La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 37 : Chapitre 37 Philosophie

1641 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 3 mois

Chapitre 37

Philosophie

 

       Le groupe était un peu à l’étroit dans le petit appartement de l’amie de Renko. Celle-ci ne s’attendait pas à recevoir autant de monde d’un coup. Elle ne s’attendait d’ailleurs à personne, croyant que sa mère empêcherait Renko de venir la voir. Sumireko s’inquiétait énormément pour elle. L’appartement comportait deux pièces. La première, donnait sur la porte d’entrée. Il s’agissait d’un salon/salle à manger avec le nécessaire, un frigidaire et une plaque de cuisson. Un petit canapé était posé devant un écran et entre les deux, il y avait une table basse. Une petite porte menait à la salle d’eau alors que l’autre menait à la chambre et au bureau. Au premier coup d’œil, on voyait bien qu’il s’agissait d’un grand appartement d’étudiante.

Renko lui présenta les différentes personnes en commençant par Olivier et en terminant par Sakuya. Maribel eut une drôle de réaction quand son amie lui parla d’elle, comme si elle avait l’esprit ailleurs. Elle revint alors sur terre et son amie lui demanda ce qui n’allait. Elle ne répondit pas grande chose, se contentant de lui dire que les événements de Tokyo l’avaient beaucoup inquiétée. Cependant, son expression trahissait d’autres pensées. Elle ne pouvait s’empêcher de regarder Sakuya. Celle-ci se comporta toujours de la même façon.

Renko, voyant qu’une certaine gêne s’était installée, proposa de sortir un peu afin de se changer les idées. Son amie accepta à demi-mot. L’affaire entendue, le groupe se prépara et sortit de l’appartement. La locatrice ferma la porte tout en parlant à voix basse à son amie.

 

– Heu… Renko… je peux te parler…

– Aucun souci, il y a un problème ?

– Rien… juste… c’est Sakuya… je… je la… je la connais…

– Comment ça ?

– C’est la domestique que j’ai rencontrée à l’entrée d’un grand manoir rouge écarlate…

– Ah bon ? Bah….

 

Renko se mit à réfléchir et se demanda si elle devait lui révéler ce qu’elle savait du groupe, leur origine, ce qui confirmerait les propos de son amie. Elle préféra garder le silence et la laisser les découvrir. Elle leur avait promis de ne rien révéler.

Elles rejoignirent rapidement le groupe qui était déjà en bas. Là, Mamizou proposa d’aller sur la promenade des philosophes. N’ayant pas d’avis opposé, ils décidèrent d’y aller. Maribel ne comprenait pas vraiment pourquoi elle et son amie devaient les accompagner. Cette question la mit mal à l’aise. Elle ne pouvait y répondre sincèrement. Elle raconta que c’étaient les enfants d’amis de sa mère et qu’ils étaient intéressants. De plus, rajouta-t-elle, elle ne pouvait pas les laisser comme ça sans leur avoir dit au revoir et une bonne balade ensemble leur permettrait de faire connaissance avant de se séparer. La réponse ne satisfit qu’en partie la jeune femme blonde. Là, Mamizou entra dans la conversation. Elle la regarda fixement, l’inspectant des pieds à la tête. Elle portait une robe chemisier mauve avec des manches courtes, à la fois bouffantes et bordées de dentelle blanche. Sur sa tête, elle portait une charlotte qui cachait une partie de sa chevelure dorée et de ses yeux de la même couleur. Maribel, surprise par la réaction de Mamizou, recula d’un pas. Celle-ci s’excusa, lui prétextant qu’elle ressemblait beaucoup à une personne qu’elle connaissait. C’est alors qu’Olivier intervint. Il demanda la raison du nom du lieu. Renko et son amie découvrirent qu’ils étaient déjà arrivés. La jeune femme au chapeau noir lui expliqua que le philosophe Kitarō Nishida venait réfléchir ici en longeant le canal. Elle lui raconta qu’il s’agissait d’un philosophe qui avait tenté de croiser la philosophie européenne avec la spiritualité asiatique.

En écoutant Renko, Olivier ne put s’empêcher de penser à son ami disparu. Il pensa que Tom aurait été un très bon cas de philosophie : Il croyait faire le bien et ne voulait uniquement que le bien mais en agissant de la manière qu’il avait faite, il n’avait provoqué que le mal. Là, il interrogea les jeunes filles.

 

– Vous croyez que l’Enfer est vraiment pavé de bonnes intentions ?

– Heu… oui… je pense, répondit Maribel, intimidée par la question.

–Je pense que oui. On peut vouloir faire le bien autour de soi mais créer le résultat inverse, répondit Renko.

– Je vous remercie…

– Pourquoi tu posais cette question ? demanda la jeune femme au chapeau noir.

– Pour rien, cela m’a passé par la tête.

– Cela doit être les histoires de philosophie qui y montent, répondit-elle d’un air amusé.

– Probablement… Ils sont beaux ces arbres.

– C’est l’un des derniers endroits où il y a encore des vrais arbres.

– Je ne comprends pas pourquoi enlever les vrais arbres des villes… se désola Olivier.

– Je ne sais pas trop…

– En-tout-cas, c’est mieux les vrais arbres. J’adore monter et pouvoir voir autour de moi.

– Monter sur les arbres ? Mais comment ? demanda Merry étonnée.

–Ah… heu… comment dire…

– Quand il était petit, il passait souvent du temps en campagne, répondit Mamizou qui arriva derrière lui, le surveillant du coin de l’œil.

 

Alors que le groupe se décida à devenir plus compacte, ils discutèrent de nombreuses choses, où elles habitaient, comment elles connaissaient la mère de Renko et de nombreuses autres questions dont les habitantes de Gensokyo durent répondre par des réponses plus sous moins sous-entendues afin que Maribel y croit sans pour autant lui avouer la vérité sur Gensokyo. Alors qu’il était légèrement en retrait des conversations, les pirouettes que devaient l’affecter l’amusèrent, car connaissant la vérité de leur propos, il s’amusa d’estimer la proportion de bobards dans leurs arguments.

À ce moment, Mamizou se retourna. Son regard se porta sur une personne adossée contre un mur, fumant une cigarette et en lisant son journal. Il portait un très long manteau marron et une sorte de vieille casquette. Il semblait sortir d’un autre siècle. Elle s’éclipsa alors du groupe sans se faire remarquer.

 

Le groupe continua alors sa longue marche. Maribel semblait de plus en plus détendue. Olivier comprit qu’elle n’aimait pas vraiment la foule autour d’elle et qu’elle était plus du style rêveuse. Il prit Renko en aparté et lui posa alors une question.

 

– Que sait ton amie sur Gensokyo ?

– Elle y est déjà allée et a eu de très nombreuses visions.

– Elle ne reconnaît aucun de nous ?

– Non. Enfin… peut-être…

– Elle a reconnu l’une d’entre elles ?

– Pas vraiment… elle m’a juste dit que Sakuya ressemblait beaucoup à la domestique qu’elle avait vue devant un manoir rouge.

– C’est pas bon ça…

– Olivier, dit-elle en s’arrêtant devant lui et en le prenant par les deux épaules, dit moi tout !

– Ren… je ne peux pas…

– Pas de Ren !

– D’accord. Mais je ne dirais rien sur Gensokyo. Ce monde doit être inconnu des habitants de l’Extérieur.

– De l’Extérieur… c’est comme cela qu’on nous nomme depuis Gensokyo ?

– Oui, effectivement. Renko, toi et ton amie, vous devez en apprendre le moins possible, notre avenir en dépend.

– Nous avons besoin de savoir !

– Comment ça…

– Notre monde n’inspire plus à rien ! Les enfants n’ont plus aucune joie. On ne les voit plus rire. Notre monde est à la limite des connaissances scientifiques. Si une nouvelle branche n’est pas ouverte, il s’effondrera !

– Renko, dit-il en lui dégageant les mains de ses épaules avant de lui mettre sa main sur le sommet de sa tête, ton monde n’est pas encore fini, crois-moi. Vous avez beaucoup de choses à découvrir. Si tu veux faire rêver les autres, dit leur de croire dans la science-fiction, cela les poussera vers une nouvelle direction. Il faut avoir un bond qui nous pousse à avancer. Et Gensokyo, c’est le passée, non l’avenir.

 

Il reprit alors sa marche, rattrapant le groupe qui avait commencé à les distancer. La jeune femme se mit ensuite à le suivre d’un pas rapide.

Non loin de là, Mamizou chuchotait.

 

– Tu m’as bien écouté ?

– …

– Bien, maintenant va faire ce que t’as à faire. Et surtout, si jamais je te revois à nous espionner, tu le payeras très cher.

 

La main de la yokai s’ouvrit et laissa partir une fouine qui fuit à toute allure. Dans le bras opposé, elle portait le long manteau et le journal qu’elle posa contre le mur. Elle porta alors la cigarette à son nez et la renifla.

 

– Cela ne vaut pas ma kiseru, se disait-elle en jetant la cigarette au sol et en l’écrasant.

 

Elle regarde le groupe s’éloigner et se mit à marcher vers celui-ci, l’air heureux. Cependant, au fond d’elle, elle était concentrée. Elle savait qu’elle devait faire attention. Entre la menace que les humains découvrent Gensokyo, l’effondrement de la Barrière et le fait qu’elle ignorait comment faire sans Tom, elle doutait de la faisabilité de leur mission.

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