La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 47

La tour des tengus

         Ils marchèrent dans la nuit. Il était tard et personne ne se promenait dans les rues à part eux. Il était presque trois heures du matin et ils se dépêchaient afin d'éviter d'arriver en retard au rendez-vous. Sanae se demandait toujours ce que cela pouvait signifier. Elle tenait fermement la photo dans sa main, cette même photo qu'elle avait reçue dans la nuit précédente.

Dans la matinée, la veille, le groupe regarda avec attention la photo qui lui fut donnée par un étrange yokai. En l'observant, on pouvait voir un message au dos de celle-ci. Il y était écrit « À trois heures au Kinkaku-ji ». Le groupe se demanda alors ce qu'était ce lieu et qui était l'expéditionnaire de la photo. Elles ne durent pas réfléchir longtemps car Mamizou arriva avec son sac rempli de provisions. En se penchant sur la photo, elle déclara sans la moindre hésitation qu'il s'agissait d'un temple bouddhiste situé au nord de la ville et qu'il était recouvert d'or pur. Cela intrigua alors Marisa qui se mit à écouter d'une oreille quelque peu plus attentive. Reisen protesta. Elle refusa qu'ils aillent à cet étrange rendez-vous. Olivier lui répondit qu'il n'allait probablement pas se faire attaquer par des choses venues d'ailleurs. Cette remarque, déplacée en présence justement d'une Sélénite, la surprit sans autre mesure. Youmu demanda au groupe s'ils avaient une idée de qui aurait pu leur donner ce rendez-vous. La miko tenta de se rappeler du youkai. À part sa forte carrure rien ne lui avait semblé particulièrement étrange. Elle rajouta qu'il devait être assez ancien et qu'il sentait le chien mouillé. Ce dernier élément était leur seul indice et il était bien mince. Elles se creusèrent la tête afin de trouver une réponse, ou du moins, un début de réponse. Sakuya émit l'hypothèse qu'il pouvait s'agir d'un youkai qui pourrait être un futur allié. Cela semblait évident mais rien ne permettait de le dire avec certitude. L'hypothèse d'une embuscade fut également émise mais en fin de compte, aucune hypothèse ne pouvait être véritablement réfutée.

À ce moment-là, la tanuki les prévint qu'elle allait sortir pour régler quelques problèmes d'argents. Cela soulagea Sanae qui s'inquiétait vraiment du manque d'argent qu'ils étaient en train de connaître mais se demandait comment elle parvenait à en avoir. Elle espérait juste qu'elle ne le volait pas.

Il fut décidé d'aller à ce rendez-vous mais d'être prêt à se battre au cas où.

Ils traversèrent rapidement le parc, étrangement sombre et arrivèrent au pied du bâtiment qui lui était bien éclairé. Les lueurs se reflétaient sur l'or du bâtiment, le rendant encore plus impressionnant. Le rez-de-chaussée n'était pas recouvert d'or alors que le premier et deuxième étage l'étaient. Le bâtiment était magnifique avec son toit en pagode. En regardant à leur niveau, ils virent une porte ouverte, encadrée par deux gigantesques bougies de deux mètres de haut et allumées. Prudemment, ils pénétrèrent dans le lieu sacré. Ils parcoururent rapidement le rez-de-chaussée pour se rendre compte qu'il n'y avait rien. Au moment de se diriger vers l'escalier, ils sentirent des mouvements d'airs très importants et répétés ainsi qu'une forte hausse de la concentration magique, ils étaient tombés dans un piège. Des silhouettes se dessinèrent alors, c'étaient des Tengus.

Alors que le groupe se rassembla et se mit sur la défensive, les Youkais ne bougèrent pas. L'une des créatures s'avança lentement sans un bruit. Son visage était dissimulé par un grotesque masque tengu rouge au long nez. Celui-ci leva le bras et montra l'escalier qu'il regarda avant de diriger son visage vers le groupe. Toujours méfiant, Olivier fut le premier à se déplacer vers le lieu-dit, rapidement suivit par les autres. Alors qu'ils montaient, les autres Tengus se massèrent en bas des escaliers et les observèrent en silence. Une fois arrivé à l'étage, un Tengu apparut de nulle part et manqua de faire tomber à la renverse Marisa. Il s'excusa humblement et leur demanda s'ils pouvaient régler le compte du tengu qui venait de s'opposer aux leurs. Le groupe resta abasourdit par la situation et ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. C'est alors qu'un lourd bruit se fit entendre non loin d'eux, dans un coin non éclairé de la pièce. Un shuriken vola ensuite dans leur direction. D'un coup d'épée, l’épéiste demi-humaine dévia la course folle du projectile. C'est alors que la créature apparut. C'était un Tengu, ils le reconnaissaient bien à son tokin, ses geta exagérément haute et ses pompons attachés à son chapeau. Il portait également une tenue de ninja sombre et un masque d'oni. Il s'adressa alors à ses adversaires.

– Vous êtes venus pour me défier ? Cela est bien présomptueux de votre part.

– Qui êtes-vous ?! Exigea Olivier.

– Un renégat. Un renégat qui va vous tuer, dit-il en lançant deux nouveaux shurikens parés immédiatement par Youmu, avant d'ajouter, je vois que j'ai trouvé mon premier adversaire.

– Si c'est ce que tu veux... répondit Youmu en prenant son sabre à deux mains et en le plaçant sur le côté.

Elle bondit vers l'avant et il fit de même. Leur vitesse était telle qu'ils devenaient impossibles de les voir, seuls les bruits de leur pas et des coups de lames trahissaient leur présence ainsi que les brusques déplacements d'air. Le combat n'avait commencé que depuis quelques seconde mais ils avaient déjà l'impression qu'ils s'éternisaient.

Une plainte fut entendue. Youmu se posa violemment contre une paroi avant de se laisser tomber au sol. Elle porta sa main sur son flanc droit, un léger filet de sang s'écoula, elle venait d'être atteinte. Le Tengu s'arrêta à l'opposé d'elle et ricana. Il se moqua d'une si faible adversaire. Cela ne fit que faire se relever la jeune épéiste qui sans un mot se prépara à une nouvelle charge. Elle pointa son épée droit devant elle et fonça si rapidement qu'elle disparut au moment de partir. Le Tengu, armée de deux tantos, fit de même. Un violent fracas se fit entendre dans la tour. L'un des tanto, brisé se planta au plafond alors que la moité gauche du masque oni tomba au sol non loin du reste du groupe. Un bruit sourd se produisit alors. Le corps léger du corbeau, alourdit par la violence du coup et de sa défaite tomba lourdement sur le plancher. Non loin de là, Youmu gardait sa pose avant d'expirer et de se relâcher.

Olivier s'approcha lentement d'elle et posa sa main sur son épaule, lui demandant si elle allait bien. Elle tourna légèrement la tête, lui répondant que c'était un combat qui en valait la peine, mais totalement déséquilibré. C'est alors qu'ils entendirent tous des applaudissements qui les submergeaient. Ils allaient rejoindre le groupe quand une voix leur parla, une voix qu'ils reconnurent. Un groupe de Tengus se faufila et se mit à les entourer, continuant d'applaudir. L'un d'eux parla, c’était la voix qu'ils avaient reconnue.

– Je suis heureuse que vous soyez venus, déclara-t-elle en retirant son masque, dévoilant son visage avant de remettre ses lunettes.

– Mamizou?! s'étonna Olivier furieux.

– Pourquoi avoir préparé tout ça ?! protesta Reisen.

– Pour une raison simple, pour vous parler de nos plans pour sauver Gensokyo.

– Qui sont ces Tengus ? semanda Sanae.

– Les Tengus du Mont Takao.

– Mais... on ne les y avait pas vu, répondit Olivier.

– Ils avaient fui leur demeure, envahit par cette divinité de la nature.

– Pourquoi ils sont là, à Kyoto ? C'est loin de Tokyo.

– Tu me permets de répondre ? demanda une voix grave et forte mais également amicale et bienveillante.

– Bien évidemment, répondit Mamizou, laissant passer cette créature également masquée qui portait des motifs différents des autres.

– Qui êtes-vous ? demanda Olivier sur un ton présomptueux.

– Je suis celui qui va vous aider à sauver Gensokyo.

– Et pourquoi ? demanda le jeune homme sur un ton déplaisant.

– Je veux protéger mon monde, le Monde Extérieur.

– Mais vous serez mieux à Gensokyo, lui rétorqua Sanae.

– Et pourquoi donc ? Un vrai Tengu ne quitte pas sa terre sans combattre. Et puis, je ne vois aucune raison d'abandonner le Mont Takao.

– Admettons, que voulez-vous en échange ? rétorqua Olivier sur un ton menaçant, inquiétant les autres mais surtout, ne comprenant pas pourquoi il agissait de la sorte.

– Je veux que vous me rendiez un service en échange.

– Qui est ?

La créature commença alors à rire, un rire dérangeant puis se ressaisit.

– Je suis heureux que vous soyez venus, notamment toi, Marisa.