La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 49

Déjà vu et nouveaux

       Au cœur de la nuit, un banc de corbeaux et de Tengus s’envola vers les montagnes. Les Youkais repartaient pour certains, allaient se mettre en place pour d'autres. Ils s'envolèrent par groupes d'une petite dizaine. Chaque groupe attendait que ceux qui les avaient précédés soient suffisamment loin pour s'envoler à leur tour.

Parmi les derniers à partir, il y en avait un qui parla à Tom. Le gardien de la montagne assurait au jeune homme qu'il le tiendrait au courant et qu'ils allèrent tout faire pour les aider. L'humain le remercia. Il posa sa main sur l’épaule de la créature qui était légèrement plus grande que lui, à cause de ses getas, avant que celui-ci ne le sert contre lui rigoureusement avant de le relâcher. Le Youkai se retourna et s'éloigna, se rapprochant du bord de la tour, attendant d'être le dernier à s'envoler. Il se retourna et le dernier Tengu resté avec lui se rapprocha avec un bâton de deux mètres de haut, légèrement tortillé et orné d'une plume en argent. Sans un bruit, deux gigantesques ailes noires de plusieurs mètres de long se déployèrent. Il plia légèrement les jambes et sauta vers l'arrière, décollant telle une fusée dans le ciel étoilée, accompagné du porteur de bâton.

À ce moment, il ne restait plus que le groupe, encore sous le choc d'avoir retrouvé Tom. Alors qu'il allait leur parler, Olivier le prit de cours.

– Et maintenant, on fait quoi, « Tom le Blanc » ? dit-il sur un ton ironique en se moquant de son kimono blanc.

– Et c'est que maintenant que tu fais ce type de vanne ? lui rétorqua son ami avec amusement.

– Je me méfiais trop de tes nouveaux « amis » pour sortir ça. Et puis, pour un magicien, cela te va très bien.

– De quoi vous parlez ? demanda Marisa, ne comprenant pas pourquoi Olivier se moquait du kimono blanc de Tom.

– Elle est très bonne, répondit Sanae, se retenant d'applaudir car ayant compris la référence.

– Et puis, le blanc c'était d'occasion. La mort, la rédemption, la pureté. Il y avait trop de symboles à me faire comprendre à moi-même. Et puis, c'était soit ça soit du noir... corbeau.

– Tu sais quoi, je m'en serais douté, répondit son ami sur un ton malicieux.

– On va faire quoi maintenant ? demanda Sakuya.

– Ce qui est prévu, répondit Mamizou en s'avançant vers le « ressuscité ». On va récupérer le dernier objet.

– Cela ne va pas être facile, lui répondit Tom.

– Pour un revenant, cela ne devrait pas être un problème, murmura Olivier à Marisa.

– Je pense que c'est bon maintenant, « Marc-Antoine », arrête ton char.

– Tu devrais penser que ta disparition nous a tous impacté... à des degrés divers, dit-il en regardant la tanuki du coin de l’œil. Cela faisait longtemps qu'on avait pas été aussi serein.

– Même quand vous vous baladiez avec vos nouvelles amies ?

– Co... comment tu le sais ?!

– Je vous suis à la trace depuis quelque temps maintenant, depuis votre retour à Kyoto.

– Bien, maintenant, on va faire un petit somme et cette après-midi, on s'organise pour le reste de la mission, dit Mamizou.

Le groupe descendit de la tour puis la quitta. Tom ferma la porte comme il put puis ils marchèrent dans le parc entourant le lieu. Les Tengus étaient partis depuis longtemps mais le manque de bruit étonna tout de même Olivier. Le jeune homme se mit alors sur ses gardes puis s'arrêta, suivit presque immédiatement par Mamizou. Le reste du groupe fut fortement surpris de ce brusque et silencieux arrêt. Tom demanda à son ami ce qui n'allait pas. Celui-ci lui demanda s'il ne manquait pas quelque chose. Il écouta et répondit que c'était trop silencieux. Olivier hocha alors la tête. L'atmosphère sembla s'alourdir. C'est à cet instant qu'ils réalisèrent tous ce qu'il se passait.

Venant de toutes parts, des projectiles s'abattirent sur eux. Le groupe se divisa afin d'éviter les projectiles et de se défendre. Une quinzaine de Youkais sortirent des buissons. Olivier avait à peine dégainé son revolver que déjà l'une des créatures était sur lui. Il roula sur le côté gauche afin d'esquiver le coup et tira à quatre reprises dans le flanc du monstre. Celui-ci semblait ne rien ressentir et se tourna vers lui. C'est alors que le jeune homme s'écria : Projection !

Ses impacts de tir s'illuminèrent d'un bleu intense et la créature fut projetée contre un arbre situé à une bonne centaine de mètre de là. Au même moment, Youmu trancha dans plusieurs monstres qui tombèrent lourdement au sol alors que Reisen abattit de nombreux autres. En moins d'une minute, le combat était déjà terminé. La faible résistance des ennemis les surprit. Mais à ce moment-là, une nouvelle créature arriva. Une créature qu'ils avaient déjà rencontrée. Avec son hanfu rouge vif et son visage inquiétant, ils ne pouvaient pas oublier Taisui Xingjun, le dieu des calamités. Le voyant, le groupe se rassembla. Tom ne comprenait pas. Il demanda qui il était. Marisa lui raconta rapidement qu'il s'agit d'un méchant à vaincre. La réponse de sa petite amie n'aida pas beaucoup le jeune homme. Cependant, derrière lui, ils virent d'abord des centaines de paires d'yeux, puis ce fut au tour de centaines de silhouettes de se former. Mamizou ne comprenait pas comment il pouvait avoir le contrôle d'autant de Youkais. En les voyant inquiet, la divinité sembla se pavaner devant eux, comme pour les humilier. Il redevint plus sérieux juste après, au moment où une dernière forme apparut. Mais au lieu de rester en retrait, il s'avança jusqu'au côté du dieu. Sakuya resta figée sur place. Reisen, ne comprenant pas, tenta de la faire redescendre sur terre et lui demanda pourquoi elle était comme ça. Elle répondit que la personne à côté de Xingjun, c'était l’Araignée. Le groupe se concentra alors sur elle. Sa main tranchée par Sakuya avait été remplacée par une main métallique. De même, le côté droit du cou, la jambe droite à partir du genou était remplacés par du métal. Enfin, une longue mèche de cheveux tombait sur le côté droit de son visage. La domestique du manoir ne comprenait pas comment elle avait fait pour survivre. Elle avait beau chercher dans sa mémoire, la dernière image qu'elle avait gardée d'elle, c'était celle d'une Youkai grièvement blessée et épinglée contre un sanctuaire qui a explosé peu de temps après.

En voyant leurs expressions, la divinité sourit puis se mit à parler.

– Il semblerait que vous vous connaissiez déjà.

– C'est qui ? demanda Tom à Marisa.

– C'est Taisui Xingjun, annonça Sakuya qui se trouvait à côté d'eux, le dieu des calamité, accompagné par la tsuchigumo qu'on croyait morte.

– C'est donc lui... marmonna le jeune humain qui se leva et marcha vers lui, étonnant le dieu.

– Je ne te reconnais pas toi, tu es venu me supplier de te tuer le plus rapidement possible et de façon indolore ? lui demanda le dieu sur un ton narquois.

– Tu es donc celui qui provoque tant de désastres... et par commencer par toi-même ! lança-t-il à la divinité qui n'en revenait pas d'un tel manque de respect.

– Comment oses-tu...

– Je ne m'inclinerais jamais devant une divinité dont le credo est la mort et la destruction !

– Dans ce cas... si tu ne te prosternes pas de ton vivant, ton cadavre le feras.

– Je n'ai pas peur de la mort, je l'ai croisé trop de fois pour cela.

– Vous entendez ça ?! s'écria le dieu à son « assistance » de Youkais. Ce misérable humain n'a pas peur. Il faut croire que les bonnes manières se perdent. Aucun humain ne devrait être ainsi, immunisé à sa propre fin !

Sans sourciller, Tom posa sa main gauche sur le fourreau et abaissa légèrement le manche de son arme. Désormais, celle-ci était bien dégagée de ses vêtements blancs et à l'horizontale. Il écarta légèrement ses jambes sous le regard attentif du dieu tout en se positionnant, prêt au combat, le regard vif. Xingjun se gratta le menton en contemplant sa position. La femme qui l'accompagnait s'approcha de lui et chuchota à son oreille des informations qu'il semblait l’intéresser. Il esquissa un sourire que Tom contra par un air d'autant plus sérieux.

– C'est toi qui la tuée. Tu sais, cette divinité... comment elle s'appelait déjà... Chikyūfu... enfin bon. C'est pas parce que tu as déjà tué un piètre dieu que tu pourras m'avoir. Même le penser est si... futile. Prosterne-toi et peut-être que je serais miséricordieux avec toi.

– Et pourquoi je le ferais ?

– Je vais être direct, simple primate. Mon chef te veut, je ne sais pas pourquoi mais il te veut.

– Quoi ?!

– Attrape-le, dit-il à la femme à ses côtés qui lança un fil de soie sur Tom qu'il trancha en dégainant son sabre à la vitesse du vent, provoquant le cri de l'orage, faisant reculer la meute de Youkais.

Très bien... je crois que je vais devoir m'occuper de lui moi-même, occupe-toi des autres, dit-il à son alliée araignée avant de se retourner vers Tom, ta capture m’assurera beaucoup de chose pour l'avenir.

D'un geste, il bondit vers Tom qui ne put que contrer par un faible coup d'épée en revers. Le dieu évita le coup et envoya son pied dans le visage du jeune homme, le faisant valser jusqu'à ses amis qui le rattrapèrent. Après s'être reposé, tournant le dos à ses ennemis, le dieu tourna légèrement la tête, voyant l'une des membres du groupe s'interposer.

– Si tu veux t'en prendre à lui, tu devras commencer par moi !

– Mais on dirait que ma première victime sera une miko, dit-il avec un large sourire satisfait.