La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)
Chapitre 35 : Chapitre 35 53 minutes de prospective
3278 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a 3 mois
Chapitre 35
53 minutes de prospective
Le train filait à toute vitesse. Peu de monde avait pris place dans le wagon, laissant le groupe dans une relative tranquillité. Tous, excepté Renko, contemplèrent les « fenêtres » qui servaient de fond pour une sorte de kaléidoscope. Elles diffusaient des images d’artistes japonais sur le thème de la nature qui devait se trouver au-dessus du tunnel où circulait le train. Une légère musique accompagnait les images, faisant vaguement penser aux saisons qui défilaient. Renko demanda à Olivier si c’était la première fois qu’ils prenaient le Tokaido Subway. Il répondit que c’était effectivement la première fois et qu’il était émerveillé par les images. Mais il remarqua que cela lui semblait presque indifférent. Elle lui répondit qu’elle en avait l’habitude désormais et que cela ne valait pas autant que la vraie nature, citant son amie disait-elle. Le jeune homme lui répondit que parfois, le voyage n’a pas pour but de s’amuser mais de travailler. Il montra alors l’une des estampes passer et demanda qui en était l’auteur. Elle les regarda lentement passées et lui annonça que c’étaient les œuvres d’Hiroshige. Toujours curieux, il l’interrogea sur cet artiste. Là, elle lui demanda, sur un ton amusé, s’il n’était pas un professeur qui tentait de lui faire passer un test. Le jeune homme se gratta la tête, l’air gêné et affirmant qu’il n’était pas professeur mais plus archéologue. Cela titilla ses deux voisines, Marisa et Reisen qui comptaient surveiller les dires du jeune humain. À l’annonce de la « profession » d’Olivier, Renko avait presque les yeux qui brillaient. Elle, amatrice d’aventures et connaisseuse de l’univers fantastique de Gensokyo, lui demanda ce qu’il avait visité. Dans son monde actuel, la vie était devenue si morose et ceux malgré un semblant d’aventure et de vie dans les villes, tous les deux artificiels. C’était pour cela qu’elle et son amie aimaient tant les voyages qu’elles pouvaient faire en Gensokyo. Se doutant de son origine extra-dimensionnelle, elle commença à lui poser des questions sur la Terre des Illusions. Là, les deux surveillantes eurent du mal à ne pas intervenir mais elles savaient que cela ne pouvait que les rendre davantage suspectes et comptaient sur lui pour déplacer la discussion sur un autre sujet.
Il fit le contraire et parla franchement.
– Renko, que sais-tu sur Gensokyo ?
– C’est un monde différent, remplie de vie et de mystères. Il n’a rien à voir avec le nôtre.
– Est-il dangereux ?
– Il y a des créatures, semblables à celles issues des vieilles légendes. Il y a aussi des humains avec des pouvoirs. D’ailleurs, beaucoup de monde manipule la magie.
– La magie ? Comment tu peux croire en cela alors que tu as étudié la physique unifiée ?
– La magie doit être une force physique que l’on n’a pas encore découvert ou utilisé, je pense. C’est la prochaine voie dans la compréhension de la nature.
– Ou c’est une légende.
– Ce n’est pas qu’un mythe, c’est la réalité ! Tu m’as sauvé de ces monstres la nuit dernière !
– Cela devait être une bande de racailles ou des armes biogénétiques d’un pays ennemi. La science permet de faire tellement de choses aujourd’hui.
– Il reste des mystères que notre science ne peut pas encore expliquer.
Soudain, les lumières du train se mirent à clignoter. Les images sur les parois montrèrent Aokigahara et se mirent également à clignoter d’une façon effrayante. Des bruits étranges se firent entendre du wagon précédent.
Là, Reisen releva l’une de ses oreilles, faisant tomber son chapeau et surprenant Renko qui ne s’attendait pas à ça. Elle se leva et se plaça dans l’allée, à l’affût du moindre bruit. Olivier, inquiet, lui demanda ce qu’il se passait.
– Elle est là. Mais ce n’est pas possible !
– Qui ?! lui demanda son jeune ami.
D’un coup sec, le train trembla, le faisant ralentir. Il fut suivi de cris venant des wagons précédents. Les rares voyageurs, terrifiés, tentèrent de se cacher comme ils le pouvaient alors que Reisen avançait un pas en direction de la porte.
Là, cette même porte s’ouvrit brutalement et une légère fumée en sortit. La Sélénite se tint sur ses gardes alors qu’Olivier se leva également, demandant à Renko de ne pas bouger. Là, une personne en sortit, accompagnée par des créatures hideuses et terrifiantes. La personne qui venait d’entrer ressemblait à une humaine d’une vingtaine d’année, avec de longs cheveux noirs, des yeux rouge vif. Elle portait une sorte de béret militaire qui semblait datée, une jupe arrivant au-dessus des genoux en treillis, une chemise grise et une veste bleu foncé. Son regard se posa immédiatement sur Reisen. Elle fut d’abord étonnée mais cela se transforma rapidement en amusement. La lapine était très inquiète en voyant sa réaction. Olivier se mit à ses côtés et demanda qui c’était. Cependant, la nouvelle arrivée se mit à parler à celle qui semblait déjà la connaître.
– Si je m’attendais à retrouver une lâche comme toi.
– Et je ne m’attendais pas à retrouver une terroriste telle que toi ! s’insurgea la lapine sélénite.
– Qui est-ce ? demanda Olivier sur un ton beaucoup plus revendicatif.
– Il s’agit d'une Sélénite, ex-lieutenant des forces armées spatiales durant la guerre humano-lunaire. Elle a cherché à pousser le conseil de défense à attaquer la Terre et à faire disparaître ce monde « impur ».
– C’est presque ça, dit-elle d’un ton amusé avant de redevenir plus sérieuse. T’as juste oublié que la Lune m’avait trahi et a tenté de me tuer !
– Tu allais détruire Washington ! La Lune ne pouvait te laisser faire ça !
– Il fallait punir les humains pour nous avoir déclaré la guerre. Un ennemi faible doit être tué, sinon il se relève, encore plus fort !
– Tout le monde te croyait morte !
– On s'est trompé sur mon cas. Avant mon crash dans leur océan « Pacifique », j’ai réussi à m’enfuir du vaisseau où mes compagnons trouvèrent la mort. Je suis une « traîtresse » pour la Lune dont la sentence devait être la mort. Ils vont voir que j’ai survécu et que je prépare ma vengeance.
– Que vas-tu faire ?! lança Olivier.
– Un humain n’a aucune raison d’interférer dans nos communications.
– Tu vas lui répondre ? exigea Reisen en pointant son index vers elle.
– Si c’est toi qui le demandes, la lâche, je vais répondre. Je vais faire exploser ce train quand il passera sous le Mont Fuji.
– Quoi ?! s’écria Olivier.
– Cela va provoquer… commença Reisen.
– Et oui, une réaction en chaîne qui débutera par l’éruption la plus violente qu’ait connue cette montagne. Puis, l’onde de choc se propagera partout dans le Pacifique, un lieu si sensible aux secousses et si propices aux éruptions violentes…
– Comment t'y survivras ?! lança le jeune humain.
– Tu crois vraiment que je vais rester dans un train qui explose ? Le train sera stoppé et mes nouveaux amis viendront me secourir. Ainsi, j'aurais provoqué un hiver volcanique qui exterminera l'humanité.
– Je vais t’en empêcher ! hurla Olivier en pointant son revolver Buntline vers la Sélénite renégate.
– Quelle arme. Vous les humains, vous n’êtes que des singes vous battant avec les lance-pierres. Je suis Hōzuki zoku Tenraito, lieutenant de l’armée spatiale lunarienne et commandante en chef de l’épuration de la Terre. Quand j’aurais accompli ma mission, je reviendrai sur la Lune avec mon armée et l’on me proclamera à la plus haute distinction et on fera dégrader et emprisonner ceux et celles qui m’ont fait ça, dont certaines personnes que tu connais Reisen comme… les sœurs Watatsuki.
– Tu ne t’en sortiras pas, lui répondit Reisen.
– On va bien voir. Soldats, ramenez-moi sa tête !
À cet instant, les créatures déferlèrent sur Reisen et Olivier. Chacun d’eux ouvrit le feu et abattit une première série de yokai, dont les corps furent repoussés par ceux arrivant juste après. Une vague de corps désarticulée, poussée par les yokais indemnes et protégée par la vague, allait se déverser sur eux. Chacun sauta sur un côté, avant de prendre appui sur les fenêtres afin de se projeter vers l’avant afin de dépasser la vague de corps et pour atteindre les yokais. Les autres membres du groupe n’eurent pas le temps de se relever et furent bloquées par une dizaine de créatures vaincues.
Le maître et l’élève abattirent sans difficulté les yokais avant de se retourner vers la Sélénite renégate. Reisen sortit une carte de sort mais Olivier intervint afin de l’empêcher de l’utiliser. Étonnée, elle lui exigea la raison, sans quitter son ennemie du regard qui affichait un sourire beaucoup trop satisfait par rapport à sa situation. Il lui répondit qu’elle risquerait d’endommager le train qui roulait à toute vitesse sous le Mont Fuji. Elle fut contrainte de choisir une autre méthode. Il la regarda et lui répondit qu’elle n’était pas seule. Là, Hōzuki lui répondit que cela n’avait rien de personnel contre elle mais qu’elle voulait se venger et qu’elle était un bon début. Olivier étira son bras dans sa direction, visa puis tira, sous la pression de la colère. Le projectile partit du canon de l’arme, traversa l’espace entre lui et elle avant de l’atteindre, de la traverser de part en part et de la laisser indemne. Il était choqué. Elle se mit à rire.
– Depuis presque cent ans je suis là, j’ai vécu comme un paria. C’est pour cela que j’ai beaucoup développé les illusions.
Elle apparut à côté de d’Olivier et lui frappa le poignet, le désarmant, avant de lui prendre son arme et de le mettre en joue dans le dos, le retenant en otage. Alors que Reisen visa vers elle. La renégate sortit une arme étrange, un croisement entre un revolver humain et une technologie futuriste, et la pointa contre la joue du jeune homme à qui elle tordait le bras. Là, l’ancienne mentor du jeune homme dut cesser de la viser.
– Je vois que tu ne vas pas lui faire du mal, à ce misérable humain.
– Je ne suis pas…. commença-t-il avant de crier de douleur, la Sélénite lui tordant davantage le bras.
– Tu disais ? Je n’ai entendu que les cris d’un simple animal.
– Monstre… Tu fais honte aux nôtres ! s’écria Reisen.
– Aux nôtres ? Dit-elle avant de commencer à rire de plus en plus fort.
– …
– Tu es drôle… la honte, c’est toi ! Tu as abandonné la Lune et tu t’es rebellée contre elle ! Et puis, ce sont les Sélénites qui devraient avoir honte ! On a la puissance depuis l’aube de l’humanité. On pourrait conquérir cette planète depuis longtemps ! Mais non… il n’est pas question de faire une telle chose… Et puis, ils m’ont trahi alors que je défends la Lune plus que personne !
– Massacrer des populations entières n’est pas défendre la Lune !
– Si. Les humains se déchirent entre semblables… Que crois-tu qu’ils feraient s’ils atteignaient une technologie similaire à la nôtre ? Ils viendraient nous exterminer ! Je préfère prendre les devants. S’il doit y avoir une civilisation qui doit disparaître, que cela soit la leur !
– Tu vas te venger de la Lune aussi ?
– Je te l’ai dit, je mérite un titre digne de mes réalisations. Et pourquoi pas, remplacer notre trop ancien seigneur.
– Remplacer… Seigneur Tsukuyomi ?!
– Oui, dit-elle sur un ton dédaigneux.
– Tu es complètement folle ?!
– J’ai vu la flamme de la folie mais j’ai découvert la vérité en n’y succombant pas !
– La flamme de la folie ? se disait la Sélénite.
Un coup de feu partit. Olivier s’écria. Le sang gicla, éclaboussant les fenêtres. Reisen posa un genou à terre. Les autres parvinrent alors à se frayer un passage et les découvrit. Hōzuki avait le bras tendu vers elle, le canon de son arme encore fumante. Un sourire se dessina sur le visage de la renégate qui se changea rapidement en stupéfaction. Les yeux rouges de la folie la fixaient, bien que sa tête soit légèrement baissée. Elle comprit que sa balle ne l’avait atteinte qu’à l’épaule.
– Tu n’es pas la seule à être capable de faire des illusions…
– Une illusion ?! Je me suis fait bernée par une stupide illusion !? Dans ce cas, mourez ! s’écria-t-elle en visant la tête d’Olivier.
Reisen pointa vers elle, les autres s’apprêtaient à l’attaquer mais il était trop tard. Un nouveau coup de feu partit. Le sang éclaboussa les fenêtres derrière Hōzuki. Son expression se figea avant que sa tête ne se baisse légèrement. Elle laissa tomber son arme au sol. Elle vit la main gauche d’Olivier tenir son révolver smith et wesson plaqué contre son ventre, ensanglanté. Elle le relâcha, lui permettant de se dégager de son emprise. Elle se tint alors le ventre et se dirigea lentement vers la porte par où elle était entrée. Reisen la visa et lui ordonna de s’arrêter. Elle se stoppa avant de se mettre à rire. Elle se retourna brusquement, faisant voler en éclats toutes les lumières. Alors qu’elle ne voyait plus rien, Reisen attrapa Olivier par l’épaule et le jeta derrière elle. À cet instant, une lame frappa le sol juste devant elle, là où se tenait le jeune homme. Les lumières se rallumèrent et dévoilèrent la Sélénite armée d’une étrange arme, ressemblant à un katana mais à l’allure futuriste dont le tranchant brillait d’une lueur rouge vive. Reisen se tint prête à esquiver la lame de la renégate qui semblait oublier sa douleur alors que ses yeux semblaient vides.
Elle donna un violent coup vers le haut, que la lapine originaire de le Lune esquiva par un salto arrière tout en lui tirant dessus. Son adversaire se prit les projectiles et tomba à genoux. Elle respira avec difficulté tout en crachant un peu de sang. Elle semblait refuser de s’avouer vaincu. Reisen la pointa de nouveau du doigt et lui exigea de se rendre. Elle refusa, affirmant qu’elle allait gagner. Elle jeta son sabre vers eux. Olivier se baissa de justesse. Marisa poussa Renko sur le côté et les autres l’esquivèrent également. Seule Reisen, trop en avant n’avait pas esquivé. Cependant, son regard s’était détourné de sa cible pour se concentrer sur l’arme. Profitant de ce cours laps de temps, la Sélénite renégate sauta sur la lapine. Elle l’attrapa par le col avant de la projeter vers la porte défoncée. Elle se baissa, alors que la manipulatrice de folie se remettait les idées en place, afin de récupérer son arme et de le pointer dans sa direction. Elle pressa la détente.
Le coup partit, fusa vers son point d’impact et le fit exploser. Reisen se releva, voyant que c’était le siège d’à côté d’elle qui fut atteint. Elle porta son regard vers la Sélénite. Celle-ci était bloquée par-derrière par le jeune humain qui tentait de la retenir de toutes ses forces, malheureusement, il n’y parvint que durant peu de temps.
– Sale insecte, tu vas me lâcher !
Elle le saisit parle le col avec sa main gauche et le souleva avant de le jeter au sol devant elle. En se fracassant au sol, il cracha une volée de sang et se retrouva paralysé par la douleur.
– Les humains… si sensibles… dit-elle en levant son arme vers Reisen.
– Tu ne peux pas t’en sortir ! lui écria la lapine.
– Tu veux dire, derrière moi, dit-elle en regardant derrière elle du coin de l’œil.
– Qu’est-ce ?!
– Une barrière d’illusion. Un petit sort de ma conception. Tes amies ne pourront pas venir te sauver… ni lui d’ailleurs. D’ailleurs, le train passe sous le volcan maintenant ? C’est le bon moment pour provoquer la fin de l’humanité. Mais tu ne seras plus là pour voir ça. Adieu, Reisen.
Elle commença lentement à presser la détente mais ce fut alors qu’on lui sauta dans le dos, faisant partir le tir vers le plafond qu’elle transperça. Le wagon connut une forte fuite d’air, causé par la faible pression dans le tunnel. Le train ralentit alors que de nombreuses choses s’envolèrent dans tous les sens tandis que Hōzuki la repoussa, voyant qu’il s’agissait de la simple humaine qui les accompagnait. Elle pointa son arme vers elle, incapable de bouger. Olivier tenta de la distraire en lui criant dessus. Elle lui répondit que son tour viendrait très prochainement. Il vit Reisen au fond du wagon et d’un coup de pied, il fit glisser son revolver vers elle. Elle l’attrapa alors qu’il lui cria de tirer sur elle. Hōzuki se retourna et visa Reisen qui pointa son arme encore plus vite et qui pressa la détente. Le projectile traversa le couloir avant de se ficher dans la tête de la renégate qui fut projetée en arrière par le tir, lâchant son arme. Elle s’écrasa au sol, morte, alors que la barrière d’illusion s’effondra. Les autres vinrent l’aider alors que la lapine, blessée à l’épaule, se laissa tomber au sol. Regardant le corps inerte de la Sélénite qui avait tenté de détruire le monde.
Elle vit alors Renko se précipiter vers Olivier, lui demandant s’il allait bien. Il lui répondit que c’était stupide ce qu’elle avait fait. Cependant, il savait qu’il devrait tout lui dire à propos d’eux et de Gensokyo. Il lui dit qu’elle aurait les réponses à toutes ses questions à la simple condition de ne rien dire. Elle le jurait alors que Reisen arriva auprès de lui afin de savoir dans quel état il était. Tous savaient qu’échapper à la police serait difficile maintenant.