La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 26 : Chapitre 26 L’au revoir

1769 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/02/2025 16:31

Chapitre 26

L’au revoir

 

       Le sanctuaire s’effondra dans un vacarme assourdissant. La structure de bois, de pierres et d’autres matériaux ne formèrent plus qu’un monticule. Du centre de celui-ci, provenant de la colonne d’énergie, une déflagration se produisit, la montagne vrombit, le sommet s’affaissa avant d’exploser dans une lueur visible à des kilomètres à la ronde.

Progressivement, la colonne se tut, devenant de moins en moins puissante avant de s’évanouir, laissant une flamme bleue à la place, au fond du cratère.

Désormais, il n’y avait plus rien. Seuls quelques ombres osèrent se rapprocher du trou. L’une d’elles tomba à genoux. Elle porta ses mains à son visage qui se mit à regarder vers le bas. On pouvait entendre ses bruits de pleurs à travers toute la dépression. Les autres ombres se mirent à l’entourer, toutes tête baissés, l’expression de chagrin sur certaines, d’incompréhension sur d’autres. Tous étaient choqués.

Il posa sa main sur l’épaule de la jeune femme. Il voulait la réconforter mais il n’y parvint. Le jeune homme ne savait pas quoi faire, la disparation de son ami l’empêchait de l’aider, lui-même ne pouvait pas le supporter. De son visage crispé, il tenta de contenir des larmes qui finirent par triompher. Celles-ci se mirent à glisser sur sa peau alors qu’il se mit à prétexter des insultes envers son ami disparu.

 

– TU N’ES QU’UN MONSTRE POUR FAIRE ÇA ! J’ESPÈRE QUE TU RIGOLES BIEN DEPUIS LES ENFERS !

 

Il tomba lui-même à genoux, pleurant des flots de larmes qu’il ne parvint pas à stopper. Il venait de perdre son ami, son ami de toujours, son meilleur ami.

À leur côté, les autres tentèrent de les réconforter. Bien qu’elles soient moins touchées par sa disparition, elles eurent du mal à cacher diverses émotions. Reisen posa un genou à terre et sa main sur l’épaule de son « élève » Olivier. Celui-ci releva la tête et la regarda. Elle vit un homme qui n’avait jamais montré véritablement ses sentiments les exprimer.

 

– Pourquoi ce sacrifi…. demanda Olivier, le regard en partie perdu dans le vide.

– Il n’est pas mort en vain, répondit la Sélénite.

– Il va revenir… je le sais… tenta de se persuader le jeune homme.

– Dans la Terre des Illusions, cela aurait pu être possible. Mais pas ici, répondit-elle.

– Ce n’est pas possible… il va…

– Il n’était plus qu’un simple humain, lui répondit Mamizou.

– C’est pas vrai !

– Nul ne peut survivre à ça. Il a pénétré au fond d’un puits de magie et l’a fait exploser de l’intérieur. Nulle créature, humaine, yokai voir divine ne pourrait survivre à ça.

– Non…

– C’est impossible de le nier, c’est la triste vérité.

 

Olivier s’effondra, se recroquevillant sur lui-même, continuant de pleurer, espérant le retour de son ami, un retour impossible.

Sanae commença alors un rite de purification de l’âme afin que celle-ci puisse atteindre le Royaume des Morts, malgré la conviction qu’il n’y aurait pas le droit.

Youmu regarda vers le trou. Son regard était vide. Les pensées se mêlèrent. Elle ne savait pas quoi garder de lui. Un élève ? Un ami ? Un adversaire ? Un ennemi ? Un tyran ou un monstre ? Une petite larme se forma au coin de son œil. Elle planta son sabre dans le sol puis s’agenouilla afin de se recueillir.

Sakuya regardait vers le côté, revoyant les moments où il avait vécu au manoir. Elle se souvint d’un jeune homme trop espiègle tout en étant un travailleur acharné et d’un utopisme flagrant. Elle revoyait les moments où il s’exerçait au lancer de couteaux, où il manqua de briser de nombreux vases au passage. Elle revoyait les moments où il s’entraînait avec Patchouli, étudiant la magie, lisant et embêtant régulièrement la dame du Voile. Un léger sourire amusé s’afficha sur son visage malgré les souvenirs terribles qu’il lui avait infligés. Elle préférait garder les moments où il était bon.

 

Les uns après les autres, elles terminèrent leurs recueillements et se dirigèrent vers le chemin les conduisant vers le bas de la montagne. Cependant, Olivier ne parvint pas à se relever, restant hagard face à la dévastation. Marisa était toujours en larmes. Elle venait de perdre le seul homme qu’elle n’avait jamais aimé.

Mamizou posa sa main sur son épaule. Elle tourna le visage, en larme. La tanuki essaya de la convaincre qu’il était temps de partir. Reisen et Youmu allèrent relever les deux éplorés.

 

– C’est fini pour lui, il ne reviendra pas. Au moins, il a sauvé les habitants, lui annonça Mamizou.

– Il me manque ! dit Marisa en se jetant dans les bras de Reisen, tout en continuant de déverser ses flots de larmes.

– Il nous manquera à tous, dit-elle afin de la réconforter malgré un visage assez gêné.

 

Elle aida la jeune humaine à se relever puis commença à se diriger vers le chemin quand elle la remarqua se diriger vers le côté. Marisa ramassa des blocs de pierres. Olivier la voyant fit de même. Rapidement, une tombe improvisée se forma devant eux. Olivier détacha son couteau de sa sangle et la posa sur la pierre. Ils se relevèrent et prièrent, dans les larmes.

Il recula d’un pas, se recueillant encore une fois. Il recula une nouvelle fois mais il ne parvint pas à se retourner, à tourner le dos à la tombe de son ami disparu.

Mamizou observait les deux jeunes humains. Elle connaissait bien les humains et la douleur que représentait la mort pour ces créatures à la vie si éphémère et si fragile. Elle voyait sur leur visage la tristesse et la douleur.

Elle se rapprocha de Marisa, dépassant Olivier toujours perdu dans les ténèbres. Elle vit qu’elle ne pourrait pas bouger. Elle la saisit et l’emporta vers le chemin. Elle se débattit en pleurant et en criant le nom de Tom. Elle ne voulait pas continuer. En voyant passer la tanuki emporter la frêle humaine avec elle, il détourna le regard, priant Tom de l’excuser.

 

« Mon ami…

 

J’aurai dû être là…

 

Là avant que tu sombres…

 

Mon ami…

 

Je ne t’ai pas empêché de sombrer dans les ténèbres…

 

Comme aujourd’hui… je n’ai pas su te retenir…

 

Malgré ton caractère… parfois insupportable et utopiste… dangereux à son maximum… tu as toujours voulu le meilleur pour Gensokyo…

 

Cela t’a conduit à faire le pire…

 

Mais tu croyais réellement dans le bien… trop d’ailleurs…

 

Idiot va…

 

Reposes en paix… même si tu demeures en Enfer… soit fière de tes actes bienveillants… écarte de ton esprit le mal que t’as fait…

 

Souviens-toi de nous, moi, Marisa, Reimu et les autres…

 

Garde une pensée de ton passé avec toi…

 

On construira l’avenir auquel t’aurais dû assister et participer… »

 

Il se retourna, tournant le dos au cratère, à la tombe de son ami. Il marcha en direction du chemin, voyant non loin Mamizou tenter de retenir Marisa en pleurs et se débattant. Il marcha d’un pas lourd, solennel, serrant fort ses poings, tentant de contenir la douleur. Il vit les créatures survivantes fuir le lieu en les entourant, obligeant la tanuki à accélérer, suivit par le jeune homme. Ils arrivèrent rapidement sur le chemin et continuèrent de descendre avec les autres. Toutes étaient murées dans le silence excepté Marisa qui continuait de gémir. Il restait muré dans un lourd silence, pensant à son ami. Il regarda vers le ciel, triste, les larmes aux yeux, tentant de les contenir.

 

Alors que le groupe descendit de la montagne, les premiers aéronefs arrivèrent au-dessus du site. Marisa marchait désormais à côté de la guide tanuki, lui tenant la main et perdue dans ses pensées. Elle ne voyait plus rien devant elle tant le chagrin était présent en elle. Mamizou resta assez neutre malgré des interrogations qui s’inscrivirent sur son visage. Elle se demandait de nombreuses choses sur l’avenir de leur mission et de la survie de Gensokyo. Elle regarda Olivier et se demanda s’il ne pourrait pas remplir la mission de Tom. Elle se demandait pourquoi Yukari l’aurait fait venir autrement. Il avait un rôle à jouer, elle en était certaine, ou l'espérait en tout cas.

Elle regarda vers le ciel, ne voyant que les véhicules se diriger vers le sommet éventré de la montagne. Alors qu’ils descendaient tous de la montagne, l’ambiance resta lourde et pesante. Personne n’était sorti indemne de la mort du jeune homme, encore moins ses proches ou ses anciens proches. Sakuya resta toujours muette alors que Youmu regardait dans le vide, comme tentant de voir par-delà ce monde. La tanuki regarda alors la jeune humaine. Marisa avait le regard vide, les yeux rougis par les larmes et le désespoir. Olivier, lui, restait plus loin en arrière, ne cessant de se retourner, espérant sans doute voir son ami arrivé en courant, ce qui jamais ne se produisit.

La cheffe du groupe se demanda si la yokai des frontières avait prévu cette éventualité. Mamizou poussa un long soupir, regardant droit devant elle, véritablement la seule à le faire.

 

La lapine interpella le groupe. Ils étaient déjà arrivés au pied de la montagne, à la gare. Les soldats les stoppèrent et les interrogèrent. Elle leur donna les documents qu’elle avait et raconta qu’ils avaient vu une explosion au sommet de la montagne quand ils étudièrent les ruines. Le plus haut gradé les autorisa à prendre le train qui s’en alla ensuite vers Tokyo alors que les écrans parlèrent en boucle des événements survenus récemment dont l’explosion de la montagne.

Marisa regarda le paysage, la larme à l’œil. Elle pensait à lui, encore et encore.


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