La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 58 : Chapitre 58 Un jugement implacable

2224 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Chapitre 58

Un jugement implacable

 

       Il avait mal. Il souffrait le martyre. Il avait beau ouvrir les yeux, il ne voyait qu'un voile blanc. Il tenta de bouger, il n'y parvint pas. Après s'être calmé, plus ou moins, il réfléchit, se rappelant de ce qu'il se souvenait en dernier. Il se voyait distinctement en train de détruire le cœur du puits de magie et disparaître à l'intérieur de celui-ci. Soudain, il entendit une voix, à peine audible. Il tenta d'y répondre mais n'y parvint pas. Il avait l'impression de parler mais aucun son ne sortait de sa bouche. Il se concentra alors de toutes ses maigres forces sur la voix. Progressivement, elle devint de plus en plus audible. Sa vision revint également lentement, de même qu'une légère sensation de toucher. Il sentit qu'il était sur une surface en bois et détremper. Il regarda vers l'endroit d'où venait la voix. L'image de la personne devint de plus en plus claire, de même pour sa voix. Il pouvait voir une chevelure rouge cramoisie, un vêtement bleu et un tablier blanc. Tom se rendit compte qu'il s'agissait de Komachi Onozuka, la passeuse du fleuve Sanzu.

Suite à cette révélation, il tenta de lui parler mais sans succès, il était incapable de s'exprimer. Cependant, celle qui dirigeait la frêle embarcation sur laquelle ils étaient ne cessa pas de lui parler, ayant visiblement compris qu'il l'écoutait.

 

– Tu te réveilles enfin ! Je ne pensais pas qu'un fantôme pouvait tomber dans le coma ! affirma la shinigami.

– Quoi ?! Je suis mort ?! s'emporta le jeune homme mais qui ne fut pas entendu par son interlocutrice.

– Je vois que t'aimerais bien discuter, comme toujours. Mais tu ne peux plus parler, tu n'es plus qu'un fantôme. C'est triste quand même, tu étais une... gentille personne et tu aimais taper la discute avec moi. Mais bon, ta mort n'est pas ordinaire. Mourir en détruisant le foyer central d'un puits de magie concentrée dans le but de sauver une ville, c'est... jamais encore arrivé, avant. Il s'agit donc d'une mort particulièrement affreuse, quoique brève. Il ne reste plus rien de toi et ton essence a presque rejoint la magie, pour un magicien, c'est une mort particulière : devenir une fraction de la magie qu'on a utilisé toute sa vie et qu'on tenté d'en percer tous les secrets, je trouve ça beaux quand même.

– J'aurais préféré ne pas crever...

– Cela ne sert à rien de tenter de parler, je ne te comprends pas. Shiki s’occupera de ton cas... mais c'est déjà cuit pour toi... l'Enfer pour toujours. Au moins, tu pourras dire qu'effectivement, l'Enfer est pavé de bonnes attentions. Je sais que tu vas manquer à beaucoup de monde, dont à moi. Et comme tu es un ami, je t'ai fait un prix : tu n'as pas à payer ton voyage vers l'Autre rive. Aussi, vu comment t'as disparu, on n'aurait rien put récupérer. J'espère juste que cela n'a pas été trop douloureux. J'ai l'habitude de voir des gens morts de plein de manière différentes : pendu, décapité, écrasé, dévoré, noyé, brûlé, de vieillesse aussi, voire de maladie. Quelle horreur les maladies, peste, choléra, typhus et j'en passe.

– Que veux-tu que je dise ?

– En tout cas, tu n'as vraiment pas de chance. Même sans ce que tu avais fait, vu ton dossier, c'était l'Enfer malgré tout. C'est galère maintenant avec ses problèmes de financements des Enfers. Je me demande ce qui doit coûter aussi cher là-bas pour qu'on soit à ce point en déficit.

– Je ne sais pas. Peut-être la consommation de saké des Onis, protesta le jeune homme de mauvaise humeur.

– Donc, pour toi, c'était cuit depuis le début. C'est quand même enrageant de voir qu'une bonne personne peut finalement aller en Enfer pour les erreurs de ses incarnations précédentes, encore que pour toi, tu l'aurais pas volé. Heureusement que dame Shiki ne fait jamais d'erreur, sinon, on se retrouverait avec des criminels aux Paradis et des saints en Enfer. Quoique, cela doit être déjà le cas... Enfin bref, je m'égare. Aussi, vu la taille de ta donation, notre voyage va être bien long. Et encore, normalement, j'aurais dû te jeter par-dessus bord mais je t'aime bien et je refuse de le faire. Et puis, Shiki a hâte d'en finir avec toi.

– Bah pas moi ! grommela Tom avec force, sachant qu'il ne pouvait pas se faire entendre.

– Enfin bon... j'espère que ça ira l'Enfer. D'après ce que j'ai entendu, certains esprits s'y plaisent bien. Je me demande comment. Enfin, vu tes crimes présent et passé, Hecatia sera heureuse de te compter sur sa liste de « privilégiés ». Tiens, nous y voilà. On va arriver. Tu connais le chemin pour le palais, non ?

– Malheureusement, oui...

– Si cela peut te rassurer, tu ne devras pas attendre longtemps. Et ton procès sera aussi très bref.

– Cela ne me réjouit pas... Marisa... je... je suis désolé...

 

L’embarcation se posa contre le ponton et le fantôme de Tom, une sphère blanchâtre avec une longue queue effilée, descendit du navire et l'observa s'éloigner au loin alors que Komachi le saluait pour la toute dernière fois.

Tom sentait bien qu'il n'était plus une entité physique. Son « corps » ne marchait pas et se contentait de voler. Il se dirigea vers le vaste palais de justice de la Yama. Il se souvenait de la fois où il était venu ici. Rien n'avait changé. Toujours les mêmes fleurs rouges et les fantômes errants, attendant leur jugement. Le bâtiment lui paraissait encore plus grand que la dernière fois. Il se disait que c'est parce qu'il n'était plus qu'un fantôme que le monde lui semblait si différent. Il entra dans le bâtiment par la fente d'une dizaine de mètres de haut et qui servait de porte. Il se retrouva dans le vaste hall qu'il avait déjà visité. Cependant, à son arrivé, les mouvements des fantômes se stoppèrent. Là, la quatrième des dix portes en partant de la gauche s'ouvrit et deux grandes créatures vêtues de noirs et de blancs dont le visage était masqué par un crâne en sortirent. Elles se dirigèrent vers le fantôme et l'une d'elles plaça sa main dessus. Sur le poignet de la créature, une paire de menottes se forma dont l'autre extrémité était une chaîne qui emprisonna le fantôme. Suite à cela, les deux créatures entraînèrent Tom là d'où elles étaient sorties. La porte se referma derrière eux et ils traversèrent à une vitesse folle le long couloir à peine éclairé. Au bout de celui-ci cependant, une lumière blanche éblouit Tom qui ne rouvrit les yeux que quelques instants plus tard. Il était au centre d'une vaste pièce à ciel ouvert. Les murs étaient tapissés d'or et de pierres précieuses. En face de lui, se tenait une tribune haute de plusieurs mètres, gardée par deux statues monumentales en or massifs et armées de gigantesques épées. Sur chaque côté, se tenait des rangées où avaient pris place des centaines voire des milliers de fantômes. Il se retourna et vit de nombreuses autres personnes en noir et blanc partout dans la pièce comme pour la garder. Il se rendit alors compte que le bruit sourd des tambours s'étaient arrêtés, réalisant du même coup qu'il n'y avait pas prêté attention. Là, le silence fut total. Seuls les bruits de pas d'une personne montant à la tribune se firent entendre. Quand celle-ci arriva au sommet, Tom reconnut Shikieiki. Celle-ci semblait être à la fois mécontentent et attristée de le voir. Elle posa une pile de documents et prit la parole d'un air autoritaire qui semblait presque se réverbérer dans toute la pièce.

 

– Je déclare la séance exceptionnelle ouverte. L'affaire jugée est celle du dossier N°111-894-001RI, identité Tom du Monde Extérieur, résidant actuellement en Gensokyo. Êtes-vous cette personne ?

– Heu... je... je ...

– Répondez à ma question.

– Je suis bien ce Tom là...

– Très bien. Savez-vous de quelles charges vous êtes accusé ?

– Vous pouvez m'entendre parler ?! s'étonna le jeune homme.

– Les fantômes ont le droit à la parole pour leur procès, c'est pour cela que je peux les entendre. Voulez-vous connaître les charges retenues contre vous ?

– La liste doit être longue...

– Au cours de votre dernière incarnation, vous êtes poursuivie pour le meurtre de la personne de Youki Konpaku, ancien gardien du Royaume des Morts, emprisonnements et tortures abusives de populations innocentes, notamment des populations féeriques, la persécution de divers groupes, de nombreuses souffrances physiques et émotionnelles provoqué envers de nombreux habitants de Gensokyo et pour la prise de pouvoir par la force de vastes zones non-hostiles et envahit par pure bellicisme. Qu'avez-vous à ajouter ?

– Je... je peux...

– Un instant ! cria une voix sortit de nulle part.

– Yukari ?! s'écria Tom, suivit par Shiki.

– Oui, c'est bien moi. Je suis ici pour défendre la cause de mon client, Tom de l'Extérieur.

– Quoi ?! fulmina la Yama.

– N'a-t-il pas droit à un procès équitable ? Si c'est le cas, il a le droit de recourir à un avocat pour se défendre.

– Objection accordée. Yukari Yakumo sera l'avocate de Tom de l'Extérieur pour la durée de son procès. Poursuivons donc.

– Vous le dites bien. Quelles charges sont retenues contre mon client ?

– Celles-ci, répondit la Yama en déroulant une liste qui tomba jusqu'au pied de la haute tribune.

– Mon client ne peut pas être jugé car nombres de ces accusations sortent de leurs contextes.

– Expliquez-vous...

– Tom était sous l'emprise d'une puissance intérieure. Il n'était plus maître de lui. Il a été trompé puis manipulé par cette entité. On ne peut donc pas condamner Tom car il n'est pas pénalement responsable. Mon client était atteint, au moment des faits, d’un trouble psychique, provoqué par cette entité, probablement originaire de l'Enfer, ce qui ferait de son évasion de celui-ci votre responsabilité, ayant aboli son discernement et le contrôle de ses actes. Dans ces conditions, il ne peut être jugé sur les faits incriminés. D'autant plus qu'il a tenté plus que possible de racheter les erreurs de ses réincarnations précédentes. Allez-vous donc condamner une personne de la sorte ?

 

Suite au discours de la défense de Tom, le silence se posa sur la cour. Tout le monde regardait la juge, inébranlable. Cependant, elle se releva et se pencha vers eux.

 

– Le jugement sera rendu après la présentation des preuves de l'accusation : la vision du miroir de cristal.

 

À cette annonce, Yukari se raidit sur place mais tenta de ne rien laisser transparaître. Le miroir commença à afficher les images de ce qui s'étaient produit lors des événements qui étaient reprochés à Tom. Le miroir se mit alors à les diffuser sur le mur situé en face de la Yama afin que tous puissent voir les dégâts provoqués par le jeune homme. Le film tourna pendant cinq minutes qui démontant point par point l'explication de la Yokai. Une fois la démonstration des preuves terminée, le miroir s'éteint et la Yama reprit la parole.

 

– Au vu des preuves apportées par le miroir, Tom est déclaré coupable de l'intégralité des crimes qui lui sont reprochés. Je le déclare donc coupable et au vu de la loi et des événements qu'il a causés, il est condamné à la damnation éternelle au plus profond des Enfers. D'ailleurs, je voudrais savoir quelque chose, demanda la juge à Yukari.

– Pourquoi défendre l'homme qui a tenté de m'assassiner ? J'ai mes propres raisons. Bon, au vu de la séance, vous nous permettriez si nous nous absentions... disons pour toujours ? déclara-t-elle avant de former une brèche.

– Arrêtez-les ! hurla la Yama aux gardes qui se jetèrent en un instant sur le fantôme et la Youkai, bien plus qu'eux pour disparaître.

 

À la place, il ne restait plus qu'une lettre que l'un des hommes apporta à Shiki qui la lut.

« Nous sommes désolés de tous ces dérangements mais nous avons d'autres projets pour Tom. Veuillez accepter mon âme en caution le temps qu'il puisse rembourser sa dette.

Yukari Yakumo. »

À cet instant, le palais de justice trembla tant la fureur de la juge fut colossale. Au loin, Komachi se réveilla, surprise par cet excès de rage mais demeura amusée de voir sa patronne agir de la sorte mais s'inquiéta immédiatement après, craignant que ce ne soit elle qui en subissent les conséquences.

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