La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 20 : Chapitre 20 La route de la montagne

2103 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 4 mois

Chapitre 20

La route de la montagne

 

       Alors que la nuit s’était posée sur Tokyo, l’armée envahit les rues. Ils ne faisaient plus aucun doute que l’état de siège était déclaré. Seul l’accord de l’autorité impériale manquait au dispositif. Alors qu’un véhicule blindé circulait dans la grande rue, une ombre fila et passa dans l’étroit passage sans se faire remarquer. La silhouette arriva devant l’auberge et ouvrit la porte avant de la refermer délicatement. L’être relâcha son attention mais c’est alors que la lumière s’alluma, dévoilant la tanuki en maraude. La propriétaire alla la voir et lui demanda ce qu’elle pouvait faire à une heure aussi tardive et en pleine crise comme celle-là.

La yokai afficha un grand sourire et posa sa main sur l’épaule de son amie humaine. Celle-ci ne pouvait pas lui en vouloir de rechercher des indices concernant les attaques de la journée. Elle l’invita dans la salle à manger avant d’aller préparer un peu de thé. Elle revint rapidement, constatant qu’elle était en train de regarder ses notes.

 

– Eh bien, qu’est-ce que tu fais ?

– J’ai farfouillé chez des journalistes afin de collecter des infos.

– Et alors ?

– Heureusement, les humains ne pensent pas à des attaques de yokais mais à celles d’armes biologiques.

– Tu te trompes, répondit la vieille femme.

– Pardon ?

– Mes amis me parlent de yokais. Ce sont les autorités qui font vent d’armes biologiques pour ne pas effrayer la population. Une menace venant de l’extérieur effraie moins qu’une menace interne.

– Tu sais autre chose ?

– Les rumeurs prétendent que des choses bizarres se passent sur le Mont Takao.

– Ce monticule est très visité pourtant.

– Un peu de respect ma petite ! Et puis, cela fait longtemps qu’il n’est presque plus visité.

– Comment ça ?

– Il s’est passé beaucoup de choses depuis ton départ. Notamment, l’environnementalisme.

– C’est-à-dire ?

– On a décidé de séparer le plus possible l’Homme de la nature afin qu’il ne puisse ne plus lui nuire. Désormais, les campagnes sont quasiment vides et la nature y reprend ses droits.

– Mais pour l’agriculture ?

– Ils ont développé des technologies et font des fermes dans les tours maintenant. La ville produit tout à elle seule désormais.

– La nature redevient sauvage ?

– Oui mais la politique s’est accompagné d’un abandon à la nature des problèmes que l’homme y avait provoqué. Par endroits, elle demeure défigurée.

 

Madame Sato redonna un peu de thé à son amie avant de s’en servir de nouveau puis reprit la discussion.

 

– Il va falloir y monter pour voir ce qu’il s’y passe, affirma Mamizou.

– Oui mais faite attention, cette terre était liée aux Tengus d’après certaines légendes. Vous devriez vous préparer à cette éventualité, je ne pense pas qu’ils apprécient la venue d’étrangers sur leur terre.

– Oui, c’est sûr.

– Vous allez d’abord vous occupez des yokais avant de reprendre votre quête ?

– Oui, si on sauve Gensokyo mais que les humains apprennent son existence, cela n’aura servi à rien. Les humains ne doivent plus croire aux vieilles légendes et se tourner vers la science, permettant aux yokais vivant à Gensokyo d’y vivre en paix.

– Et Tom ?

– Il est la clé pour trouver le Dieu-Dragon.

– Et il a son âme à racheter.

– Oui.

– Tu penses qu’il parviendra à sauver son âme ?

– Je ne suis pas yama, je ne sais pas…

– Pauvre jeune homme, il porte beaucoup de souffrance sur son dos…

– C’est lui aussi le responsable.

– Il a débarqué dans un monde inconnu et a tenté des choses et commis des erreurs. C’est bien les anciens de reprocher aux jeunes leurs erreurs alors qu’ils en ont commis lors de leur propre jeunesse, répondit la propriétaire.

– C’est amusant de la part d’une vielle femme de 80 ans.

– Je demeure toujours jeune par rapport à toi. Je suis plus proche de lui que de toi en termes d’âge. J’ai toujours vécu entouré de yokais, j’ai appris que mon âge importait peu.

– Il a encore environ 50 ans pour se racheter, si tout va bien…

– Le pardon se fait sur une vie…

– Bien, je vais aller me reposer un peu. Bonsoir madame Sato.

– Bonsoir, Mamizou…

 

La nuit était calme. Seuls les bruits des véhicules militaires perturbaient le silence.

Alors que dans l’auberge, nombreux était ceux en train de dormir, une personne se leva de son futon et se dirigea vers la porte coulissante. Elle n’arrivait pas à trouver le sommeil. Elle se retourna et vit l’autre personne dans son lit puis sourit. Elle passa la porte et marcha dans le couloir. Celui-ci était sombre et elle n’y voyait pas grand-chose, en revanche elle pouvait entendre des bruits de ronflements provenant de la chambre d’Olivier, aussi elle se demanda comment il faisait pour survivre dehors alors qu’il ronflait.

Elle continua sa ronde dans les couloirs, guettant le moindre bruit. Elle entendit alors celui de l’une des parois des chambres. Aussitôt, elle alluma une bougie afin de distinguer la personne qui venait de sortir. Là, face à elle, il y avait la tanuki. La jeune personne soupira et demanda à la yokai si elle allait bien. Se méfiant de cette dernière, la jeune noctambule affichait un grand sourire gêné.

 

– Bon… ben… je retourne me coucher, répondit la personne à la bougie.

– Attends !

– Heu… oui ? Répondit-elle en s’arrêtant net, le dos tourné à son interlocutrice.

– Tu dois faire attention.

– Comment ça ?

– Tu comptes à ses yeux et on sait toutes que s’il t’arrivait quelque chose, cela serait terrible pour lui.

– Je le sais mais j’ai un devoir à accomplir.

 

Elle s’en alla, retourna dans sa chambre, laissant la tanuki dans l’ombre. Elle pensa aux épreuves qu’ils auraient à franchir et douta des capacités du jeune homme à pouvoir réaliser sa mission. Elle regarda vers le fond du couloir et vit une sorte d’ombre. Elle devinait très bien de quoi il s’agissait. Elle se contenta de lui dire qu’elle veillerait sur le jeune homme. Aussitôt l’ombre disparue dans la nuit.

 

Le matin se leva. Il dormait à poings fermés. Il sentit une sensation agréable au niveau du pied. Cependant, celle-ci se transforma en chatouille. Il commença alors à rire dans son sommeil avant de se relever brusquement. Il vit alors Marisa au bout du lit, le balai en main. Elle se mit à sourire avant de l’embrasser. Alors que Tom restait pantois, elle remit son chapeau, l’air fier et fila vers la salle à manger. Il resta quelques instants sur place. Il savait qu’il avait dû se méfier, même s’ils sont en couple, elle restait la jeune femme qu’elle était. Il était cependant heureux que le manque considération de Marisa ne le concernât pas. Il pouvait avoir une certaine confiance en elle, notamment pour le travail et les études de la magie. Sa condescendance naturelle était un brin agaçante, notamment depuis qu’il avait perdu beaucoup de sa force et qu’il était devenu plus faible. Il détestait particulièrement sa manie « d’emprunter » sans demander la permission.

Cependant, il arrivait à la dissuader quand ils étaient ensemble, la plupart du temps. Il se releva du futon et s’étira en pensant à elle. Son intelligence l’avait frappée dès leurs premiers entraînements. Il aimait sa désinvolture même si parfois cela le gênait. Son caractère inflexible l’impressionnait autant que l’agaçait. Son sacré caractère était pour quelque chose mais c’était sa motivation et sa détermination dans son propre travail qui l’avait le plus impressionné, même s’il avait eu du mal à l’approcher sans qu’elle soit insupportable et peu coopérative. Mais l’amour l’avait très légèrement adouci, notamment avec lui mais depuis, elle ne cesse de l’embêter d’une manière ou d’une autre.

Il se tourna vers la paroi coulissante et vit Sanae. Elle était restée plantée là, écoutant le jeune homme penser à haute voix mais suffisamment fort pour qu’elle comprenne le sens des mots. Il lui demanda de ne rien lui dire.

 

– C’est son caractère, on le sait toutes, pourquoi je lui dirais ça ?

– Merci Sanae, répondit-il avant de passer dans le couloir et de rejoindre les autres.

 

Tom devait se remettre les idées en place car il savait que la journée allait être chargée.

 

Dans la salle à manger, tous étaient là. Mamizou commença en déclarant où aller : le Mont Takao.

Chacun se mit à discuter avec son voisin. Olivier lui demanda alors la raison. Elle répondit que les yokais affluaient vers ce point. C’était donc là que devait se trouver le puissant être qui les réunissait. La réponse convainc tout le monde, mais à des degrés divers. Reisen demanda plus d’informations sur le lieu et les moyens d’accès. La tanuki raconta qu’il s’agissait d’une petite montagne où se trouvait un lieu sacré, que le lieu avait été totalement laissé à l’abandon depuis des années. Elle poursuivit en parlant du moyen d’accès. Ils allaient devoir prendre un train qui franchirait le mur de séparation pour un petit poste militaire au pied de la montagne.

Le « mur de séparation » surprit le groupe. La vieille dame commenta alors sur ce sujet. Il s’agissait d’un mur érigé afin de défendre la mégalopole des invasions terrestres lors de la troisième guerre mondiale et de séparer définitivement l’homme de la nature afin de la préserver. Il s’agissait d’un mur de cinquante mètres de haut pour vingt de large à sa base, des chemins de ronde, des corridors et des tours complétant la défense. Des batteries anti-aériennes étaient disposées également. Seuls quelques passages permettaient de passer au travers. Cependant, avec la mesure militaire en vigueur, le passage serait d’autant plus compliqué.

Cela ne les découragea pas. Là, la tanuki afficha un léger sourire suspect. Tom s’en méfia et lui demanda si elle avait trouvé une solution.

 

– J’ai mieux que la solution. J’ai déjà tout réglé.

– Comment ça ? S’étonna la domestique du manoir du Démon Écarlate.

– Durant la nuit, je me suis occupé des détails. On part pour onze heures, il faut se préparer pour y aller.

 

La discussion ne tarda pas plus et Olivier et Tom s’apprêtaient à se préparer, malgré la méfiance de Tom. Rapidement, les affaires furent rassemblées et tout le monde se retrouva devant l’auberge. Il était prévu de revenir à la nuit tombée. Ils saluèrent la vieille dame et s’en allèrent en direction de la gare puis attendirent le train qui les conduisit en une demi-heure à la destination. Là, les quelques miliaires contrôlèrent les rares passagers. Lorsque ce fut le tour du groupe, Mamizou donna un document aux soldats.

 

– Vous venez pour étudier la nature au sommet de la montagne ?

– Oui, il faut savoir comment réagit la nature depuis que celle-ci est redevenue sauvage.

– Très bien, vous pouvez y accéder.

– Je vous remercie beaucoup.

 

Tom fut déconfit face à la réaction des soldats. Mamizou lui montra le document et vit le sceau impérial ainsi que la notation du document où celui-ci était écrit « urgent ».

Le groupe put alors emprunter un ancien chemin bétonné. Celui-ci était considérablement détérioré et l’on voyait bien que la nature reprenait ses droits sur les structures artificielles. Ils commencèrent alors l’ascension qui devait durer environ deux heures. Cependant, Tom eut l’impression qu’ils étaient observés. Des masses sombres semblaient les entourer alors qu’elles se cachaient dans la forêt. La méfiance fut de mise dans le groupe.

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