La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)
Chapitre 29
La décision
Le jour se lève sur Tokyo. Cachées dans une étroite ruelle, dans un étrange établissement, les invitées de madame Sato se réveillèrent difficilement. La nuit fut difficile pour tout le monde, même si pour certaine, cela l’était encore plus. La propriétaire de l’auberge servit un petit-déjeuner dans un silence total. Seules Mamizou, Sakuya et Reisen étaient déjà à table.
Olivier traînait dans sa chambre. Ses blessures de la nuit n’avaient que très peu guéri. Il se sentait faible. Malgré le sauvetage héroïque de la nuit, il ne pouvait s’empêcher de penser à la disparition de son ami. Il se disait que sauver les autres, c’était l’affaire de Tom mais que depuis sa disparition, il se sentait dans l’obligation de prendre soin des autres. Il refusait cependant de prendre de rôle de son ami, refusant toujours d’admettre sa disparition. Il porta sa main sur son épaule, elle le lui brûlait. Il se mit de nouveaux pansements, constatant que ses blessures avaient enflé. Il y appliqua un peu d’alcool médical, le faisait grimacer de douleur, avant de de remettre de nouveaux bandages et de s’habiller. En sortant de sa chambre, il eut une légère sensation de vertige puis se remit sur ses deux pieds avant de descendre.
Quand il arriva à la table, Sanae et Youmu arrivèrent également. Il constata alors que Marisa manquait à l’appel. Il baissa légèrement la tête, sachant pertinemment la raison de son absence. Alors qu’il alla prendre place, la tanuki ouvrit le débat, surprenant tout le monde.
– Bien, il est temps de décider ce qu’on va faire.
Le silence se posa dans l’assemblée, nul ne souhaitait parler pour le moment.
– Je ne pensais pas que la mort de Tom en endeuillerait autant.
– Mamizou… je t’en prie, un peu de respect pour lui… demanda Olivier.
– Je comprends très bien pour toi et Marisa. Mais… toi Reisen ? toi Sakuya ? toi Sanae ? Pourquoi vous semblez tant impacter ?
– Il était mon élève… un bon. Un ami aussi… avant… répondit l’épéiste.
– Sa présence égayait le manoir… malgré tout, répondit à son tour la domestique.
– Avant… il était sympathique… gentil… quoique insupportable, annonça la Sélénite.
– Un grand cœur… une grande dévotion… avant comme après… ses… actions… continua la miko.
– Je vois… répondit la cheffe.
– Non tu ne vois pas ! S’insurgea le jeune homme.
– C’est-à-dire ?
– Je… on vient de perdre… mon ami ! On sait tous qu’il ne voulait que le meilleur… et que cela l’avait consumé ! Il voulait faire de Gensokyo une terre à son idée… une idée de paix et d’amour…
– Il a accompli le contraire…
– L’Enfer est pavé de bonnes attentions !
Le silence se posa sur l’assemblée avant de la tanuki ne bouge une oreille et ne réponde.
– En Enfer, effectivement…
Fou de rage, Olivier se leva brusquement dégaina son colt Buntline et le pointa sur Mamizou, sous les regards effarés de l’auditoire. Elle ne sourcilla pas, montrant juste une expression sévère à son encontre.
– Ton ami a sa place en Enfer pour ce qu’il avait fait.
– Répète pour voir ! dit-il en actionnant le chien.
Le temps sembla se suspendre quant à la réaction de la tanuki, toujours aussi impassible. La main du jeune humain resta ferme malgré des tremblements venant de l’épaule qui se propagèrent dans le reste du membre.
– Il a tenté de changer les choses, annonça l’humain.
– Mais il a échoué. Il a provoqué le chaos en Gensokyo et on est là à cause de lui.
– Il voulait se racheter ! Sanae, tu le sais toi aussi !
– Ce n’est pas la peine de t’en prendre aux autres.
Olivier baissa légèrement le bras, soupira puis rangea son arme avant de se rassoir.
– Je sais qu’il a commis les pires choses… mais il voulait se racheter… avait-il droit à une seconde chance ?
– Heu… Olivier ? dit Sanae timidement.
– Oui ? dit-il en soupirant.
– Il était prévu qu’un « procès » se tienne lors du retour de cette expédition…
– QUOI ?!
– C’est exact, répondit Mamizou.
– Comment ça ?
– Ses crimes étaient trop graves et devaient être jugés mais on devait attendre que les esprits s’apaisent avant de le juger. Malheureusement, il a rapidement commencé ses œuvres de pardons et de rachats de ses fautes, faisant courir les bruits d’une annulation de celui-ci.
– Mais… il n’est plus… et puis, s’il allait être annulé, pourquoi m’en parler ?!
– C’est Yukari qui m’en a parlé, annonça-t-elle.
– Comment ça ?
– Elle m’a dit de maintenir le procès mais pour après son retour du Monde Extérieur et de tenir en compte son sauvetage de la Grande Barrière en compte lors du procès.
La révélation laissa le jeune homme des nues. Son regard pointa alors le bord de la table et sembla vide. C’est alors que la tanuki rappela le sujet du matin.
– Que devons-nous faire ?
– …
– Le quatrième élément nécessaire pour réparer le Barrière n’est plus et on n’a toujours pas retrouvé le Dieu-Dragon.
– On a besoin de trouver un artefact qui nous ouvrira la voie, répondit Olivier.
– Mais quoi ? demanda Sakuya.
– Que sait-on sur le Dieu-Dragon ? demanda le jeune homme.
– Ryūjin est le dieu des mers… et le protecteur de Gensokyo, répondit la tanuki.
– Quoi d’autres ?
– Il y a beaucoup de légendes associées à lui.
– Il faudrait voir parmi celles-ci. Il doit y en avoir une où l’on parle d’un objet ou de quelque chose…
– Il y a bien les joyaux de la mer.
– Qui doivent être situé au fond de l’océan… pas d’autre chose ?
– Peut-être dans sa famille ? demanda Youmu.
– Mais… commença Sanae avant de se murer dans une intense réflexion.
– T’as une idée ? demanda le jeune homme.
– Sa fille !
– Comment ça sa fille ?! s’étonna-t-il.
– Sa fille, la déesse Otohime a épousé le prince Hoori.
– Oui et ? C’est qui ce type ?
– Le plus jeune fils de Ninigi-no-Mikoto, continua la prêtresse.
– Sanaa, dit tout de suite où tu veux en venir ! commença-t-il à s’emporter.
– Ninigi est le petit-fils d’Amaterasu.
– Tu veux dire que…
– Le Dieu-Dragon est l’un des ancêtres des Empereurs du Japon.
– Mais en quoi cela nous avance ?! protesta Olivier.
– Beaucoup de chose, dit Mamizou.
– Comment ça ?
– Comme il est l’ancêtre des Empereurs, ceux-ci devaient pouvoir avoir accès à lui, du moins, sur terre.
– Et comment ils pouvaient entrer sans objets…
– Tu dois le savoir, dit-elle en le fixant, voyant bien qu’il était en train de réfléchir.
– Des objets sacrés et les Empereurs… tu veux dire que les trois…
– Les Trois Trésors Sacrés du Japon sont les clés.
À ce moment, le silence se posa dans la pièce. Olivier réfléchit alors sur ces trois objets qui leur permettraient d’ouvrir l’accès menant à celui qu’ils cherchaient.
– Et comment on les obtient ? demanda Reisen.
– Il est là le problème… annonça l’humain.
– Comment ça ? demanda-telle alors que la tanuki les observa en silence.
– Ils sont tous à un endroit différent du Japon… et très bien gardés…
– Tu te trompes sur un point, dit la tanuki.
– Lequel ?
– Kusanagi est actuellement au Sanctuaire Hakurei.
– Dans ce cas, on en a déjà un sur trois, s’étonna Youmu.
– Mais les deux autres sont bien gardés ! Protesta Olivier.
– Oui. Yata no Kagami est au Temple d’Ise et Magatama au palais impérial de Tokyo. Les voler sera très difficile, d’autant que ces lieux sont protégés sur le point magique, annonça Mamizou.
– Comment ça ?
– Il s’agit de lieux sacrés, la puissance des non-humain sera grandement affaiblie. De plus, la magie y est réduite là-bas, afin d’empêcher quiconque de s’en emparer.
– Et puis, peut-on voler les objets servant à l’intronisation de l’Empereur ? demanda Sanae.
– Ils y arriveront, après tout, on leur rendra après. Et puis, ils ont déjà perdu l’épée originale, lui répondit Olivier.
– Dans tous les cas, il faudra les voler, annonça la tanuki.
– Notre voleuse n’est pas en forme pour cela, répondit Sakuya.
– C’était pas top celle-là, lui rétorqua l’humain.
– Elle est toujours enfermée dans sa chambre ?
– Oui… dit-il en soupirant.
Le silence se posa de nouveau dans la pièce avant qu’Olivier ne se lève et remonte dans la sienne, laissant les autres murées dans le silence.
Elles savaient très bien que la situation était très difficile et que la mort de Tom avait traumatisé Marisa. Elles décidèrent de continuer la quête des deux derniers trésors du Japon afin de retrouver le Dieu-dragon. Cependant, Mamizou savait très bien qu’il manquerait l’élément déterminant, Tom. Elle continua de penser que Yukari avait envoyé Olivier afin qu’il puisse le remplacer mais ne comprenait pas comment il pourrait, il n’était qu’un simple humain et non une sorte « d’incarnation humaine » du Dieu-Dragon.
Non loin de là, sur un toit de Tokyo, un vieil homme attendit sur le bord. Un léger frisson lui parcourut alors le dos. Il savait qu’elle était arrivée. Il se retourna et regarda la jeune femme qu’il avait sous les yeux.
– Cela faisait longtemps, dit-il.
– Très.
– Tu as besoin de moi ? Tu sais que je le sais.
– Gensokyo est…
– Je sais.
Le silence se posa sur ce toit froid.
– Pourquoi…
– Tu as ton plan.
– Mais…
– Tu t’en sortiras.
– Vous… vous m’avez beaucoup… aidée, avoua-t-elle avec difficulté afin qu’il l’écoute.
– J’ai fait ce qui était nécessaire, comme toi, tu es prêt à le faire.
– L’héritier est …
– C’est sans importance.
– Mais… il ne peut pas…
– Ses amis nous diront si ton plan est le bon.
– Je suis prête à mourir pour Gensokyo !
– Je sais que tu le ferais, dit-il en marchant vers elle. Mais qui pourrais te remplacer ? Qui pour maintenir l’équilibre ?
– Mais …
– Ma chère, tes plans sont pleins de bon sens. Tu es calculatrice et prévois très longtemps à l’avance et anticipes beaucoup de choses. Je te fais confiance pour cela. Tu sauveras Gensokyo et la fin du jeune homme ne sera pas vaine.
– Que…. Dois-je faire ?
– Yukari, tu le sais très bien. Sauve Gensokyo, dit-il avant de descendre par l’escalier qui se trouvait au bout du toit, laissant la jeune femme seule.