La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 59

Némésis

       Le groupe était reparti. Profitant de l'agitation ambiante et de « l'aura » qu'entourait Wolf, ils purent franchir les portes et sortir de la citadelle. Face à eux, s'étendait la nature sauvage. Comme désormais plus aucun véhicule ne circulait depuis Nagoya, ils allaient devoir marcher jusqu'à Tokyo. Le groupe savait très bien que la route serait longue et sûrement semer d’embûches, même si Olivier disait que leurs ennemis ne s'attendront pas à qu'ils passent par ce chemin-là. Mamizou était beaucoup moins optimiste que le jeune homme. Elle savait très bien qu'ils se feraient rapidement repérer et qu'une fois l’information transmisse à leurs chefs, ils organiseraient des embuscades. Cependant, Tom repensait encore à la veille. Il ne s'attendait pas à que Youmu soit informée par sa maîtresse, Yuyuko, sur les événements en Higan. Il se disait que dans ce monde-là, les communications devaient passer très vite. Mais il ignorait comment elle avait pu entrer en contact avec sa maîtresse. Il avait eu beau insister, Youmu n'avait jamais révéler comment elle faisait. Il se demandait si cela n'avait pas un rapport avec le spiritisme.

Alors que Tom était plongé dans ses pensées, Marisa se tenait à côté de lui, ravie et incarnait la joie de vie. La joie qu'elle éprouvait d'être de nouveau avec l'homme qu'elle aimait était immense. Régulièrement, elle monta sur son balai afin d'éviter de marcher et proposait à son chéri de faire de même. Elle volait à un mètre du sol et à la vitesse de marche de celui-ci. Après de nombreuses supplications, il accepta de monter à l'avant du balai. Il avait horreur de monter sur un balai car cela lui était très douloureux et n'aimait pas la relative instabilité provoquée par celui-ci, d'autant plus qu'il lui avoua qu'il ne savait plus voler. En entendant ça, elle se moqua gentiment de lui puis le prit entre ses bras avant de lui murmurer des gentillesses à l'oreille.

De loin, son ami Olivier regardait le jeune couple avant de regarder devant lui. Cela faisait déjà des heures qu'ils marchaient. Ils avaient traversé d'anciennes petites villes, anciennes banlieues de Nagoya, aujourd’hui à l'état de ruines. Cela faisait plus de dix ans qu'elles furent abandonnées mais la nature avait repris l'intégralité de ses droits même si le silence était trop présent. Il y avait très peu de cris d'oiseaux ou d'animaux. Ce monde était essentiellement végétal et minéral. Lors d'une halte, il fouilla dans les débris d'un ancien lotissement pavillonnaire. Il fut étonné de tomber sur les squelettes de trois personnes dont celui d'un enfant. Il regarda sur les murs et vit des impacts de balles. Il se doutait bien qu'ils furent victimes de la guerre. Il farfouilla et tenta de trouver des choses intéressantes. Excepté quelques centaines de yens, il n'y avait plus rien d'utile. Il rejoignit le groupe et ils purent repartir.

Ils marchaient durant toute la journée et le soleil s'apprêtait à tomber. Ils avaient finalement rejoint ce qui restait d'une route pour tomber sur ce qui semblait être une sorte d'arrêt pour automobilistes doublé d'une auberge, au vu de son deuxième étage. Le bâtiment était ruiné mais tenait debout. En s'approchant, ils virent de la lumière. Personne ne se doutait que le lieu fût encore habité. Ils se rapprochèrent furtivement du lieu afin de ne pas se faire repérer, ils ignoraient à qui ils pourraient avoir à faire. Une fois après avoir vérifié l'entrée, ils pénétrèrent à l'intérieur, restant sur leurs gardes. Ils s'installèrent dans le réfectoire et se préparèrent à passer la nuit. Ils allumèrent un feu de camp et déversèrent ce qu'ils avaient de comestibles près du feu. À part de nombreuses rations en conserves, ils n'avaient rien de frais.

Ils étaient en train de monter un campement de fortune quand un terrible cri se fit entendre. Olivier, celui qui montait la garde arriva dans la salle pour voir ce qu'il se passait. Ils se mirent alors à courir vers l'arrière du bâtiment là d'où venait les cris. Olivier défonça la porte et ils tombèrent sur un vaste espace devenu agricole. Là, ils virent un homme étendu au sol, éventré et gisant dans une mare de sang. Non loin de lui, se tenait un homme dont les bras étaient ensanglantés. Il s'essuya les mains avec un torchon tout en se retournant lentement vers le groupe. Cet homme avait les yeux rouge vif et portait un costard noir avec une cravate rouge foncé. Ses cheveux étaient noirs légèrement longs et emmêlés. De loin et dans la pénombre, ils ne purent savoir s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. L'individu se rapprocha lentement d'eux alors qu'ils se tenaient de plus en plus en garde. C'est alors qu'il se mit à parler d'une voix calme et rassurante.

– Cela va être une belle nuit ce soir.

– Qui êtes-vous ?! décocha Tom en premier.

– Et vous ? Vous êtes arrivés en trombe, vous m'avez presque surpris.

– Vous allez nous répondre ?! répliqua Olivier.

– Je n'ai pas de nom propre, on m'en a tellement donné. Même si j'ai un faible pour... Corruption.

– Qu'est-ce que c'est que ça ?! demanda Olivier impatient.

Dans le groupe, les autres se maintenaient plus en arrière, certaines sentaient que quelque chose clochait. Elles sentaient de très fortes émanations magiques venant de lui. Marisa attrapa Tom par la manche et lui supplia de reculer. Face à cette réaction, il tourna sa tête vers elle, l'air énervé.

– Je ne suis pas à protéger !

– Quoi...

– Je le vois bien. Vous tous vous pensez que je suis devenu trop faible pour quoi que ce soit ! Je vais vous montrer. Donc, tu t'appelles Corruption ? C'est pas un nom facile à porter. En plus, on me dit que t'es vaguement maléfique. Je suis sûr que tu dois être encore un officier de Mima !

– Un officier de Mima ? T'es drôle toi...

– Tu ne me fais pas rire ! s'écria Tom en dégainant son sabre et en fonçant sur l'individu en costard.

Il donna un coup afin de le transpercer mais d'un revers de la main, Corruption dévia puis lui arracha son épée des mains avant de la faire se planter dans le sol non loin de là. Il attrapa alors Tom au niveau de la gorge et le souleva sous les cris d'inquiétudes et les gestes menaçants du reste du groupe.

– Mon Cher Ami, cela faisait longtemps qu'on n'avait pas été aussi proche...

– Quoi... tenta de dire Tom, à moitié étouffé par la main de son assaillant.

– Il est temps qu'on soit de nouveau du même bord, dit-il tout en souriant avant de lui planter sa main droite du niveau au cœur du jeune homme.

Sous les cris du groupe qui se jetèrent sur lui, Tom se sentit envahi par une chose qu'il ne pouvait décrire, il sentait juste que cela venait de la main de son ennemi qui venait de lui traverser la poitrine. Depuis ce point, une substance noire se propagea sur et à l'intérieur de lui. Il sentait ses forces s’évanouir à une vitesse folle avant de lui-même sombrer en entendant un rire malsain.

Cependant, après moins d'une poignée de secondes, il entendit une voix douce et reconnaissable. Elle lui demanda de rouvrir les yeux, ce qu'il fit. En face de lui, se tenait Yukari. Ils étaient suspendus dans un lieu totalement noir et vide. Inquiet, il lui demanda où ils étaient. Elle lui répondit qu'il était à la frontière entre le conscient et l'inconscient. À cela, Tom voulut alléger l'ambiance en sortant une vanne sur le fait qu'elle était toujours à cheval sur deux choses, cependant, il ne le put car il sentit une douleur insupportable le traverser.

– Tom, je n'ai pas beaucoup de temps. Il faut que tu saches.

– Savoir quoi ?!

– Corruption, tu le connais.

– Mais c'est qui cette chose ?!

– C'était ta partie yokai enfouie au plus profond de toi et qui s'est réveillée lors de notre combat.

– Quoi ?! Tu veux dire que ce truc, c'est celui qui m'avait fait devenir le tyran...

– Oui. Vous avez été séparé lors de sa dissolution dans le puits. Vos deux âmes auparavant une se sont séparées.

– Mais... que... que veut-il ?

– Il veut ce pour quoi il est : corrompre ce monde et le détruire.

– Il faut... le... sto...

Alors que le jeune homme n'eut plus de force, il vit son corps se couvrir rapidement d'une substance noire et vivante. Effrayé, il regarda Yukari qui le toucha sur le front avec son index, provoquant une étincelle qui le fit s'évanouir.