La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 12 : Chapitre 12 La spiritualité

2372 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 4 mois

Chapitre 12

La spiritualité

 

       Le train arriva en gare. Une voix féminine annonça alors la station : « Shibamata ». Un certain nombre de personnes dont de nombreux étrangers descendirent, parmi ceux-ci, Mamizou, Tom et Marisa. À peine avaient-ils réussi à s’extraire de la foule que la jeune magicienne fut attirée par une étrange statue. Elle représentait un homme portant un chapeau et une valise. La jeune femme se précipita vers la statue et se pencha, lisant le nom inscrit : « Tora-san ».

Tom regardait sa petite amie de loin et semblait amusé par la curiosité, souvent maladive, de celle-ci. Mamizou lui dit qu’elle allait la voir avant de s’éloigner de lui. Il se demanda alors, par amusement, s’il n’y avait pas un rapport entre ce Tora-san et cette tanuki. Cette pensée l’amusa quelque peu. Il se rendit compte alors que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été aussi amusé.

Mais alors qu’il riait intérieurement, une ombre se déplaça furtivement vers lui, murmurant des paroles incompréhensibles. Tom n’avait pas remarqué sa présence alors qu’une main décharnée et tremblante s’approchait inexorablement du cou du jeune homme. De longs ongles terminaient la main, lui donnant une apparence de serres. Personne autour ne semblait voir la scène. Les doigts n’étaient plus qu’à une poignée de centimètres quand l’ombre haussa la voix. Les paroles devinrent alors audibles aux oreilles du jeune adulte. Alors qu’il commençait à se retourner, il sentit son cou se faire serrer : on était en train de l’étrangler.

Cependant, il se passa quelque chose d’imprévu. Le jeune homme vit une personne à terre derrière lui, le bras dans le dos et maintenu par une jeune femme, une policière, bien humaine pour une fois.

 

– Vous allez bien ? lui demanda l’agent.

 

Il regarda la jeune policière qui était assez petite, aux yeux et aux cheveux bruns arrivant à la nuque et qui portait une tenue de policière bleue habituelle.

 

– Heu… oui… qu’est-ce…

– Un voleur, il a tenté de vous détrousser. Vous avez l’air d’un touriste, il pensait avoir trouvé son pigeon du jour.

– Je vous remercie d’être intervenue, mademoiselle…

– Je suis l’agent Akame Yamanoroi.

 

Tom baissa les yeux et put constater qu’elle portait une plaque sur laquelle était inscrit son nom. Elle poursuit ensuite.

 

– Si vous avez besoin d’aide, je serai toujours là. Je vais maintenant m’occuper de lui, bonne journée à vous.

– À vous aussi…

 

Elle menotta le « voleur » et l’emmena avec elle. Il regarda alors vers la statue, voyant que l’incident n’avait pas perturbé les deux autres. Cependant, il ressentit comme si quelque chose n’allait pas. En voyant le visage déformé de la personne qui avait tenté de le « voler », il ressentait un malaise au plus profond de lui. Il se demanda pourquoi il ressentait la même impression que quand il était au cœur perdu de la Forêt des Yokais. Il tenta d’effacer cela de sa mémoire et se dirigea vers les filles avant d’être comme happé par la rue.

 

Après avoir lu l’intégralité de l’inscription, Mamizou posa sa main sur l’épaule de Marisa. Elle lui dit qu’il s’agissait d’un personnage d’une série de films dramatiques qui avaient lieu ici. L’humaine se gratta alors la tête mais elle se retourna et vit Tom en train de se diriger vers le temple bouddhiste situé au fond de la rue. Celle-ci était étroite et ancienne, n’ayant rien à voir avec les bâtiments modernes du centre-ville de Tokyo. Les petites maisons et les stands artisanaux se succédèrent dans une ambiance traditionnelle, décontractée et plus naturelle. Il n’y avait presque pas de robots qui circulèrent mais les humains étaient bien plus nombreux et, par rapport au centre, bien plus humain. Les odeurs des stands qui vendaient de la nourriture se mêlèrent en un bouquet délicat et délicieux. À ce bouquet de senteurs, se mêlèrent des sons semblant venir d’un autre âge. Tom n’avait pas entendu de sons semblables, exceptés dans le village des humains en Gensokyo. Cet environnement, celui d’une vie traditionnelle auquel il était désormais habitué, le détendit. Un sourire s’afficha sur son visage alors qu’il traversa la rue où se mêlèrent odeurs, sons et couleurs. Il s’arrêta devant un stand ambulant et regarda une série d’assortiments de dango de toutes les couleurs. Ses yeux crépitèrent tant il était heureux. Il avait l’impression d’être dans un merveilleux rêve. Il tourna sa tête et vit une personne manger une soupe miso dont le délicat parfum arriva à ses narines. Il souriait de bonheur alors qu’il traversa le passage.

Au loin, il vit le temple, leur destination. Il s’arrêta, regarda le monument d’où quatre siècles le contemplaient. La tanuki le rattrapa. Il se retourna et la scruta. Elle portait une tenue décontractée dont la longue écharpe à carreaux noirs et blanc semblait voltiger au gré du vent et ce, malgré son absence. Mais son attention fut ensuite attirée par Marisa dont sa tenue ne pouvait passer inaperçue. Sa robe noire arrivait juste en dessous des genoux alors que les jupons blancs dépassaient légèrement. Un grand tablier blanc était ceint à sa taille et son grand chapeau noir dont la pointe était cassée et sur lequel était attaché un nœud violacé attiraient l’attention des promeneurs comme avant elles attiraient ceux des voyageurs dans le train.

Alors qu’une foule de curieux commença à interpeller la jeune femme aux cheveux blonds, Tom arriva, lui attrapa la main et la tira vers lui avant de marcher rapidement vers le temple.

À peine ils avaient réussi à s’extraire de la foule que Tom manqua de trébucher sur un enfant. Il s’excusa, le gamin accepta ses excuses et s’en alla l’air amusé retrouver sa mère qui vendait des Zōni depuis le stand qui donnait directement sur la rue. Elle prit son enfant dans les bras, il indiqua le jeune homme. La jeune mère se releva ensuite et le salua de loin. Gêné, il se passa sa main à l’arrière de la tête, dans ses courts cheveux bruns et comprit que l’enfant était amusé par sa tenue. Il portait alors son chapeau, son panama blanc, une chemise bleu foncé qu’il portait sous un cape manteau de la même couleur ainsi qu’un jean qui avait vécu beaucoup trop d’aventures et sur le bout de son nez sa paire de lunettes rectangulaire.

 

Il décida d’emmener la jeune apprentie magicienne humaine dans une boutique de vêtements afin de passer plus inaperçue. En y entrant, il vit de nombreuses collections de vêtements très différentes les unes des autres. La vendeuse arriva et les accueillit avec enthousiasme.

 

– Nous souhaiterions acheter une tenue pour que ma… copine passe plus inaperçue... et je pense que j’en aurais besoin aussi…

– Je vois, c’est vrai que ce n’est pas commun comme tenue. Et que voudriez-vous ?

 

Marisa regarda un peu partout, farfouillant, notamment dans ce qui n’était pas souvent remuée. Elle y passa de longues minutes, cherchant la tenue qui lui plairait. Finalement, elle finit par trouver de vieux vêtements.

 

– C’est ça ! S’écria-t-elle.

– C’est quoi ? demanda-t-il avant de la voir.

 

C’était un grand manteau cape noir corbeau qui arrivait légèrement en dessous des genoux avec un col relevé ayant des finitions brodées dorées. En ouvrant le sac qui le contenait, elle découvrit un corset léger en cuir et une chemise blanche.

La tenue étonna Tom mais il se disait qu’elle serait à peine plus discrète. Avec cela elle passerait plus pour être de la fin du XIXe siècle que celui du XVIIIe.

 

– Tu veux ça ? lui demanda timidement le jeune homme.

– Ben évidemment.

– Évidemment… Cela fera combien ?

– Je ne me souviens même plus du prix tellement il est là depuis longtemps. Je pense que…

– Aaah !

 

Marisa venait de pousser un terrible cri qui surprit les deux autres personnes. Tom lui demanda ce qu’il se passait, elle se contenta de se retourner vers lui et de lui sourire.

 

– J’ai… trouvé ce que je voulais, dit-elle en lui montrant un grand chapeau au bord large noir.

– C’est… presque la même tenue au final… dit-il, totalement déconfit.

– Je sais, c’est pour cela que je la prends. Elle compte combien ?

– Vous êtes vraiment enthousiaste et cela me fera plaisir que vous preniez celui-là, depuis le temps qu’ils traînent. Je vous le fais à 9999 yens.

– Heu… on va… commença Tom.

– On le prend !

 

Aussitôt, elle posa tout son argent sur la table et demanda à son petit ami de lui payer le reste, ce qu’il fit. Elle demanda ensuite où elle pouvait s’habiller. La vendeuse l’amena à l’arrière de la boutique, dans la cabine.

Il attendit quelques minutes, le temps que Marisa soit « plus sortable » dans les rues de Tokyo. Elle sortit alors de la cabine. Tom était impressionné par la tenue de celle qu’il aimait. Sa nouvelle tenue la faisait vaguement penser à un croisement entre une tenue de sorcière et une tenue de chasseur de prime du far-west. Marisa lui demanda ce qu’il pensait de la tenue, il « approuva » le choix de la jeune femme. Elle récupéra ses autres affaires qu’elle mit au fond d’un sac donné par la vendeuse puis ils repartir.

 

En sortant, il manqua de bousculer une jeune femme qui entra. Il s’excusa, elle se confondit en excuses avant de voir son visage. Elle recula d’un pas, impressionné par ses deux grands yeux jaunes, semblables à ceux d’un chat. Son regard jaune n’impressionna pas la personne, elle se contenta de le lui faire remarquer. C’est alors que certaines personnes qui avaient entendu la déclaration de la jeune femme lui demandèrent comment il avait fait pour leur donner cette allure si naturelle. Légèrement embarrassé par cette question, il répondit qu’il avait sa technique secrète.

Les personnes qui le croisèrent furent d’une grande gentillesse. L’accumulation de bien-être que dégageait ce Tokyo ancien lui faisait presque tourner la tête. Ici, il n’était pas connu pour les crimes qu’ils avaient commis en Gensokyo, il ne devait pas être constamment sur ses gardes, il pouvait se comporter normalement, comme un être humain normal dans un monde « normal ». La Terre des Illusions l’avait fortement marqué. C’était une terre d’aventure, de danger, de combat, d’autant plus qu’il était rejeté pour ces crimes. Il vit en ce lieu un cadre heureux, humble mais joyeux. La petite rue était animée, on s’y amusait, on y mangeait, on y buvait, on faisait la connaissance des étrangers et des touristes. Ce lieu intemporel semblait dégager des ondes positives, emmagasinées ici depuis des lustres.

Une main délicate se posa sur la sienne. Il se retourna et vit celle qu’il aimait. Il lui offrit sa seconde main, la regardant droit dans les yeux. Son regardant plongea dans le sien.

Soudain, une main se posa sur l’épaule du jeune homme. Mamizou le regardait d’un air neutre.

 

– Tom, n’oublie pas ta mission.

– Je sais… mais ce lieu… j’ai l’impression de revivre !

– C’est une bonne chose. Gensokyo revivra aussi, et grâce à toi. Le village pourra devenir comme ce quartier si tu le fais.

– Mamizou… pourquoi ?

– Tu es nostalgique d’une vie normale.

– Hein ?! s’étonna-t-il lui-même.

– Tu viens du Monde Extérieur, t’y as vécu toute ta vie, une vie simple et ordinaire : normal. En arrivant à Gensokyo, ta véritable nature a été révélée. Tu l’as acceptée. Mais, je sais bien que c’est difficile, d’autant plus pour ton cas. Là, tu retrouves une vie ordinaire, loin de la magie, ton ancienne vie.

– J’aime Marisa ! J’aime bien la vie que je mène !

– Je le sais. C’est juste que tu te souviens très bien de ton ancien monde, celui des hommes. D’habitude, ceux qui s’installent dans la Terre des Illusions, c’est parce qu’ils n’ont plus leur place dans ce monde. Toi, tu avais le choix de partir et de continuer ta vie. Ta place était dans le Monde Extérieur.

– Mais…

– Tu sais mieux que quiconque pourquoi.

– Je suis…. Je suis l’envoyé du Dieu-Dragon… les kamis ont choisi mon âme parmi les autres pour porter un message… j’ai été choisi par eux pour accomplir un destin… qui me dépasse.

– Ton destin. Tes choix. Tout cela s’entremêle. Ta nature aussi. Tu te souviens pourquoi t’es resté ?

– Je voulais… découvrir ce monde… puis… le protéger.

– Les kamis ont placé sur toi un destin, si fort qu’ils ont épargné ta vie. Alors, renonce à ce monde et poursuis ta mission.

– Je ne pourrais jamais y renoncer. Mais j’accomplirais ma mission, mon destin est entre les mains de…

– Le destin est entre tes mains, Tom.

 

Mamizou le dépassa et se dirigea vers le temple. Marisa prit celui qu’elle aimait dans ses bras et versa une larme.

 

– Je ne pourrais pas vivre sans toi ! s’écria-t-elle.

– Moi non plus. On y va.

 

 

 

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