La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 68 : Chapitre 68 Le début d'un combattant

2263 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 22 jours

Chapitre 68

Le début d'un combattant

 

       Le soleil se leva sur Tokyo, dévoilant une ville à feu et à sang. Les lumières de l'astre solaire traversèrent les carcasses des immeubles perforées de part en part pour certains d'entre eux. Les rues étaient jonchées de cadavres, si nombreux que l'air en devenait pestilentiel. Cette odeur insupportable se mêlait à celle des fumées provenant des véhicules qui brûlaient encore. Mais, malgré ce paysage de dévastation où des dizaines de milliers, voire davantage encore, de personnes avaient trouvé la mort dans des conditions effroyables, le calme était revenu. Les formes militaires avaient repris le dessus sur les quelques créatures qui n'avaient pas quitté les lieux lors du départ de leur chef. Seules les personnes vivantes suffisamment loin des principaux lieux des attaques purent retourner se réfugier chez eux mais prêtes à retrouver la route des bunkers à la moindre alerte. Dans ce chaos où les rares personnes de sorties étaient les voleurs et les militaires qui les neutralisaient, le groupe parvint à retrouver l'auberge, perdant au passage tout contacts avec Wolf et Akame.

Madame Sato était rassurée de les voir en vie, même si bon nombre des membres du groupe étaient blessés. La Sélénite ne tarda pas à recruter la vieille dame pour l'aider à s'occuper d'eux, ce qu'elle fit avec ardeur, surprenant les autres, au vu de son âge.

 

Quand le calme revint dans l'auberge et que les blessés étaient en convalescence, la Tanuki alla voir la vieille femme qui s'occupait de fournir de nouvelles serviettes propres. Mamizou lui demanda si elle allait bien. Son interlocutrice feint l'ignorance, la rassurant. Cependant, les gestes de la vieille personne étaient lents, davantage que les dernières fois. La Tanuki lui demanda ce que cela faisait de se sentir aussi proche de la mort. À cette question, madame Sato s'arrêta de s'occuper des serviettes, sachant qu'elle l'avait compris. Elle se retourna et s'assit sur une chaise qui se trouvait non loin de là. Elle respirait difficilement mais tentait de le cacher, peut-être, de le nier. Cependant, elle ne pouvait pas rester sans répondre à cette Tanuki qu'elle connaissait relativement bien.

 

– Ce n'est pas la perspective de la mort qui est le plus terrible. Se voir progressivement diminuer, c'est bien plus difficile que d’appréhender le moment où je serais jugée pour mes actes. Mais il y a une chose encore pire, celle de perdre ses amis les uns après les autres pour se retrouver à être la dernière du groupe. C'est encore plus dur quand ses propres enfants partent avant nous. Tu le sais, les humains sont fragiles mais surtout, éphémères. J'ai connu des Youkais, quand je n'étais qu'une gamine, qui avaient connu toute ma famille depuis le moment où ils avaient ouvert la première auberge de ce type.

– Je sais bien que la vie humaine est éphémère.

– Tu sais très bien que tes compagnons humains ne seront plus là du jour au lendemain.

– Je le sais très et je l'ai acceptée.

– Bientôt, cela sera fini pour moi...

– Que t'est-il arrivée ?

– Rien de grave, je vieillis comme je te l'ai dit. Bien avant votre arrivé, je sentais mon heure approcher. Je suis heureuse d'avoir au moins été utile une dernière fois.

– J'ai vu les médecins faire des progrès en médecine, vous pourriez vivre beaucoup plus longtemps.

– Il en est hors de question ! Un Humain doit vivre le temps que la nature le lui assigne ! J'ai toujours compris que les Humains étaient par essences inférieurs aux Youkais, du moins, pour le temps qu'il leur restait à vivre.

– Beaucoup de Youkais réalisent moins de choses en mille ans que vous n'aviez fait en moins de cent ans.

–Merci du compliment mais tu peux le garder. Je ne cours pas derrière cela. J'essaie de faire le vide dans ma vie, en attendant la fin. Maintenant que les serviettes sont prêtes, je vais les apporter.

 

Sur ces mots, la vieille femme s'en alla vers l'escalier, emportant son lourd fardeau vers les blessés, le tout sous le regard de la Tanuki sachant que sa fin était proche, peut-être même trop selon elle.

Cependant, elle avait autre chose à faire que de penser à cela. On sonna à l'entrée. La Tanuki se changea pour paraître parfaitement humaine puis alla ouvrir. Elle découvrit cinq personnes bien habillées et de manière traditionnelle. Mais surtout, leur getas étaient largement surélevées. Elle se douta bien de l'identité de ces cinq personnes. Mamizou les invita à entrer, ce qu'ils firent en la remerciant. À peine avaient-ils franchi la porte que celle-ci se referma et qu'une question fut posée sur un ton extrêmement cru.

 

– Vous êtes bien les Tengus ?

– Notre chef vient vous apporter une nouvelle.

– Qu'est-ce ?

– Où est le jeune humain ?

– Tom ? Il n'est plus avec nous depuis un certain temps. Que lui voulez-vous ?

– C'est dommage qu'il ne soit pas là. Mais je pense qu'on peut vous informer, vous la tanuki.

– De quelles informations s'agit-il ?

 

La créature lui tendit un bloc-notes et elle le récupéra avant de lire rapidement ce qui était écrit dessus.

 

– Suites aux événements récents, les plus sages ont décidé que la ville et les alentours allaient dorénavant être surveillés par les nôtres.

– C'est une bonne nouvelle ça.

– Je vous demande de réunir tous les membres de votre groupe, afin qu'on vous explique en détails les mesures qu'on l'on va prendre dès ce soir.

– Avant de le faire, dites-moi, il y a quelque chose qui semble poser un problème, je le sens.

– Effectivement. Sur ordres des plus sages, votre groupe n'a plus le droit d’officier de la manière dont vous le faisiez.

– Pardon ? Vous pouvez préciser ? dit-elle sur un ton agacé.

– Pour la sécurité des nôtres, vous ne pourrez pas continuer votre opération, du moins, jusqu'à que nous vous autorisions.

– Et vous êtes qui pour nous dicter ce qu'on doit faire ?!

– Personnellement, je suis Omokumo no Hyuga, général de la sécurité des tengus du Mont Takao. D'une manière collective, nous sommes responsables, entre autres, de votre sécurité, comme celle des humains de cette ville. Je vous prierais de vous en souvenir pour les prochaines fois et de vous exécuter : rassemblez votre groupe.

 

Sans dire un mot, la Tanuki se retourna et commença à monter les escaliers situés non loin de là d'où elle appela les autres membres de son groupe. Ceux-ci arrivèrent après environ une minute, surpris de rencontrer des Tengus, de plus, aussi austères. Il ne fallut pas longtemps avant que tous prirent place dans la salle à manger alors que la vieille dame se mit à servir du thé à ses invités. Ceux-ci, d'un geste du bras, lui firent comprendre qu'ils le déclinaient. Malgré les couleurs de leurs kimonos, ils paraissaient sinistres et distants. Aucun des cinq ne bougea.

Ce fut alors que la Tanuki annonça ce qu'avait dit son « charmant » agent de liaison, à savoir, Hyuga, sur ce qu'ils devront faire pour les jours à venir, à savoir, rien.

 

– Je refuse, répondit sèchement Olivier sur un ton arrogant.

– Plaît-il ? lui répondit Hyuga sur un ton sec et menaçant.

– Je refuse de me laisser dicter ma conduite par vous ! Nous sommes là pour une mission et nous allons la mener à bien !

– Comment dois-je recevoir cela ? demanda-t-il sur un ton menaçant alors qu'il se mit légèrement à bouger sur place, raidissant encore davantage ses collègues, toujours aussi muets.

– Comme vous le souhaitez, mais pour moi, je continuerai !

– INSOLENT !

 

D'un geste brusque et d'une vitesse incroyable, le Tengu dégaina un sabre qu'il avait caché et attaqua Olivier. Dans le même temps, celui-ci avait dégainé et dirigé son arme vers l'invité. Quelques gouttes de sang coulèrent sur la table. Debout, se tenaient Hyuga et Olivier, le sabre de ce premier lui ayant légèrement coupé la joue droite. Cependant, il remarqua une détermination sans faille dans le regard du jeune homme, qui tira sur le chien de son arme à ce moment précis, tout en renforçant encore davantage son attitude. La créature ailée bougea lentement son sabre sur le côté, attendant que son adversaire relève son arme pour le rengainer, ce qu'Olivier fit de même ensuite. Après cette altercation, les deux se rassirent et ils purent discuter de nouveaux, plus sereinement.

 

– Comme je vous l'ai dit, pour éviter tout nouveau incident, les plus sages ont décidé que vous ne deviez plus rien faire pendant quelques jours, le temps qu'on prenne le contrôle de la situation.

– Et pourquoi ce brusque changement d’habitude ? Avant, vous restiez le plus loin possible.

– Nous vous avons constamment surveillés, soit par Tengus, soit par corbeaux-espions. Dans tous les cas, vous n'avez pas été les seuls à avoir subi une attaque extrêmement douloureuse.

– Que voulez-vous dire ? Demanda Sanae.

– Au moment même où vous avez été attaqués à Tokyo, des armées de Youkais s'en sont pris aux Tengus. Heureusement, nous avons pu facilement les repousser mais de nombreux des nôtres sont tombés ce jour-là.

– Pour quelles raisons vous ont-ils attaqués ? demanda Mamizou.

– Une très simple. Nous avons refusé de les rejoindre. Ils nous ont donc considérés comme des ennemis. Nous ne pouvons donc plus rester passifs face à ce qu'il se passe. Et vu notre alliance avec Tom, il était nécessaire que nous nous occupions de la ville de Tokyo.

– Et que va-t-il se passer ? demanda Sakuya.

– Pendant quelques jours, vous allez rester bien sage, le temps qu'on sécurise le tout sans se faire remarquer. Sur ce, excusez-nous mais nous allons devoir nous retirer.

 

Les cinq Tengus se levèrent simultanément et se dirigèrent vers la sortie, conduit par la vieille propriétaire du lieu. Mais là, Olivier se leva d'un coup et interpella le chef. Celui-ci se retourna, exprimant une attitude méprisante et d'exaspération.

 

– Tu commences vraiment à me casser les œufs toi !

– Je voudrais savoir quelque chose.

– Qu'est-ce ?!

– Vous pourriez m'apprendre à voler ?

 

La demande du jeune humain prit de court l'ensemble de l'assistance, personne ne s'attendait à qu'il pose cette question, de plus, à lui. Hyuga lui-même exprima une surprise qu'il transforma vite en une curiosité mal dissimulée.

 

– Et pourquoi tu veux apprendre à voler, primate ? demanda-t-il sur un ton arrogant.

– Je suis le maillon faible du groupe car… je ne sais pas voler...

– Tu n'es pas si faible mais c'est vrai que tu n'es pas grand-chose. Et pourquoi à moi ?

– Le général tengu du Mont Takao doit être la bonne personne pour s’entraîner, notamment dans ce domaine-là.

– Je veux savoir deux choses : d'abord, pourquoi tu crois que tu peux y arriver ? Ensuite, pourquoi tu crois que je l'accepterais ?

– Tom y est arrivé !

– Il n'est pas n'importe quoi.

– Je m'en fous de cela !

– Hmm... je vois, tu es jaloux de ton ami car c'est lui le héros, et toi, l'éternel second. Je pourrais te comprendre, si j'avais été dans le même cas que toi.

– Si vous m'apprenez, je suis sûr que je peux y arriver !

– Et pourquoi je te prendrais comme une sorte... d'élève ?!

– Vous ne croyez pas que cela renforcera votre prestige que d'avoir réussi à un humain à voler avec vous ?

– Cela ne m’intéresse pas. Je ne cours pas après la reconnaissance, dit-il alors qu'il s'éloignait.

– Si vous me prenez comme votre élève... vous montrerez que vous êtes capable de commander Tengus comme Humains. Et puis... votre honneur a été bafoué par moi, non ?

– C'est effectivement le cas. J'aurais très bien pu de décapiter sur le coup.

– Pourquoi ne pas l'avoir fait ?

– Ma mission est d’empêcher de vous faire tuer, pas de le faire. Et puis, tu m'as quand même bien impressionné.

– Comme vous m'avez coupé le souffle. C'est pour cela que je souhaite que vous m'appreniez à voler.

– Tu es une tête de mule et une tête brûlée. Crois-tu vraiment pouvoir supporter mon entraînement militaire ?!

– Je vais le faire !

– Si tu y tiens tant, je vais te briser plus d'os que tu ne pourras en citer. Viens demain matin à l'aube, devant l’étroite allée et on verra si tu le peux.

 

Le chef s'en alla, laissant le groupe abasourdit par ce qu'il venait de se passer. Cependant, Mamizou rappela la priorité qu'ils avaient. Ainsi, le groupe discuta sur ce qu’ils venaient d'entendre et malgré une opposition vive d'Olivier, ils conclurent qu'ils allaient devoir faire profil-bas, du moins, pendant quelques jours, ce qui leur permettra d'enquêter davantage sur le moyen pour aller voler le dernier trésor.

 

Cependant, cette discussion fut de courte durée. Akame arriva en trombe dans la pièce, après avoir enfoncé la porte pour s'écrouler devant le groupe, totalement recouverte de sang.

 

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