossible selon Ratchet, mais le doute l’habitait. Une angoisse se forma rapidement dans son Spark car plus le temps passait, et plus il s’attachait à sa petite Moonlight. L’idée de devoir la rendre à ses créateurs le déchirait plus qu’il n’oserait l’admettre. Cependant, les recherches n’avaient pour le moment mené à rien de plus qu’une liste de décès toujours plus longue, même après le retour de Sentinel qui confirmait ses soupçons selon lesquels personne n’avait survécu à cette attaque.
C’était une pensée irrationnelle, pourtant bien présente dans son esprit qui refusait de disparaître. Il se sentait comme... Persécuté par ses propres insécurités. Cette petite fembot n’aurait jamais survécu sans son intervention, c’était indéniable, mais il ne pouvait s’empêcher de penser que quelqu’un était peut-être à sa recherche. Là, quelque part dans ces décombres. Elle était seule lorsqu’ils l’avaient retrouvée, sans aucun support de vie viable. Rongée par l’acidité de cette pluie corrosive, elle gisait au centre de ce gouffre qu’était autrefois la base souterraine numéro douze. Pourquoi était-elle là ? Qui l’avait mise ici ? Mais surtout, pourquoi l’avait-elle choisie, lui ? Un robot accaparé par son statut de Prime dont les responsabilités étaient très exigeantes. Tant de questions demeuraient sans réponses. Pourtant, d’autres Autobots étaient présents à ce moment-là, qui auraient pu remplir ce rôle de créateur de substitution mieux que lui... Des robots bien plus compétents en la matière, et aussi nettement moins occupés que lui.
Alors, pourquoi ? Qu’avait-il de si spécial à ses optiques ?
Inconsciemment, Optimus resserra sa grande main autour du petit protoforme argenté reposant au centre de son châssis quand celui-ci poussait un gémissement pendant sa recharge. Il n’avait malheureusement pas la réponse à cette question, toutefois il ne pouvait lui faire défaut. Cette liaison s’était faite de façon instinctive et peut-être aurait-il dû y réfléchir à deux fois avant de se lier à elle. Mais désormais, c’était dans son devoir de mener à bien cette mission avec la meilleure éducation et tout le soutien nécessaire à son bon développement. Il y avait toujours des doutes et des incertitudes, mais Optimus se faisait le serment de ne jamais l’abandonner quoi qu’il arrive. Le commandant des Autobots était maintenant officiellement le créateur de Moonlight, une lourde responsabilité qu’il était déterminé à assumer dans les bons comme dans les mauvais moments. Ratchet avait peut-être raison en disant qu’elle était sa bénédiction et celle qui guérirait son âme meurtrie par la guerre.
Son espoir d’une vie meilleure...
Pris d’une immense vague d’affection pour sa petite fembot, le grand Prime envoya tous ses bons sentiments dans le lien puis sourit doucement à la réponse quasi immédiate. Finalement, il ne se débrouillait peut-être pas si mal… Ce petit étincelant frêle le lui assurait à chaque instant passé à ses côtés. Elle faisait ressortir des émotions en lui qu’il ne savait même pas qu’il possédait avant de la rencontrer ! Plus spécifiquement cet amour qui le rendait de plus en plus attaché à elle au fil des groons. Elle était vraiment formidable. Plus tard dans la soirée, après s’être assuré que Moonlight ne sortirait pas de sa recharge de sitôt, Optimus se redressa le plus lentement possible afin de ne pas la réveiller par mégarde. La berçant contre lui une dernière fois d’une tendre caresse sur son front, il se dirigea vers la petite couchette pour la déposer au centre, laissant traîner deux de ses doigts dans son dos alors qu’il prenait la parole dans un murmure.
«Recharge paisiblement. Laisse-toi bercer par le son de ma voix. Le devoir m’appelle, mais tu ne seras jamais seule, je t’en fais la promesse Moonlight. Pas celle d’un Prime, mais celle d’un Autobot. Je dois partir, je reviendrai le plus vite possible auprès de toi.» Le Prime caressa l’antenne apparente du petit robot endormi avant de s’éloigner pour sortir de ses quartiers.
À contre Spark, évidemment, mais il tiendra coûte que coûte sa promesse à sa fille.
{==Base des Decepticons, Secteur 7==}
Plusieurs corps recouverts d’energon frais jonchaient le sol du secteur sept. La plupart de ces corps, appartenant à d’anciennes fembots Autobots, présentaient des dommages irréparables au niveau de leur châssis. Leurs optiques étaient éteintes, leurs visages figés dans une expression de douleur muette. Elles ne remuaient plus depuis longtemps. Des câbles électriques sectionnés pendaient mollement au-dessus des bots inanimés, de petites étincelles jaunes en sortaient suivies d’un grésillement inquiétant à chaque fois qu’elles touchaient le sol humide du laboratoire. Les murs de ce gigantesque espace situé au niveau inférieur de la tour de Kaon, étaient tapissés d’energon frais mais également de brûlures après l’explosion, une fumée âcre et sombre s’évaporant lentement par les quelques trous au plafond.
«Shockwave, au rapport ! Qu’est-ce qui s’est passé ici ?!» Tonna Megatron lorsqu’il entra dans le sanctuaire du scientifique à l’unique optique. Il posa un pede après l’autre, prenant garde à ne pas s’électrocuter à cause des câbles dénudés qui traînaient au sol. Dans son dos, Starscream attendait nerveusement dans le couloir.
«Seigneur Megatron, je crains qu’il y ait eu un incident majeur. Les analyses sont mauvaises. Les fembots meurent peu après l’imprégnation, aucun de nos sujets ne survit plus de quelques groons. Cela a entraîné une défaillance du système, qui a conduit à une implosion du sujet numéro cent quatre. L’hybridation est un échec.» Shockwave apparut derrière un épais écran de fumée, son optique rouge perçait le chaos ambiant.
«Recommence ! Encore et encore jusqu’à ce que ça fonctionne. Je ne supporte pas les faibles ! Trouve une solution et poursuis tes expériences jusqu’à ce qu’un de nos sujets réponde positivement au test. La survie de notre race en dépend.» Réprimanda le chef des Decepticons d’un grincement sinistre de ses dentas pointues.
«Ce serait plus facile si on avait le Allspark, mais je vais tester l’inversion des pulsions électromagnétiques sur celles qui ont survécu à l’explosion. Éventuellement procéder à une division du Spark. Il va me falloir de nouveaux cobayes. Ceux-là sont juste bons pour la décharge.» Déclara Shockwave avec indifférence tout en poussant le corps d’une fembot avec son pede pour pouvoir atteindre son ordinateur, miraculeusement intact malgré les lourds dégâts. Un peu grillé sur les bords, néanmoins opérationnel.
«Tu recevras les cobayes qu’il te faut. Mais ne me déçois plus, Shockwave.» La voix de Megatron ne présageait rien de bon s’il venait à le décevoir une nouvelle fois, son expression s’assombrissant considérablement lorsqu’il établit un contact visuel avec son interlocuteur. Fusillant le bot violet du regard pour faire passer sa menace silencieuse, le chef ressortit du laboratoire ou du moins, de ce qui en restait pour rejoindre Starscream à l’extérieur.
Shockwave se contenta de hocher la tête avant de revenir à son écran d’ordinateur partiellement carbonisé. Il utilisa sa main gauche pour retirer la fine pellicule de suie afin de voir combien de sujets étaient encore en vie dans cette pièce. Il en décompta à peine deux avec une pulsation faible... Ce n’était pas suffisant pour ce qu’il avait en tête, loin de là, toutefois cela ferait l’affaire pour deux ou trois expériences qu’il gardait de côté. Vérifiant d’abord la stabilité de leur Spark, le Decepticon réalisa ensuite un scan complet des lieux pour voir que toute la partie droite avait été soufflée par l’implosion de son sujet cent quatre, ce qui représentait d’importants dégâts à ses machines. Agacé par cette constatation des plus décourageantes, il contacta immédiatement une équipe de Véhicons pour venir faire les réparations essentielles au bon fonctionnement de son laboratoire. Une intervention qui risquait de prendre plusieurs cycles d’affilée... De précieux cycles perdus.
Alors qu’il inspectait son matériel, Megatron sortit de la pièce sans lancer un dernier regard au scientifique qui allait avoir beaucoup de travail. Il comptait sur l’intelligence et l’ingéniosité de son officier Shockwave pour que son laboratoire soit à nouveau exploitable le plus rapidement possible. En attendant, il tâcherait de récupérer des cobayes dès que l’occasion se représenterait. Cette perte était une très mauvaise nouvelle pour tout le monde, car les fembots se faisaient de plus en plus rares et le temps commençait cruellement à leur manquer. Les embryons hybrides devaient impérativement être actifs avant le prochain cycle lunaire pour que sa nouvelle armée soit prête d’ici quinze cycles stellaires au plus tard. C’était certes très long, mais la récompense pourrait s’avérer plus généreuse que tous ses fantasmes réunis.
Le robot tyrannique disparu derrière les lourdes portes menant à la salle du trône, plus impatient que jamais de voir la concrétisation de deca cycles de travail acharné.
{==Infirmerie, base Autobots==}
Après sa réunion avec le chef Silverbolt pour discuter d’une future réplique à l’ennemi en collaboration avec les Aerialbots, Optimus se dirigea vers l’infirmerie pour parler avec Ratchet. Il avait besoin de conseils. Il n’aimait pas devoir laisser Moonlight toute seule plus longtemps que prévu, surtout pas après la petite mésaventure avec la fembot Sunray, mais il lui fallait absolument des réponses pour atténuer ses doutes. D’autant plus qu’elle n’était pas véritablement seule, étant donné que le lien restait constamment ouvert et qu’il était prêt à l’accueillir dès qu’elle aurait fini sa recharge. Sans compter sur l’aide des nouvelles caméras installées par Huffer, l’as de l’informatique qui gardait une optique sur elle pour éviter d’autres événements fâcheux. Donc pour le moment, c’était avec une conscience tranquille que le grand Autobot s’enfonçait dans les couloirs menant aux sous-sols de la base secrète de Iacon dans la ferme intention d’obtenir des informations.
Pas moins de deux virages plus tard, Optimus entra dans la partie médicale pour voir que Ratchet était déjà occupé avec un Autobot particulièrement grincheux quand il s’y mettait. Le Prime sourit intérieurement à ces protestations familières. Assis au bord de la couchette centrale, Ironhide grimaçait à chaque fois que le médecin le touchait sans la moindre douceur, enfonçant son laser plus profondément dans son bras dès qu’il jappait de douleur. Ce sadique aimait voir ses patients souffrir le martyre ! Pensa Ironhide, très contrarié, tandis que le bot devant lui soudait ses plaques de métal entre elles. Sur le point de l’insulter pour sa négligence, le mecha noir referma cependant la bouche quand il vit son leader se tenir à la porte de l’infirmerie, les optiques légèrement écarquillées. Avait-il lui aussi peur de passer entre les mains agiles de ce bon vieux Ratchet ? Il n’y avait rien d’étonnant, tout le monde craignait le médecin acariâtre.
«Arrête de bouger ou tu vas aggraver ta blessure !» S’agaça un Ratchet au bord de la crise de nerfs après que le robot qu’il tentait en vain de soigner se tortilla sous le soudeur brûlant. D’un soupir excédé, il grommela pour lui-même ; «si tu ne te battais pas systématiquement avec le premier imbécile qui te met au défi, tu ne finirais pas aussi souvent dans mon infirmerie.»
«Hey ! Il l’avait cherché ! Il avait dit du mal de Chromia... Et puis d’abord, sa tête ne me revenait pas ! Il n’avait qu’à pas croiser ma route, cette vieille tête d’écrou crasseux.» Ronchonna Ironhide d’une petite moue, les épaules affaissées. Il ne supportait pas d’entendre quelqu’un dire du mal de Chromia, c’était au-dessus de ses forces.
«Eh bien, ça t’apprendra ! Toi et ton arrogance... C’est toujours la même rengaine ! Tu as des boulons à la place du CPU ? Je devrais peut-être te faire une mise à jour, tiens, histoire de te remettre les idées bien en place ! Chromia est assez grande pour se défendre, tu n’as pas à t’engager dans un combat au milieu de civils juste pour prouver que tu es le plus fort. Il y a d’autres façons de séduire. Vous auriez pu blesser quelqu’un avec vos petites querelles de mechas aussi intelligents qu’une clé à molette !» Gronda le médecin, les mains sur ses hanches et les optiques plissées au gros balèze qui se faisait de plus en plus petit sur la couchette.
«Tu t’y connais en techniques de séduction, toi ?!» S’étonna ce dernier avec la bouche grande ouverte d’incrédulité.
«C’est tout ce que tu as retenu ?!» Protesta Ratchet en lui administrant une petite claque derrière la tête, à deux doigts de lui passer un savon.
Optimus ne voulait vraiment pas se retrouver à la place de son pauvre ami malmené verbalement et physiquement par le médecin rouge et blanc, même s’il trouvait toute cette situation plutôt cocasse. Dans tous les cas, Ironhide et l’autre Autobot fautif auraient fini par se retrouver dans son bureau pour une bonne séance de remontrances pour leur comportement indécent en société. Ce n’était pas tolérable et il le savait, il connaissait parfaitement les risques. Pourtant, il trouvait que Ratchet remplissait parfaitement bien le rôle de persécuteur... À croire qu’il avait fait ça toute sa vie. Mais tout cela pour une histoire de Spark ? La pauvre Chromia devait être morte de honte après une dispute de ce genre opposant deux têtes d’enclumes, et il ne rencontrait aucune difficulté à s’imaginer son vieil ami hurlant des atrocités toutes plus choquantes les unes que les autres à son rival.
«Aieuh !» Cria Ironhide après avoir reçu un coup de clé dans le casque pour qu’il déménage de la couchette.
«C’est fini pour aujourd’hui. Et ne t’avise pas de repointer ton pot d’échappement dans les prochains groons !» Ratchet chassa la grosse brute d’un mouvement de sa main en direction de la porte, où le Prime attendait toujours. Levant les optiques aux jérémiades d’Ironhide, il attendit que la porte se referme derrière l’Autobot en question pour s’occuper de son nouveau patient.
«Optimus, qu’est-ce qui t’amène aujourd’hui ?» Soupira le médecin lessivé par son ami incorrigible et ses histoires de Spark. Il rétracta son soudeur à l’intérieur de son bras pour retrouver sa main droite tandis que le commandant s’avançait prudemment.
«Rien de grave, rassure-toi. Je voulais te demander des conseils à propos des étincelants et du lien créateur.» Hésita le jeune Prime qui jouait avec ses doigts pendant que Ratchet le scrutait de haut en bas.
«Des conseils ?» Répéta-t-il en clignant des optiques, perplexe par son attitude.
«Je... Ne sais vraiment pas comment m’y prendre. J’ai l’impression de... Ne pas être à la hauteur.» Optimus déglutit à la soudaine gêne qu’il ressentit en avouant son échec personnel. C’était particulièrement difficile de s’exprimer sur ce mal-être, surtout pour un Autobot de son rang qui n’avait pas le droit d’avoir des faiblesses. Et encore moins en public. Devant lui, le mecha plus court ricana avant de secouer la tête de dédain tout en rangeant ses outils qui avaient servi à réparer Ironhide.
«Optimus... Être créateur n’a jamais été facile, pour personne. Quelquefois, il faut faire des choix, et parfois ces choix-là ne sont pas les bons. Mais c’est en apprenant de nos erreurs que nous devenons de meilleurs créateurs. La formule est la même pour tout le monde.» Rassura Ratchet d’un haussement d’épaules suivi d’un sourire conciliant quand le robot rouge et bleu leva les optiques vers lui, incertain toutefois à l’écoute.
«Il n’existe pas de modèle prédéfini. Ce n’est pas parce que tu es un Prime que tu dois tout savoir et ne jamais faire d’erreur. Alors oui, permets-moi de te dire que tu n’es pas parfait ! Pourtant elle t’a choisi pour soutenir son étincelle de vie, alors qu’elle avait l’embarras du choix ! Elle a reconnu ta valeur. N’est-ce pas formidable ?» Poursuivit-il, espérant redonner courage à son chef qui se mettait énormément de pression. Le leader défait fronça les crêtes optiques puis rétorqua avec beaucoup moins d’hésitations cette fois-ci.
«Et si ses créateurs étaient encore en vie, quelque part ? Que savons-nous sur eux ? As-tu découvert quelque chose après son bilan complet ? Peut-être étaient-ils dans les parages quand nous l’avons trouvée, ce qui expliquerait pourquoi elle a survécu aussi longtemps.» Ses questions fusèrent, car il voulait à tout prix obtenir des réponses à ses interrogations qui le tourmentaient toujours plus. Le médecin marqua un temps de pause, alors qu’il se tournait pleinement vers lui pour lui apporter des précisions, cherchant ses mots afin de ne pas le perdre dans ses explications scientifiques.
«En théorie, non, c’est impossible. Lorsque nous l’avons découverte, elle était au bord de la déconnexion. Pas seulement à cause de sa chute ni de la pluie corrosive, mais aussi à cause du manque de lien qui aide son Spark à fonctionner. C’est un véritable traumatisme. Mais si tu veux mon avis, la vraie question serait de savoir comment elle a atterri là, en premier lieu... Ça reste un mystère.» Dévoila Ratchet d’un doigt pensif recourbé sous son menton. Il continua sur sa lancée, arpentant la pièce en long et en large ; «Les étincelants sont extrêmement fragiles à cet âge-là, ils sont vulnérables. Leur système dépend fondamentalement du flux Spark. Ils ne deviennent autonomes qu’à partir de quinze cycles stellaires. Quand je parle d’autonomie, je veux dire que le lien créateur devient alors non essentiel à leur survie. Ils sont intelligents dès leur premier éveil, et leur protoforme se modifie rapidement pour prendre du volume, à chaque nouveau cycle. Ce qui demande énormément d’énergie. D’où ce lien qui leur apporte cette stabilité émotionnelle et physique.»
«Mes analyses n’ont hélas rien révélé sur l’identité de ses deux créateurs. Mes machines ne sont pas encore assez sophistiquées pour déchiffrer le patrimoine génétique complexe que nous possédons, chaque individu étant unique. Une telle recherche prendrait des vorns entiers pour être concluante. Je ne saurais même pas dire s’il s’agit d’une création du Allspark lui-même ou d’une Bénédiction de Primus... Cette dernière hypothèse me semble d’ailleurs peu probable en ces temps. Cela dit, j’ai mes raisons de penser que c’est bien le cas.» Le médecin leva les bras puis les croisa sur son châssis impeccable, son regard attiré par les outils empilés sur la couchette. Il semblait réfléchir intensément à ses paroles.
«Je vois.» Abattu, Optimus baissa les optiques au sol de l’infirmerie si propre qu’il pouvait y voir son reflet. Il ne bougea pas lorsque le mecha rouge et blanc reprit ses explications.
«Ce cycle-là, elle cherchait désespérément un support de vie. Elle n’avait plus rien qui soutenait son Spark, plus aucun flux d’énergie. Tu n’as pris la place de personne, Optimus. Tu as fait ton devoir en la sauvant. Mets-toi ça en tête ! Et tu auras encore de nombreux moments de doute, mais en attendant, retourne auprès de ton petit étincelant. Comme je le disais, c’est à cet âge-là qu’ils ont le plus besoin de nous.» Parla Ratchet avec bienveillance tout en posant une main sur le bras du bot en proie à l’incertitude pour qu’il reprenne confiance en lui et en ses capacités.
«Merci pour tout, Ratchet.» Remercia humblement le Prime d’un hochement de tête poli avant de se détourner pour repartir vers ses quartiers et retrouver sa petite Moonlight. Mais juste avant qu’il ne franchisse le seuil de la porte, le médecin dans son dos se racla le vocaliser pour s’exprimer une dernière fois.
«Si tu as besoin d’autres conseils, tu sais où me trouver.» Lui dit-il avec douceur, une douceur insoupçonnée chez le médecin ronchon. Cependant, il retrouva rapidement son mordant habituel pour dire la chose suivante avec ardeur ; «mais il y a des choses que tu dois découvrir par toi-même ! Tss, ne crois surtout pas que je vais te mâcher tout le travail !»
Ce à quoi Optimus ne répondit rien, mais tandis qu’il se dirigeait vers ses quartiers, un modeste sourire apparut sur son visage argenté.
À suivre...
VP