La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)
Chapitre 18
Pris au piège
Shibuya, milieu de l’après-midi. Sanae, Reisen et Sakuya se promenaient et visitèrent les magasins, ce qui désolait la domestique et la gardienne lapine. Leur but premier de trouver des informations sur la localisation du Dieu-dragon s’était transformé en séance de lèche-vitrines. Sanae s’en défendit en prétextant que s’il trouvait une vieille boutique traditionnelle, elles pourraient peut-être trouver des informations. Cette réponse ne parvint pas à convaincre les jeunes femmes. Cependant, elles n’avaient pas vraiment le choix étant donné que la miko du sanctuaire Moriya était la seule qui pouvait les guider, et encore, elle hésitait beaucoup avec la carte.
C’est finalement en entrant dans un immeuble légèrement excentré qu’elles tombèrent sur une boutique de getas. Elles entrèrent et l’atmosphère se changea radicalement. Elles passèrent d’une ambiance futuriste à une ambiance traditionnelle. Partout sur les étagères, les chaussures s’empilaient et l’ensemble semblait tenir par magie. Elles arrivèrent à une sorte de comptoir lui-même encombré de getas. Suspendu au-dessus, il y avait une petite clochette. La miko la fit sonner. Aussitôt, un bruit se fit entendre à l’arrière de la boutique. Une personne arriva tranquillement vers le comptoir. Il portait un kimono marron très sommaire et qui semblait être très vieux et très usé. L’homme qui le portait avait une bonne partie de la tête dégarnie avec quelques mèches blanches sur les côtés alors que son visage exprimait le nombre de ses années. Il accueillit les jeunes femmes avec un profond respect.
– Que désirez-vous mes demoiselles ? demanda le vieil homme.
– J’aurais pensé que vous auriez pu nous donner des informations… sur une légende… répondit Sanae.
– Je ne suis pas libraire, ce n’est pas à moi qu’il faut demander ça.
– Je sais mais notre demande est particulière et ne peut se trouver dans les livres « classiques ».
– Je vous écoute, répondit-il d’une oreille attentive.
– Nous cherchons la cachette de Ryūjin.
– Intéressant… et vous ne croyez pas qu’il ne s’agisse que d’une légende ?
– On a nos raisons de penser que non.
– Dans ce cas… je ne peux pas faire grand-chose…
– Vraiment ?
– Il aurait fallu demander à mon frère pour ce type de question mais il est mort il y a longtemps…
– Je suis… désolée…
– Cela fait dix ans, il n’y a plus rien de grave, dit-il pour tenter de réchauffer la salle.
– Vous savez où nous pourrions trouver des informations ?
– Il serait sage d’aller voir les prêtres.
– Merci bien, dit-elle avant de s’en aller après s’être excusé pour le dérangement.
Les trois jeunes femmes partirent et laissèrent le vieil homme seul. Il retourna au fond de sa boutique et parla à une étrange personne.
– Elles viennent de partir.
– Il y avait qui ?
– Une sorte de miko, une sorte de domestique et une autre femme avec un grand chapeau.
– Bien… dit l’étrange personne qui se releva, la bouche couverte de sang.
– Qu… qu’allez-vous faire ?
– Je vais m’occuper de répandre la mort sur cette ville.
–…
– Et toi ? Tu ne mourras pas… ce que tu as fait m’interdit de te tuer.
Elle se releva, dévoilant des mains recouverte de sang, ainsi qu’une gueule horrible alors qu’elle se transformait en humaine. À ses pieds, gisait un corps que le propriétaire connaissait bien, son propre frère. Dans un murmure, il lui demanda de le pardonner.
Les jeunes femmes étaient de retour dehors et observaient le flot incessant de personnes qui passaient. Reisen soupira et demanda s’il y avait un moyen de trouver le moindre indice. Sanae se contenta de lui répondre qu’il faudrait alors voir auprès d’un temple. Là, Sakuya ne fut guère emballée. Sanae lui demanda ce qui n’allait pas. Elle se contenta de dire que les temples ne l’intéressaient pas. Cela ne fit pas plaisir à la jeune miko mais elle n’y prêta plus attention lorsque des haut-parleurs se mirent à faire du bruit.
« Alerte à toute la population, veuillez rester chez vous ou dans un environnement fermé. Je répète, veuillez-vous barricader jusqu’à la fin de l’alerte. »
La population commença alors à s’inquiéter et rentra dans les bâtiments dans le calme. Soudain, ils entendirent des cris venant d’un bâtiment. Sanae se rendit compte que c’était celui d’où elles venaient de sortir. Sakuya sortit une poignée de couteaux et commença à courir vers le lieu. Soudain, un objet lui fut jeté dessus depuis la porte qu’elle allait franchir. La domestique du manoir Ecarlate fut emportée avant de s’écraser contre une voiture. Ses amies se mirent à courir vers elle mais Sanae s’arrêta en voyant ce qui la recouvrait. Reisen allait toucher la substance qui la collait contre le véhicule quand la miko lui ordonna de s’arrêter. La lapine se retourna, ne comprenant pas pourquoi elle ne devait pas l’aider.
– Regarde, c’est de la toile d’araignée ! Tu vas te faire coller si t’y touches !
– De la toile d’araignée ? SANAE DERRIERE TOI !
La miko se retourna et se baissa en même temps, esquivant une nouvelle toile lancée par des créatures étranges et effrayantes dont certaines descendirent des vitres des gratte-ciels.
Rapidement, les deux jeunes femmes furent entourées par des centaines d’araignées dont certaines avaient le haut du corps « humaine ». Là, la miko vit une femme sortir du bâtiment qui avait repoussé Sakuya. Elle portait une tenue élégante mais ses yeux affirmaient qu’elle n’était pas humaine. Elle marcha lentement vers les deux jeunes femmes alors que la manipulatrice du temps ne pouvait plus bouger. Elle s’arrêta à une poignée de mètres d’elles et leur parla.
– Vous… vous n’êtes pas des humaines normales vous… dit-elle.
– Et toi tu n’es pas humaine tout court ! Déclara Sanae.
– Effectivement et je vous présente mes enfants, déclara-t-elle en écartant les bras vers le ciel alors que les araignées l’acclamèrent.
– Vous êtes une Jorōgumo !
– Oui, tu as bien deviné mon enfant. Maintenant, je vais aspirer l’intérieur de tes entrailles et mes enfants chéris feront la même chose avec les habitants de cette ville.
– Nous t’en empêcherons ! Déclara Reisen.
La mère des araignées claqua des doigts et les deux jeunes femmes furent aussitôt encerclées par de nombreuses araignées.
– Je claque encore une fois des doigts et vous mourrez mais vous pouvez toujours implorer ma pitié. Peut-être vous épargnerais-je pour me servir.
– Qui es-tu ?! S’écria Reisen.
– Un instrument de la nature qui va remettre l’homme à sa place, dit-elle alors que sa bouche se déforma, laissant sortir des sortes de crocs horizontaux.
Elle leva le bras vers le ciel et claqua des doigts tout en marchant vers les deux jeunes femmes. Alors que l’armée arachnide attaquait les deux jeunes filles, la créature commença lentement à se transformer. Sur ses côtés, de longues pattes noires se mirent à pousser et à la soulever du sol alors que ses jambes se changèrent également en fine pattes d’araignée. Ses yeux changèrent de tailles, de formes et de localisation avant que deux autres paires ne se forment et ne se placent juste au-dessus de ses yeux principaux. La créature, noire, était couverte de longs poils sombres alors que sa peau semblait être faite d’une carapace d’une solidité incroyable.
Elle vit cependant que ses enfants étaient repoussés par les attaques magiques de Sanae et de Reisen. La première tirait ses talismans et ses orbes sur les assaillantes qui s’écroulèrent au sol et restèrent sur le dos les pattes en l’air. La seconde pointait son index vers une cible et une volée d’orbe en forme de balles de couleur rouge fusèrent sur le carrefour. Elles s’envolèrent mais durent esquiver les attaques de toiles des créatures qui étaient posées sur les murs. Elles tirèrent alors sur les artilleuses qui chutèrent lorsqu’elles étaient touchées. Des nombreux cris stridents se firent alors entendre avant qu’elles ne percutent le sol. Leur mère se mit alors à crier un son insupportable qui fit vibrer les vitrines, menaçant de se briser. Les deux jeunes femmes durent se boucher les oreilles alors que les araignées se mirent à les viser. Elles durent éviter leur tir, sachant qu’elles finiraient comme Sakuya au moindre contact avec ceux-ci. Elles ne cessèrent pas d’abattre les yokais qui tombèrent par dizaines au sol.
Alors qu’il n’y avait plus d’arachnides sur les murs, elles foncèrent en direction du sol et projetèrent leurs danmakus sur la mère-araignée. Les projectiles s’abattirent sur elle et souleva un léger banc de fumée. En se dispersant, celui-ci dévoila une surprise de taille. Une des araignées venait de faire barrage aux projectiles afin de sauver sa mère. Celle-ci lui caressa la joue puis le cou avant de la mordre férocement à cet endroit. Le corps de la créature gesticula alors que sa mère était en train de lui dévorer la nuque. Les deux jeunes femmes se posèrent alors que le corps vidé de la fille tomba aux pattes de sa mère. Elle avait la gueule et le cou couvert de sang alors que sa victime, agonisante, tendait le bras vers elle dans une tentative de parler alors qu’elle avait la gorge à nue. L’araignée-mère se déplaça vers les deux humaines. L’une de ses pattes transperça la cage thoracique de sa fille agonisante alors qu’elle marchait vers ses deux prochaines cibles.
Elle s’arrêta à une poignée de mètres de là alors que les araignées se mirent à les observer de loin, craignant de déranger leur mère.
– Vous êtes fortes. Votre sang ne me rendra que plus puissante.
– On va t’arrêter ! s’écria Sanae.
– On ne peut pas m’arrêter !
Elle se lança d’un coup vers les deux jeunes femmes qui esquivèrent au dernier moment. La créature continua sa course et prit de l’élan sur une voiture qu’elle renversa. Les deux jeunes femmes comprirent que ce n’étaient pas elles qu’elle visait. Sakuya encore accrochée à la voiture avait la tête en bas et avait durement essuyé le choc. Bien qu’un peu sonnée, elle se rendit compte que l’une de ses mains avait été libéré. Elle pouvait sentir sa montre à gousset dans sa main encore bloquer dans la toile. Elle vit alors l’un de ses couteaux non loin d’elle. Elle tira le bras de toute sa longueur afin de l’attraper alors que Sanae et Reisen avait beau essayer d’attaquer la créature, celle-ci ne se laissait pas arrêter par les projectiles magiques des deux personnes. Elles durent esquiver les coups de pattes, les lancés de toiles et les saisit. Reisen effectua un salto arrière en esquivant un coup de patte et envoya l’un de ses projectiles directement dans les yeux droits de la créature. Celle-ci poussa un terrible cri et se projeta sur elle. Elle la saisit et lui bloqua les bras avant d’ouvrir sa large gueule béante. Sanae intervint mais elle reçut un coup de patte arrière qui la fit tomber plusieurs mètres plus loin. Alors que la tête de la Sélénite allait se faire dévorer, un sang gicla sur le visage de celle-ci. Elle sentit son corps être relâché et tomba au sol, tentant d’atterrir. Elle vit alors l’un des crocs horizontaux au sol, dans une mare de sang. Là, on l’appela.
– Reisen, à côté de toi !
Elle regarda et juste là, il y avait l’un des couteaux de Sakuya. Elle le saisit alors que l’un des bras de la créature se rapprochait de son visage. L’espace d’un instant, elle vit une étrange marque verte sur la patte. Mais alors que celle-ci allait la saisir, elle donna un coup et trancha la moitié des quatre doigts qui tombèrent au sol. La créature poussa un nouveau cri en se tenant la main d’où dépassaient en partie les quatre phalanges. Du sang gicla de sa bouche et de sa main. Sanae en profita pour se relever et tenter de la sceller mais l’araignée recula de plusieurs mètres puis envoya un fil de soie vers le sommet d’un immeuble avant de s’y projeter et d’y disparaitre. Les autres araignées encore debout firent de même et fuir, laissant les trois héroïnes au milieu d’un carnage.
Sanae et Reisen libérèrent Sakuya qui se releva avec grande peine puis s’enfuirent toutes ensemble vers la gare la plus proche, espérant pouvoir revenir à l’hôtel, espérant que les autres aillent bien.