La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 44 : Chapitre 44 Un pas de plus vers la catastrophe

1740 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 2 mois

Chapitre 44

Un pas de plus vers la catastrophe

 

       Elle rouvrit enfin les yeux. Elle ne voyait rien, éblouie par le soleil. Elle sentit qu'elle était sur le dos de quelqu’un. Elle voulait parler mais n'y parvint pas, Sanae était morte de fatigue. Elle pouvait entendre le vent siffler, le silence était de mise dans le groupe. Elle bougea légèrement, sentant quelque chose de poilue dans le bas du dos. La miko presque consciente devina qu'elle était sur le dos de Mamizou. À ce même moment, celle-ci lui adressa la parole.

 

– Tu te réveilles enfin ? Comment vas-tu ?

 

La jeune humaine ne répondit pas, incapable d'émettre le moindre mot.

 

– Reisen, elle va comment ?

– Je vais voir, répondit-elle avant de se diriger vers Sanae, « l’auscultant » alors qu'elle était sur le dos de la tanuki qui n'avait pas cessé de marcher.

– Alors ?

– Elle est épuisée, il lui faudra beaucoup de repos.

 

Après ce bref échange, le silence se reposa dans le groupe. La miko pouvait sentir qu'elles descendaient le long de la montagne. Elle pouvait également ouvrir les yeux, les branchages masquant une partie des rayons du soleil. Sa vision demeura encore floue mais elle put voir en arrière, les silhouettes de Youmu et de Sakuya aider Marisa et Olivier à descendre la colline. Marisa tenait fermement le miroir serré contre elle. Elle ne voulait pas s'en séparer, malgré les demandes répétées de ses amies. Elle refusait à chaque fois, considérant qu'il était de son devoir de le protéger, comme il l'était de donner la lettre qu'elle avait reçue à l'impératrice. Olivier tentait de marcher seul mais n'y parvint pas. Reisen avait beau chercher de quoi les soigner, elle n'avait plus grand-chose. Mamizou lui déclara qu'elle irait lui chercher des médicaments, pensant que les humains de cette époque avaient fait d'énormes progrès par rapport aux années où elle avait quitté le Monde Extérieur. La Sélénite ne répondit rien, ne sachant plus quoi dire et elle-même accablée par la fatigue.

À leur arrivé en bas de la colline, les secours et l'armée étaient déjà en place. Ils durent couper à travers bois afin de les éviter. Ce trajet allongea la descente d'une heure supplémentaire. Durant cette nouvelle heure de crapahutage, la jeune miko du vent se remit progressivement de son épuisement. Elle rouvrit lentement ses yeux vert forêt, voyage les cimes et les branches des arbres les couvrir d'une légère ombre qui se dérobait à chaque coup de vent, dévoilant un puissant soleil. Elle se raccrocha à Mamizou qui la portait, lui faisant comprendre que celle qui se trouvait sur son dos venait de se réveiller. En réaction, la tanuki lui demanda alors comment elle allait. La jeune femme aux cheveux d'un vert profond lui répondit qu'elle allait un peu mieux. Au son de sa voix, hésitante, la tanuki en déduit qu'elle était encore bien trop affaiblie pour la laisser marcher. Sanae, suite à la décision de la cheffe du groupe de la laisser pour le moment sur son dos, se tut, aillant honte de devoir se faire porter de la sorte.

Quand ils arrivèrent enfin à la route, nul véhicule ne circulaient, nul piéton se promenait, juste les haut-parleurs qui crièrent leur message d'alerte. Au loin, ils pouvaient voir un panache de fumée s'élever lentement dans le ciel bleu.

Mamizou réunit le groupe autour d'elle et discuta avec eux de la marche à suivre. Ils allaient d'abord se reposer, et pour cela, ils allaient devoir trouver un hôtel pas trop cher, leurs ressources fondant à vue d’œil. C'est alors qu'ils se mirent à errer dans la ville, vide de ses habitants, calfeutrés chez eux ou abrités dans les abris souterrains, sous un soleil qui ne cessait de décliner.

 

Dans un recoin peu accueillant, celui d'une ancienne friche à l'abandon ayant visiblement été la cible d'affrontements militaires à en juger par les impacts de balles partout sur les murs et les bâtiments à demi effondrés, ils tombèrent sur un hôtel. Il n'était pas misérable mais semblait ancien, dans le mauvais sens du terme : la peinture s’écaillait, certaines fenêtres étaient brisées et la porte eut du mal à s'ouvrir. L'intérieur n'était guère mieux. Planché gondolant, murs écaillés, plafond mité et portes sans poignets. Heureusement, l'endroit ne semblait pas sale, du moins, les cafards ne se baladaient pas librement partout dans le lieu. Ils avancèrent jusqu'à un vieux comptoir en bois, fendu par endroit. Au-dessus, il y avait une petite clochette qui avait perdu son battant et qui prenait la poussière. En frappant légèrement dessus, une porte s'ouvrit brutalement au fond, c'était le gérant. Il avait l'air d'avoir une cinquantaine d'années, du moins physiquement et son bras droit était remplacé par une sorte de prothèse bionique, qui semblait hors d'âge et dysfonctionnel. Il arriva, se gratta son crâne dégarni et les observa.

 

– Donc sept chambres ? Pour combien de temps ? demanda-t-il sur un ton impatient.

– Cela fera combien par nuit ? demanda Mamizou, scrutant le regard de l'homme.

– Hmmm... je vous le fais pour 3000 yens par chambre et par nuit.

– 2000 yens, objecta la tanuki, vous avez vu le lieu, on se croirait sur un champ de bataille !

– Justement, vous êtes dessus. Je peux descendre à 2800, pas moins.

– 2200.

– C'est pas à moi qu'on le fait ! 2500 yens sinon vous irez coucher dehors, et puis, vous trouverez pas moins cher.

– Aussi, on ne pourrait pas trouver plus taudis qu'ici, marmonna Reisen en observant autour d'elle.

– Va pour 2500 yen, annonça la tanuki.

– Bien, vous payer d'avance. C'est pour combien de temps ?

– On va rester trois nuits.

– Donc... 2500 fois vous sept fois trois nuits, cela fait... hmmm... 52 500 yens.

– Bien...

 

À ce moment, la tanuki sortit une carte de crédit, étonnant le propriétaire mais également les autres. Celui-ci fut étonné de voir une personne ayant encore ce moyen de payement. Il ouvrit donc un vieux placard très poussiéreux et en sortie un lecteur de carte. Il lui fallut quelques minutes avant de réussir à le refaire fonctionner. La tanuki passa sa carte au-dessus et la transaction fut effectuée. Il donna alors sept cartes magnétiques et leur indiqua où aller. Le groupe traversa un couloir et arriva aux premières chambres, trois au rez-de-chaussée, qui furent occupé par Youmu et Sakuya. Ils prirent ensuite un petit escalier dont les marches craquèrent à chaque pas, comme autant de signes annonciateurs d'un effondrement général du bâtiment. Au premier, quatre chambres étaient disponibles, elles furent prises par Reisen, Sanae, Olivier et Marisa. Mamizou monta un nouvel étage afin d'atteindre sa chambre. Chacun put alors se reposer dans sa chambre et beaucoup s'endormirent presque sur l'instant.

 

Au cœur de la nuit, elle ne dormait pas. Elle écoutait la climatisation vrombir alors qu'elle était allongée dans un lit miteux. Le sol était en moquette grise, taché en de nombreux endroits. Les murs étaient recouverts d'un hideux papier peint qui semblait être coloré à l’origine mais qui était désormais jauni, du moins, pouvait-elle en déduire aux endroits où il en restait. Elle tourna la tête, observant la table en plastique rafistolée à la hâte, ainsi qu'une chaise désormais à trois pieds. Les portes de l'armoire étaient ouvertes et elle avait eu beau tenté de les fermer, elle n'y était pas parvenue. Elle avait pu voir les étagères défoncées qu'elle contenait ainsi que de nombreuses marques de coups sur le meuble.

Sanae était cependant plongée dans ses pensées. Elle se remémorait le combat contre le dieu des malédictions mais surtout, ses déclarations. Elle se demandait où il voulait en venir, qui était à l’origine de tout cela. S'il n'était qu'un complice, qui était l'organisateur, mais surtout, encore plus important, quelle était sa force. La créature était suffisamment puissante pour ordonner et contraindre de très puissants yokais, même des divinités mineures à le servir et à l'aider. Elle réfléchissait, imaginant quelle espèce pourrait faire cela.

Malgré la fatigue, elle ne parvint à s'endormir qu'en fin de nuit, à l'heure où les noctambules rentraient chez eux.

 

Le groupe resta les deux journées suivantes, soignant les blessés et allant acheter diverses choses. Mamizou prit l'habitude de disparaître dès l'aube pour revenir au crépuscule.

Olivier et Marisa se remirent lentement de leurs blessures. La jeune apprentie magicienne humaine et ordinaire ne se sépara jamais du miroir ainsi que de la lettre de la prêtresse. Sakuya lui demanda comment elle comptait la remettre à l'Impératrice. Elle lui répondit qu'ils devront forcément voler le dernier Trésor Sacré qui se cachait dans la demeure de l'Impératrice. Elle lui laissera ce message à la place. 

Le propriétaire n'avait rien à faire de ces quelques clients. Il passait régulièrement devant leur chambre afin de s'occuper du matériel dont le terme vétuste n'était pas assez fort pour le qualifier. Cependant, le bâtiment tenait debout. Le propriétaire leur raconta que c'était grâce à de la magie familiale ou un truc du genre. L'homme semblait totalement désintéressé par cela, ne croyant même pas ce qu'il racontait, se plaignant ensuite que cela serait de la magie que d'avoir plus souvent des clients. Son habitude désola les habitantes de Gensokyo, d'autant plus que d’après Youmu, il errait dans les couloirs, tentant de les espionner dans la nuit. Elle prévint qu'elle s'occuperait de lui si elle le prenait sur le fait, ce à quoi Sakuya approuva. Olivier tenta de rabaisser les attitudes assassines des deux jeunes femmes, leur expliquant que leur mission n'était pas de trucider les pervers, même s'il le déconsidérait totalement.

 

Au matin du troisième jour, Mamizou les fit se préparer et ils repartirent vers la gare où ils prirent un train pour Kyoto avec l'espoir de revenir pour Tokyo afin de terminer leur travail.

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