La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)
Chapitre 14 : Chapitre 14 La force de l’âme
2177 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a 4 mois
Chapitre 14
La force de l’âme
Il faisait beau. Olivier regardait les alentours, très paisible, du sanctuaire. Son toit vert jade était reconnaissable entre tous. Il y avait foule, comme souvent, d’après l’un des responsables du site. Foule depuis la fin d’une guerre qu’il ne connaissait pas et qui allait bientôt arriver à son époque, il contemplait les morts de son futur personnel.
Youmu regardait tout autour, observant discrètement les alentours, restant constamment sur ses gardes. Elle regarda le jeune homme vêtu de son grand manteau légèrement entrouvert laissant paraître une chemise blanche, de sa longue écharpe et d’une paire de Ray-Ban sur le front. Ses courts cheveux blonds reflétaient une légère lueur, c’était du moins ce que celle qui l’accompagnait croyait, avant de se rendre compte qu’il s’agissait des reflets sur ces lunettes.
En passant, nombreuses furent les femmes à détourner le regard, certaines le trouvaient ringard, d’autre le disait kitsch alors que quelques-unes le trouvaient pas mal avec son léger côté sombre. Cependant, l’instant suivant, elles détournèrent le regard et vaquèrent à d’autres occupations, la vie actuelle étant celle de l’instantanéité.
Etrange paradoxe, pensait le jeune homme couvert. Une société dont la mesure était l’instant et qui se retrouvait dans un lieu de mémoire, le sanctuaire Yasukuni.
Ils allaient traverser le portique d’accès au sanctuaire quand une main se posa sur l’épaule du jeune homme. Il se retourna et vit son amie épéiste mal à l’aise. Elle raconta qu’elle pouvait sentir un fort ressentiment émanant de ce lieu. Sachant qu’elle venait du Royaume des Morts, cela ne le surprenait pas. Il se contenta de la rassurer, lui assurant qu’il n’y avait pas de fantômes ici. Cette dernière phrase la fit légèrement se replier sur elle-même. Il passa alors sa main sur sa nuque, réfléchissant comment la persuader que tout allait bien se passer. Il savait que c’était une excellente guerrière dont le sens de la droiture et de la conscience était plus forte que n’importe quelle lame, aussi résistante soit-elle. Il lui parla alors de l’honneur, des hommes morts pour le pays, de ceux qui moururent mais fiers.
Elle se ressaisit l’espace d’un instant et regarda son ami. Il posa sa main sur son épaule et l’encouragea à avancer, malgré la très forte émotion émanant du lieu.
Le temps passa et Olivier ne savait pas s’ils venaient de passer une, deux ou trois heures. Ils s’apprêtaient à repartir quand un vieil homme s’adressa à eux.
Ils se retournèrent et virent une personne. Elle portait une tenue d’un blanc immaculé et portait un chapeau noir caractéristique, c’était un prêtre shinto.
Le jeune homme se demandait ce que voulait l’ecclésiastique. Le concerné regarda successivement Olivier et Youmu avant d’arrêter son regard sur la jeune femme. Il fit un pas vers elle et tendit le doigt.
– La mort accompagne chacun de vos pas…
– Mais qu’est-ce… commença Olivier avant que le prêtre ne continue.
– Deux moitiés font une…
– Heu…
– Vous venez de l’Autre-Rive, déclara-t-il d’un ton sec.
– Mais… de quoi parlez-vous… répondit la jeune personne, intimidée par l’affirmation du prêtre.
– Je peux sentir les morts imprégner votre être. De plus, il vous manque une partie de votre âme. Je sais qu’elle n’est pas loin, qu’elle vous observe de là où vous avez décidé de l’y envoyer.
– Qui êtes-vous ? Demanda Olivier.
– Je ne suis que l’humble responsable des cérémonies du sanctuaire. Veuillez me suivre, nous avons à parler.
Le vieil homme se gratta sa longue barbichette grise puis se retourna et commença à marcher. Le jeune homme interrogea son amie sur ce qu’ils allaient faire mais à défauts d’autre idée, ils décidèrent de le suivre, sachant qu’il représentait une piste pour trouver des indices sur la localisation du Dieu-dragon, aussi mince fut-elle.
Ils pénétrèrent dans l’un des bâtiments du complexe religieux. L’Ancien les invita à s’asseoir autour d’une table basse en bois et s’en alla.
Youmu ressentit comme un sentiment d’apaisements qu’elle ne comprenait pas elle-même. Elle en fit part à Olivier qui se posait de plus en plus de question sur l’homme qui venait de les inviter.
C’est alors qu’il revint avec du thé. Olivier se releva brusquement et exigea des explications. Le vieil homme sourit alors que son regard marron observait le jeune homme puis il posa la théière et les tasses avant de s’asseoir face à eux.
– J’attends ! S’impatienta le jeune homme.
– Ah, la jeunesse, toujours aussi prompte…
– J’ignore ce que vous préparez et je m’en moque !
– Alors pourquoi êtes-vous là ?
– Comment ?!
– Vous m’avez suivi de votre plein gré.
– C’est vrai, répondit Youmu.
– Vous avez dit ces choses… comment…
– Je vis entourer par la mort, je peux la sentir désormais. Votre amie dégage de très grandes quantités d’émanations de mort.
– Et pour l’âme en deux ?
– Je vois l’âme des gens, c’est un don de naissance, utile pour mon travail.
– Et que voyez-vous ? demanda-t-il l’air circonspect.
– Je vois votre méfiance à mon égard. Et je connais votre but.
– Vraiment ?! S’exclama Olivier.
– Oui, le Dieu-Dragon. Mais discutons un peu et ensuite je vous révélerais ce que je sais et dont vous avez besoin.
– Comme on n’a pas le choix…
L’Ancien leur versa un peu de thé et commença une longue discussion alors que son jeune invité affichait une face déconfite, l’amusant encore un peu plus. Olivier trouvait alors que leur ainé était bien trop joyeux.
– Racontez-moi pourquoi vous avez besoin de trouver le Dieu-Dragon ?
– Nous avons nos raisons, répondit Olivier Marc.
– Vous pouvez me le dire, je n’ai rien à gagner à le dévoiler.
– En fait… commença Youmu avant d’être interrompu.
– Je voudrais connaître votre lien avec le surnaturelle avant.
– Si vous insistez. Depuis que je suis devenu kannushi vers mes vingt ans. Mais déjà avant, je ressentais des choses, notamment autour des cimetières.
– Vous pouvez percevoir la mort ? demanda la servante du Royaume des Morts.
– Oui et j’ai vu que vous aviez un fort contact avec ce milieu-là. C’est donc naturellement que je me suis orienté vers ce sanctuaire-là en particulier.
– M’ouais et vous savez quoi du Dieu ?
– On n’est pas pressé et puis, j’aimerais davantage vous connaître. Les personnes croyantes à ce genre de choses sont rares, quoique…
– Que voulez-vous dire ? demanda Youmu étonnée.
– Depuis quelques semaines, on m’interroge de plus en plus sur les mythes et les légendes. Il semblerait qu’il y ait un regain de la foi, jamais les sanctuaires ne furent autant remplis.
– Hmmm, et pour le…
– Mademoiselle, je pense que vous pouvez tout me dire sur vous, comme je vous dirais tous ce que je sais sur le Dieu-Dragon.
– Youmu, je ne crois pas.
– Bon, je m’appelle Youmu Konpaku et je suis la servante du Royaume des Morts.
– Quoi ?! Et pourquoi pas lui parler de Gen… commença-t-il avant de se murer dans le silence.
L’éclat d’Olivier jeta un froid dans la pièce, Youmu semblait gênée de la scène alors que l’Ancien tentait de comprendre. Il jeta son regard plissé vers l’extérieur et sourit avant de s’adresser à la jeune femme.
– C’est à vous ça ? demanda-t-il en pointant du doigt la moitié spectre de celle-ci.
– Heu… commença-t-elle en rougissant.
– On va le faire entrer, il faudrait éviter que d’autres gens ne le voient.
Il se leva, ouvrit la paroi, laissa entrer la chose puis referma derrière avant d’aller se rasseoir, observant la deuxième moitié de Youmu se poser sur les jambes de celle-ci.
– Vos quatre âmes sont visibles et très puissantes.
– Pardon ?
– Vous avez un esprit, deux corps et vos quatre âmes par groupe de deux.
– De quoi parlez-vous ? demanda le jeune homme.
– Ichirei shikon. Je vois que nigimitama et kushimitama sont fortes dans leurs corps respectifs. Vous êtes d’une rare autodiscipline et votre équilibre physique est remarquable. Vous êtes aussi d’un calme et large d’esprits à l’égard de la vie, car vous côtoyez la mort constamment.
– C’est très intéressant ce que vous racontez mais on doit trouver le Dieu-Dragon.
– Vous venez du Royaume des Morts ? C’est intéressant. C’est comment ?
– Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que vous avez besoin de savoir.
– Je suis proche de ma fin, je le sens. La mort me prendra d’ici peu.
– Ne vous inquiétez pas, vous êtes une bonne personne et votre âme pourra s’élever sans problème.
– Je vous remercie.
– Et concernant notre sujet ? demanda Olivier.
L’Ancien se leva et quitta la salle sans dire mot pour revenir quelques instants plus tard avec un coffret entre les mains.
– Le Dieu-Dragon, Ryūjin, roi et seigneur des mers vit au fond de l’océan, dans son palais, le Ryūgū-jō.
– Je ne vois pas le rapport entre lui et notre Dieu-Dragon.
– D’où venez-vous ?
– De Gensokyo, répondit Youmu.
– Pfff…
– Gensokyo ? Que raconte-t-on sur le Dieu-Dragon chez vous ?
– Sa puissance est telle qu’humains, yôkais et même des divinités le vénèrent. Il est si grand qu’il remplit le ciel. Il s’agit de l’être suprême de Gensokyo, répondit-t-elle.
– Je vois…
– Et moi pas. C’est quoi le rapport entre le dieu des mers et le dieu suprême d’une terre où il n’y a pas de mers.
– Votre « Gensokyo », c’est une terre où vivent des yôkais ?
– Oui… grommela Olivier.
– Je pense… il se pourrait… qu’il soit une sorte de protecteur des yôkais.
– Comment ça ?
– L’Hommes a progressivement réussi à vaincre et à faire disparaître ces créatures. Peut-être que les dieux décidèrent de confier à l’un d’eux la charge de créer un espace pour les protéger.
– C’est ça, s’écria-t-il, mais on ne peut pas aller le chercher au fond des océans.
– C’est aussi le seigneur des eaux et dans une moindre mesure, des nuages et du ciel.
L’Ancien ouvrit alors le coffret et en sortit un rouleau de papier. Il le déroula et ils virent une carte. Il raconta qu’il s’agissait de l’un des antres de Ryūjin, d’après les légendes. Il s’agissait d’un lieu difficile d’accès et dont l’entrée était fermée et ne pouvait s’ouvrir, exceptée par la magie de certains objets.
Olivier se demandait quels objets pourraient leur permettre d’entrer. L’Ancien lui répondit que c’étaient des objets magiques en rapport avec le dieu.
– Mais quels objets ? Soupira-t-il.
– Je ne sais pas trop, ils ont été souvent perdus avec le temps…
– On trouvera bien un moyen d’y entrer et on lui demandera d’aller nous aider.
– Vous croyez que d’aller lui demander sera suffisant ? Il s’agit du roi des mers. Il refusera de vous aider comme ça, répondit le prêtre.
– Et si c’est son envoyé qui lui demande ?
– Comment ça ?
– Mon ami est, d’après ce que j’ai compris, l’envoyé de Ryūjin, demanda Olivier. Gensokyo est la Terre qui appartient au roi des mers mais comme il doit y résider, il ne peut pas s’assurer de la tranquillité de sa terre. C’est pour cela qu’il a envoyé mon ami. Il aurait reçu une part de magie divine lors de sa conception ou un truc dans le genre.
– Dans ce cas, il lui serait possible de demander de l’aide à son maître afin de s’occuper du problème qui menace votre terre, répondit le prêtre.
Dans la ville, des échos étranges se succédèrent. Des personnes se dirigèrent vers des points précis de celle-ci. L’atmosphère devint rapidement pesante sur la capitale du pays du soleil levant. Une menace se propagea dans les rues et celle-ci allait bientôt se manifester.