La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)
Chapitre 38
Des au revoir
Il faisait beau ce jour-là. Le léger vent aurait pu remplir n’importe quel cœur d’un bonheur tellement naturel qu’on aurait pu croire que la nature elle-même cherchait à apaiser le cœur des hommes tellement pressé par un temps qu’ils ne pourront jamais rattraper. Dans un monde artificiel, les rares manifestations naturelles, vents, soleil et vagues servaient d’énergies aux humains. Cependant, ces êtres dont la vie était si fragile, si courte en comparaison d’un grand nombre d’habitants de Gensokyo, pouvaient respirer ce vent, portant si vide de senteurs, ce soleil, si filtré par les verres et toitures, ces vagues, si lointaines des corps frêles de ces hommes.
Olivier parvenait à apercevoir les quelques brins de naturel dans l’air. Il ressentait les forces primordiales, le vent, le soleil, l’eau et la terre.
Les deux jeunes femmes, Maribel et Renko, étaient amusées par ce jeune homme que les rares passants considéraient comme bizarre, étrange, « presque sauvage ». Cependant, à leurs yeux, cela paraissait si naturel. Elles avaient comme l’impression qu’il vivait dans un environnement où la nature était omniprésente. Renko savait bien cela, sachant sa véritable origine. Dans un sens, elle l’enviait. Elle aurait voulu se promener dans ce monde, ne pas avoir l’impression qu’il ne s’agisse que d’un rêve partagé avec son amie. Elles voudraient pleinement explorer Gensokyo, foulée cette terre dont les seules limites n’étaient que leur propre imagination. Elles rêvaient de ce monde qu’elles avaient entraperçu.
Il se retourna et se rendit compte qu’il était effectivement en train de marcher pieds nus dans un ruisseau artificiel. Mamizou, étonnée, lui demanda ce qu’il était en train de faire. Rouge de honte, il se sécha rapidement les pieds en lui expliquant qu’il rêvassait. La tanuki devina la tournure de ses rêveries. Elle aussi souhaitait retourner à Gensokyo. Elle, qui venait d’un Japon à la croisée des chemins, elle n’arrivait pas à s’habituée à cet univers où la science avait pris le pas sur la magie, où l’artificiel remplaçait le naturel, où l’imagination s’inclinait face à la raison. À l’ère où elle quitta ce monde, les villes et la nature s’entremêlaient parfois. Les gens pouvaient être superstitieux ou incrédules dans cette ère ancienne. Désormais, les hommes cessaient d’êtres vivants et n’étaient plus que des ombres. Les progrès les empêchaient d’imaginer. Elle voyait bien dans le regard des deux jeunes femmes la passion pour un autre monde, autre que celui qu’était devenu le monde des Hommes, un monde qui n’était plus qu’une gigantesque horloge.
Le temps s’était écoulé très vite et le soir tombait déjà. Les deux jeunes femmes avaient passé un agréable après-midi avec leurs nouveaux amis. Renko était légèrement triste de devoir les quitter. Elle ne pouvait plus s'arrêter de parler de ce qu’elle avait vécu à son amie. Olivier le ressentait, elle était troublée et se tournait souvent vers Maribel. Le jeune homme lui demanda s’il pouvait discuter seul à seul avec elle. Perdue dans ses pensées, elle rougit en l’écoutant, amusant Maribel qui la frappa légèrement du coude d’un air taquin. Elle accepta et marcha avec lui afin de s’éloigner un peu du groupe.
– Renko, je vois qu’il se passe quelque chose, dit-il d’un ton rassurant.
– C’est que… je sais que je ne dois pas mais…
– Tu ne vas pas me dire que…
– Olivier… je souhaite te dire que…
– Renko, c’est impossible… nous ne venons pas du même monde… et puis, je suis déjà avec quelqu’un, répondit-il d’un air gêné.
– Quoi ? De quoi veux-tu parler ? Je voulais dire que je voulais tout dire à Merry.
– C’est donc ça ? Je m’étais inquiété pour rien donc... Attends un instant !
– Tu es gentil et héroïque mais tu ne m’intéresses pas, je ne vois même pas pourquoi tu penses ça.
– Je pensais être… enfin bon, dit-il alors touché dans son amour-propre.
– Je suis sûre que tu la rends heureuse.
– Qui ça ?
– La personne avec qui tu es.
– Disons que notre relation est… compliquée… dit-il en se remémorant les moments où il était poursuivi par un tank.
– Qu’est-ce que je dois faire ?
– Ne lui dis rien… enfin, plutôt, dit lui quelques petites choses sur Gensokyo, sans nous mentionner et surtout, parle-lui-en mais d’ici quelques jours, d’accord ?
– Je vais essayer…
– Vous voilà, qu’est-ce que vous étiez en train de faire ? demanda Youmu qui arriva à ce moment.
– On discutait de ce qu’elle savait, répondit le jeune homme.
– Je suis venue vous prévenir que c'est le moment de se séparer.
Les trois dernières personnes rejoignirent le groupe qui se scinda alors en deux. D’un côté, se trouvaient Maribel et Renko et de l’autre les originaires de Gensokyo. Chacun se salua respectueusement puis dut se séparer. Pour Renko, cela fut très difficile. Maribel, voulant la réconforter, lui raconta qu’elle pourrait toujours le revoir. Elle répondit qu’elle ne pourrait pas avant de se rendre compte que son amie pensait au fait qu’elle fût amoureuse de lui. La jeune fille au chapeau noir et au ruban blanc lui rétorqua que cela n'avait rien à voir, qu’il était juste une connaissance. Cependant, dans son esprit, il était plus que cela. Il était son sauveur, l’homme qui l’avait sauvé des yokais. Il était comme la partie aventureuse de sa personne. Elle se disait que si elle vivait en Gensokyo, elle pensait être comme lui. Il était une sorte de modèle, une personne vivant à fond la vie et en contact avec la nature disparut dans ce monde artificiel. Il était d’une nature assez austère au premier contact mais il est également très chaleureux pour ses amis et protecteur, n’hésitant pas à utiliser de sa personne pour aider les autres sans pour autant vouloir être un héros. Cela lui rappela vaguement un très ancien anime d’avant les années 2000, un héros armé de son revolver comme Olivier, City Hunter. Elles s’éloignèrent du groupe mais ses pensées étaient tournées vers lui. Un jour, elle et Maribel iraient en Gensokyo et elle lui demandera de lui enseigner ce qu’il savait. Elle se retourna une dernière fois et vit le groupe, dont Olivier terminait la marche, marchant vers un soleil couchant. Elle prononça une seule phrase à peine audible mais qui la fit sourire :
« Comme un héros… »
Alors que le groupe se dirigeait vers la gare la plus proche, Sanae annonça leur prochaine destination, le Sanctuaire Ise où se trouvait Yata no Kagami, le miroir des trois trésors du Japon et l’une des clés pour sauver Gensokyo. Sakuya lui demanda comment elles allaient faire pour le prendre sans que personne ne le remarque. Le regard de l’interroger se tourna vers Marisa, les yeux emplis de malice. Cependant, elle n’était pas dans son assiette. Elle avait l’air déprimé. Une grande tristesse l’emplissait. Elles allèrent lui demander ce qui n’allait pas. Mais rapidement, elles comprirent. Olivier arriva, lui attrapa l’épaule et la fit s’asseoir sur un banc. La jeune humaine férue de magie avait le chapeau baissé vers l’avant, cachant son visage. Assit, elle serra les poings et des gouttes tombèrent sur ses genoux. Le jeune homme posa ses deux mains sur les côtés du visage de la jeune femme et tenta de le lui relever. Elle ne résista guère et il découvrit ce qu’il savait déjà. Marisa Kirisame était en larmes, à pleurer la disparition de l’homme qu’elle aimait. Il savait très bien que cela faisait beaucoup trop peu de temps pour que s'efface une cicatrice si profonde. Il savait bien que l’on disait que le temps la guérirait mais il n’ignorait pas que cela pourrait durer des années voire toute une vie. Il savait à quel point elle aimait Tom.
Alors que le jeune homme tentait de réconforter la jeune femme, Mamizou s’éclipsa. Elle rejoignit un groupe de personnes et discuta avec eux, regardant régulièrement là où se tenait le groupe, autour de Marisa.
Ce groupe s’emplit plus ou moins de compassion. Aucune d’elles n’était vraiment une amie proche de la jeune humaine. Elles l’avaient souvent affrontée, parfois elles avaient travaillé ensemble sur des incidents mais elles n’avaient pas vraiment tissé de relations amicales. Seul le jeune homme était vraiment compatissant. Olivier venait de perdre son meilleur ami et voyait celle qui l’aimait souffrir de sa disparition. Il tenta de la réconforter mais ne savait pas quoi faire lui-même.
Là, Youmu s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule. Marisa releva légèrement la tête et vit le visage de la demi-humaine normalement beaucoup moins expressif. Cette fois, elle avait laissé sa part humaine prendre le dessus et lui annonça qu’elle serait toujours là pour l’aider, en souvenir de Tom. Cela étonna les autres mais elles se rapprochèrent de la jeune humaine à leur tour. Elles laissèrent leur part d’humanité prendre le dessus. Elles partagèrent les émotions que Marisa avait afin de l’aider à surmonter la perte de Tom. Malgré les larmes et la douleur, elle souriait de se voir soutenue, elle qui n’avait jamais vraiment été soutenu et qui ne l’avait jamais vraiment cherché également.
Olivier les regarda soutenir Marisa. Il savait qu’elle pourrait compter sur Sakuya, Youmu, Reisen et Sanae. Il se rapprocha d’elle et lui tendit la main, jurant qu’il serait toujours là pour l’aider. Elle le regarda. Ses yeux brillaient tant ses larmes étaient abondantes. À ses larmes de tristesse et de désespoir, se mêlèrent des larmes de joie et de bonheur. Le jeune homme savait que cela n’était qu’un simple répit à son malheur mais il savait que cela la renforcerait que de se savoir bien entourée par des amies, même si elles étaient spéciales. Il laissa Marisa aux soins des autres et regarda vers le ciel.
– J’espère que là où tu es, tu penses à nous, dit-il à voix basse alors que le vent souffla légèrement avant de remettre sa paire de lunettes de soleil.