La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)
Chapitre 34
Deux Mondes
Un gigantesque bouquant se faisait entendre dans l’auberge de madame Sato. Youmu venait de dégainer ses sabres et menaçait Sakuya. Olivier intervint, déboulant depuis sa chambre dans le couloir, là où les deux adversaires se faisaient face. Il les fulmina comme jamais elles ne l’avaient jamais entendu. Après que la domestique du manoir du Démon Écarlate et la gardienne du Royaume des Morts se soient retourné une poignée de secondes vers lui, Youmu proclama qu’il n’avait aucun rapport avec cette histoire et elle le pria de rester sur le côté. Il protesta vigoureusement mais à cet instant, la partie spectre de l’épéiste se mit à l’entourer. Il grelotta sur place, sentant le froid de cette partie de Youmu le tenir, le serrer, le retenir. Il avait beau continuer de protester et d’exiger qu’elles s’arrêtent, le combat semblait inévitable.
Là, une délicate odeur s’éleva depuis l’escalier. Les témoins de la scène entendirent alors les bruits d’une personne qui montait lentement. L’odeur, agréable et apaisante se propagea dans le couloir. Olivier se mit à défaillir, retenu uniquement par la part spectrale de Youmu. Sanae eut comme une révélation, en se dirigeant vers l’escalier, elle marmonnait ses pensées, que Reisen, proche d’elle, n’avait pas pu entendre. En haut des marches, elle vit la vieille dame, portant un plateau, contenant plusieurs bâtonnets d’encens rassemblés. La miko avait une idée de ce qu’il s’agissait. La propriétaire des lieux arriva finalement en haut de l’escalier. À cet instant, les deux combattantes ne purent plus tenir debout. Sakuya tomba à genoux, l’air exténuée. Youmu tomba d’abord à quatre pattes avant de s’effondrer sur le parquet en bois, comme complètement vidée de son énergie. Les témoins de la scène ressentir une légère fatigue, c’est alors que Mamizou, qui devait faire semblant de ne rien entendre, sortit pour voir l’origine de ce changement de situation et de l’origine du délicat parfum flottant dans les airs.
Sanae regarda la vieille dame. Celle-ci comprit que la prêtresse avait deviné son tour de passe-passe. Elle raconta qu’il s’agissait d’une formule familiale qui inhibait les comportements agressifs, raison pour laquelle, seuls Sakuya, Youmu et Olivier furent atteint. Elle continua en ajoutant que c’était ainsi que l’auberge avait pu accueillir des yokai car ce parfum diffusé en permanence les calmait et les empêchait de se battre. Reisen était intéressée par l’effet de cet encens spécial.
Mamizou qui regardait la scène depuis le pas de sa porte ne dit rien et se contenta de la refermer et de retourner à ce qu’elle était en train de faire. Marisa sortit à cet instant de sa chambre, toujours aussi dépressive mais légèrement calmée par le parfum de paix, comme madame Sato disait.
L’effet du produit ne laissa les trois « victimes » en état de léthargie que quelques minutes. Ainsi, Marisa était allée voir Olivier dont les forces étaient en train de lui revenir. Il la regarda et lui demanda si elle avait parlé de ce que Renko leur avait dit. À cet instant, l’humaine se rendit compte qu’elle avait oublié d’en faire part. Il se souvint que leurs intentions étaient d’en parler à Mamizou mais que la situation, déjà tendue entre Sakuya et Youmu, ne leur avait pas permis de lui en faire part. Il ne pensait pas que la situation durerait aussi longtemps ni qu’elle empirerait.
Après l’avoir aidé à se remettre debout, ils allèrent la voir, passant à côté des deux combattantes toujours assoupis. Sanae et Reisen étaient à leurs côtés, prêtes à les aider. En passant, Olivier demanda à la Miko si elles avaient besoin d’aide. Elle le remercia de l’avoir proposée mais elle répondit qu’elle n’avait pas besoin mais qu’elle le ferait savoir si c’était nécessaire.
Ils s’arrêtèrent devant la porte de la « cheffe » de groupe et il frappa sur la partie en bois de la cloison. Là, une voix peu agréable se fit entendre, les autorisant à entrer. Ils firent glisser le panneau, entrèrent et le refermèrent. Ils pouvaient voir la chambre de la tanuki. C’était un lieu assez ordonné. La yokai en question était assis en position seiza devant une table japonaise relativement bien décorée. Ils pouvaient voir qu’à côté d’elle et sur la table, un amoncellement de papiers et de notes. Elle leur demanda ce qu’ils voulaient, prétextant qu’elle avait beaucoup de travails à faire et qu’elle souhaitait ne pas être dérangée trop longtemps. Olivier s’avança vers elle avant qu’elle ne se retourne. Elle répéta sa question et il lui répondit.
– Mamizou, nous devons prendre les deux objets qui nous manquent.
– Si c’est pour me dire ça, c’est pas la…
– L’un d’eux est autre Sanctuaire d’Ise.
– Je le sais et ?
– Kyoto est juste à côté, non ?
– Tu veux qu’on prenne le train pour Kyoto puis qu’on aille à Ise ? Je suis déjà en train d’y réfléchir comment. On n’a plus vraiment beaucoup d’argent pour…
– On peut se faire payer le voyage.
Là, la tanuki, surprise, se releva et avança vers lui, le regard sérieux.
– Et comment ?
– Une personne qui connaît bien Gensokyo veut nous payer le trajet en échange de surveiller sa fille durant le trajet.
– Elle connaît Gensokyo ?! Quel est son nom ?! demanda la tanuki, sur un ton inquiet.
– Sumireko Usami.
– Sumireko… marmonna Mamizou avant de se retourner vers son bureau.
– Tu la connais. Qui c’est ?
– Une humaine du Monde Extérieur, une jeune lycéenne qui avait provoqué un incident.
– Aujourd’hui, elle est mère d’une jeune fille.
– T’y étais avec Marisa ?
– Oui, c’est pour cela qu’on a appris qu’elle connaissait Gensokyo car elle la connaissait.
– C’est quoi son offre ?
– On la contacte, on annonce combien on sera et on accompagne sa fille jusque chez une amie puis on peut aller à Ise comme on le souhaite.
– Elle doit bien gagner sa vie alors. Bon… son offre est intéressante mais… sa fille ?
– Elle connaît Gensokyo. Mais elle l’a découvert par ses propres moyens. Sa mère fait tout pour éviter qu’elle ne le découvre mais c’est déjà trop tard pour ça.
– Je vais… y réfléchir. T’as son numéro ?
Olivier marcha vers elle et lui donna un petit bout de papier où il était écrit le numéro du domicile des Usami. Elle le remercia et leur demanda de bien vouloir la laisser seule afin qu’elle réfléchisse à quoi faire, ce qu’ils firent.
C’était le début de la soirée. Presque tout le monde était installé dans la salle à manger et attendait le repas du soir. Cependant, il manquait une personne, Mamizou. Nul ne savait où elle était. Olivier décida d’aller voir si elle était restée en haut. Il se leva, sortit de la pièce et monta l’escalier avant d’arriver dans le long couloir. Il se dirigea vers la chambre de la tanuki et frappa. Aucune réponse. Il ouvrit alors le panneau et découvrit la yokai en train de téléphoner sur un vieux téléphone fixe des années 2000. Elle fixa le jeune homme, stoppant sa conversation quelques secondes. Mais la personne située à l’autre bout lui demanda si elle allait bien. Elle répondit que tout allait bien. D’un geste de la main, Mamizou demanda au jeune homme de s’asseoir. Il le fit, curieux de savoir ce qu’il se passait mais se doutant également de la personne située à l’autre bout du fil.
– On sera donc sept, cela va aller ?
La réponse fut inaudible pour l’humain qui ne pouvait suivre la conversation qu’à partir des réactions de la tanuki.
– C’est parfait. On l’accompagnera alors jusqu’à son amie. Je suis heureuse de te revoir.
Mamizou raccrocha à ce moment-là puis le regarda. Il avait déjà compris. Il se contenta de lui demander à quelle heure est le départ. Elle esquissa un petit sourire amusé avant de se lever et de se diriger vers le couloir dans le but d’aller dîner. Il se releva et la suivit. Elle lui répondit qu’elle annoncerait le départ durant le repas.
Neuf heures quarante-huit, à la gare de Bo-Tokyo. Sumireko et Renko attendaient le groupe qui devait accompagner cette dernière. Le train allait partir d'ici une dizaine de minutes et cette première commençait à s’inquiéter. Sa fille, Renko, était de bonne humeur, cela faisait très longtemps qu’elle n’avait pas revu son amie et elle avait hâte de lui raconter ses récentes expériences. C’est alors que le groupe arriva. Elle fut frappée par la composition du groupe. De loin, elle reconnut Olivier et Marisa, mais également Mamizou, malgré son déguisement humain et Reisen. Après la surprise, elle esquissa un léger sourire qu’elle devait dissimuler à sa fille. Là, Renko se précipita vers Olivier. Elle le salua respectueusement avant de faire de même pour les six autres personnes. Les regards de la tanuki et de l’humaine du paranormal se croisèrent, chacune reconnaissant l’autre. Après un bref instant d’hésitation, elle présenta ses amies de « longues dates ».
– Ma chérie, je te présente Mamizou Futatsuiwa et Reisen Udonge.
– Je suis enchantée de vous rencontrer. Et vous êtes ? demanda-t-elle aux autres.
– Je me présente, Sakuya Izayoi.
– Mon nom est Youmu Konpaku.
– Je suis Sanae Kochiya.
– Enchantée, je suis Renko Usami.
– Je suis heureuse que vous soyez venus, vous avez failli être en retard, déclara sa mère.
– Nous allons bien l’accompagner jusqu’à son amie, ne t’inquiète pas Sumireko, lui annonça Mamizou.
– Je sais que je peux vous faire confiance. Cela fait très longtemps depuis la dernière fois qu’on s’est vue mais je suis heureuse de vous avoir retrouvées.
Une voix annonça le départ du train dans les cinq prochaines minutes. Les derniers passagers montèrent dont le groupe de Mamizou accompagnant Renko. Ils savaient très bien que celle-ci ne devait rien apprendre du monde de Gensokyo, malgré le fait qu’elle connaissait déjà ce monde.
Le train était ultramoderne avec des fauteuils regroupés par quatre. Olivier s’installa contre la fenêtre, dans le sens du voyage, Renko s’assit en face de lui. À côté, Marisa prit place et en face d’elle, Reisen prit place. Mamizou, Sanae, Youmu et Sakuya s’installèrent sur les quatre fauteuils d’à côté.
Une voix annonça le départ dans une minute. Les portes se fermèrent hermétiquement, de même que des sortes de cloison en verres qui enfermèrent le train dans une sorte de tuyau. Sur les « fenêtres » semblables à un fond noir, des noms apparurent dans une légère musique qui pouvait faire penser au printemps. Là, Renko s’accouda, posant ses deux mains sous son menton, regarda le jeune homme et commençant à lui poser des questions, elle voulait tout savoir sur ce monde de Gensokyo. Elle disait qu’ils avaient le temps d’en discuter.