La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 69 : Chapitre 69 L'horreur de la guerre

2252 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Chapitre 69

L'horreur de la guerre

 

       Elle regardait autour d'elle. Elle ne voyait que la mort et la destruction. Le reste de son unité était grièvement blessé et allongé au sol ou contre ce qu'ils pouvaient, entourés par la mort et sa puanteur, se mêlant aux odeurs de véhicules en feu. Elle avait réussi à se procurer un fusil d'assaut auprès de quelques hommes situé non loin de là qui purent aider les siens. Armée et prête, elle partit à la recherche de Wolf afin qu'ils atteignent un poste de commandement. Hélas, après être montée sur les débris d'un véhicule militaire faiblement blindé et calciné, elle ne découvrit rien, si ce n'était qu'un boulevard où périrent des centaines et des centaines de personnes. Épuisée moralement et physiquement, elle s'assit sur la carcasse encore chaude. Des larmes commencèrent à s'écouler sur sa joue, larmes de fatigue et de dépression après la journée qu'elle venait de vivre. Jamais dans sa vie, elle n'aurait pensé vivre cela. On lui avait raconté les horreurs de la guerre mais cette bataille contre des choses clairement non-humaine, dépassait de loin ce qu'elle avait pu voir ou entendre. Autour d'elle, et sous la surveillance de drones légers armés, les médecins militaires circulaient comme ils le pouvaient au milieu des restes d'un embouteillage, à la recherche d'éventuels survivants.

Malgré la disparition progressive du brouillard rouge, le ciel restait brouillé, masqué par les fumées des tours en feu, des véhicules brûlés ou des hommes carbonisés. L'un des militaires lui parla, lui demanda si elle allait bien. Elle se présenta succinctement avant de lui répondre qu'elle allait et qu'elle avait besoin d'être tranquille. Le militaire ne s'attarda pas et continua ses recherches, sans grand espoir. En levant la tête, elle pouvait voir les aéronefs militaires faire le tour de la ville, passant entre les immeubles, guettant la moindre agitation suspecte.

 

Elle ignorait combien de temps était passé. Une heure, peut-être deux, elle ne le savait pas et ne voulait pas le savoir. Sa véritable nature avait resurgi de son passé familial. Elle, qui vivait loin d'ici, bien avant la grande guerre et l’abandon des villages pour la citadellisation des mégapoles, avait quitté sa famille, son histoire, suite à la mort de son père, policier d'un coin reculé mais aussi exorciste et chasseur de youkais de père en fils ou fille. Elle avait appris les bases mais ne voulait pas vivre cette vie et avait tout quitté pour la capitale et une carrière d'officier de police puis bien plus. Elle ne s'était jamais rendue compte qu'une partie des criminelles qu'elle réussissait à attraper n'était autre que des Youkais, raison pour laquelle c'était elle et non ses collègues qui réussissait à les avoir. Elle avait fui son passé mais ce dernier l'avait rattrapée. Désormais, ses peurs de quand elle n'était qu'une petite fille se retrouvaient démultipliées aujourd'hui.

Soudain, un appel la fit sortir de sa torpeur. Il s'agissait d'un militaire. Il lui demandait si elle pouvait venir avec lui. Sans répondre, elle s'exécuta, ne lâchant aucun son pendant la dizaine minutes de marche difficile avant d'arriver à leur destination. Au-dessus d'un carrefour, une plate-forme tenait en équilibre sur huit pieds. Il s'agissait d'une base temporaire surélevée, apportée par les aéronefs afin de servir de quartier général avancé. Une nacelle arriva à leur niveau et ils montèrent dedans avant de s'élever rapidement vers le sommet de la structure en forme de dôme dont le commet devait culminer à une bonne trentaine de mètres. Là, un supérieur l'attrapa par l’épaule et lui parla à voix basse. Il lui demanda s'il pouvait l'aider. Elle lui répondit alors d'une voix nonchalante pourquoi elle le ferait. Le ton du militaire se durcit. Sans lui révéler rien de plus, il expliqua que la situation restait préoccupante dans le bunker numéro 8. Malgré cela, elle ne parvint pas à comprendre ce que l'officier lui voulait. Il se contenta de dire que Wolf avait été vu à l'intérieur avant qu'ils ne perdent le contact. À l'annonce de son nom, le visage de la jeune femme s'éclaircit davantage, de même que son attention. Le militaire continua en lui disant qu'elle avait été la dernière personne à l'avoir vu avant sa disparition. Il ajouta, en lui murmurant à l'oreille, qu'elle avait des capacités pour réussir probablement cette mission. Cette parole déplut à la jeune femme mais elle savait qu'en s'occupant de cette mission, elle pourrait retrouver Wolf et discuter davantage avec lui.

Elle finit par lâcher un avis affirmatif.

 

Il ne fallut que quelques minutes pour elle et une poignée d'hommes surarmée pour se rendre au-dessus du site indiqué : un bâtiment servant de centre commercial sur lequel se trouvait le fameux site, là où elle et les autres comptaient initialement trouver refuge. L'aéronef se posa sur le toit et les huit hommes descendirent avec elle. Le plus haut gradé prit les choses en main et ils commencèrent à descendre les étages, découvrant de véritables scènes de massacres quand soudain, l'un des hommes revint de sa patrouille, très mal. Il indiqua qu'il était tombé sur ce qu'il appelait « une boucherie humaine ». Le reste de la troupe se rendit à l'endroit indiqué et le découvrit. Plusieurs êtres humains avaient été attachés à des crochets, le ventre ouvert et vidé de leurs entrailles. L'odeur de la pièce était insupportable, même si la vision seule l'était largement. Le chef ordonna alors à l’équipe de descendre et de rejoindre le bunker.

Ils arrivèrent alors à l'une des entrées qui se trouvait dans le centre lui-même. Après avoir tenté d'entrer en communication avec les soldats qui devaient s'y trouver, le chef força la porte avec des explosifs. Ils pénétrèrent alors dans le sous-sol du bâtiment d'où en sortait une odeur pestilentielle.

 

Il faisait noir. Les lumières étaient éteintes. Les hommes avançaient, les armes en joue sur lesquelles étaient attachées des lampes torches. Ils balayaient les moindres recoins de grandes places qui réunissaient tous les couloirs d'accès au bunker. À part quelques véhicules militaires, il n'y avait rien d'autre, excepté une odeur étrange. Elle ressemblait à celle de cadavres mais était beaucoup plus fine. D'étranges bruits se firent entendre. Quelque chose semblait gratter le sol. L'équipe de neuf personnes se dirigea alors plus profondément dans les lieux, s'enfonçant davantage dans le tunnel d'accès aux véhicules. Plusieurs d'entre eux étaient sur le bas-côté de la descente, les cabines vidées de manières précipitées. Le chef du groupe compris que les lieux avaient été infestés par les créatures qui avaient attaqué plus tôt dans la journée. Il prévint tout le monde de se préparer à se battre. Il se tourna ensuite vers Akame afin d'en savoir plus sur ces créatures. Elle lui répondit qu'elles ressemblaient à des monstres qu'on pouvait entendre dans les anciens contes.

Soudain, un cri déchira le silence du lieu. Tous se retournèrent vers l'arrière. L'homme qui fermait la marche avait disparu. Cependant, il restait quelque chose, une petite flaque de sang chaude. L'un des hommes éclaira le sommet de la voûte, dévoilant le corps mutilé du soldat, attaché par ce qui semblait être des boyaux. L'équipe ne comprenait pas comment cela avait pu se produire en si peu de temps. Le chef de l'équipe ordonna la retraite immédiate. Malheureusement, un cri d'effroi se fit entendre, venant du plus profond du complexe. Deux hommes, paniqués, fuirent vers la sortie, désobéissant à l'ordre du chef de rester groupé. Cependant, un cri se fit étendre de là où les hommes avaient disparu dans l'ombre. Quand celui-ci cessa, un objet roula dans la pente, passant à côté de l'un des hommes qui vit qu'il s'agissait de la tête de l'un des deux soldats qui venaient de fuir à l'instant.

Soudain, venant d'en bas, plusieurs tirs se firent entendre avant de cesser. Les six survivants remontèrent lentement guettant le moindre signe avant de commencer lentement à remonter. Le chef avait encore de l'espoir de permettre à ses hommes survivants de quitter cet enfer, l'entrée qu'ils avaient prise n'était pas très loin. Ils parvinrent sans encombre à la réunion des différents accès au bunker. De nouveau, ils sentaient cette étrange odeur. L'inquiétude grandit davantage encore quand ils entendirent un cri strident qui se rapprochait à toute vitesse. Akame put voir quelque chose s'échapper des ténèbres et fondre sur les militaires qui ouvrirent le feu dans cette direction. Des rafales de balles ne purent atteindre la chose qui apparut finalement à la lueur des torches. Une tête de femme à la gueule démesurée déployait beaucoup trop de dents effilées comme des aiguilles. De son cou coupé, ses entrailles sanguinolentes traînaient le sol. Ceux-ci semblaient contenir quelque chose de très lourd et encombrant. La tête arriva au niveau de l'un des soldats et le mordit à la gorge, le décapitant sur le coup avant de se projeter contre un autre au niveau de l'abdomen et de lui déchirer sa combinaison pour atteindre le ventre qu'elle déchiqueta avant de lui dévorer les entrailles. Prit de panique, le chef, Akame et les deux derniers soldats fuirent en courant, prenant le long couloir menant à la surface. Cependant, Akame entendit les cris de la créature derrière elle. Elle se stoppa et visa. Entre la policière et la créature, il n'y avait plus qu'un loin couloir sombre. Elle entendait les cris stridents de la créature se rapprocher. La policière commença alors à murmurer des paroles, récitant un exorcisme qu'elle connaissait au plus profond d'elle. Visant avec son fusil d'assaut, elle tira une rafale de balle lorsqu'elle vit la tête. Les balles ratèrent leur cible. Cependant, l'incantation semblait avoir fait effet. Les ondes de choc provoquées par le déplacement de l'air semblaient dérouter la chose, permettant à la jeune femme de s'enfuir jusqu'à la porte où les trois derniers soldats l'attendaient inquiet.

Mais au moment où elle arriva à celle-ci, la chose chargea. Les cris de l'un des soldats lui permirent d'esquiver la chose au dernier moment qui en profita pour se ruer sur cet homme trop bruyant. D'un coup de dents acéré, elle lui arracha le bas du visage alors qu'il continuait de crier et sous le regard impuissant du chef et de l'autre soldat. Celui sortit son pistolet et tira sur la chose. Criant de douleur, la créature se rua sur le jeune homme. Sa gueule démesurée avala d'une traite la tête de sa victime qui se tortilla de douleur. Akame, voyant ça, paniqua et continua de réciter des incantations mais plus sombre cette fois. Ses yeux tournèrent au rouge alors qu'elle se jeta sur la tête de la créature. Elle y apposa ses mains avec violence. À son toucher, la créature se tordit de douleur alors que sa tête se mit à gonfler de plus en plus. Terroriser, le chef emporta le soldat grièvement blessé au visage avec lui, laissant Akame seule. La jeune femme sentit que ses mains commencèrent à lui brûler mais elle se refusa de les enlever, sachant que cette chose la tuerait sur-le-champ. Ignorant la douleur, elle pressa la tête si forte qu'elle finit par la faire exploser, recouvrant intégralement la jeune Akame de sang. Choquée par ce qu'elle venait de faire, elle regarda le corps du soldat qui s'était fait dévorer. Il ne lui restait plus que le bas de la tête, à partir de la mâchoire inférieure, le reste avait été dissous par la gueule de la chose. Traînant les pieds, elle se dirigea vers la sortie, ne se rendant pas compte de l'enfer qu'elle venait de vivre.

 

C'était ce qu'elle raconta aux autres, alors qu'elle était encore en état de choc. Akame avait erré seule pendant des heures avant de retrouver cet étroit passage où se situait l'auberge. Au fond d'elle, elle espérait y trouver une sorte de refuge mais elle fut heureuse de retrouver les membres du groupe. Suite à son histoire, Reisen la fit monter à l'étage pour la faire se reposer, lui prendre un bain, changer de vêtements et lui donner quelques produits qui lui feraient du bien. Alors que l'ensemble du groupe discutait, elle redescendit. Olivier lui demanda l'état de la jeune policière. La Sélénite lui répondit qu'elle était en état de choc mais que ce qu'elle lui avait donné lui occulterait les parties les plus effrayantes car les mieux imprimé dans sa mémoire.

Là, elle leur demanda ce qu'il avait discuté pendant qu'elle était en haut. Il répondit très simplement.

 

– Un plan pour nous infiltrer dans le palais impérial quand on le pourra.

 

 

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